Le système électoral américain est en panne. Depuis 1994, le Congrès a approuvé 40% moins de lois par session que durant la période 1975-94, signe que la polarization paralyse le gouvernement. Les Démocrates n’ont presque rien pu faire sous le règne de Barrack Obama, parce qu’ils ne contrôlaient pas le Congrès. Hillary Clinton n’a pas été élu présidente en 2016 malgré une remarquable victoire au niveau du vote populaire.
En ce qui concerne les élections de mi-mandat de novembre prochain, les sondages révèlent que le Parti Démocrate a une avance significative de 7% dans les intentions de vote, et pourtant, les Républicains ont de bonnes chances de garder le contrôle du Congrès. Comment cela est-il possible?
De 1896 à 1996, le parti obtenant le plus de votes à remporté la présidence. Mais la situation a commencé à dévier lors du duel Al Gore/Georges W. Bush (Gore a eu 0.5% plus de votes, mais a perdu la présidence). En 2016, Hillary Clinton a eu 2.1% des votes de plus que Trump, une marge supérieure à ce qu’ont obtenu les présidents Kennedy, Nixon et Carter! Et pourtant, ce ne fut pas suffisant pour qu’elle soit présidente.
Dans les comtés dominés par les Démocrates en 2016, ceux-ci l’ont emporté en moyenne avec 67.4% des votes, alors que les comtés remportés par des Républicains ont été gagnés avec 63.8% des votes. Donc les Démocrates obtiennent plus de votes, mais les Républicains plus de sièges. En 2012, les Républicains contrôlaient 54% des sièges au Congrès malgré le fait que les Démocrates ont reçu davantage de votes qu’eux.
Est-ce logique? Il faut savoir que ce résultat n’est pas le fruit du hasard, mais plutôt une conséquence du « gerrymandering », c’est-à-dire une pratique qui consiste à redessiner la carte électorale de manière à maximiser le nombre de sièges du parti au pouvoir. Les frontières des comtés sont déterminées par les gouvernements des états, et les Républicains en contrôlent davantage que les Démocrates.
Quant au Sénat, sa composition favorise nettement les états moins populeux. Le Sénat est constitué de 100 sénateurs, soit 2 par état, peu importe la population. Cela fait en sorte que les habitants des états moins populeux ont 3 fois plus de représentants au sénat par habitant que les autres.
Auparavant, aucun des deux partis était particulièrement favorisé par les électeurs ruraux. Ce n’est plus le cas dorénavant. Les Républicains ont réussi à conquérir ce marché, ce qui leur permet de raffler un nombre de sièges démesuré par rapport au nombre de votes qu’ils reçoivent.
L’autre problème est le collège électoral, dont l’issue du vote détermine qui remporte la présidence. Tout d’abord, ce système donne aussi plus de pouvoir aux états moins populeux (qui penchent généralement du côté républicain) qu’aux autres. Les contés ruraux disposent de beaucoup plus de votes par résident que les contés urbains (50% plus de votes). Il serait théoriquement possible devenir président avec seulement 22% des voies populaires grâce à la structure du collège électoral.
À l’aube de la création de la plus ancienne démocratie au monde, les fondateurs s’inquiétaient que les états plus populeux contrôlent le pouvoir et l’utilisent au détriment des états moins populeux et que les candidats présidentiels ne se concentrent que sur les grandes villes, négligeant les milieux ruraux. Cette crainte est grandement exagérée. Les 10 plus grandes villes totalisent seulement 7.9% des votes. Les 100 plus grandes 19.4%. Un candidat ne pourrait pas se concentrer que sur les grandes villes.
Seulement deux partis…
La constitution ne stipule pas de quelle manière les états votent au collège électoral. Il aurait été logique que ceux-ci votent de manière proportionnelle au vote populaire, donc si les Républicains ont obtenu 60% des voies en Illinois, cet état présenterait 12 votes républicains et 8 votes démocrates au Collège Électoral, mais ce n’est pas comme cela que le système fonctionne.
De manière à maximiser leur influence sur le résultat de l’élection, 48 des 50 états ont adopté une approche « winner-takes-all », donc dans l’exemple ci-haut, l’Illinois aurait présenté 20 votes Républicains et 0 Démocrates. Cela encourage un système à deux partis, plutôt que multi-partis, car si un petit parti obtient 10% du vote en Illinois, il ne reçoit aucun vote au collège électoral. Avoir 99% des votes donne le même résultat que 51%.
Finalement, les États-Unis utilisent un système « first-past-the-post », comme c’est le cas au Canada, ce qui résulte inévitablement en un système dominé par deux partis, car la montée d’un troisième parti se ferait inévitablement au détriment d’un des deux partis, assurant la victoire à l’autre (ce qu’on appelle l’effet « spoiler »).
Au cours des dernières décennies, les deux principaux partis américains sont devenus de plus en plus polarisés, ce qui les pousse à ne faire aucun compromis et, en absence de majorité au Congrès, paralyse le système. De plus, le Président a le droit de véto, tout comme les sénateurs du parti d’opposition lorsque le Parti majoritaire du n’y a pas une super-majorité (60% des sièges). Le résultat est ce que Francis Fukuyama appelle la « vétocratie ».
Article connexe: La détérioration des institutions politiques (1/2).
L’abus de pouvoir exécutif
Depuis plus de 100 ans, la présidence ne cesse de gruger du pouvoir aux autres institutions (Congrès, Cour Suprême), surtout au niveau de la politique étrangère (voir ces articles détaillés). Le résultat est que la politique étrangère américaine est de moins en moins démocratique et de plus en plus l’affaire d’un seul homme, ce qui est très dangeureux.
Articles connexes:
Le Culte de la Présidence Américaine (1/3).
Le Culte de la Présidence Américaine (2/3).
Le Culte de la Présidence Américaine (3/3).
Conclusion
Voici quelques pistes de solution qui permettrait d’amener la démocratie américaine au 21e siècle et améliorer ses plus grandes failles.
- Premièrement, il faut mettre fin au « gerrymandering » et ramener les frontières des contés à ce qu’elles étaient il y a plusieurs décennies ou les définir en fonction d’éléments naturels évidents.
- Deuxièmement, il faudrait abolir le Collège Électoral et conférer la présidence au candidat ayant obtenu le plus de votes.
- Troisièmement, il faudrait remplacer le système « first-past-the-post » par un système de « ranked-choice voting (RCV) » comme c’est le cas notamment en Europe et en Australie. Le Premier Ministre du Canada, Justin Trudeau, avait d’ailleurs promis une telle réforme pour le Canada, mais n’a toujours pas livré cette promesse car elle désavantagerait son parti. La représentation proportionnelle devrait aussi être considérée, ce qui favoriserait notamment le Libertarian Party.
- Quatrièmement, il faudrait abolir le système des SuperPACs, qui permet littéralement d’acheter un candidat. Des limites au financement électoral seraient aussi bienvenues. Les candidats dépensent des centaines de millions de dollars en publicité, et une bonne partie est négative.
Article connexe: Hillary Clinton et les SuperPACs.
- Cinquièmement, et cela serait très difficile en vertu de la jurisprudence, il faudrait grandement réduire les pouvoirs de la présidence, surtout en ce qui a trait à la politique étrangère. Le Président devrait revenir à son rôle originel, c’est-à-dire de s’assurer que les lois du Congrès respectent la constitution.
Après la Deuxième Guerre, lorsque les Américains ont participé à la redéfinition des systèmes politiques de l’Allemagne et du Japon, ils ont élaboré des systèmes assez différents du leur, signe qu’ils sont conscients de ses défauts. Il serait grand temps qu’une réforme constitutionnelle ait lieu pour moderniser la plus vieille démocratie à ce jour.
Article connexe: Les attentes irréalistes envers la démocratie.
Pour le 4 point vous avez totalement raison. Un article sur l’effet qu’a l’argent lors des élections: https://fivethirtyeight.com/features/money-and-elections-a-complicated-love-story/ Cela ne permet pas de gagner les élections mais le vrai effet c’est que cela influe qui sera candidat (cela favorise les gens riches et connus)
Les donateurs républicains sont beaucoup plus conservateurs que les citoyens républicains sur les questions économiques. Les donateurs démocratiques sont beaucoup plus libéraux que les citoyens démocratiques sur les questions sociales. Les donateurs des deux parties sont plus pro-mondialistes que les électeurs de leurs partis.
https://www.gsb.stanford.edu/faculty-research/working-papers/what-do-donors-want-heterogeneity-party-policy-domain-research-note
Légitiment, on peut se demander (cette étude ne répond pas à cette question) si cela ne conduit pas à fausser le choix des candidats (envers des candidats bien plus à droite économiquement que le républicain moyen et bien plus à gauche socialement que le démocrate moyen) ?
(Le système des primaires où ce sont les militants qui choisissent quel candidat va se présenter à l’élection favorisent clairement le fait de choisir un candidat plus à droite (pour les républicains) ou plus à gauche (pour les démocrates) mais il se pourrait également que les donateurs aient une influence sur cela).
Un article qui met les choses en perspective : https://slatestarcodex.com/2019/09/18/too-much-dark-money-in-almonds/
(Même si je suis contre l’idée de ne pas mettre de limites aux dépenses électorales cet article est intéressant)
Un excellent article à lire: https://www.lepoint.fr/debats/politique-les-mensonges-des-moderes-22-09-2018-2253423_2.php
La démocratie américaine est malade du fait qu’alors la majorité des citoyens américains sont relativement modérés politiquement, ce sont les idées les plus radicales qui ont pignon sur rue.
La démocratie américaine est malade de la polarisation et du tribalisme politique
Votre article est très bon par contre il passe à côté d’un problème essentiel: le pouvoir judiciaire qui est la principale menace pour la démocratie aux USA.
Aux USA, le pouvoir judiciaire s’attribue d’énormes pouvoirs et se transforme en super législateur. C’est totalement antidémocratique. Les juges loin d’appliquer les lois les font.
La montée en puissance du pouvoir judiciaire est déjà inquiétant en Europe mais aux USA c’est mille fois pire.
L’interprétation des juges progressistes est particulièrement inquiétante car ils considèrent que l’interprétation doit être évolutive ce qui revient à faire des juges des nouveaux législateurs. Je préfère pour cela les juges conservateurs attachés à une interprétation originaliste (ce que le législateur a voulu).
Le fait que les nominations des juges soient politiques (je parle au niveau fédéral il y a aussi des élections de juges dans certains Etats) c’est un scandale.
Le pouvoir judiciaire américain est totalement politisé. Il faut une magistrature impartiale et indépendante qui a pour seul but d’appliquer la loi et non de la faire.
La législation du mariage gay, de l’avortement,…par la Cour suprême c’est un scandale absolue. Cela doit se faire au niveau du législateur et non d’une instance non élue. En plus, c’est même pas une compétence fédérale mais au niveau des Etats. Et la justification légale de ces législations est vraiment risible. On voit que clairement les juges ont pris une décision purement idéologique et non juridique.
Le système juridique américaine de manière générale est particulièrement mauvais.
La justice américaine (en particulier la Cour suprême) est devenue une menace pour la démocratie
Rappel fondamental sur les partis politiques américains et l’inanité de les comparer aux partis français : ce sont avant tout des « machines électorales pour le vainqueur de la primaire » et non un lieu où on élabore des programmes

Or, ceux qui votent à la primaire c’est le base militante qui a tendance à être bien plus radicale que les électeurs du parti. Il faut noter que les deux grands partis ont plusieurs courants idéologiques différents en leur sein.
Un article qui parle de la politique en plus à gauche des grandes villes (qui détruit les classes moyennes): https://www.city-journal.org/html/playgrounds-elites-15494.html
Ce qui illustre bien que la démocratie américaine va mal c’est que l’on voit que les maires actuels élus dans les grandes villes sont élus avec des taux d’abstention records.Comme c’est des bastions démocrates, seuls les plus motivés vont voter. Tandis que les autres ne votent pas. Résultat: il ont des maires très à gauche qui ne représentent pas spécialement l’avis de la majorité de la population.
(A noter que cela se passe aussi au niveau des états et même au niveau fédéral avec le Congrès tant dans les bastions démocrates que républicains. Les politiciens du parti sont choisi lors de la primaire (où ce sont les plus engagés qui votent). Donc la personne choisie ne sera pas spécialement représentative de la population mais elle sera quand même élu car elle est dans un bastion du parti qu’elle a choisi. Et cela décourage une bonne partie de la population qui ne va plus voter. Au final, on a des politiciens avec une opinion bien plus radicale que le reste de la population).
« Auparavant, aucun des deux partis était particulièrement favorisé par les électeurs ruraux. Ce n’est plus le cas dorénavant. Les Républicains ont réussi à conquérir ce marché, ce qui leur permet de raffler un nombre de sièges démesuré par rapport au nombre de votes qu’ils reçoivent » J’ai un peu de mal avec cet argument car il y a une confusion entre un état rural et état avec une faible population. Il y a des états urbanisés qui ont une faible population. Et une bonne partie des comtés ruraux aux USA se trouvent dans des états très peuplés.
De plus, il suffit d’une grosse ville dans un état pour faire d’un état un état démocrate. Je m’explique: Prenez l’Oregon c’est un état démocrate (c’est grâce à Portland, le reste de l’état qui est rural est très républicain).
Je veux dire que cet article confond la fracture entre états conservateurs et états démocrates avec la fracture entre ruralité votant républicain et villes votant pour les démocrates. (Noter qu’il ne faut pas oublier que même si les campagnes sont républicaines, la majorité des électeurs républicains vivent en villes).
Parmi les états les moins peuplés, il y a plusieurs états de la Nouvelle Angleterre: Vermont, Delaware, Rhode Island, New Hampshire, Maine qui sont des états très démocrates. Ce sont parmi les états les plus à gauche des USA. Sans parler d’Hawai qui est aussi un état très démocrate et qui est un état avec une faible population.
Le Montana, un état faiblement peuplé tend aussi à être démocrate.
Honnêtement quand je regarde ce classement: https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_states_and_territories_of_the_United_States_by_population
J’ai pas l’impression qu’il ait une telle différence de populations entre états démocrates et états républicains.
Enfin peut être que je me trompe.
De manière générale, cet extrait oublie les USA sont un état fédéral. Or, il est très fréquent dans un état fédéral qu’il y ait un bicaméralisme. Or, pratiquement toujours, dans ces états, on considère que le sénat est la chambre des territoires là où la chambre des représentants est la chambre censés représentés plus fidèlement le peuple.
Donc au final, la particularité du système américain ne semble pas être son sénat mais surtout le pouvoir du sénat qui est bien plus important que celui de la chambre des représentants (car il contrôle les nominations à la haute administration et dans la justice). Ce qui rend les sénateurs plus puissants c’est aussi la durée du mandat (6 ans contre 2 ans à la chambre des représentants).
Aux USA, il y a de telles différences entre les états fédérés qu’il est normal d’avoir une chambre où les Etats sont également représentés.
D’ailleurs, même en France où c’est un régime unitaire: le sénat est la chambre des territoires. Ce qui se justifie moins vu que la France est relativement homogène au niveau du territoire.
Je rappelle qu’un système représentatif n’est jamais réellement et fidèlement représentatif du corps électoral. Par exemple le système anglais permet au premier de remporter le siège à une élection à un tour. Cela permet d’avoir une majorité au parlement avec un nombre assez faible des voix (parfois seulement un peu plus d’un tiers des voix).
Le système francais avec une élection à deux tour fait que souvent, les électeurs votent au deuxième tour par défaut. Pour rejeter un candidat. A l’élection présidentielle, il suffit d’arriver dans les deux premiers pour l’emporter vu que le candidat en face c’est Marine Le Pen;
Le système proportionnelle (qui a ma préférence) n’est pas sans défaut. Cela crée souvent une patricratie (càd où les partis politiques ont un pouvoir énorme). Les partis font des coalitions mais qui demandent de faire des compromis politiques qui décoivent parfois une majorité d’électeurs. Ce système suppose une discipline de partis de la part des élus qui doivent obéir à leurs dirigeants. Et cela ouvre la voix à des arrangements entre partis politiques qui peuvent aller à l’encontre de la volonté d’une majorité d’électeurs.
Les deux états les moins urbanisés sont le Maine (38,7%) et le Vermont (38,9%) deux états démocrates. (Seul le Mississipi a moins de 50% de population urbanisé (49,3%).
Vous noterez que des états faiblement peuplés sont très urbanisés je pense par exemple à Rhode Island (urbanisation à 90,7% ).
Et que des états très conservateurs et parmi les plus républicains comme l’Utah sont très fortement urbanisés (Utah 90,6%, Texas 84,7%)
https://en.wikipedia.org/wiki/Urbanization_in_the_United_States
La politisation de l’administration publique est une particularité des USA. Je veux dire, il y a toujours des nominations politiques dans la haute administration mais jamais au point des USA où toute la haute administration est politisée.
(De plus, en général, un gouvernement peut nommer les postes de la haute administration sans passer par l’approbation du parlement. A quelques exceptions près). On parle de plusieurs milliers de postes à pourvoir quand un président arrive au président (et une bonne partie doit être approuvé par le Sénat). C’est un énorme travail. En plus, cela fait que les postes sont occupés pour un temps relativement court. Ce qui nuit à l’action de l’administration. Pas de continuité.
Cette politisation pose questions. Car le système type fait que ces hauts fonctionnaires font des allers retours dans le privé et le public. En gros, une administration républicaine nomme X. Puis quand les démocrates arrivent au pouvoir, X va dans le privé. Et quand il y a un retour des républicains au pouvoir, X revient.
Or, cela crée des conflits d’intérêts. X a travaillé dans le privé (donc conflits avec la boîte dans laquelle il a travaillé). Et en plus, il sait qu’il n’a pas la sécurité de l’emploi. Dans quelques années, il va perdre son job (au changement d’administration). Donc forcément, il peut être enclin à se montrer sympathique avec les grosses entreprises d’un certain secteur. Pour pouvoir se faire engager plus tard dedans. Cela crée un système malsain avec des conflits d’intérêts permanents.
Sans parler du fait que la personne n’est là que grâce au président. Donc forcément, il aura tendance à être loyal (pour éviter de devoir démissionner). Et voilà comment on a des hauts fonctionnaires qui défendent plus l’administration en place que l’intérêt public (et qui sont remplis de conflits d’intérêts avec des entreprises privées).
Je parle même pas du système judicaire américain qui est digne d’un régime du tiers monde. Aucune autre démocratie n’a un système judicaire aussi politisée. C’est pas normal de ne pas avoir une magistrature professionnelle dans un pays développé. Mais cela suppose de réduire les pouvoirs des juges. Evidement que si vous donnez autant de pouvoirs aux juges, il y aura une politisation. C’est car les juges ont autant de pouvoirs qu’ils sont si politisées.
Et rappelons qu’aux USA, il y a des élections tout les deux ans ce qui est ridicule. Une chambre ne peut pas fonctionner de manière adéquate avec des élections aussi fréquentes. En général, les élections c’est tous les quatre ou 5 ans. Aux USA, les élections sont quasiment permanentes.
A peine élu qu’il y a une nouvelle campagne électorale. Les parlementaires se sachant bientôt en campagne électorale cela influence leur travail.
Il faut allonger le mandat de la chambre des représentants à quatre ans.
Je suis entièrement d’accord avec chacune de ces réformes de votre conclusion:
« Premièrement, il faut mettre fin au « gerrymandering » et ramener les frontières des contés à ce qu’elles étaient il y a plusieurs décennies ou les définir en fonction d’éléments naturels évidents.
Deuxièmement, il faudrait abolir le Collège Électoral et conférer la présidence au candidat ayant obtenu le plus de votes.
Troisièmement, il faudrait remplacer le système « first-past-the-post » par un système de « ranked-choice voting (RCV) » comme c’est le cas notamment en Europe et en Australie. Le Premier Ministre du Canada, Justin Trudeau, avait d’ailleurs promis une telle réforme pour le Canada, mais n’a toujours pas livré cette promesse car elle désavantagerait son parti. La représentation proportionnelle devrait aussi être considérée, ce qui favoriserait notamment le Libertarian Party.
Quatrièmement, il faudrait abolir le système des SuperPACs, qui permet littéralement d’acheter un candidat. Des limites au financement électoral seraient aussi bienvenues. Les candidats dépensent des centaines de millions de dollars en publicité, et une bonne partie est négative. »
Mais je pense qu’il faut en rajouter d’autres:
Créer une magristrature professionnelle et des hauts fonctionnaires de carrière. Donc supprimer la nomination des juges et des hauts fonctionnaires par le président (à quelques exceptions près). Créer une cour constitutionnelle (aujourd’hui la cour suprême est à la fois une juridiction de 3 instance et une cour constitutionnelle. La plupart des démocraties ont séparés les deux).
Ces réformes aurait aussi comme effet collatéral de réduire les pouvoirs du Sénat.
Faire des élections à la chambre des représentants tous les quatre ans (en même temps que le président). Supprimer les élections de mi mandats.
A l’heure actuelle, les 10 plus petits États ont 10 démocrates et 10 républicains au Sénat. Les 10 États les plus peuplés ont le même nombre de sénateurs démocrates que de sénateurs républicains (en comptant les deux républicains de Géorgie). https://www.politico.com/magazine/story/2018/07/24/democrats-senate-constitution-219033
En 2009, avant que deux catastrophes successives à mi-mandats ne coûtent 13 sièges aux démocrates, pas moins de 15 démocrates venaient des 10 États les moins peuplés. Cela comprenait les deux sénateurs du Montana et un de chacun des Dakota. (À l’époque, les 10 plus grands États se partageaient 12-8 en faveur des démocrates). Si les démocrates détenaient 60 sièges au Sénat il y a 11 ans, un retour à la majorité est-il vraiment hors de portée?
Le Dakota du Nord a eu deux démocrates au Sénat de 1987 à 2011 et un sénateur jusqu’en 2019. Les deux sénateurs du Montana étaient démocrates de 2007 à 2015, et l’un a été réélu il y a à peine deux ans. Jusqu’à la mi-mandat de 2014, les démocrates occupaient des sièges en Alaska, en Louisiane, en Arkansas, en Caroline du Nord, dans l’Iowa et dans le Dakota du Sud.
Dans le top 3 des états les plus peuplés (Californie, Texas et Floride), les républicains détiennent 4 sièges sur 6. Les démocrates ne contrôlent que les deux sièges de Californie.
« Premièrement, il faut mettre fin au « gerrymandering » et ramener les frontières des contés à ce qu’elles étaient il y a plusieurs décennies ou les définir en fonction d’éléments naturels évidents » Simple à dire plus difficile à faire. Le problème de cette proposition c’est que la démographie a grandement évolué depuis. Des villes se sont développés. Aux USA, il est interdit de trop minimiser le vote des minorités raciales. Donc on est obligé de tenir compte de la situation actuelle. La solution mis en place pour en finir avec le gerrymandering c’est des commissions indépendantes. Le problème c’est que cela n’a pas résolu l’affaire. Cet très bon article montre comment les démocrates ont réussi à faire du gerrymandering partisan malgré une commission indépendante en Californie:
https://www.propublica.org/article/how-democrats-fooled-californias-redistricting-commission
Bon là la commission est composé uniquement de citoyens ce qui est problématique et cela les rend facilement manipulable; il y a d’autres modalités dans d’autres Etats. Au New Jersey, c’est une commission politique (avec le même nombre de représentants démocrates que républicains dans la commission). Le truc c’est que lors du redécoupage en 2011, il n’y a pas eu d’accord. Un membre supplémentaire a été nommé par la cour suprême de l’état qui a voté en faveur de la carte des démocrates.
Aux USA, les cours suprêmes sont politisés. Donc je doute que cela soit une bonne idée de leur donner un pouvoir dans le redécoupage électorale. En Pennsylvanie, la cour suprême dominé par les démocrates a annulé le redécoupage électorale fait par les républicains en 2018 et a créé son propre découpage électorale alors que la constitution de l’état prévoit explicitement que cela relève du pouvoir du législateur. Cette carte a été fait par un politologue qui n’a pas témoigné à la Cour pour justifier sa carte. (Et bizarrement, cette carte avantageait les démocrates).
Qu’il soit clair, je suis pour une commission indépendante (l’idéal c’est une commission où il y a le même nombre de politiciens des deux partis car une commission composé de citoyens est trop facile à manipuler) pour redécouper la carte électorale. Mais il faut vraiment être idéaliste pour penser que cela supprime tout problème. Cela ne fait que minimiser le problème.
Le seul vrai moyen d’y mettre fin au problème c’est une élection proportionnelle.
« lorsque les Américains ont participé à la redéfinition des systèmes politiques de l’Allemagne et du Japon, ils ont élaboré des systèmes assez différents du leur, signe qu’ils sont conscients de ses défauts » C’est plutôt lié aux spécificités culturelles de ces pays. D’ailleurs, ils n’ont pas même le même système politique au Japon qu’en Allemagne c’est car c’est deux pays différents. Je suis d’accord sur le fait que le système politique américain est mauvais mais historiquement, c’est faux de dire que les américains ont mis en place des systèmes politiques différents au Japon et en Allemagne du leurs car ils pensaient que leur système était mauvais.
On notera qu’à Puerto Rico et dans tous les autres états associés (les iles dans le Pacifique), les USA ont mis en place un système politique à l’américaine
Un article intéressant: https://sheril.substack.com/p/the-fiction-of-american-democracy?r=u0rd&utm_campaign=post&utm_medium=web