La première guerre mondiale (PGM) fut le point tournant du 20e siècle car si elle n’avait pas eu lieu, les Prussiens seraient restés au pouvoir en Allemagne, Hitler n’aurait pas autant réalisé de gains politiques au Reichstag et n’aurait donc pas pu rallier le peuple derrière sa campagne militaire qui mena à la deuxième guerre mondiale (DGM). Suite à la PGM, l’armée russe était largement affaiblie, ce qui facilita la révolution communiste de Lénine et l’implantation de son régime meurtrier. C’est donc la PGM qui a mené à l’apparition des deux régimes étatiques les plus terribles du 20e siècle : le National-Socialisme et le Communisme.
Comme ce sont les gagnants qui ont le loisir d’écrire l’histoire, il n’est pas surprenant que l’Allemagne y figure comme la grande responsable de la PGM. Pourtant, les faits ne collent pas avec ce scénario. Au 19e siècle, l’Allemagne bénéficiait d’un traité défensif avec la Russie, l’Autriche et l’Italie, établi par le chancelier Bismarck. Cependant, en 1890, lors de l’accession au trône de Guillaume II, l’entente avec la Russie expira et ne fut pas renouvelée. Il n’en resta que la Triple Alliance (Allemagne, Autriche, Italie). La France s’empressa alors de conclure un traité militaire avec la Russie, en 1894. Puis, en 1907, le duo fut rejoint par l’Angleterre pour former la Triple entente. Notez cependant que l’Entente Cordiale entre la France et l’Angleterre demeura secrète et ne fut pas approuvée par le Parlement Britannique.
C’est au sein de l’empire Austro-hongrois que le conflit a réellement débuté. En juin 1903, des officiers militaires Serbes ont assassiné leur roi et reine (qui étaient pro-Autriche) dans leur palais et ont jeté leurs cadavres par la fenêtre, avant de massacrer leurs relations royales, leurs ministres et la garde du palais. La junte militaire qui a pris le pouvoir devint alors anti-Autriche, pro-Russie et « pan-Slaviste ». Leur objectif était de former un grand royaume de Serbie englobant tous les slaves du sud (Yougoslavie), incluant les sujets Serbes cloîtrés en Autriche, qui montraient davantage d’allégeance à cette nation qu’à la dynastie des Habsbourg.
Curieusement, c’est la France qui a parti le bal d’incident diplomatiques lorsqu’elle pris possession du Maroc, ce qui incita l’Italie à s’emparer de la Lybie, qui était contrôlée par les Ottomans à l’époque. La Ligue des Balkans (Serbie, Monténégro, Bulgarie et Grèce) saisit donc l’occasion de déclarer la guerre à la Turquie en 1912. Les pays de cette ligue se sont alors partagés les gains, ce qui fit en sorte que la Serbie en sorti avec un territoire plus grand et une verve nationaliste (applaudie et encouragée par la Russie). Pendant ce temps, l’Autriche s’inquiétait de l’expansion serbe soutenue par les Russes.
Franz Ferdinand, l’héritier du trône de l’Empereur d’Autriche Franz Joseph, était bien inquiet de la montée du nationalisme serbe. Il en était d’ailleurs à évaluer des réformes potentielles visant à atténuer les conflits ethniques au sein de l’empire, ce qui aurait nuit au projet d’annexion des Slaves d’Autriche à la Serbie. C’est pour cette raison que Ferdinand devint une cible pour les nationalistes Serbes. Suite à l’assassinat de Ferdinand à Sarajevo, un affront direct aux Habsbourg, ces derniers livrèrent un ultimatum à la Serbie, qui dégénéra en attaque. Ainsi, le 28 juillet 1914, l’Autriche déclara la guerre à la Serbie.
Les Autrichiens croyaient qu’une action vigoureuse contre la Serbie accompagnée d’un support de l’Allemagne allait convaincre la Russie de ne pas s’immiscer dans le conflit. Pendant ce temps, les Russes avaient le feu vert de leur alliée, la France, pour supporter les Serbes et attaquer l’Autriche, et croyaient qu’une démonstration de force contre l’Autriche inciterait les Allemands à rester à l’écart. Ces deux hypothèses s’avérèrent fausses. On pourrait donc dire que les instigateurs de la PGM sont en fait l’Autriche, la Serbie et la Russie (dans l’ordre de votre choix). On pourrait même dire que la France est plus responsable que l’Allemagne, puisque sans son soutien à la Russie, le conflit aurait pu être limité à l’Autriche et la Serbie (mais sans le soutien de l’Allemagne, l’Autriche aurait-elle attaqué la Serbie quand même?). En fait, pour plusieurs historiens, le conflit tire son origine du désir de la Russie d’affaiblir l’empire Austro-Hongrois. La suite des événements n’est qu’une malheureuse chute de dominos diplomatiques.
Pourquoi autant d’agressivité et de hargne de la part de la France? Simplement parce qu’elle cherchait une manière de se venger de l’Allemagne suite à l’humiliation qu’elle lui fit subir durant la guerre franco-prussienne du 19e siècle; après 400 ans de belligérances françaises à travers le monde.
Face à la mobilisation Russe, les Allemands activèrent le plan Schlieffen; c’est-à-dire une déclaration de guerre d’abord à la France, puis à son alliée la Russie, qui prendrait plus de temps à mobiliser ses troupes. Pour ce faire, l’Allemagne devait enfreindre la neutralité de la Belgique, ce qui allait donner un prétexte à l’Angleterre de se joindre au conflit, en vertu du Traité de Londres de 1839. Les leaders britanniques friand de guerre ne voulaient certainement pas être laissés en reste devant la montée des conflits sur le continent. La violation de ce traité était certes déplorable, mais n’allait pas sans rappeler la prise du port de Copenhague par ces mêmes Britanniques en 1807, suivie du bombardement de la ville, alors que le Danemark n’était pas en guerre contre l’Angleterre et était neutre durant les guerres napoléoniennes. Ce fut un point tournant puisque sans l’implication de l’Angleterre, les États-Unis n’auraient pas participé à la PGM par la suite.
Les Britanniques ont alors mis en place un blocus qui en vint à être surnommé le « blocus de la famine », car celui-ci restreignait les importations de nourriture en Allemagne. Cette tactique était alors illégale en vertu des traités internationaux en vigueur. Environ 750,000 civils Allemands sont morts de faim ou de maladies reliées à la famine en raison de ce blocus. Les jeunes qui ont survécu sont devenus, une décennie plus tard, les plus fervent adhérents au nazisme. Ce blocus se poursuivit même après la fin de la guerre, jusqu’en mars 1919, pour forcer les Allemands à signer le traité de Versailles.
De l’autre côté de l’Atlantique, le président anglophile Woodrow Wilson avait bien du mal à se retenir d’envoyer les troupes américaines en Europe. Contrairement ce que nous avons récemment observé (Bush vs Irak et Obama vs Syrie), le Congrès était alors apte à bloquer les déclarations de guerre du président. Il fallait donc un prétexte à Wilson pour rejoindre le conflit. En mettant des armes et des munitions sur des navires de croisières transportant des américains, en les enregistrant sur la flotte militaire et en leur ordonnant de couler les U-boats qu’ils rencontraient, il les rendait délibérément vulnérables à une attaque de U-boat allemand. C’est ce qui arrivé au Lusitania, un navire de croisière britannique qui voguait de New York à Liverpool, coulé par un sous-marin causant la mort de 1,195 personnes, dont 128 américains. Les Allemands étaient d’ailleurs plus agressifs à ce moment, en réponse au blocus de la famine illégal mentionné plus haut.
Puis, suite à ce qu’un télégramme soit intercepté, lequel faisait état d’une alliance potentielle entre l’Allemagne et le Mexique, Wilson obtint la permission d’armer les navires marchands américains, ce qui résultat évidemment à ce que ceux-ci soient attaqués par les Allemands. Cela allait fournir suffisamment d’excuses aux américains pour déclarer la guerre à l’Allemagne, ce qui entraina la mort de 130,000 soldats américains, 35,000 invalides et des coûts de $33.5 milliards plus $13 milliards en prestations d’invalidité et en intérêts sur la dette de guerre en dollars de 1931.
La fin de la PGM a été si mal ficelée qu’elle a mis la table pour la DGM, qui ne fut en fait que la suite de la première. Le Traité de Versailles fut très punitif envers l’Allemagne, que l’on qualifiait de seule responsable de la DGM! Outre la démilitarisation, on lui imposait d’importantes réparations à la France et à la Belgique, de l’ordre de 132 milliards de mark-ors. Ces sommes allaient contribuer à la misère subie par le peuple Allemand au cours des années 1920s et 1930s.
Woodrow Wilson avait promis que « l’auto-détermination » servirait de rempart à la réorganisation de l’Europe, mais les Alliés n’étaient pas prêt à faire des concessions pour qu’il en soit ainsi. La nouvelle frontière de l’Italie englobait environ 250,000 Allemands du Tyrol du Sud. La ville Allemande de Memel fut attribuée à la Lituanie et Danzig à la Pologne, ce qui affecta 1.5 millions d’Allemands. La région de la Sarre fut attribuée à la France, tout comme l’Alsace-Lorraine, où il ne restait que très peu de Français. Le territoire Sudète, peuplé d’Allemands depuis le Moyen-Âge, alla à la Tchécoslovaquie; on leur refusa clairement l’auto-détermination. Au total, 13.5 millions d’Allemands furent séparés de leur mère-patrie. Puis, en 1923, la France allait occuper la région Allemande du Ruhr, sous prétexte que les paiements de réparation étaient en retard, ce que l’Angleterre et l’Italie niaient. Ce n’était en fait qu’un acte de vengeance. Il à noter aussi que l’Allemagne a perdu toutes ses colonies en Afrique, qui furent réparties aux pays Alliés.
Tous ces actes allaient engendrer énormément de frustration du côté du peuple Allemand et semer les germes de la montée du National-Socialisme et de la DGM, qui débuta par la reconquête de tous ces territoires par Hitler, aidant à forger son image de héros libérateur. Ceci dit, la conséquence la plus grave de la PGM fut certainement l’établissement d’un régime totalitaire bolchevique en Russie. Ce régime allait être encore plus meurtrier que les Nazis allaient l’être : 20 millions de morts furent attribués seulement au régime de Staline.
Winston Churchill : héros ou criminel?
Pour plusieurs historiens et journalistes, Winston Churchill est « l’homme du 20e siècle ». Il est ni plus ni moins dépeint comme un héros. Est-ce justifié? Il y a plusieurs choses, dont certaines très graves, voire criminelles, que l’ont pourrait reprocher à Churchill.
L’admiration profonde que portait Churchill pour Benito Mussolini résidait dans sont appréciation de la capacité de ce dernier à trouver « l’antidote nécessaire au poison communiste », c’est-à-dire le fascisme. En 1941, Churchill changea d’avis sur le communisme et accorda son support inconditionnel à Staline, l’accueillit en allié et l’embrassa comme un ami (Uncle Joe). Tout comme Churchill, Roosevelt aimait bien Staline, qu’il considérait comme un camarade progressiste et un collaborateur d’une valeur inestimable.
Churchill était un fervent amateur de guerres. Pour lui, les années sans guerres ne lui offraient rien que « les ciels fades de la paix et de la platitude ». C’est un euphémisme d’affirmer que Churchill souhaitait la guerre. Par ailleurs, au cours de sa carrière, les lois et conventions internationales dont le but est de limiter les horreurs de la guerre n’ont rien voulu dire pour lui. Roosevelt aussi avait hâte d’impliquer son pays dans la DGM. Le 10 juin 1939, lors d’une visite du roi George VI et de la reine Elizabeth aux États-Unis, Roosevelt lui a secrètement promis le support des américains en cas de guerre. En août 1941, Roosevelt affirma à Churchill qu’il recherchait activement, voire même qu’il tenterait de provoquer, un incident qui justifierait le déclenchement des hostilités envers l’Allemagne nazie. Cependant, Hitler prenait grand soin à ne pas provoquer les Américains, pour qu’ils restent hors des hostilités. Ce sont finalement les Japonais qui ont amenés les États-Unis dans la DGM à Pearl Harbor.
C’est Churchill qui fut à l’origine du blocus de la famine mentionné plus haut, qui eu une grande importance à amener les États-Unis dans la PGM ainsi qu’à engendrer du ressentiment chez les survivants Allemands, lequel allait aider le nazisme à rallier plus de gens. Pour Churchill, tel que déclaré dans ses mémoires, entraîner les pays neutres dans les hostilités est une stratégie importante dans une guerre.
C’est aussi Winston Churchill qui est à l’origine du retour de la livre sterling au même taux de conversion en or en 1922, qui ruina l’économie britannique et qui, de fil en aiguille, mena à la crise financière mondiale de 1929 qui dégénéra en Grande Dépression (voir ceci). Il ne va pas sans dire que cette récession infligea encore plus de souffrance au peuple allemand, augmentant encore plus son ressentiment et sa soif de vengeance.
L’Angleterre fut le premier pays à déployer un système intégré de radar aérien, qui joua un rôle crucial dans la défense de Londres et dans la victoire des Alliés durant la DGM. Pourtant, Churchill s’était farouchement opposé à cette initiative alors qu’il était dans le parti d’opposition durant les années 1930s.
C’est aussi Churchill qui a ordonné la destruction de la flotte française durant le régime de Vichy près des côtes algériennes, tuant environ 1,500 marins français. Pourtant, la France avait promis de détruire les navires avant qu’ils ne tombent aux mains des Allemands (ce qu’elle a d’ailleurs fait avec le reste de sa flotte).
Le plus grand crime de guerre relié à Churchill est certes le bombardement des villes Allemandes qui ont tué environ 600,000 civils et en ont blessé environ 800,000. La guerre était presque terminée et les villes Allemandes étaient remplies de réfugiés en détresse qui tentaient de fuir l’avancée de l’Armée Rouge. Celui de Dresde fut particulièrement destructeur. Du 13 au 15 février 1945, 650,000 bombes incendiaires d’un poids total de 7,000 tonnes sont tombées sur la ville, tuant 250,000 personnes.
Churchill a aussi approuvé le leader Tchech Édouard Benes pour le massacre de 2 millions d’Allemands en Bohême et en Moravie. Lui et Roosevelt ont approuvé l’utilisation de 500,000 civils Allemands de Roumanie comme esclaves dans les mines de charbons après leur déportation en Russie.
Vers la fin de la DGM, les Allemands cherchaient une manière de terminer la guerre avant que l’Armée Rouge n’envahisse l’Europe centrale, mais tout ce que Churchill et Roosevelt voulaient entendre était une reddition inconditionnelle. Pour les Allemands, cela voulait dire le Plan Morgenthau, supporté par Roosevelt et finalement par Churchill, qui signifiait la désindustrialisation complète de l’Allemagne et sa transformation en un pays agraire. Il est évident que cela a convaincu les Allemands d’aller jusqu’au bout (cette image fut d’ailleurs utilisée par Goebbels dans sa propagande pour remonter le moral des troupes). Heureusement, ce plan a été abandonné par la suite et fut remplacé par le Plan Marshall.
La belligérance de Churchill a privé le monde d’un scénario moins dramatique concernant la DGM : une guerre limitée entre les deux régimes collectivistes destructeurs qu’étaient le Nazisme et le Communisme, auto-affaiblissant les deux du même coup. La destruction de l’Allemagne par les Alliés l’a empêchée d’agir comme contrepoids aux communistes Russes, ce qui a plongé le monde dans la Guerre Froide pendant 45 ans.
Truman l ‘abominable
Si la taille du gouvernement a augmenté astronomiquement sous Roosevelt, elle a poursuivi sur sa lancée sous son successeur : Harry Truman. C’est sous Truman qu’est né l’empire militaire américain que l’on connait aujourd’hui.
L’épisode le plus marquant de la présidence de Truman fut le bombardement atomique d’Hiroshima et de Nagasaki en août 1945. Environ 200,000 personnes sont mortes en raison de ces attaques (incluant des prisonniers Alliés). La justification était de sauver 500,000 vies de soldats Américains; un chiffre exponentiellement exagéré (le scénario le plus pessimiste de l’armée pour une invasion des îles japonaise était en fait de 46,000 pertes; ce chiffre de 500,000 était même plus élevé que toutes les pertes américaines subies durant l’ensemble de la DGM). Ces attaques n’étaient rien de moins que des crimes de guerre.
Dans les premiers mois de sa présidence, il a supervisé le rapatriement de plusieurs dizaines de milliers de Soviétiques anti-Staline qui ont combattu l’Armée Rouge aux côtés des Allemands, pour que ceux-ci soient exécutés par le NKVD ou envoyés dans les Goulags.
C’est Truman qui fut le premier à déclarer une guerre sans l’approbation du Congrès, chose que même Wilson et Roosevelt n’avait pas osé faire. Il engagea donc les États-Unis dans la guerre de Korée, qui coûta la vie à presque 37,000 Américains.
Conclusion
Les grandes guerres du 20e siècle ont été menées par des politiciens mégalomanes. Ils étaient tous étatistes/collectivistes d’une certaine manière : Churchill a mis en place l’État-providence en Grande Bretagne, Roosevelt le New Deal, Truman le Fair Deal, Hitler était un socialiste et Staline un communiste, et ils en ont tous profité pour augmenter significativement la taille de l’État, même si leur objectif principal était possiblement de mousser leur prestige politique et de passer à l’histoire ( et ça a fonctionné; par exemple, s’il y a une chose qui a rendu Thatcher populaire, c’est bien son intervention militaire aux Malouines).
À lui seul, Woodrow Wilson est responsable de la Federal Reserve, de l’impôt fédéral, de la Federal Trade Commission, du Clayton Anti-Trust Act, du Espionage Act, du Sedition Act, du Immigration Act, de la Commission Creel et, entre autres et surtout, de la première conscription depuis la guerre civile. Ce n’est pas rien pour un seul homme! Et son règne a marqué un tournant important pour la politique américaine, la définition (largement étendue) des pouvoirs du gouvernement fédéral et le niveau de liberté individuelle (réduit) aux États-Unis.
Il n’est donc pas surprenant que les grandes guerres aient mené à l’expansion fulgurante du gouvernement; avec un « effet cliquet ». Curieusement, c’est juste avant la première guerre mondiale, en 1913, que furent instaurés l’impôt fédéral sur le revenu et la banque centrale aux États-Unis, qui ont servi à financer les grandes guerres. L’autre conséquence des guerres a été de l’inflation massive, résultat de la création de monnaie servant à monétiser les dettes de guerre du gouvernement. Et comme l’inflation engendre une redistribution de richesse, ces flux d’argent ont enrichi les banquiers et les industries reliées à la guerre (ce qui mena à la formation du gigantesque et puissant complexe militaro-industriel américain, qui mène de nos jours la Maison Blanche par le bout du nez) sur le dos des masses. Finalement, les libertés individuelles ont toujours fortement diminué durant les guerres. Elles ont mené à des mécanismes d’interventionnisme étatique « d’urgence » (contrôles de prix, nationalisations, taxes spéciales, mesures protectionnistes, etc) qui devaient être temporaire, mais qui se sont transformés en départements bureaucratiques institutionnalisés qui sont encore actifs aujourd’hui.
Le livre de Ralph Raico est excellent, mais certains des chapitres sont inutiles. Je ne recommande que de lire les cinq premiers chapitres. Je trouve dommage que le livre n’ait pas traité de Eisenhower/Kennedy/Johnson pour la guerre du Vietnam, de Clinton pour son intervention en Europe de l’Est et des Bush pour leur lutte contre Saddam Hussein. Pensez aussi au Patriot Act émanant de guerre au terrorisme, qui a grandement réduit la liberté effective des Américains. En passant, je vous invite aussi à lire mon article antérieur sur l’histoire de l’Empire Britannique selon Niall Ferguson (ici).
“Great Wars and Great Leaders: A Libertarian Rebuttal”, par Ralph Raico (pdf).
Pour la France il n’y avait pas là seulement un danger, mais un défi permanent. La France cependant attendait dans le calme, la France se préparait à faire face à ce qui pouvait tomber sur elle, mais c’était une belle chose, tandis qu’elle préparait ses fils à combattre s’il le fallait, de la voir s’abstenir de faire jamais quoi que ce fût qui eût l’apparence d’une agression ou d’une provocation. (Applaudissements prolongés). Elle se préparait pour sa défense, elle ne se préparait pas pour imposer sa volonté à un autre peuple, mais pour empêcher d’autres de violer sa propre volonté et de lui imposer la leur.
Billet intéressant! Je voudrais cependant nuancer certains éléments. Tout d’abord, à propos de la relation entre Winston Churchill et Joseph Staline. Je crois que le point principal à retenir est que Churchill a fait preuve de pragmatisme. Son pays est maintenant la seule puissance en Europe de l’ouest à s’opposer à l’Allemagne. Il vient de sortir d’une période intense de blitz de bombardement, ses approvisionnements sont gravement perturbés par les attaques de sous-marins dans l’Atlantique, etc. Afin d’augmenter les chances de victoire, un front dans l’est doit absolument être maintenu. Il est essentiel que l’Union soviétique tienne le coup et ne capitule pas. Roosevelt le sait également et c’est pourquoi les États-Unis vont contribuer significativement à l’approvisionnement de l’armée soviétique. Dans pareille situation, il aurait été très hasardeux pour les deux leaders de ne pas entretenir des relations plus rapprochées avec Staline. Pour ce qui est de l’estime de Churchill pour Staline, plusieurs déclarations privées documentées démontrent que Churchill éprouvait beaucoup de méfiance envers lui.
D’affirmer que : « la belligérance de Churchill a privé le monde d’un scénario moins dramatique concernant la DGM : une guerre limitée entre les deux régimes collectivistes destructeurs qu’étaient le Nazisme et le Communisme, auto-affaiblissant les deux du même coup. » est exagéré. Même si les premières conquêtes de l’Allemagne se sont fait en Europe centrale, rien ne permet d’affirmer que le régime se serait arrêté là sans toucher à la France ou à l’Angleterre par exemple. D’un point de vue sécurité, les alliés ne pouvaient également pas se permettre de laisser l’Allemagne prendre de l’expansion de cette façon, encore plus alors que le régime en place était si agressif. La rhétorique du régime nazie sur la supériorité de la race aryenne et du peuple allemand sur la plupart des peuples européens (pays de la méditerranée, des Balkans, d’Europe de l’est) et les plans créés pour leur conquête montraient clairement que le conflit aurait été au moins à l’échelle continentale. Pour ce qui est de l’Union Soviétique, sans une assistance des alliés et sans les autres fronts ouverts ailleurs, il n’est pas sûr qu’elle ait résisté à l’assaut de l’Allemagne.
En ce qui concerne Truman, je suis d’accord que le bombardement atomique d’Hiroshima et Nagasaki aurait pu être évité. Les États-Unis n’étaient pas obligé de faire exploser la bombe sur une ville pour démontrer sa puissance et convaincre les Japonais de se rendre. En ce qui concerne les estimés de pertes de vie humaine qu’aurait entrainé l’invasion des îles principales du Japon, je crois également que qu’une perte de 500 000 vies américaines aurait été improbable. Par contre, il faut mettre cela en perspective de la campagne d’Okinawa qui venait de s’achever. Les Américains ont eu 65 000 victimes (casualties), dont 14 000 tués. Du côté du Japon, les pertes en vies humaines s’élevaient à 110 000 soldats et environ 100 000 civils. La prise du Japon s’annonçait encore plus difficile. Les efforts de propagande avait amené la population à croire que les américains étaient des monstres qui allait tout détruire. Le gouvernement était prêt à demander à la population à se battre jusqu’au dernier. Okinawa avait démontré à quoi l’opération pourrait ressembler puisqu’elle était la première bataille dans la campagne du Pacifique à s’être déroulé avec la présence d’une population civile. Je suis à peu près certain que les pertes de vies militaires et civiles japonaises n’ont pas été un réel facteur dans la décision, mais je suis persuadé qu’elles auraient été plus élevées sans les bombardements atomiques.
Vous mentionnez dans votre billet les bombardements incendiaires des villes allemandes. Je ferais ici un parallèle avec ceux du Japon. La destruction d’une grande partie des villes japonaises et les pertes humaines qui en ont suivi ont été également d’immenses tragédies. En terme de destruction matérielle, la campagne de bombardement a causé beaucoup plus de dommages et a probablement été aussi meurtrière. La particularité des bombardements atomiques a été l’instanéité de la destruction. Une autre des raisons avancée pour expliquer d’utiliser des bombes atomiques sur des villes japonaises est que les États-Unis voulaient démontrer leur nouvelle arme à Staline. Si vous n’avez pas eu l’occasion de le faire, je vous suggère de regarder The Fog of War. Il est intéressant d’écouter le point de vue de Robert Mcnamara sur le sujet (des bombardements incendiaires) et sur le fait que les alliés ont commis des crimes de guerre.
Pour ce qui est de la guerre de Corée, il faut également se rappeler que c’est la Corée du Nord qui a décidé d’envahir le reste de la péninsule et que la force militaire internationale a été envoyée sous l’égide d’une résolution du conseil de sécurité de l’ONU. Les États-Unis n’ont pas déclaré la guerre à la Corée du Nord. Le congrès a d’ailleurs voté des budgets pour financer les actions militaires. Dans ce conflit, il faut encore une fois regarder le régime de la Corée du Nord. Encore aujourd’hui, les conditions de vie dans ce pays sont parmi les pires de la planète à tous les niveaux. En comparaison, la Corée du Sud a réussi à émerger économique et est maintenant une démocratie libérale, qui a encore certains problèmes, mais qui demeure tout de même un modèle de développement. L’occident avait également peur du fameux effet domino qui pourrait amener une propagation du communisme dans la région et estimait qu’il devait agir promptement pour l’éviter.
@Jean-Philippe Bernier
Merci d’avoir pris le temps d’écrire ce long commentaire détaillé.
« rien ne permet d’affirmer que le régime se serait arrêté là sans toucher à la France ou à l’Angleterre par exemple. »
Je ne pense pas que c’était le but de l’Allemagne au départ, qui souhaitait surtout reconquérir les territoires Allemands qui se seraient librement joint à l’Allemagne si l’auto-détermination avait réellement été permise par le traité de Versailles (Alsace, Sudete, Autriche, Pologne).
Néanmoins, vous semblez d’accord pour dire que sans la PGM, pas de montée du nazisme en Allemagne et pas de DGM.
« Pour ce qui est de l’Union Soviétique, sans une assistance des alliés et sans les autres fronts ouverts ailleurs, il n’est pas sûr qu’elle ait résisté à l’assaut de l’Allemagne. »
De là la question : était-il préférable que l’Allemagne tombe ou l’Union Soviétique ? Pour Raico, le régime de Staline a été encore plus meurtrier que celui d’Hitler, et encore plus si on inclut l’ensemble des meurtres communistes dans d’autres pays sous d’autres régimes.
Je vous recommande fortement de lire « For a new liberty » de Murray Rothbard. J’aimerais bien savoir ce que vous pensez de sa version des faits concernant les chapitres reliés à la guerre.
Gratuit en pdf : http://mises.org/rothbard/foranewlb.pdf
Je doute sincèrement que la Pologne « se seraient librement joint à l’Allemagne si l’auto-détermination avait réellement été permise par le traité de Versailles ». À l’époque, la minorité allemande ne représentait même pas 5% de la population.
Il est vrai que rien ne prouve que l’Allemage aurait continué ses conquêtes. Il faut tout de même prendre en considération qu’Hitler savait très bien que l’invasion de la Pologne allait signifier la guerre avec la France et l’Angleterre. Il est par contre impossible d’affirmer que les partis savaient l’étendue que le conflit prendrait.
L’argument selon lequel l’Allemagne se serait arrêté dans ses conquêtes après l’acquisition de son « espace vital » vient également un peu en opposition avec la perspective d’un conflit isolé entre les régimes nazi et communiste. Pourquoi l’Allemagne aurait-elle démarré un tel conflit alors qu’elle avait maintenant ce qu’elle désirait? La Russie n’aurait également pas été très pressée de s’engager dans une guerre de cette ampleur avec un ennemi beaucoup mieux préparé et équipé que lui. Il est vrai par contre que l’idéologie diamétralement opposée des deux régimes les poussait vers un conflit, mais rien ne permet de prédire l’ampleur et les conséquences qu’il aurait eu.
Une fois cet hypothétique conflit terminé, que serait-il arrivé si un des deux adversaires avait triomphé de l’autre au lieu de s’affaiblir mutuellement jusqu’à les rendre innofensif? Les autres pays européens et les États-Unis se serait retrouvé avec un danger encore plus grand à leur porte. D’un point de vue stratégique, l’Allemagne était un danger plus important à ce moment.
Quant à la question de savoir s’il était mieux que le régime soviétique périsse au lieu du régime nazi, je ne crois pas. Je ne préfère par contre pas entrer dans des comparaisons hasardeuses de régimes totalitaires. Il ne faut cependant pas mettre tous les régimes communistes ensemble. Pas qu’il y en ait eu des particulièrement bénéfiques à l’humanité, mais il serait tout aussi injustifié de mettre ensemble les pertes humaines de tous les régimes fascistes qui ont existés.
Merci pour le pdf, je vais jeter un coup d’oeil.