Dans mon article de 2009 intitulé La Guerre et l’Inflation, j’expliquais qu’il y a 2 ingrédients essentiels pour qu’un pays devienne belligérant : 1) la présence d’un gros gouvernement central (puisque c’est le gouvernement central qui contrôle l’armée nationale) et 2) la possibilité de monétiser les dettes de guerre par la création de monnaie. J’ai d’ailleurs approfondi ce point dans mon article intitulé Les Grandes Guerres Collectivistes du 20e Siècle. Finalement, dans mon article Qu’est-ce qu’un pays?, j’expliquais qu’un pays dont la population est composée de plusieurs groupes ethniques est plus enclin à sombrer dans la guerre civile, en raison du caractère ethnocentrique inné de l’être humain. Plus le gouvernement central a de pouvoir, plus le risque de conflit interne est élevé, alors qu’un petit gouvernement décentralisé favorisera l’harmonie et la paix.
Il existe un pays qui démontre bien la véracité des idées susmentionnées : la Suisse!
Petit gouvernement et neutralité
La politique de neutralité de la Suisse a initialement été une question de survie. Avec 64% de Suisse-Allemands, 20% de Français et 7% d’Italiens, le pays se serait vite dissout si le gouvernement central avait pris parti durant l’une des grandes guerres. Par ailleurs, étant située aux frontières de nombreux pays belligérants, le pays aurait vite été dévasté vu son emplacement stratégique.
La neutralité suisse a permis à différentes nations de coexister paisiblement au sein d’un même pays et a favorisé l’émergence d’une démocratie très décentralisée. Chacun des 26 cantons dispose de son propre gouvernement, de sa constitution et de ses cours de justice. La Suisse a été l’un des pays les moins touchés par la guerre civile au cours des 500 dernières années. Petit gouvernement central rime donc avec stabilité interne.
La Suisse s’est dotée depuis 2001 d’un mécanisme de frein aux dépenses et à l’endettement qui a grandement limité la capacité de l’État, et particulièrement du fédéral, à dépenser et s’endetter comme l’ont fait les pays de la Zone Euro. La Suisse a pendant longtemps été (et est encore aujourd’hui) un pays où les réserves de la banque centrale sont composées d’or dans une plus grande proportion (jadis environ 20%) et cet or couvre la majorité de la monnaie en circulation. Pour ces raisons, les dépenses de l’État Suisse sont relativement limitées, les déficits rares, l’endettement faible et l’inflation minime. Il est difficile de voir comment le gouvernement central aurait pu financer une grande guerre dans ce contexte institutionnel.
La Suisse est donc apparue comme une société pacifique tant à l’externe qu’à l’interne. Ceci dit, la neutralité a eu bien d’autres effets positifs. En créant un climat de stabilité géopolitique, la Suisse s’est vite démarquée comme l’endroit idéal pour entreposer la richesse et démarrer une entreprise, et ce depuis plusieurs siècles. Le pays est aussi devenu une destination de choix pour les organisations internationales.
Genève est le siège Européen des Nations Unies, de l’Organisation Mondiale de la Santé, de l’Organisation Mondiale du Commerce, du Forum Économique Mondiale, du Conseil International des Aéroports, de l’Organisation Internationale de Standardisation (ISO) et de la Librairie Virtuelle du Web. La Banque de Règlements Internationaux (BIS) s’est aussi établie à Bâle en 1930.
Le secret bancaire et la richesse de la Suisse
Ce sont initialement les rois de France qui ont exigé le secret bancaire en Suisse, non pas pour économiser de l’impôt, mais bien pour des raisons religieuses : ils ne voulaient pas que les gens sachent qu’ils faisaient affaires avec des « hérétiques Protestants ». Ces règles de confidentialité ont été adoptées par le Grand Conseil de Genève dès 1713.
Quand on parle de la Suisse comme exemple de succès socio-économique et de modèle à suivre, la gauche grogne en affirmant que si la Suisse est riche et va si bien, c’est parce que c’est un paradis fiscal. Autrement dit, la Suisse vit aux dépends des gouvernements des autres pays, qui souffrent d’un manque à gagner en impôts. Cette affirmation est grossièrement fausse.
Seulement 5.8% des emplois sont dans l’industrie financière, ce qui est comparable à la situation aux États-Unis et inférieur au Canada. De plus, l’industrie financière inclue l’assurance et la gestion de patrimoine, pas seulement les banques. En termes de capitalisation boursière, les deux grandes banques suisse, UBS et Crédit Suisse, ne se situent qu’aux 21e et 35e rangs mondiaux respectivement. Des entreprises non-financières comme Roche et Nestlé ont une capitalisation boursière près de 4 fois supérieure à ces deux banques.
En fait, ce sont les banques privées, généralement plus petites, qui attirent la majorité des actifs étrangers (et qui facilitent l’évasion ou l’optimisation fiscale). Fait intéressant: en vertu des règles de l’Association des Banquiers Privés Suisses, l’actionnariat des banques privées (ce qui exclut UBS et Crédit Suisse) doit comporter au moins un partenaire à responsabilité illimitée, c’est-à-dire qu’en cas de faillite, ses actifs personnels pourront être saisis. Cette mesure assure que ces banques sont plus prudentes dans leur gestion des risques et seront moins enclines à engendrer des crises financières. Pour moi, il est clair que l’abolition de la responsabilité limitée des entreprises permettrait, entre autres, d’éviter les crises financières et les catastrophes environnementales, et ce bien mieux que n’importe quelle règlementation oppressive et onéreuse.
Économie compétitive et diversifiée
Ceci dit, les gens ne réalisent pas à quel point l’économie Suisse est diversifiée, compétitive et innovatrice. Nous oublions vite ces grandes multinationales non-financières telles que Adecco, Lindt & Sprüngli, Logitech, Mövenpick, Nestlé, Novartis, Richemont, Schindler, Securitas, Swatch, Winterthur et Roche.
Le Forum Économique Mondial classe la Suisse au tout premier rang sur 144 pays concernant la compétitivité. La Suisse se classe aussi au premier rang du Global Innovation Index calculé par la World Intellectual Property Organization (WIPO). Pourtant, le pays ne dispose pas de politique industrielle interventionniste, comme le recommande tant d’économistes (voir ceci, ceci et ceci)!
En suisse, on cherche plutôt à créer des conditions générales favorables à la compétitivité et la performance des entreprises. Résultat : la production industrielle par habitant y est la plus élevée au monde. Sa part du secondaire dans le PIB se situe deux points au-dessus de la moyenne européenne, à plus de 20%. Cette performance est encore plus impressionnante si on tient compte de la constante appréciation du franc suisse, qui aurait pu devenir un frein à l’exportation des produits industriels suisses.
Le marché du travail Suisse est plus flexible que dans la plupart des pays industrialisés. Il n’y a pas de salaire minimum et les coûts reliés à l’embauche et à la mise à pied sont faibles. La syndicalisation est répandue, mais les relations entre syndicats et employeurs sont harmonieuses et ne causent pas de grèves. Par ailleurs, le système d’éducation ne vise pas à avoir la plus grande proportion possible de gens détenant un diplôme universitaire. Le système se concentre davantage à former les jeunes dans la pratique d’un métier (c’est-à-dire des études vocationnelles). Résultat : le taux de chômage Suisse est très bas.
Chaque canton est en quelque sorte en concurrence avec les autres pour attirer la population et les entreprises. Ils ont donc un incitatif à maintenir la bureaucratie et les coûts à un niveau minimal, ce qui permet de maintenir les taxes basses.
Malheureusement, la Banque Nationale Suisse a adopté en 2012 une politique visant à arrimer le Franc Suisse à l’Euro au taux de 1.2, de façon à préserver la compétitivité de ses exportateurs. Cette mesure inutile et destructrice a été éliminée en 2015, dans l’optique d’un programme d’assouplissement quantitatif mené par la Banque Centrale Européenne qui aurait rendu cette politique d’arrimage insoutenable.
Le système de santé
Par ailleurs, comme l’expliquait un reportage de 2012 mené par l’IEDM, le système de santé Suisse est largement privatisé : environ 40% des hôpitaux sont privés et l’assurance-maladie est privée. L’universalité est garantie car environ 30% de la population reçoit de l’aide gouvernementale pour payer l’assurance-santé, donc 100% de la population dispose d’une assurance-santé, mais celle-ci n’est pas liée à l’emploi (comme c’est malheureusement le cas aux États-Unis). Les gens peuvent choisir parmi une centaine d’assureurs différents qui sont en concurrence et peuvent se faire soigner à l’endroit de leur choix. Résultat : des soins de qualité, un temps d’attente minime et une espérance de vie qui se classe au deuxième rang mondial (après le Japon). (voir ceci et ceci)
L’aide sociale est aussi structurée de manière différente, administrée par les 2,900 communes (voir ceci).
Conclusion
On me demande souvent quel pays a le meilleur modèle socio-économique. Ma réponse est toujours la Suisse. Ce pays n’est pas parfait, mais c’est l’un des plus pacifiques et sa performance socio-économique n’a rien à envier aux pays nordiques. Ce qui caractérise le modèle Suisse est un petit gouvernement décentralisé, une faible règlementation, l’absence de politique industrielle, le respect des libertés individuelles et l’utilisation accrue des entreprises privées pour prodiguer les services à la population.
Qui plus est, je suis persuadé qu’il y a un lien de causalité entre la neutralité de la Suisse, son petit gouvernement central et sa banque centrale peu inflationniste (jusqu’à tout récemment).
Par ailleurs, selon le World Happiness Report de 2013 publié par la Nations Unies, la Suisse est le 3e pays où les gens sont les plus heureux. Même son de cloche du côté du Better Life Index de l’OCDE. Le PIB par habitant et l’espérance de vie y sont parmi les plus élevés au monde. Cette économie est l’une des plus compétitives et les plus innovatrices au monde. Le chômage y est bas et les relations de travail harmonieuse. Que demander de mieux?
Néanmoins, malgré le succès de son modèle socio-économique, le socialisme gagne du terrain en Suisse. Quatre référendum récents (voir ceci) ont été heureusement rejetés par la population, mais on sent que le gouvernement central prend de plus en plus de place et que son appétit pour les dépenses grandit.
- En septembre 2010, lors d’un référendum, 59% des Suisses ont dit non à un impôt minimum pour les riches.
- En novembre 2013, lors d’un référendum, 65% des Suisses ont dit non à l’imposition d’un plafond salarial pour les dirigeants de compagnie pour réduire les écarts de richesses.
- En mai 2014, lors d’un référendum, 76% des Suisses ont dit non à l’introduction d’un salaire minimum.
- En septembre 2014, lors d’un référendum, 62% des Suisses ont dit non à la création d’un système de santé entièrement public.
Il semble qu’une partie de la population ne réalise pas à quel point leur modèle fonctionne bien…pourquoi vouloir le changer?
Tu as oublié de parler du salaire médian (et du PIB/hab. PPA). De quoi faire baver d’envie mon pays, un des derniers pays semi-communistes d’Europe, la France. Pays dont les habitants ne cessent de critiquer son voisin suisse, pour un oui pour un non, malgré les performances économiques incomparables (évidemment entièrement dues au statut de paradis fiscal hébergeur d’argent nazi pour riches milliardaires voulant blanchir de l’argent sale et frauder les services fiscaux). Pour un Français moyen, un Suisse n’est pas si éloigné que ça d’un nazi. Quand les Suisses disent non à l’instauration d’un SMIC, au plafond pour les hauts salaires ou encore à l’augmentation du nombre légal de congés payés, les Français les prennent pour des fous. Et oui, l’inculture économique et les ravages de l’Éducarion Nationale sont sidèrants dans mon pays.
Petite incohérence dans l’article: tu parles d’absence de salaire minimum légal et ensuite de hausse de celui-ci.
Ton post est-il honteux! Nous traiter de Nazie? Ou alors parles tu du francais moyen?
Bref… Tu parles de paradis fiscal? Moi je parle du fait que la population VOTE son taux d’imposition. C’est à dire que l’on choisit NOUS combien nous allons payer. Et le gouvernement compose avec. De même le gouvernement n’a pas le droit de s’endetter. Ainsi nous n’avons pas les gigantesques dettes publiques de vos pays, nous n’avons pas d’intérêt à payer. Alors… Quelle irrévérence de parler de paradis fiscal quand vos propres nations (surtout la France) écrase ses citoyens sous des taux d’imposition confiscatoires! Pourquoi? Parce que vos enarques poussés par des tentations électorales empruntent et dépenses afin de montrer qu’il font quelque chose : Ruiner le pays et les générations futures.
@Arnaud
Mateo était sarcastique…je pense qu’il est tout à fait d’accord avec toi…
Tout à fait: je me moquais de mes compatriotes.
La petite incohérence m’a également fait froncer les sourcils.
Néanmoins, superbe article que j’ai beaucoup apprécié.
Ami journaliste,
Un commentaire d’un ami suisse ayant trouvé ton article bon et pertinent. Cependant un paragraphe m’a fait tiquer. Je m’exprime :
« La politique de neutralité de la Suisse a initialement été une question de survie. Avec 64% de Suisse-Allemands, 20% de Français et 7% d’Italiens, le pays se serait vite dissout si le gouvernement central avait pris parti durant l’une des grandes guerres. »
Je me dois de dire que cette affirmation est trop simpliste. Il faudrait 500 pages pour expliquer cela (cf. commission bergier). Si chaque nation a sa période noire de l’histoire, la 2e guerre est bien la nôtre! Saviez-vous que l’étoile jaune imposée sur les passeports des juifs allemands l’a été faite suite à une demande du conseil fédéral suisse (pouvoir exécutif collégial) majoritairement pro-nazi lassés des hordes de Juifs attendant à la frontière? « La barque est plein, le bateau coule! » disaient-ils… Mon coeur saigne…
Alors oui, la neutralité à permis à la Suisse de survivre en tant que nation. Car nous n’avions pas vraiment d’autre choix… Mais croire que chaque communauté linguistique était forcément dans le camp du pays de la langue métropole est une grossière erreur. A vrai dire, le clivage politique était fort au sein de toutes les communautés. Il y avait des genevois fascistes, des zurichois libéraux et des valaisans communistes…
A titre d’addendum, j’invite – vraiment – le lecteur à se pencher sur la Commission Bergier qui, avec un rapport de centaines de pages, lève le voile sans complaisance sur cette période de l’histoire suisse. Le rapport avait fait grand bruit car les conclusions portaient sur une auto-critique de notre passé que les manuels d’histoire semblaient encore ignorer ou mythifier. Aujourd’hui la lumière est faite. En nos coeurs l’espoir d’avoir appris du passé.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Commission_Bergier
Denier commentaire et après j’arrête le spam : Nous n’avons PAS de salaire minimum. Il existe cependant des conventions collectives, soit des contrats cadres négociés par les syndicats patronaux et ouvrier d’un secteur économique donné. D’une façon générale – à nuancer qd même – , l’Etat n’intervient pas dans ce processus
« En novembre 2013, lors d’un référendum, 65% des Suisses ont dit non à l’imposition d’un plafond salarial pour les dirigeants de compagnie pour réduire les écarts de richesses. ». A vrai dire, l’initiative Minder fût acceptée. Son objet porte, entre autre, sur le contrôle des salaires des dirigeants (directeurs et Conseil d’Administration) par les actionnaires de l’entreprise. Auparavant, le conseil d’administration décidait lui-même de son propre salaire. Beaucoup de libéraux tels que moi trouvaient la méthode un peu abusive, non les montants des salaires.
« Nous n’avons PAS de salaire minimum. »
C’est ce que je croyais.
De fait, les Suisse ont donc effectivement voté contre la hausse du salaire minimum (de zéro à X francs…)
en suisse, le secteur financier – banques et assurances comprises – représente environ 11,5 % du PIB, à comparer avec les États-Unis par exemple où le secteur pèse environ 8%, un chiffre un peu plus imposant, certes, mais très loin de ce que représente le secteur industriel suisse à lui
@Jacques
…d’autant plus que mesurer le PIB du secteur bancaire n’est pas une mince affaire.
« Il semble qu’une partie de la population ne réalise pas à quel point leur modèle fonctionne bien…pourquoi vouloir le changer? »
Peut-être faut-il le leur demander ? Peut-être y a-t-il quelque chose qui ne fonctionne pas et qui vous a échappé ?
J’aimerais bien le savoir s’il y a quelque chose qui m’a échappé!
Pourtant, personne ne m’en a fait part dans les commentaires, ici ou sur Contrepoints:
http://www.contrepoints.org/2015/04/18/204961-suisse-neutralite-et-petit-gouvernement-decentralise
…et ce même si les statistiques m’indiquent que des centaines de lecteurs originaires de Suisse ont lu l’article.
Bonjour,
Il y a toujours quelque chose à changer ou à améliorer dans un pays et les idées ne manque pas, ni de gauche, ni de droite. En suisse, il y a un pouvoir de référendum ou d’initative permettant à chaque citoyen ou parti politique de proposer des modifications de lois ou de contrer une loi votée après obtention d’un certain nombre de signature, le texte est soumis au vote du peuple qui est appelé à ce prononcer. C’est le cas pour tous les textes que vous avez cité par exemple.
– En septembre 2010, lors d’un référendum, 59% des Suisses ont dit non à un impôt minimum pour les riches.
– En novembre 2013, lors d’un référendum, 65% des Suisses ont dit non à l’imposition d’un plafond salarial pour les dirigeants de compagnie pour réduire les écarts de richesses.
– En mai 2014, lors d’un référendum, 76% des Suisses ont dit non à l’introduction d’un salaire minimum.
– En septembre 2014, lors d’un référendum, 62% des Suisses ont dit non à la création d’un système de santé entièrement public.
Bon, c’était des idées de personnes bien intentionnée afin de faire diminuer la douloureuse des ménages suisse qui dans la plus part des cas n’arrivent pas à boucler les fins de mois. Car, il ne faut pas oublié qu’il n’y a pas que des riches, des banquiers, et des mangeurs de chocolats en suisse, il y a aussi la classe moyenne et surtout pauvre qui ont souvent de la peine à se faire entendre.
La douloureuse pour un ménage avec femme au foyer et 2 enfants et un homme au travail revient entre 3500 à 4500CHF. La plus part des gens ne gagne pas assez et doivent aussi enchainé 2 boulots ou travailler les 2 en incluant les frais de gardes des enfants.
De plus, n’importe quel produits qui devrait être fabriquer en suisse coût beaucoup trop chère avec le prix de la main-d’œuvre. C’est plus intéressant d’engager un frontalier (français, allemand, italien) qui fait le même travail pour 20 à 30% de moins. Ce qui implique des salaires à la baisse et un augmentation du temps de travail (en plus avec la chute de l’euro c’est pire).
Et le pauvre et la pour faire les riches, nous sommes un pays producteur européen (Novartis, etc) de médicament par exemple et nous sommes le pays en Europe où les médicaments se vendent le plus chère.
En plus, je vous propose ce reportage :
Vous prenez l’exemple d’un foyer avec 2 parents et 2 enfants dont seul un des deux parents travaille, forcément… Si vous prenez le même exemple de l’autre côté de la frontière franco-suisse, vous verrez que la situation sera bien pire (sauf si le salaire du parent qui travaille est parmi les 10% plus élevés). Et de plus, dans la plupart des cas ce sera du chômage non choisi en France.
Pour rappel, le salaire brut médian français est d’environ 1700€ net (1750 francs suisses). Le salaire suisse médian est d’environ 5500CHF net si je ne m’abuse, soit 5350€. 1700€ vs 5350€.
Alors certes, le coût de la vie est plus élevé et les Suisses doivent se payer leur assurance santé (et vous ne savez pas le bonheur que vous avez d’être LIBRE de choisir!), mais même en imaginant que TOUT coûte deux fois plus cher (ce qui n’est pas le cas, je le sais d’autant plus pour avoir vécu quelques mois en Suisse pour une mission) et que l’assurance santé coûte 500€ par mois (c’est bien moins cher en moyenne me semble-t-il), cela ramènerait l’équivalent du salaire médian français à 3500€-4000€. Le tout avec des hypothèses TRÈS optimistes, rappelons-le. Et bien sûr, vous ne connaissez pas le chômage de masse que vous connaissons, et donc si la famille a besoin de plus d’argent, il est en général aisé pour celui qui ne travaille pas de trouver un emploi.
Et je vous passe tous les autres indicateurs, quasi-systématiquement en faveur de la Suisse.
Alors, un conseil: surtout, SURTOUT, ne copiez pas nos dérives socialisantes. Le socialisme, qu’il soit de droite, de gauche, d’extrême droite ou d’extrême gauche (en France, l’ensemble du spectre politique est socialiste), sème la pauvreté partout où il passe. Et le degré de pauvreté est peu prou égal au degré d’application du socialisme. Ne perdez jamais de vue que le socialisme appelle le socialisme, car il crée sa propre clientèle: la pauvreté. Par conséquent, il ne faut pas mettre un seul doigt dans l’engrenage, sinon c’est la fin!
Faites tout pour garder votre système et l’améliorer (je pense par exemple à la débilité de vos lois qui considère le loyer que l’on ne paye pas quand on est propriétaire à un revenu fictif), à commencer votre décentralisation, votre application du principe de subsidiarité, votre démocratie participative, et luttez contre tous ceux qui voudraient centraliser les lois et le pouvoir, sous prétexte « d’homogénéisation » ou tout autre terme de marketing politique destiné à endormir les vigilances.
Faites tout pour ne pas imiter la France, ou vous connaîtrez, lentement mais sûrement, son déclin, son chômage de masse, sa pauvreté, son délitement du lien social et de la pauvreté, causé justement par le socialisme (le système a le don de monter les groupes de la population les uns contre les autres, les « de souche » contre les immigrés, les chrétiens contre les musulmans, les riches contre les pauvres, les employés contre les patrons, les travailleurs contre les chômeurs, les employés du privé contre les fonctionnaires, les professions protégées contre celles qui ne le sont pas etc., tout cela parce qu’au départ il s’agit de prendre à Pierre pour donner à Paul). Méfiez-vous de vos socialistes suisses francophones qui donnent l’impression de vouloir s’inspirer d’un modèle qui ne marche pas, celui de mon pays. De manière générale, si quelque chose a été appliqué en France, vous avez 95% de chances que ce soit une très mauvaise idée.
Regardez d’où la France est partie, pays où les habitants étaient dans le peloton de tête des plus riches de la planète il y a 50 ou 100 ans, et qui chute, année après année (25ème en 2013 pour le PIB/hab à PPA!). Regardez l’état de mon pays et son lent déclin. Ce qui est passé pour une crise sans précédent depuis presqu’un siècle en 2008 et après dans beaucoup de pays, c’est l’état normal de notre économie depuis 40 ans).
Bref ne perdez jamais de vue la chance que vous avez.
PS: je n’ai pas vu le reportage, mais en règle générale, il faut se méfiez comme la peste des reportages des médias mainstreams, spécialistes ès-manipulation d’opinion.
Correction: il fallait lire « le salaire médian français est d’environ 1700€ net », bien sûr.
Décidément, j’aurais dû me relire: je voulais dire « son délitement du lien social et de la SOLIDARITÉ »
Merci pour le lien vers ce reportage sur le Miracle Suisse. Vraiment très intéressant ( et corroborateur de mon article)…