Lorsqu’il est question des bulles financières, les étatistes / keynesiens blâment généralement le capitalisme et le libre-marché. Ils nous parlent alors de « capitalisme disfonctionnel » ou « d’échec du marché » ou des fameux « esprits animaliers » de l’humain et de son « exhubérance irrationnelle ». Ils ne réalisent pas que les bulles financières sont une conséquence directe de l’interventionnisme étatique. La raison est fort simple: l’ingrédient essentiel d’une bulle est la création de monnaie ou le débasement de la monnaie.
J’ai expliqué ici comment la Federal Reserve a gonflé la bulle immobilière de 2007; en menant une politique monétaire expansionniste et inflationniste. Il est facile de démontrer qu’une bulle est impossible sans création de monnaie. Dans une économie sans création de monnaie ex nihilo, l’activité qui fait l’objet d’une bulle spéculative (par exemple l’immobilier résidentiel) détourne la monnaie des autres activités économiques. La baisse des revenus de ces autres activités fera diminuer l’activité économique globale, ce qui laissera moins d’argent pour entretenir la spéculation. Conséquemment, la bulle s’éteindra d’elle-même.
Mais dans un système avec une banque centrale qui « imprime » de la monnaie et un système bancaire à réserves fractionnaires, l’endettement permet « d’avoir à la fois le beurre et l’argent du beurre »! La création de monnaie est le carburant d’une bulle, et lorsqu’on finit par retirer le carburant, le feu s’éteint et la bulle dégonfle.
La bulle des tulipes
Toutes les bulles que j’ai étudiées respectent cette règle (i.e. l’ingrédient essentiel y était présent), mais l’une d’entre elles a introduit un doute dans mon esprit: la bulle des tulipes de 1637 (a.k.a. tulipomania). La raison est que la Hollande bénéficiait à l’époque d’une monnaie solide basée sur l’or, ce qui semble impliquer que l’ingrédient essentiel d’une bulle n’y était pas.
Tout a débuté en 1593 lorsque les premiers bulbes de tulipe ont été introduits en Hollande de Constantinople et sont devenus des items de luxe très en demande. Certaines tulipes ont été atteintes d’un virus non-mortel appelé « mosaïque » qui avait comme effet de générer de magnifiques couleurs en forme de flames sur les pétales. Ces tulipes se vendaient à prime.
La montée des prix a attiré les spéculateurs et les bulbes ont commencé à se transiger sur des marchés financiers. En 1634, la folie avait atteint la classe moyenne. Certains auraient même échangé leurs terres et leur bétail pour acquérir un seul bulbe. Les prix de certains bulbes ont monté jusqu’à 10 fois le salaire annuel d’un ouvrier. Lorsque les prix ont commencé à plafonner, les gens se sont mis à vendre pour prendre leurs profits et le marché s’est écroulé, entraînant une dépression économique.
La monnaie hollandaise
Suite à la découverte de l’Amérique par Colomb en 1492 et l’invastion du Mexique par Cortez en 1519, des tonnes de métaux précieux (or et argent) sont entrés en Europe. La production de métaux précieux du Japon était aussi en pleine expansion et la compagnie Hollandaise de l’Inde Orientale avait, depuis 1624, le monopole sur le commerce avec le Japon.
La Hollande était une destination de choix pour tout cet or et ce pour plusieurs raisons:
1) La Hollande était à l’époque le centre du commerce européen.
2) La Hollande permettait la libre production de pièces d’or. Ainsi, pour éviter les taxes royales des autres royaumes, l’or aboutissait en Hollande où il était fondu sur place en pièces d’or affranchies de taxes.
3) C’est en 1609 que la Banque d’Amsterdam fut fondée par la ville. Celle-ci recueillait les dépôts en or et émettait de la monnaie papier en contrepartie. Cette banque centrale conservait 100% de ses réserves en espèces; elle n’engendrait donc aucune création de monnaie. C’est justement pourquoi elle était perçue comme une institution saine, ce qui avait beaucoup d’attrait pour les détenteurs d’or du monde.
Conséquemment, l’afflux d’or en Hollande a eu comme effet de faire grandement augmenter la masse monétaire et de générer de l’inflation. Lorsque la folie des tulipes s’est manifestée, cet or a été investi dans les bulbes, ce qui a engendré une bulle démesurée.
L’exception confirme donc la règle!
Pour plus de détails, voir ceci.
La bulle du menhir
Il y a quelques temps, un visiteur de ce blogue me suggérait la lecture d’un excellent billet qu’il a écrit sur l’album Obélix et compagnie de Goscinny; une satire du keynesiannisme. J’ai suivi son conseil et me suis procuré cette bande-dessinée.
Question de mettre la zizannie dans le village, les romains se mettent à acheter non pas des tulipes, mais des menhirs. Saugrenus achète donc un premier menhir à Obelix pour 100 pièces d’or et lui promet de lui en acheter beaucoup d’autres. Cette somme se veut donc une injection de nouvelle monnaie dans l’économie du village gaulois.
Comme Obélix n’a plus le temps de chasser, il paie un autre gaulois pour lui procurer des sangliers. La nouvelle monnaie fait donc son chemin dans l’économie du village. D’autres villageois envient la richesse d’Obélix et se mettent à produire des menhirs. Au fur et à mesure que la production de menhirs augmente, l’inflation se fait sentir et les prix des biens augmentent dans le village. Comme les gaulois ne produisent plus rien, ils doivent tout importer.
César tente de se débarrasser des menhirs gaulois qu’il achète en les vendant à la population romaine via une opération marketing. La demande explose pour cet item « de luxe » et la bulle va bon train. La production de menhirs envahit alors l’empire Romain; de Rome et d’ailleurs, ce qui déclenche le réflexe protectionniste.
Les prix baissent ce qui fait en sorte que César ne peut plus payer autant pour les menhirs gaulois. Lorsque les romains cessent d’acheter des menhirs, la bulle dégonfle, laissant les finances publiques de Rome en piteux état et un immense stocks de menhirs invendus et inutiles.
Quel génie ce Goscinny!
Salut minarchiste, j’espère que vous avez fait bon voyage. Dites-moi, comment l’état est-il responsable de l’éclatement de la bulle technologique de en 2000?
@Lutopium
Je dirais plutôt responsable du gonflement de la bulle.
La banque centrale a maintenu les taux d’intérêt trop bas en créant beaucoup de monnaie (la masse monétaire a cru beaucoup trop). Cette monnaie a été canalisée vers les marchés boursiers.
Les bulles sur les marchés boursiers sont créés par l’endettement (ce qu’on appelle les achats sur marge). Des individus et institutions s’endettent pour investir à la bourse. Cela est facilité par le crédit facile et les bas taux d’intérêt.
Dans le cas de la bulle de 2000, cette liquidité inflationniste a été attirée par l’excitation générée par l’essor de l’internet et des télécommunications.
La bulle a éclaté lorsque l’excitation s’est avérée exagérée et lorsque la Fed a retiré le bol à punch du crédit (i.e. augmenté sa cible de taux d’intérêt).
Dans une économie de libre-marché, la bulle aurait « drainé » l’épargne réelle ce qui aurait fait monter les taux d’intérêt et resserer le crédit. La bulle se serait donc résorbée d’elle-même sans prendre une ampleur trop importante….et surtout sans intervention gouvernementale. En fait, le mot « bulle » n’aurait probablement même pas été utilisé; on aurait plutôt parlé d’embellie boursière prématurée.
Comme vous pouvez le constater, je suis un fervent supporteur de la théorie selon laquelle les bulles financières ne peuvent pas exister sans création de monnaie excessive.
Il me semble bien avoir vu un ou deux article sur cette bulle sur Mises.org. Ton article concorde bien avec ce que j’avais lu.
L’exemple d’Obélix et Cie est excellent aussi. Je n’y aurait pas pensé.
@Philippe
En effet, j’ai utilisé entre autres des articles de Douglas French sur le sujet. Burton Malkiel a aussi documenté la question dans A random walk down Wall-Street.
@ minarchiste:
Lorsque vous décrivez les causes de la bulle techno, vous mentionnez;
1) « La banque centrale a maintenu les taux d’intérêt trop bas »
2) « Les bulles sur les marchés boursiers sont créés par l’endettement (ce qu’on appelle les achats sur marge »
Je me demande s’il n’y a pas aussi un 3e élément, genre:
3) Lorsque les nouvelles émissions d’actions sont créés, elles le sont -comme pour presque toute création monétaire dans notre système actuel- à partir de rien (ou basé sur presque rien, à part une petite partie d’actifs réels)…
Est-ce que je me trompe?
😉
@Sebas
Il faut distinguer d’où provient l’argent utilisé pour acheter les actions. S’il provient d’épargnes réelles ou s’il provient d’emprunts.
Par exemple, vendredi dernier, j’ai utilisé de l’argent que j’ai économisé pour acheter des actions; il n’y a aucune création de monnaie dans ce cas.
Cependant, si quelqu’un emprunte auprès d’une banque ou d’un courtier pour acheter des actions, il y aura effectivement création de monnaie.
@minarchiste, je ne suis pas un expert comme vous mais j’ai un peu de difficulté à blâmer la Fed pour l’éclatement de la bulle technologique. Je m’en souviens comme si c’était hier, j’ai d’ailleurs perdu un excellent job à cause de cet évènement. Je me fie à vous pour dire que l’intervention de la Fed et une utilisation innapropriée du crédit ont contribué à l’éclatement. Cependant, à mes yeux, c’est aussi la spéculation, le mensonge et l’interférence des conseillers de Wall Street qui ont bâti un château de cartes qui est tombé aussi rapidement qu’il s’était créé.
D’ailleurs, Nortel a rampé jusqu’à sa pierre tombale après avoir été pas mal amoché par cet éclatement et a finalement rendu l’âme il y a quelque mois.
Dans un autre ordre d’idées, et peut-être pourriez-vous écrire quelque chose là-dessus, est-il normal que l’évaluation foncière des maisons soit basée sur leur valeur marchande et non leur valeur réelle? Est-il normal et acceptable que la valeur d’une résidence double en 10 ans?
Merci!
@Lutopium
La spéculation ne peut prendre une telle ampleur sans création de monnaie. C’est mathématiquement impossible!
Quant à la valeur d’une résidence, elle est influencée par beaucoup de facteurs, incluant les coûts de construction et la croissance démographique (saturation urbaine).
Mais le facteur principal qui a fait que les prix des maisons ont grandement augmenté ces dernières années est la création de monnaie. La preuve est simple à faire: observez les ratios d’endettement des ménages, ils ont continuellement augmenté durant les années 2000s . Dans le système monétaire actuel, dette = création de monnaie.
Dans un système monétaire sain, seule l’épargne réelle financerait le crédit. Les bulles spéculatives draineraient l’épargne réelle à sec, ce qui ferait en sorte de dégonfler la bulle aussitôt, bien avant qu’elle ne prenne trop d’ampleur. La création de monnaie permet à la bulle de gonfler à volonté….jusqu’à ce que la bulle éclate!
Bref, si les prix des maisons doublent aux 10 ans, c’est parce que notre système de crédit hypothécaire (banques / SCHL) permet d’y canaliser énormément de monnaie créée à partir de rien et ce année après année.
Je crois que beaucoup de néophytes ont de la difficulté avec le concept d’épargne réelle.
@Philippe
Je dirais même que les néophytes ont de la difficulté à comprendre ce qu’est la monnaie…tout simplement!
Que voulez-vous, on ne peut pas tous être des experts… Je l’ai toujours avoué, je suis ignorant mais je tente de me soigner. Cependant, je vous inviterais à considérer l’ensemble des éléments qui peuvent influencer un évènement et non seulement son angle monétaire.
Comme le disait si bien Friedrich Hayek: « Personne ne peut être un grand économiste qui n’est qu’un économiste – et je suis même tenté d’ajouter qu’un économiste qui est seulement un économiste est susceptible d’être un fléau si ce n’est un réel danger. »
@Lutopium
« Que voulez-vous, on ne peut pas tous être des experts… »
…d’où la pertinence de ce blogue.
« considérer l’ensemble des éléments qui peuvent influencer un évènement et non seulement son angle monétaire »
Tout à fait, mais il reste que l’angle monétaire est le seul que nous pouvons changer sans violer les libertés individuelles. De plus, l’aspect monétaire est selon moi la plus importante cause des bulles.
@ minarchiste
Vous dites:
« Il faut distinguer d’où provient l’argent utilisé pour acheter les actions. S’il provient d’épargnes réelles ou s’il provient d’emprunts. »
Ben là, vous avez raison… par contre, dans un monde où l’argent factice n’existe pas;
1- Les émissions d’actions seraient 100x moins grosses (donc 100x moins inflationnistes).
2- Les hausses/baisses des actions en bourse, seraient aussi 100x moins volatiles…
***
Et qui achète ces émissions d’actions -donc encourage aussi la vente-, si ce n’est des syndicats bancaires, qui peuvent le faire grâce à de ‘l’argent fractionnaire’ ?
***
En tout cas, mon exemple du 31 janvier 2010 à 1:11, n’était peut-être pas si bon que ça, car à la base, et pour tous les acteurs économiques, c’est la monnaie fiduciaire qui cause toutes ces ‘folies’…
Je sais, je sais, j’arrive tjrs avec de nouveaux arguments… qui vous oblige à vous surpasser…
😉
Mais dites-vous bien que vos analyses -aussi- me stimulent, beaucoup.
@ minarchiste
Vous dites :
« Il faut distinguer d’où provient l’argent utilisé pour acheter les actions. S’il provient d’épargnes réelles ou s’il provient d’emprunts. »
***
J’ai encore cet autre argument:
Si l’argent provient d’emprunts, c’est encore les banques qui prêtent de l’argent « fractionnaire »…
En tout cas, je fais dans « le découpage de cheveux en 4 », car par rapport aux problèmes de notre système monétaire/bancaire, nous sommes pas mal d’accords… et nous cherchons de véritables solutions… qui favoriseront vraiment tout le monde… y compris les banquiers/investisseurs qui aiment véritablement libre marché… réel…
😉
@Sebas
Vous dîtes:
« Et qui achète ces émissions d’actions -donc encourage aussi la vente-, si ce n’est des syndicats bancaires, qui peuvent le faire grâce à de ‘l’argent fractionnaire’ ? »
Lors d’une émission d’actions de type « bought deal », l’émetteur forme un syndicat composé de plusieurs courtiers (au Canada ce sont essentiellement les 6 grosses banques, Canaccord, GMP, Macquarie, Genuity, Raymond James, Cormark, et quelques autres).
Ce syndicat fait un chèque à l’émetteur au montant de l’émission et vend les actions à ses clients investisseurs. Ça n’implique pas la création de monnaie, sauf si les investisseurs achètent les actions à l’aide d’un emprunt.
Vous dîtes:
« J’ai encore cet autre argument: Si l’argent provient d’emprunts, c’est encore les banques qui prêtent de l’argent « fractionnaire »… »
Tout à fait, c’est exactement mon point. Mais si l’argent provient d’épargnes, il n’y a pas de création de monnaie.
Merci pour ces précisions. C’est toujours l’fun de voir ses « intuitions » confirmées par un expert…
Et pour mes arguments du 13 février 2010 à 4:34 ?
😉
@Sebas
Vous disiez:
« 1- Les émissions d’actions seraient 100x moins grosses (donc 100x moins inflationnistes).
2- Les hausses/baisses des actions en bourse, seraient aussi 100x moins volatiles… »
Je répondrais oui dans les deux cas, mais je ne suis pas sûr du multiple 100x.
merci encore….
Pour le 100x, j’aurais du le placer entre » « … car ce n’était qu’un chiffre ‘inventé’ pour essayer de démontrer l’ampleur de la différence…
En tout cas, nous voyons les mêmes choses, et comme je l’ai dit: mon exemple n’était pas si approprié, car vous aviez déjà souligné l’essentiel en écrivant:
« Il faut distinguer d’où provient l’argent utilisé pour acheter les actions. S’il provient d’épargnes réelles ou s’il provient d’emprunts. »…
« Conséquemment, l’afflux d’or en Hollande a eu comme effet de faire grandement augmenter la masse monétaire et de générer de l’inflation. »
Je suis sceptique. Si l’afflux d’or fait monter les prix, c’est le prix relatif de l’or qui diminue. Conséquemment, il m’est difficile d’imaginer que les gens utilisent encore cette commodité. Au contraire, ils devraient abandonner l’or au profit d’une autre commodité (l’argent, le cuivre, le platine…). L’or devient une mauvaise monnaie, et sauf interférence étatique, la bonne monnaie chasse la mauvaise. Le principe de Gresham ne s’applique pas.
En vertu du fait que le prix de l’or diminue, on va vouloir s’en débarrasser, auquel cas, la demande d’or pour les désirs non-monétaires augmentent. L’or est utilisé pour fabriquer des montres et des bijoux. Les réserves bancaires diminuant, les prix se stabilisent.
En revanche, si l’on interdit la convertibilité, il est tout à fait possible d’imaginer que l’afflux d’or génère de l’inflation. Parce que dans le cas contraire, je ne vois pas comment.
Une dernière possibilité serait que les gens soient obligés de payer en or. Dans ce cas, il est impossible de se débarrasser de l’or.
J’ignore cependant s’il existait une telle législation à cette époque.
D’ailleurs, il me semble que la bulle des tulipes n’en était pas une, d’abord. Ensuite, la « bulle » qui aurait comme qui dirait éclaté n’aurait mis en situation de faillite moins de 300 personnes impliquées pour une population de 42000 habitants.
L’histoire aurait semble-t-il largement été exagérée. Dans tous les sens du terme.
@MH
« L’histoire aurait semble-t-il largement été exagérée. Dans tous les sens du terme. »
Effectivement. C’est aussi ce que je crois. Mais on y fait trop souvent référence pour démontrer l’irrationalité du marché.
Tiens, à ce propos :
« La baisse des revenus de ces autres activités fera diminuer l’activité économique globale, ce qui laissera moins d’argent pour entretenir la spéculation. »
Baisse des revenus due à quoi ? S’il s’agit d’une baisse de consommation, je suppose qu’une baisse relative des prix qui suit la formation d’une bulle relance la consommation, agissant comme un stabilisateur.
Mais qu’en est-il des mouvements d’épargne ? Je veux dire, que se passerait-il si les investisseurs décident d’investir dans les actifs immobiliers au détriment des autres branches d’activité qui verront leurs ressources s’amoindrir par manque de fonds, et qui par conséquent ne pourront se développer qu’à grand peine ? En d’autres termes, il y aurait une concentration des actifs dans l’immobilier au détriment des actifs dans les autres secteurs, impliquant par là que le portefeuille des investisseurs est beaucoup moins diversifié, et donc, plus risqué.
Une telle bulle peut-elle néanmoins se former ?
@MH
« Baisse des revenus due à quoi ? »
S’il n’y a pas d’endettement financé par la création de monnaie et que les revenus sont dirigés vers un secteur d’activité en particulier, les revenus des autres secteurs vont en souffrir.
« Une telle bulle peut-elle néanmoins se former ? »
Non. Elle s’atténuera d’elle-même.
minarchiste,
« S’il n’y a pas d’endettement financé par la création de monnaie et que les revenus sont dirigés vers un secteur d’activité en particulier, les revenus des autres secteurs vont en souffrir. »
Oui, mais ça n’explique pas pourquoi la bulle ne peut pas se former. Là, ce que vous dites, c’est que la bulle va se former quand même, mais qu’elle s’arrêtera plus tôt.
Et puis, je ne parlais pas de ça. Je me demandais si la bulle peut se former si on canalise l’épargne existante dans un secteur de l’économie, ce qui implique que le portefeuille des investisseurs (ou spéculateurs, si on veut) sera moins diversifié et donc plus risqué.
Est-ce qu’un tel scénario peut survenir ?
@MH
Je ne pense pas. Si oui, ça ne durerait pas longtemps et l’ampleur serait limitée.
Les investisseurs n’accepteront pas un rendement potentiel de plus en plus bas sur une classe d’actifs ou un secteur alors que le rendement potentiel des autres classes d’actifs ou secteursaugmentent.
Avec création de monnaie, ce sont toutes les classes d’actifs ou secteurs qui finissent par gonfler.
Généralement, les économistes ont une théorie pour expliquer la formation de bulles. Les cascades informationnelles : lorsque l’on croit que ça va monter, on achète, et ainsi de suite. Sans création monétaire, la bulle serait moins grosse, mais ce n’est pas la question.
La question est de savoir si oui ou non l’épargne existante peut être canalisée dans un secteur particulier. Vous dites que les rendements seront de plus en plus bas.
Mais pourquoi est-ce nécessairement le cas ?
@M.H.
« Vous dites que les rendements seront de plus en plus bas.
Mais pourquoi est-ce nécessairement le cas ? »
Parce que plus le prix d’un actif monte, plus son rendement espéré diminue…finance 101 !
Je voulais dire : tant que la hausse du prix de l’actif ne dépasse pas les profits attendus de l’entreprise.
Les économistes appellent « bulle » une valeur de l’actif dépassant sa valeur fondamentale. Mais ce qu’ils disent surtout, c’est que lorsque le marché croit que ça va monter, le marché fera monter les prix. Certes, sans création monétaire, il y a une limite dont on ignore l’ampleur véritable.
Mais selon eux, la formation de ses bulles peut avoir pour cause ce qu’ils appellent le fameux concours de beauté keynésien. Dans leur modèle, les investisseurs se moquent bien des profits futurs de l’entreprise. Si les investisseurs croient que les autres croient que les prix vont monter, ils vont acheter (on achète quand on croit que ça monte, et on vend quand on croit que ça baisse ou stagne). Si beaucoup d’investisseurs pense comme ça, il y aurait, selon eux, un début de formation de bulle. La valeur de l’actif, ce sont les investisseurs (les « suiveurs ») qui vont se charger de la gonfler, par la simple croyance que les prix vont continuer à augmenter. La croyance s’auto-alimente, et la croissance de la bulle avec.
Ma question est : est-ce qu’un tel phénomène peut faire émerger une bulle, même petite, en l’absence de création monétaire ?
@M.H.
« est-ce qu’un tel phénomène peut faire émerger une bulle, même petite, en l’absence de création monétaire ? »
Oui, mais elle sera très petite et ne durera pas.
Une bulle survient essentiellement lorsque tout le monde fait la même chose.
Donc si tout le monde vend l’actif X pour acheter l’actif Y, le prix de l’actif X devient très attrayant alors que l’actif Y devient très dispendieux. Il y a alors une opportunité de profit démesurée à acheter l’actif X et vendre l’actif Y….mais pas lorsqu’il y a création de monnaie puisque à ce moment-là les investisseurs n’auront pas besoin de vendre X pour acheter Y, ils pourront emprunter (la liquidité fera gonfler la bulle).
C’est aussi ce que j’ai pensé au départ. Mais selon certains économistes, c’est lorsque l’on croit que le prix de l’actif va monter qu’on va l’acheter, et qu’on le vend lorsqu’on croit qu’il ne montera plus ou va baisser.
Autrement dit, dans votre exemple, l’actif X devient attrayant, mais si on applique leur raisonnement à eux, les gens ne vont pas forcément l’acheter puisqu’on achète quand on croit que ça va monter (ou que c’est en train de monter).
Or, je me souviens que vous aviez dit, dans un article sur les cycles économiques, que l’on achète quand c’est bas, et que l’on vend lorsque c’est haut. Donc, si l’on applique votre raisonnement, quand Y monte, X baisse et fait accroitre les opportunités, et au final l’équilibre est retrouvé.
Mon problème se situe surtout à ce niveau. Je n’ai pas toujours réussi à trancher définitivement les deux avis.
On achète quand on pense que ça va monter ou on achète quand c’est bas ?
@M.H.
« On achète quand on pense que ça va monter ou on achète quand c’est bas ? »
Il y a des investisseurs « momentum », qui ne font que suivre la tendance.
Il y a aussi des investisseurs « contrariens », qui font le contraire de la tendance pour profiter d’un éventuel retour à l’équilibre.
Avec création de monnaie la première stratégie est nettement plus payante…pour un certains temps.
Les contrariens sont graduellement évincés du marché et finissent par lancer la serviette; c’est à ce moment que la bulle atteint son apogée. Puis, la bulle éclate…