- Je viens de finalement visionner le dernier épisode de la série de films « Hunger Games » (ou plutôt la deuxième partie de la troisième partie…). Enfin, ce supplice d’ennui est terminé. Pourquoi l’ai-je écouté jusqu’à la fin étant donné la médiocrité de cette série? Simplement pour savoir comment ça finit sans avoir à lire les romans, mais aussi parce que la seule chose qui mérite d’être retenue de ce film est son message politique (et peut-être certaines tenues moulantes de Jennifer Lawrence…).
Certains gauchistes y verront une dérive extrême du capitalisme, menant à une monde rongé par les inégalités et l’exploitation de l’homme par l’homme. Cette interprétation est selon moi incorrecte, voire opposée à ce qu’il en est vraiment. Le système politique de Panem en est plutôt un d’extrême gauche.
L’économie est centralement planifiée; il n’y a pas de marché ni de prix. Chaque district produit quelque chose collectivement et le partage avec le reste de Panem. Il y a une exception cependant : les membres du gouvernement et l’armée, qui habitent le capitole, ne produisent rien et obtiennent une bien plus grande part des ressources, ce qui leur permet de vivre dans le luxe (au point de se faire vomir pour pouvoir manger davantage).
Cette situation a été observée dans tous les pays communistes. Dans le communisme, tout le monde est égal dans la pauvreté…sauf l’élite. En Corée du Nord, tout le monde est affamé, sauf l’armée et les proches de Kim Jong-Un (qui ne boit que du brandy Hennessy à plus de $2000 la bouteille et dépense $30 million par année en alcool juste pour lui et son entourage). Fidel Castro aussi vit dans le luxe et possède même une île privée, tout comme le faisait Nicolae Ceausescu et tant d’autres dirigeants de pays communistes d’Europe de l’Est. Même phénomène en Chine : être un haut-gradé du Parti signifie être parmi les plus riches du pays.
On constate donc que, paradoxalement, les sociétés communistes sont indéniablement très inégalitaires. Il y a les membres de l’élite dirigeante et du gouvernement qui vit confortablement, puis il y a le reste de la population qui se contente des restes. Et lorsque ces systèmes ne produisent pas assez de biens étant donné la faible productivité des travailleurs, le gouvernement serre la vis et transforme les travailleurs en esclaves qui doivent travailler 12 heures par jour. Au pire, la population meurt de faim.
L’autre élément de Hunger Games qui est typique des systèmes communistes est l’autoritarisme. Il est inévitable que les systèmes communistes deviennent graduellement totalitaires. Autrement, ils s’écrouleraient bien plus rapidement. Et ce totalitarisme nécessite évidemment le contrôle absolu de l’information et des médias. La liberté d’expression disparaît. La police secrète surveille les dissidents et, au moindre écart de conduite, les élimine discrètement.
La scène finale : la plus importante…
Puis il y a un élément plus subtil, révélé dans l’une des dernières scènes de l’épisode final (oui, la fin de la fin…). À mon avis, cette scène est la meilleure de la série, lorsque Katniss tire une flèche sur Coyn, plutôt que sur Snow.
S’il y a un point commun entre la plupart des révolutions est que ceux qui les mènent ne sont généralement pas mieux que les dirigeants qu’ils évincent, et sont parfois même pire. Pour mener à bien une révolution, il faut un leader charismatique, dont la personnalité forte a autant sinon plus d’attrait que la cause aux yeux des militants. La position de ce leader au sein de la révolution lui fait goûter au pouvoir et ces leaders y prennent souvent goût. Pensez à Castro ou encore à Mao par exemple.
De plus, comme Hayek l’explique si bien, ce sont habituellement les « pires » qui accèdent au pouvoir, c’est-à-dire que ce sont les individus les plus avides de pouvoir, les plus corrompus, les plus égoïstes, les plus autoritaires et les plus violents qui arrivent à se frayer un chemin au sommet de leur entité politique. Au fil de la troisième partie de Hunger Games, Katniss réalise que ses alliées, et particulièrement Coyn, ont pris goût à l’exercice du pouvoir, au statut de leader, à la conduite d’opérations militaires, à l’expression d’une autorité permettant d’exiger le sacrifice des subalternes au profit de la cause.
Une fois au pouvoir de Panem, il est fort probable que Coyn aurait cherché à conserver le pouvoir, à maintenir une situation autocratique pour « maintenir l’ordre temporairement ». Elle aurait pu faire en sorte d’être favorisée à l’élection qui aurait suivi et aurait ensuite pu tenter de forger la constitution à sa guise, lui conférant un pouvoir perpétuel (comme on le voit souvent dans les pays menés par des dirigeants populistes ou autocratiques).
Peut-être que Katniss n’aurait pas dû lui donner la mort, mais c’était probablement le seul moyen à sa disposition de sauver Panem d’un autre régime autoritaire. Si Plutarch était d’accord avec ce meurtre, comme il semble être le cas, pourquoi ne s’y est-il pas pris autrement pour écarter Coyn du pouvoir? Après avoir fait tant de sacrifices pour se débarrasser d’un régime violent, pourquoi utiliser la violence pour mettre Coyn hors d’état de nuire alors que cela n’était pas nécessaire?
Je fus donc ravis par la signification de cette dernière scène, mais fut tout de même déçu de constater que la violence fut utilisée sans nécessité. Est-ce que cette scène a été bien comprise par ceux qui ont visionné le film? A-t-elle été mieux expliquée dans le livre? Elle n’arrive certainement pas à transformer ce navet en film intéressant…
https://fee.org/articles/katniss-vs-power-the-hunger-games-finale/
http://www.learnliberty.org/blog/the-hunger-games-as-a-political-allegory/
Tu devrais lire le livre, je peux comprendre le film ne t’ai pas intéressé mais les livres sont vraiment bien mieux