Le 17 décembre dernier, S&P décotait encore une fois les titres de dette de la Grèce de A- à BBB+ en raison de la situation précaire des finances du pays et de son indiscipline fiscale. Le 14 janvier 2009, sa cote était passée de A à A-.
Le problème de la Grèce est qu’elle génère d’immenses déficits (à la Keynes) pour stimuler son économie. Par contre, étant donné que ce pays fait maintenant partie de la zone Euro, la Grèce ne peut plus « monétiser » ses déficits, c’est-à-dire créer de la monnaie pour payer ses dettes, comme le font les États-Unis par exemple, grâce à la Federal Reserve qui crée de la monnaie pour acheter des bons-du-trésor.
La Grèce se retrouve donc dans une situation similaire à celle des pays qui étaient sous l’étalon-or au début des années 1930s. Devant l’ampleur de la récession, ces pays voulaient stimuler l’économie en augmentant les dépenses gouvernementales sans augmenter les impôts immédiatement. Ils avaient donc besoin de s’endetter pour le faire, ce qui n’était possible qu’à l’aide de la création de monnaie, puisque les investisseurs se faisaient rare à cette époque difficile. C’est cette inflation de la masse monétaire qui a forcé ces pays à délaisser l’étalon-or.
La Grèce quant à elle fait partie de la zone Euro et la création de monnaie y est maîtrisée par la Banque Centrale Européenne. La Grèce aura donc besoin de la collaboration de la BCE pour se sortir de l’impasse et monétiser sa dette! Vous comprenez maintenant pourquoi le Royaume-Uni n’a pas voulu adhérer à la zone Euro: pour pouvoir continuer à monétiser ses déficits et créer de la monnaie impunément. C’est d’ailleurs ce que la Bank of England a fait l’an dernier avec sa politique de quantitative easing en vertu laquelle elle « acheté » l’énorme déficit fiscal du pays avec de l’argent créé à partir de rien.
Évidemment, le scénario plus souhaitable pour la Grèce serait que le gouvernement grec fasse preuve d’une certaine austérité fiscale, c’est-à-dire réduire les dépenses et la taille de l’État, de façon à remettre les finances publiques sur les rails.
La leçon à en tirer est que sous l’étalon-or (et l’étalon-Euro), les gouvernements doivent faire preuve de discipline budgétaire et être prudent avec les finances publiques parce que la planche à billets est hors de portée. C’est de cette façon que l’étalon-or protège le pouvoir d’achat de notre monnaie et empêche nos gouvernements de s’endetter impunément, pelletant en avant leurs largesses fiscales aux générations futures.
L’idée de l’Union Européenne est réellement fantastique. C’est devenu un monstre bureaucratique, ça empire chaque jour, c’est très décevant.
Mais dans tout cet imbroglio technocratique, la BCE sauve l’honneur je trouve. Elle n’est à la solde d’aucun État européen (merci aux allemands qui refusent d’avilir cette institution, merci à eux de résister à mes con-patriotes français), elle est plutôt indépendante.
N’est-il pas vrai que, globalement, la BCE a réduit l’inflation en UE ?
*zone euro
Vous oubliez juste une chose: les remboursements des emprunts d’états sont donnés aux générations futures.
Quant aux emprunts, ils sont bel et bien pris aux générations présentes.
@Fred
Relisez la dernière phrase du billet…
C’est bien en réponse à la dernière phrase que j’ai écrit ce commentaire.
@Fred
Je ne vois pas où vous voulez en venir…
Les gouvernements s’endettent pour dépenser au bénéfice des générations présentes, alors que ces emprunts seront remboursés par les générations futures.
Quelle est votre question?
Vous dîtes que nous prenons à nos enfants en empruntant. C’est faux: ce sont bien des ressources présentes qui sont utilisées par les dépenses financées par l’emprunt.
Si l’état achète des tonnes de maïs à crédit pour en faire un carburant tout pourri, c’est bien les générations d’aujourd’hui qui manqueront de maïs et non celles de demain.
De même, si l’état renonce un jour à produire ce carburant tout pourri car il a des traites à payer, ce n’est pas les générations d’aujourd’hui qui bénéficient du maïs ainsi libéré mais celles du futur.
Pour dire que l’on prend à nos enfants, il faut soit distinguer le pays du reste du monde soit que l’on ait un crowding-out parfait (c’est-à-dire une diminution de l’investissement égal à l’emprunt public), ce qui est douteux car:
_les ménages ont un comportement partiellement ricardien: ils épargnent pour que leurs enfants puissent payer leurs impôts.
_La hausse des taux déprime certes l’investissement mais elle stimule aussi l’épargne.
Ce qui reporté dans le futur, c’est soit la perte sèche induite par l’impôt, soit un sous-investissement dans l’appareil productif.
@Fred
Dans votre exemple, la génération d’aujourd’hui ne manquera pas de maïs; c’est plutôt le prix du maïs qui va augmenter ce qui stimulera la production, mais créera de l’inflation.
Les prix plus élevés augmenteront les profits des producteurs de maïs, qui sont de la génération actuelle. Et le carburant (même si pourri) subventionné sera consommé par la génération actuelle.
Cependant, la dette du gouvernement sera remboursée par les générations futures.
Il y a donc bel et bien un transfert de richesse des générations futures à la génération présente.
Certes, la dette sera remboursée par les générations futures. Mais à qui? Aux générations futures!
Le carburant est certes consommé par les générations présentes, mais cela aurait aussi été le cas si cette idée géniale avait financée par l’impôt.
Conclusion:
_si vous avez peur pour vos enfants, achetez des emprunts d’état (ou tout autre placement que vous trouverez équivalents)
_l’emprunt public est un impôt que l’on paye *aujourd’hui* mais dont l’assiette est nos revenus de demain.
(Attention, hein, je ne suis pas en train de dire que le gouvernement grec eu raison de faire ce qu’ils ont fait.
Pour prendre une comparaison, supposons que j’aille au restaurant puis que je paye l’addition à la fin du mois. Ce n’est pas à la fin du mois que le reste du monde a fourni des efforts pour me satisfaire mais lorsque je suis allé au restaurant. Évidemment, si je n’ai pas de quoi payer à la fin du mois, il va y avoir un problème de *répartition* de cette charge mais le service que l’on m’a rendu n’aura pas disparu pour autant.)
Dernière nouvelle grandiose…: On apprend aujourd’hui que la Grèce a triposé ses finances pour entrer dans la zone euro de 2001 à 2006… Ça en est pathétique.
http://lesaffaires.com/blogues/jean-paul-gagne/la-grece-a-vendu-du-vent-a-l-europe-grace-a-goldman-sachs-/510221
belles leçons de nos amis con-sanguins quebecquois… (xavierQC)
« les gouvernements doivent faire preuve de discipline budgétaire et être prudent avec les finances publiques », en réduisant les taxes locales, en fixant des plafonds fiscaux, et j’en passe. Les dettes ne se creusent pas par les dépenses mais bien par la baisse des recettes. Alors ensuite, il est plus aisé d’imposer toujours aux mêmes les efforts necessaires. Alors gardez votre modèle, puisque ce sont les particuliers qui s’endettent. Et puis dormir au clair de lune parcque la maison a été saisie, çà fait camping, c’est sympa.
@Bof
« Les dettes ne se creusent pas par les dépenses mais bien par la baisse des recettes. »
La Grèce est un pays où les dépenses de l’État sont faramineuses et où le gaspillage bureaucratique est démesuré.
Je pense plutôt que c’est du côté des dépenses que le gouvernement grec devra se tourner pour équilibrer son budget.
Ah oui, pour étayer mon propos, voici une citation de Mises:
« War can only be waged with present goods »
http://oll.libertyfund.org/?option=com_staticxt&staticfile=show.php%3Ftitle=1819&chapter=109502&layout=html&Itemid=27