« The Tragedy of the Euro », Philipp Bagus, Ludwig Von Mises Institute, 2010, 149 pages.
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Bagus débute par exposer les circonstances dans lesquelles la Zone Euro a été créée. Il présente deux visions distinctes de l’Union Européenne : la vision libérale classique et la vision socialiste.
Le Traité de Rome de 1957 fut un pas important vers la vision libérale, établissant quatre libertés de base : liberté de circulation des biens, liberté d’offre de services, liberté de mouvements de capitaux et liberté de migration. Ce traité mettait en quelque sorte fin à l’ère de national-socialisme qui avait prévalu dans la première moitié du siècle, avec les conséquences dévastatrices qu’on lui connaît. La vision libérale de l’Europe n’implique aucunement la création d’un « super-État » pan-européen. Cette vision souhaite plutôt la saine concurrence entre différents systèmes politiques. Dans une telle Europe, le capital bouge des pays où les salaires sont élevés (les faisant ainsi diminuer) vers les pays où les salaires sont bas (les faisant augmenter). À l’inverse, les travailleurs migrent des pays où les salaires sont bas vers ceux où les salaires sont plus élevés. Ces migrations du capital et des travailleurs sont orientées des pays où les impôts sont plus élevés vers ceux où les impôts sont moindres, assurant une certaine discipline fiscale de la part des gouvernements. Les monnaies sont aussi en concurrence dans ce système libéral; les monnaies moins solides voyant leur pouvoir d’achat diminuer.
En revanche, la vision socialiste de l’Europe était, à une certaine époque, défendue par les Jacques Delors et François Mitterrand de ce monde. Ceux-ci voulaient voir une Europe protectionniste et interventionniste, gérée par un État central. Ils désiraient un État-providence européen assurant la redistribution de la richesse au sein de l’Union, la règlementation uniforme des pays membres et l’harmonisation de la législation dans toute l’Europe, incluant les niveaux de taxation. Plusieurs personnages ont véhiculé cette vision de l’Europe dans le passé, incluant Charlemagne, Napoléon, Staline et Hitler.
Selon Philipp Bagus, l’introduction de la devise unique, l’Euro, était un premier pas vers la création d’un État européen central. À preuve, dans l’article 3 du Traité de Lisbonne, on peut lire que l’Union Européenne s’engage à « combattre l’exclusion sociale et la discrimination », laissant la porte toute grande ouverte à l’interventionnisme étatique. D’ailleurs, aucune union monétaire n’est possible sans coordination des politiques fiscales. L’Euro avait donc un effet centralisateur indéniable dès le départ. Ceci étant dit, il est possible d’assurer les quatre libertés énoncées ci-haut sans pour autant former une union monétaire. À preuve, le Royaume-Uni, la Suède, le Danemark et la République Tchèque ne font pas partie de la zone Euro, mais font partie du marché commun européen.
D’autre part, les mouvements de devises entre les pays européens pouvaient parfois être très embarrassants pour les politiciens dirigeant les pays les plus inflationnistes, qui voyaient leur devise constamment se déprécier face au Mark allemand. Ceux-ci recherchaient une manière de coordonner l’inflation entre les différents pays d’Europe pour pouvoir s’endetter sans contrainte. À cet égard, le Système Monétaire Européen (SME), mis en place en 1979, devait être une solution à ce problème. Quand un taux de change menaçait de sortir de son corridor, les banques centrales intervenaient pour le ramener dans son corridor. Pour cela, celles-ci devaient créer de la monnaie ex nihilo pour acheter des devises étrangères pour faire baisser la valeur de leur devise lorsque celle-ci s’appréciait trop. Le problème est que lorsque la valeur d’une devise diminuait, le pays concerné ne pouvait forcer les autres pays à créer de la monnaie pour acheter sa devise. Ce pays devait utiliser ses propres réserves de devises étrangères pour acheter sa propre devise sur les marchés et l’amener à s’apprécier…jusqu’à ce que ces réserves soient épuisées.
La banque centrale allemande, la Bundesbank, était la plus récalcitrante face à ce système parce qu’elle ne créait pas suffisamment d’inflation comparativement aux autres pays. Il faut se rappeler qu’en Allemagne, une génération entière avaient vu ses épargnes s’évaporer deux fois suite aux deux guerres mondiales menant à des périodes d’hyperinflation et à des réformes monétaires (1923 et 1949). Contrairement à plusieurs autres pays, la Bundesbank était indépendante du gouvernement. Elle ne pouvait donc pas être utilisée à outrage pour financer les déficits du gouvernement. Ainsi, le SME ne pouvait fonctionner à long terme que si l’ensemble des pays membres ne créaient d’inflation à la même vitesse que la Bundesbank et son alliée des Pays-Bas, la De Nederlandsche Bank. En fait, plusieurs réajustements des corridors dans lesquels devaient fluctuer les devises furent requis durant l’histoire du SME pour refléter les déséquilibres inflationnistes entre les pays membres (sept fois entre 1979 et 1983 seulement). La crise finale du SME est survenue en 1992, lorsque le Peso Espagnol et la Livre Irlandaise furent réajustés à la baisse. Ceci étant dit, bien que le Mark Allemand semblait stable relativement aux autres devises Européennes, il était tout de même très inflationniste, perdant près de 90% de son pouvoir d’achat entre 1949 et la fin du SME.
La devise européenne unique apparaissait donc comme la solution pour les États inflationnistes d’Europe car celle-ci pourrait leur permettre de se débarrasser de l’embarrassante Bundesbank et de sa solide monnaie, le Mark. Ainsi, le Traité de Maastricht, signé en décembre 1992, établissait l’introduction d’une devise unique en Europe le 1er janvier 1999.
En signant ce traité, le gouvernement Allemand a agi contre la volonté du peuple qu’il représente, celui-ci voulant conserver le Mark. La constitution a d’ailleurs dû être modifiée pour que ce transfert de pouvoir à une autorité supra-nationale soit possible, et ce sans que le peuple ne soit consulté. Les politiciens ont défendu leur décision en amenant l’argument selon lequel l’Euro était nécessaire au maintient de la paix en Europe. Pour certains, dont François Mittérrand, l’Euro ne fut rien d’autres que le « prix de la réunification de l’Allemagne ».
Il est facile de comprendre pourquoi l’élite allemande, c’est-à-dire les politiciens, les banquiers et les exportateurs, ont favorisé l’introduction de l’Euro. Pour les politiciens, une Banque Centrale Européenne plus inflationniste leur permettrait de dépenser davantage en s’endettant. Pour les banquiers, une augmentation du rythme de création de monnaie leur permettrait de faire plus de profit. D’autre part, les banques allemandes détenaient de grandes quantités d’obligations de pays européens en situation financière précaire. L’introduction de la zone Euro a en quelque sorte agi comme un sauvetage de ces pays, au grand bénéfice de ces banques qui détenaient leurs titres de dette. Finalement, les exportateurs pourraient plus facilement préserver leur compétitivité étant donné qu’il serait impossible aux autres pays européens de dévaluer leur devise.
Bien que la BCE devait être élaborée similairement à la Bundesbank, il y avait des différences fondamentales entre les deux. En ce sens, la Bundesbank se concentrait uniquement sur la masse monétaire. La BCE quant à elle possède un second pilier, soit l’analyse d’indicateurs économiques, ce qui lui donne plus de marge de manoeuvre dans ses décisions, lui permettant de justifier une politique monétaire plus inflationniste. Il ne faut pas non plus oublier qu’aucun président de la BCE ne voudrait être étiqueté comme celui ayant déclenché une récession en haussant le taux d’intérêt directeur, même si cette politique monétaire est appropriée dans les circonstances.
L’indépendance de la BCE a toujours été douteuse puisqu’avant l’introduction de l’Euro et sa nomination comme président de la BCE, Jean-Claude Trichet s’était ouvertement opposé à l’indépendance de la BCE. Il était donc évident que la BCE serait utilisée à des fins politiques. L’autre faille de la BCE est qu’elle est contrôlée par les pays inflationniste puisque chaque pays n’a qu’un vote, peu importe sa population. Les pays inflationnistes sont nettement plus nombreux que les pays austères et responsables.
Ainsi, lors de l’introduction de l’Euro, les primes de risque et d’inflation des nations inflationnistes ont chuté, ce qui a fait baissé leurs taux d’intérêt nominaux. Cette situation a engendré une bulle, notamment au niveau de l’immobilier, surtout dans les pays inflationnistes. L’endettement ainsi facilité a aussi permis de financer des déficits gouvernementaux insoutenables. Bagus démontre que la masse monétaire a cru beaucoup plus vite dans les pays méditerranéens, notamment l’Espagne, le Portugal, l’Italie et la Grèce. Lorsque la bulle a éclaté et que la récession s’est pointée le bout du nez, la liquidation des mauvais investissements faits durant le boum a gravement affecté la solvabilité banques.
Comment ce différentiel d’inflation était-il possible sous l’Euro? Dans la zone Euro, les banques commerciales créent de la monnaie grâce aux réserves fractionnaires, ce qui fait gonfler leurs réserves. Celles-ci sont utilisées pour acquérir des titres de dette des gouvernements, qui s’endettent pour financer leurs déficits. Ces titres sont déposés en garantie à la BCE pour l’obtention de financement octroyé grâce à de la monnaie créée ex nihilo. La BCE, contrairement à la Federal Reserve, acceptait un large éventail de titres, coté au minimum A-. Notez que ce minimum fut réduit à BBB- durant la crise et à néant concernant les obligations grecques.
Vu l’ampleur de son déficit prévu en 2010 (12.7%), la cote de crédit de la Grèce menaçait d’être abaissée sous le minimum. Le 8 décembre 2009, Fitch l’abaissait à BBB+. Les obligations grecques risquaient donc de ne plus être acceptées en garantie à la BCE, ce qui ferait en sorte que les banques ne voudraient plus les acheter. Dans cette situation, le gouvernement grec n’arriverait pas à émettre les titres de dettes nécessaires à financer son déficit fiscal et à renouveler ses dettes venant à échéance. Cela signifiait donc un défaut de paiement et la faillite…
En février 2010, nous apprenions que Goldman Sachs avait aidé la Grèce à camoufler son déficit et son niveau réel d’endettement. En fait, la Grèce ne se serait jamais qualifiée pour joindre la zone Euro. En avril 2010, un premier sauvetage de $45 milliards fut annoncé, mais la cote de crédit de la Grèce fut quand même abaissée au niveau de pacotille. En mai, un nouveau sauvetage de l’ordre de $110 milliard fut annoncé. La BCE déclara qu’elle accepterait les obligations grecques en garantie peu importe leur cote de crédit. Pour l’ensemble des PIIGS, un « parachute d’urgence » de $750 milliard fut annoncé. De plus, la BCE allait franchir une ligne qu’elle ne devait jamais franchir : elle allait acheter des obligations gouvernementales directement sur les marchés pour soutenir leur valeur. L’indépendance de la BCE venait d’en prendre un coup! Le vrai visage du projet-Euro fut alors dévoilé…
La “tragédie” de l’Euro a résulté de l’incitatif qu’ont les gouvernements membres à générer des déficits, s’endetter pour les financer et faire subir les conséquences inflationnistes aux autres pays membres. Pourquoi les politiciens financeraient leurs dépenses exorbitantes de façon impopulaire en augmentant les impôts quand ils peuvent le faire de manière discrète par l’endettement? En émettant de la nouvelle monnaie en échange des obligations des PIIGS, la BCE a monétisé les déficits fiscaux de ces pays et a redistribué la perte de pouvoir d’achat de l’Euro à l’ensemble des pays de la zone. L’Euro n’est pas un échec parce que les pays membres ont une différente structure, mais bien parce que le système permet la monétisation des déficits des pays les plus dépensiers, au détriment des pays plus responsables fiscalement.
En conclusion, ce livre est concis, lucide et basé sur les faits. Il présente efficacement le processus qui a mené à la création de l’Euro et explique bien de quelle façon la crise s’est déroulée. Le point de vue économique autrichien est évidemment omniprésent. Je recommande fortement cette lecture à quiconque veut véritablement comprendre la nature de la crise financière qui frappe l’Europe présentement.
Il faudrait aussi mentionner l’aspect symbolique de notre monnaie. Pour les fédéralistes c’est très importants (sans pour autant aller jusqu’à un État centralisé, cf. le Canada, la Suisse, les US, etc.).
Et puis l’aspect pratique pour les voyageurs, frontaliers et entreprises. Généralement les pays font entre 40 et 60% de leur commerce avec les autres pays de la zone euro, donc avoir la même monnaie c’est beaucoup de stress en moins par rapport aux taux de change.
Enfin, n’est-il pas fort probable que, dans la plupart des pays de la zone euro, l’inflation aurait été incomparablement plus importante avec la monnaie nationale qu’avec l’euro ?
L’euro n’est pas parfait, mais n’est-il pas finalement meilleur que la somme de ces monnaies ?
@Xavier
« avoir la même monnaie c’est beaucoup de stress en moins par rapport aux taux de change. »
L’idéal serait l’étalon-or pour tous!
« n’est-il pas fort probable que, dans la plupart des pays de la zone euro, l’inflation aurait été incomparablement plus importante avec la monnaie nationale qu’avec l’euro ? »
Dans la plupart des pays: oui.
C’est d’ailleurs pourquoi je compare souvent l’Euro à l’étalon-or.
« L’euro n’est pas parfait, mais n’est-il pas finalement meilleur que la somme de ces monnaies ? »
Non, je ne crois pas, surtout après avoir lu Bagus.
Les pays qui ont joint l’Euro avait une vision différente de la politique fiscale. Dans ce cas, il est aussi bien que chacun garde sa propre monnaie.
Pourtant aux US ils ont aussi des politiques fiscales différentes, mais avec une même monnaie !? Idem pour le Canada, la Suisse…
Par rapport à l’harmonisation de la politique fiscale, il me semble que le problème ne vient pas de la BCE, mais de la Commission.
Pour ma part, je conseille particulièrement la lecture des chapitres 4 et 8. On peut trouver un résumé du chapitre 8 ici : http://www.contrepoints.org/2011/03/18/17454-la-tragedie-de-l%E2%80%99euro
Quant au chapitre 4, il y a de très bons graphiques à voir. J’apprécie beaucoup ce chapitre car il propose un autre regard à celui du discours classique des économistes mainstream, ceux-là même qui pestent contre la désinflation compétitive allemande et insistent pour que l’Allemagne laisse ses salaires augmenter au même rythme que ses voisins. D’après eux, la politique allemande est efficace (pour générer des excédents) précisément parce que si ses voisins imitent sa politique, la conséquence est une baisse de la demande interne et donc du niveau de vie pour toute l’Europe. D’abord, il n’est pas vrai que l’Allemagne soit pauvre. Le niveau de vie de l’Allemand moyen dépasse celui du français.
http://epp.eurostat.ec.europa.eu/tgm/table.do?tab=table&init=1&language=fr&pcode=tsieb010&plugin=1
Et pour rentrer dans le vif du sujet…
Les excédents de l’Allemagne, l’Irlande, les Pays-Bas et du Luxembourg ont été partiellement annulés par les déficits des 4 autres PIGS (même si c’est la France qui a le plus gros déficit) depuis l’euro.
Grâce aux gains de productivité, le Mark s’apprécie et les importations deviennent bon marché. Le niveau de vie augmente. Mais les pays du Sud (inflationnistes) sont moins productifs; leur consommation a augmenté après l’introduction de l’euro, elle a été stimulée par des taux d’intérêts bas, grâce à la BCE. Et c’est pourquoi la Grèce a pu s’endetter à peu près au même taux que l’Allemagne. Mais le manque d’épargne privée explique pourquoi la dette grecque est détenue par les banques étrangères. A titre de comparaison, la dette japonaise est détenue par les citoyens japonais. C’est ce qui expliquerait le déficit des 4 PIGS : ils auraient importé plus qu’ils n’auraient exporté (les exportations servant à payer les importations). Tout ça grâce à la dette publique.
Ce qui est important à savoir, c’est que la nouvelle monnaie aurait fait monter les salaires nominaux des pays périphériques plus vite qu’en Allemagne.
« Moreover, new money has gone primarily to peripheral countries where it has pushed up wages. These wage increases have been higher than wage increases in Germany, leading to a loss in competitiveness, a surplus of imports over exports, and a tendency toward a depreciation of the currency. »
Autrement dit, il n’est pas clair que l’Allemagne soit responsable des déficits commerciaux de ses voisins européens. Voir les graphiques 2 et 3 (page 60 sur 159).
Le niveau de vie et les importations allemandes n’ont pas augmenté autant qu’ils l’auraient été avec le Mark. Le graph 6 nous montre que les ventes au détail en Allemagne a prix un gros retard sur d’autres pays industrialisés comme les USA, l’UK, ou la France, alors que dans le même temps, certains pays méditerranéens comme l’Espagne ont vu leurs ventes au détail atteindre des niveaux faramineux. Grâce à la monnaie ‘commune’ les pays inflationnistes n’ont pas connu une hausse des prix des importations, même en cas de déficits commerciaux.
@Xavier
« Pourtant aux US ils ont aussi des politiques fiscales différentes, mais avec une même monnaie !? »
Oui, et ils ont aussi beaucoup de problèmes! Pensez à la Californie et plusieurs autres, qui sont pratiquement en faillite. Le gouvernement fédéral doit d’ailleurs supporter les États.
Au Canada ce n’est pas encore un problème car les politiques fiscales sont relativement bien coordonnées.
Certes, certains États se plantent. Mais cela n’est-il pas préférable d’avoir une diversité fiscale (qui permet aux moins bons de s’inspirer des meilleurs) plutôt que d’avoir une uniformisation ?
On n’aurait moins moyen de comparer par exemple…
@XavierQC
« Mais cela n’est-il pas préférable d’avoir une diversité fiscale »
Possiblement oui! mais la zone Euro ne le permet pas!
@ MH
La balance commerciale de l’Allemagne est excédentaire, mais sa balance des capitaux est déficitaire. Du point de vue des excédents, l’Allemagne soutient l’euro, mais la France peut-être aussi en attirant des capitaux. J’écris peut-être car je n’ai pas le détail de l’origine des capitaux.
@Minarchiste
Concernant l’Europe, il y a clairement une vision socialiste d’une Europe centralisée, aucune tête ne devant dépasser, avec la même politique pour tous. Cependant, si cette Europe voit le jour, compte tenu des préférences politiques, je ne pense pas que ce soit la vision socialiste française qui s’impose. Même les Etats providence du Nord de l’Europe ont une politique plus rigoureuse que celle des socialistes français. Ce qui m’amène à penser que la sociale démocratie n’est pas si mal, comparée au socialisme.
L’euro a amené quand même pas mal de discipline monétaire en Europe. C’est le modèle allemand qui a été adopté. Cependant, l’euro est jeune, très jeune. La zone euro est encore en période de construction. La crise actuelle est l’occasion d’inventer de nouveaux mécanismes, et de s’interroger sur la gestion de la monnaie.
Sans l’euro, la crise aurait été plus forte en France, en tout cas. Et la France aurait une gestion monétaire bien plus laxiste et inflationniste sans l’euro.
Vladimir,
Si les étrangers investissent en France, c’est parce qu’ils trouvent l’économie française plutôt attrayante, peut-être parce qu’elle est productive, mais surtout parce que l’État français a une bonne côte de crédit. Ça prouve bien qu’il y a une certaine dynamique en France. Tant qu’il y a de la croissance, pas d’inquiétude.
Mais la question est surtout de savoir si le pays déficitaire consomme (càd importe) à crédit, via les taux d’intérêts ‘subventionnés’.
En soi, tout déficit n’est pas un problème (sauf les déficits de l’Etat). Ce sont les taux d’intérêts qui en donnant l’illusion de la richesse épargne les individus … d’épargner. Un peu comme la phase de boom.
L’euro est certes jeune, mais même après ce qui s’est passé, je ne suis pas complètement convaincu que les gouvernements successifs n’aient pas une vision à court terme de la politique : « après moi le déluge ». D’après Bagus, l’euro est un pâturage commun dont chacun abuse sans vergogne. Est-ce que les gouvernements successifs sauront se montrer suffisamment responsables ? J’en doute, mais l’avenir me donnera peut-être tort, qui sait.