Le Fonds Monétaire International (FMI) fut créé en 1944 pour promouvoir la coopération monétaire internationale et pour garantir la stabilité financière suite à la mise en place du système monétaire de Bretton Woods. Sous le système de Bretton Woods, les pays utilisaient le dollar américain comme monnaie de réserve. Les banques centrales pouvaient convertir leurs dollars américains en or auprès de la Federal Reserve au prix de $35 l’once. Suite à l’abandon de Bretton Woods en 1971, le FMI a modifié son rôle, qui consiste depuis à aider les pays faisant face à une crise financière en leur octroyant des prêts. Le FMI est financé par ses pays membres, dont le plus gros contributeur est les États-Unis, qui détiennent par conséquent un droit de véto sur les décisions de l’organisme.
De son côté, la Banque Mondiale (BM) a été formée en 1945 pour financer la reconstruction de l’Europe et du Japon suite à la Deuxième Guerre Mondiale. Suite à l’achèvement de cette reconstruction, la BM a redéfini son mandat comme étant le financement de projets favorisant l’essor économique des pays en voie de développement.
Ces prêts sont généralement octroyés en tranches et sont conditionnels à l’établissement de Programmes d’Ajustements Structurels (PAS). Les PAS comprennent généralement les mesures suivantes :
- Réduire le déficit budgétaire du gouvernement.
- Laisser flotter la devise.
- Libéraliser le commerce international en réduisant les barrières protectionnistes.
- Éliminer les contrôles de prix (plafonds et plancher).
- Éliminer les subventions.
- Privatiser les entreprises d’État.
- Adopter un cadre légal favorisant le respect les droits de propriété privés.
- Réduire l’ampleur de la corruption gouvernementale.
En augmentant la liberté économique des pays visés, ces politiques n’auraient-telles pas du leur permettre d’améliorer leur performance économique? La plupart des études étudiant cette question concluent que les PAS n’ont, en moyenne, pas vraiment eu d’impact sur le pays en cause. En fait, lorsqu’on étudie les détails de ces programmes d’aide, on comprend vite pourquoi ceux-ci ont été inefficaces.
Des pommes pourries
Généralement, les pays qui ont fait appel au FMI étaient menés par des pays au sein desquels le pouvoir était disputé entre des communistes et des national-socialistes, visant tous deux à s’approprier les rênes de l’État pour s’enrichir. Ces pays avaient accumulé d’imposantes dettes résultant de l’irresponsabilité fiscale et de la corruption de leurs gouvernements.
Dans un pays comme la Bolivie, qui a régulièrement fait appel à l’aide du FMI, ces partis étaient le Parti de la Révolution Gauchiste et le Mouvement de la Révolution Nationale. Dans les années 50s, 60s et 70s, ce pays a mis en place plusieurs « révolutions sociales », comprenant une grande augmentation des dépenses du gouvernement financées par de nombreuses nationalisations d’entreprises. En 1980, le pays s’est retrouvé dans une situation financière critique et l’État n’a eu d’autre choix que d’imprimer de la monnaie pour financer ses dépenses, ce qui a engendré une crise d’hyperinflation. Le gouvernement a alors instauré des contrôles de prix pour stabiliser l’inflation, mais sans succès. En 1985, ne pouvant plus acquitter les lourdes obligations financières du gouvernement, le nouveau président instaura une « Nouvelle Politique Économique », basée sur les PAS du FMI. Les résultats furent mitigés et la Bolivie est, encore aujourd’hui, le pays le plus pauvre d’Amérique Latine, mené par un dirigeant socialiste du nom de Evo Morales.
Par ailleurs, la stratégie de développement économique de ces pays consistait habituellement à utiliser les influx monétaires résultants des exportations de matières premières pour importer des biens de productions qui serviraient à développer des industries locales, qui elles furent protégées par des barrières protectionnistes. Cette stratégie se nomme « politique d’industrialisation par la substitution des importations ». Au fur et à mesure que ces industries ont crû, la balance des paiements de ces pays s’est mise à se détériorer puisque les importations excédaient les exportations. Ces pays se sont donc mis à emprunter pour financer leurs importations, devenant ainsi très vulnérables aux prix des matières de base sur les marchés internationaux.
Au niveau de l’agriculture, le gouvernement achetait les récoltes à bas prix et les revendait avec profit sur les marchés internationaux, ce qui lui permettait de financer ses dépenses croissantes sur le dos des fermiers. En augmentant de plus en plus leur marge de profit, ces gouvernements décourageaient la production agricole, ce qui était encore plus néfaste pour la balance des paiements et l’économie du pays. Ces déficits étaient en partie financés par la création de monnaie, ce qui générait de l’inflation et la dévaluation de la devise. Ces gouvernements se sont alors mis à contrôler la convertibilité de leur devise de façon à éviter qu’elle ne se dévalue. Dans les circonstances, l’accès à des devises étrangères devint un privilège très lucratif, que les politiciens distribuaient avec grand soin à leurs collaborateurs et amis.
Les problèmes avec les PAS
Ce n’est qu’une fois rendus au bord du gouffre financier que ces pays n’ont eu d’autre choix que de se tourner vers le FMI pour obtenir du financement. C’est sous l’emprise de cette institution que ces pays n’ont eu d’autre choix que d’accepter les PAS. Quels sont donc les problèmes avec ces programmes?
Tout d’abord, les pays qui financent ces institutions (le FMI et la BM) utilisent leurs monnaies fiduciaires créées ex nihilo par leurs banques centrales et déguisent ces prêts comme étant de l’aide internationale. Cependant, les chaînes reliées à ces prêts sont très solides! Les États-Unis ont d’ailleurs utilisé ces institutions pour élargir leur zone d’influence durant la Guerre Froide et s’assurer que les pays visés supportaient le « bon côté » et ne sombraient pas dans le communisme, même si cela impliquait de soutenir une dictature. Ces pays ont par le fait même été transformés en « État-clients » devant se conformer à la politique étrangère des États-Unis, permettant à ce pays d’asseoir sa stratégie impérialiste.
L’argent est remis à des gouvernements corrompus et ayant déjà prouvé leur irresponsabilité budgétaire; d’où l’intérêt des PAS, dont le but est de les ramener dans le droit chemin. Ceci étant dit, les prêteurs savent pertinemment qu’une bonne partie de ces prêts ne seront pas remboursés. D’ailleurs, il arrive souvent qu’une partie de la dette soit simplement radiée. Néanmoins, les avantages stratégiques, géopolitiques et économiques de ces prêts excèdent de beaucoup le montant de ceux-ci.
On demande tout d’abord à l’emprunteur de réduire son déficit budgétaire, ce qui se fait généralement en augmentant les taxes et impôts ainsi qu’en réduisant les dépenses en santé et en éducation, alors que ces pays devraient plutôt réduire leur lourde bureaucratie corrompue en réduisant les effectifs de la fonction publique ainsi que réduire les dépenses militaires, souvent démesurées dans certains de ces pays. Ces coupures ont évidemment des effets néfastes sur les plus pauvres de la société et protège les acquis des mieux nantis (dont font partie les fonctionnaires). La diminution du déficit allège les besoins de financements du pays, qui a donc moins besoin de créer de la monnaie pour se financer, ce qui lui permet de contrôler l’inflation.
On exige par la suite que l’État n’intervienne plus sur le marché des devises et laisse la devise flotter au gré du marché. Comme le contrôle des flux de devises a beaucoup de valeur aux yeux de ceux qui le détiennent, ceux-ci ne sont pas prêts à le léguer au libre-marché. On observe donc souvent une dévaluation partielle de la devise plutôt qu’un flottement libre, ce qui ne règle aucun problème structurel. Néanmoins, cette dévaluation permet aux pays prêteurs d’obtenir les matières premières du pays emprunteur à rabais, un avantage indéniable pour eux. En revanche, la dévaluation fait augmenter le coût des importations, ce qui soulage la balance des paiements, mais contribue à accentuer le mauvais sort des plus pauvres.
Les PAS prévoient aussi l’élimination des barrières protectionnistes. Cela n’est certainement pas une mauvaise chose en soi, mais ça peut avoir des conséquences très négatives à court terme lorsqu’effectué de façon trop soudaine; surtout lorsque les pays prêteurs en profitent pour inonder le marché local du pays emprunteur de leur produits subventionnés. À cet égard, les États-Unis et le Canada sont bien mal placés pour prôner le libre-échange, étant eux-mêmes de fervent protectionnistes, surtout lorsqu’il est question de l’agriculture, une industrie toujours vitale pour les pays en voie de développement.
Le retrait des contrôles de prix est aussi une bonne chose, sauf lorsque des amis du pouvoir ont obtenu de l’État des privilèges monopolistiques leur permettant d’en profiter pour s’enrichir.
Finalement, les PAS réclament la privatisation des entreprises d’État, lesquelles sont souvent nombreuses dans les pays aidés par le FMI. Encore une fois, ces privatisations ne sont pas une mauvaise chose; c’est plutôt la façon dont elles sont effectuées qui cause problème. Pour qu’une privatisation fonctionne, il faut que la confiance en la devise soit restaurée, il faut un système légal qui protège efficacement les droits de propriété privés, il faut des marchés financiers libres, il faut un climat économique sain qui permette de maximiser la valeur de l’entreprise à privatiser et il faut que la corruption, la règlementation et la bureaucratie soit allégées. Il faut aussi que les attentes de croissance de l’acheteur soient réalistes vu la situation économique précaire du pays emprunteur. Or, les privatisations ordonnées sous l’égide des PAS ne sont pas toujours (voire rarement) menées sous ces conditions. L’appétit des investisseurs étrangers est par conséquent limité, ce qui permet à des corporations bien connectées d’obtenir ces entreprises nouvellement privatisées à rabais.
La Bolivie comme exemple
À cet égard, l’exemple de Bechtel en Bolivie démontre très bien la malhabileté du FMI et de la BM dans l’implantation des PAS. En 2000, la Banque Mondiale exige de la Bolivie qu’elle privatise ses services d’aqueduc. À Cochabamba, c’est un consortium mené par la firme américaine Bechtel qui remporte l’enchère.
Selon le contrat, les acheteurs devaient investir pour revitaliser le système existant, qui était en forte détérioration, doubler la couverture du réseau, puisque la moitié des habitants n’avaient pas accès à celui-ci alors que les autres n’y avaient accès que quelques heures par jour étant donné sa piètre condition, assumer $30 million de dette existante aux livres de l’entreprise d’État et financer l’achèvement du barrage Misicuni, un coûteux projet pourtant déficitaire que le consortium ne prévoyait pas réaliser, mais qui leur a été imposé dans leur contrat. C’est qu’un allié influent du président Banzer, le maire de Cochabamba, Manfred Reyes Villa, voulait ce barrage puisque sa construction bénéficierait à ses collaborateurs politiques.[1]
De façon à financer ces investissements qui amèneraient le réseau d’aqueduc à un niveau presque digne des pays industrialisés, le consortium mené par Bechtel a augmenté les tarifs en moyenne de 35%. Bien que les sommes impliquées apparaissent minimes pour nous, habitants des pays riches, elles étaient significativement élevées pour les pauvres habitants de la Bolivie. En fait, il est clair que la population n’avait pas les moyens de se payer un réseau d’aqueduc de cette trempe, ni de supporter l’investissement dans le barrage Misicuni. Autrement dit, la Banque Mondiale a financé un investissement massif que les Boliviens n’avaient pas les moyens de se permettre, oubliant qu’il faut créer de la richesse avant de la dépenser.
Cette augmentation de tarif a donc rencontré une forte opposition du peuple, qui n’avait plus les moyens de payer ses factures d’eau. Le contrat a par la suite été résilié et le consortium s’est retiré de l’affaire. Les tarifs sont par la suite revenus à leur niveau initial et le réseau est resté dans un état de médiocrité précaire. La moitié des 600,000 habitants de Cochacamba n’avait toujours pas accès au réseau d’aqueduc en 2005 et ceux qui y avaient accès devaient se contenter d’un service intermittent, parfois de 3 heures par jour.[2]
Conclusion:
En somme, ce que l’on constate lorsqu’on étudie les actions du FMI et de la BM est que ces institutions ne sont que des parodies de ce qu’est vraiment le libéralisme. Elles utilisent des principes libéraux pour déguiser leurs actions, qui ne visent en fait qu’à promouvoir les intérêts des pays membres, surtout ceux des États-Unis qui en détient le contrôle.
Pour libéraliser une économie, il ne suffit pas que de privatiser et ouvrir les frontières; c’est toute la culture politique et économique qui doit changer. En ce sens, les PAS ne sont qu’une réforme de surface dissimulant une grotesque mascarade d’intérêts géopolitiques et corporatistes. En Afrique sub-saharienne, malgré de nombreuses années d’ajustements structurels ordonnés par le FMI et la BM, lancer une entreprise officiellement coûte 100 % du revenu annuel par tête alors qu’un permis de construire coûte près de 2000% du revenu par tête. En Côte d’Ivoire il faudra attendre en moyenne près de deux ans pour avoir ce permis. Est-ce cela le libéralisme?
À cet égard, le gagnant du prix Nobel de littérature en 2010, Mario Vargas Llosa, résume très bien ma pensée :
« Sans un ordre légal strict qui garantisse la propriété privée, le respect des contrats et un pouvoir judiciaire honnête, capable et totalement indépendant du pouvoir politique, l’économie de marché est une pure farce, c’est-à-dire une rhétorique sous laquelle se poursuivent les exactions et la corruption d’une minorité privilégiée aux dépens de la majorité de la société. Ceux qui, par naïveté ou mauvaise foi, arguent aujourd’hui des difficultés que traversent la Russie, le Venezuela et d’autres pays qui entreprennent (et souvent mal) le passage au marché, pour prouver l’échec du libéralisme, devraient lire Hayek. Ainsi ils sauraient que le libéralisme n’est pas la libération des prix et l’ouverture des frontières à la concurrence internationale, mais la réforme intégrale d’un pays, sa privatisation et décentralisation à tous les niveaux et le transfert à la société civile — à l’initiative des individus souverains — de toutes les décisions économiques. Et l’existence d’un consensus quant aux règles de jeu qui privilégient toujours le consommateur sur le producteur, le producteur sur le bureaucrate, l’individu face à l’État et l’homme vivant et concret d’ici et de maintenant plutôt que cette abstraction : l’humanité future. »[3]
P.S.: Je termine en mentionnant que cet article est parmi les plus lus de l’histoire de ce blogue et sort deuxième lorsque l’on cherche « programmes d’ajustement structurels » sur Google! J’aimerais ajouter quelques références d’articles qui ont été publiés sur ce même sujet depuis que ce billet a été initialement publié en 2010:
Très intéressant!
Effectivement intéressant surtout d’avoir une perspective différente. J’avais lu l’histoire de Cochacamba et bien sûr c’est Bechtel qui y était blâmée pour avoir augmenter les tarifs. Il manquait une partie de l’histoire.
Est-ce qu’il existe des cas documentés où les PAS ont réellement fonctionné?
@John Mankiev
Je mentionnerais le Chili et certains pays ex-communistes d’Europe de l’Est.
J’ai d’ailleurs publié un article détaillé au sujet de la libéralisation du Chili (fouillez dans le moteur de recherche).
Mario Vargas Llosa ! Article très intéressant et fabuleuse conclusion en citation. 🙂 C’est un terrible concentré indigeste de prime abord, mais très précis, très juste. Belle découverte.
Un très bon article sur ces deux institutions. A propos du Chili, je dirais que la libéralisation de leur économie n’est pas à proprement parler un PAS car il ne leur a pas été imposé par le FMI.
Pour illustrer cet article, voici un reportage sur le Ghana. http://www.youtube.com/watch?v=tAAdj8_PqDc
Argent du FMI, de la banque mondiale,si on élargit le débat : bail out des banques américaines,aide aux banques irlandaises,sauvetage a venir de pays de la zone euro(a qui le tour?),états américains ou municipalités en difficulté (californie etc..) :
Un même résultat trop souvent :
l’argent des états ,donc des contribuables,subventionne les institutions ou les individus qui ne le méritent pas toujours en bout de ligne.Les irlandais par exemple qui sont des gens travailleurs ne méritent pas ce qui les attend bientôt (régime d’austérité,crises politiques..)..
Précision : des individus ayant posé des gestes illégaux ou non éthiques ou de gestion critiquable (dirigeants ou responsables de grandes banques, intermédiaires, politiciens corrompus,dictateurs,etc..),ou des entreprises , ne sont pas punis dans plusieurs casl , mais plutôt récompensés a coups de millions. vrai ou faux ? révoltant ou pas ?
Je suis en train de lire ce livre. Il est excellent. Il parle également de la « privatisation » de l’eau à Cochabamba, à partir de la page 84.
Water for Sale: How Business and the Market Can Resolve the World’s Water Crisis
Cliquer pour accéder à water-for-sale-how-business-and-the-market-can-resolve-the-worlds-water-crisis.pdf
A noter que le livre est très court (150 pages) et qu’il est facile à lire, même si c’est en anglais. J’ai commencé à peine hier , et j’ai déjà bientôt fini.
Je suis en train de le lire, c’est excellent.
Sur le forum de Mises.org, quelqu’un a posté cet article.
http://voluntaryistreader.wordpress.com/2012/12/12/monopolization-of-a-water-supply/
C’est pas mauvais. Le passage que je retiens surtout, c’est …
Je pense que cette règle s’applique aussi pour tous les monopoles, dans n’importe quel secteur. Voir notamment Rothbard, Man Economy and State, chapitre 10, où il parle des monopoles, et de l’achat des facteurs productifs et installations des petites entreprises qui auraient perdu la guerre des prix (cut-throat competition). À mesure où les concurrents sont chassés du marché, il deviendra de plus en plus coûteux pour les grandes firmes de racheter tous les facteurs productifs des entreprises qui ont fermé. En revanche, pour les nouvelles entreprises désireuses de rentrer dans le marché, l’achat des installations représente un coût bas pour les investissements à faire, ce qui leur permet de mieux défier les grandes firmes qui abaissent les prix pour tenter de parvenir au monopole.
Superbe mes chers. L’article sur les PAS m’a vraiment soulagé. Moi je suis étudiant en DEUG II de Sciences Économiques au BURKINA FASO. Bon vent à vous.
Si tout le monde pensait de cette façon en Afrique sub saharienne, nous aurions reduit à néant cette impérialisme déguisée sous toutes ses formes du monde occidental. Ce qui ne peut être possible que lorsque nous avons des dirigeants incorruptible, vrais nationalistes et prenant consciencieusement à coeur la situation que traverse nos pays. merci pour les analyses, j’ai aime Christian NGOYI, étudiant à l’universite de Lubumbashi en Sciences Économique et de Gestion en DRC.
Je suis etudiant en commerce je suis ca fantastique et tres interessant
Article très informatif et surtout très intéressant !!!
En résumé, une critique semblable à celle de Stiglitz (Globalization and Its Discontents) qui a vu ces instruments de globalisation de l’intérieur. Stiglitz y donne l’exemple de l’élève modèle éthiopien à qui le FMI imposait sa doxa néo-libérale absurde.
Une analyse très partiale de l’Amérique latine des années 70-90, omettant les échecs des politiques monétaristes au Chili sous Pinochet, la crise sociale argentine de 1980 (privatisations à tout venant) qui a mené à l’élection de Kirchner, le succès de Jose Mujica (ex-Tupamaros) en Uruguay, etc.
Une citation détournée de Vargas-Llosa: si on décentralise, comme le réclame les anarchistes pour construire une économie à partir de la base, on jette à terre aussi les corporations vénérées par les libertariens. Là où le bâts blesse!
@Gina
Je ne savais pas que les libertariens vénéraient des corporations…
Vous devriez lire le billet que je viens tout juste de publier sur la pauvreté.
Au plaisir!
Le mot « néolibéralisme » n’a aucun sens. C’est l’exemple type d’un anti-concept (au même titre que ultralibéralisme). Personne ne se dit néolibéral. Demandez à quelqu’un qui utilise de ce terme néolibéral qu’est ce que cela veut dire ?? quel est la définition ?? Dans bcp de cas, il en sera totalement capable et même s’il arrive, sa définition sera différente de celle d’une autre personne employant aussi ce terme. Demandez à dix personnes leur définition du néolibéralisme, vous aurez de grandes chances d’avoir dix définition différentes.
Même s’ils ne sont pas d’accord entre eux sur la définition de ce mot, un certain nombres de personnes font diront que c’est un mouvement du début des années 80. Pourtant, le mot néolibéral vient de la fin du 19 siècle et a été utilisé tout au long du 20 siècle même s’il est vrai qu’il a été grandement popularisé par les antilibéraux depuis vingts ans. Les antilibéraux utilisent de ce mot néolibéralisme (tout comme ils utilisent du mot ultralibéralisme) car le mot libéralisme a une certaine connotation positive en tout cas dans sa dimension politique. Un certain nombre de principes fondateurs de l’état de droit et de la démocratie (que l’on appelle démocratie libérale) découle du libéralisme (politique). Voilà pourquoi les antilibéraux pour critiquer le libéralisme préfère utiliser d’autres termes comme néolibéralisme (qui sous entend une déformation du libéralisme) ou ultralibéralisme (qui sous entend un extrémisme).
L’avantage avec le mot néolibéralisme c’est qu’on peut utiliser ce mot à tort et à travers, on peut utiliser ce mot pour désigner tout ce que l’on veut. De toute facon , tout ce qui va mal c’est de la faute du méchant néolibéralisme (même si l’on sait pas trop ce que c’est). Je trouve cela pathétique.
En général, avec les gens qui emploient le mot néolibéralisme: ce sont soit des antilibéraux qui ne changeront pas d’opinions et qui sont de mauvais soit des gens ignorants (ignorance qui est totalement compréhensible étant donné le climat antilibéral de la France) soit des gens qui utilisent ce mot car cela fait vendre.
Il y a même des gens utilisant le mot néolibéralisme qui vous disent qu’il est impossible de définir ce mot .
Si vous demandez aux gens de dire ce sont qui les néolibéraux, là aussi leurs réponses sont très floues. Même si la plupart vous diront que Thatcher et Reagan sont des piliers du néolibéralisme, en général, pour le reste ils ne sont pas d’accord d’entre eux. Une bonne partie disent aussi que Friedman était un néolibéral (sans doute parce que c’est l’économiste libéral le plus connu du 20 siècle, en général, le seul économiste qu’ils connaissent) . Une bonne partie des antilibéraux utilisent le mot néolibéralisme croient que l’école néoclassique est néolibéral montrant toute leur ignorance de l’économie et de la pensée économique. J’ai déja vu des gens disant que Keynes était un néolibéral.
Le « néolibéralisme » au même titre qu’ultralibéralisme permet de diaboliser le libéralisme. Les antilibéraux préfèrent utiliser ces deux termes plutôt qu’utiliser le terme « libéralisme » car dans le libéralisme, il y a le libéralisme politique (qui est connoté positivement par la plupart des gens) en utilisant un autre mot, cela permet de faire une distinction entre les deux, de bien montrer que c’est deux concepts différents. Que le néolibéralisme est une « perversion » ou un « excès » de libéralisme.
C’est profondément malhonnête.
En plus, comme ce sont des termes ne voulant rien dire, on peut les utiliser pour les accuser de tous les maux. Les libéraux auront tendance à moins se défendre vu qu’ils ne se reconnaissent pas dans ces termes débiles
Stiglitz raconte n’importe quoi. Il a depuis longtemps perdu toute crédibilité. Le problème c’est que depuis qu’il a recu son prix nobel, il a pris la grosse tête et est devenu un idéologue gauchiste. Aujourd’hui, il est plus idéologue qu’économiste. Je rappelle que Stiglitz a vanté la politique de Chavez. http://cafehayek.com/2016/05/joseph-stiglitz-met-with-and-praised-hugo-chavez.html (si je parle de cela c’est parce que vous parlez de l’amérique latine mais la liste des conneries qu’a dit Stiglitz est tellement longue que l’on pourrait faire plusieurs ouvrages). Alors que n’importe quel économiste un peu objectif savait que la politique de chavez était un désastre. Vous avez vu la situation du Venezuela aujourd’hui ? On attends les excuses de Stiglitz. Ce qui est insupportable avec Stiglitz c’est sa mauvaise foi. J’ai rarement vu quelqu’un d’aussi mauvaise foi que lui. Pour lui, les faits n’ont pas d’importance.
L’Ethiopie est un pays dirigé par le capitalisme d’état. Ce pays n’a pas grand chose de libéral. Manifestement,; vous ne savez pas ce qu’est le libéralisme. Le capitalisme d’état n’est pas du libéralisme. Grâce à l’introduction du capitalisme en Ethiopie, ce pays s’est développé économiquement. La pauvreté a baissé et le niveau de vie s’est élevé mais il ne s’agit pas de libéralisme. C’est un peu comme la Chine. La chine est devenu capitaliste mais ce n’est pas un pays libéral. Le modèle éthiopien est un État interventionniste qui a pour but le développement global et rapide du pays. Meles Zénawi a lancé le « développementalisme démocratique » (même si l’éthiopie n’est pas une démocratie mais un état autoritaire).
L’Ethiopie a lancé des plans quinquennaux – Growth and Transformation Plan (GTP) – notamment en 2010 et en 2015. Vopus croyez réellement que les libéraux préconisent de telles choses ?
En Ethiopie, il existe des entreprises privées mais dont le conseil d’administration est composé principalement de membres du parti au pouvoir, le TPLF (Front de libération des peuples du Tigré) et de hauts fonctionnaires. L’État est l’investisseur principal et garde le contrôle sur le secteur financier et les télécoms. Le secteur privé n’est encouragé que lorsqu’il correspond aux priorités définies par le gouvernement. L’état éthopien est un État développementaliste
Un article à lire sur Stiglitz: https://mises.org/wire/sorry-stiglitz-it%E2%80%99s-socialism-%E2%80%99s-rigged-%E2%80%94-not-capitalism
« la crise sociale argentine de 1980 (privatisations à tout venant) qui a mené à l’élection de Kirchner » n’importe quoi. Lisez ceci: https://minarchiste.wordpress.com/2013/01/18/le-declin-de-largentine-sous-les-kirchner/ Cet article explique les raisons de la crise en Argentine. Le FMi a en effet une lourde part de responsabilité dans la crise argentine mais ce n’est pas à cause des privatisations ou de politiques libérales.
Durant les années 1990s, la dette de l’Argentine a doublé et la croissance des dépenses du gouvernement a excédé la croissance du PIB.
Je rappelle que Menem est un péroniste. Le péronisme est un mélange de clientélisme, populisme, socialisme et nationalisme. Au début du 20 siècle, l’Argentine était l’un des pays les plus riches au monde mais le péronisme a détruit ce pays. Les problèmes de l’argentine de date malheureusement pas de Kirchner. Le mal est bien plus profond. L’argentine a tout pour réussir mais le clientélisme, populisme et socialisme détruit ce pays
autre article pour expliquer la crise argentine de 2001: http://www.quebecoislibre.org/020706-13.htm
Il y a eu quelques privatisations en Argentine c’est vrai mais c’est loin d’être un échec. L’un des exemples de privatisations raté en Argentine régulièrement avancé par les gauchistes c’est la privatisation de l’eau à Buenos Aires. En vérité, la privatisation a été un succès technique et commercial, avec par exemple une chute de la mortalité infantile directement liée à l’augmentation de la qualité de l’eau. Après le crash de 2001, du au blocage d’une partie du programme d’assainissement financier par les syndicats et les fonctionnaires, les péronistes qui avaient en un siècle ruiné l’argentine (avec des idées politiques proches de la gauche française) sont revenus au pouvoir. Ils ont renationalisé à bas prix nombre de services publics dont l’eau et les bus dont le passage au privé avait apporté un plus à la population (mais celle ci, ruinée, était prête à croire toute les lunes socialistes du genre « on rase gratis »). Ces renationalisations à bas prix ont donné lieu à procès auprès des arbitres internationaux prévus par les contrats, gagnés par les compagnies qui avaient été évincées à des prix injustes. http://en.wikipedia.org/wiki/Water_supply_and_sanitation_in_Argentina
En Argentine, ce qui s’est passé avec les privatisations c’est que l’état sous investit pendant des décennies dans des infrastructures qui sont par conséquent en très mauvaise état. En raison de la très mauvaise situation, l’état privatise. Puis après les gauchistes viennent dire que c’est un échec, que les infrastructures ne sont pas bonnes en oubliant la situation d’avant. Les privatisations permettent une amélioration de la situation mais bien entendu il ne s’agit pas d’une solution miracle.
N’en déplaisent aux gauchistes, il y a eu suffisamment d’études sur les privatisations pour prouver les bienfaits des privatisations: https://minarchiste.wordpress.com/2017/05/01/des-preuves-empiriques-des-bienfaits-des-privatisations/
Parce qu’à entendre certains gauchistes, on a l’impression que les privatisations sont un délire du méchant FMI pour servir les intérêts des multinationales. C’est faux. N’importe qui d’un peu sérieux et d’honnête reconnaît que les différentes études et travaux sur le sujet montrent les bienfaits des privatisations. Après bien sûr, les privatisations ne sont pas des recettes miracles.
A noter que pour les libéraux, privatiser c’est bien mais libéraliser c’est mieux. Il ne faut pas confondre les deux. Certaines privatisations consistent en transformer un monopole public en monopole privé (où l’état par capitalisme de connivence s’arrange qu’il n’y ait pas de concurrence).
» les échecs des politiques monétaristes au Chili sous Pinochet » il faut arrêter la drogue. Le chili prouve justement les réussites des réformes libérales. Déjà je rappelle que les réformes libérales au Chili doivent bien plus aux chicago boys qu’au FMI. Ce n’est pas tant le FMi que les chicago boys qui ont fait les réformes au Chili.
Pour faire un très gros résumé de l’histoire du chili:
Allende est arrivé au pouvoir à cause du fait que l’élection présidentielle est à tour et qu’il y avait deux candidats de droite. Allende loin d’être un modéré ou un démocrate est un fanatique voulant créer une dictature du prolétariat. Il mène une politique antidémocratique (assassinats d’opposants, fermetures des journaux d’opposition,…) et économiquement, sa politique est un désastre. La situation économique est très mauvaise et la situation politique aussi (on est dans un climat de quasi guerre civile). L’opposition à Allende n’obtient pas de justesse la majorité des deux tiers au parlement permettant de destituer allende à cause de fraudes électorales organisés par Allende (des morts votants). La situation est telle que le parlement demand à l’armée d’intervenir contre Allende (ce qui est plus que légitime étant donné son attitude antidémocratique). Pinochet fait le coup d’état mais il n’a aucune idée de comment gérer l’économie de son pays qui est au bord de la ruine. Il mets en place deux équipes d’économistes (l’une libérale et l’autre interventionniste). (En vérité, il s’agissait des deux seuls équipes d’économistes non marxistes du Chili, le problème de ce pays c’est que la grande majorité des économistes étaient marxistes à cause de leur contrôle des universités à l’exception de l’université catholique). L’équipe d’économistes interventionnistes dirige le Chili du coup d’état jusqu’en 75. Mais face à la situation qui continue d’empirer, Pinochet mets les chicago boys au pouvoir en 75. A partir de ce moment là, ils réussissent à transformer l’un des plus pauvres pays d’amérique du sud en l’un des plus riches. A tel point que le chili a pu rentrer dans l’ocde dans les années. Même la gauche chilienne a reconnu le succès des chicago boys. Par exemple, en 2000, le président chilien récemment élu, le socialiste Ricardo Lagos rendit hommage au Chicago Boy Sergio de Castro et le décrivit comme le ministre des Finances le plus important des derniers 180 ans du Chili. Pourquoi la gauche chilienne rendrait au hommage aux chicago boys si leur politique était un échec ?
Sur le chili, lisez ceci: https://minarchiste.wordpress.com/2010/06/29/diagnostic-pauvrete-2-le-chili/
Si la politique des chicago boys a été un succès quel nul ne peut contester, il faut reconnaître qu’ils ont fait une grande erreur en maintenant un régime de taux de change fixe. Cela a rendu le pays vulnérable lors de la crise de 1982 et a fait en sorte que le Chili a été le pays le plus affecté par la crise en raison de sa devise surévaluée. Mais je ne vois pas en quoi cela prouverait l’échec des politiques monétaristes. De plus même s’ils ont fait une erreur on ne peut pas parler d’échec. Le Chili est justement la preuve du succès des réformes libérales.
A lire: https://www.cato.org/publications/commentary/remarkable-story-chiles-economic-renaissance
Sur Stiglitz rappelons sa responsabilité dans la crise de 2007. En tant que conseiller de clinton, il a incité certaines lois qui ont carrément menés à la création d’hypothèques à haut risque.
En 2002, Stiglitz a dit dans un rapport qu’il était carrément impossible que Fannie Mae et Freddie Mac connaissent une crise ou une implosion à la suite du fait qu’ils avaient des hypothèques à haut risque et du fait que l’état (avec ces deux organismes) garantissaient ces hypothèques à haut risques
En 2017, l’Ethiopie est classé à la 142 place en terme de liberté économique selon l’heritage foundation. avec 52.7 A titre de comparaison la France est classé à la 72 place. (A moins d’être malhonnête, vous reconnaîtriez que la France est un pays très socialiste qui n’est pas très libéral). Autant dire que l’Ethiopie n’est pas très libéral. Economiquement, ce pays n’est pas très libéral. Ce pays est tout sauf un modèle de libéralisme. http://www.heritage.org/index/ranking
Les deux pays en Afrique qui sont économiquement les plus libéraux c’est l’île Maurice et le Botswana et comme par hasard, ce sont les deux pays les plus prospères économiquement et parmi les plus démocratiques d’Afrique.
« aussi les corporations vénérées par les libertariens » vous fumez quoi ? Cela illustre toute votre ignorance. Les libertariens s’opposent justement aux corporations et à l’économie corporatiste. Manifestement vous ne connaissez pas la pensée des libertariens, vous ne connaissez pas le libéralisme. Beaucoup d’anti libéraux sont profondément ignorants sur le libéralisme. Ils détestent le libéralisme sans connaître la pensée libérale. Ils la caricaturent. Vous devriez peut être lire autre chose que Stiglitz ou Krugman
Et puisque vous parlez de l’Uruguay. En 2017, ce pays est classé à la 38 place en terme de liberté économique avec 69.7.
L’urugay est bien plus libéral en terme de liberté économique que l’Ethiopie.
Jose Mujica est certes de gauche mais c’est la gauche modérée, pragmatique celle qui accepte le capitalisme rien à voir avec Kirchner ou Chavez
(En 2017, l’Urugay est le pays le plus libéral en terme de liberté économique en Amérique latine après la Colombie et le Chili)
http://www.heritage.org/index/country/uruguay
(P.S. les liens que je donne ici et au dessus d’Heritage Foundation montrent le classement de liberté économique mais ce classement change d’année en année. Donc si vous consultez ces liens en 2018 ou en 2019 peut être que ce classement aura changé)
Le mot « néolibéralisme » est utilisé par la « gauche académique » pour désigner ce qui lui déplaît dans le monde sans expliquer pourquoi, et se constituer un univers de pensée réservé aux siens.
A lire sur le sujet: http://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0309816816678583
Voilà un très court article dénoncant l’usage du mot néolibéralisme par la gauche: http://ppesydney.net/down-with-neoliberalism-as-a-concept/
« Stiglitz y donne l’exemple de l’élève modèle éthiopien à qui le FMI imposait sa doxa néo-libérale absurde » Petit rappel, l’Ethiopie a d’abord été une dictature communiste de 74 à 91. La dictature du Derg cela a été un désastre total (enfin comme toutes les dictatures communistes).
Puis de 91 à aujourd’hui, l’Ethiopie a dirigé par le Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens qui à la base est un mouvement marxiste même si une fois au pouvoir ce mouvement a abandonné cette idéologie. Aujourd’hui, son idéologie s’est l’l’État développementaliste. (de 91 à 2000 la situation a empêché Meles Zenawi de se concentrer sur la situation économique: conflit avec l’Erythrée,…) mais à partir de 2000, il a développé le modèle économique éthiopien qui est l’État développementaliste (que l’on peut comparer à certains pays asiatiques comme la Chine d’après 79). Il s’agit d’un capitalisme d’état, d’un capitalisme dirigé. Ce modèle mélange le dirigisme et le capitalisme. L’état développementaliste s’est quand l’état mets la société toute entière au service du développement. C’est pour cela que ce modèle n’est possible que dans des états autoritaires (c’est un modèle impossible en démocratie) car la base de ce modèle c’est que c’est l’Etat qui décide et oblige les gens à appliquer ces décisions. Quiconque fait obstacle aux objectifs de l’état développementaliste est écrasé. Ce modèle se donne les moyens politiques d’arriver à ses fins (ce qui est impossible en démocratie).
Meles Zenawi qui a mis en place ce modèle en Ethiopie (et qui a dirigé l’Ethiopie de 91 jusqu’à sa mort en 2012) est justement fortement opposé au « néolibéralisme » (mot ne voulant rien dire).
» […] Le paradigme néolibéral est structurellement défaillant et les réformes néolibérales sont vouées à l’échec en Afrique. Une alternative développementaliste et démocratique existe, et elle est réalisable » Meles Zenawi, « Democratic Developmentalism : an Alternative to Neo-liberal Dead End (Part 3) », The Ethiopian Herald, 15 février 2008, p. 5
Et son successeur, Hailé Mariam Dessalegn a continué la même politique; Lui aussi rejette « le néolibéralisme ».
« Nous ne dérogerons jamais à notre idéologie – l’idéologie de la démocratie développementale – pour embrasser leur idéologie néolibérale par la force »
« Ethiopia : Relentless and Determined », The Reporter, 27 décembre 2014, disponible sur allAfrica: http://allafrica.com/stories/201412293269.html
Marrant de voir les gauchistes ne pas être d’accord entre eux: certains critiquent le néolibéralisme en Ethiopie comme Stiglitz. D’autres vantant justement le modèle éthiopien comme étant modèle de réussite rejettant le néolibéralisme (comme ici): https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/l-ethiopie-mieux-developpee-que-178277
Il y a un moment où il faudrait peut être vous mettre d’accord entre gauchistes: entre ceux dénoncant la situation et ceux utilisent justement la réussite du modèle éthiopien pour critiquer le « néolibéralisme »
« Le discours et le projet porté par Meles Zenawi étaient foncièrement opposés au néolibéralisme, présenté comme le mal absolu. Et cela n’est pas qu’un exercice rhétorique » http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/09/27/ethiopie-privilegier-la-stabilite-economique-a-l-ouverture-politique-a-cree-une-situation-explosive_5004314_3212.html
Si l’Ethiopie dépend de l’étranger ce n’est pas du FMI mais de la Chine: https://www.bloomberg.com/news/features/2018-03-02/china-is-turning-ethiopia-into-a-giant-fast-fashion-factory (un très bon article sur l’influence de la Chine dans l’industrialisation de l’Ethiopie)
(Et cet article ne traite même pas de l’influence de la Chine dans les projets d’infrastructures éthiopiens qui sont pour la plupart financés par la Chine ou des entreprises chinoises).
C’est d’ailleurs justement le problème principal de ce pays: l’ultra dépendance de ce pays envers la Chine.
Le modèle éthiopien peut être un peu comparé à la Chine où c’est du capitalisme d’état. L’état éthiopien intervient fort dans l’économie pour pousser au développement du pays. Si cela peut paraitre un succès c’est qu’avant, l’Ethiopie était communiste, avant c’était un pays qui n’avait pas le capitalisme. Or, l’arrivée du capitalisme a bien sûr permis l’essor du pays,une amélioration de la situation mais il s’agit bel et bien d’un capitalisme d’état (qui se base sur un état autoritaire) et non sur un capitalisme libéral.
On peut comparer l’Ethiopie à la Chine. Dans les deux pays, la situation était vraiment désastreuse. Il n’y avait pas de capitalisme. Puis un état autoritaire a mis en place un capitalisme d’état qui certes a permis d’améliorer grandement la situation mais aujourd’hui ce capitalisme d’état est un frein pour le développement. Le capitalisme d’état s’est mieux que pas de capitalisme mais moins bien que le capitalismelibéral.
Le développement se fait toujours de manière très inégalitaire mais le capitalisme d’état augmente considérablement ses inégalités (à cause de la corruption, de la connivence forte entre élites politiques et élites économiques). L’élite au pouvoir s’enrichit considérablement grâce au capitalisme de connivence. Et il faut faire attention aux statistiques officiels car elles sont en général truquées.
L’Ethiopie vient de changer de premier ministre car justement le modèle actuel pose problème: il repose sur un fort autoritarisme où les bureaucrates imposent le développement mais où ce développement imposé nuit à certains groupes de la population (et bien sûr favorise l’élite au pouvoir). C’est le problème inhérent au modèle développementaliste qui ne engendre la corruption et de fortes inégalités et qui ne peut qu’exister dans un état autoritaire.
Quand je lis votre description du libéralisme économique, j’ai l’impression qu’il aurait besoin d’une certaine dose de souverainisme pour être appliqué efficacement.
Et que le fond du libéralisme, veut dire en gros supprimons la bureaucratie et la centralisation.
Mais que paradoxalement, il dépend d’un état et d’institutions fortes, avec des lois simples appliquées dans leur esprit et non dans leur lois.
@Romain
Je ne vois pas en quoi cela est paradoxal.
Bonjour, il est à noter je pense que si les réformes sont mal faites ce n’est pas entièrement de la faute du FMI mais du fait que le FMI n’a pas le contrôle total de la situation. En effet, c’est le gouvernement qui prends les mesures. Donc ce qui se passe en pratique c’est qu’il y a des négociations entre le gouvernement que le FMI aide et le FMI. Ce qui fait que les politiques mises en places sous le contrôle du FMI ne sont les politiques voulues par le FMI mais c’est plutôt le résultat d’un compromis entre ce qui est voulu par le FMI et ce que veut le gouvernement (qui le plus souvent ne veut pas faire des réformes structurelles). Je donne un exemple récent. Il y a quelques semaines le parlement ukrainien a fait passé une réforme de retraite. Cette réforme était voulue par le FMI. Mais la réforme qui est passé est bien différente de ce que préconisait le FMI.
La lutte contre la corruption est un excellent exemple. Le FMI a bien compris la nécessité de lutter contre la corruption et elle essaie de promouvoir la lutte contre la corruption quand elle aide un pays. Le problème c’est qu’en général, le gouvernement en place est corrompu et a tout intérêt à maintenir la corruption. Il est très difficile de mettre fin à la corruption.
Je suis loin d’être fan du FMI qui fait des erreurs mais il ne faut pas en faire du FMI comme certains le font un bouc émissaire. Pour rappel, si le FMI intervient c’est parce que la situation va mal, or pour certains, on a l’impression que si la situation va mal c’est à cause du FMI. Les réformes structurelles ont un impact bénéfique à long terme mais il est reconnu que ces réformes peuvent avoir un effet négatif à court terme. Raison pour laquelle idéalement, ces réformes doivent être fait en période de croissance (ce qui n’arrive jamais, elles sont faites systématiquement quand cela va mal et que l’on a pas d’autre choix).
Un exemple montrant que souvent, les défauts des politiques faites par les pays aidées par le FMI ne viennent pas du FMI mais de la négiocation et du compromis.
C’est sur la Grèce: http://www.boeckler.de/pdf/p_imk_study_38_2015.pdf
Cette étude montre les erreurs de la troika. Les auteurs n’y vont pas par quatre chemins et ne mâchent par leurs mots : en regardant les comptes nationaux et notamment les revenus des agents économiques entre 2008 et la période 2012-2013 (allant parfois jusqu’en 2014), ils mettent en exergue que la Troïka a trop souvent négocié des accords bancals avec les pouvoirs publics grecs, aboutissant à conforter ces derniers dans une démarche du « deux poids, deux mesures ». En clair, l’impossibilité d’ajuster correctement le périmètre du secteur public, a induit plusieurs effets pervers qui ont renforcé l’effondrement de l’économie grecque et ralenti son potentiel rebond.
Etude intéressante sur les réformes structurelles: https://core.ac.uk/download/pdf/6389452.pdf
Cette étude rappelle l’importance de coordonner les réformes structurelles. D’abord, déréglementer le marché des biens puis déréglementer le marché du travail.
Or, tout le monde semble oublier cela. Personne ne fait cela
Concernant la réduction de la corruption, un article intéressant sur le sujet: http://voxeu.org/article/market-reforms-give-anticorruption-reforms-more-traction
Les réformes de libéralisation des marchés permettent par après la réussite des réformes luttant contre la corruption. En effet, quand c’est le marché qui s’occupe de l’allocation des ressources, la corruption devient quelque chose d’inutile, un droit de passage superflue. Ce qui fait qu’il y a une pression notamment des entreprises étant obligé de payer ces pots de vins non nécessaires pour mettre fin à la corruption. Alors que là où c’est la bureaucratie qui alloue les ressources, la corruption a une nécessité. Et ni les bureaucrates ni les fonctionnaires ne veulent y mettre fin.
Les réformes de lutte contre la corruption sans réformes de libéralisations ne servent pas à grand chose et sont condamnées à l’échec
une chose est sure,on n’a jamais contrôler ou va l’argent du PAS. l’objectif ultime du FMI et que,les gouvernements restent des clients fidèles .