Je suis récemment tombé sur une entrevue d’Alex O’Connor (le Cosmic Skeptic) avec le Dr Michael Sandel, professeur de théorie gouvernementale à Harvard et auteur du livre « The Tyranny of Merit ».
La principale idée avancée par le livre est qu’étant donné que la majeure partie du succès dans la vie est attribuable à la chance, personne ne mérite vraiment son succès du point de vue moral.
Sandel affirme que pour que nous ayons une société parfaitement méritocratique, il faudrait que chaque individu naisse avec les mêmes opportunités, ce qui serait loin d’être le cas présentement selon lui, en particulier aux États-Unis.
Sandel ajoute que même si la société était parfaitement méritocratique, elle ne serait pas pour autant juste et bonne. Autrement dit, pour Sandel, une société méritocratique est indésirable.
Selon lui, la méritocratie a un côté sombre, c’est-à-dire l’attitude sociétale envers le succès et l’échec. Il évoque notamment que ceux qui ont le plus de succès en vienne à croire que leur succès leur est entièrement attribuable, à leur talent et leurs efforts à eux seuls.
De l’autre côté de la médaille, dans une société méritocratique, ceux qui échouent dans la vie n’ont nul autre à blâmer qu’eux-mêmes et leur manque d’effort. Ils ont ce qu’ils méritent. Pourtant, la chance joue un rôle important.
La méritocratie n’est-elle pas désirable économiquement?
L’un des avantages d’une méritocratie dans un système de libre-marché est que les gens ont un incitatif à produire les biens et les services que les gens veulent en quantité et en qualité suffisantes et à un coût de plus en plus faible. En innovant, les entrepreneurs à la poursuite des gains monétaires font avancer la société et créent de la richesse pour tous.
Sandel rétorque que cet argument ne justifie pas la méritocratie parce que selon lui, ce que les gens veulent est souvent mauvais, voire immoral (comme l’alcool, les casinos, etc). Il affirme que l’objectif de la société ne devrait pas être de maximiser la satisfaction des demandes des consommateurs car ces demandes sont souvent « mauvaises ».
Par exemple, selon lui, un propriétaire de casino devrait être moins rémunéré qu’un enseignant à l’école primaire parce que sa contribution à la société serait moralement inférieure à celle de l’enseignant, même si dans un libre-marché, l’enseignant aura souvent des revenus nettement inférieurs au propriétaire de casino.
J’ai trouvé cet argument presque scandaleux puisqu’il implique qu’une élite devrait décider de quels biens et services devraient être produits et de quelle devrait être la rémunération de tous et chacun en fonction de leur vision subjective du mérite de chacun relativement à sa contribution au « bien être » de la société. Selon Sandel, il est inadéquat de sous-traiter cet aspect au libre-marché…
Selon Sandel, les gens ne veulent pas les bonnes choses, donc les entrepreneurs qui subviennent aux besoins des consommateurs ne méritent pas leur succès et ne devraient pas être récompensés pour leur apport à la société. Il préfèrerait une société où les récompenses économiques sont attribuées en vue de l’amélioration du bien commun de la société, et non de la satisfaction des consommateurs. On suppose que cette contribution sera évaluée par une quelconque élite bienveillante…
Et que dire de l’effort?
Alex O’Connor avance ensuite que comme les gens ne sont pas responsables de leurs talents, de leur ardeur au travail et des circonstances externes qui ont pu impacter leurs chances de succès dans la vie, les gens ne méritent pas les récompenses économiques associées au succès. O’Connor approche la question sous l’angle du libre-arbitre : si nous n’avons pas le libre-arbitre, nous ne devrions pas prendre crédit pour nos succès et ne sommes pas vraiment responsables de nos échecs.
Sandel rétorque que si la société était parfaitement méritocratique, donc opportunités égales pour tous à la naissance, ceux qui auraient du succès seraient ceux dont les talents sont les plus en demande et qui font l’effort de développer ces talents. Comme les gens qui ont du succès ont été chanceux d’avoir des talents en demande, ils ne méritent pas le succès qui en découle.
Sandel dissocie le talent et l’effort. Prenons par exemple deux enseignants aussi efficaces l’un que l’autre. Le premier a beaucoup de talent pour enseigner, mais fait peu d’effort, alors que le second a très peu de talent, mais fait beaucoup d’effort pour compenser. Pour Sandel, l’enseignant le plus talentueux a davantage de mérite. O’Connor était perplexe par cette réponse, parce que son intuition l’amène à attribuer davantage de mérite à l’effort plutôt qu’au talent (même si les deux sont en fait innés et produisent le même résultat dans cet exemple).
La beauté du capitalisme de marché est que cette distinction n’a pas besoin d’être faîte. Le marché favorisera ceux qui ont du talent dans un domaine, ce qui permet d’améliorer la productivité et de réduire les coûts de production. Mais le libre-marché permet aussi de récompenser l’effort lorsque celui-ci fait la différence et compense pour un manque de talent.
Ceci dit, pour Sandel, il faut faire la distinction entre talent et effort en fonction de l’atteinte d’objectifs sociétaux que les « élites » jugent moralement valables. Pour lui, la société devrait récompenser davantage les gens qui ont du talent pour une tâche donnée, dans la mesure où cette tâche mène à la production d’un bien ou service jugé moralement désirable par un quelconque comité de la moralité.
Les criminels méritent-ils une punition?
O’Connor termine l’entrevue en exprimant son désaccord envers plusieurs arguments de Sandel. Comme nous ne sommes pas responsables de nos gênes et des circonstances externes ayant influencé notre développement (et comme nous n’avons pas le libre-arbitre selon O’Connor), le système de justice ne devrait pas avoir comme objectif de punir la criminalité, mais simplement de protéger la société.
Pourtant, Sandel croit quand même que le système de justice doit être punitif. Il pense que la majorité des gens commettent des crimes parce qu’ils sont désavantagés dans la société et non parce que certains individus naissent avec une propension innée à la criminalité. Donc en adoptant une société plus juste comme il le propose, Sandel pense que la majorité des crimes ne seraient pas commis. Par contre, il affirme que même une personne qui naît avec le cerveau d’un psychopathe mérite d’être punie pour ses crimes, ce que j’ai trouvé incroyable (de même pour Alex O’Connor) étant donné les vues de Sandel sur l’aspect économique.
Ça apparaît comme une grave contradiction car si une personne qui ne connaît pas de succès dans la vie ne mérite pas son sort, pourquoi une personne qui commet des crimes à cause d’une prédisposition mentale innée devrait-elle mériter une punition?
Au final, même si O’Connor n’a pas posé la question clairement durant l’entrevue, on peut conclure que Sandel croit au libre-arbitre.
Conclusion
Dans cette vidéo récente de TED, Sandel explique de façon concise son projet politique. Il explique que les gens qui ont du succès s’en attribuent trop le mérite. Que la société américaine récompense trop les diplômés universitaires, surtout des Ivy League Universities, ce qui agit comme une barrière à l’entrée et permet aux inégalités d’augmenter de génération en génération. Il pense que les gens des classes ouvrières qui n’ont pas de diplôme universitaire se sentent méprisés par les élites.
Il souhaiterait que les travailleurs non-diplômés, allant des éboueurs aux infirmières en passant par les commis d’épicerie, soient davantage reconnus pour leur contribution à la société et mieux rémunérés, alors que le marché récompense davantage les talents et le diplôme.
Il ne précise pas comment il faudrait s’y prendre (peut-être le fait-il dans son livre, mais je ne le lirai pas), mais on présume que c’est par l’adoption d’un système fiscal beaucoup plus progressif et plus redistributif.
Mais dans ce cas, qu’en est-il des gens qui font le ménage dans les casinos au salaire minimum? Méritent-ils moralement d’obtenir plus vu qu’au final, leur contribution à la société est moralement indésirable? Il faudrait alors que le ministère du revenu choisisse les activités qui méritent d’être encouragées et celles qui ne le mérites pas?
En bref, j’ai trouvé que la perspective de Sandel est assez boiteuse et ne mérite pas que l’on s’y attarde.
Articles connexes :
Pour la méritocratie j’ai un plus que sérieux doute, mais en revanche pour la combinocratie j’en suis certain !
Comme ça le succès découlerait de la chance et pas du mérite? Vraiment?
Mon père, qui habitait dans sa jeunesse la ville d’Anvers (Belgique ) durant la seconde guerre mondiale, me disait que certaines personnes voyaient au moins un bon côté à cet effroyable conflit: puisque le tout s’est terminé dans la ruine économique générale, les compteurs seraient en quelque sorte remis a zéro pour tout le monde.
Et pourtant, me disait-il, cela n’a pris que quelques années pour constater que ceux qui étaient riches avant les hostilités l’étaient devenus tout autant par la suite et que les pauvres d’avant-guerre sont redevenus tout aussi pauvres par la suite. Curieux tout de même que ce professeur Sandel ne sache retenir une telle leçon d’Histoire!
Dominique Desmet
Sauf que par chance, je pense qu’il faut entendre la chance d’être né avec des talents innés qui permet de réussir. Sans parler qu’il y a aussi des facteurs sociaux indéniables qui facilitent la réussite. Il est clair qu’être né dans une famille riche apporte un avantage.
Je rappelle que l’un des principaux facteurs de succès dans la réussite socio économique c’est le QI d’un individu (bien avant le statut socio économique de ces parents). Or, personne ne choisit son QI. Une personne avec un très haut QI a eu de la chance d’avoir ce QI, il ne l’a pas mérité.
De plus, dans votre exemple, vous oubliez complètement le fait qu’être riche ce n’est pas juste avoir de l’argent c’est aussi avoir un capital social. Or, même si un riche perd tout son argent il garde son capital social ce qui l’avantage sur les pauvres.
(Et les riches tendent à avoir des QI plus élevés que les pauvres: donc ils sont aussi avantagés concernant ce facteur).
Mais vous avez raison: j’ai déjà des études du même genre qui montraient que des gens issus des milieux riches réussissaient mieux que la moyenne. (De mémoire, cela concernait les chinois issus de l’aristocratie qui se sont fait dépouillés de leur fortune sous Mao).
De même, en terme de mobilité sociale, même quand un enfant a un statut socio économique bien plus bas que celui de ces parents, ses propres enfants ont bien plus de chances de retrouver le statut socio économique de leurs grands parents que des enfants lambdas. C’est lié au capital social (et au QI)
« s gens issus des milieux riches » s gens issus des milieux riches ayant perdu leur fortune.
(Un autre exemple c’est les cubains ayant fui aux USA. Pas mal d’entre eux ont tout perdu cela ne les a pas empêché de bien mieux réussir que les autres immigrants d’Amérique latine).
@Dominique Desmet
Je vais dans le même sens qu’Arnaud. Bien sûr que si on remet les compteurs à zéro, les gens plus intelligents et plus travaillants vont finir plus riches.
Par contre, est-ce qu’une personne mérite d’être plus intelligente ou plus travaillante, ou est-elle simplement née comme cela? Est-ce qu’on mérite d’avoir les cheveux bruns ou d’être grand? Non.
Dans ce sens, personne ne mérite vraiment son succès. Je suis en désaccord avec plusieurs des prémisses de Sandel, mais je pense que vous ne saisissez pas très bien son argumentation. Vous devriez aussi lire mon article précédent qui concerne le libre-arbitre.
Mr Desmet père avait tout compris ! on ne (re)devient pas riche ou pauvre par le plus grand des hasards.
A tout le moins parmi les grands discours communistes du genre : « De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins, Marx himself dixit » dont on déduit sans l’once d’une quelconque hypocrisie qu’en ayant aucuns moyens ni physiques ni intellectuels on a droit de couvrir ses propres besoins, gigantesques (compréhension au premier degré).
« Sandel affirme que pour que nous ayons une société parfaitement méritocratique, il faudrait que chaque individu naisse avec les mêmes opportunités » J’ai du mal à comprendre ce point de vue. Absolument personne n’affirmer que l’on vivrait dans une société parfaitement méritocratique. Tout le monde sait que tout le monde ne nait pas avec les mêmes opportunités.
Le truc c’est qu’une société parfaitement méritocratique c’est juste illusoire. Cela va à l’encontre de la nature humaine (il n’y a jamais et n’aura jamais de société totalement égalitaire. De même l’intelligence des individus varie).
Reste que même si aucune société n’est parfaitement méritocratique, il existe des sociétés bien plus méritocratiques que d’autres. La France d’aujourd’hui est plus méritocratique la France de l’Ancien régime. Les USA sont plus méritocratiques que la France. La méritocratie n’est pas une chose binaire (méritocratique ou non) mais un continuum. En sachant qu’arriver à une méritocratie totale c’est impossible, on ne peut que tendre vers celle ci.
Or, en terme de méritocratie, les USA ne se débrouillent vraiment pas mal. Les pauvres ont vraiment la possibilité de gravir l’échelle social à force de travail et s’ils sont doués.
« Selon lui, la méritocratie a un côté sombre, c’est-à-dire l’attitude sociétale envers le succès et l’échec » Ce qui est marrant c’est qu’il veut regarder uniquement le côté pervers de la méritocratie sans regarder ce qu’elle apporte. La méritocratie a un côté positif qui surpasse de loin le côté sombre. En effet, elle permet de pousser les individus à s’améliorer/s’élever. Des études ont clairement montré que les chômeurs qui pensaient qu’ils étaient responsables de leur situation retrouvaient plus vite du travail que ceux qui attribuaient leur situation à des facteurs extérieurs. C’est le grand problème des pays musulmans. La culture musulmane pousse les musulmans à se victimiser et à croire qu’Allah est responsable de tout (la phrase « Si Dieu le veut » c’est loin d’être anecdotique. Cette mentalité freine le développement des pays musulmans. D’ailleurs même chez les chrétiens, il est reconnu que les pays protestants s’en sortent en général mieux que les pays chrétiens. Or, c’est en grande partie lié à l’ éthique de travail protestante qui pousse en faveur de la responsabilité individuelle (« Aide toi et Dieu t’aideras »).
Donc oui le fait que les gens pensent qu’ils sont responsables de leurs échecs, cela peut créer des problèmes (dépression) mais cela a aussi un côté positif car cela les pousse à s’améliorer. Une personne qui croit que tous ces échecs sont causés par des facteurs extérieurs, sera passéiste et ne cherchera jamais à s’améliorer.
La vie peut être comparé à un océan où chaque personne est capitaine d’un bateau. Au départ, certains partent avec de biens meilleurs bateaux que d’autres ce qui les avantagent. De plus, certains bateaux peuvent être pris dans de violentes tempêtes. Là où d’autres bateaux ont la chance d’avoir une route de voyage plus tranquille. Reste que même si les facteurs extérieurs jouent, le fait de choisir la destination et d’arriver à bon port dépend également du capitaine. Deux capitaines ayant les mêmes bâteaux et rencontrant la même météo n’auront pas spécialement les mêmes résultats.
Et cela ne sert à rien de jalouser ceux qui sont privilégiés car au final, on est toujours le privilégié de quelqu’un. Les riches sont privilégiés par rapport au reste de la population. Mais les gens de classe moyenne sont privilégiés par rapport aux pauvres. De même, les pauvres des pays riches sont privilégiés par rapport aux pauvres des pays du tiers monde. Les gens en bonne santé sont privilégiés par rapport aux gens souffrant de maladies graves ou d’handicaps graves. Il y a toujours plus désavantagé que nous. Alors cela sert à rien de vouloir jalouser les autres.
Un gros problème de la vision de Sandel c’est qu’il semble voir le succès uniquement sous l’angle du succès par rapport aux autres mais non le succès par rapport à nous même. Parce que oui, si une personne arrive à améliorer ses conditions de vie et à vivre décemment elle aura réussi. Bien entendu, chaque personne fixe ses propres objectifs de réussite. Il n’y a nul besoin de devenir milliardaire pour réussir dans la vie. Pour la plupart des gens, avoir un niveau de vie convenable et une vie de famille épanouie suffit pour réussir. Bien sûr, certaines personnes pensent que la réussite passe absolument par le fait d’être le meilleur que les autres. Bon, ils font ce qu’ils veulent de leur vie. Tant mieux s’ils arrivent à être heureux comme cela. Mais personnellement, je doute sérieusement que cette vision soit juste et que l’on arrive réellement à être heureux comme cela. D’expérience personnelle, voir le succès uniquement sous l’angle du succès par rapport aux autres c’est une mauvaise idée. Le vrai succès c’est plutôt réussir les objectifs que l’on s’est soi même fixé. Personnellement, s’il est évident que je veux atteindre un certain niveau matériel, je n’ai pas besoin de devenir millionnaire. Et j’ai pu voir dans mon entourage des gens qui en sacrifiant toute leur vie personnelle au profit de leur vie pro sont aujourd’hui malheurs alors qu’ils sont bourrés de fric. (Après je ne suis pas en train de cracher sur l’argent. Je préfère largement être riche à être pauvre. Mon propos c’est juste que ce n’est pas la seule chose qui compte).
Si vous n’êtes naturellement pas doué dans un domaine particulier (comme dans un sport) est ce que cela signifie qu’il faut abandonner ?? Non car si vous travaillez vous allez vous améliorer. A de rares exceptions près, quand on travaille pour s’améliorer, on s’améliore. Bien entendu, si vous êtes vraiment pas doué dans un domaine, vous n’allez jamais être le meilleur. Cela ne veut pas dire que vous n’allez pas faire des progrès substantiels par rapport à vos performances de départ. Evidement, tout le monde ne part pas sur un pieds d’égalité. Certaines personnes avec du talent ont des facilités. Mais quand il s’agit d’atteindre le sommet. En général, le talent pur ne suffit pas. Il faut également du travail. Il suffit de voir le foot pro. On ne compte plus le nombre de footballeurs qui malgré un talent incroyable ont gâché leur carrière en raison du fait qu’ils se contentaient de leurs talents et ne travaillaient pas. Les grands champions comme Ronaldo ont certes un grand talent de base mais ils ont également fait un grand travail pour réussir là où ils en sont.
C’est la même chose pour la société de manière générale. Les milliardaires comme Bezos ne sont pas arrivés là où ils en sont juste grâce à leur talent mais également par leur travail.
Il est absurde de vouloir mettre fin à la méritocratie car tout le monde ne part par sur un pieds d’égalité. C’est vrai que tout le monde n’a pas les mêmes opportunités de base. Cependant, tout le monde peut s’élever grâce au travail. Tout le monde peut dépasser sa situation de base en travaillant. Certes, tout le monde ne peut pas arriver au sommet mais tout le monde peut s’améliorer. Quiconque a pratiqué un sport en club sait qu’il n’y a rien de constructif chez les gens qui trouvent injuste car untel fait les choses mieux qu’eux sans aucun efforts. Les gens qui se plaignent et se victimisent sont condamnés à ne pas s’améliorer. C’est ceux qui travaillent qui s’améliorent.
Donc oui, les gens sont responsables de leur situation. Même si naturellement, ils sont désavantagés, c’est leur choix propre de décider de travailler pour s’améliorer. S’ils ne le font pas, tant pis pour eux.
Un autre exemple: physiquement, si vous êtes beau, vous êtes avantagés avec les filles. Est ce que cela veut dire que si vous n’êtes pas beau, vous devez abandonner l’idée d’avoir du succès avec les filles et jalouser les garcons plus beaux ? Si vous faites cela c’est le meilleur moyen de ne jamais réussir avec les filles. La meilleure chose à faire c’est persévérer et surtout miser sur ces qualités propres pour réussir avec les filles. Surtout que bon, l’immense majorité des gens sont physiquement moyens. Seule une minorité est beau et à l’inverse, seule une minorité est moche.
C’est la même chose sur l’intelligence. l’immense majorité a un QI situé entre 90 et 110. Et très peu de QI ont des scores de QI très bas ou très hauts. Je soupconne que l’on retrouve la même chose pour beaucoup de talents: il y a une distrubition gaussienne des talents. Avec la grande majorité des gens qui sont moins. Et quelques personnes aux extrêmes.
Or, ce genre de situation renforce d’autant plus l’importance de la méritocratie car pour une personne lambda, l’immense majorité des ces concurrents auront globalement des talents similaires aux siens (à savoir des talents moyens). D’ailleurs c’est la même chose avec la situation socio économique, la majorité des gens appartiennent à la classe moyenne. Ils postulent à des emplois où ils sont en concurrence avec d’autres gens appartenant à la classe moyenne. Donc bien qu’au final, il y a des gens qui sont nettement avantagés par rapport à vous, l’immense majorité des gens ont une situation globalement similaire à la vôtre. Donc au final, si vous voulez les surpasser grâce à votre travail, vous le pouvez. Vous avez les moyens de surpasser la majorité des gens même s’il y aura toujours une petite minorité des gens que vous n’arriverez jamais à dépasser.
« ce que les gens veulent est souvent mauvais, voire immoral (comme l’alcool, les casinos, etc) » Ce qui est marrant c’est qu’il ne prouve pas en quoi ce que les gens veulent est souvent mauvais. En effet, il est clair que les gens sont loin d’être toujours rationnels et qu’ils agissent parfois à l’encontre de leurs propres intérêts et de l’intérêt général. Mais le fait que cela existe ne prouve pas qu’ils agissent le plus souvent contre leurs propres intérêts.
L’échec de la planification est dû à un problème d’information. Il est très difficile pour une autorité de connaître toutes les informations.
Il est évident qu’un individu est le mieux placé pour déterminer ce qui est dans son propre intérêt (à l’exception de certains individus (handicapés mentales, malades mentaux,…)).
Le problème des étatistes c’est qu’ils tombent toujours dans le sophisme consistant à comparer la réalité qui est forcément imparfaite avec leur utopie parfaite. Le truc c’est qu’il ne suffit pas de dire que X est imparfait donc il faut faire Y. Il faut comparer les imperfections de X avec les imperfections d’Y.
Or, le marché libre a clairement démontré sa supériorité sur la planification. (Mises avait démontré les raisons pour laquelle la planification échouait. Cela a été approfondi par les travaux d’Hayek). Les différentes expériences de planification ont montré à quel point ils ont raison.
D’ailleurs, il suffit de voir les réglementations actuelles pour voir à quel point le les autorités réglementaires ont dû mal à bien réglementer en raison de problèmes d’informations.
Le problème de l’intérêt général c’est qu’il diffère énormément selon les points de vue politiques. De même que la morale diffère énormément selon les points de vue. Donc si c’est à l’état de déterminer ce qui est moral ou non. Cela sera vite le chaos. Les progressistes se plainderont quand les conservateurs seront au pouvoir et feront les règles. Et vice versa.
« l préfèrerait une société où les récompenses économiques sont attribuées en vue de l’amélioration du bien commun de la société, et non de la satisfaction des consommateurs » Allez y pour déterminer l’amélioration du bien commun de la société. Déjà il faudrait pouvoir déterminer ce qu’est le bien commun (une tâche extrêmement ardue) et après, il faudra déterminer si tel produit conduit à améliorer le bien commun (chose tout aussi ardu dans bon nombre de cas).
Bien sûr, il y a toujours quelques situations relativement consensuelles. Mais dans la plupart des cas, c’est une tâche quasi impossible.
Comme disait William R. Bonner: « Les planificateurs à grande échelle échouent parce qu’ils croient en trois choses qui ne sont pas vraies. Premièrement, ils pensent qu’ils connaissent entièrement et exactement la situation actuelle de la communauté pour laquelle ils planifient (ses besoins, ses désirs, ses espoirs, ses capacités, ses ressources). Deuxièmement, ils pensent savoir où la communauté devrait aller, c’est-à-dire de quoi son avenir devrait être fait. Troisièmement, ils s’estiment en mesure de créer l’avenir qu’ils souhaitent. »
Objectivement, rien que ce passage suffit à le décrédibiliser. Tant il démontre une total méconnaissance de l’économie.
Pour s’en convaincre, il suffit de regarder le droit de la concurrence qui est d’une grande complexité et où les autorités de réglementation de la concurrence prennent des décisions qui sont régulièrement sujet à polémique. Pourtant, il s’agit d’un sujet relativement simple. Les autorités de la concurrence ont pour mission d’empêcher la distorsion de la concurrence qui nuise aux consommateurs. (Je ne parle même pas du fait que ce qu’il faut faire selon le droit de la concurrence peut se retrouver en contradiction avec ce qu’il faut faire selon le droit de la vie privée ou d’autres branches du droit).
Alors imaginez le bordel que cela serait avec une autorité de réglementation chargé de déterminer si tel produit conduit à améliorer le bien commun