Cette série d’article présente la pandémie sous quatre angles différents.
Partie 1 : L’échec des gouvernements.
Partie 2 : Les impacts économiques.
Partie 3 : La liberté individuelle en pandémie
Partie 4 : De l’hydroxychloroquine aux vaccins – la science malmenée.
Partie 4 : De l’hydroxychloroquine aux vaccins, la science malmenée.
Devant l’abysse que représente l’absence de traitement contre la COVID-19, les autorités gouvernementales se sont laissées séduire par le Remdesivir de la pharmaceutique américaine Gilead. Pourtant, malgré son coût exorbitant de US$2,340 pour un traitement de 5 jours, ce médicament n’apporte que très peu de bienfaits (voir ceci). Nos gouvernements ont probablement déjà gaspillé beaucoup trop d’argent à entreposer et administrer ce médicament.
Puis il y a eu le Dr Raoult et son hydroxychloroquine. On ne peut certainement pas lui reprocher d’avoir essayé quelque chose devant l’absence totale de traitement et d’avoir ensuite signalé qu’il avait obtenu des résultats intéressants. Par contre, on comprend mal son acharnement stupide à poursuivre dans cette voie alors que de nombreuses études robustes montrent que ce traitement ne fonctionne pas.
Cette méta-analyse publiée par Oxford Academic en octobre dernier combine les résultats de 21 études et conclue que l’HCQ n’a aucun effet sur la mortalité à la COVID-19.
Celle-ci combine les résultats des 7 études publiées les plus robustes comprenant au total près de 5,000 patients et observe la même chose : aucun effet pour l’HCQ.
Il y a même cette méta-analyse publiée sur Medrxiv, publiée au mois d’août, qui combine les résultats de 23 études et qui ne démontre aucun bienfait de l’HCQ, voire même des effets négatifs potentiels.
Une pseudo méta-analyse a été mise en ligne sur ce site, affirmant que les trois-quarts des 185 études sur l’HCQ prouvent sont efficacité. Par contre, il ne s’agit pas d’une vraie méta-analyse, mais plutôt d’une simple compilation d’articles avec des méthodes très différentes, qui mesurent des paramètres divers (charge virale, temps d’hospitalisation, mortalité, etc), rendant impossible l’agrégation des données pour augmenter le pouvoir statistique (le but d’une méta-analyse).
De ces 185 études, seulement 24 sont des essais cliniques randomisés où l’HCQ est comparée avec un groupe contrôle. De ces 24 études, seulement 3 montrent des résultats statistiquement significatifs, c’est-à-dire que l’immense majorité (21 sur 24) conclut que la HCQ n’est pas plus efficace que le traitement standard. Deux des 3 autres études ne sont pas encore publiées dans des journaux scientifiques et pas encore vérifiées par d’autres chercheurs. Ces deux études ne seront probablement jamais publiées car leur méthodologie est bien trop faible (voir ceci).
La seule déjà publiée (Huang et al, Journal of molecular cell biology) n’a pas de vrai groupe contrôle, mais compare les patients traités à l’hydroxychloroquine avec des patients traités avec lopinavir/ritonavir (un autre traitement expérimental dont l’inefficacité a été scientifiquement prouvée).
Donc au final, la science a définitivement parlé concernant l’hydroxychloroquine et les résultats semblent particulièrement unanimes! Le Dr Raoult et ses comparses ne sont-ils pas capables de lire la littérature? Ne sont-ils pas au courant que lorsqu’un résultat scientifique ne peut être reproduit, il n’est pas valide?
Dans de cas du Dr Raoult, il apparaît maintenant évident que ses résultats ont bénéficié d’une combinaison de l’effet placebo et de l’effet « blouse blanche ». Puis, sa position est curieusement devenue politisée, comme si une frange de la population s’était mise à voir le succès de l’HCQ comme un affront aux élites et à l’establishment. Ce qui est encore plus curieux est que des médecins (qui bénéficient pourtant d’une formation scientifique) ont été entraîné dans son sillage.
Il s’agit pour moi d’un excellent exemple de dérive scientifique due au fait que trop de poids a été attribué à un « expert », pour lequel il est devenu plus important d’avoir raison que de mettre à jour la réalité scientifique.
Récemment, l’OMS a publiée son étude « Solidarity » qui a enrôlé 11,266 patients atteints de la COVID-19 dans 405 hôpitaux situés dans 30 pays.
- 2,750 ont reçu remdesivir
- 954 ont eu l’hydroxychloroquine
- 1,411 ont eu lopinavir
- 651 ont eu une combinaison d’interferon et lopinavir
- 1,412 n’ont eu que l’interferon
- 4,088 n’ont reçu aucun médicament (pas de placebo)
La conclusion des chercheurs est qu’aucun de ces traitements ne fonctionne!

Devant cette situation précaire, le développement de trois vaccins arrive comme un véritable miracle technologique. Non seulement le temps de développement établit un nouveau record fort impressionnant et l’efficacité dépasse largement les attentes, mais en plus deux de ces vaccins utilisent une nouvelle approche jamais réussie auparavant, celle du mRNA, dont la molécule gagnante a été identifiée grâce à un algorithme d’intelligence artificielle. Il s’agit possiblement de l’un des plus grands accomplissements de l’humanité.
Il est intéressant de noter qu’en vertu de l’Opération Warp Speed, les méthodologies d’essais cliniques des vaccins ont été unifiées, ce qui permet une meilleure comparaison des résultats. Les protocoles des essais n’ont pas été fignolés par les compagnies pharmaceutiques elles-mêmes, mais plutôt par des universités indépendantes et le tout a été rendu public.
Quant aux résultats de phase 1 et 2, ils ont été publiés dans les grandes revues scientifiques directement par les universitaires qui supervisent ces études. Les études de phase 3 vont se poursuivre pour deux ans, mais la plupart des résultats intérimaires sont publiés.
Ce graphique illustre les résultats du vaccin de Pfizer-BioNTech, rendus publics ici par la FDA le 18 novembre 2020. On constate une différence marquée entre le groupe placebo et le groupe expérimental dès le jour 11 suivant la première dose.
Néanmoins, la partie n’est pas gagnée contre l’illettrisme scientifique. La vaccination va se heurter à un groupe qui survit encore aujourd’hui : les anti-vaxxers (dont j’avais traité ici). Il y a malheureusement encore des gens qui pensent que les vaccins sont une mixture de fétus morts et de toxines qui nous rendent autistes. La nouvelle portée d’anti-vaccins pense qu’on nous injectera une puce 5G qui nous forcera à obéir au Nouvel Ordre Mondial…
Article connexe : Les vaccins: oppression gouvernementale?
Au final, c’est ce qui m’a le plus découragé en 2020 : l’irrationalité complète de mes concitoyens. Il est pardonnable que beaucoup de personnes ignorent la méthode scientifique et ne sache pas interpréter le seuil de signification d’une variable. De plus, certains ne maîtrisent pas l’anglais, qui est la langue dans laquelle la plupart des études scientifiques sont publiées. Par contre, il est choquant que beaucoup de gens préfèrent se replier dans leurs croyances irréfléchies plutôt que d’écouter les scientifiques.
En 2020, j’ai réalisé que le progrès de l’humanité vers la raison et la science était bien moins avancé que je ne le pensais et cela m’effraie énormément! Disons que l’effet Dunning-Kruger a été omniprésent et dévastateur en 2020 (discuté ici).
L’autre chose que j’ai réalisée est que les politiciens ne sont pas nécessairement les meilleures personnes pour gérer les pandémies, car ils sont trop préoccupés par leur cote de popularité et leurs chances de réélection. Des bureaucrates non-élus seraient possiblement plus rationnels pour dicter la marche à suivre, mais le risque serait qu’ils soient trop restrictifs, sans tenir compte des dommages économiques. Il faut néanmoins dépolitiser la lutte contre une pandémie et donner plus de poids aux données scientifiques.
ça crève les yeux que la médecine n’est pas une science : les nombreux avis divergents de l’ensemble de cette profession (y compris les sommités) en sont témoins !
Merci beaucoup pour cette passionnante série d’articles !
Bien d’accord avec vous, le débat sur les traitements est devenu beaucoup trop politisé et a fait perdre de vue qu’il y avait un virus à terrasser.