Il y a plusieurs écoles de pensées en économie (néo-classique, keynesienne, supply-side, monétariste, etc), l’une d’elles étant l’école Autrichienne. La plupart d’entre vous savent que j’adhère à cette façon de penser, du moins en ce qui a trait à la Théorie Autrichienne des Cycles Économiques (ABCT).
Plusieurs économistes, choqués par les implications dérangeantes de cette théorie, véhiculent des critiques à son égard que je qualifierais de pure sophismes. Voyons voir ce qu’il en est.
La Théorie:
L’ABCT stipule qu’au début du cycle, la politique monétaire se fait accommodante de façon à stimuler l’économie. Pour ce faire, la banque centrale crée de la monnaie, ce qui a comme impact de faire chuter les taux d’intérêt.
Cette baisse des taux d’intérêt a comme impact de modifier les préférences temporelles des entrepreneurs et consommateurs à l’égard de leurs investissements et de leur consommation. Ainsi, certains investissements qui n’étaient pas profitables au taux d’intérêt du marché deviennent « artificiellement » profitables au taux manipulé. De plus, les consommateurs vont choisir de consommer davantage maintenant plutôt que d’épargner pour plus tard et vont même s’endetter pour le faire, encouragés par les bas taux d’intérêt.
Ils vont aussi s’endetter pour investir, séduit par les rendements boursiers alléchants et les chiffres économiques dopés, imitant les spéculateurs et autres investisseurs professionnels, qui profiteront du crédit facile comme levier financier. Ainsi, selon la mode de l’époque (chemins de fer, télécommunications, technologies de l’information, immobilier, etc), tout cet argent/dette canalisé vers les investissements pourra engendrer une ou même plusieurs bulles spéculatives. Conséquemment, le faible coût du capital, tant action que dette, augmentera la propension des entreprises à investir dans des projets qui n’auraient pas été considérés autrement.
Cette vague d’investissement, de consommation et d’endettement sera amplifiée par la création monétaire du système bancaire à réserves fractionnaires opéré au Canada, aux États-Unis, en Europe et presque partout. Le « boum » économique qui en résultera agira aussi comme un amplificateur et renforcera la tendance.
Toute cette nouvelle monnaie en circulation aurait tôt fait de faire augmenter les prix des biens et services. En effet, le niveau élevé d’activité économique crée une rareté des ressources, moyens de production et travailleurs, ce qui fait augmenter leurs coûts. Ces coûts sont repassés aux consommateurs sous forme de hausses de prix ce qui génère une spirale inflationniste.
Pour freiner cet élan, la banque centrale n’a d’autre choix que de resserrer sa politique monétaire. Tel un château de cartes sur lequel on souffle, l’augmentation des taux d’intérêt ramènera tout le monde à la réalité et mettra à jour tous ces mauvais investissements faits durant le boum. Ces investissements, lesquels semblaient rentables avec de bas taux d’intérêt et des prix élevés, apparaîssent maintenant comme déficitaires, ce qui génèrera une vague de faillites et de coupures d’emplois.
Les consommateurs dépenseront moins pour rembourser leurs dettes et épargner. L’investissement tombera à sec en raison de la faiblesse de la demande et des faillites dues aux mauvais investissements. Dans un système bancaire à réserves fractionnaires, le remboursement des prêts résulte en un phénomène de destruction de monnaie: la déflation. Les prix baissent, ce qui accentue la sévérité de la récession. Le chômage augmentera, ce qui aura comme impact de rendre la récession encore plus sévère.
Pour se sortir de ce marasme, il faut que la structure de production s’adapte à la nouvelle structure de l’économie. C’est la destruction créatrice qui entre en jeu. Les ressources libérées par les faillites et coupes d’emplois sont réallouées dans l’économie. De plus, le capital investi dans de mauvais projets durant le boum est perdu et devra être remplacé. Pour ce faire, les mauvais prêts doivent être radiés, les dettes remboursées et l’épargne réel doit fournir le capital nécessaire à la reprise. Finalement, les prix doivent aussi s’adapter à la nouvelle réalité du marché et à la quantité de monnaie en circulation.
Les critiques:
Qu’elles proviennent de Paul Krugman, Bryan Caplan ou John Quiggin, les détracteurs de l’ABCT avancent généralement les mêmes arguments.
1) Même dans des pays ou époques où il n’y a pas eu de banque centrale, il y a quand même eu des cycles économiques violents.
Cette critique est basée sur la mauvaise prémisse selon laquelle l’ABCT blâme les banques centrales. C’est plutôt la création de monnaie ex nihilo en général que nous accusons, notamment celle qui provient des banques centrales, mais aussi d’un système bancaire à réserves fractionnaires. Ceci étant dit, si la raison-d’être de la Federal Reserve, apparue en 1913, était de stabiliser l’économie et le système financier, il est évident que ça a été un échec monumental!
2) Selon Bryan Caplan, l’une des failles de l’ABCT est de croire que les boum génèrent de mauvais investissements (malinvestments). Selon lui, les mauvais investissements sont plutôt attribuables à la cupidité du capitalisme, à l’irrationnalité des agents, aux esprits animaliers (animal spirits) et/ou à un échec du libre-marché. Sachant que les bas taux d’intérêt ne sont que temporaires, pourquoi est-ce que les entrepreneurs et autres agents du marché n’ajustent pas leurs anticipations rationnellement en fonction d’une hausse potentielle des taux? N’est-ce pas là un échec du marché?
Tout d’abord, l’entrepreneur n’a aucun moyen de savoir quel est le vrai taux du marché, lequel est masqué par les interventions de la banque centrale. Cela rend le processus décisionnel plutôt difficile. En second lieu, la concurrence forcera éventuellement les entrepreneurs à réagir pour ne pas perdre leur position compétitive. Finalement, l’inflation est plutôt sournoise et il serait exagéré de prétendre que les entrepreneurs sont rationnels au point d’en prendre totalement et exactement compte dans leurs décisions d’investissement. Notez que l’ABCT ne nécessite pas la rationalité parfaite des agents (comme c’est le cas pour les économistes de l’école de Chicago).
3) L’une des critiques les plus stupides est celle-ci (dans les mots de Krugman):
« Here’s the problem: As a matter of simple arithmetic, total spending in the economy is necessarily equal to total income (every sale is also a purchase, and vice versa). So if people decide to spend less on investment goods, doesn’t that mean that they must be deciding to spend more on consumption goods—implying that an investment slump should always be accompanied by a corresponding consumption boom? And if so why should there be a rise in unemployment? »
Lorsque la récession survient, l’épargne diminue non pas au profit de la consommation, mais bien pour rembourser les dettes excessives engrangées durant le boum. Une chute de l’investissement non-compensée par une hausse de la consommation entraîne nécessairement du chômage, le temps que ces travailleurs se trouvent un nouvel emploi dans une industrie différente et/ou à un salaire différent, mieux adaptés à la situation économique actuelle.
4) Autre critique de Krugman: comment se fait-il que les bulles affectent l’ensemble de l’économie et non seulement le secteur touché par la bulle?
La réponse est plutôt simple: la monnaie et l’endettement sont utilisés dans l’ensemble des industries. Il est donc normal que les distorsions économiques reliées à la manipulation de la monnaie affectent aussi l’ensemble des industries.
5) Finalement, le dernier argument concerne Coolidge, Hoover et la Grande Dépression de 1929. Selon les Keynesiens, la Grande Dépression a été le résultat de l’échec du capitalisme. De plus, selon eux, le président Hoover était un adepte du laissez-faire et était beaucoup trop austère, ce qui a tué la reprise dans l’oeuf.
Au contraire, les années précédant la crise de 1929 ont été marquées par un vaste mouvement d’expansion du crédit. Cette inflation a été rendue possible parce que les pays occidentaux n’ont pas été mesure de retourner à un véritable système étalon-or, ayant plutôt opté pour le gold-exchange standard.
D’autre part, le président Hoover Hoover m’apparaît plutôt comme un Keynesien pur-et-dur. Il a augmenté les dépenses de 42% entre 1930 et 1932. Le déficit fiscal s’est chiffré à $2.6 milliards en 1932, ou 4% du PIB. Cependant, comme c’est toujours le cas lorsque les politiques keynesiennes ne fonctionnent pas, le seul argument qu’il leur reste est de dire que ce n’était pas assez!
S’il y a une chose dont les Keynesiens ne vous parleront pas, c’est sans doute de la Dépression de 1920-21. Il s’agit d’un bon exemple d’un retour à la prospérité en l’absence de plan de relance gouvernemental, et même en présence de mesures tout à fait contraires***.
Pendant la Première Guerre mondiale et la période qui l’a suivie, la Réserve fédérale avait substantiellement augmenté la quantité de monnaie dans l’économie. Lorsque la Fed décida finalement de hausser le taux d’escompte – le taux auquel elle prête aux banques – l’économie ralentit et commença à se réajuster à la réalité. Vers le milieu de l’année 1920, le ralentissement avait atteint un niveau critique, la production diminuant de 21% au cours des douze mois suivants. Le nombre de chômeurs augmenta de 2,1 millions en 1920 à 4,9 millions en 1921.
Le président Harding n’envisageait certainement pas une politique monétaire expansionniste pour relancer l’économie. En fait, il condamna l’inflation:
«Nous avons gonflé la monnaie sans réfléchir, nous devons la dégonfler de manière mûrement réfléchie. Nous avons dévalué le dollar par des mesures financières irresponsables, nous devons le rétablir de façon honnête.»
Au niveau fiscal, plutôt de promettre de dépenser des sommes sans précédent, il en appela à une réduction des dépenses:
« Nous tenterons de procéder à une déflation intelligente et courageuse, nous mettrons un terme aux emprunts gouvernementaux qui empirent la situation, et nous nous attaquerons aux coûts élevés des mesures étatiques avec toute l’énergie et la compétence dont les républicains sont capables. Nous promettons ce soulagement qui découlera de la fin du gaspillage et de l’extravagance, ainsi que du renouveau des pratiques de frugalité publique, non seulement dans le but de diminuer le fardeau fiscal, mais aussi parce que cela constituera un exemple pour stimuler l’épargne et la prudence économique dans la vie privée. »
Harding expliqua lors de son discours inaugural l’année suivante que l’économie «avait subi les chocs et secousses associés à une demande anormalement élevée, à l’inflation du crédit et à une explosion des prix». Le pays traversait maintenant l’ajustement inévitable. Aucun raccourci facile n’était possible.
Harding tint parole en poursuivant les réductions budgétaires qui avaient débuté durant les derniers mois de l’administration Wilson, alors que la maladie de celui-ci l’avait rendu incapable de gouverner. Les dépenses fédérales diminuèrent de $6.3 milliards en 1920 à $5 milliards en 1921 et à $3.3 milliards en 1922. Entre-temps, les taux d’imposition furent réduits à tous les niveaux de revenu. Et au cours des années 1920, la dette nationale fut réduite du tiers.
En 1920-21, nota l’économiste Benjamin Anderson:
« nous avons encaissé nos pertes, ajusté notre structure financière, enduré notre dépression, et en août 1921 nous avons repris la route de la croissance. La reprise de la production et de l’emploi qui s’est enclenchée en août 1921 s’appuyait sur une base solide suite à une restructuration en profondeur de nos problèmes de crédit, une réduction draconienne des coûts de production et le libre jeu de l’entreprise privée. Elle ne découlait pas de politiques gouvernementales visant à supporter les entreprises. »
Ce n’est pourtant pas une coïncidence si l’économie a repris son élan relativement rapidement suite à la récession de 1920, alors que des conditions caractéristiques d’une dépression ont persisté pendant toutes les années 1930, une décennie marquée par l’activisme étatique. C’est justement parce qu’on n’a pas adopté de mesures de relance monétaires et fiscales qu’un progrès économique solide a été rendu possible.
*** Le texte qui suit est une traduction d’un article de Thomas E. Woods Jr. publiée par le Québécois Libre.
AJOUT (13 avril 2010)
Depuis la publication de ce billet, je suis tombé sur de nouvelles critiques de l’ABCT. En voici donc les grandes lignes.
Tout d’abord, de Paul Krugman:
« The Austrian view is that unemployment in a slump results from the difficulty of “adaptation of the structure of production” — workers are unemployed as resources are painfully transferred out of an overblown investment-goods sector back into production of consumption goods. But this immediately raises the question, why isn’t there similar unemployment during the boom, as workers are transferred into investment goods production? »
Durant le boum, la transition vers la secteur de l’investissement est graduelle et « smooth ». Mais lorsque la récession survient, la transition vers la consommation est plus abrupte. Il y a beaucoup de résistance, en partie à cause des politiques de l’État, en partie à cause de l’inflexibilité du marché du travail, en partie à cause du manque de mobilité des facteurs de productions et en partie à cause d’un peu d’irrationnalité des individus.
L’État tente de maintenir le boum en aidant les industries touchées, ce qui ralentit la transition. Certains employés sont plus difficile à « mettre-à-pied » étant syndiqués. Certains employés sont spécialisés dans l’industrie ayant fait l’objet du boum et sont donc moins aptes à se ré-orienter. Finalement, les gens sont plus résistants à une diminution de salaire qu’à une augmentation. Ils préfèrent souvent être au chômage plutôt que travailler à moindre salaire dans une autre industrie.
Le boum immobilier a mis environ 6 ans à se développer alors que le « bust » s’est produit en quelques mois. Ce n’est pas surprenant que l’un soit plus difficile que l’autre. Contrairement à ce qu’il affirme, le problème n’est pas au niveau de la demande, mais bien de l’inadéquation de la structure de production (incluant la main d’oeuvre). Le boum a remodelé la structure de production pendant 6 ans, l’ajustement ne se fait pas du jour au lendemain….et je dirais même que les politiques gouvernementales (plans de relance) nuisent au processus.
Malheureusement, les statistiques disponibles (à ma connaissance) ne permettent pas de démontrer qu’il y a bel et bien eu un transfert de l’emploi du marché de la consommation vers celui des investissements durant la croissance et l’inverse durant une récession. Le Bureau of Labor Statistics ne sépare pas les emplois de cette façon.
Cependant, comme le dernier boum a, entre autres, été dirigé vers la construction immobilière et que le BLS fournit les statistiques pour ce secteur en particulier, nous pouvons observer ce qui s’y est produit. Le graphique suivant parle pour lui-même.
Les deux autres critiques sur lesquelles je suis tombé proviennent du blogue Rationalité Limitée. La première concerne la rationalité des agents et je l’ai déjà adressée au point numéro 2) de ce billet. La seconde critique de ce blogueur est que l’ABCT repose sur une politique monétaire erronée, alors que les actions de la banque centrale ont un impact indirect et mitigé sur les taux d’intérêts et les décisions des banques commerciales. Encore une fois, cette critique a été résolue au point numéro 1) du billet. Le problème n’est pas seulement la banque centrale, mais bien le système à réserves fractionnaires en entier.
Cependant, en support à l’ABCT, ce blogue fournissait un lien vers un papier fort intéressant paru dans la Review of Austrian Economics, intitulé « Expectations in Austrian Business Cycle Theory: An Application of the Prisoner’s Dilemma ».
Cet article démontre comment les agents prêteurs et emprunteurs peuvent être rationnellement incités à s’engager dans un processus d’expansion monétaire. Les auteurs considèrent la monnaie fiduciaire comme un bien commun et que les banques peuvent en émettre sans aucun risque pour attirer de nouveaux clients. On est donc dans une situation de type dilemme du prisonnier où chaque banque est incitée à créer plus de monnaie qu’il ne serait souhaitable afin de ne pas perdre de clients, ce qui débouche sur la pire solution collective, à savoir une expansion monétaire excessive. Les emprunteurs sont dans une situation similaire face à l’importante offre de crédit; ils doivent investir pour ne pas perdre de parts de marché.
Je trouve cet article bien intéressant, d’autant plus qu’il apporte une explication supplémentaire quant à la rationalité des agents.
AJOUT (16 avril 2010)
Voici un graphique montrant les dépenses de consommation comparativement aux dépenses en capital.
Bon texte. À propos des préférences temporelles: :http://www.leblogueduql.org/2009/04/les-pr%C3%A9f%C3%A9rences-temporelles-linterventionnisme-%C3%A9tatique-et-la-civilisation.html
Cet élément est mal compris et est pourtant très important…
C’est quoi qui c’est passé de 1921 à 1929 pour créer la crise de 1929 ? La création a dû être énorme pour engendrer la crise ?
Avec une bonne politique de réduction des dépenses est-ce que la dette américaine pourrait être remboursée ?
« C’est quoi qui c’est passé de 1921 à 1929 pour créer la crise de 1929 »
Une des causes: https://minarchiste.wordpress.com/2010/01/06/letalon-or-et-le-crash-de-1929/
Il y en a pleins d’autres…
@ Minarchiste
Excellente réfutation des critiques
@ Maxime
Le Krach de 1929 est une excellente illustration de l’ABCT
Pendant les années 20, la Fed a gonflé la masse monétaire de 60% entre 1922 et 1929, ce qui a alimenté le boum des « roaring twenties » et ça a alimenté une bulle boursière et immobilière. Quand la Fed a resserré la vis, la bulle a sauté.
Plutôt que de suivre l’exemple de Harding, Hoover est intervenu massivement avec des stimulus fiscaux et des ententes avec le patronat et les syndicats pour maintenir les prix et les salaires.
Roosevelt n’a qu’empiré la situation avec son New Deal.
Voilà qui devrait vous intéresser: http://www.liberaux.org/index.php?showtopic=44250
Sinon, serait il possible d’avoir les sources pour les dépenses d’Hoover ? J’aimerais bien pouvoir les ressortir.
Bonne continuation à vous.
1. Si l’on souhaitait maintenir l’étalon-or, la solution Harding était effectivement la seule possible.
2.
« Lorsque la récession survient, l’épargne diminue non pas au profit de la consommation, mais bien pour rembourser les dettes excessives engrangées durant le boum »:
Épargne=Investissement. Donc votre phrase ne veut rien dire. Car les créanciers remboursés obtiennent quelque chose en échange. Soit des titres (auquel cas on a bien augmentation de l’épargne), soit des biens de consommation (dans ce cas, on augmentation de la consommation).
À moins que vous n’acceptiez implicitement le paradoxe de l’épargne, à savoir qu’un désir d’épargne (ce qu’est le fait de vouloir rembourser des dettes) puisse parfois se traduire par une diminution de la production plutôt que par une augmentation de l’investissement.
Dans ce cas, bienvenue chez les keynésiens.
@Fred
« Épargne=Investissement. Donc votre phrase ne veut rien dire. »
Non! Votre équation est incomplète.
Revenu = consommation + épargne + remboursement de dette
Et dans un système à réserves fractionnaires, un remboursement de dette détruit de la monnaie, donc l’argent disparaît du système. C’est la déflation.
Si vous voulez séparer le remboursement de la dette des autres formes d’épargne, libre à vous.
Mais cela n’enlève rien au fait que cette dette est bien remboursée à quelqu’un, et que ce quelqu’un a accepté des bien et/ou des titres en échange pour éteindre cette dette.
Si le problème est de rembourser des dettes (thèse d’Ivring Fisher), pourquoi une émission de monétaire de la banque centrale ne résoudrait pas le problème?
@Fred
Le créancier reçoit de la monnaie fiduciaire en remboursement de ces dettes, mais cet argent n’est pas réinjecté dans l’économie ni en investissement, ni en consommation; il est détruit par le procédé inverse qui l’a créé à partir de rien.
Une injection de monnaie fiduciaire par la banque centrale ne fait que mettre de l’argent à la disponibilité des banques et ne règle pas ce problème puisqu’il n’y a pas d’opportunités de prêts viables pour cet argent parce que la récession n’a pas fini de faire son oeuvre.
Si les banques gardent l’intégralité de la base monétaire en réserve (chose jugée douteuse par Friedman et par beaucoup d’autres économistes), il suffit de laisser filer le déficit budgétaire et laisser la banque centrale monétiser la dette d’état de façon indirecte.
Pour en revenir au processus de désendettement, le remboursement de dettes détruit certes de l’argent MAIS PAS DES BIENS NI DES SERVICES.
Pour dire que cette destruction de monnaie provoque du chômage ou une baisse d’activité, il faut avoir un modèle, par exemple dire que la rigidité à la baisse des salaires empêche le chômage de baisser, ou que la déflation accroit les difficultés financières des entreprises endettées sans que l’effet Pigou ne compense cela.
Ah oui. dernier point.
Si vous admettez qu’une politique monétaire puisse avoir un effet expansioniste en période de boom, quelle est la raison pour laquelle elle n’en aurait pas un en période de récession?
@Fred
« Si les banques gardent l’intégralité de la base monétaire en réserve »
Les chiffres démontrent que c’est le cas…
» il suffit de laisser filer le déficit budgétaire et laisser la banque centrale monétiser la dette d’état de façon indirecte. »
Vous voulez dire augmenter la vélocité monétaire en gaspillant l’argent des contribuables? Non merci! C’est pourtant ce que le gouvernement a tenté, sans succès. Je ne crois pas aux chimères keynesiennes qui n’ont jamais fonctionné et ne fonctionneront jamais.
« Pour dire que cette destruction de monnaie provoque du chômage ou une baisse d’activité, il faut avoir un modèle »
Oui: l’ABCT, décrite ci-haut. Si vous tenez à approfondir le sujet, voici le modèle en détail: http://www.auburn.edu/~garriro/cbm.htm
« Si vous admettez qu’une politique monétaire puisse avoir un effet expansioniste en période de boom, quelle est la raison pour laquelle elle n’en aurait pas un en période de récession? »
Durant le boum, l’expansion monétaire génère des bulles de mauvais investissements financés par de la dette. Une fois ces mauvais investissements exposés et un niveau d’endettement insoutenable atteint, la bulle dégonfle.
Ainsi, vous proposez une politique monétaire expansionniste pour regonfler la bulle, continuer à s’endetter et poursuivre ces mauvais investissements?
On ne soulage pas une gueule de bois en buvant 1 litre de vodka.
On peut faire du déficit sans gâcher de l’argent. Par exemple en baissant les impôts.
Au fait, si vous pensez que la banque centrale ne peut augmenter la quantité de monnaie en circulation, c’est que vous croyez en l’existence des trappes à liquidité. Je peux donc vous annoncer que vous êtes officiellement un keynésien primaire qui s’ignore.
Vous aimez les aphorismes, en voici un:
Quand la chaudière casse, il vaut mieux en acheter une autre que de se dire que nous avons bien mérité le froid qui s’abat sur nous.
@Fred
Baisser les impôts est une bonne chose, surtout en récession, mais il faut que ce soit accompagné d’un plan de réduction des dépenses de l’État qui permettra d’équilibrer le budget(comme pour la dépression 1920-21, voir le billet à cet égard).
Concernant la trappe à liquidité, c’est le sujet de mon billet de vendredi (il est déjà rédigé)! Je ne nie pas l’existence de la trappe à liquidité définie ainsi, mais selon moi (et l’ABCT), le problème n’est pas là.
En fait, la trappe à liquidité est pour moi une bonne façon d’expliquer pourquoi le keynesiannisme ne fonctionne pas et c’est aussi la preuve de son échec (encore uns fois…).
Question pour vous:
La dépression 1920-21 est un bon exemple d’une politique de laisser-faire durant une récession du 20e siècle.
Y a-t-il un tel exemple où les politiques de Keynes ont fonctionné au 20e siècle?
Je ne trouve que des échecs…
La trappe à liquidité est un concept formulé par Keynes lui-même.
Si vous voulez des exemples de politiques monétaires/budgétaires ayant clairement eu un impact sur la production, il y les dévaluations des années 30 ont indéniablement soulagé les pays qui les ont mis en oeuvre.
Maintenant, ne me faîtes pas dire que je suis pour une politique discrétionnaire. Ce n’est pas le cas. Mais vous ne me ferez pas dire que la déflation pour la déflation c’est bien et que çà purge ce qui est pourri.
Le seul intérêt d’une politique déflationniste est de tenir des engagements que l’on a pris. Lorsque l’on ne s’est engagé à rien, une po
Le seul intérêt d’une politique déflationniste est de tenir des engagements que l’on a pris. Lorsque l’on ne s’est engagé à rien, une telle politique est non seulement idiote mais également injuste car elle redistribue vers les créanciers sans raison.
Je suis moi aussi pour un étalon, mais pas un étalon aussi idiot que l’étalon-or, je suis pour l’étalon indice des prix ou éventuellement « PIB nominal », qui eux ont un rapport direct avec ce que produit une économie.
@ Fred
« les dévaluations des années 30 ont indéniablement soulagé les pays qui les ont mis en oeuvre. »
Oui, parce qu’ils n’avaient pas respecté l’étalon-or, alors à quoi bon s’y accrocher. D’ailleurs, il ne s’agissait même pas d’un authentique système étalon-or, mais bien du gold-exchange standard, lequel permettait la création de monnaie. Comme je le disais dans mon billet sur le crash de 1929:
Il est important de comprendre que de prétendre être dans un système étalon-or ne sert à rien si le système n’est pas respecté et que la banque centrale crée de la monnaie à partir de rien. Si c’est le cas, il faut accepter que la devise se déprécie, sinon on ne fait que mettre du plomb dans l’aile de l’économie en s’entêtant à fallacieusement prétendre qu’une unité de monnaie vaut toujours la même quantité d’or. Ainsi, la date « officielle » de délaissement de l’étalon-or a peu d’importance; si un pays créait de la monnaie à partir de rien, il n’était déjà plus sur l’étalon-or depuis longtemps!
« Le seul intérêt d’une politique déflationniste est de tenir des engagements que l’on a pris. »
Je ne propose pas une politique déflationniste. Je propose qu’il n’y ait pas de politique du tout! Ceci étant dit, en absence d’intervention, les gains de productivité améliorent le pouvoir d’achat de la devise (les prix baissent) ce qui n’est certainement pas une mauvaise chose.
« je suis pour l’étalon indice des prix ou éventuellement « PIB nominal », »
Pourriez-vous m’expliquer en quoi consiste un tel système? Je n’en ai jamais entendu parler…
C’est moi qui utilise cette terminologie. Les économistes parlent plutôt du « ciblage du niveau de l’indice des prix (ou du PIB nominal) ».
Comme on ne va pas créer de guichets où l’on échangera des paniers de marchandises, certains économistes ont proposé que la convertibilité soit assurée avec des options sur l’indice des prix (ou le PIB nominal).
Selon la demande, la banque centrale:
_vendrait un contrat à terme sur la cible (ce qui retirerait de la monnaie de la circulation).
_achèterait des contrats à terme sur la cible (ce qui augmenterait la monnaie en circulation).
Ainsi, il n’y aurait plus besoin de fixer des taux d’intérêt ni la quantité de monnaie en circulation.
Le grand promoteur de ces idées est Scott Sumner:
http://www.themoneyillusion.com/
À propos:
http://krugman.blogs.nytimes.com/2010/04/07/martin-and-the-austrians/
@Fred
Merci pour le lien.
Voici ma réponse à Krugman à cette question:
« The Austrian view is that unemployment in a slump results from the difficulty of “adaptation of the structure of production” — workers are unemployed as resources are painfully transferred out of an overblown investment-goods sector back into production of consumption goods.
But this immediately raises the question, why isn’t there similar unemployment during the boom, as workers are transferred into investment goods production? »
Durant le boum, la transition vers la secteur de l’investissement est graduelle et « smooth ». Mais lorsque la récession survient, la transition vers la consommation est plus abrupte. Il y a beaucoup de résistance, en partie à cause des politiques de l’État, en partie à cause de l’inflexibilité du marché du travail, en partie à cause du manque de mobilité des facteurs de productions et en partie à cause d’un peu d’irrationnalité des individus.
L’État tente de maintenir le boum en aidant les industries touchées, ce qui ralentit la transition.
Certains employés sont plus difficile à « mettre-à-pied » étant syndiqués.
Certains employés sont spécialisés dans l’industrie ayant fait l’objet du boum et sont donc moins aptes à se ré-orienter.
Finalement, les gens sont plus résistants à une diminution de salaire qu’à une augmentation. Ils préfèrent souvent être au chômage plutôt que travailler à moindre salaire dans une autre industrie.
Le boum immobilier a mis environ 6 ans à se développer alors que le « bust » s’est produit en quelques mois. Ce n’est pas surprenant que l’un soit plus difficile que l’autre.
Reste à expliquer pourquoi le retournement est brutal…
@Fred
« Reste à expliquer pourquoi le retournement est brutal… »
Étirez un élastique aussi lentement que vous le pouvez, vous finirez quand même par le briser et le résultat ne sera pas moins brutal que si vous l’aviez étiré plus rapidement.
Lorsque des milliers d’acheteurs / spéculateurs de maison en ont acheté dans l’espoir de les revendre à profit l’année suivante et que tout à coup les prix de maisons se mettent à plafonner et même à baisser (ce qui semblait impossible à leurs yeux) suite à une hausse des taux hypothécaires, ces gens paniquent et veulent se débarrasser de ces maisons spéculatives le plus vite possible. Le marché s’est ensuite écroulé brutalement.
Notez que l’augmentation des foreclosures n’a pas précédé la chute du marché immobilier; c’est plutôt le contraire. Cela démontre à quel point les propriétaires en difficultés comprenaient beaucoup de spéculateurs.
J’en parlerai beaucoup la semaine prochaine dans un billet sur Greenspan et un autre sur la règlementation des marchés financiers.
@Fred
Krugman en rajoute ce matin:
http://krugman.blogs.nytimes.com/2010/04/07/austrian-followup/
J’ai presque envie de traduire mes explications (ci-haut) et de les poster sur son blogue…
Contrairement à ce qu’il affirme, le problème n’est pas au niveau de la demande, mais bien de l’inadéquation de la structure de production (incluant la main d’oeuvre).
Le boum a remodelé la structure de production pendant 6 ans, l’ajustement ne se fait pas du jour au lendemain….et je dirais même que les politiques gouvernementales (plans de relance) nuisent au processus.
C’est quoi l’élastique en question?
@Fred
« C’est quoi l’élastique en question? »
L’endettement.
En quoi l’impression de billets par la banque centrale ne permet-elle pas aux créanciers de faire plus facilement face aux échéances?
@Fred
« En quoi l’impression de billets par la banque centrale ne permet-elle pas aux créanciers de faire plus facilement face aux échéances? »
Je ne prétends pas le contraire, mais pourquoi est-ce que l’ensemble de la population devrait avoir à subir les pertes de ces créanciers?
L’industrie bancaire est déjà largement subventionnée autant aux États-Unis et encore plus au Canada, pourquoi faudrait-il en plus que les citoyens aient à subir leurs pertes quand ça va mal?
Ils ont inventé un nouveau terme pour faire avaler la pilule: le risque systémique. Mais c’est rien de nouveau. Le risque en question est relié au système à réserves fractionnaires. Le Federal Reserve system permet de répartir le risque à l’ensemble du système bancaire (incluant le département du trésor). C’est lorsque le système en entier est victime d’une « bank run » que l’on parle de risque systémique.
Si on veut éliminer le risque systémique sans hypothéquer les citoyens, on a qu’à interdire le « fractional reserve banking »; qui est de la pure fraude à mon avis.
Si on veut éviter de subventionner le secteur bancaire, rien n’empêche la banque centrale d’acheter des obligations d’état à long terme.
« mais pourquoi est-ce que l’ensemble de la population devrait avoir à subir les pertes de ces créanciers? »: Ben justement, une politique monétaire expansive réduit la valeur des créances (plus exactement maintient STABLE cette valeur). C’est quand même mieux que de demander au contribuable de payer des sauvetages de banques et/ou créer du même coup un chômage de masse (du fait de la rigidité des salaires que avez tel un keynésien mentionné).
Car ceux qui ont accepté de laisser des sommes significatives sur leur compte en banque sont tout aussi fautifs que les entrepreneurs imprudents.
Enfin, je ne vois pas en quoi le système à réserves fractionnaires est une fraude: tout le monde sait que les dépôts bancaires ont pour contrepartie des prêts. Que ce genre d’arrangement vous semble contre-nature ou dangereux, soit. Mais cela n’en fait pas une fraude. À moins que « fraude » ne serve à désigner les contrats qui ne plaisent pas aux libertariens.
@Fred
En quoi est-ce qu’acheter des obligations d’État à long terme aidera les créanciers à faire face aux échéances et aux ménages à payer leurs hypothèques?
Ce que le gouvernement américain (plutôt la Federal Reserve) a fait est d’acheter des MBS des banques à prix préférentiel, ce qui facilite le processus, mais constitue une subvention aux banques et aux emprunteurs hypothécaires à la fois. Ce programme tire d’ailleurs à sa fin.
« une politique monétaire expansive réduit la valeur des créances »
…et réduit le pouvoir d’achat de la monnaie, ce qui répartit le coût à l’ensemble de la population, surtout les retraités qui vivent de leur épargne. C’est injuste.
« je ne vois pas en quoi le système à réserves fractionnaires est une fraude »
C’est une fraude parce qu’il permet aux banques de créer de l’argent à partir de rien. C’est tout aussi une fraude que la contrefaçon de billets.
Jadis, sous le vrai étalon-or, lorsqu’une banque émettait plus de billets qu’elle n’avait d’or, celle-ci courait le risque d’une « bank run »; i.e. que tous les détenteurs de billets veuillent retirer leur or en même temps pour se rendre compte qu’il n’y en avait pas assez. Ça maintenait la discipline au niveau des banques qui ne pouvaient pas trop émettre de billets ex nihilo. C’est pourquoi les banquiers ont mis sur pied le système de banque centrale pour leur permettre de le faire impunément, avec l’approbation de l’État, peu importe la conjoncture.
Aujourd’hui, c’est ce risque de liquidité qui est réparti à l’ensemble du système. Et c’est en quelque sorte ce qui s’est produit durant la crise financière: le système entier a été victime d’une « bank run ». Et plutôt que de délaisser ce système pourri et laisser les pertes à ceux qui les méritent, on a sauvé le système aux frais de tout le monde.
Même si on augmente les exigences de réserves, le risque sera toujours massif. Et avec le bailout et le « too-big-to-fail », il y a un immense risque moral.
La solution la plus efficace serait de rendre illégal le fractional reserve banking. Le billet suivant explique comment je m’y prendrais:
https://minarchiste.wordpress.com/2010/02/28/le-programme-minarchiste-version-federal/
« À moins que « fraude » ne serve à désigner les contrats qui ne plaisent pas aux libertariens. »
Non, ce qui ne plait pas aux libertariens ce sont les crises à répétition causées par ce système qui avantage les banquiers au détriment de la population. Et la population n’y voit que du feu parce qu’elle ne comprend pas ce qu’est l’inflation et ne comprend pas le fonctionnement du système. Avez-vous étudié les circonstances de la création de la Federal Reserve?
Une crise crée de toute pièce par les banquiers pour justifier la création de la Fed. Le projet de loi rédigé par les banquiers et présenté par Woodrow Wilson à un congrès à moitié vide et l’autre moitié achetée par les banquiers.
Pour revenir sur le sujet initial, je suis heureux que vous admettiez qu’une politique monétaire expansive pouvait arranger certains problèmes en temps de crise.
Pour votre commentaire:
1. Si les banques peuvent créer de la monnaie, c’est que les déposants sont consentants. Rien ne vous interdit d’en garder le strict minimum d’actifs libellés en monnaie.
Maintenant, vous pouvez dire que pour éviter que ces salauds de déposants ne demandent des sauvetages de banques, il faut interdire le système à réserves fractionnaires mais vous ne pouvez pas appeler çà fraude.
2. Je suis d’accord que les retraités ont droit à une retraite. Mais dans ce cas, vous venez de donner un argument pour la retraite par répartition, car il vaut mieux prélever des impôts que maintenir une rentabilité artificiellement élevée.
ET SURTOUT, LES OBLIGATIONS NE SONT PAS LE SEUL PLACEMENT SUR LA TERRE. Donc si l’épargne n’est pas placée dans des obligations, le retraité se moque bien de l’inflation.
3. Vous avez tronqué mon message: j’ai dit que je voulais avant tout maintenir STABLE l’inflation (et les créances subséquentes) et que dans ces conditions actuelles, les opérations non conventionnelles des banques centrales étaient justifiées.
4. La théorie du complot, très peu pour moi. Les banques centrales, il y en a dans tous les pays du monde, et la crise de 1907 n’y est pour rien dans la création de la plupart d’entre elles.
@Fred
C’est sûr que si je suis en difficulté financière et que je vais faire un vol, ça va aider ma situation! Ce n’est cependant pas nécessairement la solution la plus juste.
1. Non, les banques peuvent créer de la monnaie parce que la loi leur permet de faire de la contrefaçon légale.
Ce ne sont pas les déposants qui demandent le bailout, mais bien les banquiers.
Les déposants ignorent ce qui se passe vraiment quand ils dépose de la monnaie à leur banque. Ce faux sentiment de sécurité est fourni par l’assurance-dépôt.
2. Vous interprétez mal mes propos. Les retraités ont droit à ce que le pouvoir d’achat des unités monétaires qu’ils ont épargnées toute leur vie ne soit pas manipulé par l’État et le système bancaire. Il est injuste de piller ceux-ci pour permettre aux banques de rester en vie.
3. Allons! Le quantitative easing sert à financer le plan de relance et à regonfler la bulle immobilière pour permettre aux banques de ne pas perdre leur chemise dans les MBS. Les citoyens n’ont rien à y gagner.
4. La crise de 1907 a servi de justification pour la création de la Federal Reserve. Ce n’est pas une théorie du complot, c’est fort bien documenté. Je recommande Murray Rothbard sur ce sujet, son ouvrage sur le sujet est gratuit sur le site mises.org (what has government done to our money).
La Fed a été crée dans un meeting à Jeckill Island avec le président Wilson, JP Morgan et un groupe de banquiers.
1. Si vous voulez attaquer l’assurance-dépôt, d’accord. Mais le système à réserves fractionnaires a précédé la garantie des dépôts d’au moins un siècle.
2 et 3: Le taux d’inflation a été nettement en-dessous de 2% habituels durant la crise. Il ne s’agissait donc nullement de spolier des retraités ou qui que ce soit mais simplement que les créanciers ou les salariés n’aient pas plus que ce qu’on leur avait promis. (au passage, je pense que ces derniers sont au final gagnants, car la grande liquidation frappe de manière assez aléatoire)
4. Il est parfaitement vrai que la crise de 1907 est à l’origine de la création de la Fed. En revanche, c’est bien de la théorie du complot que de dire que la crise de 1907 a été causé *volontairement* par les banquiers.
(C’est vrai que l’île Jeckill, çà fait vraiment peur depuis le roman de Stevenson)
@minarchiste:
Si le chômage était dû à la seule réallocation des travailleurs d’un secteur vers un autre, certains secteurs devrait augmenter. Ce n’est pas le cas:
http://www.themoneyillusion.com/?p=2473
@Fred
« certains secteurs devrait augmenter. Ce n’est pas le cas »
Effectivement, comme le mentionne l’article de ton lien, le chômage frictionnel a grandement augmenté à la place et ce pour plusieurs raisons: en partie à cause des politiques de l’État, en partie à cause de l’inflexibilité du marché du travail, en partie à cause du manque de mobilité des facteurs de productions et en partie à cause d’un peu d’irrationnalité des individus.
L’État tente de maintenir le boum en aidant les industries touchées, ce qui ralentit la transition. Certains employés sont plus difficile à « mettre-à-pied » étant syndiqués. Certains employés sont spécialisés dans l’industrie ayant fait l’objet du boum et sont donc moins aptes à se ré-orienter. Finalement, les gens sont plus résistants à une diminution de salaire qu’à une augmentation. Ils préfèrent souvent être au chômage plutôt que travailler à moindre salaire dans une autre industrie.
En somme, l’augmentation de l’emploi dans les « autres secteurs » va prendre tu temps avant de se manifester (la bulle a quand même pris 6 ans à gonfler). Il faudra d’abord que les « malinvestments » du boum soient correctement radiés pour que les ressources soient réallouées correctement.
À cet égard, je te réfère à l’article Poison pools de Manuel Hinds paru dans International Finance en 2009:
Ainsi, encore aujourd’hui, les banques sont aux prises avec des tas de mauvais prêts dont les pertes sont artificiellement maintenues hors-de-vue. Cela empêche le processus de nettoyage des malinvestments de suivre son cours et retarde la reprise:
Cet article était dans le CFA Digest de février dernier.
Note que cet auteur n’est pas de l’école autrichienne. C’est
l’ancien ministre des finance du Salvador.
En passant, ton dernier commentaire était le 1,000e à paraître sur ce blogue. Merci!
çà explique éventuellement pourquoi les autres secteurs augmentent très lentement mais pas pourquoi ils *diminuent*.
@Fred
4) Autre critique de Krugman: comment se fait-il que les bulles affectent l’ensemble de l’économie et non seulement le secteur touché par la bulle?
La réponse est plutôt simple: la monnaie et l’endettement sont utilisés dans l’ensemble des industries. Il est donc normal que les distorsions économiques reliées à la manipulation de la monnaie affectent aussi l’ensemble des industries.
@minarchiste:
Donc, si une politique monétaire expansive peut permettre d’éviter une régression des secteurs qui normalement devrait grossir, elle permet d’augmenter le produit global.
Comme le dit Krugman, au fond, les autrichiens sont des keynésiens qui se détestent eux-mêmes. Personnellement, j’aurais dit sado-masochistes.
@Fred
Une politique monétaire expansionniste fait en sorte de stimuler l’économie par l’endettement.
L’endettement doit éventuellement être remboursé.
Durant une période expansionniste, l’endettement augmente ce qui fait en sorte que les gens consomment plus maintenant et consommerons moins dans le futur (pour rembourser la dette).
La politique monétaire influence donc les préférence temporelles des individus et induit le cycle économique. On a un boum durant l’endettement un un bust durant le désendettement. La transition entre les deux crée beaucoup de friction inutiles…
Cela n’a rien à voir avec le keynesiannisme!
« elle permet d’augmenter le produit global. »
Non, elle ne fait que changer les préférences temporelles en manipulant le taux d’intérêt à la baisse.
Vous confondez politique monétaire accomodante et accroissement de l’endettement.
La dette globale peut très bien diminuer alors que les injections de liquidités augmentent.
D’ailleurs lisez cela:
http://www.themoneyillusion.com/?p=3682
@Fred
Si je comprends bien les définition de l’article:
Easy money: période d’inflation.
Easy credit: augmentation de la dette.
L’auteur tente de démontrer que les bulles surviennent lorsque l’inflation est faible….
En utilisant l’exemple de la dernière bulle, j’ai expliqué en détail comment cela se passait ici:
https://minarchiste.wordpress.com/2009/11/20/comment-la-fed-a-gonfle-la-bulle/
Mais je répondrais en termes simples que les bulles surviennent lorsque la création de monnaie est dirigée vers l’investissement plutôt que vers la consommation, donc plutôt que de générer une augmentation des prix à la consommation, elle génère une augmentation des prix des actifs (bourse, immobilier…).
En fait, contrairement à ce que l’auteur semble croire, son article n’est pas en cotradiction avec l’ABCT. Cette théorie est plutôt concernée par la création de monnaie plutôt que par les prix.
Excellent. Les deux critiques les plus fondées sont d’après moi les anticipations rationnelles (Bryan Caplan) et l’asymétrie de la bulle et du boum (Krugman).
D’après Caplan, le marché devrait / pourrait autoréguler les bulles en anticipant les changement de prix provoqués pas l’inflation. Si les investisseurs étaient des calculateurs omniscients, ils pourraient, oui 😉 Voir ici http://mises.org/daily/2673 et Huerta de Soto qui réfute l’argument sur les mêmes bases dans Money, Bank credit and Business cycles.
Quant à la critique de Krugman, elle repose sur une confusion entre la cause de la bulle et la cause du krach. La bulle est causée par une action de la banque centrale ou des banques. Le krach est causé par une action des acteurs économiques lorsqu’ils réalisent que leurs plans ne marcheront pas, que leurs anticipations étaient fausses. Puisque les causes sont distinctes, il n’y a aucune raison que leurs effets soient symétriques.
» Le krach est causé par une action des acteurs économiques lorsqu’ils réalisent que leurs plans ne marcheront pas, que leurs anticipations étaient fausses. »
J’ajouterais que le crash est parfois causé par un ralentissement du rythme de croissance de la masse monétaire, lequel tire son origine d’un changement dans la politique monétaire visant à contrer l’inflation.
Oui et non. On présente souvent les choses comme ça. C’est la banque centrale qui provoquerait – ou déclencherait – le krach en ralentissant sa politique monétaire. Mais on ne peut pas dire que la politique monétaire cause le krach à moins d’avoir un scénario contrefactuel. Si l’état du monde est supposé résulter d’une action de la banque centrale, c’est qu’on le compare à l’état du monde où la banque centrale n’aurait pas eu cette action. Or à quoi ressemble un monde où la banque centrale ne ralentit pas sa politique monétaire ? C’est un monde qui se termine en hyperinflation. Autrement dit, lorsqu’on dit qu’une banque centrale « cause » le krach, on est simplement en train de dire qu’elle a évité l’hyperinflation.
En fait, je dirais plutôt que le ralentissement inévitable d’une politique monétaire insoutenable agit comme catalyseur pour le crash (plutôt que la cause).
Très belle analyse. On peut voir le faible taux comme une subvention aux activités peu rentables. Comme toute subvention, quand elle cesse, tout s’effondre.
Sur vos critiques des critiques de Caplan, elles sont très justes. Aucun entrepreneur ne peut prétendre savoir comment fluctuent les taux d’intérêts, ni comment fonctionne le système bancaire. Ils ne doivent même pas connaître l’existence de la Banque Centrale.
Le graphique « US Construction Payrolls » est édifiant. Dommage qu’il n’existe pas un tel graphique pour la bulle Internet.
Sur le dilemme du prisonnier dans l’ABCT, je pense que c’est tout simplement faux.
Si les banques ne sont pas protégées des faillites par des lois comme le FDIC, ou le cours légal et le cours forcé, aucune banque ne se verrait incitée à produire plus de monnaie que sa concurrente.
Parce que le système de compensation inter-bancaire videra le coffre des banques trop « sauvages ». Dans cette configuration, les banques « libres » se verraient obligées de pratiquer de moins en moins la création monétaire. On arriverait à un idéal de 100%.
Pire, on peut même imaginer qu’une banque à couverture totale émet des billets « équivaut à x grammes d’or » pour que les individus comprennent. Les banques fractionnaires ne pouvant émettre que des billets « échangeable contre x grammes d’or » et non « équivaut à » au risque d’être attaquée en justice pour tromperie. Les gens vont pouvoir différencier la nature des billets et comprendre quelle banque pratique un taux de couverture à 100%. Le billet « échangeable contre » étant le plus suspicieux, il ne pourra pas passer le test du marché.
Dès lors, il devient complètement impossible que les banques puissent pratiquer la création monétaire.
Donc…
Sans protection légale, il n’y aurait tout simplement pas de création monétaire.
@MH
Bienvenue sur mon blogue.
Concernant la bulle techno, j’en parle ici:
https://minarchiste.wordpress.com/2010/08/13/les-bulles-speculatives-partie-2/
@M.H.: Sans protection légale, il n’y aurait tout simplement pas moyen de vérifier que la banque maintient 100% de réserves.
Et puis, si on touche des intérêts et/ou que l’on a des frais bancaires moins élevés, il y a quand même une réelle incitation à accepter des titres des banques fractionnaires.
Bonjour Minarchi, j’étudie en Suède actuellement et il m’est demandé de rédiger un mémo sur la crise financière qui a touché la Suède dans les années 90, mon professeur m’a conseillé d’utiliser la théorie du boom and bust (cf théorie autrichienne des cycles économiques) et je voulais savoir si tu estimes que cette théorie permet d’expliquer ou si elle a un rapport avec la crise suédoise (quels sont les points sur lesquels Hayek et Mises avaient vu juste et ceux sur lesquels ils se sont trompés?)
J’ai besoin d’une réponse rapide, si tu pouvais me répondre le plus rapidement possible et me donner ton point de vue sur ce problème, je t’en serai reconnaissant.
Merci
@Guillaume
Comme je le mentionnais dans mon billet sur la Suède:
« la Suède a connu une importante crise financière qui a culminé en 1993. Des changements règlementaires mis en place à partir de 1985 ont permis aux banques d’opérer avec de plus bas ratios de liquidité, leur permettant donc d’effectuer plus de prêts et de créer davantage de monnaie. Ces changements ont généré une période de boum économique accompagnée d’une forte augmentation de l’endettement. Dans la deuxième moitié des années 1980s, l’inflation avait été relativement élevée et les prix des actifs (bourse et immobilier) avaient augmenté en moyenne de +125%, conséquences normales de la création de monnaie. (« The Swedish Banking Crisis : Roots and Consequences », Peter Englund, Oxford Review of Economic Policy, vol. 15 no 3, 1999). Le taux d’épargne a alors fortement diminué pour devenir négatif.
Au début des années 1990, la bulle a commencé à se dégonfler. L’inflation avait fait grandement diminué la compétitivité des entreprises exportatrices, puisque la Suède opérait alors un régime de taux de change fixe. La devise est donc devenue surévaluée puisque l’inflation élevée aurait dû faire baisser la valeur de la devise. Cette situation n’est pas passée inaperçue des spéculateurs internationaux, qui se sont mis à parier contre la krona. Pour protéger la valeur de la devise, la Riksbank devait augmenter son taux directeur (jusqu’à 500%) pour inciter les investisseurs à acheter des titres suédois et empruntant des devises étrangères sur les marchés pour ensuite les utiliser pour acheter des kronas. Les taux d’intérêt élevés, la baisse des exportations et le dégonflement de la bulle inflationniste ont plongé l’économie en récession. En septembre 1992, le gouvernement a mis en place une garantie assurant la solvabilité du système bancaire. En novembre 1992, la Suède a dû abandonner son système de taux de change fixe et la krona s’est dévaluée de -20%. »
https://minarchiste.wordpress.com/2011/01/20/levolution-economique-de-la-suede/
Merci beaucoup pour ta réponse.
Why the Austrian Business Cycle Theory is Wrong (in a Nutshell)
The reasons why all versions of the Austrian business cycle theory (ABCT) fail, including reformulations of the theory emphasising the role of “false monetary profits,” are as follows:
(1) there is no unique Wicksellian natural rate of interest outside of a purely imaginary general equilibrium state. Hence neither private banks nor central banks can lower the money rate of interest below a single natural rate of interest to induce malinvestment when the latter natural rate does not exist. Moreover, the very idea that unfettered monetary interest rates have some fundamental and reliable role in communicating information about time preference is wrong (see point (4) below).
(2) The early Hayekian versions of the theory assume an economy starting from a general equilibrium state and returning towards one, which is an impossibility.
The alternative model where it is assumed that an Austrian business cycle will develop from a boom with full employment and a lack of resources ignores the fact that virtually all modern economies are open to international trade and even at full employment still have idle capacity in many sectors (which overcome scarcity problems for many investments made in the past). The ABCT assumes a full use of resources and a closed economy: both unrealistic assumptions.
(3) the assumptions of Austrian capital theory underlying the ABCT are wrong. The belief that capital goods can be classified into universal, clear-cut orders as removed from the final consumer goods output must be highly doubtful. Many capital goods can simultaneously belong to multiple orders at once.
Even though capital goods are heterogeneous, there can also be a significant degree of durability, substitutability, adaptability, and versatility in the capital structure of any real world market economy.
(4) the pure time preference and loanable funds model underlying the ABCT are wrong.
Interest rates do not communicate the necessary information about time preference and resource availability as required in the theory.
(5) The ABCT assumes a real-world tendency towards general equilibrium or Mises’s “final state of rest,” such as tendencies to clearing of market prices, equalisation of profits and elimination of profits, and so on. Such tendencies do not exist in the real world economies, because of shifting expectations, uncertainty, and institutional complexity.
(6) The price theory underlying the ABCT is that, while some short-term price rigidity exists, in the long run prices tend towards their flexible, market clearing values. That is false: it ignores the role of administered prices.
In alternative versions of the ABCT where the fundamental dis-coordination mechanism is presumed to be the role of “false money profits,” it is assumed that prices of goods do move flexibly in response to demand changes and induce shifts in money profits of businesses, which then cause malinvestments as capitalists exploit unsustainable profit opportunities.
In reality, a vast swathe of the market – especially industrial and service industries – is dominated by administered fixprices. Prices are relatively inflexible in these sectors. New demand simply means greater production and employment, not significant price movements.
The alleged mechanism of inducing “false profits” will be non-existent or so weak in a fixprice world that it is unlikely to cause the imagined malinvestments.
Source: http://socialdemocracy21stcentury.blogspot.com.es/2013/08/why-austrian-business-cycle-theory-is.html