Depuis 1969 et ce jusqu’en 2041, Hydro-Québec a accès à 31.8 TWh d’électricité de la centrale Upper Churchill Falls, au Labrador, au prix dérisoire de 0.27 cents le KWh. Présentement, le prix de « marché » de l’électricité dans le Nord-Est des Etats-Unis a varié autour de 4.5 cents le KWh, soit presque 17 fois plus, ce qui illustre bien à quel point le prix consenti à la Société d’État est dérisoire. D’ailleurs, environ 75% des profits d’Hydro-Québec proviennent de cet écart (voir ceci). Comment HQ a-t-elle pu obtenir une telle concession de Terre-Neuve? Parce qu’elle avait accès à la capacité de transmission et refusait que l’électricité transite à travers le Québec. HQ a donc utilisé ce « monopole » pour obtenir cette électricité à un prix ridicule, au détriment de Terre-Neuve.
Transportons-nous maintenant plus de 40 ans plus tard, Nalcor lance un projet d’expansion hydroélectrique dans la région : le Lower Churchill Project. Les nouvelles centrales de Muskrat Falls et de Gull Island auront une capacité totale de 3,074 MW et produiront 16.7 TWh par année à partir de 2017. Encore une fois, Nalcor a tenté de négocier une entente avec Hydro-Québec pour acheminer cette électricité vers les États-Unis en utilisant la capacité excédentaire du réseau de transmission d’HQ. Cela aurait permis à HQ d’obtenir des revenus de transmissions supplémentaire sans toutefois bénéficier des profits sur les exportations, mais notre chère Société d’État a refusé. Hydro-Québec veut que l’électricité lui soit vendue à un prix prédéterminé (et très bas), pour qu’elle puisse elle-même la vendre à profit aux Américains et aux Ontariens. C’est la fameuse philosophie « maîtres chez nous »…