Dans ce dossier, inspiré du livre « Where Keynes went wrong » de Hunter Lewis, je traite des principales idées de Keynes. La première partie traite des taux d’intérêt.
Selon Keynes, lorsque les taux d’intérêt sont librement déterminés par le marché, ils ont toujours tendance à monter trop haut, ce qui est mauvais pour l’économie (i.e. crée du chômage). Pour remédier à la situation, le gouvernement doit créer de la nouvelle monnaie et l’injecter dans l’économie. Cette liquidité fera baisser les taux d’intérêts et stimulera l’investissement. Le taux d’intérêt idéal serait 0%, ce qui permettrait à l’économie de demeurer en constante expansion. L’argent créé par le gouvernement est tout aussi authentique que l’argent des épargnants et les bas taux d’intérêts ne mèneront pas à l’excès et/ou à du gaspillage de capital. Cette liquidité ne devrait pas non plus créer d’inflation, mais si c’est le cas, la solution ne consiste pas à faire augmenter les taux d’intérêts, mais bien à hausser les taxes et impôts.
Réfutation:
Tout d’abord, Keynes oublie ici que les taux d’intérêts sont en fait un prix, qui varie en fonction de l’offre et de la demande sur le marché. Il nous propose donc de jetter le marché à la poubelle et de manipuler ces prix. Cependant, les taux d’intérêts sont un prix très important: ils dictent les préférences temporelles des gens dans l’utilisation de leur monnaie (i.e. le fruit de leur travail). Ainsi, un taux d’intérêt de 0% implique que de vous acheter quelque chose dans 10 ans vous procura la même satisfaction que vous l’acheter maintenant, ce qui n’a aucun sens.
Deuxièmement, si les taux d’intérêt baissent, les gens vont avoir tendance à moins épargner (en raison du rendement plus faible). Cette disparition de d’épargne/capital dans l’économie mettra une pression à la hausse sur les taux d’intérêt, ce qui annulera partiellement ou complètement l’injection de liquidités orchestrée par le gouvernement.
Troisièmement, la création de monnaie crée de l’inflation (l’histoire le démontre incontestablement) et l’inflation mène à des taux d’intérêts plus élevés (les prêteurs voient les prix monter et veulent être compensés pour la perte de valeur de l’argent qu’ils prêtent).
Quatrièmement, les bas taux d’intérêts occasionnés par la création de monnaie par le gouvernement mènent à de mauvais investissements et à des excès. On a qu’à penser à la bulle techno de 2000 ou à la bulle immobilière de 2007. Énomément de capital a été gaspillé: les gens ont construit trop de maisons financées par des hypothèques attrayantes.
Cinquièmement, puisque l’argent nouvellement créé par l’État est aussi authentique que l’argent des épargnants, pourquoi n’en imprimons-nous pas encore plus? Parce que la création de monnaie ne crée pas de richesse, c’est plutôt la production de biens. La théorie de Keynes est donc erronée à la base.
Sixièmement, des taux d’intérêt artificiellement bas ne nous permettent pas de demeurer en continuelle expansion; ils nous font passer à travers des périodes d’excès suivies par des périodes crise et de dépression, de violents cycles économiques (boom & bust).
Finalement, hausser les impôts ne réduit pas l’inflation, puisque l’inflation est causée par la création de monnaie dans l’économie. Hausser les impôts ne fait que réduire l’activité économique, puisque l’impôt est une taxe au travail. Nous l’avons vu dans les années 1970. Ce n’est que lorsque Volker a stoppé l’imprimante à billets que l’inflation a cessé. Reagan a ensuite redémarré l’économie en réduisant les impôts.
Trouvez-vous absurde la façon dont Keynes voit les choses relativement aux taux d’intérêt? Dîtes-vous bien que ses idées sont au coeur de la façon dont la politique monétaire est orchestrée dans les pays industrialisés!
Ajout:
J’ai lu beaucoup de choses sur Keymes, dont assez récemment la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie et je ne me souviens nullement des éléments de vos prémisses, comme :
– «Le taux d’intérêt idéal serait 0%» (à moins que ce soit dans un exemple pour illustrer un idéal qu’il sait très bien impossible, suivi d’un mais explicatif) : ce serait d’ailleurs le meilleur moyen de tomber dans une trappe de liquidité comme ce fut le cas au Japon dans les années 90 et aux États-Unis actuellement, ne se réservant aucune manoeuvre pour pouvoir l’abaisser;
– la solution ne consiste pas à faire augmenter les taux d’intérêts, mais bien à hausser les taxes et impôts : ???? De quel livre est-ce tiré ? Dans quel contexte ?
Votre première phrase de réfutation («Keynes oublie ici que les taux d’intérêts sont en fait un prix») est déjà mensongère, car Keynes n’oublie pas que les taux d’intérêt sont un prix, il le nie ! Dans la deuxième vous écrivez : «Il nous propose donc de jetter le marché à la poubelle» Autre mensonge, il n’a jamais rien proposé de tel et comme la prémisse qui vous amène à cette conclusion est fausse, le raisonnement ne peut conduitre qu’à une fausseté…
Après un tel départ, je n’ai pas pris la peine de lire le reste…
Bref, il est inexact que vous citiez Keynes dans le texte, comme vous l’avez prétendu en m’invitant ici. Cela est tiré d’un autre livre que je ne connais pas (ce Hunter Lewis m’a l’air passablement malhonnête intellectuellement) et que je n’ai pas l’intention de lire (pas maso à ce point). Vous m’avez donc invité ici sous de fausses représentations. L’échange sera donc court…
Dommage !
@Darwin
Directement de General Theory:
« I should guess that a properly run community equipped with modern technical resources, of which the population is not increasing rapidly, ought to be able to bring down the marginal efficiency of capital in equilibrium approximately to zero within a single generation; (…) [resulting in] a gradual disappearance of a rate of return on accumulated wealth. A man would still be free to accumulate his earned income with a view to spending it at a later date. But his accumulation would not grow [because of zero interest rate]. »
« à moins que ce soit dans un exemple pour illustrer un idéal qu’il sait très bien impossible, suivi d’un mais explicatif »Pas du tout!
Concernant la hausse des impôts, voir London Times, January 12, 1937.
Keynes propose de manipuler les taux d’intérêt en créant de la nouvelle monnaie; et donc de falsifier l’information acheminée par le prix le plus important. Manipuler le marché est l’équivalent de jeter le marché aux poubelles. Il faudra que tu m’expliques: si les taux d’intérêt ne sont pas un prix, qu’est-ce que c’est alors?
Le crédit se transige sur un marché dont le prix est défini par les taux d’intérêt. D’ailleurs, Keynes ne nie pas que les taux d’intérêt sont un prix. Il comprend très bien que lorsque les gens épargnent moins ou mettent leurs épargnent sous le matelas, ça met de la pression à la hausse sur les taux.
« Après un tel départ, je n’ai pas pris la peine de lire le reste… »
Je prends cela comme de la paresse intellectuelle et de l’incapacité à défendre l’indéfendable.
@ Minarchiste
«si les taux d’intérêt ne sont pas un prix, qu’est-ce que c’est alors »
Dans vos commentaires chez Renart, vous dites vous-même que «Lorsqu’on imprime un billet de banque, on ne crée aucune richesse. » et «C’est ce qui nous rappelle que les billets de banque ne sont que du papier!» . Quelque chose qui ne crée pas de richesse et qui n’est que du papier aurait un loyer ou un prix ?
Pour Keynes (tel que je l’ai compris), les taux d’intérêt sont un moyen de stimuler la propension à consommer en les abaissant ou la propension à épargner, en les haussant. Il prétend que l’épargne égale les investissements, ce avec quoi j’ai bien des réserves. Il ne méprise pas l’épargne, comme vous le dites encore une fois de façon erronée dans les prémisses de votre deuxième partie, mais vise à stimuler la consommation ou l’épargne, selon les besoins. Ce qu’il «méprise» (et là, le terme est juste !), ce n’est pas l’épargne, mais les rentes : il préconise d’ailleurs « l’euthanasie des rentiers et du capital oisif » (à ne pas prendre au pied de la lettre !). Et je suis tout à fait d’accord avec lui sur la nocivité des rentes.
«Je prends cela comme de la paresse intellectuelle et de l’incapacité à défendre l’indéfendable. »
Je m’attendais à une telle réaction de votre part. Si j’étais paresseux, je n’aurais pas pris la peine de vous écrire pour vous expliquer pourquoi je n’embarquerai pas. N’importe qui qui a l’esprit le moindrement scientifique, et je pensais que vous l’aviez, comprend que lorsque qu’on ne s’entend pas sur les prémisses, il est inutile d’argumenter sur les conclusions de ces prémisses non établies. Et vous ne m’avez pas invité pour qu’on s’obstine sur ce qu’a vraiment dit Keynes, mais pour discuter des conclusions de ce qu’il a dit.
Et si vous m’avez invité, je pensais que c’était parce que vous aviez un peu de respect pour mes connaissances et la qualité de mon argumentation. Il semble que, là aussi je me trompais.
Si j’arais su, j’arais pas venu ! (La guerre des boutons, Yves Robert).
@Darwin
Ce que je vous avais promis, c’était une attitude de non-confrontation de ma part, mais bien de discussion.
C’est vous qui êtes arrivés sur vos grands chevaux, refusant même de lire l’entièreté de mon billet. Ça m’a bien déçu de votre part.
Nous ne sommes pas d’accord sur les prémisses? Discutons-en alors! C’est d’ailleurs ce que vous faîtes ici.
Pour en revenir à nos moutons, le taux d’intérêt n’est pas le prix de l’argent, mais bien celui du crédit (i.e. les préférences temporelles de consommation).
Lorsque Keynes propose de manipuler les taux d’intérêt, il prend en considération que les préférences temporelles de consommation des gens (exprimées à travers le marché du crédit) sont inadéquates et propose de les modifier à sa guise. Ainsi, faire baisser les taux d’intérêts reviens à favoriser la consommation immédiate (par l’endettement).
Ma question, donc, est la suivante:
Comment le gouvernement est supposé savoir quel taux d’intérêt devrait prévaloir à un moment donné?
C’est évidemment la tâche de la banque centrale, et son historique démontre un lamentable échec. Des bulles, de violentes récessions et de l’inflation à profusion.
Le gouvernement est humain et a une rationalité limitée. C’est une des raisons pour laquelle la plafinication centrale (communisme) ne fonctionne pas.
Par « rente », faîtes-vous référence à ce que Keynes appelle « idle savings » et que je traduis par « épargne stagnante »?
Si vous relisez mon billet (partie 2), l’épargne stagnante n’est en fait que l’argent caché sous votre matelas ou dans un coffre-fort (ou en or). Il n’y en a pas suffisamment pour affecter significativement l’économie.
@Darwin:
Ce n’est pas le fait que les taux d’intérêt de la banque centrale soit nul qui fait que l’on est dans une trappe à liquidité, c’est que le taux d’intérêt d’équilibre sur le marché soit inférieur à 0.
Baisser les taux d’intérêt DIMINUE le risque de trappe à liquidité, quel que soit la baisse.
@minarchiste:
Keynes pensait que celle-ci augmenterait beaucoup plus vite que les opportunités d’investissement. C’est une erreur d’appréciation regrettable (partagée par les marxistes d’ailleurs) mais, cela ne prouve pas qu’il n’existe pas des situations où le taux d’intérêt d’équilibre nominal soit nul ou négatif.
Je ne comprends pas pourquoi les libertariens qui sont si hostiles au contrôle des prix (à juste titre) poussent des cris d’orfaie lorsque l’on parle de taux négatifs, car la borne du 0 EST un forme de contrôle des prix.
Cette borne a les mêmes effets que les autres:
_pénurie de monnaie qui se traduit par le chômage et des faillites d’entreprises
_rationnement qui avantage les différents chouchous de l’état.
Je ne comprends pas également pourquoi ces derniers sont horrifiés par l’inflation mais qu’une déflation (10% par an de 1929 à 1933) qui a provoqué un chômage massif et la montée de régimes bien peu libéraux les laissent indifférents.
@Fred
Vous avez raison au sujet du 0%. Si le marché anticipe une déflation de 5%, ça peut faire du sens de prêter de l’argent à 0% ou même à un taux d’intérêt négatif puisque le prêt sera remboursé par des dollars qui ont un pouvoir d’achat supérieur.
Concernant votre seconde observation, je ne crois pas que la déflation ait causé le chômage durant la dépression.
La déflation que nous avons observée durant cette période a été causée par la destruction de monnaie occasionnée par un remboursement massif de dette. Autrement dit, les immenses quantitées de monnaie créées par la Fed et le système bancaire durant la bulle des années 1920s sont disparues lorsque les gens se sont mis à rembourser leurs emprunts.
Dans cette optique, la déflation observée est un ajustement naturel des prix à une masse monétaire réduite; le dégonflement d’une bulle de crédit.
Comme les gens devaient rembourser leurs emprunts (plutôt que de consommer et investir) la demande de biens a chuté drastiquement (d’un niveau artificiellement élevé) et l’épargne est devenue rare. C’est ce qui a créé le chômage.
C’est presque la même chose qui s’est produite en 2008….du crédit facile, beaucoup de liquidité fournie par la banque centrale, un hausse exponentielle de l’endettement, une hausse artificielle de la demande, le gonflement d’une bulle insoutenable, puis le système frappe un mur et la bulle se dégonfle…
Rien ne sert de combattre cette déflation. On ne ferait qu’empirer le problème. Il faut laisser le temps à l’économie de s’ajuster.
Merci de vos commentaires.
_ »L’épargne est devenue rare »: bien au contraire. Regardez l’épargne américaine: elle a explosé fin 2008.
_Donc si je comprends bien, si on combat la déflation, on aggrave le problème parce qu’imprimer de la monnaie çà provoque de l’inflation. Je ne comprends pas tout.
_Qu’est ce qui vous permet de dire que les taux étaient trop bas avant 2008? Regardez l’inflation: elle a été remarquablement stable sur cette période.
_Pour ce qui est de la crise de 1929, la plupart des économistes sont d’accord pour affirmer que ce sont les dévaluations qui ont amorcé les sorties de crises dans les différents pays, ce qui correspondait approximativement à imprimer plus de monnaie.
http://www.j-bradford-delong.net/tceh/Slouch_Crash14.html
Enfin, sachez que si vous n’aimez pas les remèdes monétaires, il y a bien pire: les remèdes budgétaires et étatiques, la fameuse socialisation de l’investissement que vous mentionnez dans les billets suivants.
@Fred
« l’épargne américaine: elle a explosé fin 2008. »
Non! Ce que vous appelez épargne (revenu disponible moins consommation) a été en fait utilisé au remboursement de dette, et non à l’investissement.
« si on combat la déflation, on aggrave le problème parce qu’imprimer de la monnaie çà provoque de l’inflation. »
Oui, on ne combat pas une gueule de bois en buvant un litre de cognac. Si la crise a été crée par un excès d’endettement (et de liquidité), on ne règle pas la crise par de l’endettement et de la liquidité.
« Regardez l’inflation: elle a été remarquablement stable sur cette période. »
Regardez ce qu’est la définition de l’inflation sur wikipedia. L’inflation est l’augmentation de la masse monétaire. La hausse des prix est une conséquence de l’inflation. Aujourd’hui, la plupart des économistes confondent la cause avec la conséquence (comme si on avait voulu cacher l’origine de la hausse des prix…).
Ceci étant dit, durant la période menant à 2008, les prix ont continuellement augmenté (entre 1% et 4% par année) malgré d’excellents gains de productivité. Par exemple, si de nouvelles technologies permettaient d’améliorer la productivité et de réduire les coûts (et les prix) de 2% une année donnée, mais que le CPI augmente de 3%, l’inflation totale est en fait de 5%.
Durant cette période, le pouvoir d’achat de la monnaie a été maintenu grâce à la Chine. Les USAs ont importés pleins de biens à bon marché en échange de titres de dette du gouvernement (que la Chine utilise comme réserves de devises étrangères).
De plus, l’inflation ne s’est pas tant manifestée dans les prix à la consommation que dans le prix des actifs mobiliers et immobiliers (la fameuse bulle). C’est ce qu’on appelle « l’inflation invisible ». Toute cette liquidité d’argent fraîchement créé par le système pyramidal d’asset-backed securities a été canalisé vers le marché immobilier résidentiel.
Quant aux remèdes budgétaires, en effet ils sont néfastes, mais je trouve les remèdes monétaires bien pire. Ils sont plus subtiles (voire hypocrites).
Voici ce que j’en disais sur un billet précédent (L’illusion de la monnaie et l’inflation):
_ »épargne=investissement+flux extérieurs », c’est une question de comptabilité. Maintenant, l’épargne ex ante est effectivement largement supérieure à l’investissement ex ante, et c’est bien là le problème dirait les keynésiens. L’ajustement se fait alors par une sortie de capitaux, une réduction de la production et un gonflement des stocks.
_ »Oui, on ne combat pas une gueule de bois en buvant un litre de cognac. « : La déflation AUGMENTE le niveau réel des dettes. C’est l’effet Fisher (pour être tout-à-fait honnête, il y a également l’effet Pigou, qui rend les détenteurs de monnaie plus riches et selon Pigou plus dépensiers).
Ensuite, quel est pour vous la preuve que l’on ait abusé de cognac?
_Qu’est-ce que vous proposez pour éviter l’afflux de capitaux chinois, du protectionnisme? Le meilleur moyen que je vois, c’est de donner un rendement médiocre à ces capitaux.
_Pour l’inflation qui fait détester le capitalisme, je ne suis mais alors pas du tout convaincu. Il arrive que l’état montrent du doigt certains bouc-émissaires
_La plupart des économistes pensent en fait que l’indice des prix à la consommation sous-estime l’inflation, précisément du fait progrès technologique inégal. Maintenant si pour vous inflation=taux de croissance du PIB nominal, pourquoi pas. Mais dans ce cas-là, l’inflation n’a jamais été aussi basse.
@Fred
« quel est pour vous la preuve que l’on ait abusé de cognac? »
Je ne prétend pas savoir quelle quantité de monnaie la banque centrale devrait créer une année donnée ou à un moment donné. Ce que je prêche, c’est aucune création de monnaie. Laisser le marché suivre son cours.
Mon opinion est que, sans création de monnaie (ou débasement, ce qui est équivalent), les bulles n’existeraient pas. Je cite ici Douglas French à propos des bulles:
D’autre part, je ne propose rien pour éviter l’afflux de capitaux chinois, surtout pas du protectionnisme.
Quant à l’inflation des prix à la consommation en ce moment (je vous recommande fortement de lire ce billet):
https://minarchiste.wordpress.com/2009/10/14/la-menace-de-deflation-et-les-taux-dinteret/
Je me suis mal exprimé: quel preuve avait-on à priori que nous étions en train de boire trop de cognac? Bien sûr, à posteriori, il est clair qu’il y a eu mauvaise gestion, mais est-ce vraiment la Fed qui était en cause?
@fred
C’est un ensemble de facteurs qui étaient en cause.
Mais l’air qui gonflait le ballon venait de la Fed et de sa politique monétaire hyper-inflationniste.
J’ai souvent énumérés les causes secondaires de la crise sur ce blogue:
1) Politique monétaire ultra-expansionniste.
2) Interventions gouvernementales pour augmenter l’accès à la propriété (Community Reinvestment Act, Fannie Mae/Freddie Mac, etc).
3) Manque de compétence et de vigilance des investisseurs. Mauvaise diligence de la part des acheteurs d’asset-backed securities (aveuglés par les cotes AAA des agences de crédit).
4) Laxisme des agences de crédit (en raison du manque d’indépendance) et trop grande confiance des investisseurs envers elles. Le gouvernement (à travers Fannie et Freddie) forçait les banques à faire affaires avec seulement trois agences de crédit, leur garantissant un oligopole malsain.
5) Règlementation inadéquate des CDOs, permettant aux orginateurs de créer des titres quasi-frauduleux. L’industrie financière était hyper-règlementée, mais cette règlementation excessive était mal dirigée et mal appliquée. Les autorités ont été dépassés par l’innovation du système financier.
Merci Fred pour tes excellentes questions.
Tu m’as donné une bonne idée pour mon billet de demain matin….j’ai bien hâte de voir ce que tu en penseras.
Encore une fois, je ne vois pas pourquoi la politique monétaire était ultra-expansioniste.
Si on prend comme référence les prix de l’immobilier, bien évidemment qu’elle l’était, mais si on prend l’indice des prix à la consommation (ok, le CPI a été trafiqué durant cette période pour supprimer l’immobilier à l’achat. C’est mal, mais çà n’explique pas tout)?
Et puis, si on prenait comme référence le prix des ordinateurs comme référence, alors on constaterait qu’il y a une bulle monstrueuse dans le secteur des services.
À propos du choix de la bonne référence, il y a Scott Sumner qui propos le PIB nominal comme référence et la suppression du mécanisme des taux d’intérêt comme moyen de régulation:
http://blogsandwikis.bentley.edu/themoneyillusion/?p=4
@Fred
» je ne vois pas pourquoi la politique monétaire était ultra-expansioniste. »
J’ai ajouté un graphique de la masse monétaire à la fin de ce billet spécialement pour répondre à cette question.
M2 a augmenté d’environ +50% entre 2000 et 2007.
Si ça ce n’est pas une politique monétaire expansionniste, je me demande bien ce que c’est!
Au minarchiste,
Je voudrais juste préciser une chose. Vous dites que « le taux d’intérêt n’est pas le prix de l’argent, mais bien celui du crédit (i.e. les préférences temporelles de consommation). »
Pour Keynes le taux d’intérêt est en rapport avec la liquidité, l’argent disponible maintenant qu’en j’en ai besoin. Le prêteur ne veut pas se départir de son argent sonnant au cas où il en aurait besoin. Si le prêteur anticipe un besoin pour lui d’avoir des liquidités à sa disposition, son taux d’intérêt sera élevé. Cette préférence pour la liquidité n’est pas nécessairement lié à une consommation futur.
@Réjean
Vous dîtes:
« Le prêteur ne veut pas se départir de son argent sonnant au cas où il en aurait besoin. »
puis:
« Cette préférence pour la liquidité n’est pas nécessairement lié à une consommation futur. »
Quel pourrait bien être ce besoin si ce n’est pas de la consommation?
Ce pourrait être de l’investissement; dans ce cas je pourrais reformuler que le taux d’intérêt reflète les préférences temporelles de dépenses, soit de consommation, soit d’investissement en capital.
Peu importe, ça ne change rien au fait qu’en manipulant la monnaie, la banque centrale tente d’influencer les préférences temporelles. En amenant les taux d’intérêt à la baisse, elle incite les gens à s’endetter pour dépenser maintenant plutôt que plus tard. Ça créée un boum économique insoutenable. Lorsque ce boum s’estompe, c’est la récession. C’est ainsi que la politique monétaire, surtout celle à la Keynes, génère de violents cycles économiques….et de l’inflation…et de l’endettement.