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Archive for 17 novembre 2009

L’hebdomadaire The Economist a publié un article intéressant dans sa chronique « Economic Focus » de son édition du 7 novembre.

L’article fait un lien entre l’augmentation du taux de chômage et la flexibilité du marché du travail dans différents pays. Cela vise en quelque sorte à démontrer l’efficacité des « stabilisateurs économiques », tels que l’assurance-chômage, durant les récession.

Les chiffres démontrent effectivement que les pays Européens, où le marché du travail est moins flexible et où l’assurance-chômage est plus généreuse, ont vu leur taux de chômage augmenter moins que les pays où le marché du travail est plus flexible, c’est-à-dire où il est plus facile et moins coûteux de mettre les gens à pied, comme les États-Unis et la Grande-Bretagne (voir graphique ci-bas).

L’un des mécanismes utilisés, notamment par l’Allemagne, consiste à subventionner les salaires des employés qui ont vu leurs heures coupées à cause de la récession, ce qui incite les entreprises à couper des heures plutôt qu’à renvoyer leurs employés. D’autres, comme la Suède, permettent aux firmes de différer le paiement de sécurité sociale à plus tard, ce qui leur permet d’améliorer leurs flux monétaires temporairement. Les autres pays reconnus pour ce genre d’interventions sur le marché du travail sont la France et les Pays-Bas.

Ainsi, le taux de chômage de la Zone-Euro n’a augmenté que de +2.6%, relativement à +5.4% pour les États-Unis et +2.7% pour la Grande-Bretagne. En apparence, la formule européenne semble avoir mieux fonctionné durant la récession.

Ce qu’il faut observer par contre est que le taux de chômage d’avant la crise aux États-Unis était de 4.4%, en Grande-Bretagne il était de 5.2% , alors qu’en Zone-Euro il était de 7.1%. Le taux de chômage actuel (au moment de la parution) était de 9.8% aux États-Unis, 7.9% en Grande-Bretagne et 9.7% en Zone-Euro (8.1% en Allemagne, 8.3% en Suède et 10.0% en France).

Ainsi, il semble que durant les périodes de croissance, le taux de chômage soit significativement supérieur dans les pays où le marché du travail est inflexible et où il y a des stabilizateurs économiques, et que durant les récessions, les taux de chômages sont similaires pour les deux systèmes… Le second graphique (ci-bas) démontre que la situation des pays avec un marché du travail non-flexible n’est aucunement enviable comparativement à celle des pays avec un marché du travail flexible.

Il est vrai que ces stabilisateurs amortissent le choc de la récession, mais ils empêchent la récession de faire son travail (souvenez-vous de mon billet sur la desctruction créatrice). Ils font en sorte de faire perdurer les causes fondamentales de la récession. Ils bloquent le flux de ressources humaines entre les industries où il y a de la sous-capacité et celles où il y a de la sur-capacité; des industries mourantes vers les industries naissantes et prometteuses. Ils font en sorte d’allonger la période de marasme économique et de ralentir la reprise; c’est pourquoi ces pays qui ont des stabilisateurs économiques accrus et un marché du travail inflexible se retrouvent avec une économie qui croît moins vite et qui maintient un taux de chômage plus élevé tout au long du cycle économique.

En somme, il est vrai que ces interventions sur le marché du travail stabilisent quelque peu le taux de chômage durant les récessions, mais le coût économique à long terme de cette stabilité est très élevé.

job_market1

Ce graphique est basé sur une étude que j’ai réalisée en utilisant les taux de chômage de 29 pays sur la période 1980 à 2008. J’ai divisé les pays en deux groupes en utilisant quatre critères du Rapport sur la Compétitivité Globale du Forum Économique Mondial, soit la flexibilité des salaires, la rigidité du travail, la libéralité des pratiques d’embauche et de mise-à-pied, ainsi que les coûts de mise-à-pied. Le tableau ci-bas présente les deux groupes.

Note: Pour une évaluation de la rigidité du marché du travail de différents pays, je vous suggère de consulter la section à cet égard du rapport sur la compétitivité globale du Forum Économique Mondial.

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