“Destined for War: Can America and China Escape Thucydides’s Trap?”, par Graham Allison.
Le projet du « Piège de Thucydide » mené par des chercheurs de Harvard dirigés par le professeur Graham Allison a analysé l’histoire des 500 dernières années, pour découvrir 16 cas où une nation dominante se voit délogée de son statut sur la scène mondiale par une nation émergente. Leurs recherches ont démontré que 12 de ces événements ont culminé en une guerre. L’auteur évalue que cette théorie pourrait s’appliquer aux États-Unis et à la Chine.
Thucydide fut un homme politique et historien athénien mort environ 400 ans avant J.-C. Il est l’auteur d’un ouvrage intitulé « La Guerre du Péloponnèse », qui fait le récit du conflit entre Athènes et Sparte qui se déroula à son époque.
Pour le piège se manifeste, il faut qu’une nation en émergence se mette à réclamer que son statut soit reconnu, que son importance soit considérée et qu’elle demande davantage d’influence sur la scène mondiale. De l’autre côté, la nation qui domine devient effrayée, méfiante et développe un sentiment d’insécurité, l’amenant à sur-réagir de manière à préserver le statut quo.
Le piège de Thucydide implique que des incidents relativement mineurs qui seraient normalement réglés à l’amiable, tel que l’assassinat d’un archiduc, puissent déclencher une cascade de réactions menant à un conflit majeur qu’aucune des parties ne souhaitaient initialement.
L’émergence de la nation athénienne et son développement économique, technologique et culturel a bouleversé les dirigeants de Sparte, qui était alors la nation dominante sur la péninsule du Péloponnèse. Plus elle se développa, plus Athènes se mit à réclamer davantage de respect de la part des autres nations et que certains accords soient révisé pour tenir compte de son importance grandissante.
Comme l’affirme Thucydide :
“ C’est la montée d’Athènes et la peur que cela a provoqué à Sparte qui a rendu la guerre inévitable. »
Le catalyseur fut un conflit entre Corinthe (un allié de Sparte) et Corfou (un allié d’Athènes). Lorsque Sparte est intervenue dans le conflit, Athènes n’a eu d’autre choix que de s’y impliquer, ce qui dégénéra en guerre entre les deux, qui fut gagnée par Sparte, mais laquelle en sorti très affaiblie.
L’une des réactions les plus irrationnelles face à une puissance émergente fut celle de la France face à la montée de l’Allemagne en 19e siècle. Bismarck souhaitait unir les principautés de l’Allemagne sous une seule bannière, mais celles-ci refusaient. Bismarck savait que la menace d’une guerre contre la France pourrait les inciter à s’unir pour mieux faire face l’ennemi, mais il fallait que la France soit perçue comme l’agresseur.
Pour provoquer la France, alors sous le règne de Napoléon III, Bismarck proposa de placer un prince Allemand sur le trône Espagnol. Bismarck savait que cela serait inacceptable pour la France et comme il l’anticipait, Napoléon III et son entourage ont paniqué et finit par déclarer la guerre à la Prusse. C’est une Allemagne unifiée qui remporta cette guerre, alors que Bismarck avait astucieusement joué ses cartes pour y arriver.
Article connexe: Napoléon le libéral? (1/2)
Cet épisode démontre que face à leur déclin ou du moins une perte d’importance, la puissance dominante peut en venir à prendre des risques démesurés. Dans ce cas, des peurs exagérées et l’inconfort face au changement ont provoqué une réaction désastreuse.
L’un des épisodes durant lesquels la guerre fut évité est l’émergence des États-Unis comme puissance mondiale. À la fin du 19e et début du 20e siècle, les États-Unis ont évincé l’Espagne de Cuba, confronté l’Allemagne au Venezuela, défié l’Angleterre concernant l’Alaska, ont provoqué la sécession du Panama de la Colombie (damant le pion à la France) et ont tenté de provoquer un coup d’État au Mexique (contre le gré du Royaume-Uni). Malgré cela, aucune guerre n’eut lieu entre la puissance en place (l’Empire Britannique) et la puissance émergente (les États-Unis). Il faut cependant noter que ces deux nations sont très proches ethniquement et culturellement.
Le cas de la Chine
La Chine deviendra éventuellement la puissance économique la plus dominante que le monde a connu, en vertu de la taille relative de sa population et de son économie. Grâce à sa croissance économique récente, la Chine a développé ses armées de manière fulgurante et commence à revendiquer la place qui lui revient sur l’échiquier politique mondial. La Chine perçoit que l’ordre mondial actuel est régit par des règles dictées par les États-Unis et les dirigeants ne vont pas tolérer cela indéfiniment.
On peut penser à ses revendications territoriales en mer de Chine méridionale, ainsi que ses vues concernant Hong Kong et Taiwan comme étant controversées sur la scène internationale. À ce niveau, la Chine est déjà en guerre froide avec les États-Unis. Puis il y a son projet de Nouvelle Route de la Soie, ses investissements dans de nombreux pays, notamment en infrastructures névralgiques, et la dispute au sujet de Huawei. Ces éléments pourraient devenir des catalyseurs d’un conflit entre les deux pays (comme le conflit Corinthe-Corfou ou encore l’assassinat de l’archiduc Franz Ferdinand).
Article connexe: Les Grandes Guerres Collectivistes du 20e siècle.
Depuis qu’il a accédé au pouvoir, Xi Jinping a consolidé le pouvoir politique, s’appropriant plus d’une douzaine de titres, incluant celui de commandant en chef de l’armée, un titre que même Mao n’a jamais détenu. Certains pourraient penser que la Chine n’oserait jamais s’attaquer à un pays qui dispose d’armes nucléaires. Pourtant, elle l’a fait par le passé lorsqu’elle est intervenue en Corée contre les États-Unis, avec succès, et lorsqu’elle a lancé une attaque préventive contre l’Union Soviétique en 1969, encore avec succès. Sous Mao, la Chine a déjà démontré qu’elle ne se laisserait pas intimider.
D’ailleurs, grâce à des développements technologiques récents, la Chine a pratiquement rendu les porte-avions américains inutiles car ceux-ci devrait rester très loin de la mer de Chine pour demeurer hors de portée des missiles chinois, au point où les F35 américains n’ont pas assez d’autonomie de carburant pour atteindre les côtes chinoises… En somme, il serait pratiquement impossible pour les États-Unis d’intervenir militairement dans les régions de Taiwan et/ou Hong Kong dans un conflit non-nucléaire contre la Chine.
Le piège est-il inévitable?
Lors d’une visite à Seattle en 2015, Xi Jingping lui-même fit la déclaration suivante;
« Le piège de Thucydide n’existe pas dans le monde. Cependant, si des pays importants commettent des erreurs de calculs stratégiques, ils pourraient eux-mêmes se créer un tel piège ».
Allison invoque quelques éléments qui pourraient permettre d’éviter un conflit entre la Chine et les États-Unis. Le premier est une collaboration auprès d’autorités supra-nationales. C’est ce qui a permis d’éviter une guerre entre le Portugal et l’Espagne au 15e siècle (à l’époque c’est le Vatican qui a chapeauté la relation entre les deux pays). C’est aussi ce qui a favorisé des relations paisibles entre l’Allemagne réunifiée et les autres pays d’Europe (grâce aux autorités supra-nationales que sont l’Union Européenne et la Zone Euro entre autres).
Ceci dit, concernant la Chine, il est difficile de voir cet élément. La Chine ne fait pas partie de l’OTAN, alors que les États-Unis se désengagent de l’OMC, de l’ONU et de la COP. Il appert que ces deux pays ne collaborent pas au niveau supra-national en ce moment, sauf peut-être pour ce qui est de contenir la Corée du Nord.
L’autre élément qui est plus substantiel est l’intégration économique entre les deux pays. Les États-Unis constituent le plus grand marché d’exportation pour la Chine et cette dernière est le plus gros détenteurs de titres de dette américains. Non seulement ces deux pays commercent des produits finis, mais aussi des composantes qui entrent dans la fabrication de produits, allant du iPhone d’Apple à un avion Boeing. Une guerre entre les deux pays aurait des conséquences désastreuses pour l’économie et le niveau de vie de chacun. De plus, la majorité des importations et exportations chinoises transitent sur des routes océaniques patrouillées et défendues par la marine américaine.
Entre les États-Unis et la Grande-Bretagne à la fin du 19e siècle, les dirigeants britanniques ont simplement réalisé que les coûts et risques à confronter les États-Unis ne valaient pas la chandelle et qu’il valait mieux faire des concessions. Cela est d’autant plus vrai à l’ère nucléaire, vu la crainte d’une destruction mutuelle assurée (aka « MAD ») agit comme un rempart face à la belligérance militaire, ce qui a certainement contribué à terminer la Guerre Froide sans conflit à grande échelle entre les États-Unis et l’URSS, malgré les conflits subalternes (Vietnam et Afghanistan entre autres).
Cela est un scénario très probable en ce qui concerne la relation États-Unis/Chine. La « MAD » pourrait presque avoir rendu Thucydide obsolète car les trois derniers exemples de l’auteur n’ont pas abouti à une guerre. Mais cela dépend de qui est au pouvoir. En ce sens, la combinaison Xi Jingping/Donald Trump est particulièrement inquiétante.
L’autre élément à considérer est la proximité culturelle, qui a certainement contribué à éviter la guerre dans le cas Espagne/Portugal, États-Unis/Royaume-Uni et peut-être même Allemagne/Europe. Dans le cas États-Unis/Chine, cette proximité n’est pas un facteur d’atténuation.
Article connexe: Trump le protectionniste.
Conclusion
En somme, j’ai trouvé ce livre suffisamment intéressant pour le recommander, mais j’ai trouvé que certains des exemples étaient tirés par les cheveux et que l’auteur tentait parfois d’appliquer sa théorie à trop de cas historiques. Il reconnaît lui-même que chaque cas est unique, mais croit que ces 16 exemples comportent suffisamment d’éléments pour cadrer dans sa vision du Piège de Thucydide. Espérons que le piège pourra être évité…
https://foreignpolicy.com/2017/06/09/the-thucydides-trap/
La Russie ne prend pas assez garde de son « cher voisin » y compris quant à l’immigration clandestine subreptice . . .
Le piège de Thucydide est peu probable concernant la Chine et les USA.
Pour deux raisons:
la structure économique a changé par rapport au passé. Les pays sont plus riches et économiquement beaucoup plus interdépendants.
La «paix kantienne»: une triade de démocratie, d’interdépendance économique et d’organisations internationales. Les démocraties ne se font pas la guerre, pas plus que les pays riches qui font du commerce et les organisations internationales contribuent à contenir les conflits. La paix kantienne est loin d’être une explication parfaite , mais elle correspond à beaucoup de faits. https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/j.1540-5907.2007.00269.x
(Les faibles revenus et la croissance économique lente est un excellent prédicateur de conflits).
Je sais bien que la Chine n’est pas une démocratie. Et les USA sont plutôt belliqueux pour un pays démocratique mais cela reste des pays riches avec une interdépendance économique. La Chine est membre de l’OMC, de la Banque mondiale, du FMI … et profondément liée aux systèmes commerciaux mondiaux.
De plus, les organisations internationales peuvent aider à réduire les conflits.
Les normes mondiales évoluent vers la paix: «le nationalisme, l’ambition territoriale, une culture internationale d’honneur et l’indifférence à ses coûts humains sont passés de mode» (Pinker)
Et il existe bien plus de coopération internationale que par le passé. Cela a été développé après 1945.
Pour moi l’un des facteurs les plus important derrière la propagation de la paix et des normes pacifiques: le siècle dernier a vu un changement spectaculaire des moteurs de la richesse nationale et mondiale. Avant, les moteurs de richesse s’étaient les ressources. Maintenant, c’est les technologies et les institutions.
Or énormément de guerres étaient menées pour contrôler les personnes ou les ressources: les deux idées sont devenues démodées. Ni les grandes populations annexées à contrecœur ni la dépendance aux ressources ne sont plus associées à la richesse et au pouvoir.
La Banque mondiale estime que le capital naturel représente 9% de la richesse planétaire. Les ressources ne sont plus égal au pouvoir (sauf dans les pays les plus pauvres, où le conflit restant est concentré)
Les nouvelles technologies rendent les ressources plus disponibles. Les réserves mondiales de pétrole étaient de 643 milliards de barils en 1980, elles sont aujourd’hui de 1 656 milliards de barils. Les transports progressent => le commerce mondial des ressources. Nous n’avons pas besoin de nous battre pour les approvisionnements locaux (charbon de la Ruhr, par exemple).
mentions
La Banque mondiale suggère que 64% de la richesse mondiale provient des institutions, des technologies, de l’éducation …
Selon Ross Levine, 90% de la différence de richesse / croissance entre les pays à long terme peut être expliquée par la «productivité totale des facteurs» – encore une fois la technologie, les idées et les institutions.
Lla technologie, les idées et les institutions ne sont pas rivales et non à somme nulle. Avance dans un pays => avance dans les autres. Et échange entre pays => paix.
Philip Potter trouve une «relation négative substantielle entre le transit international et les multiples mesures du conflit interétatique».
De plus, on peut douter que la Chine soit une nouvelle menace hégémonique mondiale. Les chinois ne sont pas intéressés par le fait de diriger le monde. Ils ne se mêlent pas de politiques quand ils font des affaires avec les autres pays. La seule chose qui les intéresse c’est leurs intérêts (économiques). Le reste ils s’en foutent.
Un article sur le sujet de pourquoi l’Amérique ne devrait pas paniquer à propos de son dernier challenger: https://www.foreignaffairs.com/articles/china/2019-12-06/new-china-scare
La Chine représente une menace régionale pour les pays voisins comme Taiwan ou le Japon avec ses revendications en mer de Chine et sur Taiwan. Mais au niveau mondiale, ce n’est pas une menace (militaire en tout cas).
Et ce qui rend pour moi impossible une guerre entre la Chine et les Etats Unis c’est tout simplement l’armement nucléaire. Ce sont deux puissances nucléaires pouvant mutuellement se détruire.
Le piège de Thucydide a été fait à une époque où il n’y avait pas un tel armement.
Je pense que les américains doivent se méfier des chinois mais une guerre est extrêmement improbable. Par contre, il y a d’autres points où le comportement chinois est problématique. Le fait que la Chine pille allègrement le savoir faire technologique des pays occidentaux, le fait que la plupart des grandes entreprises chinoises sont liés à l’état chinois. Il y a des raisons pour laquelle il est important de garder notre indépendance vis à vis de la Chine et de surveiller ce qu’ils font dans nos pays. Mais un conflit militaire est certes toujours possible mais extrêmement peu probable
« il y a d’autres points » il y a d’autres domaines
Ce n’est pas parce qu’un pays n’est pas une menace militaire que cela n’est pas une menace
La Chine et les USA sont dépendants économiquement l’un de l’autre. Donc une guerre même juste commerciale va leur nuire à tous les deux.
Cependant, même si cette interdépendance a augmenté les intérêts communs, il ne reste qu’il existe toujours des intérêts divergents où ils ont intérêts à agir pour éviter que l’autre pays nuise à leur intérêt.
Mais cette intervention peut difficilement se faire sur le plan militaire (le coût serait trop important et en plus, le résultat très incertain vu les bombes atomiques des deux pays)
Même les russes se font piller leurs savoirs et Putin commence à le comprendre, il est cependant coincé par son besoin de vendre son gaz à la Chine
La Russie est forcée dans une alliance avec la Chine par les Etats Unis. En dehors de ça, les deux nations ont peu d’intérêts en commun.
La Russie aurait bien plus intérêt à se lier avec l’europe et réciproquement. Mais tant que l’Europe léchera le fondement des américains cela n’arrivera pas.
A Perello,
Bah oui c’est les USA qui ont obligé la Russie à agresser la Géorgie, envahir l’Ukraine,…Quelle blague.
Les dirigeants russes sont anti occidentaux depuis le début. Ils ne supportent pas la chute de l’URSS. En quoi c’est de la faute des USA ???
Poutine ferait bien de régler les problèmes internes (situation économique mauvaise, infrastructures pourries, système de santé dans un état catastrophique,…) au lieu de vouloir à tout prix restaurer la grande puissance russe.
Au final, les perdants c’est le peuple russe.
L’Occident s’est montré d’une grand naïveté et d’une grande lâcheté face à la Russie.
Vous connaissez le PIB russe et le PIB américain ???? Comparez les deux. Et vous comprendrez pourquoi ce que vous dites est profondément stupide.
Economiquement, les USA sont bien plus intéressants.
Désolé mais moi contrairement à vous, je connais (un peu) la Russie. Et s’il y a une chose que je sais c’est qu’ils méprisent par dessus tout les faibles. Ils accordent une grande importance à la force. Seuls les puissants méritent le respect.
Est ce un hasard si Israel arrive à s’entendre avec la Russie malgré des intérêts parfois divergents ??
Car les russes savent que les israéliens plaisantent pas, ce sont pas des faibles.
Mais les européens sont vu comme faibles par les russes. Quand ils passent des pactes avec nous, ils hésiteront pas à les violer.
« La Russie aurait bien plus intérêt à se lier avec l’europe » La Russie n’a pas envie de se lier avec l’Europe.
A arnaudaron.
Vous faites preuve de suffisance alors que de toute évidence vous n’entendez rien à la géopolitique. Le monde ne tourne pas uniquement autour de l’économie.
Je n’affirmais nullement que les Etats-Unis avaient forcé la Russie a agir dans ces pays (c’est beau les hallucinations).
Même si à un niveau géopolitique c’est vrai pour l’Ukraine, en particulier pour le cas de la Crimée.
Pour le cas de la Géorgie, n’oubliez pas que ce sont les géorgiens qui ont rompu la trêve. Le soutien russe aux républiques séparatistes est certes loin d’être innocent.
S’il est vrai que les dirigeants russes sont anti occidentaux, n’oubliez pas que l’inverse est vrai de la part des USA envers la Chine et la Russie.
D’ailleurs, vous remarquerez que la plupart des « ennemis » des Etats Unis ont pour principal défaut de vouloir être des états souverains avec une politique étrangère indépendante de celle des USA.
Certes la plupart sont loin d’être démocrates, mais c’est aussi le cas de nombre de pays alliés des Etats Unis.
Les Etats Unis sont l’actuel hégémon, alors que la Russie et la Chine essayent d’établir un monde multipolaire. Même les guerres liées au pétrole, ont d’avantage vocation à maintenir l’hégémonie américaine que des intérêts économiques.
L’essentiel de la population russe est à l’ouest. De plus les russes ont ce que l’Europe manque et inversement. Les russes auraient bien besoin de l’expertise économique européenne, alors que les européens auraient besoin des matières premières russes et d’une armée puissante…. si les européens souhaitaient peser en tant qu’acteur important.
Certes les russes ne souhaitent pas s’allier avec l’Europe en l’état.
Car l’Europe est essentiellement une collection d’états vassaux des Etats Unis.
Et c’est d’ailleurs pour maintenir cet état de fait que les Etats Unis agitent le spectre de l’ogre russe.
Car si on regarde les destructions à l’échelle mondiale, le nombre de morts, ou la violation du droit international, la Russie est une vaste blague à côté des Etats Unis.
Contrairement à ce que vous affirmez, les russes font des efforts pour se lier à l’Europe. Gazoducs, la route de la Soie (certes la Russie investit peu), … D’ailleurs, une des plus grandes peurs des Etats Unis est justement un rapprochement entre l’Allemagne et la Russie.
« Est ce un hasard si Israel arrive à s’entendre avec la Russie malgré des intérêts parfois divergents ?? » En une phrase vous venez de démontrer votre ignorance totale au sujet de la Russie.
Isarel et la Russie conservent des relations cordiales, en raison de la forte minorité d’israéliens qui sont d’origine russe. C’est là, leur plus gros point d’union. C’est pour ça qu’ils se ménagent mutuellement, alors même que leurs intérêts s’opposent en Syrie, en Iraq et en Iran.
Vous êtes certes compétent en économie, mais renseignez vous un peu avant de dire que les gens sont stupides parce qu’ils ont un avis différent du votre sur un sujet que vous ne maîtrisez pas.
« Pour le cas de la Géorgie, n’oubliez pas que ce sont les géorgiens qui ont rompu la trêve » lol. Cela s’est la version des Russes. La réalité c’est que les séparatistes (sur ordre de Moscou) ont commencé à bombarder les villages géorgiens. Arrêtez de réécrire l’histoire.
« S’il est vrai que les dirigeants russes sont anti occidentaux, n’oubliez pas que l’inverse est vrai de la part des USA envers la Chine et la Russie » si c’est vrai qu’actuellement, les dirigeants américains sont devenus anti Russes. Ce n’était pas le cas dans les années 2000. Bush a tout fait pour s’allier aux russes considérant que le vrai ennemi s’était le terrorisme islamiste.
Et Obama au début aussi a tout fait pour se mettre dans la poche les dirigeants russes. Il ne faut pas oublier qu’il a été élu en partie pour sa promesse de cesser les guerres à l’étranger. Et qu’il a toujours considéré que la seule vraie menace c’était la Chine.
Mais lol. La haine anti occidentale des dirigeants russes concernent aussi les pays européens. Et c’est toujours le même stratagème. Ils négocient des accords puis dès que cela les arrangent violent ces accords pour essayer d’obtenir plus.
» D’ailleurs, une des plus grandes peurs des Etats Unis est justement un rapprochement entre l’Allemagne et la Russie » mais oui bien sûr c’est même pour cela que quand la presse a laissé fuiter le fait que l’administration Trump voulait retirer une grande partie des troupes américaines stationné en Allemagne, on a entendu les dirigeants allemands se scandaliser et faire lobbying pour empêcher cela.
Les allemands sont des faibles qui ont besoin de la protection Américaine. C’est surtout les allemands qui auraient à perdre en cas de fragilisation de l’alliance avec les USA.
« En une phrase vous venez de démontrer votre ignorance totale au sujet de la Russie.
Isarel et la Russie conservent des relations cordiales, en raison de la forte minorité d’israéliens qui sont d’origine russe » Ha vous croyez que je ne sais pas pour la grande communauté russe en Israël ???
Et même si cela peut jouer, il faut vraiment ne rien connaître à la situation russe pour sérieusement croire que Poutine est sympa avec Israël jusque parce qu’il y a bcp d’Israéliens d’origine russes. Non la réalité c’est que c’est lié à l’armée israélienne qui est forte et prête à agir. les russes savent qu’ils ne peuvent pas franchir la ligne rouge.
T’es au courant que même s’il y a bcp d’Israéliens d’origine russes, Israël a une très forte alliance militaire avec les USA (qu’ils n’auront jamais avec la Russie). D’ailleurs, la justice israélienne n’a pas hésité à extrader un hackeur russe aux usa.
T’es au courant que Bibi a lui-même vécu aux USA ?? Donc même d’un point de vue personnel, il est bien plus pro américain.
La Russie ne ménage pas les pays Baltes qui ont pourtant d’importantes minorités russes. Or, ces tensions des pays baltes avec la Russie nuisent clairement aux minorités russes. C’est pour cela que les partis russes sont systématiquement écartés lors de la formation du gouvernement en Estonie et en Lettonie c’est à cause du fait que ces partis sont favorables à Moscou qui a une attitude hostile à l’égard des pays baltes.
Désolé mais si la Russie se souciait tant des Russes à l’étranger, ils adopteraient une autre attitude à l’égard des pays baltes.
Pour les dirigeants russes, les minorités russes sont juste vus comme des vecteurs d’influence que la Russie peut utiliser. Exactement comme l’église orthodoxe russe.
Au final, les dirigeants russes se foutent pas mal si leur politique nuisent aux minorités russes à l’étranger.
« avis différent du votre sur un sujet que vous ne maîtrisez pas » bah justement je connais très bien le sujet
Regardez le PIB russe et le PIB américain.
Le PIB est plus au moins dans le même ordre de grandeur que le PIB italien.
Il y a bien plus d’échanges économiques entre les usa et l’Europe que d’échanges entre Russie et Europe, cela est dû fait que les USA sont une bien plus grande économie que l’économie russe.
« Car si on regarde les destructions à l’échelle mondiale, le nombre de morts, ou la violation du droit international, la Russie est une vaste blague à côté des Etats Unis » lol les usa n’étaient pas des enfants de cœur mais il va falloir se renseigner sur ce qu’a fait l’URSS lors de la guerre froide.
« Les russes auraient bien besoin de l’expertise économique européenne » comme si le savoir était détenu par les européens. Et les institutions internationales comme le FMI ou la banque mondiale, bien que critiquable ont justement été créé pour apporter l’aide que vous décrivez. Donc ils n’ont absolument pas besoin des européens.
Il y a des institutions internationales pour cela.
Et de toute façon les dirigeants russes ne veulent pas de ces réformes qui nuiraient à leurs intérêts économiques. Oui car développer la Russie passe par développer l’état de droit, supprimer le régime oligarchique et mettre fin à la corruption.
C’est marrant mais les réformateurs qui proposent cela en Russie ont tendance à finir emprisonné.
Poutine règne depuis près de 20 ans croyez moi que s’il avait voulu faire les réformes qu’il fallait pour développer son pays il l’aurait déjà fait depuis longtemps
La Chine la Russie n’ont pas juste une volonté d’indépendance mais également une volonté impérialiste.
Il est vrai que la Chine il s’agit avant tout d’un impérialisme subtil (notamment économique) comme en Afrique mais également un impérialisme territoriale concernant la mer de Chine et Taiwan.
Vous croyez réellement que la Russie a envahie une partie de l’Ukraine pour être indépendante ??
Les premiers textes officiels russes décrivant l’Occident comme un adversaire datent de 2003. L’Europe a commencé à s’énerver contre Moscou en 2015 (même s’il est vrai que l’on observe un changement de doctrine dans les textes officiels américains après la guerre entre la Russie et la Géorgie).
Je parle notamment de:
Aktoual’nye zadatchi razvitiia vooroujennykh sil Rossiïskoï Federatsii [Les tâches prioritaires du développement des forces armées de la Fédération de Russie], Ministère de la défense, octobre 2003.
Pour Poutine, cela sera plus graduel: 2006, 2008, 2012…
Il faut noter que Poutine encore en 2004 affirmait qu’il n’avait pas de problème à l’entrée de nouveaux membres de l’OTAN.
(P.S Et non les américains n’ont jamais promis aux russes de ne pas étendre l’OTAN à l’Est: Gorbatchev lui même a dit qu’il n’y a pas eu de discussion sur l’expansion de l’OTAN.LA question abordée a été: s’assurer qu’il n’y aurait pas de forces armées supplémentaires de l’OTAN déployées sur l’ancien territoire de la RDA après la réunification alllemande https://www.rbth.com/international/2014/10/16/mikhail_gorbachev_i_am_against_all_walls_40673.html
(Et pour approfondir le sujet, il y a le papier de Marc Kramer, « The Myth of a No-NATO-Enlargement Pledge to Russia » ,CSIS, April 2009, pp. 39-61.
Il se trouve ici: https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/01636600902773248 )
Un papier que vous devriez lire: https://www.cambridge.org/core/journals/european-journal-of-international-security/article/reconsidering-nato-expansion-a-counterfactual-analysis-of-russia-and-the-west-in-the-1990s/356448EA9D5C63C53BE1EC6B33FE470A
Un article à lire: https://www.areion24.news/2018/10/06/lotan-et-la-russie-aux-sources-des-tensions/
(P.S sur les israéliens d’origine russes, les sondages montrent qu’ils ne sont pas spécialement pro Poutine. Les juifs ont été victimes d’antisémitisme par le pouvoir russe de l’époque tsariste à l’époque communiste: résultat bon nombre d’entre eux se méfient de l’Etat russe. D’ailleurs, ceux qui n’ont pas immigré en Israel ont immigré aux USA. Bref, on est loin d’une situation où Israel devrait tenir compte de sa population d’origine russe).
A lire: https://web.archive.org/web/20220301235541/https://desk-russie.eu/2022/02/25/lotan-et-la-russie.html
Baker le secrétaire d’état américain n’a pas le pouvoir de faire des promesses qui engagent les USA. Et il s’adressait à l’URSS, pas à la Russie.
Je renvoie vers les travaux de Mary Élise Sarotte, qui a beaucoup écrit sur ce sujet. Pour résumé sa conclusion: il n’y a pas eu de promesse de non extension de l’OTAN à l’Est fait à la Russie (mais des discussions et des acteurs qui ont interprété les paroles des uns et des autres de manière particulière). En revanche, il y a bien eu une promesse écrite de la Russie à l’Ukraine en 1994 : en échange de la rétrocession des armes nucléaires sur le sol ukrainien, la Russie s’engageait à préserver son intégrité territoriale.
Les parties semblaient avoir des conceptions différentes de « l’élargissement de l’OTAN » lors des délibérations. Plus précisément, est-ce que « l’expansion de l’OTAN » signifiait « l’adhésion à l’OTAN » (c’est-à-dire qui pourrait être DANS l’alliance) ou la « présence de l’OTAN » (c’est-à-dire où les ressources de l’OTAN pourraient être situées) ?
De plus, ces conceptions n’étaient pas systématiquement partagées par les deux parties. Cette incohérence interne est probablement due à des changements de direction et de personnel (alternance politique aux USA- et au fait que l’un des partis ait complètement changé en tant qu’unité politique et peut-être même à cause d’un des dirigeants ayant un problème d’alcool.
De toute facon ce débat est un peu ridicule car il n’y a jamais eu de promesse écrite. En effet, le seul moyen de s’assurer qu’un état respecte sa promesse c’est de faire un traité écrit.
Quand le président américain fait une promesse cela ne l’engage que lui, cela n’engage pas les USA. Imaginons qu’un président républicain promette oralement X à un pays, il serait idiot de s’attendre à ce que le président suivant, un démocrate respecte cette promesse. Dans un pays démocratique, les pouvoirs du président ne sont pas absolus. Or, si vous considérez que toute promesse orale faite par l’exécutif doit être tenu, cela octroie un pouvoir énorme à l’exécutif. Ce n’est pas pour rien si la procédure dans les pays démocraties c’est de faire ratifier le traité par le parlement. Car il faut respecter un équilibre des pouvoirs.
Les Etats d’Europe de l’Est veulent échapper à l’impérialisme russe mais pour vous, le problème c’est l’agressivité de l’OTAN LOL.
Ce sont les pays d’Europe de l’Est qui font du forcing pour entrer dans l’OTAN:
https://web.archive.org/web/20220228115653/https://threadreaderapp.com/thread/1497186496574812161.html
Voici une question simple : si l’Ukraine avait rejoint l’OTAN en 1999, la Russie aurait-elle envahi l’Ukraine ? Si la réponse est non, la seule conclusion logique est que l’expansion de l’OTAN rend moins probable un conflit militaire en Europe.
L’expansion de l’OTAN n’est pas le moteur de la politique russe ; La politique russe est le moteur de l’expansion de l’OTAN. Voici une liste partielle des facteurs que la Russie a utilisés pour justifier son hostilité avant l’expansion de l’OTAN :
– traitement des Russes de souche
– statut de la langue russe
– destruction de statues de l’ère soviétique
– Les frontières héritées de l’URSS étant illégitimes
– représailles pour le bombardement de la Yougoslavie
La Russie voulait dominer sa région. Elle n’avait pas besoin de l’excuse de l’élargissement de l’OTAN pour poursuivre cette stratégie. Il a toujours trouvé une excuse. Ce que l’expansion de l’OTAN a fait, c’est en fait réduire le nombre de points chauds en Europe centrale et donc diminuer les chances d’une guerre OTAN-Russie.
Quelle est la probabilité que la Russie envahisse l’Estonie aujourd’hui ?
Cette probabilité serait-elle différente si l’Estonie ne faisait pas partie de l’OTAN ? Et c’est pourquoi l’OTAN s’est étendue vers l’Est. Si nous assistons à une tragédie en Ukraine et si nous nous inquiétons d’une guerre entre l’OTAN et la Russie, ce n’est pas parce que l’OTAN s’est trop élargie, mais parce qu’elle s’est trop peu élargie. Avec moins de cibles pour l’agression russe, il y aurait beaucoup moins d’antagonisme entre la Russie et l’OTAN aujourd’hui. Regardez les relations de l’UE avec la Serbie. Tant que la Serbie avait la capacité de réviser militairement ses frontières, elle a succombé à cette tentation et est devenue un État paria. Une fois l’option militaire supprimée, les relations se sont considérablement améliorées. Je suis sûr que beaucoup de nationalistes serbes ne seraient pas d’accord avec mon affirmation selon laquelle la Serbie est mieux sans le Kosovo et la moitié de la Bosnie. Mais on ne peut nier le fait que la Serbie est plus pacifique et plus prospère qu’elle ne le serait si elle insistait pour continuer sur une voie militariste. Les gens surestiment vraiment à quel point la politique étrangère est guidée par des théories et des doctrines complexes et à quel point est simplement une réponse aux événements quotidiens. Si vous réduisez le nombre de domaines potentiels de désaccord, vous réduisez l’antagonisme et donc les risques de guerre.
En Ukraine, seule une petite minorité soutenait l’adhésion à l’OTAN il y a dix ans ; aujourd’hui, après des années de conflit et de pertes territoriales provoquées par la Russie, une nette majorité le fait. Traditionnellement, l’alternative privilégiée par les opposants à l’OTAN a été la «finlandisation», dans laquelle les petits États acceptent un rôle neutre dans la politique des grandes puissances en échange de garanties de souveraineté et de non-ingérence interne. Grâce aux actions de Poutine, cette option est en train de s’évaporer : la Finlande elle-même soutient désormais des sanctions radicales contre la Russie et s’est jointe à d’autres États européens pour envoyer des cargaisons militaires à l’Ukraine.
Donc, si la principale motivation de Poutine est de résister à l’expansionnisme intransigeant de l’OTAN, pourquoi s’est-il comporté d’une manière qui garantit que ses voisins le verront comme une menace croissante pour la sécurité ? Ses propres discours et écrits offrent une réponse à cette question. Pour Poutine, résister à l’OTAN est en fait secondaire par rapport à l’objectif plus large de réunir les Russes, les Biélorusses et les Ukrainiens sous la domination russe – ou, à défaut, de s’assurer au moins que les russophones de l’ex-Union soviétique sont soit dans un bloc d’alliance sécurisé avec la Russie (comme dans le cas de la Biélorussie et du Kazakhstan, qui comptent d’importantes populations russophones) ou sont directement gouvernés par elle. Poutine considère que l’État russe et l’identité nationale et linguistique russe sont inextricablement liés, et il est prêt à verser le sang russe et ukrainien pour protéger cette vision nationaliste. Il semble également croire que le temps presse – les jeunes générations du monde post-soviétique sont moins susceptibles de voir les frontières politiques de la région comme un problème à régler. D’où l’urgence désespérée et fatale des mouvements de Poutine en 2013-2014 et à nouveau en 2022.
Cela explique le vitriol particulier de Poutine envers l’Ukraine – pas seulement son gouvernement pro-occidental, mais la nature de l’État ukrainien lui-même, qu’il considère comme artificiellement construit par Lénine dans les années 1920. Poutine ne nie pas l’existence d’une identité ou d’un mouvement national ukrainien avant la Révolution ; au lieu de cela, ce à quoi il s’oppose, c’est la prédilection soviétique pour rattacher des régions principalement russophones comme la Crimée, le Donbass et Kharkiv à une république qu’il considère comme vulnérable au contrôle des Ukrainiens nationalistes qui rejettent la portée impériale de la Russie.
Poutine décrit ses objectifs en Ukraine comme « la démilitarisation et la dénazification », mais les implications pratiques de cela restent floues. Un essaipar le chroniqueur Petr Akopov publié brièvement sur le site de l’agence de presse officielle, RIA Novosti, puis immédiatement rétracté – ayant apparemment été rédigé en prévision d’une victoire rapide – donne un aperçu de ce que ces objectifs pourraient impliquer. La question de la sécurité nationale, soutient-il, n’a qu’une « importance secondaire ». Plus significatif est de résoudre le « complexe d’un peuple divisé, le complexe de l’humiliation nationale » en réunissant la Russie à l’Ukraine. Si Poutine n’avait pas pris de mesures décisives, affirme-t-il, « le retour de l’Ukraine » serait devenu plus difficile au fil des décennies. L’essai montre que la Russie ne se contentera pas de quelques annexions dans le Donbass – l’objectif est de « reconstruire, rétablir et ramener [l’Ukraine] à son état naturel en tant que partie du monde russe. » Bien que l’essai affirme que « cela ne signifiera pas la liquidation de son statut d’État », cette formule implique clairement la création d’un satellite loyal en Ukraine contre la volonté de sa population. Loin d’empêcher une nouvelle guerre froide, une telle démarche la garantirait.
Une raison de douter de ce piège de thucydide c’est qu’il ne prend pas suffisamment en compte la notion chinoise du pouvoir qui diffère de la version occidentale. https://medium.com/@tsangshu.singapore/the-monopoly-of-legitimate-benevolence-549f778515cc
Un autre article intéressant sur la civilisation chinoise :
https://newcriterion.com/issues/2021/11/the-specter-of-chinese-civilization