Comme je vous le décrivais dans des articles précédents (ici et ici), malgré les milliards de liquidités pompées par les banques centrales dans le système bancaire, l’expansion du crédit demeure de glace et les banques ne prêtent pas. Leurs réserves s’accumulent alors que les prêts sont remboursés (voir graphiques ci-bas).
En juillet dernier, une banque centrale, celle de la Suède, a tenté une nouvelle expérience. Dans le but désespéré de stimuler le crédit et de contrer la déflation, la Riksbank est devenue la première banque centrale du monde à afficher un taux d’intérêt négatif sur les dépots, soit de -0.25%. Cette mesure, précédemment approuvée par Keynes, est maintenant considérée par la Bank of England. Cela signifie que lorsqu’une banque dépose ses réserves à la banque centrale, elle doit payer 0.25%, alors qu’en juillet 2008, elle se serait fait payer 3.75%! C’est comme si on vous exigeais des frais lorsque vous déposez votre argent à la banque, plutôt que de vous payer de l’intérêt (aussi petit soit-il).
En réalité, les banques ne désirent pas prêter présentement parce qu’elles ne voient pas d’emprunteurs viables à qui prêter. Un prêt viable est un prêt qui finance la création de richesse. En forçant les banques à prêter, elles vont se retrouver à financer des activités qui utilisent mal les ressources et détruisent de la richesse, ce qui ne peut être bon pour l’économie. On ne crée pas de richesse en imprimant de l’argent…
D’ailleurs, avec des provisions pour créances douteuses qui atteignent près de 3%, les banques pourraient logiquement accepter de payer le 0.25% et laisser leur argent en dépôts plutôt que de le prêter. À noter que le gouvernement de la Riksbank qui a supporté cette mesure est Lars Svensson, un proche collaborateur de Ben Bernanke (ils ont travaillé ensemble à l’Université Princeton sur la théorie de la politique monétaire). S’il fallait que l’on observe une reprise du crédit en Suède, il y a fort à parier que la Federal Reserve et plusieurs autres banques centrales emboĩteraient le pas de la Riksbank.
Pendant ce temps, nos banques canadiennes font de la pression sur le gouvernement fédéral pour qu’il maintienne en place son généreux programme de $125 milliards de rachat d’hypothèques qui doit venir à échéance la semaine prochaine. Le programme a été utilisé pour un montant de $64 milliards et a permis aux banques de faire des profits faciles sur notre dos au nom de la stabilité du système bancaire. Il n’est pas surprenant que les banques veuillent continuer à bénéficier de cette subvention implicite! J’expliquais ce manège ici.
http://www.nakedcapitalism.com/2009/07/sweden-negative-interest-rates-and.html


Source: Mises Institute.
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