À lire les médias financiers ces temps-ci, on se rend vite compte à quel point les gens craignent la déflation. Le keynesiannisme est si ancré dans les moeurs économiques de Wall-Street que personne n’ose se demander si cette menace ne serait pas illusoire.
Ce que la bible de Keynes nous dit c’est que lorsqu’il y a apparence de déflation, sous la forme d’une baisse des prix à la consommation, les gens retardent indéfiniement leurs achats puisqu’ils anticipent que les prix vont continuer de baisser. Cette baisse de la consommation crée une forme de marasme économique qu’il faudrait à tout prix éviter en créant de la monnaie et en générant de l’inflation.
La logique derrière ces actions est que si on réussit à créer de l’inflation, les volumes de ventes et les prix vont augmenter. Cette stimulation artificielle de la demande va faire en sorte que les entreprises verront leurs profits augmenter et pourraient investir dans leur capacité de production et embaucher de nouveaux employés. Ces nouveaux employés vont dépenser et aider à faire repartir la machine de la croissance économique.
Mais les choses fonctionnent-elles vraiment ainsi? De Décembre 1997 à Août 2009, le prix des ordinateurs personnels a baissé de 93% malgré une amélioration constante de la performance de ceux-ci. Les ventes d’ordinateurs ont-elles baissé pour autant, les acheteurs reportant leurs achats anticipant une continuelle baisse de prix? Évidemment que non! Les ventes ont explosé au cours de cette période.
Au contraire, la déflation permet à chacun des dollar que vous obtenez en échange de votre travail d’acheter davantage de biens; elle augmentent votre pouvoir d’achat. D’ailleurs, si la productivité des travailleurs augmente en raison d’une amélioration technologique, alors que la quantité de monnaie demeure inchangée, il en résultera de la déflation car plus de biens seront produits pour une même quantité de monnaie.
Lorsqu’une banque centrale crée de la monnaie, disons en achetant des titres de dette du gouvernement, elle vous subtilise une partie du pouvoir d’achat de votre argent et le remet au gouvernement pour qu’il dépense à sa guise. C’est d’ailleurs pour cette raison que les gouvernements adorent le keynesiannisme.
D’autre part, en voulant créer de l’inflation, la Federal Reserve est présentement en train de regonfler la bulle financière. Ce ne sont pas les prix à la consommation qui montent, mais les prix des actifs (bourse, immobilier, etc). Pas surprenant que Wall-Street aime aussi le keynesiannisme…
Les taux d’intérêts
Dans une économie libre, les taux d’intérêts sont en fait le prix de la monnaie. Ils représentent une information vitale pour les consommateurs et les producteurs concernant leurs préférences de consommation et leurs opportunités d’investissement. Ils coordonnent les investissements et, par le fait même, la production future, de façon à ce qu’elle corresponde aux préférences des consommateurs.
Lorsqu’une banque centrale manipule les taux d’intérêts par sa politique monétaire, elle brouille le signal de prix que ces taux envoient à l’économie. Les décisions de consommation et d’investissement deviennent déconnectées de la réalité, le mécanisme d’allocation des ressources du marché ne fonctionne plus correctement et l’économie se met à dérailler.
C’est ce qui s’est produit à l’aube de la crise financière que nous venons de traverser, et c’est aussi ce qui est à l’origine des cycles économiques en général (boom & bust). Le taux cible de la Federal Reserve est passé de 6.5% à la fin de 2000 à 1.0% vers la mi-2003. Il est resté à ce niveau durant presque un an. La banque centrale américaine a atteint cet objectif en innondant l’économie de nouvelle monnaie. Pendant que le taux d’épargne est tombé à un niveau presque nul, les investissements dans le secteur de l’immobilier résidentiel ont explosé, menant à la bulle qui a éclaté en 2007.
En réponse à cette situation et brandissant le spectre de la déflation, le remède utilisé par la Federal Reserve au niveau de sa politique monétaire a été de descendre son taux cible à 0.25%. Pour ce faire, elle crée de la monnaie à un rhytme jamais vu depuis la 2e guerre mondiale. Autrement dit, la Fed essaie de contrer les effets de l’éclatement de la bulle en tentant de la regonfler! Plutôt que de laisser les mécanismes du marché faire leur travail et remettre l’économie sur les rails, la Fed continue de perturber ces mécanismes et les empêche de fonctionner correctement.
C’est l’essence même du keynesiannisme d’utiliser la politique monétaire pour décourager l’épargne et générer de l’inflation. Et nous allons bientôt observer les conséquences inévitables des théories de Keynes, tout comme dans les années 1970s, i.e. l’hyper-inflation.
L’explication néo-keynesienne populaire veut que la Grande Inflation des années 70s a été causée par une spirale des salaires (les hausses de salaires augmentait les coûts des entreprises, lesquelles passaient ces hausses de coûts à leurs consommateurs en haussant les prix, ce qui faisait en sorte que les employés demandaint des augmentations de salaires pour contrer la hausse des prix, ainsi de suite).
Il ne peut en être ainsi puisque lorsque le prix d’un bien augmente, la population devra y consacrer une plus grosse partie de son revenu, ce qui laisse moins d’argent pour d’autres biens, ce qui fera baisser le prix de ces autres biens. Ainsi, il ne peut y avoir de hausse générale des prix que s’il y a une augmentation de la quantité de monnaie dans l’économie, laquelle permet à tous les prix d’augmenter.
À cette époque, le gouvernement et la Fed ayant embrassé le keynesiannisme, ceux-ci visaient un taux de chômage inférieur à 2%, et ce à n’importe quel prix. Pour ce faire, le gouvernement dépensait sans relâche avec de l’argent nouvellement créé par la Fed. Dans les années 1950s, qui furent très prospères en raison de l’après-guerre, la masse monétaire a augmenté de 23%. Durant les années 1960s, celle-ci a augmenté de 44%. Dans les années 1970s, elle a augmenté de 78%! C’est de là qu’est venue l’inflation. Et depuis 2000, la masse monétaire a augmenté de 78% et la décennie n’est même pas terminée; je vous laisse deviner la suite…
Et dire qu’on craint la déflation!
Très instructif. Plus ça va, plus vous devenez mon point de référence sur l’économie et le libre-marché. Je commençais à en avoir marre du Québécois LIbre et je crois avoir trouvé un endroit intéressant à visiter.
Vous dites: « De Décembre 1997 à Août 2009, le prix des ordinateurs personnels a baissé de 93% malgré une amélioration constante de la performance de ceux-ci. »
N’y a-t-il pas dans cette équation le fait que le prix descend parce que les coûts reliés à la R&D sont épongés dans les produits de première génération? Quel est l’impact de l’impartition « offshore » dans cette baisse de coûts? Et le volume? Et le « clônage »?
Merci.
@lutopium
La provenance de la baisse de prix n’est pas vraiment importante.
Mon point est que, selon Keynes, la déflation fait en sorte que les gens retardent leurs achats parce qu’ils anticipent que les baisses de prix vont se poursuivre, ce qui fait en sorte que les ventes s’écroulent.
Dans le cas des PCs, cette situation n’a pas été observée, tout comme dans la plupart des cas.
La déflation est une bonne nouvelle pour les citoyens; mais pas pour les banques et les gouvernements endettées! C’est pourquoi ceux-ci tentent de nous faire croire que c’est mauvais et qu’il faut à tout prix l’enrayer.
Merci encore pour le compliment.
@ Lutopium,
Je serais content si effectivement tu prenais ce site comme référence sur l’économie et le libre-marché. Peut-être que tu perdra un jour tes préjugés à ce sujet. Ce site est effectivement une bonne référence pour l’économie selon l’école autrichienne.
@minarchiste
Je me demande si vous pourriez faire un billet ou expliquer ici les différentes conséquences des décisions de la banque du canada. Aujourd’hui elle a annoncé qu’elle maintenait son taux à .25% ce qui a fait perdre du terrain au dollar. J’aimerais comprendre les actions qu’elle peut prendre pour nous entraîner dans la chute des États-Unis…
Je cherche aussi un site avec des nouvelles économiques pas trop teintées de keynésianisme. Je regarde beaucoup le site du canal argent de TVA, mais je trouve que leurs analyses sont vraiment keynésiennes. Je sais pas si bloomberg est meilleur ? Avez-vous des suggestions ?
@Maxime
Concernant le site que vous cherchez, je suggère le Mises Institute (voir mes favoris).
En ce qui a trait à la Banque du Canada, il n’y a pas encore d’inflation au Canada, donc elle peut se permettre de maintenir son taux directeur très bas pour aider les marchés financiers et les exportateurs.
Mais lorsque l’inflation se pointera le bout du nez, elle devra se mettre à augmenter son taux, comme l’a fait l’Australie. Le dollar canadien poursuivra donc sa hausse.
Comme elle n’imprime pas autant de nouvel argent au même rhytme que les États-Unis, le Canada n’entrera pas dans la spirale inflationniste qui attend les États-Unis au cours des prochaines années. Nous devrions donc mieux nous en tirer. De plus, l’appréciation de notre devise améliorera notre pouvoir d’achat.
J’espère que ça répond à votre question.
Est-ce que vous croyez que la bdc va augmenter son taux lorsque l’inflation va arriver ? Il n’y a rien qu’elle peut faire pour diminuer la valeur de notre monnaie pour suivre celui des US ? comme mettons tomber en hyper inflation. Parce qu’à lire les messages de la bdc, elle semble trouver ça très inquiétant que notre dollar devienne plus haut que celui des US…
Je cherche un site où il y a une section avec des nouvelles plus canadiennes qu’états-uniennes… Von mise je l’aime bien, mais leurs analyses sont plus axé sur les États-Unis…
@Maxime
En effet, la bdc est inquiète d’une appréciation rapide du dollar canadien, mais son objectif principal est de maintenir l’inflation entre 1% et 3%. Je ne pense pas qu’elle serait prête à concéder de l’inflation pour aider la devise.
As-tu vu le site Antagoniste.net? Le site de l’Institut Économique de Montréal?
Le problème n’est pas tant la déflation que la borne positive sur les taux d’intérết nominaux, et cette contrainte a d’autant plus de chances d’être gênante qu’il y a déflation.
La déflation ne serait pas un problème si on avait une croissance de x% garantie chaque année. On pourrait alors sans trop de risque le luxe d’une déflation de quelque pour cent. Et je suis bien d’accord que ce serait bien. Seulement, nous n’avons pas une croissance si régulière.
Enfin, qui dit déflation dit expansion du bilan de la banque centrale. Pas sûr que ce soit optimal…
@Fred
« qui dit déflation dit expansion du bilan de la banque centrale. Pas sûr que ce soit optimal… »
Pourriez-vous expliquer?
Lorsque la déflation est monétaire, les prêts sont remboursés et l’argent créé par le système bancaire disparaît.
« l’argent créé par le système bancaire disparaît. »: sauf celui créé par la banque centrale…
@Fred
Et puis? La masse monétaire diminue quand même.
Ensuite, la banque centrale pourrait renverser le quantitative easing et faire diminuer la taille de son bilan.