Apocalypse Never, par Michael Shellenberger.
M. Shellenberger est un auteur et professionnel des relations publiques qui a tenté de se faire élire comme gouverneur de la Californie sous la bannière Démocrate.
Ce livre vise à dénoncer certaines pratiques des ONGs environnementales qui exagèrent les conséquences des changements climatiques et qui, sous la panique, poussent trop rapidement les politiciens vers des politiques contre-productives pour l’humanité et l’environnement.
L’auteur cite par exemple le groupe Extinction Rebellion: « Des milliards de personnes vont mourir (…) La vie sur terre meure. »
Ou encore Greta Thunberg: « Vers l’an 2030, dans 10 ans, 250 jours et 10 heures, nous aurons déclenché une réaction en chaîne irréversible hors de contrôle qui mènera sûrement à la fin de notre civilisation telle que nous la connaissons. »
Ou la représentante au congrès américain Alexandra Ocasio-Cortez: « La fin du monde va arriver dans 12 ans (2030) si nous ne réglons pas les changements climatiques. »
La raison de cette obsession pour 2030 est une manière d’augmenter la perception du public de l’urgence de la situation, alors que les véritables conséquences des changements climatiques vont être plus saillantes dans 50 à 100 ans.
En fait, ce que le GIEC affirme est que pour limiter le réchauffement à 1.5C, les émissions de GES doivent diminuer de 45% en 2030. Manquer cette cible n’implique pas la mort de 6 milliards de personnes…
La croissance économique sauve des vies
Durant la décennie 2010-2020, le nombre de morts attribuables aux désastres naturels a diminué de 92% sur la planète à comparé à la décennie des années 1920s et ce malgré le fait que la population mondiale ait quadruplé. Il s’avère que malgré les changements climatiques, les décès causés par le la nature ont fortement chuté.
La raison principale de cette diminution est la croissance économique. En étant plus riche, la population mondiale peut mieux se protéger contre les désastres naturels. Il ne faut pas oublier cela dans le contexte des changements climatiques, car la croissance et l’enrichissement permettront de mieux faire face aux conséquences éventuelles du réchauffement de la planète.
L’une des grandes améliorations sociétales du 20e siècle fut la hausse des rendements en agriculture. Les experts, incluant ceux de la Food and Agriculture Organization of the United Nations (FAO), affirment que malgré les changements climatiques, les rendements vont continuer d’augmenter et la production alimentaire sera nettement suffisante (source).
La réalité est que l’utilisation de fertilisants, de l’irrigation et de la machinerie a beaucoup plus d’impact que le climat sur les rendements en agriculture. Alors qu’une bonne partie de l’humanité sous-utilise grandement ces technologies par manque de capital, il y a beaucoup de potentiel d’augmentation de la production alimentaire et ce avec la même surface terrestre. Mais pour cela, il faudra des changements institutionnels dans ces pays en faveur du capitalisme.
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L’apocalyspe n’a pas vraiment commencé
Dans son quatrième rapport, le GIEC prévoit qu’en 2100, l’économie mondiale sera 3 à 6 fois plus grandes que présentement et que les coûts pour s’adapter à une hausse de 4 degrés des températures réduirait le PIB de seulement 4.5%.
Comme j’ai déjà expliqué dans un article antérieur, les pertes reliées aux désastres naturels n’ont pas augmenté en proportion du PIB. Alors que tous les médias tentent de relier catastrophes naturelles et changements climatiques, voici ce qu’en dit le GIEC :
“Long-term trends in economic disaster losses adjusted for wealth and population increases have not been attributed to climate change,” notes a special IPCC report on extreme weather, “but a role for climate change has not been excluded.”
En d’autres mots, on bâti de plus en plus de maisons et d’édifices dans des endroits où il y a historiquement eu des ouragans, innondations et feux de forêts. Il est donc normal de voire les pertes financières reliées à ces sinistres augmenter.

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La déforestation
Mondialement, la croissance des forêts depuis 35 ans a excédé la taille du Texas et de l’Alaska combinés. La raison de ce succès a encore été la croissance économique et notamment l’utilisation de combustibles ayant une densité énergétique supérieure. L’amélioration des rendements en agriculture est l’autre cause, réduisant la surface de terre nécessaire à produire la nourriture.
Pour les pauvres villageois du Congo, c’est la pauvreté et le sous-développement que les force à couper des arbres pour faire des feux de cuisson, mettant en danger l’habitat naturel des gorilles. Dans ce cas, l’utilisation de gaz naturel serait une alternative très positive pour l’environnement, même si c’est un combustible fossile qui contribue aux changements climatiques.
L’énergie nucléaire : la solution
Pour Shellenberger, l’accident nucléaire de Fukushima a eu des conséquences désastreuses pour la lutte aux changements climatiques, en portant un dur coup à l’industrie nucléaire. L’Allemagne, Taiwan et la Corée du Sud ont pris la décision stupide de fermer toutes leurs centrales. La France réduira le nucléaire de 80% à 50% de son mix alors qu’aux États-Unis, le nucléaire perdra aussi du terrain, passant de 20% à seulement 10% de la production électrique du pays d’ici 2030.
Cependant, la position anti-nucléaire des ONGs environnementales a débuté bien avant Fukushima, alors que dans les années 1970s, l’Union of Concerned Scientists s’est mise à s’opposer à la construction de centrales nucléaires. Cet organisme a été rejointe par les Friends of the Earth, le Natural Resources Defense Council, le Sierra Club et Greenpeace. Dans les années 1970s, l’opposition aux centrales nucléaires était leur principal cheval de bataille.
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Lorsqu’une compagnie d’électricité délaissait un projet nucléaire, il lui fallait remplacer ce manque à gagner en bâtissant des centrales au charbon. D’ailleurs, le fameux Ralph Nader déclarait que :
« Nous n’avons pas besoin de l’énergie nucléaire, nous avons une grande quantité de combustibles fossiles dans ce pays. »
Cela est peu surprenant puisque plusieurs de ces organisations ont été financées par des intérêts reliés au charbon et au gaz naturel, pour qui l’électricité nucléaire était un obstacle à leur croissance. Il s’avère donc que la lutte aux changements climatiques menée aujourd’hui est rendue plus pénible en raison de ces ONGs environnementales.
Le lobbying pratiqué par le Sierra Club faisait en sorte de rendre les projets nucléaires plus dispendieux à construire en resserrant sans cesse la règlementation jusqu’à atteindre un niveau excessif et disuasif. Ils ont réussi à faire annuler la construction d’un très grande nombre de centrales nucléaires, même une dont la construction était complétée à 97%! Ces centrales nucléaires ont pratiquement toutes été remplacées par des centrales au charbon, dont le bilan environnemental est désastreux (voir ceci).
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Conclusion
Pour Shellenberger, les impacts négatifs pour l’humain d’obtenir moins d’énergie sont plus néfastes que les impacts des changements climatiques. Les changements climatiques, la déforestations, les déchets de plastiques et les extinctions d’espèces animales ne sont pas des conséquences de la cupidité des pourvoyeurs de capital, mais bien des effets secondaires du développement économique motivé par le désir des humains de se sortir de la pauvreté et d’améliorer leur niveau de vie.
Pour Shellenberger, l’alarmisme climatique est un peu comme une religion apocalyptique pour les personnes laïques. Ça donne un sens à leur vie, se percevant comme des héros qui sauvent le monde. Mais au bout du compte, leur paranoïa ne permet pas de soutenir des politiques raisonnées et intelligentes.
Les critiques
Ce livre a été critiqué par de nombreux chercheurs, comme par exemple sur ce site :
Notez bien que les affirmations présentées dans ce billet ne font pas l’objet de critiques. Cependant, l’auteur fait de nombreuses affirmations dans son livre qui mélangent des faits avérés avec des faussetés. J’ai moi-même constaté qu’il exagérait énormément sur certains aspects.
Par ailleurs, son livre est beaucoup trop long et comporte beaucoup trop de « tranches de vie » peu intéressantes. C’est dommage, car comme vous avez pu le lire ci-haut, ce livre comporte de très bon arguments en faveur d’une approche plus rationnelle concernant la lutte aux changements climatiques.
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