Durant les années 1980s, les choses allaient bien mal en Irland. La dette de l’État a atteint 120% du PIB et les taux de taxation étaient aussi très élevés, étouffant la croissance. Puis, un nouveau gouvernement a entrepris la libéralisation de l’économie, réduisant les dépenses du gouvernement, réduisant les impôts des entreprises et ouvrant les frontières au commerce international. Plusieurs entreprises multinationales s’y sont alors établi et une forte croissance économique s’en est suivi, soit de +6.5% en moyenne entre 1990 et 2007.
Selon l’Institut économique de Montréal (ici) :
« Ce pays a vu sa part des dépenses publiques dans le PIB passer de 28 % en 1960 à 52,3 % en 1986. Mais voilà que la situation se renverse au cours des années 1987-96 alors que les dépenses chutent de 52,3 % en 1986 à 37,7 % en 1996, soit une baisse de 14,6 points. Or entre 1960 et 1977, période où les dépenses de l’État montaient de 28 % à 43,7 % du PIB, la croissance réelle du PIB de l’Irlande était de 4,3 %. Ce taux baissait à 3,4 % au cours des années 1977-86, période pendant laquelle la part du gouvernement grimpait à 52,3 % du PIB. Au cours de la récente décennie d’amaigrissement de l’État, le taux de croissance annuelle du PIB réel de l’Irlande passait à 5,4 %. La croissance économique augmentait donc en Irlande à mesure que ses dépenses publiques diminuaient. »
Il est intéressant d’observer l’effet « Laffer » qui s’est matérialisé au cours de cette période. Pendant que le taux d’imposition des entreprises passait de 31% à 12.5% entre 1998 et 2006, les rentrées fiscales sont passées de 2,741 milliards d’Euros à 7,271 milliards d’Euros, soit 165% d’augmentation (voir cet article de Vincent Bénard).
On peut cependant diviser cette période de forte croissance en deux phases distinctes. La première fut marquée d’une croissance stimulée par l’ouverture au commerce international et aux gains de productivités; de véritables sources d’enrichissement.
La seconde phase, qui débuta autour de 2001-2002 fut marquée par la croissance d’une bulle immobilière financée par de l’endettement, grâce à des taux d’intérêt maintenus à des niveaux très bas par la rutilante création de monnaie orchestrée par la banque centrale.
Le leviathan s’est aussi réveillé durant cette période, octroyant une très grosse augmentation salariale à tous les fonctionnaires en 2002 pour acheter la paix.
Étant donné l’excellente performance économique de l’Irlande durant cette période, il est bien normal que les prix des maisons y aient augmenté plus que dans n’importe quel autre pays développé : c’est là que la bulle a été la plus excessive. On peut voir sur le graphique suivant que, tout comme au Canada et aux États-Unis, l’emploi dans la construction a grandement bénéficié des mauvais investissements effectués durant la bulle.
De nos jours, les prix des maisons sont environ -36% plus bas que leur sommet de 2006. L’impact de cette baisse sur les banques opérant au pays, et spécifiquement sur Anglo-Irish Bank, a été dévastateur. À l’automne 2008, dans un élan de socialisme, le gouvernement irlandais a voulu se faire rassurant en garantissant tous les titres de créance détenus par les banques. Les contribuables subissent aujourd’hui les contrecoups de cette décision stupide.
En 2010, le déficit de l’Irlande atteindra 32% du PIB, ce qui inclue le sauvetage des banques. Les dépenses de l’État excéderont les revenus de 12% du PIB. La dette atteindra 98% du PIB, un niveau alarmant. Dans cette situation, le gouvernement a de la difficulté à financer sa dette sur les marchés financiers et les taux exigés sont exorbitants, si bien que l’aide du FMI sera nécessaire.
En somme, le cas de l’Irlande est typique de la situation économique actuelle dans le monde : de violents cycles économiques résultant de la création de monnaie excessive par le système bancaire, une hausse de l’endettement et des dépenses excessives de la part du gouvernement nécessitant le recours à la dette. Ce qui est dommage est que cette situation donne des arguments aux adversaires du libéralisme, détruisant le progrès effectué entre 1997 et 2001.
À cet égard, je vous recommande de lire cet excellent article de Martin Masse sur le blogue du Québécois Libre.
Une nouvelle « étude » de Paul Krugman :
Paul Krugman vantait récemment sur son blogue une étude qu’il a publiée. Voici un résumé de celle-ci. En fait, Krugman souhaite présentement passer un message et il a simplement élaboré une modèle économique bidon pour supporter son message. Comme si l’économie n’était composée que d’agents « patients » qui épargnent et d’agents « impatients » qui souhaitent emprunter pour consommer. Je saute donc directement à la section sur les implications pour la politique fiscale.
Ce que Krugman croit avoir démontré est que pendant que les impatients d’hier réduisent leur consommation actuelle pour rembourser leurs dettes excessives résultant de leur consommation durant le boum, il faut que le gouvernement se mette à dépenser plus pour les « remplacer » et maintenir LA demande.
Ce que les keynésiens comme Krugman ne saisissent pas est que la sous-utilisation actuelle de la capacité de production est dans l’industrie de la construction et tout ce qui y est relié directement et indirectement. Les États-Unis ont construit 2 millions de maisons en trop et l’industrie de la construction est morose. Il faudra du temps avant que ce surplus soit écoulé et que les ressources de cette industrie soient redéployées. Les dépenses de stimulation du gouvernement ne peuvent rien changer à cette situation, sinon qu’à ralentir le processus en créant de faux-espoirs à ces entrepreneurs et ces travailleurs. En somme, cette étude est un exercice de propagande complètement inutile et déconnecté de la réalité.
À cet égard, je vous recommande cet excellent article (en français) de Tyler Watts.
Le Conference Board sème la panique :
Le Conference Board du Canada a créé tout un émoi en publiant une étude démontrant que le déficit budgétaire du gouvernement du Québec atteindra $45 milliards dans 20 ans. Pour combler un tel trou, l’organisme estime qu’il faudrait faire passer la TVQ de 7,5% à 19%!
Les hypothèses du CB reposent sur le fait que la croissance économique sera plus faible qu’avant, à 1,6% par année, notamment en raison du ralentissement démographique. Par conséquent, les revenus de l’État croîtront moins rapidement que les dépenses, qui continueront de grimper à un rythme annuel de 5,1%, ce qui creusera progressivement le déficit, qui atteindrait $24,3 milliards en 2025-2026, et $45,2 milliard en 2030-31.
Notez que ces résultats ne sont pas vraiment différent du scénario des économistes du ministère des finances, dont le plus pessimiste prévoit un déficit de $31,4 milliards à en 2025.
Aux États-Unis, la situation budgétaire de l’État est aussi catastrophique. Le retrait des programmes de relance permettra de réduire un peu le déficit, mais par la suite les engagements de dépenses sociales génèreront une augmentation continuelle du déficit, année après année, si les politiques actuelles sont maintenues.
Les déficits budgétaires chroniques résultant d’un niveau trop élevé des dépenses de l’État représentent le plus grand problème économique de la décennie à venir selon moi.
Une petite mise-au-point sur le PAPE de General Motors :
Comme je le mentionnais dans un de mes commentaires du billet « Faits Divers (9) », l’émission d’actions de GM a bien été parce que le prix offert était excessivement bas, laissant une bonne marge de profit aux acheteurs initiaux. La quantité d’actions et le prix obtenu ont ainsi été plus élevés que prévu. En vendant 412 millions d’actions à $33, le gouvernement obtiendra $13.6 milliards, mais en détiendra encore 500 millions, soit environ le tiers de toutes les actions en circulation. Le gouvernement devrait vendre ces actions à $53 pour que les contribuables retrouvent leur argent, en l’occurrence $50 milliards, dans cette affaire. Souhaitons leur bonne chance!
Le dossier des infirmières-praticiennes à Enquêtes :
Comme je l’expliquais dans mon article sur le système de santé américain, une partie de l’augmentation des coûts des soins de santé est attribuable au monopole des médecins. Tel que démontré à l’émission Enquêtes à Radio-Canada il y a quelques temps, le Collège des Médecins met énormément de bâtons dans les roues du développement du programmes d’infirmières-praticiennes, qui pourraient fortement contribuer à réduire les coûts du système. Ce qui est frustrant est que ces agissements sont anti-démocratiques puisque le Collège des Médecins n’est pas élu par la population, mais a pourtant d’énormes pouvoirs décisionnels au niveau du système de santé. Le Ministre de la santé reconnaît la situation, mais refuse d’agir, ne voulant pas se mettre les médecins à dos (étant lui-même un médecin ne l’oubliez pas). Notez qu’il n’y a que 66 de ces infirmières au Québec comparativement à près de 1,300 en Ontario. Il faudra bien que le ministre prenne les choses en main éventuellement, au grand déplaisir de ses petits amis médecins qui bloque le dossier pour préserver leurs revenus élevés. Nous apprenions d’ailleurs il y a quelques jours que des médecins perçoivent des pots-de-vin en échange desquels ils offrent un meilleur service à certains individus. Notre système de santé public est vraiment rendu au fonds du baril…
Les subventions au Québec :
Je ne peux m’empêcher de souligner ce billet de Richard Martineau sur les subventions corporatives au Québec, lesquelles s’élèvent à $6 milliards par année.
« Investissement Québec et le ministère du Développement économique ont donné 5 M$ à une multinationale suisse pour qu’elle modernise l’une de ses usines située à Saint-Hyacinthe. Pourtant, il se trouve que, au cours des douze derniers mois, ce géant du chocolat (Barry Callebaut) a généré des profits nets de 257 M$ ! L’an dernier, son chiffre d’affaires était de 5,3 G$ ! Cette entreprise ne pouvait pas payer la modernisation de son usine elle-même ? Elle avait besoin de notre argent ?
C’est la deuxième fois en un mois que le gouvernement se montre particulièrement généreux envers une multinationale. Il y a trois semaines, c’est un demi-million de dollars que le gouvernement du Québec versait au plus grand producteur d’acier du monde pour qu’il modernise ses équipements. Cette multinationale (ArcelorMittal), fondée au Luxembourg, produit des revenus de 65 G$ par année! C’est plus que la valeur totale des revenus annuels générés par le gouvernement du Québec!
Le plus ironique est que le gouvernement a annoncé, par voie de communiqué, que la subvention d’un demi-million qu’il accordait à l’entreprise permettrait à celle-ci de construire un système lui permettant de réduire ses coûts de chauffage! Voulez-vous me dire pourquoi on donnerait de l’argent à une multinationale multimilliardaire afin de l’aider à économiser de l’argent? »
D’autre part, un excellent article sur le Québécois Libre met un chiffre sur les bénéfices du système de gestion de l’offre pour l’industrie laitière canadienne:
« L’industrie laitière canadienne ne reçoit peut-être pas de subventions directes, mais selon l’OCDE, le système de gestion de l’offre des produits laitiers canadiens équivaut à une subvention indirecte de 2,4 milliards de dollars par année en moyenne, soit 175 000 $ par ferme. Pas surprenant, alors, que les producteurs veuillent que le gouvernement continue de contrôler le prix et la production, ainsi que restreindre les importations de produits laitiers étrangers. »
L’ABCT dans The Economist :
Je reproduis ici un intégralement un article sur la Théorie Autrichienne des Cycles Économiques publiée dans The Economist le 20 novembre dernier. J’ai mis quelques lignes en gras. Il est plutôt rare que les médias parlent de l’école Autrichienne, opposant plutôt Keynes à Friedman plutôt qu’à Hayek. L’article commence par mentionner que les faits observés corroborent l’ABCT. Il critique ensuite la solution proposée par les économistes « autrichiens », soit le laissez-faire, mais indique que Hayek n’était pas vraiment un pu « liquidationniste ». Il cite aussi Milton Friedman, qui a un jour déclaré que l’ABCT avait fait beaucoup de « mal » au monde. Je n’étais pas au courant de cette déclaration, qu’il faudrait mettre en contexte et expliquer davantage. Finalement, l’auteur trouve dommage que l’ABCT soit associée à Glenn Beck, qui se trouve à la discréditer.
Voici l’article :
John Maynard Keynes is back. The British economist has modern intellectual champions in Paul Krugman and Robert Skidelsky. For all today’s talk of austerity, a policy of Keynesian fiscal stimulus was adopted by most governments in the immediate aftermath of the credit crisis.
In contrast policymakers seem to show a lot less interest in the economic ideas of the “Austrian school” led by Ludwig von Mises and Friedrich Hayek, who once battled Keynes for intellectual supremacy. Yet the more you think about recent events, the odder that neglect seems.
A one-paragraph explanation of the Austrian theory of business cycles would run as follows. Interest rates are held at too low a level, creating a credit boom. Low financing costs persuade entrepreneurs to fund too many projects. Capital is misallocated into wasteful areas. When the bust comes the economy is stuck with the burden of excess capacity, which then takes years to clear up.
Take that analysis piece by piece. Were interest rates held too low? The case seems self-evident for Ireland and Spain, where the European Central Bank was setting a one-size-fits-all monetary policy. Many people would also argue that the Federal Reserve kept rates too low. Some lay the housing boom of 2003-06 at the Fed’s door, others criticise the central bank’s tendency to slash rates whenever the financial markets wobbled.
Was capital misallocated? Again most people would accept that too many houses and apartments were built in Ireland and Spain, as well as individual American states like Florida and Nevada. In some places these dwellings may sit idle for a while, keeping downward pressure on property prices.
Economists who would not describe themselves as Austrian have reached conclusions that chime with Hayek. Carmen Reinhart and Kenneth Rogoff, in their book “This Time is Different”, argued that past financial crises have been followed by long periods of sluggish growth. Hyman Minsky, an American economist who died in 1996, said that the financial cycle led to economic volatility. Long booms tended to result in excessive risk-taking and “Ponzi finance”, where investors buy assets with borrowed money in the hope of quick capital gains. Minsky’s reputation has soared since the start of the credit crunch.
Nassim Nicholas Taleb is a very popular financial author thanks to his books “Fooled by Randomness” and “The Black Swan”. One of his principal ideas is the difficulty of forecasting given the role of chance and extreme events. That echoes the views of Hayek, who wrote that “the curious task of economics is to demonstrate to men how little they really know about what they imagine they can design.”
The Austrians may have said smart things about the boom, but what about the bust? One criticism is that the Austrians offered a “counsel of despair”, suggesting that the authorities do nothing while a crisis blows itself out. At least the monetarists propose cutting rates and expanding the money supply and the Keynesians promote deficit spending.
But Lawrence White, an economist at George Mason University in Washington, DC, argues that this is an unfair characterisation. “Hayek was not a liquidationist,” he says, referring to the philosophy of Andrew Mellon, President Herbert Hoover’s Depression-era treasury secretary, who wanted to “purge the rottenness out of the system”. Hayek believed the central bank should aim to stabilise nominal incomes. On that basis Mr White thinks the Fed was right to pursue the first round of quantitative easing, since nominal GDP was falling, but wrong to pursue a second round with activity recovering.
Mr White is one of the few current economists to promote the Austrian approach. This may be because economists divided into Keynesians and monetarists in the 1970s. You might think that the Austrians would find common cause with the monetarists. But Milton Friedman rejected their analysis, stating in 1998 that: “The Austrian business-cycle theory has done the world a great deal of harm.” Efficient-market theorists disliked the Austrians because they appeared to assume that businessmen could act irrationally.
The libertarian streak of the Austrians still has its fans. Glenn Beck, a lachrymose Fox News pundit, turned Hayek’s “The Road to Serfdom” into an unlikely bestseller earlier this year. Being associated with Mr Beck will not persuade many academics to take Austrian economic ideas seriously. Given the repeated credit booms and busts of the past 40 years, that may be a pity.
Autres fait divers:
Après le Brésil qui transige en yuan avec la Chine.
La Chine et la Russie abandonnent le dollars!
http://fr.rian.ru/economic_news/20101123/187940867.html
Est-ce le début de la fin pour le US$ ?
Ne manque plus que les pays de l’OPEP.
Bulle immobilière en Irlande, interventionisme des gouvernements et inflation a l’horizon ??
Henry Hazlitt’s a écrit ce livre en 1946 !!!! ( il serait réédité prochainement): Economics in One Lesson to the world’s central bankers and policymakers .
Ce livre- clé est d’une incroyable actualité et les avis de hazlitt toujours pertinents : voici 2 passages révélateurs :
1)“Government-guaranteed home mortgages, especially when a negligible down payment or no down payment whatever is required, inevitably mean more bad loans than otherwise. They force the general taxpayer to subsidize bad risks and to defray the losses. They encourage people to ‘buy’ houses that they cannot really afford. They tend eventually to bring about an oversupply of houses as compared with other things. They temporarily overstimulate building, raise the cost of building for everybody (including the buyers of the homes with the guaranteed mortgages) and may mislead the building industry into an eventually costly overexpansion.”
2)“The process of inflation is certain to affect the fortunes of one group differently from those of another… It may indeed bring benefits for a short time to favored groups, but only at the expense of others. And in the long run, it brings ruinous consequences to the whole community. Even a relatively mild inflation distorts the structure of production. It leads to the overexpansion of some industries at the expense of others… When the inflation collapses, or is brought to a halt, the misdirected capital investment — whether in the form of machines, factories or office buildings — cannot yield an adequate return and loses the greater part of its value.”
Selon un conseiller, c’est un livre qui résume des principes d’économie même plus larges que ceux évoqués par les » Ben Graham, Warren Buffett, Peter Lynch, Phil Fisher « . “Notes on Books,” contient aussi de bonnes recommandations.
Mesdames ou messieurs en avez vous eu écho ?
@Jean-Yves
« en avez vous eu écho ? »
Bien sûr, c’est un classique de la littérature des économistes autrichiens.
Mon compatriote Philippe David a écrit deux articles sur ce livre:
http://www.minarchisteqc.com/?s=Hazlitt
Vous trouverez ici plusieurs autres de ses ouvrages (gratuits en pdf), dont sa fameuse critique de Keynes:
http://mises.org/literature.aspx?action=search&q=Hazlitt