« Where Keynes Went Wrong – and why world governements keep creating inflation, bubbles and busts », par Hunter Lewis, 2009, 339 pages.
Ce livre se veut une réfutation des théories de Keynes faite à la lumières des récents événements économiques. Malgré l’échec du keynesiannisme, notamment durant les années 1970s (ces politiques ayant mené à la Grande Inflation), les idées de Keynes sont revenues à la mode ces derniers temps, alors que plusieurs observateurs percevaient un risque que les États-Unis connaissent une période similaire à la Grande Dépression des années 1930s. Cela est dû à la fausse croyance selon laquelle les théories de Keynes ont mis fin à cette Grande Dépression (c’est plutôt la seconde guerre mondiale qui y a mis fin). De nos jours, les idées de Keynes sont enseignées dans les écoles comme si c’était de la science et elles sont utilisées par les politiciens pour justifier leurs dépenses monstreuses. Pourtant, au fil de ce livre, on se rend vite compte que Keynes n’était qu’un beau parleur sans substance.
Il y plusieurs choses à observer relativement à Keynes et à ses idées. Premièrement, il présente ses idées sans aucun support concret (données, études, exemples). Ses théories ne sont que des intuitions, voire des croyances. Il les présente de façon « opaque », sans préciser d’ordres de grandeur (par exemple, quel est supposé être le taux de chômage du plein emploi?). Deuxièmement, il a souvent changé d’idée durant sa vie (le livre présente plusieurs exemple de cela). Troisièmement, Keynes était un excellent orateur et débateur. Cela lui a permis de convaincre beaucoup de gens et d’obtenir beaucoup d’attention médiatique, de laquelle il raffolait au plus haut point. C’était par contre un piètre écrivain. Quatrièmement, Keynes se considérait comme faisant partie de « l’élite bourgeoise »; c’est sans doute pour cette raison qu’il rejettait le communisme (où tout le monde est égal). Par contre, Keynes a mentionné dans la préface de la version allemande de The General Theory (distribuée sous le régime Nazi) que ses idées seraient beaucoup plus faciles à appliquer sous un régime totalitaire (comme celui d’Hitler). Ça en dit long sur les fondements du keynesiannisme et les implications de cette idéologie pour la liberté des individus…
Les théories de Keynes plaisent aux politiciens, parce qu’elles leur permettent de dépenser à leur guise au nom de la stimulation économique et d’avoir l’air d’un héro lorsque la reprise économique finit par se pointer. Comme les politiciens adorent dépenser notre argent, il est normal qu’ils aient accordé autant d’importance à Keynes. Le keynesiannisme justifie l’existence de gros gouvernements financés par des taxes élévées et de l’inflation.
Ainsi, l’ouvrage de M. Lewis commence par nous présenter les théories de Keynes de façon structurée, dans ses propres mots (lorsque possible) et sans ajouter de commentaires. L’auteur fait cela pour être « juste » envers Keynes et pour ne pas influencer le lecteur. Il nous représente ensuite toutes les idées de Keynes en les réfutant habilement une par une.
Les thèmes discutés dans le livre sont les taux d’intérêts, l’épargne, la bourse, le rôle économique de l’État, les crises économiques (ce qui doit être fait pour en sortir), les libre-marchés et la mondialisation des échanges. À noter que le livre contient une section spéciale sur la crise financière que j’ai particulièrement appréciée. Il y a aussi une section intéressante sur les valeurs morales de Keynes. Le tout est suvi d’une conclusion sur les principaux éléments à retenir et sur le paradoxe central du keynesiannisme.
En somme, ce livre est un « must » pour ceux qui veulent vraiment savoir comment pensait Keynes sans avoir à lire l’entièreté de son oeuvre. Il permet de surtout de voir clair à travers ces théories fallacieuses qui sont tant utilisées par les gouvernements. Je le recommande fortement, même à ceux qui ont peu de connaissances en économie.
D’ailleurs, au cours des prochains jours, je présenterai sur ce blogue quelques réfutations des principales idées de Keynes. À suivre…
Il faudra définitivement que j’ajoute ce livre à ma bibliothèque.
Petit bémol dans le billet: La deuxième guerre mondiale n’a pas vraiment mis fin à la grande dépression. Elle a résolu le problème de chômage en transférant une bonne partie de la main d’œuvre au front et elle a gonflé le PIB avec les dépenses militaires, mais ça ne qualifie pas comme une véritable reprise économique. Ce n’est qu’en 1946, lorsque les gouvernement ont relâché leur emprise sur l’économie et abolis une partie des programmes de guerre et du New Deal que la véritable reprise a commencé.
Très bien le nouveau thème en passant…
@Philippe
Oui je suis d’accord concernant la guerre. Ce n’était pas une reprise économique comme telle, mais c’est quand même l’événement qui a marqué la fin de la Grande Dépression.
Je lis le blogue de Paul Krugman, un autre keynesien nobélisé, et c’est fascinant à quel point il adhère à cette religion qu’est le keynesiannisme. Comme la plupart des néo-keynesiens, il n’a probablement même pas lu les oeuvres originales de Keynes; tous comme la plupart des chrétiens n’ont jamais lu la bible dans son entièreté, mais seulement certains passages présélectionnés par l’Église.
Concernant le thème, je n’ai pas eu le choix, l’ancien ne fonctionnait plus. La colonne de droite était rendue complètement en bas plutôt que d’être alignée avec les billets.
En effet, mais je tenais quand même à faire la précision pour tous ceux qui, comme ce bouffon de Krugman, adhèrent à la fallacie que la guerre est bonne pour l’économie et qui croient dur comme fer que c’est effectivement la guerre qui a sauvé notre économie.
J’ai une grande difficulté à lire le blogue de Krugman à travers mes larmes de rire. C’est plutôt tragique par contre qu’il soit pris au sérieux par trop de gens. C’est un peu comme le prof Lauzon ici.
@Philippe
Je n’arrive plus à accéder à ton site. Est-ce qu’il y a un problème?
Pourtant j’y suis allé périodiquement toute la journée sans problèmes.
Ok ça fonctionne.
Je cherche des réfutations supplémentaires au multiplicateur keynésien que celles communément invoquées par les autrichiens, même si elles sont certes justes. Je me demandais si Lewis avait formulé une critique personnelle au multiplicateur.
Je suis tombé sur le livre de Hunter Lewis chez Gibert Jeune, l’autre jour, j’étais tellement surpris de l’y trouver que je l’ai acheté. Je ne l’ai pas encore lu de couverture à couverture, mais j’ai déjà regardé quelques passages, et notamment celui consacré au « multiplicateur ».
Lewis commence par faire remarquer que « It is a textbook example of the misuse of math to make what is uncertain appear certain » (p 214). « Nothing about this, however, is predictable, mechanical, or adaptable to a mathematical equation ».
Il fait ensuite la critique a priori suivante, reprise par le Minarchiste dans la partie IV de son dossier sur Keynes : « …if 100 % of funds are spent, the mathematical multiplier self-destructs by becoming infinite » (p 216). Comme je vous l’avais dit chez moi, je trouve que cette critique est assez faible dans la mesure où elle tend à faire croire que le « multiplicateur » ne cesserait de « fonctionner » que dans l’hypothèse peu réaliste d’une dépense totale.
Lewis enchaîne ensuite avec une partie intitulée « Is there any evidence for Keyne’s version of the multiplier? ». Il débute cette partie en écrivant « whether the Keynesian multiplier actually exits continues to be debated by economists. Economist George Reisman dismisses it as « totally fallacious » », avec cette référence « Capitalism, 888 ».
Il finit en évoquant des études empiriques.
Je trouve que sa critique du « multiplicateur » est bien inférieure à celle de Hazlitt, à la mémoire de qui le livre de Lewis est pourtant dédié.
Je viens juste de trouver ça sur conservapedia. J’en reviens pas…
http://www.conservapedia.com/John_Maynard_Keynes#Dishonesty_of_Keynes
Concerning his dishonesty Rothbard wrote:
“Keynes reviewed Ludwig von Mises’s German Treatise on Money and Credit in 1914, slandering it, but it later came out that he did not understand German! As Murray Rothbard notes, ‘This was Keynes to the hilt: to review a book in a language where he was incapable of grasping new ideas, and then to attack that book for not containing anything new, is the height of arrogance and irresponsibility.” [14]
J’avais lu ça dans Keynes, the Man de Rothbard.
Rothbard écrit aussi que Robert von Mises, le frère de Ludwig, aurait « détruit » le Traité des probabilités de Keynes. Je n’arrive pas trop à savoir si c’était ou non une vengeance…
Dans Keynes, the Man, Rothbard invoque aussi la possibilité d’un délit d’initié commis par Keynes durant son passage au ministère des finances anglais. En revanche, il ne dit mot de ses opérations sur l’or pendant la Grande dépression.
Le livre de Rothbard est très court (35 pages A4) et assez intéressant : http://mises.org/etexts/keynestheman.pdf
Merci pour ces précisions et références.
Pour ce que cela intéresserait, j’ai compilé les plus beaux trésors de la Théorie Générale de Keynes, révélé par Hazlitt, dans un récent post chez la Mises Community. Allez voir, même si c’est long à lire. Mais la Théorie Générale est une barre de rire. Ce n’est donc jamais trop long à lire. Ceux qui veulent y participer, ou ajouter quelques commentaires, ce ne sera pas de refus.
http://mises.org/Community/forums/p/29610/474744.aspx