Ce livre est une collection d’essais de plusieurs auteurs (17) tentant de déterminer si les États-Unis pourraient un jour devenir un régime autoritaire, voire une dictature. Chaque essai adopte une perspective différente, autrement l’ouvrage aurait été répétitif. Cet ouvrage est bien entendu motivé par l’accession à la présidence de Donald Trump, lequel a eu des agissements qui laissent perplexes et font craindre le pire.
Néanmoins, des dérives autocratiques sont survenues dans le passé aux États-Unis. Le Alien & Sedition Acts de 1798, la suspension de l’habeas corpus par Lincoln, l’Espionage Act de 1917, l’emprisonnement des Japano-Américains en 1942, le Subversive Activities Control Act de 1954 durant la guerre du Vietnam, puis les détentions à Guantanamo sous Bush et les abus de la NSA sous Obama.
Trump a bafoué les normes régissant habitellement les élections américaines. Il a notamment suggéré d’incarcérer son opposante Hillary Clinton, encouragé la violence envers ses critiques, donné son accord à la torture de prisonniers, suggéré qu’il ne respecterait pas la résultat de l’élection s’il n’était pas élu, a faussement affirmé que des millions de votes illégaux avaient été effectués contre lui, n’a pas résolu les conflits d’intérêts entre ses entreprises et sa présidence, n’a pas rendu public ses rapports d’impôts et a attaqué un juge fédéral sur la base de son origine ethnique. Et cette liste a continué de s’allonger suite à la publication de ce livre! Il a renvoyé un procureur général vu son refus de saboter l’enquête le concernant. Il a traité les journalistes « d’ennemis du peuple » et a publiquement endossé la violence envers les journalistes.
Trump a aussi négligé de nommer des gens au sein de nombreuses agences gouvernementale, ce qui a fait en sorte de les paralyser.
L’une des tactiques régulièrement utilisées par les régimes autoritaires de par le monde est à la disponibilité de Trump, soit d’utiliser les autorités légales, que ce soit les percepteurs d’impôts, les régulateurs d’entreprises et même les procureurs, pour harceler ses opposants tels que des journalistes, syndicats, ONGs et politiciens. D’autres présidents américains ont utilisé ces moyens dans le passé. Il est évident que la présidence américaine a trop de pouvoir discrétionnaire à cet égard.
Article connexe: Le Culte de la Présidence Américaine (3/3).
Trump peut aussi embaucher des personnes qui lui sont loyales à la tête des différentes agences de l’état, car tout fonctionnaire indépendant sera susceptible de refuser certaines de ses directives qui seraient dans une zone grise ou en contradiction avec l’orientation et la mission primaire de ces agences. La complexité de la bureaucratie américaine agit en quelque sorte telle une proctection contre l’autocratie car il est très difficile de prendre le contrôle de toutes les agences, des états et des municipalité à la fois.
De plus, Trump a besoin de la collaboration des autorités locales (états et municipalités) pour faire appliquer ses directives. Par exemple, certaines villes ont manifesté qu’elles n’allaient pas appliquer les plans de Trump concernant les immigrants illégaux.
La méthode la plus efficace historiquement pour qu’un dictateur obtienne le pouvoir est d’utiliser une foule de supporteurs qui utilsent la violence pour intimider les opposants (ce fut la méthode d’Hitler et de Mussolini). Cependant, Trump n’a même pas obtenu la moitié des votes à l’élection de 2016, son taux d’approbation est très faible et il n’est généralement pas très aimé par la population.
De son coté, Martha Minow rappelle les détentions forcées de 120,000 Japano-Américains durant la Seconde Guerre Mondiale, sous la présidence de FDR (ordre exécutif 9066). Elle souligne que la Cour Suprême Fédérale n’a jamais renversé sa décision Korematsu v. United States (1944) validant cet ordre, et que par conséquence, la jurisprudence permettrait à un autre président de répéter l’expérience. Donald Trump y a d’ailleurs fait référence lorsqu’il était question de bloquer l’entrée de voyageurs en provenance de pays musulmans.
Le germe autoritaire
Une étude de Karen Stenner et Jonathan Haidt a exploré les données Europulse de 2016, dans trois pays où des partis de droite ont gagné en popularité lors d’élection, soit le Royaume-Uni (Brexit), la France (Le Pen) et les États-Unis (Trump).
Les auteurs définissent le degré d’autoritarisme d’une personne par ses réponses à certaines questions, comme par exemple au sujet de la manière dont les enfants devraient être élevés (favorisant l’obéissance et les bonnes manières, plutôt que la créativité et l’indépendance). La mesure ainsi obtenue est davantage corrélée au degré d’intolérance que toutes les autres, telles que le niveau d’éducation, le revenu, le genre et la religiosité.
La personalité autoritaire est portée à adopter des attitudes et comportements visant à structurer la société de manière à minimiser la diversité, encourager la conformité et favoriser l’uniformité (de race, religion, orientation sexuelle, etc). Les gens plus autoritaires sont d’ailleurs favorable à utiliser la coercition de l’état pour y arriver.
Les résultats de Stenner et Haidt montrent que le degré d’autoritarisme est la meilleure variable permettant d’expliquer le vote en faveur des partis de droite populistes. Kaufmaan 2016 démontre que le support à la peine de mort et au fouettage des coupables de crimes sexuels est corrélé à la probabilité de voter pour le Brexit.
Il y a donc une portion de la population qui a un réflexe inné vers l’autoritarisme et qui n’attendait qu’un politicien tel que Donald Trump n’émerge pour s’engager davantage politiquement et exprimer ses vues plus ouvertement.
Puis, il y a les fake news. Les affirmations fausses faites par Donald Trump depuis le début de sa présidence, que ce soit au sujet du lieu de naissance de Barack Obama, du nombre de spectateurs lors de son inauguration, des votes illégaux contre lui, de la trajectoire de l’ouragan Dorian, etc. Utilisées de cette manière, ces « faits alternatifs » sont une forme de propagande efficace, surtout dans un contexte où les médias sociaux permettent aux fake news d’être vues plus souvent que les vraies nouvelles par un grand segment de la population.
Article connexe: Qu’est-ce qui cloche avec la démocratie américaine?
Les tribunaux
Les tribunaux peuvent fournir un rempart contre les visées autocratiques de la Maison Blanche, mais ils ne peuvent pas continuellement remettre en question les décisions prises. Dans l’exercice de leur rôle, les juges doivent prendre pour acquis que les officiers de l’États agissent de bonne foi et dans le bien public. Il leur faut donc un niveau de preuve élevé avant de pouvoir renverser une loi ou une décision.
Cela fait en sorte de permettre aux politiciens plus autoritaire d’introduire de légers changements législatifs ou règlementaires qui affaiblissent graduellement la démocratie et les libertés individuelles sans que le système de justice ne s’y oppose.
Dans les causes Shelley, Terry et Brown, les juges ont rendus des jugements qui ont définitement modifié l’orientation de la constitution américaine, ce qui a permi de renverser un régime raciste. En ce sens, des juges braves et indépendants pourraient protéger le pays d’une dérive autocratique.
La peur
Geoff Stone lance que les Américains (et probablement toutes les nations) ont eu tendance au cours de l’Histoire à sur-réagir aux dangers potentiels menaçant le pays, que ce soit le communisme, le terrorisme ou l’immigration illégale. Ces paniques injustifiées fournissent une couverture aux dirigeants politiques voulant en profiter pour augmenter leur pouvoir, surtout lorsqu’ils peuvent invoquer des pouvoirs spéciaux comme la déclaration de guerre, la suspension de l’habeas corpus et la déclaration de l’état d’urgence. À plusieurs occasions, les politiciens ont menti, ont exagéré la menace et ont abusé de leur pouvoir.
Article connexe: La détérioration des institutions politiques (2/2).
Conclusion
En somme, on pourrait dire que les États-Unis, dans l’état actuel de ses institutions, ne pourrait pas sombrer soudainement dans la dictature. Cependant, le risque est que des changements graduels en viennent à affaiblir ces institutions et à centraliser davantage le pouvoir, permettant une glissade vers l’autoritarisme.
Ce phénomène que l’un des auteurs nomme « incrémentalisme », pourrait s’accélérer en temps de crise, soit économique ou martiale, comme ce fut le cas à de nombreuses reprises dans le passé. En fait, on pourrait même affirmer que cette glissade s’est entamée il y a plus d’un siècle…
Tout cela est bien inquiétant dans le contexte mondial où plusieurs pays dérivent vers un autoritarisme accru, tels que la Russie, la Chine, l’Inde, la Pologne, la Turquie et la Hongrie, tandis que plusieurs ont vu des partis populistes soit pendre le pouvoir (Royaume-Uni, Brésil) ou du moins passer assez près (France, Pays-Bas, Italie).
Barack Obama, un ‘r’.
Entamé, pas d’accent circonflexe.
Brésil, pas « Brézil ».
D’être vues plus souvent, accent et accord.
Corrections faîtes. Merci.
« uis les détentions à Guantanamo sous Bush et les abus de la NSA sous Obama » Pas du tout d’accord. Les détentions à Guantanamo et les abus de la NSA concernaient les étrangers. Dans une démocratie, l’état doit protéger et respecter la liberté fondamentale de ces citoyens. Un pays peut parfaitement être démocratique tout en ne respectant pas la liberté fondamentale des étrangers. C’est d’ailleurs un fondement de la démocratie de différencier les droits des citoyens des droits des non citoyens (seuls les citoyens ont le droit de vote qui est un droit fondamentale pour être une démocratie).
Détenir et torturer des non citoyens considérer comme des ennemis c’est pas du tout la même chose que détenir et torturer des citoyens. (Je ne dis pas que détenir et torturer des non citoyens c’est bien seulement que cela ne signifie rien sur l’autoritarisme de l’état).
« Trump a aussi négligé de nommer des gens au sein de nombreuses agences gouvernementale, ce qui a fait en sorte de les paralyser. » Cela l’empêche aussi de mettre en place un état autoritaire ou de mettre en place ces politiques. C’est d’ailleurs, la raison principale pour laquelle Trump n’est rien une menace contre la démocratie américaine: c’est un clown, il est beaucoup trop incompétent pour pouvoir représenter un risque contre la démocratie. Il faut regarder ce qu’il a fait concrètement en tant que président jusqu’à présent: pas grand chose. Il parle beaucoup mais fait peu de choses concrètement. A tel point que la chose la plus marquante de sa présidence pour l’instance c’est ces deux nominations à la cour suprême.
D’ailleurs, divers journalistes ont bien montré que ce qui caractérisent l’administration Trump c’est le chaos. Non seulement il y a peu de nominations mais il y a aussi beaucoup de changements (des gens nommés qui ont démissionner). Regardez par exemple le nombre de conseillers à la sécurité nationale qu’a eu Trump.
Le fait que Trump ne soit pas politicien, le fait qu’il ait un ego tellement surdimensionné et qu’il a de graves problèmes psychologiques, font qu’il est incapable de mettre en place une réelle politique.
Le parti républicain a détenu pendant 2 ans tous les pouvoirs (congrès, présidence,….) pourtant ces années ont été marqué par l’inaction du fait de l’incompétence de Trump à agir.
D’ailleurs, Trump et son administration ont vu énormément de leurs ordres administratives annulés (y compris par des juges nommés par des républicains); Quand on analyse ces annulations on voit énormément de vices de forme. Cela illustre l’énorme amateurisme de l’administration Trump.
Cet amateurisme empêche Trump d’être une menace pour la démocratie même s’il le voulait.
» Elle souligne que la Cour Suprême Fédérale n’a jamais renversé sa décision Korematsu v. United States (1944) validant cet ordre, et que par conséquence, la jurisprudence permettrait à un autre président de répéter l’expérience » Déjà le contexte était particulier, les USA étaient en guerre mais surtout c’est pas parce que la décision n’a pas officiellement été abrogé qu’elle ne le sera pas si Trump essayait de la passer. Je doute pas une seconde que la jurisprudence ne laisserait jamais passer un tel ordre aujourd’hui. Le juge Clarence Thomas est sans doute le seul susceptible à voter en faveur d’un tel aujourd’hui à la Cour suprême.
Personnellement, je pense pas une seconde qu’un régime autoritaire puisse s’installer au USA (il y a trop de contrepouvoirs). Par contre, il est possible pour un président d’éroder la démocratie (cela a été fait par Bush et Obama mais pas tant par les exemples données dans cet article, je parle de leur politique interne). Je pense qu’un président qui veut vraiment éroder la démocratie le fait sans s’en vanter publiquement, en se disant défenseur de la démocratie. Un tel président est bien plus dangereux qu’un type comme Trump qui fait des déclarations publiques d’autoritarisme sans pouvoir les mettre en oeuvre.
N’oublions pas que les médias ont un parti anti Trump: ils se scandalisent bien plus vite de ces actions que si un autre président faisait la même chose.
Le vrai poblème concernant la démocratie américaine n’est pas un risque de régime autoritaire que la polarisation croissante du pays.
Et Trump participe à cette polarisation; C’est cela le vrai sujet.
(P.S parce que si on voit bien que trump ne respecte pas ces adversaires, on voit le même phénomène chez les démocraties. Des représentants démocrates ont aussi dit que Trump méritait d’être en prison le reste de sa vie. San Francisco qui passe une résolution considérant que la NRA est une organisation terroriste. Il y a une multitude d’exemples montrant que la polarisation existe des deux côtés. Pas juste chez les républicains)
La polarisation aux États-Unis est-elle due aux tendances mondiales ou est-ce quelque chose d’unique dans ce pays ? Les données de 12 pays montrent que les États-Unis sont une valeur aberrante, ont la plus forte augmentation de la polarisation affective (négativité envers l’autre partie) depuis 1980.
Cliquer pour accéder à cross-polar.pdf
Polarisation affective est expliquée par la diversité raciale et la polarisation des élites, et non par des facteurs économiques comme les inégalités.
Il y a une longue histoire de gens qui soutiennent que la politique est « vraiment » une question d’économie, de Marx à Turchin et Michael Lind. Ce point de vue est contredit par pratiquement toutes les données.
https://cspicenter.org/reports/the-national-populist-illusion-why-culture-not-economics-drives-american-politics/
Contrairement à ce que l’on entend parfois, l’algorithme de YouTube ne radicalise *pas* les gens selon une étude réalisée par d’éminents universitaires qui ont examiné 29 millions de sessions de visionnage sur YouTube et récemment paru dans une prestigieuse revue à comité de lecture : https://www.pnas.org/content/118/32/e2101967118.short
Les personnes qui accèdent aux informations via les médias sociaux et les moteurs de recherche acquièrent un régime d’informations politiquement plus diversifié, remettant à nouveau en question le mythe élitiste des chambres d’écho et des bulles filtrantes.
https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/14614448211027393
Une question encore plus intéressante serait « la France peut-elle devenir un jour une démocratie ».
« Les tribunaux peuvent fournir un rempart contre les visées autocratiques de la Maison Blanche, mais ils ne peuvent pas continuellement remettre en question les décisions prises. Dans l’exercice de leur rôle, les juges doivent prendre pour acquis que les officiers de l’États agissent de bonne foi et dans le bien public. Il leur faut donc un niveau de preuve élevé avant de pouvoir renverser une loi ou une décision » Bah justement le problème des juges américains c’est qu’ils hésitent pas à renverser des décisions et à faire la loi selon leur idéologie et non pas au nom de la loi.
En fait, les juges sont sans doute l’une des plus grandes menaces pour la démocratie américaine.
Aux USA, on connait les décisions des juges selon la composition idéologique des juges. Les juges ne sont pas les gardiens de la loi qu’ils sont censés être mais ils font et défont la loi.
C’est très problématique.
Les juges (au niveau fédérale) n’ont pas été élus, ils ont juste été nommés. Ils ne peuvent pas se mettre au dessus des représentants c’est anormal.
L’inconstitutionnalité des lois devrait être réservé aux violations manifestes de la Constitution selon le sens originel donné à la Constitution par les législateurs.
L’approche d’interprétation évolutive (prôné par les juges progressistes) n’est ni plus ni moins qu’une approche où les juges font ce que bon leur semblent.
Honnêtement, c’est un scandale absolu que la Cour suprême prenne des décisions comme légaliser l’avortement ou le mariage gay. Ces questions doivent être traités par le législateur certainement pas par des juges.
En faisant cela, il y a un coup d’état des juges.
Ce qui est inquiétant c’est que l’on observe le même phénomène en Europe (même si c’est dans une mesure moindre par rapport aux USA dû fait que la magistrature est composé de fonctionnaires professionnels et qu’ils ne sont pas nommés directement par des politiciens. Cela les rends moins politisé).
« Dans les causes Shelley, Terry et Brown, les juges ont rendus des jugements qui ont définitement modifié l’orientation de la constitution américaine, ce qui a permi de renverser un régime raciste » Bah cela pourrait être aussi utilisé pour renverser un régime démocratique. La ségrégation raciale est une honte mais c’est certainement par aux juges de modifier l’orientation de la Constitution américaine en les autorisant à faire cela vous faites du pouvoir judiciaire un super pouvoir au dessus des autres. C’est une violation flagrante de la séparation des pouvoirs.
C’est un discours dangereux: donner le cas où donner un exemple où le fait d’avoir donner un pouvoir considérable à des personnes a servi à faire une bonne chose en oubliant tous les autres cas où ce pouvoir a été néfaste. Avec cette logique, on peut justifier un état fort. En effet, il y a des fois où un état disposant de forts pouvoirs cela permet de faire des bonnes choses.
Sauf que c’est oublié que de manière générale, cela va surtout faire de mauvaises choses.
Le principe de séparation des pouvoirs c’est d’empêcher un pouvoir de devenir trop puissant. Car un puissant pouvoir amène des dérives.
Ici, la dérive c’est les juges qui annulent les lois qui leurs déplaisent.
Les juges de la Cour suprême sont intouchables (nommés à vie), ils n’ont pas été élus; Alors ce n’est pas normal de faire d’eux le pouvoir le plus puissant.
Au moins, les politiciens sont élus. L’élection est un contre pouvoir.
« . Utilisées de cette manière, ces « faits alternatifs » sont une forme de propagande efficace, surtout dans un contexte où les médias sociaux permettent aux fake news d’être vues plus souvent que les vraies nouvelles par un grand segment de la population » Sauf que c’est faux.
Les preuves que les fake news ont influencé des événements importants comme le Brexit ou l’élection de Trump sont très faibles. https://pubs.aeaweb.org/doi/pdfplus/10.1257/jep.31.2.211
Les fake news sont consommées par une minorité d’utilisateurs (que ce soit sur Facebook ou Twitter) et partagées par un plus petit nombre de gens encore (0.1%).
Sources: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30679368
https://advances.sciencemag.org/content/5/1/eaau4586
https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=3107731
On est plutôt bons à détecter les fake news et à distinguer les sources de confiance des « sources de méfiance ».
https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=3118471
Contrairement à ce qu’avancent les discours sur la dérégulation du marché de l’information, les sites d’information établis reçoivent beaucoup plus d’attention que les sites « à fake news »
Cliquer pour accéder à reuterfake.pdf
Cliquer pour accéder à media-polarization-a-la-francaise-rapport.pdf
Les « chambres d’écho », ou « bulles informationnelles » (ie les bulles d’information homogène et polarisée) sont plus courantes dans la vraie vie que sur le web, où on a plus de chance de trouver de l’information qui nous contredit
https://www.researchgate.net/publication/330144926_Avoiding_the_echo_chamber_about_echo_chambers_Why_selective_exposure_to_like-minded_political_news_is_less_prevalent_than_you_think
En fait, les fake news ne convainquent pas tant les gens, cela sert surtout à conforter les convaincus dans leurs visions du monde.
Justement, les mensonges de Trump sont extrêmement grossiers. Il ne fait des mensonges élaborés. Et ces mensonges ne sont répétés que par ses partisans. Cela ne va pas convaincre les gens qui ne sont pas ces partisans de voter pour lui. (J’avais lu encore une autre étude qui expliquait très bien que les fake news n’avaient aucune influence sur le fait de modifier les opinions des gens, cela servait juste à conforter les personnes convaincues mais je la retrouve plus).
Les fake news sont du contenu de « faible qualité » du point de vue de la vérité mais de « haute qualité » du point de vue de nos préférences cognitives. https://www.nature.com/articles/s41599-019-0224-y
(Et le pire c’est que Trump n’a pas tort quand il accuse les médias américains de diffuser des fake news à son encontre. La soi disante influence des fake news est elle même une fake news. L’affaire de l’ingérence russe a bien montré le peu de fiabilité des médias traditionnels. Il s’est pas passé une semaine lors de cette histoire sans que les médias américains ne balancent pas une fake news sur la soi disante collusion de Trump avec la Russie)
« Dans l’ensemble, nous ne trouvons aucune preuve que les médias sociaux expliquent le soutien au populisme de droite. Aux États-Unis, l’utilisation des médias en ligne diminue le soutien au populisme de droite … Le lieu des effets de la chambre d’écho populiste est les réseaux hors ligne des gens. »
Cliquer pour accéder à NMS_FINAL_March2019all.pdf
Et d’ailleurs, il y a l’idée sous jacente derrière cette campagne de fake news c’est que cela serait surtout une arme du camp conservateur ce qui est faux
Contrairement aux hypothèses répandues dans les médias, les conservateurs ne sont pas plus susceptibles de croire à de fausses informations politiques qui favorisent leur camp. https://www.journals.uchicago.edu/doi/abs/10.1086/711133?journalCode=jop
Il est étonnant de voir que les gens qui prétendent lutter contre les fake news le font uniquement contre les fausses nouvelles venant du camp opposé mais jamais contre celles répandues dans leur camp.
Un parfait exemple de pourquoi le ministère de la vérité mis en place par les médias traditionnels est dangereux : http://www.koztoujours.fr/mon-opinion-en-liberte-conditionnelle?utm_campaign=shareaholic&utm_medium=facebook&utm_source=socialnetwork
On présente comme faux des informations qui ne sont que la vérité. C’est pas la première fois que je vois ce genre de cas de la part des vérificateurs d’information qui sont en réalité extrêmement biaisés et utilisent leurs positions pour s’irriger en ministère de la vérité et censurer les personnes qu’ils apprécient pas
Comme je ne vois plus le lien de l’étude sur le soutien au populisme de droite, je le remets ici: https://web.archive.org/web/20200809150326/https://academic.macewan.ca/bouliannes/files/2019/09/NMS_FINAL_March2019all.pdf
Une découverte importante: les conservateurs échantillonnent un plus large éventail de sources d’information que les libéraux, peut-être parce qu’ils sont larges d’esprit, mais probablement surtout parce qu’une grande partie de la production d’informations est produite par des journalistes progressistes. https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/2158244019832705
USA: une enquête montre que les gens de gauche sont 3 fois plus enclins à « unfriend » pour désaccord politique que les conservateurs ou libertariens. Et les femmes de gauche plus encore que les hommes de gauche https://fortune.com/2016/12/19/social-media-election/?fbclid=IwAR1UZbVd0GN3N2WZptkbzF8NexVJbxrFwnbAzDZ_ozGyKtQHi_2u7Ewdr4g
Ce que tend à montrer ces deux études, c’est que le problème de la chambre d’écho sur les réseaux sociaux est plus un problème de progressistes que de conservateurs. Donc l’idée que cela avantagerait Trump me parait fausse
« Contrairement à l’impression répandue, le public américain est largement pas informé plutôt que mal informé d’un large éventail de déclarations factuelles vérifiées par les journalistes.
https://academic.oup.com/joc/article-abstract/70/5/646/5900771?redirectedFrom=fulltext
Le problème de l’ignorance semble plus grand que le problème des fake news
Personnellement je suis assez d’accord que les fake news c’est avant tout une affaire de partisanerie:
Ce sont les militants qui diffusent des fake news et c’est en direction des militants
Après trois ans d’enquête, la CNIL britannique rend son rapport sur Cambridge Analytica. Et ça fait l’effet d’une baudruche qui se dégonfle : l’entreprise, qui a largement survendu ses compétences, n’a pas vraiment aidé le camp du Brexit. https://ftalphaville.ft.com/2020/10/06/1602008755000/ICO-s-final-report-into-Cambridge-Analytica-invites-regulatory-questions/
« It may shortly become even harder to disprove the uncomfortable proposition that Cambridge Analytica’s main data-related crime was overselling its own capabilities rather than actually hacking democracy with the help of the Russians. »
Il existe des entreprises de médias sociaux qui mènent des expériences pour manipuler nos émotions et nos humeurs, mais les résultats de ces efforts sont décevants. https://psychcentral.com/blog/emotional-contagion-on-facebook-more-like-bad-research-methods/
Il n’y aucune preuve que les citoyens de droite politique sont particulièrement susceptibles d’approuver des fausses informations politiques. https://www.journals.uchicago.edu/doi/10.1086/711133
« Utilisées de cette manière, ces « faits alternatifs » sont une forme de propagande efficace, surtout dans un contexte où les médias sociaux permettent aux fake news d’être vues plus souvent que les vraies nouvelles par un grand segment de la population » Je trouve cette affirmation complètement grotesque. Le plus gros vecteur de fake news et de propagande c’est les médias traditionnels pas les réseaux sociaux.
Personnellement, dès que je lis un article d’un média considéré comme sérieux sur un sujet que je connais, je vois à quel point c’est mauvais et qu’il y a un décalage entre la réalité et le fait rapporté par les médias.
Même chose quand je lis un article puis que je prends le temps de vérifier la réalité je constate qu’il y a une grande divergence.
1 Les journalistes ont un certain parti idéologique (l’immense majorité sont de gauche).
2 Les médias ont pour but de vendre (donc ils préféront faire des articles putàclic plutôt que la réalité)
3 les journalistes sont parfois juste mauvais (je pense aux articles écrits sur des sujets scientifiques. En fait, dès fois on voit bien que c’est juste que les journalistes comprennent rien au sujet et racontent n’importe quoi).
Oui Trump diffuse régulièrement des fake news mais ces mensonges sont tellement grossiers que personne (à part les convaincus) y croient.
En plus comme Trump est détesté par les médias, ceux ci vont dénoncer ces mensonges.
Et on parle de tous les fake news des médias sur Trump ?? Parce que quiconque a lu la presse américaine sur l’affaire russe et a suivi jusqu’au bout, s’est rendu compte à quel point les médias ont raconté n’importe quoi. Et c’est loin d’être le seul sujet sur laquelle la presse ment.
Ou bien l’affaire du jeune de Covington Catholic High School. En gros, c’était un supporter de Trump qui a faussement été accusé par tous les médias d’avoir insulté un ancien combattant amérindien. Sauf que des vidéos ont clairement montré que les médias ont raconté n’importe quoi. le Washington post et le NYT ont refusé de changer de version….jusqu’au moment où le jeune les a poursuivi pour obtenir du fric. Là bizarrement, les médias ont changé leurs versions.
Cette affaire illustre bien que non seulement les médias mentent mais en plus, même quand ils sont pris en flagrant délits, ils persisteront dans leurs mensonges. Il n’y a que la menace de devoir payer des millions en dommage et intérêt qui peut les faire changer d’avis.
D’ailleurs, l’idée que les fake news sur les réseaux sociaux seraient un grave problème pour la démocratie c’est une fake news des médias (voir les études plus hauts). Ils ont utilisé quelques études (très mauvaises) sur le sujet. Quand des études plus sérieuses sont sorti sur le sujet démontant ce mythe, les médias n’en ont pas parlé.
Les médias ont utilisé la menace des fake news pour s’imposer en ministère de la vérité. Ils ont mis en place des fact checkeurs qui en réalité utilisent la vérification des faits pour s’irriger en propagandiste.
Les médias et autres ont menacé une réelle campagne pour que facebook et les réseaux sociaux mettent en place une politique de censure.
Ce qu’ils sont parvenus à faire. Et c’est extrêmement dangereux pour la démocratie.
Personnellement, je conseillerais aux médias d’arrêter de mentir et faire la propagande avant de vouloir s’irriger en ministère de la vérité.
Je sais que certains libéraux prétendent que seule la censure étatique est problématique mais il faut relire les classiques de la tradition libérale (Tocqueville, Mill,…) qui avaient parfaitement conscience que la censure pouvait émaner de la société civile et pas seulement de l’état. Et que la censure non étatique pouvait être bien pire que la censure étatique.
Il faut lire ceci : https://necpluribusimpar.net/censorship-is-bad-even-when-its-done-by-private-companies/
Il faut arrêter de croire que seul l’état peut représenté une menace pour la liberté c’est faux.
Les institutions c’est bien (c’est important) mais il ne faut pas oublier les gens. Car les institutions sont composés de personnes. Or, si celles ci sont contre les principes démocratiques cela crée un problème pour la démocratie.
Or, quand on voit la cancel culture on peut réellement craindre pour l’affaiblissement de la démocratie américaine (je suis d’accord avec le fait que les USA ne vont pas devenir une dictature mais reste que cela est inquiétant).
Un article intéressant qui parle de la révolution culturelle chinoise (de ces ressemblances et différences avec la cancel culture); https://www.firstthings.com/article/2020/10/red-terror
Non on n’est pas à l’aube d’une révolution culturelle chinoise aux USA reste que la situation est inquiétante (et il y a certains points communs)
Le pire c’est ceux qui nient cette cancel culture: https://quillette.com/2020/09/01/the-denial-of-cancel-culture/
Un thread intéressant sur le sujet: https://web.archive.org/web/20201005132723/https://threadreaderapp.com/thread/1282756603754708999.html
Un thread donnant des exemples de cancel culture: https://web.archive.org/web/20201005133317/https://threadreaderapp.com/thread/1282404647160942598.html
Il y a d’autres exemples de cancel culture. Un qui est savoureux (cela se passe en Grande Bretagne):
La Free Speech Society de Bristol Uni souhaitait organiser un débat sur la liberté d’expression. Et devinez ce qui s’est passé ensuite: l’un des orateurs a été interdit. La censure des campus est hors de contrôle
https://www.spiked-online.com/2019/02/12/censored-for-trying-to-discuss-censorship/
Aux USA, des étudiants s’indignent que des profs de droits parlent de « violer la loi »: https://www.franceculture.fr/emissions/le-tour-du-monde-des-idees/pourquoi-cette-montee-de-lintolerance-sur-les-campus-des-etats-unis
Quand on voit ce qui se passe dans les universités d’élite américaine cela fait vraiment peur. On peut réellement craindre pour la démocratie américaine.
Ces gens sont encore plus tarés que Trump. Et c’est la future élite américaine.
Les universités américaines sont vraiment dirigés par des tarés.
Un exemple: une université a interdit de commémorer le 11 septembre pour « partialité » contre les musulmans: https://www.washingtonexaminer.com/red-alert-politics/campus-bans-sept-11-memorial-for-bias-against-muslims
Yale « décolonise » le département d’anglais. après avoir étudié des plaintes sur les préjudices causés aux étudiants par des auteurs blancs.
Les étudiants ne sont plus obligés de suivre des cours d’anglais sur les auteurs blancs (comme Chaucer, Shakespeare,…) . https://www.thecollegefix.com/yale-decolonizes-english-dept-complaints-studying-white-authors-actively-harms-students/
« Les crises démocratiques [précédentes] ne se sont pas produites au hasard. Au contraire, ils se sont développés en présence d’une ou de plusieurs des quatre menaces spécifiques: polarisation politique, conflit sur l’appartenance à la communauté politique, inégalité économique élevée et croissante et pouvoir exécutif excessif. Lorsque ces conditions sont absentes, la démocratie a tendance à s’épanouir. Lorsqu’un ou plusieurs d’entre eux sont présents, la démocratie a tendance à se décomposer. Aujourd’hui, pour la première fois de leur histoire, les États-Unis sont confrontés aux quatre menaces à la fois. »
https://www.foreignaffairs.com/articles/united-states/2020-08-07/democracy-fragile-republic