L’économiste Robert Murphy mène présentement une campagne afin de convaincre Paul Krugman de lui accorder un débat opposant le keynésianisme à la théorie Autrichienne des cycles économiques (ABCT). Paul Krugman a en quelque sorte répondu à Robert Murphy dans un article publié sur son blogue la semaine dernière. Murphy a ensuite publié une réplique sur le site du Mises Institute, laquelle je trouve trop longue, mais qui résume quand même bien l’ABCT et certaines des nombreuses erreurs commises par Krugman. Je vous propose donc une réponse plus concise (et en français) aux questions et objections soulevées par Krugman dans sa réponse à Murphy.
Archive for janvier 2011
Krugman versus Murphy…
Posted in Économie, tagged ABCT, banques, banques centrales, chômage, création de monnaie, déflation, inflation, keynésianisme, Paul Krugman, quantitative easing, récessions, Robert Murphy, subventions, taux d'intérêt on 27 janvier 2011| 14 Comments »
Keynes et la loi des débouchés de Say.
Posted in Économie, tagged ABCT, consommation, création de monnaie, cycles économiques, David Ricardo, demande, James Mill, Jean-Baptiste Say, John Stuart Mill, keynes, libre-marché, loi de Say, loi des débouchés, offre, production, propriété, récessions, taux d'intérêt on 25 janvier 2011| 72 Comments »
L’une des plus grandes erreurs de Keynes a été sa mauvaise compréhension de la loi des débouchés de Say. Il avait néanmoins besoin de réfuter Say pour établir sa Théorie Générale basée sur la demande agrégée.
L’économiste français Jean-Baptiste Say (1767-1832) a énoncé cette loi fondamentale pour le capitalisme dans son Traité d’économie politique de 1803 (livre I, chapitre XV). Voici sommairement que cette fameuse loi stipule :
- Nous vivons dans un monde où les ressources sont limitées, mais où les besoins sont illimités.
- Si un individu désire se procurer un bien, il doit soit le produire lui-même, soit produire qu’elle chose qu’il pourra échanger contre le bien désiré. Il faut évidemment que le bien produit soit « désirable » pour qu’il trouve preneur.
- La richesse est créée par la production, et non par la consommation. Ainsi, pour être un consommateur, nous devons d’abord être un producteur. Conséquemment, c’est la quantité produite qui détermine la quantité qui pourra être demandée car plus vous êtes productif, plus vous aurez de revenus pour consommer (autrement dit, l’offre crée sa propre demande).
- Comment savoir si ce que l’on produit est désirable ou non? Cela est indiqué par le profit (ou la perte) que l’on réalise sur le marché. Le profit va diriger les producteurs vers les activités les plus « désirables » pour les consommateurs.
- La monnaie joue un rôle d’intermédiaire entre le bien produit et le bien consommé. Il arrive que nous ne dépensions pas tout notre revenu aussitôt que celui-ci est engrangé; c’est ce qui crée de l’épargne. Cette épargne est canalisée par les marchés financiers et le système bancaire vers ceux qui désirent emprunter pour consommer davantage. Les taux d’intérêt agissent tel un mécanisme de coordination entre les épargnants et les emprunteurs et fait en sorte que la quantité consommée soit égale à la quantité produite.
- En intervenant sur la monnaie, les gouvernements et banques centrales peuvent dérégler le système. En raison de ce débalancement, certains biens seront produits en trop grandes quantités, ce qui générera éventuellement des pertes, des faillites et du chômage.
- La propriété privée est nécessaire car la libre-disposition du fruit de son travail est un incitatif à produire plus de richesse. En rendant la production moins profitable, l’impôt est fort nuisible à la prospérité et crée des distorsions sur les marchés en réduisant le capital disponible à la production et, par conséquent, la quantité de biens disponibles pour la société.
La Dépression de 1920-1921: la défense keynésienne.
Posted in Économie, tagged ABCT, autrichiens, Benjamin Powell, Benjamin strong, création de monnaie, Daniel Kuehn, déflation, Dépression de 1921, Federal Reserve, Harding, inflation, keynes, keynesiens, plan de relance, politique monétaire, Première Guerre Mondiale, Robert Murphy, taux d'intérêt, Thomas Woods on 18 janvier 2011| 6 Comments »
La dépression de 1920-21 a souvent été utilisée par des économistes de l’école autrichienne (notamment Thomas Woods, Benjamin Powell et Robert Murphy) comme une preuve historique du succès des prescriptions de la Théorie Autrichienne des Cycles Économiques (ABCT) et du non-interventionnisme économique durant les récessions.
Devant une telle situation, les économistes de l’école keynésienne se devaient de répliquer. C’est ce qu’a fait Daniel Kuehn dans un article publié en 2010 (merci à M.H. pour le lien). Suite à la lecture de cet article, j’ai cru bon remettre les pendules à l’heure concernant cet épisode économique si controversé. Noté que j’avais moi-même publié un article sur le sujet il y a quelques mois.
Revue des indicateurs économiques récents.
Posted in Économie, tagged États-Unis, Canada, chômage, Chine, inflation, nourriture, pétrole, quantitative easing, ventes automobiles on 14 janvier 2011| 2 Comments »
Signe que le second programme de Quantitative Easing de la Federal Reserve ne fonctionne pas aussi bien que prévu, les taux hypothécaires continuent de monter aux États-Unis alors que les demandes de refinancement continuent de plonger (graph ci-bas).
Au cours des trois premiers trimestres de 2010, environ 60% de la croissance du PIB est attribuable à l’augmentation des inventaires, et non à de la demande finale. Ainsi, le ratio inventaires / ventes est à la hausse. Devant cette situation, il est probable que les producteurs réduisent leurs niveaux de production en début d’année, ce qui serait bien négatif pour l’économie américaine en 2011.
En décembre, l’économie canadienne a créé 22,000 emplois, comparativement à 15,000 en novembre. La qualité de ces emplois est d’ailleurs bonne puisque ce sont les emplois à temps plein (+38.0K) qui ont progressé au détriment des emplois à temps partiel (-16.1K) et que ces emplois sont provenus du secteur manufacturier (+65.7K) plutôt que de la construction (-27.1K). Les meilleurs gains sont provenus du Québec (+24.7K) et de l’Ontario (+22.5K), alors que la Colombie-Britannique a affiché la pire performance (-22.5K). Le taux de chômage est demeuré inchangé à 7.6%.
Aux États-Unis, le taux de chômage a diminué à 9.4%, mais c’est surtout parce que ce chiffre exclut les chômeurs découragés qui ont arrêté de chercher un emploi. Le véritable taux de chômage est de 16.7%. L’économie américaine a tout de même créé 103,000 emplois en décembre comparativement à 71,000 en novembre.
La SCHL, les banques et le crime organisé.
Posted in privatisation, tagged banques, fraude, Genworth, hypothèques, immobilier, La Facture, Robert Moniz, SCHL on 5 janvier 2011| 6 Comments »
Suite au visionnement de l’émission La Facture à Radio-Canada, j’ai cru bon interrompre la pause des fêtes pour vous faire part des trouvailles de ces journalistes à l’égard de la SCHL.
La SCHL utilise un système d’approbation nommé Emili, qui dans la majorité des cas permet d’obtenir une réponse en 7 secondes ou moins, sans évaluation de la propriété. Selon les spécialistes consultés par La Facture, il s’agit d’une véritable porte ouverte à la fraude.
Voici comment les fraudeurs procèdent:
- Ils achètent une propriété à l’aide d’un complice (une entreprise bidon), au prix du marché.
- Ils dénichent une victime à laquelle ils mentionnent avoir besoin d’un prête-nom avec un bon crédit pour obtenir un meilleur taux d’intérêt. Ils disent rénover les propriétés et les revendre à profit quelques mois plus tard. En échange du prêt-de-nom, ils proposent des bonis de plusieurs milliers de dollars. Entre-temps, ils s’engagent à faire les versements hypothécaires de sorte que le prête-nom n’ait rien à débourser. Notez qu’il est légal d’agir en tant que prête-nom au Canada.
- De connivence avec un notaire, les fraudeurs falsifient les documents de façon à améliorer le dossier de crédit de la victime à son insu.
- La banque fait preuve de laxisme dans le dossier car elle ne risque pas grand chose étant donné que le prêt est assuré auprès de la SCHL, une institution gouvernementale. Elle n’hésite donc pas à accorder le prêt, même si la propriété est sur-évaluée et même si les documents sont douteux.
- Une fois le tout approuvé, les fraudeurs achètent la propriété à un prix nettement supérieur à la valeur au marché (30%). Vous aurez compris qu’ils se trouvent en fait à utiliser un prêt hypothécaire au nom de la victime pour acheter la propriété d’eux-mêmes, empochant un immense profit.
- Quelques mois plus tard, les fraudeurs cessent de faire les paiement hypothécaires. La banque saisit la propriété, la revend au prix du marché et poursuit la victime au civil pour la différence. La victime doit souvent faire faillite et la banque est indemnisée par la SCHL.
Donc, pour une propriété de $300,000, vendue à la victime pour $400,000, il faut déduire les frais de notaire ($2,000), la prime d’assurance ($9,000), la mise de fonds ($20,000), quelques paiements hypothécaires ($4,000), le boni au prête-nom ($5,000), pour un profit d’environ $60,000.
Selon La Facture, Groupe Syncomonde et Robert Moniz auraient fraudés des centaines de personnes de cette façon, empochant des gains de plusieurs dizaines de millions de dollars. Selon la GRC, ces individus sont liés au crime organisé.
Ainsi, une entreprise d’État financée par les contribuables permet à des fraudeurs de faire des millions en raison du flagrant manque de rigueur de son système d’approbation. Est-ce qu’une entreprise privée gérée dans l’intérêt d’actionnaires commettrait de telles largesses? Évidemment que non. Le concurrent principal de la SCHL au niveau de l’assurance-hypothécaire est Genworth Canada, une compagnie transigée à la bourse de Toronto. Je suis bien familier avec leurs processus d’approbations qui sont rigoureux et leur permettent d’obtenir de biens meilleurs résultats que la SCHL. De plus, les banques affirment que leur niveau de service est nettement supérieur à celui de la SCHL. En fait, la seule raison pour les banques de faire affaires avec la SCHL concerne la garantie gouvernementale de 100% (versus 90% pour Genworth), qui leur permet de maintenir un niveau de capital plus bas. D’autre part, les banques ont certainement tendance à canaliser les prêts les plus douteux vers la SCHL étant donné son manque de rigueur et de prudence.
En somme, ces informations ajoutent à mon antagonisme envers la SCHL. À cet égard, je vous recommande de lire mon article antérieur à son sujet.