Pour la plupart des gens, la façon de voir la politique est selon le fameux clivage gauche / droite. Pour moi, c’est un anachronisme. Ce clivage est apparu en France en 1789 dans un débat concernant le poids de l’autorité royale face au pouvoir de l’assemblée populaire. Cette façon de faire s’est par la suite propagée à presque tous les systèmes politiques « d »assemblées' ». Ce clivage convenait peut-être à la réalité de cet espace-temps en particulier, mais il est ajourd’hui totalement incohérent.
Le problème avec ce clivage est qu’il y a, autant à gauche qu’à droite, des individus que je qualifierais d’étatistes. La seule différence entre eux est que d’un côté ils veulent utiliser l’État pour grossir le filet social et enforcer l’égalitarisme de la société alors que de l’autre ils veulent utiliser l’État pour obtenir des faveurs économiques pour les entreprises (protectionnisme, subventions) et pour intervenir dans l’économie (plans de relance, « bailouts ») et sur la scène internationale (guerres, impérialisme). Qu’ils soient de gauche ou de droite, les étatistes sont tout aussi néfastes pour la société et pour les libertés individuelles.
C’est pourquoi les libertariens ne s’identifient pas vraiment à aucune de ces idéologies. L’autre étiquette qui ne va pas très bien aux libertariens est l’étiquette « libérale ». Dans le pur sens du terme elle conviendrait, mais ceux qui de nos jours se disent « libéraux » supportent l’autorité de l’État au détriment de la liberté individuelle. Ils ont différents motifs que les socialistes, mais ils sont tout de mêmes prêts à sacrifier les libertés individuelles au profit de l’autorité étatique. Ils ne sont pas vraiment libéraux, mais bien étatistes. Et que dire des néo-conservateurs…pas grand chose à voir avec le libertariannisme!
L’échelle politique plus cohérente selon moi concerne la taille de l’État. Souhaitez-vous un État plus gros ou un État moins gros? Aux extrêmes de cette échelle il y a en bas le totalitarisme (l’État est tout et partout) et en haut l’anarchisme (aucun État). Comme vous pouvez le constater sur le graphique ci-bas, les libertariens sont presqu’au sommet relativement à la liberté, et en équilibre (au centre) concernant la gauche (socialisme) et la droite (conservatisme).
Il y a une autre échelle parallèle à celle-ci: la liberté individuelle. Cette échelle est souvent décrite comme étant orientée de bas en haut. En bas il n’y a aucune liberté individuelle et la taille de l’État est maximale (totalitarisme); en haut la liberté individuelle est maximale et l’État n’existe pas (anarchisme). L’État n’a rien; il ne produit rien. Tout ce qu’il a, il doit se l’approprier par la force et la contrainte. Ainsi, chaque augmentation de la taille de l’État est combinée à une baisse correspondante des libertés individuelles.
Donc, lorsque vous répondez à la question à savoir si vous souhaitez plus ou moins d’État, vous devez considérer que plus vous accordez de place à l’État, plus vous devez sacrifier de votre liberté individuelle.
L’autre dérive du clivage gauche / droite est celui voulant que la gauche défend le filet social, donc les pauvres, alors que la droite défend les hommes d’affaires, donc les riches. Les libertariens ne défendent ni un, ni l’autre; ils ne défendent que la liberté inviduelle face à l’État. En ce sens, les libertariens ne défendent pas nécessairement les entreprises privées, mais plutôt le droit à la libre-entreprise privée; un corrolaire de notre idéologie.
Par exemple, vous me verrez parfois prendre la défense d’entreprises persécutées par le pouvoir coercitif de l’État, mais vous me verrez aussi condamner les entreprises qui violent les lois et qui utilisent le pouvoir coercitif de l’État avec l’aide de leurs lobbys ou en profitant de la corruption des fonctionnaires de l’État. Encore une fois, il ne faut pas confondre capitalisme et corporatisme.
D’ailleurs, c’est là que les libertariens et la droite divergent grandement. Les libertariens sont contre les subventions, le protectionnisme, les plans de relance économiques, les « bailouts », le lobbying, les banques centrales, la monnaie fiduciaire, les brevets, et toutes les autres interventions de l’État dans l’économie qui visent à procurer un avantage particulier à un groupe d’individus au détriment des autres.
La gauche de son côté fait appel à la solidarité. Pour ce faire, elle entend utiliser l’État (et son monopole de la violence) pour forcer les gens à s’entraider. Elle entend piler sur notre liberté au nom du bien commun. Qu’est-ce que la solidarité? C’est un « sentiment humanitaire qui pousse des personnes à s’entraider ». La solidarité ne s’impose pas par décret, sinon c’est de l’oppression. La solidarité doit être volontaire pour être de la véritable entraide.
Ainsi, tant la gauche que la droite ont besoin d’un État gros et fort pour imposer leur vision et son prêts à bafouer les libertés inviduelles pour arriver à leurs fins. C’est pourquoi l’application de l’une ou l’autre de ces idéologies tend à faire glisser une société vers le totalitarisme et/ou le corporatisme.
Conclusion
En somme, je crois qu’il est mal avisé de définir sa position politique seulement en fonction du clivage gauche / droite, sans tenir compte du clivage liberté / étatisme. Ainsi, il est erronné d’associer systématiquement le libertariannisme à la droite. D’autre part, il est aussi fallacieux d’associer systématiquement le nazisme, le fascime et le totalitarisme à la gauche; ces idéologies sont davantage le fruit de l’étatisme (le bas du graphique); c’est pourquoi je préfère me réfugier dans le libertariannisme (le haut du graphique).
C’est pas faux.
C’est bien le graphe dont je cherchais le nom, que vous m’aviez gentiment rappelé sur les « 7 du Québec ». Il y une autre version en rectangle plutôt qu’en losange… qui insidieusement priorise un autre facteur :-)). Oui, si on suit cette vision en deux axes, on échappe au clivage gauche-droite – un peu bebête, car Staline se retrouve à l’extrême droite comme à l’extrême gauche ! – et on peut faire beaucoup de progres. Continuons le débat… Les particules se choquent et la lumière jaillit.
http://nouvellesociete.wordpress.com/
Pierre JC Allard
Wow, tes analyses s’en viennent ‘trop’ hot. 🙂
On sens vraiment ton désir de trouver la réalité en tout… et ta patience pour expliquer tout ça ‘transpire de tous ces pixels’…
😉
Tiens, voici un commentaire que j’ai écrit sur Antagoniste pour te déstabiliser un peu (et sans méchanceté):
« A mon avis, un Ministère de la défense (ou tout autre patente étatique ’sécuritaire’), n’est pas digne de porter ce genre de nom dans un pays où les gens ne peuvent voter directement (par référendum), chaque engagement militaire (ou chaque nouveau dispositif sécuritaire), et où les milices du peuple composées de volontaires (donc 100% privées et non contrôlées par le gvt), sont illégales, démonisées et subordonnées audit ministère…
Dans ce contexte, le titre de Ministère de la guerre serait plus approprié…
Le minarchisme ’sécuritaire’ (sans démocratie directe et locale), peut être aussi tyrannique que notre soi-disant démocratie…
Pire encore, avec ce genre de système où l’état -peu démocratique- s’occupe de la sécurité et où le privé est encouragé au maximum, les blackwater de ce monde -et autre cies cherchant à nous ’sécuriser’ (sic)-, deviendraient la norme.
Merci, mais non merci. »
Zut, j’ai oublié de recopier ma correction:
« où les milices du peuple, composées de volontaires (donc 100% privées et non contrôlées par le gvt), sont illégales OU démonisées OU subordonnées audit ministère… »
Personnellement, je n’ai aucun problème avec une adhésion à un concept beaucoup plus large afin de me rallier à un mouvement plus important. Je crois qu’un sectarisme trop granulaire (sic) divisera les forces et empêchera les changements de s’opérer. J’adhère donc à la gauche, dans sa tradition historique, me ralliant au peuple, aux travailleurs et à ceux qui ont difficilement accès au « pouvoir ».
Cependant, je m’identifierais probalement plus au courant libertaire, voire l’anarcho-syndicalisme (j’ai quand même des réserves…); ce qui me rapproche – en quelque sorte – du sommet de votre graphique! Je ne le dirai jamais assez: être de gauche ne veut pas nécessairement dire qu’on désire un état plus gros. C’est l’accès à la démocratie qui est important. Voilà, à mon avis, le premier de tous les combats. On peut rêver aux utopies (libertariannisme, minarchisme, anarcho-syndicalisme, etc…) mais on doit poser de petits gestes maintenant pour influencer à notre façon la conception de notre avenir et celui des enfants de nos enfants…
Bon billet en passant 😉
« Utopie » ? Est-ce un choix de mot conscient… ou est-ce ‘lancé d’même’ ?
Quelle est votre définition exacte de ce terme ? Car il y en a plusieurs…
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« mais on doit poser de petits gestes maintenant pour influencer »
-vous
Donc, si je comprends bien, vous vous êtes plus ‘réaliste’ que ceux qui « ne font que » réfléchir aux défaillances de notre système ? Et moi qui pensais -naivement?- que les analysers basées sur la réalité, avaient beaucoup plus de chance d’aboutir sur des solutions adaptées, et que cela était la base de toute action intelligente…
En tout cas, si j’ai bien compris, pour vous « l’action pour l’action » (ou l’activisme)…. c’est plus important que la réflexion ? J’espère avoir mal compris.
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Je vous lis sur plusieurs blogues et rarement je lis vos idées concrètes qui cherchent à aller à la racine de nos dérives sociétales. J’ai vraiment l’impression que votre but le plus cher, c’est d’essayer(sans succès), d’utiliser vos ‘belles’ paroles ‘profondes’ -et toujours empreintent d’un très leger mépris- pour VOUS valoriser, et pour ‘NOUS’ dénigrer, mais sans jamais le faire trop ouvertement.
Si je ne me trompe pas… alors bravo, lâchez pas votre ‘beau’ programme. Mais dites-vous bien que je vais prendre un peu de temps pour répondre à vos petites attaques très subtiles. Après une couple de jour, tout le monde pourra constater votre ‘profondeur’…. et vos réelles intentions.
Comme vous dites à vos amis de Québec Solidaire: « on les a à l’oeil, ces gens de la droite »
😉
@ lutopium:
« C’est l’accès à la démocratie qui est important »
Ouais, ouais. De belles paroles… tout l’monde est pour la vertu, surtout les gens de la gauche.
Êtes-vous pour le système le plus démocratique qui existe, soit la démocratie directe (qui plus est, le plus local possible), ou seulement pour la proportionnelle ?
@Sébas, je pense que le libertariannisme, tout comme le communisme, dans leurs formes les plus « pures », sont des utopies. Du moins, ce n’est pas de notre vivant que nous aurons l’occasion d’observer des pays qui adhèreront à ces idéologies.
Les réflexions sont évidemment essentielles et laisser des commentaires sur des blogues en est la preuve. Mais tu as raison, je priorise l’action politique sur le terrain, spécialement l’éducation politique et les débats-citoyens. Le placotage sur la toile ne changera rien. Cependant, prendre le temps de lire les billets et commentaires sur certains blogues politiques, qu’ils soient à « gauche » ou à « droite », peut influencer nos croyances les plus « profondes ». Je l’ai toujours dit, j’ai beaucoup de respect pour Martin Masse et j’apprécie la plupart des billets qui sont publiés sur le QL. J’apprécie également le site de Minarchiste et celui de Philippe David. Je crois démontrer un respect envers ces gens. Mais si je me fais « ramasser », je me défendrai.
Si vous avez lu les billets publiés sur lutopium et Jeanne Émard, je crois que vous réaliserez où je me situe par rapport au politique et aux idéaux que je défends. Cependant, la « mission » première de ma présence sur la blogosphère est de court-circuiter les idées de droite. Spécialement celles mises de l’avant par les opportunistes de la défunte ADQ et du Parti Conservateur.
Et oui, pour moi, ce qui est le plus important c’est la vraie démocratie. Celle qui semble nous échapper depuis la révolution française!
Concis et claire cet article, merci.
Pourrais-tu donner un lien vers un graphique dans une plus grande résolution ? Merci d’avance.
@Lutopium
J’ai du mal à comprendre comment on peut ériger la révolution française en idéal. Ce fut une catastrophe pour notre pays et ça n’a accouché que d’une dictature puis, parsemés de rois, d’une république centralisatrice anti-démocratique.
@XavierQc
Merci !
@Xavier: mais je n’érige pas la révolution française en idéal! Je dis que, malgré les révolutions qui ont eu lieu en Europe aux 18è et 19è siècles, les citoyens n’ont jamais eu réellement accès à ce pouvoir. Nuance.
Bonjour Minarchiste,
peut-être avez-vous déjà lu ces articles. Dans le cas contraire, ils pourraient bien vous intéresser…
http://www.contrepoints.org/2013/04/05/120594-gauche-droite-de-quoi-il-sagit-vraiment-et-pourquoi-les-liberaux-gagneraient-a-le-comprendre
http://www.contrepoints.org/2014/02/03/155476-gauche-droite-vers-un-basculement-ideologique-dampleur
@Bulle de ciel
Intéressant en effet.
Voir ceci aussi: https://minarchiste.wordpress.com/2014/02/13/lorigine-evolutionniste-de-lorientation-politique/