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Posts Tagged ‘IEDM’

Le crise de l’Irlande :

Durant les années 1980s, les choses allaient bien mal en Irland. La dette de l’État a atteint 120% du PIB et les taux de taxation étaient aussi très élevés, étouffant la croissance. Puis, un nouveau gouvernement a entrepris la libéralisation de l’économie, réduisant les dépenses du gouvernement, réduisant les impôts des entreprises et ouvrant les frontières au commerce international. Plusieurs entreprises multinationales s’y sont alors établi et une forte croissance économique s’en est suivi, soit de +6.5% en moyenne entre 1990 et 2007.

Selon l’Institut économique de Montréal (ici) :

« Ce pays a vu sa part des dépenses publiques dans le PIB passer de 28 % en 1960 à 52,3 % en 1986. Mais voilà que la situation se renverse au cours des années 1987-96 alors que les dépenses chutent de 52,3 % en 1986 à 37,7 % en 1996, soit une baisse de 14,6 points. Or entre 1960 et 1977, période où les dépenses de l’État montaient de 28 % à 43,7 % du PIB, la croissance réelle du PIB de l’Irlande était de 4,3 %. Ce taux baissait à 3,4 % au cours des années 1977-86, période pendant laquelle la part du gouvernement grimpait à 52,3 % du PIB. Au cours de la récente décennie d’amaigrissement de l’État, le taux de croissance annuelle du PIB réel de l’Irlande passait à 5,4 %. La croissance économique augmentait donc en Irlande à mesure que ses dépenses publiques diminuaient. »

Il est intéressant d’observer l’effet « Laffer » qui s’est matérialisé au cours de cette période. Pendant que le taux d’imposition des entreprises passait de 31% à 12.5% entre 1998 et 2006, les rentrées fiscales sont passées de 2,741 milliards d’Euros à 7,271 milliards d’Euros, soit 165% d’augmentation (voir cet article de Vincent Bénard).

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Est-ce que les syndicats contribuent au chômage ?

Le syndicalisme est une chose tout à fait légitime. Selon Michel Kelly-Gagnon, de l’Institut Économique de Montréal[1] :

« Les syndicats peuvent rendre des services utiles à leurs membres, en plus de jouer leur rôle fondamental de protection et de représentation des intérêts des syndiqués auprès des patrons. D’un point de vue sociopolitique, les syndicats constituent une barrière entre l’État et les personnes et, en général, contribuent au pluralisme de la société. »

Des groupes de travailleurs devraient être libres de s’unir pour négocier ensemble leurs contrats de travail. Il est cependant dommage que, dans la plupart des pays, les travailleurs soient forcés à joindre un syndicat et à payer les cotisations qui vont avec, parfois contre leur gré. Le droit à la libre-association est effectivement disparu au Canada. Cette règle liberticide a conféré un pouvoir démesuré aux immenses centrales syndicales qui sont administrées comme de grosses corporations. Ils sont d’ailleurs d’importants contributeurs aux campagnes électorales et un groupe de pression très menaçant.

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Dans le premier billet de cette série, j’avais demandé aux lecteurs de me suggérer des pays pour la suite de la série. Un blogueur du nom de Jonathan a eu la brillante idée de suggérer le Chili. Ce pays a été un véritable laboratoire économique, puisque suite aux insuccès d’un gouvernement socialiste, une profonde libéralisation de l’économie a été implantée par diverses réformes. Le résultat est souvent qualifié, avec raison, de « miracle économique ».

Pinochet

Je commence en vous avertissant que le gouvernement de Augusto Pinochet, une junte militaire implantée suite à un coup en 1973, n’a pas eu grand chose à voir avec le libertariannisme. En fait, Pinochet a commis des crimes contre l’humanité qui sont fermement condamnés par les libertariens. Je ne vais pas non plus encenser les Chicago Boys, qui ont soutenu le régime de dictature et fait plusieurs erreurs coûteuses qui ont parfois servi leurs intérêts personnels.

Ce billet vise plutôt à décrire objectivement les réformes économiques qui ont permis au Chili de récemment accéder à l’OCDE et de supplanter l’ensemble des pays d’Amérique du Sud au niveau du développement. Ces réformes ne nécessitent pas une dictature militaire et de la répression pour être implantées. Au contraire, le retour à la démocratie et à la liberté non-économique a certainement contribué au succès du Chili de façon significative.

Est-ce que la dictature a facilité l’implantation de réformes capitalistes dans un pays profondément socialiste? Évidemment! Cela dit, ça ne veut pas dire qu’il faille encourager les dictatures. Bref, ne vous laissez pas aveugler par l’ignobilité du régime de Pinochet et concentrez-vous sur les réformes économiques. D’ailleurs, suite au retour à la démocratie au Chili, le cap vers le libre-marché a été maintenu par le parti de gauche au pouvoir, ce qui prouve que les mentalités ont véritablement changé pour de bon au Chili.

Les chiffres

Qu’entend-ton pas miracle économique? Le graphique suivant parle de lui-même. Le PIB per capita du Chili a augmenté drastiquement au fur et à mesure que les réformes ont commencé à fonctionner. Entre 1950 et 1970, la croissance moyenne du PIB réel par habitant a été de 1.6%, le plus bas taux de croissance de tous les pays d’Amérique du Sud. Entre 1985 (date à laquelle la crise de 1982 a été définitivement réglée) et 1996 (crise Asiatique), le PIB réel par habitant a cru en moyenne de 7%.

Le tableau suivant compare les 10 plus gros pays de l’Amérique du Sud entre eux. On constate que le Chili a la meilleure note au niveau de la liberté économique et qu’il fait mieux que les neuf autres pays dans presque l’ensemble des catégories et mieux que la moyenne dans toutes les catégories. On peut affirmer hors de tout doute que le Chili est le pays d’Amérique du Sud offrant le meilleur niveau de vie.

Le gouvernement Allende

En 1970, le parti de gauche mené par Salvador Allende a été élu, avec pour but de converger vers le socialisme. Ce gouvernement débuta une série de nationalisations d’entreprises et d’expropriations. Dans le but de stimuler la croissance économique et de faire augmenter les salaires, Allende a mis en place un programme « à la Keynes » de dépenses gouvernementales visant à stimuler la demande. Ce gouvernement croyait qu’en redistribuant la richesse aux plus pauvres, ceux-ci dépenseraient davantage, ce qui stimulerait la demande. Ces programmes seraient évidemment financés par la création de monnaie. L’inflation serait retenue par des prix-plafonds imposés par le gouvernement.

En 1972, l’inflation dépassait les 200%. Le déficit fiscal se chiffrait à 13% du PIB en 1972 et à 23% l’année suivante. Les salaires réels ont baissé de 25% en 1972. Les prix plafonds ont évidemment généré de graves pénuries; il fallait faire la queue de longues heures pour obtenir les biens de base. En somme, le pays était en crise économique.

Le coup et le début des réformes

En septembre 1973, un coup d’État mené par le Général Pinochet a mené au renversement du gouvernement et à la mort de Allende. En 1975, les Chicago Boys, un groupe d’économistes Chiliens formés à l’Université de Chicago, ont pris le contrôle de la politique économique du Chili. Ceux-ci ont entamé une série de réformes visant à réduire l’intervention de l’État dans l’économie, libéraliser le commerce international et établir le libre-marché comme forme d’organisation économique.

Les réformes ont été orientées de façon à réduire les dépenses du gouvernement pour retourner à l’équilibre budgétaire et stabiliser l’inflation. L’élément central du programme a été d’ouvrir l’économie chilienne au reste du monde en abaissant les barrières protectionnistes. Selon la Banque Mondiale, le Chili était en 1990 le pays le plus libre-échangiste au monde. Les tarifs sont passés de 105% en moyenne en 1973 à 15% en 1989 et 6% aujourd’hui.

En 1973, la plupart des banques chiliennes étaient opérées par le gouvernement. Les réformistes ont, dès 1974, commencé à graduellement libéraliser le secteur financier par des privatisations et dérèglementations.

Le secteur financier n’a pas été le seul à être privatisé. La plupart des secteurs de l’économie y ont été sujet, notamment le secteur minier, jadis sous le monopole de l’entreprise publique CODELCO, mais maintenant largement opéré par l’entreprise privée qui produit davantage et à moindre coût que CODELCO le faisait.

En 1973, 50% des terres agricoles étaient détenues par l’État suite à des expropriations menées par les socialistes. Dès 1974, le gouvernement a distribué des titres de propriétés agricoles à 109,000 fermiers et 67,000 descendants des Mapuche en 3 ans. Le tiers des terres jadis expropriées ont été retournées à leurs propriétaires légitimes et le reste a été vendu.

Le marché du travail a aussi été réformé par de nouvelles lois le rendant plus flexible. De plus, la constitution de 1980 renforçait la protection des droits de propriété.

Un autre élément clé du miracle chilien a été la réforme des pensions de 1981 (voir cet article de l’IEDM). Cette réforme remplaça le système public de régime de retraite par un système de capitalisation et de comptes d’épargne-retraite individuels, où chaque travailleur dispose de son compte, géré par le secteur privé. Aujourd’hui, 95% des travailleurs sont cou verts par le nouveau système. Au cours des 26 premières années suivant son entrée en vigueur, le rendement annuel des épargnants, en tenant compte de l’inflation, s’est élevé à 10,3 %. Devant ce succès, le modèle chilien a été imité, en tout ou en partie, par une trentaine de pays aux quatre coins du monde (dont la Suède). Ce nouveau système a permis de générer l’épargne nécessaire à financer le formidable essor de l’investissement privé au pays. Il a aussi permis aux Chiliens d’obtenir une part (en tant qu’investisseurs) du succès économique de leur pays.

Le résultat de ces réformes a été une augmentation substantielle des exportations, une plus grande diversification des exportations, une hausse de la productivité et une grande augmentation des investissements étrangers au Chili. La croissance du PIB, des revenus et de l’emploi ont été fulgurantes.

Les réformes sociales ont été limitées, mais étaient plutôt inutiles puisque la croissance économique a eu comme impact d’améliorer la qualité de vie des pauvres en leur donnant un emploi. Les inégalités se sont certes accrues, mais le niveau de vie a augmenté pour tout le monde. À cet égard, la critique de Naomi Klein est typique des gauchistes. La gauche préfère vivre dans un pays pauvre, mais égalitaire, que dans un pays riche inégalitaire, même si les plus pauvres du pays riches ont un niveau de vie maintes fois supérieur à ceux du pays pauvre.

Les erreurs

La plus grande erreur des Chicago Boys a été, durant la première portion de leur mandat, de maintenir un régime de taux de change fixe. Cela a rendu le pays vulnérable lors de la crise de 1982 et a fait en sorte que le Chili a été le pays le plus affecté par la crise en raison de sa devise surévaluée. L’ampleur de cette crise et son impact sur l’économie du Chili auraient bien pu miner la suite des choses et renverser l’implantation des réformes.

La deuxième erreur a été la trop rapide privatisation des entreprises d’État. En les vendant plus graduellement, des meilleurs prix auraient pu être obtenus et celles-ci auraient probablement été achetées par les fonds de pension chiliens plutôt que par les riches collaborateurs de Pinochet.

La troisième erreur a été de ne pas réformer le système de santé publique et le système d’éducation publique, tous deux inefficaces et victimes de sous-investissement. Le gouvernement de Pinochet les a nettement négligés, ce qui a grandement nui au sort des plus pauvres. Le gouvernement Ailwyn a corrigé le tir lorsqu’il a pris le pouvoir en 1990. Il a augmenté un peu les impôts pour financer des programmes sociaux qui ont contribué à améliorer le sort des pauvres dans les années 1990s. Il faut cependant, reconnaître que si le Chili a eu les moyens de faire ces dépenses sans s’endetter ou créer de la monnaie, c’est grâce à l’énorme création de richesse que les réformes libérales ont permis de générer.

 

Taux de mortalité infantile:

 

Conclusion

La gauche tente par tous les moyens de discréditer le Miracle Chilien : soit en faisant référence à l’horrible dictature de Pinochet, soit en pointant vers le coefficient de Gini, soit en relatant l’ampleur de la crise de 1982. Selon moi, ces points ne sont pas suffisants pour démontrer que les réformes visant à augmenter la liberté économique n’ont pas été bénéfiques au Chili.

Si vous relisez la conclusion de mon billet sur le Bangladesh, vous constaterez que plusieurs de mes recommandations ont été appliquées au Chili. Résultat : le Chili est passé de pays sous-développé à membre de l’OCDE.

Si vous cherchez des solutions aux problèmes économiques des pays du tiers-monde, l’histoire du Miracle Chilien comporte certainement plusieurs ingrédients importants au développement d’un pays; le principal étant bien sûr la liberté économique.

Il est intéressant de noter que le Vénézuela est présentement en train d’adopter les mêmes politiques que le gouvernement socialiste de Allende entre 1970 et 1973, qui ont mené à une crise économique. Je maintiens que la seule raison pour laquelle le Vénézuela n’est pas encore en grave crise économique (seulement très mal-en-point), c’est grâce au prix du pétrole qui frôle les $80.

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Énormément de gens, incluant la chancellière d’Allemagne Angela Merkel et le président Français Nicholas Sarkozy, se soulèvent contre les credit-default swaps (CDSs) et proposent de limiter l’ampleur de ces titres.

Un CDS typique est relié à un titre de dette. L’acheteur du CDS cherche à se protéger contre un défaut de paiement sur cette dette. Ce dernier verse des primes au vendeur pour une période donnée. Si l’émetteur entre en défaut de paiement sur le titre de dette en question, le vendeur du CDS doit verser une somme à l’acheteur. Si rien ne se produit jusqu’à l’expiration du CDS, le vendeur ne paie rien et n’aura qu’encaissé les primes.

Vous comprendrez que plus l’émetteur est dans une situation précaire, plus le risque de défaut sera élevé et donc la valeur de cette assurance augmentera. C’est ce qui s’est produit avec la Grèce récemment (voir graphique). Ainsi, le prix des CDS est fréquemment utilisé par les investisseurs obligataires pour évaluer le risque de défaut d’un émetteur. Lorsque le risque de défaut augmente, le taux d’intérêt exigé est plus élevé. Cela peut accentuer les problèmes financiers de l’émetteur en réduisant son accès à du financement abordable. Ainsi, plusieurs observateurs accusent les CDSs d’avoir contribué à la crise financière et à la débâcle de la Grèce.

Lorsque vous détenez une obligation d’une corporation ou d’un pays, il peut faire beaucoup de sens de vouloir s’assurer contre un défaut de paiement. Cependant, ce qui semble surtout choquer les anti-CDSs sont ceux qui sont « naked », c’est-à-dire qui ne détiennent pas le titre de dette sous-jacent et qui ne font que spéculer sur le défaut de l’émetteur. Selon The Economist, il y aurait $9 milliards de CDSs sur les obligations grecques, alors que le pays a émis pour $400 milliards de dette en tout.

On indique généralement trois problèmes avec les naked-CDSs:

1) Lorsque l’émetteur éprouve des problèmes, la hausse du prix des CDS le signale au marché ce qui met l’émetteur dans une situation précaire. Ça a été le cas pour les banques américaines durant la crise financière et pour le Grèce il y a quelques semaines.

Je pense au contraire que les CDS agissent comme une source utile d’information. Il y a toujours deux parties dans un CDS, l’une pense qu’il y a un risque de défaut significatif alors que l’autre pense que ce risque est surévalué. Une hausse du prix du CDS indique qu’il y a davantage de gens qui pense que le risque est élevé. Les banques américaines détenaient des tas de titres « toxiques » durant la crise. La Grèce a généré un déficit budgétaire équivalent à 12.7% de son PIB en 2009. Il est légitime que les investisseurs obligataires exigent un taux d’intérêt plus élevé sur la dette de ces émetteurs étant donné leur situation financière médiocre. Les CDS ne sont que les messagers, pas la cause de ces problèmes. De toute façon, il n’est pas démontré que les CDS aient réellement un impact sur les taux obligataires de l’émetteur. Ils ont plutôt tendance à bouger ensemble simplement parce que les deux sont affectés par la situation financière de l’émetteur.

2) Lorsqu’un défaut survient, il peut arriver que le vendeur du CDS ne puisse pas verser la somme promise et qu’il devienne lui-même en faillite. Cela peut causer des problèmes « systémiques » sur les marchés financiers. C’est ce qui est arrivé avec AIG, qui a été sauvée par le gouvernement américain.

Dans le cas d’un CDS transigé sur un marché public, cela n’est pas un problème puisqu’une maison de compensation centrale s’occupe d’agir en tant que contrepartie. Les problèmes surviennent lorsqu’il s’agit de CDS gré-à-gré (over-the-counter ou OTC). Il incombe alors à l’acheteur de s’assurer que la contrepartie est solvable et au vendeur de s’assurer qu’il pourra verser les indemnités si une vague de défauts survient. Les actionnaires de ces entreprises sont responsables de ces pertes, si elles surviennent. La décision de sauver AIG était selon moi injustifiée. Nous avons appris par la suite que Goldman Sachs avait été un acheteur important de CDSs de AIG et que l’entreprise lui devait $13 milliards. Ça explique pourquoi Hank Paulson, un ancien de Goldman Sachs, a décidé de sauver AIG! Le problème n’est donc pas le CDS, mais plutôt l’intervention gouvernementale pour soutenir les banques.

3) Je laisse Yan Barcelo présenter le troisième problème dans ses mots éloquents:

« N’entrons pas dans le fin détail physiologique de ces créatures et contentons-nous de savoir qu’il s’agit d’un produit d’assurance tout à fait inouï : on peut acheter un CDS pour assurer un actif financier qu’on ne détient pas et qu’a n’a jamais détenu! C’est un peu comme si on détenait une assurance sur la vie d’un voisin. Un telle assurance est une invitation à l’assassinat! Et c’est à un tel jeu d’assassinat les banques se sont livrées avec les obligations de la Grèce pour en écraser la valeur. Elles ont acheté des CDS en masse auprès d’une foule d’acteurs financiers (fonds de pension, fonds mutuels, fonds de couverture, etc.) et, disposant de ceux-ci en poche, ont attaqué systématiquement les obligations du gouvernement grec, faisant ainsi augmenter la valeur de leur « assurance ». Évidemment, une foule de gens à Wall Street y gagnent… tandis que le gagne-petit en Grèce verra ses taxes et son coût de la vie augmenter. »

 Si les ‘banques de Wall-Street’ ont pu jouer ce jeu, c’est qu’elles croyaient que la situation financière grecque était pire que ce que les vendeurs de ces CDSs croyaient, et elles ont eu raison. Pour ‘assassiner’ la Grèce, elles ont dû vendre les obligations grecques. Si les problèmes financiers de la Grèce avaient été fictifs ou surévalués par les banques, celles-ci auraient perdu gros dans cette histoire (si la situation de la Grèce s’était améliorée), mais ce n’était pas le cas. Les banques ne sont pas responsables du déficit de 12.7% du PIB de la Grèce ni de la gestion des finances publiques de ce pays. Ainsi, les banques ont profité de la naïveté et de l’incompétence des investisseurs qui étaient de l’autre côté de la transaction, comme ceux qui gèrent notre chère Caisse de Dépôts… Dommage pour les cotisants à ces fonds de pension, qui sont forcés d’y déposer leurs avoirs.  

Finalement, notez qu’il y a d’excellentes raisons de détenir des naked-CDSs, autre que pour spéculer sur les malheurs d’un pays. Par exemple, si vous faîtes une grosse partie de votre chiffre d’affaires auprès du gouvernement grec et que vos comptes à recevoir s’accumulent, ça pourrait être prudent de détenir un CDS pour vous protéger d’un défaut de paiement.

Conclusion:

En somme, il est facile de comprendre pourquoi les politiciens s’opposent aux CDS. Les politiciens aiment dépenser, générer des déficits et s’endetter pour gagner des votes. Ils aimeraient bien pouvoir le faire impunément, à l’insu des marchés financiers, mais les CDSs sont là pour mettre à jour la situation financière précaires de ces pays dépensiers et contribuent à protéger les citoyens de ces pays contre leurs politiciens irresponsables. Les CDS améliorent la transparence des marchés financiers et permettent à toutes sortes d’investisseurs de se prémunir, sinon de profiter de la déterioration des finances d’un émetteur de dette. Cette détérioration n’est pas la faute des CDS contrairement à ce qu’on voudrait nous faire croire!

À cet égard, David Descôteaux publiait un excellent article sur les spéculateurs il y a quelques jours:

Une bombe de 2200 pages vient d’éclater aux États-Unis. Le lourd rapport d’enquête dévoile que Lehman Brothers, cette banque dont la faillite a précipité la débâcle boursière de l’automne 2008, avait trafiqué ses livres comptables plusieurs mois avant de s’effondrer.  (…) Mais des petits futés avaient compris l’arnaque. Ils ont vendu massivement leurs actions, exposant la situation précaire de la banque et provoquant sa faillite. Le rapport montre que ces spéculateurs – des investisseurs professionnels qui recherchent le profit à court terme – avaient vu juste. Sous les mensonges comptables, l’empereur était nu.

Mais dans leur tour d’ivoire, les milliers de bureaucrates et de «gendarmes» chargés de démasquer ce genre de fraude aux États-Unis (la Réserve fédérale, la Securities and Exchange Commission, les agences de crédit, etc.) n’ont rien vu. Comme dans le cas de Bernie Madoff, ils dormaient sur la switch. Et comme dans celui d’Enron en 2001 – ce courtier en électricité qui a déclaré faillite après avoir menti sur l’état de ses finances –, ils ont manqué le bateau. Dans ce dernier cas, ce fut encore une fois les spéculateurs qui sonnèrent l’alarme en faisant chuter le titre d’Enron. Les régulateurs, eux, ont allumé… six mois plus tard!

Pourtant, les politiciens et autres démagogues blâment toujours les spéculateurs quand ça va mal. Prenez la Grèce en ce moment. Les politiciens grecs, bon nombre d’entre eux des irresponsables qui ont endetté leur pays jusqu’au bord de la faillite, blâment aujourd’hui les spéculateurs pour leurs problèmes. Mais les spéculateurs ne provoquent pas les crises. Ils les exposent au grand jour. Et forcent les responsables à corriger leurs problèmes sans tarder. En faisant chuter une devise ou une action en bourse, ils préviennent les autres investisseurs – comme vous et moi – qu’il vaut mieux déguerpir. Que les choses sentent mauvais dans telle entreprise ou tel pays. Ce sont les entreprises comme Enron, Lehman Brothers et les gouvernements qui provoquent les crises. Les spéculateurs donnent seulement l’heure juste sur la situation d’une entreprise ou d’un pays. Comme le veut l’adage: si votre visage est laid, ne blâmez pas le miroir.

Bref, le spéculateur est le meilleur policier du marché.

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 Ce billet se veut une sorte de revue d’articles intéressants sur la situation en Haïti.

Joseph Facal:

Son article énonce les sept plaies d’Haïti: le despotisme, la corruption, l’analphabétisme, la maladie, la dépendance, l’indifférence et le départ définitif de ses enfants les plus doués.

Le peuple haïtien, qui n’a pas moins de talents que n’importe quel autre, est écrasé par des éléphants qui l’empêchent de se redresser.  Ces éléphants, c’est une petite élite locale qui considère ce pays, ou ce qu’il en reste, comme sa chose personnelle. On n’y retrouve pas une seule force politique qui ne soit pas gangrenée de part en part par la corruption. Dégoûtés, les meilleurs s’en vont et ne retournent jamais, envoyant de l’argent à leurs proches depuis l’étranger.

Plutôt défaitiste comme article et ne proposant pas vraiment de solution…

Nathalie Elgrably (IEDM):

Selon elle, ce n’est pas l’absence d’infrastructures qui explique la pauvreté, c’est plutôt la pauvreté qui explique l’absence d’infrastructures. Et la pauvreté, c’est généralement le résultat d’un système économique qui empêche la création de richesse en décourageant la production et l’investissement.

Elle avance que le cas du Chili devrait servir de modèle pour Haïti. Jusqu’au début des années 1980, le Chili était le parent pauvre de l’Amérique latine avec une économie pratiquement stagnante depuis 1913. Mais grâce à la libéralisation des marchés et aux réformes économiques adoptées en 1985 et 1990, l’économie chilienne a crû à un rythme de 4,2% par an, permettant ainsi au niveau de vie de doubler tous les 17 ans.

« Secourir les victimes du séisme, cela va de soi! Contribuer à la reconstruction, c’est honorable, mais c’est insuffisant pour vaincre la pauvreté. Ce n’est pas en recevant de l’aide internationale qu’un pays s’enrichit, c’est en produisant et en vendant ses biens et services. Or, pour cela, il faut des réformes qui permettent de créer un contexte économique favorable aux affaires. Le Chili l’a compris et a réussi un véritable miracle économique en 20 ans à peine. »

The Economist:

Leur article propose que l’ONU prenne le pays en tutelle temporaire de façon à mettre en place un État fort et sain qui prendrait en charge l’avenir du pays. Ils nommeraient même Bill Clinton à la tête de cette initiative! N’est-ce pas ce qui a été tenté par le passé?

Felix Salmon (Reuters):

Ce blogueur nous incite à ne pas faire de dons à Haïti! Ses arguments sont que 1) beaucoup de dons ont déjà été versés, notamment des gouvernements de plusieurs pays 2) à partir d’un certain montant, l’argent ne sert plus à rien, c’est plutôt une question de logistique, 3) les dons à Haïti sont probablement des dons qui auraient été faits à d’autres causes, ça crééra donc des manques ailleurs, 4) certaines organisations recueillant des dons pour Haïti sont plutôt douteuses, comme Yele par exemple (Wyclef Jean). 

Il propose plutôt de faire des dons sans restriction à Médecins Sans Frontière, qui allouera l’argent efficacement aux différents pays dans le besoin, incluant Haïti bien sûr.

Martin Masse (Le Québécois Libre):

Martin utilise ici son alter-ego, Tramin Assem, pour nous livrer un savoureux texte satirique sur les sophismes keynesiens. Le principal sophisme qu’il ridiculise est celui voulant que les catastrophes naturelles sont bonnes pour l’économie lorsque celle-ci opère sous son « potentiel » (vous trouvez ça stupide? c’est pourtant ce que Keynes avançait).

Antagoniste:

Ce blogue rapporte les propros du professeur d’économie Don Boudreau à l’égard du manque de liberté économique individuelle en Haïti. 

À Haïti, pour ouvrir un commerce, il faut passer au travers 13 procédures bureaucratiques. Ce processus prend en moyenne 195 jours et représente une dépense de 227,9% du salaire annuel. À Haïti, pour obtenir un permis de construction, il faut passer au travers 11 procédures bureaucratiques. Ce processus prend en moyenne 1 179 jours et représente une dépense de 569,5% du salaire annuel. À Haïti, importer un conteneur de marchandise, il faut passer au travers 10 procédures bureaucratiques. Ce processus prend en moyenne 33 jours et représente une dépense de 1 545$/conteneur.

François Marginean (7 du Québec):

Le maître du scepticisme nous rapporte que pour chaque dollar des payeurs de taxes que le gouvernement américain a décidé de déployer pour aider Haïti, seulement environ 1 cent est pour Haïti. Pour chaque dollar d’aide humanitaire que les Américains dépensent, 40 cents vont à l’appareil militaire US, payer pour la sécurité, les recherches et les équipes de secours, incluant le navire hôpital de la Navy USNS Comfort. Un autre 36 cents va au financement de l’assistance d’urgence de la US AID. Uniquement 10 cents ont déjà été dépensés pour de la nourriture.

Il poursuit en mentionnant que « l’occupation » du pays par les ONG est justifiée par les ressources naturelles du pays, dont notamment des réserves de pétroles plus grandes que celles du Vénézuela, de l’or et de l’iridium…..permettez-moi d’en douter fortement!

Jeanne Émard (Lutopium):

Lutopium met ici le doigt sur un bobo majeur, mais y appose la mauvaise étiquette. Son erreur est évidemment de confondre libertariannisme et droite politique. Ce que propose la Heritage Foundation n’est vraiment pas libertarien, mais bien du corporatisme de droite. Il est néanmoins tout à fait légitime de se demander si tous ces États qui envoient des soldats en Haïti le font vraiment par entraide ou s’il y a des intentions géopolitiques cachées, ou encore s’il le font pour promouvoir le complexe militaro-industriel ainsi que les intérêts corporatistes.

Gérard Latulippe (L’Actualité):

Cet ancien ministre libéral dans le gouvernement du Québec, qui fut aussi délégué général du Québec à Mexico et à Bruxelles, se trouvait en Haïti lors du séisme. Selon lui, le vide politique qui s’y est installé est un problème colossal et la communauté internationale devra s’y attaquer rapidement.

« Il est urgent de combler ce vide politique et je ne vois aucune autre voie que la mise sous tutelle d’Haïti par la communauté internationale, avec la participation impérative des Haïtiens. (…) La communauté internationale est frileuse quand il s’agit d’imposer une gouvernance, parce que ça va à l’encontre de la souveraineté des États. Il y a un devoir d’ingérence sur le plan humanitaire et il y a un droit d’ingérence dans d’autres cas très limités – les génocides, par exemple. Mais dans le cas d’Haïti, il y a un vide juridique sur le droit d’ingérence. C’est tout un débat. Mais il ne faut pas être frileux. »

Est-ce que la communauté internationale peut légitimement prendre en charge l’État haïtien et y mettre sur pied les bases d’un gouvernement sain?

 

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Dans un article paru lundi dernier, l’économiste Marcel Boyer de l’Institut Économique de Montréal propose une approche alternative à la privatisation de la société d’État.

M. Boyer voudrait tout d’abord laisser tomber le bloc patrimonial qui dilapide notre électricité à moins de $0.03 par kilowatt/heure alors que le coût marginal de production est maintenant au-delà de $0.10.

Ensuite, il propose de faire en sorte que le dividende d’Hydro-Québec soit versé directement aux citoyens Québécois plutôt qu’à l’État. Ainsi, en 2008, les 7,782,561 habitants du Québec auraient reçu un chèque de  $289.36, qui se serait ajouté au revenu disponible (et imposable) des citoyens.

Et comme l’abandon du bloc patrimonial (165 TWh) permettrait à Hydro-Québec de faire d’encore plus gros profits, ce dividende serait encore plus élevé. Je calcule qu’en augmentant le prix de l’électricité du bloc patrimonial de $0.0279/KWh à $0.07/KWh, les profits d’Hydro-Québec augmenteraient de $6.9 milliards. Le dividende total d’Hydro-Québec atteindrait donc $9.2 milliards, soit $1,176 par habitant par année.

Voici quelques observations relativement à cette situation:

  1. N’oubliez pas que des 165 TWh du bloc patrimonial, 20 TWh vont aux alumineries, donc elles assumeraient une portion significative de la hausse de prix.
  2. Un couple avec 3 enfants aurait reçu un chèque de $1,447 en 2008 et recevrait un chèque de $5,880 dans le scénario où le prix du bloc patrimonial serait augmenté, ce qui est amplement suffisant pour compenser la hausse de leur facture d’électricité.
  3. Les pauvres ne paieraient que très peu ou pas d’impôt du tout sur ce dividende puisque leurs revenus sont très bas. En revanche, les riches paieraient beaucoup d’impôts sur ces dividendes et comme ils consomment davantage d’électricité que les pauvres avec leurs grandes maisons et leurs multiples appareils électriques, leur facture d’électricité augmenterait davantage que celle des pauvres suite à la nouvelle tarification du bloc patrimonial. Cette mesure serait donc progressive.
  4. Cette mesure forcerait les grands consommateurs d’électricité à rationaliser leurs activités et encouragerait l’économie d’énergie. Cela permettrait à Hydro-Québec d’exporter davantage et de créer encore plus de richesse pour le Québec.
  5. L’argent provenant d’Hydro-Québec serait remis directement à la population, donc chacun serait libre de le dépenser librement, selon ses préférences et ses besoins. Ne serait-ce pas mieux que de le mettre dans les mains des politiciens et des fonctionnaires qui l’utilisent présentement pour grossir la bureaucratie étatique et pour rendre les pauvres dépendants de l’État-providence?

Évidemment, si on procédait de cette façon, l’État perdrait une importante source de revenus. Ce trou de $2.3 milliard dans les finances publiques serait en partie compensé par les impôts perçus sur le dividende. L’État pourrait aussi réduire un peu le filet social. De cette façon, les bénéficiaires d’aide sociale de l’État recevraient moins d’argent du gouvernement en tant qu’assisté sociaux, mais recevraient un beau dividende en tant qu’actionnaires d’Hydro-Québec. C’est plus valorisant et ça réduit la dépendance envers l’État. Au bout du compte, il est évident que les pauvres se retrouveraient avec plus d’argent dans leurs poches, gracieuseté des grands consommateurs d’électricité.

Concernant la paperasse, chaque citoyen canadien dont le domicile principal est au Québec depuis au moins un an et qui est titulaire d’un numéro d’assurance sociale serait théoriquement propriétaire d’une action d’Hydro-Québec (incluant les enfants).

En somme, cette proposition moins radicale que la privatisation totale d’Hydro-Québec permettrait de régler plusieurs problèmes reliés à cette société d’État sans traumatiser la gauche. Elle permettrait en outre de court-circuiter le gouvernement et de faire en sorte que les Québécois soient les bénéficiaires directs des dividendes de l’entreprise qui a été bâtie avec leur argent.

Pour mon billet précédent sur la peformance et la privatisation d’Hydro-Québec, cliquez ici.

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