En consultant le site du CATO Institute, je suis tombé sur un excellent papier sur le « bailout » des institutions financières américaines. Les médias véhiculent largement que le « bailout » a empêché le système financier de s’écrouler, ce qui aurait occasionné une longue dépression. Cet article du CATO présente très bien les principaux arguments supportant l’hypothèse que la faillite aurait été préférable au « bailout »:
– La faillite est un élément important du capitalisme; le début du processus de « destruction créative » qui libère les ressources des mauvais investissements vers de meilleurs. En gênant ce processus, le gouvernement fera perdurer la mauvaise allocation des capitaux dans l’économie, ce qui empêchera celle-ci de se rétablir rapidement sur des bases solides.
– La faillite n’implique pas nécessairement l’arrêt immédiat des activités de la banque. La faillite est souvent suivie d’un processus de restructuration et l’acquisition des actifs restants par d’autres entreprises. Souvent, les clients de la banque n’en ont que très peu connaissance.
– D’un point de vue distribution de la richesse, le « bailout » est néfaste puisqu’il prend l’argent des contribuables et la donne à des acteurs économiques qui ont failli à la tâche en prenant trop de risque. Ceux-ci ont fait beaucoup d’argent lorsque les choses allaient bien, et peuvent maintenant s’en sortit indemme lorsque les choses vont mal.
– D’une perspective d’efficience économique, le « bailout » est aussi très mauvais. Il encouragera la trop grande prise de risque dans le futur, puisque les acteurs du marché pensent maintenant que le gouvernement sera toujours là pour intervenir lorsque les choses tournent au vinaigre. De plus, la prise de contrôle du gouvernement dans plusieurs institutions financières fera en sorte que des intérêts politiques viendront troubler les décisions de crédit et l’allocation du capital (c’est déjà évident d’ailleurs).
– Le « bailout » pourrait même avoir accéléré et empiré la crise du crédit. Lorsque le Trésor Américain a annoncé qu’il considérait un « bailout », cela a accentué la panique sur les marchés à l’égard de l’économie et de la santé financière des banques. Le « bailout » a aussi encouragé les banques à ne rien faire étant donné l’incertitude face aux actions du gouvernement et la possibilité de vendre leurs « actifs toxiques » à un meilleur prix au gouvernement plutôt qu’au marché. C’est cette inaction qui a créé la crise de liquidité que nous avons connue.
Avez-vous d’autres arguments?
Voici le lien vers l’article:
Faillite vs bailout, avec de l’argent privé ca ne regarde que l’investisseur.
Avec de l’argent public le bailout n’est même pas à considérer, c’est un crime que de déresponsabiliser et faire assumer de force l’échec par des personnes qui n’ont rien à voir dans cette mauvaise gestion.
Oui, tout-à-fait; même Bernanke et d’accord avec vous là-dessus.
Mais ce qu’il dit est que l’inaction aurait causé l’effondrement du système financier engendrant une crise encore plus grave. C’est ce qu’on appelle maintenant le risque systémique.
Je n’y crois pas, mais c’est très difficile à réfuter…
« il dit que l’inaction aurait causé l’effondrement du système financier »
Et moi je dis que l’inaction lorsque l’horloge sonne minuit le 29 février cause la fin du monde.
Qui doit apporter la preuve que l’inaction aurait eu une conséquence néfaste ?
Qui doit apporter la preuve que l’action proposée est bien la bonne ?
De plus voilà de bien grands mots mais en détail, ca se traduit comment « l’effondrement du système financier » ?
Ça se traduit par la faillite systématique d’un grand nombre d’entreprises et d’individus, étant dans l’incapacité de refinancer leur dette auprès des banques, elles-mêmes insolvables. Je pense que c’est effectivement ce qui serait arrivé sans le bailout.
Le problème est que 1) le gouvernement est fortement responsable de la situation de bulle immobilière qui a engendré la crise financière, et 2) un système monétaire de fiat-currency et de réserves fractionnaires ne peut que mener l’économie à cette situation de crise, c’est inévitable! Le système est « programmé » pour générer des cycles: « boom-and-bust ».
L’effondrement du système aurait peut-être été le prix à payer pour repartir à neuf avec un système monétaire sain, basé sur l’or ou autre chose, sans intervention gouvernementale sur la masse monétaire, sans Federal Reserve, sans Freddie Mac et Fannie May et sans Community Reinvestment Act, etc.
Je ne comprends plus votre position, vous dites « Je n’y crois pas » puis « Je pense que c’est effectivement ce qui serait arrivé sans le bailout. »
A part ça, le gouvernement garantit déjà les dépôts (dans une certaine limite) donc les clients n’ont rien à craindre pour leur argent quand bien même la banque ferait faillite, fonction qui serait facilement résolvable dans un libre marché.
Les clients qui ont de gros compte et bien s’en tirent avec la leçon de mieux choisir leur banque quand ils y placent de grosses sommes.
Le gouvernement est irresponsable de ses actes, et quand bien même il se reconnaitrait de lui-même responsable il compense avec l’argent qu’il ne lui appartient pas. Ca ne peut qu’engendrer des problèmes.
Le bailout déresponsabilise et vole.
La possibilité de faillite responsabilise et ne nuit pas aux clients au contraire, une banque qui se retrouve dans l’impossibilité de garantir les dépôts n’aurait pas de clients dans un libre marché.
Actuellement elles en ont car le gouvernement garantit un certain montant des dépôts et que toutes en profitent.
Les grands comptes qui deviennent clients de ces banques prennent leur responsabilités car ce n’est pas un secret que leur argent ne sera pas garanti.
Leur éventuelle faillite personnelle suite à ce mauvais placement n’est pas différente de la faillite de la banque.
Je crois que oui la crise financière ce serait aggravée sans le bailout, mais je ne crois pas que ça aurait été la « fin du monde » telle que prédite par Bernanke. Désolé, ma position n’était pas claire à travers les posts. J’aurais dû écrire « …c’est ce qui serait arrivé jusqu’à un certain point ».
Oui les dépôts sont garantis jusqu’à un certain montant. Mais si vous avez une entreprise, et que la ligne de crédit que vous utilisez pour financer temporairement vos comptes-clients vous est retirée par la banque parce qu’elle est en difficulté, cela vous mettra en situation périlleuse, qui pourrait vous mener à fermer boutique, ce qui engendrerait des pertes d’emplois, ce qui ferait empirer la situation encore plus. Ça ne justifie pas un bailout, mais c’est tout de même ce que le gouvernement voulait éviter.
Vous avez entièrement raison lorsque vous dite:
« Le gouvernement est irresponsable de ses actes, et quand bien même il se reconnaitrait de lui-même responsable il compense avec l’argent qu’il ne lui appartient pas. Ca ne peut qu’engendrer des problèmes. »
« ce qui engendrerait des pertes d’emplois, ce qui ferait empirer la situation encore plus. Ça ne justifie pas un bailout, mais c’est tout de même ce que le gouvernement voulait éviter. »
Applaudissons le résultat 🙂 , l’enfer est pavé de bonnes intentions.
Lorsque le gouvernement travaille dur, c’est la crise qui dure.
@Minarchiste
Si c’était vrai, pourquoi ont-ils sauvé Goldman Sachs et Bank of America et pas Lehman Bros, Bear Sterns et WAMU?
L’argument du risque systémique ne tient pas la route.
@Philippe
Effectivement, ça n’a aucun sens.
En fait, le risque systémique provient selon moi directement de la nature système (fiat money et fractional reserve banking).
minarchiste,
Il y a un instant, je viens de discuter avec mon père (qui commence à s’intéresser à l’économie) sur le problème que pose les « bailout » implicites de l’état. Je lui ai d’abord expliqué tout le problème. Il me dit enfin que les banques si elles étaient rationnelles (ce qu’il croit) auraient dû calculé le coût de la faillite (qui inclue une future mise sous tutelle, comme ce qui est le cas actuellement) dans leurs opérations de crédit. Ce faisant, les prises de risques deviennent moins intéressantes; il n’y aurait donc pas le problème de l’aléa moral. J’ai bien mon opinion sur le problème, mais j’aimerais d’abord avoir votre avis sur le sujet.
@MH
Je pense que la vision de votre père est correcte.
La présence d’un prêteur de dernier recours (la banque centrale) ainsi que du soutien des GSE (Fannie et Freddie) et des bailouts, fait en sorte que les banques prennent plus de risques (à tous les niveaux: qualité des prêts, niveau de réserves, niveau de capital, etc), ce qui augmente le risque de crise: l’aléa moral.
Autrement dit, l’intervention de l’État favorise les crises financières.
Désolé, on s’est mal compris ou je me suis mal exprimé.
Je disais qu’il pense que « les banques auraient dû prévoir » qu’en cas de pépin, les réglementations seront renforcées.
Au final, il dit que ça ne vaut pas le coup de prendre des risques. Et donc, pas d’aléa moral.
@ M.H.
Je vois.
Je ne suis pas d’accord; jusqu’à maintenant la règlementation n’a pas vraiment été renforcée.
Il faut aussi réaliser que la règlementation d’avant la crise a forcé les banques à prendre des risques (CRA).
Au final, on exigera des banques un peu plus de capital, mais elles bénéficeront toujours des mêmes avantages, incluant un prêteur de dernier recours pouvant créer de la monnaie pour les secourir à tout moment.
« le “bailout” est néfaste puisqu’il prend l’argent des contribuables et la donne à des acteurs économiques qui ont failli à la tâche en prenant trop de risque. »
Entièrement d’accord !!!
J’ai toutefois une question : les « défenseurs » des « bailouts » prétendent qu’au final l’argent des contribuables n’est pas perdu puisque, en quelque sorte, l’Etat prête de l’argent à la société et la remets sur le marché. Lorsque celle-ci retrouve de meilleurs jours, vient l’heure du remboursement et ainsi le contribuable retrouve son argent.
Par ailleurs, la même société paye également des impôts, source de revenu dudit Etat.
Au final, je ne sais pas trop quoi en penser. Car pour autant que le le « bailout » ne provient d’argent créé ex nihilo et étant entendu que cette façon de procéder déresponsabilise les acteurs en matière d’investissement, j’ai du mal à me faire un avis sur le bien fondé ou non d’un « bailout », même si mon penchant tend vers « entièrement d’accord avec vous ».
@Bull
« les “défenseurs” des “bailouts” prétendent qu’au final l’argent des contribuables n’est pas perdu puisque, en quelque sorte, l’Etat prête de l’argent à la société et la remets sur le marché. Lorsque celle-ci retrouve de meilleurs jours, vient l’heure du remboursement et ainsi le contribuable retrouve son argent. »
Je pense que l’argument du risque moral l’emporte. Et l’État ne retrouve pas toujours son argent.