Cette série d’article présente la pandémie sous quatre angles différents.
Partie 1 : L’échec des gouvernements.
Partie 2 : Les impacts économiques.
Partie 3 : La liberté individuelle en pandémie.
Partie 4 : De l’hydroxychloroquine aux vaccins – la science malmenée.
Partie 3 : La liberté individuelle en pandémie.
Vu son échec à contrer la pandémie, le gouvernement n’a eu d’autre choix que d’adopter des mesures sanitaires liberticides. Les cas les plus extrêmes sont certes survenus en Chine, où nous avons vu les autorités souder les portes d’immeubles résidentiels pour emprisonner les gens à l’intérieur. Il faut réaliser quand dans un système communiste, le tout vaut vraiment plus que la somme des parties…
Dans les pays occidentaux, des règles plus humaines ont été adoptées trop tard pour réduire le rythme de propagation. Mais encore une fois, une grave erreur a été commise initialement, en affirmant que le port du masque n’était d’aucune utilité. Cette directive initiale visait sans doute à prévenir une ruée sur ces équipements, de manière à en réserver la disponibilité aux travailleurs en soins de santé. On craignait aussi que les gens les utilisent mal et que le masque donne à la population un faux sentiment de sécurité, résultant en un comportement moins prudent. Des préoccupations certes légitimes, mais qui ont grandement miné la crédibilité des autorités sanitaires suite à la volte-face subséquente.
Une fois qu’il eut été clair que le secteur privé pouvait fournir amplement de masques en tissus à la population, les gouvernements ont corrigé le tir et ont non seulement encouragé le port du masque, mais l’ont en plus imposé dans les lieus publics. Il s’avère que le masque permet de freiner la grande majorité des microgouttelettes qui transportent le virus et permet donc de protéger les gens autour de nous au cas où nous serions infectés. Plusieurs études ont d’ailleurs démontré l’efficacité de cette mesure (voir ceci et ceci). Encore une fois, si le gouvernement avait planifié au départ, il aurait été moins pris au dépourvu sur la question du masque et n’aurait pas commis cette erreur.
Par contre, cette directive nous a fait connaître une nouvelle sorte d’individus peu doués au niveau intellectuel : les anti-masques. Ces individus dont la fibre militante s’est soudainement éveillée se sont mis à croire d’innombrables sornettes du genre que les masques causent l’asphyxie, le cancer ou des moisissures dans les poumons. Bien qu’il soit normal de poser des questions sur les justifications de telles mesures, ces gens ont décidé d’ignorer tous les experts et de croire à des stupides théories du complot (voir ceci).
Des mesures de confinement ont aussi été adoptées, variant d’une région à l’autre, soulevant énormément de protestation. Cependant, il faut réaliser que ces mesures sont très efficaces à ralentir le taux de propagation. De nombreuses études l’ont d’ailleurs démontré, dont celle-ci récemment publiée dans Nature et que j’ai trouvé très bien faîte.
Elle évalue l’impact des mesures sanitaires sur le taux de reproduction du virus (R) dans 56 pays. En combinant leurs analyses statistiques, les chercheurs ont attribué un score à chaque mesure. Ils concluent qu’il faut une combinaison de mesures pour obtenir un R de 1 ou inférieur à 1, mais que certaines mesures sont plus efficaces que d’autres. (notez qu’un R=1 signifie que chaque personne infectée ne transmet le virus qu’à une seule autre personne)
La mesure la plus efficace est d’interdire les petits rassemblements, suivie de la fermeture des institutions d’enseignement et des restrictions frontalières. Puis, l’annulation des grands rassemblements et l’accès accru à des équipements de protection personnels (PPE) obtiennent aussi un score supérieur à 50%. Le tableau suivant, tiré de l’étude, présente les scores pour chaque mesure.
Certaines personnes ont montré l’exemple de la Suède comme étant la preuve que le confinement n’était pas nécessaire. La Suède a permis aux écoles, bars, restaurants et salles de spectacle de demeurer en opération sous certaines conditions. Ils ont encouragé la distanciation sociale incluant le travail à la maison et recommandé d’éviter le transport en commun. Ils ont aussi banni les rassemblements de plus de 50 personnes. Le port du masque n’est pas obligatoire excepté dans les établissements de santé.
Pourtant, cette analyse des données démontre qu’en Suède, l’absence de confinement aurait causé 1,200 morts de plus lors de la première vague. Un confinement aurait réduit le nombre de mort de 33%. Par contre, le bilan aurait pu être encore pire si la Suède n’avait pas au départ un bon système de santé avec suffisamment de capacité (un luxe que nous n’avions pas au Québec).
Par ailleurs, l’objectif n’a jamais été d’atteindre l’immunité de groupe, un concept rejeté par la très grande majorité des scientifiques. D’ailleurs, moins de 10% des Suédois ont développé des anticorps contre la COVID-19 selon une analyse de septembre dernier.
En revanche, les mesures sanitaires suédoises ont été gérées de manière à maintenir suffisamment de capacité dans les hôpitaux. Dans différents pays, cet objectif requière différents niveaux de restrictions en fonction de la population et de la capacité du système de santé. Les mesures suédoises n’auraient donc pas pu être appliquées par tous les pays.
Ce graphique montre le nombre de cas cumulatif par 100,000 habitants pour différents pays. On constate que la Suède n’est devancée que par les États-Unis, alors que ses voisins nordiques (la Finlande, le Danemark et la Norvège) ont mieux fait que la plupart des pays. Le nombre de décès de la COVID par 100,000 habitants pour la Suède est le double du Canada, 4 fois plus élevé que le Danemark et 8 fois plus élevé que la Norvège et la Finlande.
En revanche, son économie n’a pas tellement mieux fait que ses voisins (voir tableau ci-bas). Le taux de chômage y est demeuré plus élevé que dans les autres pays Nordiques.
Avec leurs soins intensifs qui approchent de la pleine capacité, il est maintenant consensus pour les experts de par le monde que la stratégie suédoise contre la pandémie a échoué. D’ailleurs, la confiance de la population du pays envers les autorités sanitaires est en chute libre.
Un des éclaircissements qu’il est important de faire est que la COVID-19 est bien plus mortelle que la grippe saisonnière. Ce graphique intéressant montre la mortalité par groupe d’âge. Au total, la COVID est 230 fois plus mortelle selon ces chiffres ajustés. La portion de droite montre la mortalité en Chine de 2.3% lors de la vague initiale. Cependant, même si on prend la mortalité totale pour différents pays développés, on obtient les chiffres du second graphique ci-bas (prélevé sur le site John Hopkins University à la fin décembre 2020), soit entre 0.8% et 3.5%, comparativement à 0.1% pour la grippe.
Les différences de taux de mortalité s’expliquent surtout par la démographie (les personnes âgées en centres de soin représentent la majorité des décès au Canada), des différences de méthodologie, la prévalence des tests et la performance du système de santé (l’impact principal pour l’Italie).
S’il y a une restriction qui aurait dû être adoptée plus tôt, c’est bien celle de voyager dans d’autres pays. Initialement, les autorités (incluant l’OMS) ont cru que des restrictions sur les voyages étaient inefficaces à la lumière de la littérature scientifique existante (voir ceci). Par contre, à la lecture du synopsis de ces nombreuses études, on constate vite qu’elles étaient inadéquates concernant la situation COVID-19 car elles ne considéraient qu’une fermeture partielle des frontières (dans certains cas avec une réduction de seulement 40% des voyages). Il apparaît aujourd’hui évident qu’une fermeture complète des frontières (à 100%) accompagnée d’une quarantaine obligatoire et sévère pour les ressortissants de retour au pays aurait pu aider à ralentir la progression initiale de la pandémie et aplatir la courbe. Tel qu’expliqué dans le documentaire discuté dans la partie 1 de cette série, ce sont les voyages qui transforment un virus en pandémie.
Pour les fêtes de fin d’année 2020, beaucoup de Canadiens ont voyagé dans d’autres pays où les restrictions sont plus souples et en sont revenus avec la Covid, un véritable gâchis. Plutôt que d’être simplement “non-recommandés”, ces voyages auraient dû être interdits. Le gouvernement a ensuite dû improviser en exigeant des tests et des quarantaines.
Donc en somme, bien que les restrictions sanitaires adoptées par différents gouvernements constituent une science encore inexacte à ce point-ci, ces restrictions étaient nécessaires et, dans plusieurs cas, sont arrivées trop tard. Il est selon moi mal avisé de considérer ces mesures comme des atteintes aux libertés individuelles.
Au bout du compte, la plupart des libertariens concèdent que nous acceptons de sacrifier un peu de liberté individuelle pour vivre mieux en société, comme par exemple le code la sécurité routière qui impose des restrictions. Il ne faut pas confondre une mesure qui facilite le vivre-ensemble avec une atteinte à la liberté individuelle (surtout que les mesures sanitaires sont temporaires).
De plus, on peut considérer qu’une personne qui ne respecte pas les règles impose un coût au reste de la société non seulement en risquant d’infecter les autres, mais aussi en contribuant à surcharger la capacité des hôpitaux, qui doivent alors consacrer davantage de ressources à cet effet. Ainsi, des gens mourront de d’autres maladies comme le cancer cette année parce que leur chirurgie aura été reportée par manque de personnel parce que trop de gens ont bafoué les règles sanitaires et ont été infectés.
Cette situation est semblable à celle des vaccins. Le gouvernement ne force personne à être vacciné, mais la plupart des libertariens sont d’accords pour que les gens non-vaccinés ne puissent pas accéder à certains services publics car ils imposent un risque trop grand au reste de la société. C’est d’ailleurs en partie de l’aspect des vaccins dont nous traiterons dans la dernière étape de cette série d’articles.
Bonjour,
En préambule sachez que j’ai découvert ce blog il y a quelques mois et que je trouve la qualité des articles publiés le plus souvent remarquable, avec une analyse rigoureuse des faits. Certains font parties des meilleures défenses de la liberté que j’ai pu lire sur la toile.
Néanmoins, je me permets de rebondir sur cet article, car pour une fois je suis en désaccord avec vous. Je pense en effet que la pandémie a donné lieu a des concessions à la liberté qui selon moi ne sont pas acceptables.
Je vous propose de vous formuler mes remarques points par points, dans l’ordre d’apparition de votre article :
1) Le port du masque : Sans être un anti-masque, je ne peux m’empêcher d’être gêné par le recours à la coercition. Par exemple chez nous en France, avant que l’Etat ne s’y mêle, une grande majorité des commerces demandaient le port du masque à l’entrée (je n’ai pas de chiffre, c’est un ressenti). Ces derniers sont d’ailleurs incités à procéder de cette manière, pour leur image d’entreprise responsable et afin d’attirer les consommateurs. Je ne vois pas l’utilité de l’intervention de l’Etat.
Par ailleurs on ne m’ôtera pas l’idée qu’un pays dans lequel il est possible de prendre une amende pour le non port du masque dans un rue déserte c’est le règne de l’arbitraire.
Quant au consensus scientifique sur la question, il existe en effet, même si certaines études sont plus réservées. Cependant vous sembliez moins sensible au consensus dans vos articles sur le réchauffement climatique.
2) La Suède : Vous démontrer l’inefficacité de la gestion du pays par ses mauvais chiffres en termes de victimes de la pandémie. Selon vous cela prouverait (si je vous suis) que le non confinement n’est pas une solution acceptable. On pourrait alors pousser votre raisonnement jusqu’au bout et considérer les bons chiffres de la Chine. De la à en déduire qu’en cas de pandémie il convient de préférer un système communiste où, pour vous citer, les portes d’immeubles sont soudés afin d’enfermer les résidents, il n’y a qu’un pas…
Pour ma part l’exemple de la Suède me fait penser que sans user de la coercition, nous n’arrivons pas à un résultat aussi catastrophique qu’on pourrait croire (surtout quand on écoute nos politiques). Les chiffres sont certes mauvais mais comparables à ceux d’autres pays qui ont confiné.
3) Je ne suis pas d’accord avec les taux de mortalité que vous donnez (mais bon là je chipote un peu car cela ne change pas radicalement les choses) qui me semble-t-il sont basés sur la première vague à une époque où on testait beaucoup moins la population. En faisant une recherche rapide je trouve par exemple un taux de mortalité de 0.66%, ce qui est déjà bien supérieur à celui de la grippe : https://www.infirmiers.com/actualites/actualites/coronavirus-taux-mortalite-estime-0-66.html
4) Vous écrivez : « on peut considérer qu’une personne qui ne respecte pas les règles impose un coût au reste de la société ». Je ne suis pas du tout d’accord. Cet argument pourrait être utilisé en faveur de l’interdiction de l’alcool, de la cigarette ou de la drogue (en vous lisant vous apparaissez comme farouchement opposé à ce type d’interdiction). De manière générale avec ce type de raisonnement on peut justifier une grande partie des mesures collectivistes que vous combattez habituellement. De plus il existe des moyens pour prendre en compte ce « coût » que vous évoquez, sans recours à la coercition, par exemple avec un système d’assurance adapté (dont nous sommes loin certes, compte tenu de l’étatisation d’une grande partie des régimes d’assurance…).
5) Je ne résiste pas à la tentation de vous poser une question : que répondez-vous aux étatistes de tout bord qui considèrent que la pandémie est la preuve de la nécessité de l’intervention de l’Etat tant sur le plan sanitaire qu’au niveau du soutien économique ? Il semblerait selon certains que le libéralisme ferait partie des nombreuses victimes du coronavirus…
Je conclurai en exprimant ma profonde réserve quant à l’utilisation de la coercition quel que soit le contexte. Même si personnellement cette pandémie me gène sur le plan intellectuel car j’entends les arguments en faveur du confinement.
Néanmoins on ne peut être que frappé par les graves problèmes économiques générés par le confinement, qui engendre des situations parfois pires que ce que l’on cherche à sauver (chômage, suicide, etc..). Imaginons un monde où un vaccin n’aurait été trouvé disons qu’en 2025. Cette situation n’aurait pas été tenable! Les Etats se seraient tous retrouvés en faillite, et le pire est que l’on aurait blâmé le Covid au lieu de s’en prendre à l’Etat providence!
Cela dit je ne suis pas confiant sur notre capacité à se remettre de cette crise sur le plan financier, malgré les vaccins qui offrent des perspectives de retour à la normal. L’Etat se plait bien à ne pas insister sur la dette qu’il faudra bien rembourser tôt ou tard…
J’aime à penser pour ma part que l’appel à la responsabilité individuelle aurait pu être une solution plus satisfaisante que la coercition sur le plan des valeurs, tout en permettant de diminuer l’impact économique. Nos gouvernements ont en réalité infantilisé l’ensemble de la population, et la conséquence en est prévisible, les gens se sont parfois comportés comme des enfants et en ont oublié le sens des responsabilités. C’est dommage alors que cette crise aurait pu être la réhabilitation de la responsabilité des individus (vœux pieux dans l’époque que nous vivons je vous l’accorde).
De la part d’un défenseur de la liberté tel que vous, j’aurais espéré trouver dans cet article la verve à laquelle vous nous avez habitué dans un plaidoyer contre la coercition qui s’imposent actuellement comme les nouvelle norme.
@Ludovic
Merci de suivre le blogue et pour votre commentaire. Notez que mes observations ne concernent pas tant les mesures adoptées en France, qui sont plus sévères que celles adoptées au Québec.
1) Au Québec le masque n’est pas imposé à l’extérieur. J’ai vu aucune justification scientifique pour ce qui est d’imposer le masque dehors, donc là-dessus nous sommes en accord. Au Québec, aucun commerce n’imposait le masque avant que le gouvernement ne l’impose. La plupart des commerçants ont été bien soulagés que le gouvernement intervienne à cet égard, pour la sécurité de leurs employés entre autres. Je comprends votre argument, mais je préfère le pragmatisme sur cette question.
2) Comme je l’expliquais, la Suède a pu se permettre une flambée de cas car son système de santé (incluant les résidences pour personnes âgées) avait de la capacité. Au Québec ça aurait été le désastre. L’assouplissement des règles relativement aux pays voisins a causé la mort d’un grand nombre de personne, est-ce que ça en valait vraiment la peine vu la performance économique peu impressionnante? Il me semble que non et la plupart des Suédois regrettent maintenant que leur gouvernement n’ait pas été plus restrictif.
3) Il y a plein de façon de calculer la mortalité. La plupart des sources que j’ai lue ont parlé d’une multiple de 50 fois plus mortel que la grippe.
4) Justement, nous n’avons pas ledit système d’assurance adapté. Les personnes qui consomment de l’alcool ou de la drogue au volant sont passibles d’une amende élevée, voire d’une peine de prison (avec quoi je suis parfaitement d’accord), cela est une meilleure analogie plutôt que celle d’interdire l’alcool ou la drogue. Je suis d’accord que les drogues imposent d’autres coûts directs à la société, mais très minimes à comparé à la COVID, qui tue des milliers de gens par jour. C’est un tout autre ordre de grandeur!
5) Le titre de ce blogue est « Le Minarchiste » et non pas « L’Anarchiste ». Je suis au courant des écrits de Murray Rothbard par exemple qui explique très bien qu’en théorie, une société peut fonctionner sans gouvernement (même pour l’armée et le système de justice). Cependant, je pense qu’il faut être pragmatique et commencer par prendre la société actuelle telle qu’elle est et tenter la changer graduellement vers la liberté. Au final, il y a des choses qui pourraient être laissées au privé, mais que le gouvernement fait relativement bien, donc je préfère m’attarder à certains éléments plus que d’autres.
– Je considère cependant que le gouvernement se devait d’avoir un plan d’action et des ressources pour se préparer à une pandémie et qu’il a faillit à cette tâche. Donc cette pandémie démontre en fait que même pour des tâches qui pourraient naturellement lui revenir, le gouvernement échoue, donc c’est en fait un argument pour justifier moins d’interventionnisme…
– Tout comme Hayek, je suis d’avis qu’il fait partie du rôle du gouvernement de fournir un certain filet social. Cependant, on peut débattre de l’ampleur de ce filet.
– Pour ce qui est de se fier sur la responsabilité des individus, oubliez ça! Il aurait fallu une désinfantilisation au préalable. Il faut être réaliste et essayer de faire le mieux pour sauver des vies avec des mesures raisonnables.
– Au Québec, la santé publique a demandé aux gens de ne pas voyager et de ne pas faire de rassemblements durant la période de Noël….nous avons maintenant une flambée de cas parce que les gens n’ont pas pris leurs responsabilités sur ces deux simples directives.
Bonjour,
Merci d’avoir pris le temps de me répondre, d’autant plus que mon commentaire était bien plus long qu’initialement anticipé!
1) En effet, j’ai supposé « bêtement » que le masque était obligatoire en extérieur au Québec. Je comprends donc que ce n’est pas le cas!
2) Je reviens sur la Chine qui a eu une stratégie très efficace sur le plan sanitaire. Selon vous un Etat minarchiste serait-il légitime à prendre des mesures du même ordre pour lutter contre la pandémie? Dans le cas contraire où mettre la ligne rouge?
4) L’alcool au volant, j’utilise des infrastructures (les routes) et j’accepte de me plier aux règles associées (on peut discuter de la pertinence de certaines règles mais c’est un autre débat). J’estime que lorsqu’on m’interdit d’aller dans le domicile privé d’un de mes amis c’est très différent.
J’ai peur qu’en justifiant cette coercition, pour le bien de la société, c’est à dire au nom de l’intérêt général (notion donc je me méfie), on ouvre la porte sur le plan théorique à d’autres mesures liberticides.
5) Je suis d’accord avec vous, si l’on est pragmatique mieux vaut préférer défendre la minarchie à l’anarchie (trop éloignée du monde actuel). Je comprends que c’est par pragmatisme également que vous accepter la coercition dans le cadre de la lutte contre la pandémie. Sur ce point je suis peut être un peu plus idéaliste.
Néanmoins pour revenir aux questions économiques vous militez pour un monde où l’Etat intervient le moins possible, notamment en cas de crise. Certes la pandémie n’est pas une crise comme les autres mais vous semblez dans ce cas précis être favorable à l’intervention de l’Etat qui pourtant est (à son habitude) très dispendieux. Je n’ai pas été convaincu par votre précédent article où vous dites que l’Etat doit dédommager pour son impréparation, car lorsque l’Etat « dédommage » c’est toujours avec l’argent des autres…
Je veux bien souscrire, avec Hayek (j’ai découvert d’ailleurs comme d’autres le libéralisme avec la route de la servitude) qu’un minimum d’Etat providence peut être souhaitable. Néanmoins c’est contre son excès que je m’insurge. J’estime que lorsqu’on « ouvre les vannes » comme on le fait actuellement pour gérer la crise, cela crée un dangereux précédent…
@Ludovic
2) Non, je ne crois pas que les mesures adoptées en Chine soient acceptables. En fait, je pense que la constitution de tout pays devrait avoir une clause pandémie, qui met des balises à ce que le gouvernement peut faire et qui, bien entendu, établit clairement que ces mesures sont exclusives aux temps de pandémie.
4) Vous dîtes : « J’ai peur qu’en justifiant cette coercition, pour le bien de la société, c’est à dire au nom de l’intérêt général (notion donc je me méfie), on ouvre la porte sur le plan théorique à d’autres mesures liberticides. »
Je suis absolument d’accord, mais je ne pense pas que les mesures adoptées soient des atteintes permanentes aux libertés individuelles. Ce ne sont que des règles temporaires.
Il faut aussi noter que ce que vous faîtes même dans votre domicile privé affecte le reste de la société, car en remplissant les hôpitaux, vous faîtes courir le risque aux autres de ne pas pouvoir recevoir de soins pour la COVID et autres maladies.
Vous dîtes aussi :
« Je n’ai pas été convaincu par votre précédent article où vous dites que l’Etat doit dédommager pour son impréparation, car lorsque l’Etat « dédommage » c’est toujours avec l’argent des autres… »
Effectivement, mais lorsqu’on prévoit un certain filet social, c’est aussi avec l’argent des autres. Quand on accepte de vivre en société, on accepte aussi de payer quelques taxes pour financer un état minimal. La question est de savoir quelles devraient être l’ampleur et la structure de ces aides.
Sur ce point, je pense que les banques centrales sont encore allées beaucoup trop loin dans leur intervention et que cela va créer des problèmes majeurs dans le futur.
Bonjour à tous, et bravo Minarchiste pour les données et la réflexion.
Je souhaite apporter un complément, et dire que nos réflexions sont délicates car nous sommes immergés et le recul pour analyses est faible. Vous me permettrez un petit cynisme, on a de la chance : ce virus ne tue vraiment que des vieux …( j’aime mieux que ce soit moi que mes enfants) , ce n’est pas une guerre ni une destruction par lui mais plus par les effets des politiques choisies ..
Néanmoins en 4 points
1- selon moi , il y a 3 situations
Les pays ouest européen
Les pays asiatiques
Les pays sur une île …. ( c’est plus facile)
les pays asiatiques avaient l’expérience de 2003 ( certains se sont préparés) …et sans utiliser la chine ( qui est trop responsable et dictature, pour qu’on puisse s’y fier) ; pourquoi on ne regarde pas leurs méthodes meme 3-6 mois après ?
2 – il y a des différences de résultats :
Taïwan a bien géré , le Royaume Uni moins bien : ce sont 2 îles …
Les européens ont fait ce que les copains faisaient, sans réflexions l’homme politique est un mouton : confinement. Etc …
3- en France , il est intéressant en suivant les hospitalisations ( donc les cas graves ) de voir que quand l état oblige le 2ème confinement, le 28 octobre on voit déjà les cas en baisse comme si le couvre feu de septembre avait en partie fonctionné. C’est une situation plus acceptable que les confinements.
On constate en janvier qu’il n’y a pas d’aggravation après Noël, mais que le réveillon du 31… c’est plus problématique. Quand on demande à des gens de suivre des recommandations idiotes ( masque dans la rue, téléskis interdits… ) , l’acceptation est plus difficile ( et je suis le premier)
4- proposition :
Évidemment en France au bout d’un an , on est encore à se demander si un vétérinaire serait utile dans les décisions : une règle en épidémiologie, c’est de savoir ce qu’est la maladie ( virus, mode de contagion, étendue..) . C’est ce 3 eme point qui fait la différence avec les pays asiatiques.
Vous ne parlez pas de ce point de vue, j’aurais rêvé de l’action, pas de la réaction
* drive pour tester les gens ( plutôt qu’installer des hôpitaux militaires pour briller)
* isolement 5a 7 jours ( cas positif dans les hôtels et domicile , permis déposé à la gendarmerie … ou autre)
* ré tester pour sortir .
= au lieu de bloquer , faire des couvre feu, il faut tester et tester : c’est le seul moyen de savoir où en est la maladie. Mais tester intelligemment.
= je bloque , une ville un département ( la surveillance des égouts semble prédictive) …et là je teste tout . On ne sort qu’avec un test négatif .
Confiner sans tester la zone, nous laisse aveugles.
Bonjour que pensez vous de cet article ??? https://necpluribusimpar.net/pourquoi-un-nouveau-confinement-serait-une-erreur/
Personnellement, je le trouve plutôt convainquant
Pas moi.
Lorsqu’on parle de la Suède, il faut comparer aux pays voisins qui sont comparables, pas à l’ensemble de l’UE. On voit bien que la pandémie y est pire et l’économie ne s’y porte pas mieux. Le premier graphique montre le nombre de morts par millions d’habitants (plutôt que le nombre de cas), alors que cette mesure dépend surtout de la capacité et de l’efficacité du système de santé et des maisons pour personnes âgées, que des mesures de confinement. Au Québec, les trois-quarts des morts de la COVID étaient en CHSLD.
Le pic suédois correspond à la fête de Noël, il est donc peu surprenant que l’incidence ait diminué par la suite, même s’il n’y a pas eu de confinement. Par contre, la vente d’alcool a été interdite après 20h après le 24 décembre.
Il faut aussi considérer le niveau d’obéissance aux restrictions. Je pose comme hypothèse que les Suédois suivent davantage les recommandations (même si elles y sont plus souples) que les Français… Les restrictions au Québec en septembre dernier ressemblaient à la Suède et regardez dans quel bourbier nous sommes à ce moment-ci… Les gens ont abandonné la distanciation et le masque dans les rassemblements. Encore en septembre on faisait la fête dans les bars karaoke…
Je trouve l’exemple de la Floride tiré par les cheveux. Il y a eu un pic extrême après les vacances des fêtes où pleins de gens d’Amérique du Nord ont afflué sur les plages (incluant des Québécois), et la baisse subséquente est peu surprenante même s’il n’y a pas eu de confinement, mais on constate tout de même qu’en excluant le pic des vacances, la tendance est quand même haussière!
Et en ce qui concerne les États américains, il faut considérer si ses états sont plus urbains, leur composition démographique, leur climat et s’ils sont plus exposés aux migrations.
Et j’aurais aimé voir la comparaison entre densité de population et nombre de cas durant la deuxième vague, plutôt que le nombre de morts, qui lui dépend de bien d’autres facteurs.
Ceci dit, je répète que je ne connais pas tant la situation en France. Au Québec, les hôpitaux sont tellement pleins que les médecins ont dû pratiquer du délestage, c’est-à-dire laisser des gens mourir pour sauver ceux qui ont une meilleure chance de survivre. On reporte aussi les chirurgies et les médecins ont clairement dit que des gens relativement jeunes vont mourir de cancers qui auraient normalement pu être guéris.
Pourtant, tout cela avait été parfaitement prévu par les modèles épidémiologiques dès le début septembre. Ces modèles sont très puissants et permettent de démontrer assez clairement que les impacts des mesures sanitaires sont significatifs sur le taux de transmission. Ces chercheurs sont des scientifiques. Ils n’ont pas d’agenda politique et ne sont pas à la solde des médias. Ils ont imploré notre premier ministre de renforcir les restrictions dès septembre. Pas pour gagner une élection, mais parce que leur modèle leur criait que c’était la chose à faire pour sauver des centaines de vies.
Si les mesures avaient été renforcies au Québec dès septembre, nous aurions évité en grande partie le désastre actuel. Ceci dit, même s’il a graduellement renforci les mesures entre octobre et janvier, l’objectif du premier ministre était de garder les écoles primaires ouvertes, un sacrifice qui me semble raisonnable en terme coût/bénéfice, mais qui a diminué l’efficacité des nouvelles mesures. Et ça c’est un bon exemple de nuances qui sont difficiles à inclure dans une étude à l’échelle mondiale. Il y a trop de variables.
Le pic des fêtes est maintenant passé au Québec, et ce pic a été causé par les gens qui ont désobéi aux exigences et ont été faire la fête en famille, en plus de ceux qui ont été en voyage dans les pays chauds et sont revenus infectés.