Pas d’inflation? Qu’en disent les banques?
Le dernier sondage Senior Loan Officer Survey de la Federal Reserve démontre bien pourquoi l’inflation et le crédit sont encore si faibles aux États-Unis malgré l’expansion dramatique de la masse monétaire des dernières années. Encore 86% des banques n’ont pas modifié la sévérité de leurs critères d’allocation des prêts, alors que 2% l’ont augmentée. Les banques en sont encore à rebâtir leur capital qui fut démoli durant la crise financière. Ensuite, selon le sondage, 58% déclare que la demande de prêts est inchangée (et donc très faible), alors que 25% observe que la demande de prêts s’est détériorée. La réalité est que les emprunteurs sont soit sans emploi ou préfèrent réduire leur endettement face à l’incertitude économique. Par ailleurs, le marché immobilier est toujours en lambeaux et stagne dans les bas-fonds.
Comme le crédit est très faible, la base monétaire (MB) n’est pas convertie en M1 et M2. Les énormes réserves des banques à la banque centrale ne sont donc pas injectée dans l’économie et ne créent donc pas d’inflation. Pour mieux comprendre le phénomène, voici un article dans lequel je l’expliquais plus en détails. D’ailleurs, la prévision que j’y faisais (en avril dernier) sur le prix de l’or s’est matérialisée!
Le mythe anti-déflationniste:
Dans un excellent article paru dans le Financial Post le 15 novembre dernier, l’économiste Richard Salsman déboulonne très efficacement le mythe selon lequel la déflation est mauvaise pour l’économie. Il souligne qu’aux États-Unis, durant les 44 années entre 1869 et 1913, le PIB réel a augmenté de 10.5% par année alors que l’inflation a été de -0.3% par année (donc il y avait déflation). Au contraire, la déflation permet à chacun des dollars que vous obtenez en échange de votre travail d’acheter davantage de biens; elle augmente votre pouvoir d’achat. D’ailleurs, si la productivité des travailleurs augmente en raison d’une amélioration technologique, alors que la quantité de monnaie demeure inchangée, il en résultera de la déflation car plus de biens seront produits pour une même quantité de monnaie. Pour plus de détails, lire cet article sur le sujet.
Robert Zoellick souhaite le retour d’un étalon-or?
Le président de la Banque Mondiale, Robert Zoellick, m’a carrément jeté par terre la semaine dernière en déclarant qu’un nouveau système monétaire mondial devrait considérer l’or comme un point de référence international à propos des anticipations d’inflation.
« Même si les manuels scolaires considèrent l’or comme de la vieille monnaie, les marchés utilisent présentement l’or comme un actif monétaire alternatif.»
M. Zoellick s’inquiète devant le championnat mondial de la dévaluation de devise qui se déroule présentement sous nos yeux (voir ceci). Pendant ce temps, le ministre des finances de l’Allemagne décrivait l’économie américaine comme étant en « crise profonde » et affirmait:
« Il n’est pas cohérent que les Américains accusent les Chinois de manipuler leur taux de change pour ensuite dévaluer le dollar américain avec l’aide de la presse à billets de leur banque centrale. »
Mais pourquoi est-ce que la Banque Mondiale souhaiterait-elle le retour d’une forme d’étalon-or? Mon côté machiavélique me porte à croire que cette institution aimerait certainement ravoir son pouvoir de gestion des flux monétaires internatiaux, qu’elle a perdu en 1971 lors de l’abandon de Bretton Woods. Pour y arriver, il est essentiel que le dollar américain perde son statut de monnaie de réserve internationale.
D’autre part, tout comme l’abandon des monnaies européennes en faveur de l’Euro a permis de centraliser les pouvoir monétaires à la BCE, le système rêvé par Zoellick viserait à centraliser le contrôle de la masse monétaire mondiale entre ses mains de façon à coordonner les politiques monétaires de toutes les banques centrales, qui pourraient ainsi « inflationner » (je sais, ce mot n’existe malheureusement pas…) sans créer de débalancements, tout comme les banques commerciales peuvent créer de la monnaie sans risque de ruée bancaire grâce à la banque centrale.
Si c’est ce scénario que Zoellick a en tête, je ne me réjouirais pas trop vite de cet intérêt soudain pour l’étalon-or…
L’acquisition de Potash Corp. rejetée par le gouvernement fédéral:
Malgré le fait que Potash soit déjà majoritairement détenue par des étrangers, que BHP aurait dépensé $12 milliards pour développer le projet Jansen, ce qui aurait fournit des milliers d’emplois aux canadiens, et que le siège social de Potash aurait été relocalisé en Saskatchewan (il est présentement à Chicago), le gouvernement fédéral a cru bon jouer les socialistes et rejeter la transaction sur la base qu’elle n’est pas dans l’intérêt des canadiens. Le gouvernement vient par le fait même de mettre le Canada sur une liste noire, ce qui nuira grandement aux investissements étrangers dans le futur. Quel gâchis…
Montée de lait liberticide de l’ADISQ:
Selon ses analyses, l’ADISQ affirme que les stations de radio de Montréal et Québec ne respectent pas leurs quotas de musique francophone. L’ADISQ implore donc le gouvernement d’intervenir pour leur forcer la main, mais refuse de porter officiellement plainte au CRTC pour ne pas se mettre les radiodiffuseurs à dos. L’ADISQ prétend que les radios ont trouvé des moyens de contourner la règlementation et passe la musique francophone aux heures de faible écoute.
Selon l’ADISQ, c’est pour maximiser leurs profits que les radios boudent la musique francophone. Sans blague! Et comment une station de radio maximise-t-elle ses profits? En plaisant à ses auditeurs, c’est-à-dire en passant la musique qu’ils veulent entendre (d’où l’existence de nombreuses émissions de demandes spéciales et de vox pop). Si les auditeurs voulaient davantage de musique francophone, les radios leur en fourniraient, mais ce n’est évidemment pas le cas. Autrement dit, l’ADISQ demande au gouvernement de forcer les auditeurs à écouter de la musique qui ne leur plaît pas. Et la liberté de choix dans tout cela, qu’en fait-on?
En fait, une station comme NRJ a un auditoire cible bien défini à qui elle tente de plaire. Il y a plusieurs artistes Québécois qui entrent dans ce créneau (Éric Lapointe, Cowboys Fringants, Trois Accords, Marie-Mai, Dumas, etc) et ceux-ci en bénéficient grandement. Que feront les auditeurs si on oblige ce genre de station à diffuser plus de Fred Pellerin, de Maxime Landry, de Mara Tremblay et de Isabelle Boulay? Ils se tourneront vers les radios anglophones, la radio par satellite ou l’internet. Les artistes Québécois n’y gagneraient certainement pas au change.
Évidemment, dans leur mentalité socialiste, ces gens considèrent que les ondes radio sont un bien public et affirment que c’est pour le bien-être de la population qu’on doit utiliser ces ondes pour forcer les auditeurs à écouter de la musique francophone. Chaque individu n’est-il pas le mieux placé pour savoir qu’elle genre de musique maximise son bien-être? Mais non voyons! Le gouvernement sait bien mieux que nous ce que nous devrions vouloir et utilisera son pouvoir pour nous l’imposer; pour nous « protéger » contre cette maudite musique anglophone.
Déjà que les artistes Québécois sont généreusements subventionnés par le gouvernement, l’ADISQ exagère sont empiètement sur la liberté en voulant dicter aux radios ce qu’elles devraient diffuser. Je suis un grand promotteur de la langue française, mais pas à la pointe d’un fusil. Et entre vous et moi, le niveau de langage utilisé par plusieurs artistes québécois n’est définitivement pas à la hauteur de promouvoir efficacement la langue française…
Quand l’eau est abondante et gratuite, on la gaspille:
Le graphique suivant, tiré de The Economist, présente la consommation d’eau par habitant en 2000. Le Canada est un pays où l’eau douce est abondante et où elle n’est généralement pas facturée au volume. C’est aussi l’endroit où la consommation est la plus élevée. Je pense que la non-propriété de l’eau est un grave problème car cela fait en sorte qu’on ne valorise pas cette précieuse ressource. Au Québec, l’eau est un cas typique de « tragédie des biens communs »: personne n’en est propriétaire, personne n’y fait attention. Les nombreux problèmes d’algues bleues en 2007 en font la preuve.
Le privé en santé et en éducation:
Dans un article publié il y a quelques temps, Richard Martineau soulignait à quel point les gens ont peur de l’implication d’entreprises privées en santé au Québec. À cet égard, il mentionnait l’excellent exemple du Centre de Santé de Sept-Îles:
« Prenez ce qui est arrivé au Centre de Santé de Sept-Îles. Le système était bloqué, les employés perdaient un temps fou à courir à droite et à gauche, la main droite ne savait pas ce que faisait la main gauche— bref, c’était le bordel. Un cas patent « d’indigestion bureaucratique ». La structure était tellement lourde, tellement complexe qu’elle écrasait tout le personnel, les cadres comme les employés de la buanderie. Qu’a fait la direction de l’hôpital ? Elle a décidé d’avoir recours à une firme privée, Proaction, pour mieux synchroniser le travail de ses employés. En quelques mois, la firme Proaction (qui se spécialise justement dans la « maximisation » des ressources humaines des entreprises) a réussi à désengorger l’hôpital et à le rendre plus fonctionnel, plus efficace. Et qui en profite ? Seulement les riches ? Non : tout le monde. (…)
En effet, contrairement au système public, les entreprises privées ne peuvent pas se payer le luxe de crouler sous une bureaucratie obèse. Elles doivent être sveltes, compétitives, sinon elles crèvent la bouche ouverte. Au lieu de toujours percevoir le privé comme une menace, un virus qu’il faut à tout prix éviter, le public aurait au contraire tout intérêt à travailler étroitement avec lui. Pas pour créer un système public à deux vitesses. Mais pour apprendre à être plus rapide et plus performant, histoire de mieux servir les citoyens. Qu’y a-t-il de mal là-dedans ?«
D’autre part, j’ai particulièrement apprécié cet article de Lucilio sur Contrepoints.org, reprenant l’idée de Milton Friedman à l’égard des chèques-scolaires.
« l’expérience la plus avancée étant celle de Milwaukee. Les résultats sont généralement les mêmes partout : Les parents s’impliquent plus dans le suivi de l’éducation reçue à l’école, car maintenant qu’ils peuvent choisir, ils tiennent à vérifier qu’ils ont bien fait le bon choix. L’attitude des élèves s’améliorent, et les bons résultats scolaires ne tardent pas. Les écoles, de leur côté, se rendent compte que ce n’est plus comme avant, quand elles vivaient de l’argent des contribuables : si elles ne s’améliorent pas, elles ne recevront plus d’argent. La puissante force de la concurrence réveille l’intérêt des écoles pour améliorer l’enseignement qu’elles proposent aux enfants. Et maintenant que les parents peuvent choisir qui ils vont payer, ils ne sont plus disposés à accepter n’importe quoi. Les enquêtes d’opinion indiquent ainsi que les parents sont plus satisfaits de l’éducation de leurs enfants avec le système des chèques scolaires qu’avec le système d’éducation publique où ils n’avaient pas le choix. (…)
il y a 25 ans, la Nouvelle-Zélande, alors qu’elle était confronté à une crise économique, lança un programme de réformes libérales qui furent à la base de sa prospérité économique actuelle. L’élan réformateur toucha également le secteur de l’enseignement et les chèques scolaires furent introduit en 1985. À cette époque les frais administratifs représentaient 70% du budget des écoles ; aujourd’hui, seulement un tiers. Des systèmes similaires ont également été développés au Danemark et en Suède (…)En suède, après la faillite du modèle socialiste, les parents ont pu reprendre leur liberté de choisir et 60% d’entre eux constatent que les professeurs s’occupent mieux de leurs enfants. En Colombie, ce système fut introduit pour pallier aux déficiences de l’éducation publique incapable de couvrir tout le territoire – chose que put réaliser l’initiative privée. Pas très loin de là, l’expérience à Porto Rico, entre autres caractéristiques, est intéressante car elle a montré comment même les écoles du réseau publiques qui ne font pas partie du système de chèques scolaires se sont vu obligées de prendre des mesures et d’améliorer leur enseignement. Toujours en Amérique latine, le Chili (…) a également adopté un programme de chèques scolaires qui avec le temps et au vu du succès s’est élargi. Il existe également des systèmes du même genre en Australie et dans cinq régions italiennes. »
Le Québec aurait fort intérêt à s’inspirer de ces réformes.
Ce serait super si vous pouviez faire le point sur General Motors !
Wall Street salut la performance boursière, le gouvernement américain se fait « rembourser »… Gagne-t-il de l’argent avec l’immense risque qu’il a fait assumer au contribuable ?
J’ai vraiment l’impression que les performances de GM sont un effet d’optique comptable. Si GM parvenait à survivre, ses sites de production nord-américain ne sont-ils pas condamnés ? La raison n1 du sauvetage de GM (sauvegarde des emplois américains) n’est-elle pas vouée à l’échec ?
@XavierQc
L’IPO a bien été parce que le prix offert était excessivement bas, laissant une bonne marge de profit aux acheteurs initiaux.
Voici un bon résumé de la situation:
« In the stock offering, the government stands to make $13.6 billion if it sells 412 million shares, as planned, for $33 apiece. It will still have about 500 million shares, a one-third stake. It would have to sell those shares over the next two to three years at about $53 a share for taxpayers to come out even.
The total bailout was $50 billion. GM has already paid or agreed to pay back $9.5 billion. That comes from cash and payments related to preferred stock held by the government. »
Dans deux ou trois ans à 53$ ? Garanti ? Quid de la situation de GM à ce moment-là.
http://les7duquebec.wordpress.com/2010/11/17/massive-manipulation-du-prix-des-metaux-precieux/
Qu’en dites-vous?
@John Mankiev
L’article que tu cite est grottesque. L’auteur ne connaît pas grand chose aux marchés financiers et devrait lire des livres de finance plutôt que des blogues conspirationnistes sur le NWO.
Ceci dit, il est bien possible que des grandes banques utilisent leur accès privilégié au levier financier pour manipuler des marchés financiers et cela est déplorable. Mais FM leur rend plutôt service en présentant le sujet d’une façon aussi ignorante et ridicule.