L’imbécillité de Léopold Lauzon ne me surprend plus. Cependant, je pense qu’il a atteint un niveau inexploré à ce jour avec sa dernière « étude » sur les taux d’imposition des entreprises Canadiennes.
Tout d’abord, Léopold s’assure de présenter ses résultats sous leur jour le moins favorable, en mentionnant que « près de 71 % des grandes sociétés canadiennes analysées ne payent pas d’impôt ou payent moins que le taux statutaire moyen d’impôt au Canada (…) ainsi, des compagnies qui réalisent d’importants bénéficies ne paient par leur juste part d’impôt ».
En fait, après analyse des données, ont constate que le taux moyen d’imposition des entreprises analysées par l’étude était de 19.5% comparativement au taux statutaire de 26.1%. Avouez que présenté de cette manière, les résultats de l’étude sont moins sensationnalistes! Mais tout de même, comment expliquer la différence? (je le ferai plus loin).
Deuxièmement, l’étude démontre « l’ignorance » totale des auteurs de principes comptables de base concernant l’amortissement des immobilisations et leur impact sur la répartition des charges d’impôts dans le temps. En fait, je pense qu’ils doivent connaître ces principes, mais qu’ils omettent délibérément de les utiliser dans cette analyse (par malhonnêteté intellectuelle) de façon à mieux réaliser leur agenda.
Tout comme le fait M. Lauzon dans son étude, prenons l’exemple de Canadian Oil Sands (COS) pour mieux comprendre comment cela fonctionne puisque c’est un exemple très représentatif de la faille principale de l’étude. Comme le mentionne l’étude, COS n’a pas payé d’impôt en 2011. À son état des résultats, COS affiche un bénéfice avant impôts de $1,531M et une charge d’impôt de $387M pour un taux statutaire de 25.3%. Cependant, ces chiffres sont ceux qui sont présentés aux actionnaires pour fin d’évaluation de l’entreprise, ils n’ont aucune importance aux yeux du fiscs. Les entreprises ont un autre « livre comptable » pour calculer les impôts qu’elles doivent aux gouvernements. Quelles sont les différences? Il y en a plusieurs, mais la principale concerne l’amortissement des immobilisations.
COS a des immobilisations de $7,200M. Ces actifs (de la machinerie, des bâtiments, des ordinateurs, etc) perdent de la valeur au fil du temps, ce qui est une dépense. Disons qu’elle amortit ces actifs sur 20 ans de manière constante, sa charge d’amortissement sera de $360M par année. Généralement, l’amortissement comptable reflète le réel déclin de valeur de l’actif au cours de sa vie utile de manière à ce que le bilan de l’entreprise reflète la valeur réelle des actifs. En 2011, COS a publié un amortissement de $381M, donc la méthode excessivement simpliste que j’ai utilisée pour mon exemple n’est pas très loin de la réalité.
Ceci dit, pour le calcul de l’impôt, le gouvernement impose aux entreprises des règles différentes, lesquelles résultent généralement en un amortissement accéléré, surtout au cours des premières années de vie d’un actif. Donc, la dépense d’amortissement fiscale sera plus élevée que la dépense d’amortissement comptable au début de la vie utile d’un actif, puis la situation se renversera à la fin de la vie utile d’un actif. Dans les cas d’entreprises qui sont en forte période d’investissement (comme COS, qui a investi près de $650M en immobilisation en 2011), la charge d’amortissement fiscale peut devenir si élevée qu’elle en vient à complètement engloutir les profits de l’entreprise, qui se retrouve à ne rien payer en impôt. C’est ce qui s’est produit avec COS, dont l’impôt a été entièrement reporté à plus tard en 2011.
Conséquemment, COS a dû créer un compte de passif à son bilan, qu’elle nomme « Impôt différé » et qui totalise présentement $1,264M. Ce compte représente la « dette » de COS envers les autorités fiscales du gouvernement.
Ainsi, il est faux de prétendre – comme le fait M. Lauzon – que COS ne pait pas ses impôts. En fait, les impôts de COS ne sont que reportés à plus tard, lorsque l’entreprise sera plus mature et aura davantage de flux monétaires libres pour absorber les charges d’impôts élevées. L’amortissement fiscal accéléré est donc une façon pour l’État de faciliter les projets d’investissements de longue haleine, comme le projet Syncrude dans lequel COS est investie. Par ailleurs, il ne faut pas oublier qu’ en 2011, COS a versé $307M en redevances pétrolières au gouvernement. Contrairement à ce que prétend M. Lauzon, cela est une forme d’impôt, donc l’étude sous-estime la ponction fiscale imposée aux entreprises étudiées. Il ne faut pas oublier non plus qu’en 2011, COS a versé $533M en dividendes à ses actionnaires, lesquels seront sujets à l’impôt cette année ou plus tard (si les actions sont détenues dans un REER ou un fonds de pension). Si COS devait payer ses impôts comptants selon le taux statutaire, elle ne serait pas en mesure de verser autant de dividendes et l’État ne percevrait donc pas les impôts qui vont avec.
À la lumière de ces faits, il devient alors évident que tout le reste de l’argumentation du prof Lauzon ne tient plus la route! Mais qui s’en rendra compte? En quelques heures, les grandes lignes sensationnalistes de l’étude auront fait le tour des médias et des dizaines de milliers de personnes en seront révoltées. On pourrait certainement débattre des mérites et des problèmes associés à l’amortissement fiscal accéléré, de la trop grande complexité de notre système fiscal, des effets pervers des subventions aux entreprises, etc, mais ce n’est pas ce que M. Lauzon fait dans son étude, qui ressemble davantage à de la propagande qu’à un exercice d’analyse sérieux.
Prenons tout de même le temps de discuter des « conclusions » de M. Lauzon. Premièrement, il présente le Canada comme un « paradis fiscal pour les entreprises ». Cette expression est fortement exagérée. Ceci dit, il est vrai de mentionner que le Canada a une fiscalité très concurrentielle comparativement à d’autres pays industrialisés; et M. Lauzon oublie de mentionner que, curieusement, le Canada a connu une performance économique nettement supérieure à ces autres pays au cours des 10 dernières années, alors que le taux d’imposition est passé de 47% en 1999 à 25% en 2012. Ce n’est peut-être qu’une coïncidence (je ne pense pas), mais omettre d’en parler dans une telle étude est de l’aveuglement idéologique.
Puis, M. Lauzon clame que ces impôts non-perçus finissent dans les poches du 1% plutôt que de financer la santé et la culture. En fait, les dividendes versés par ces entreprises finissent en grande partie dans les poches des grandes caisses de retraites publiques – comme la Caisse de Dépôts – qui sont des actionnaires majeurs dans la plupart de ces entreprises et qui représentent plutôt le 100%; ou encore dans les fonds communs de placements, qui sont le véhicule d’investissement de choix de la classe moyenne. Par exemple, la firme pour laquelle je travaille figure dans le top 20 des actionnaires de COS. Nos clients ne font pas tous partie du 1%, loin de là! Plusieurs d’entre eux sont des caisses de retraite d’employés gagnant le revenu moyen au Québec, des gens de la classe moyenne qui investissent dans nos fonds mutuels et même des fondations de charité. Ces dividendes permettent de fournir des revenus à nos retraités plutôt que de les laisser dépendants de l’État.
Les profits non-versés en dividendes sont réinvestis dans l’entreprise pour assurer le maintient de sa production ainsi que sa croissance. Par exemple, au cours des prochaines années, COS investira des milliards dans l’expansion du projet Syncrude, ce qui créera des milliers d’emplois (et pas seulement en Alberta). Ces travailleurs amélioreront leur niveau de vie et paieront des taxes et impôts à l’État. À cet égard, M. Lauzon critique le fait que depuis 2008, les entreprises Canadiennes investissent moins et paient une plus grande part de leurs profits sous la forme de dividendes. Je ne vois pas en quoi cela est pertinent dans cette discussion. Les entreprises évaluent leurs opportunités d’investissement en fonction de la demande et retourne le capital inutilisé aux actionnaires. Que ce capital serve à créer des emplois ou aille aux retraités est davantage une question démographique qu’une question fiscale. En fait, au cours des dernières années, nous avons observé une forte augmentation de la demande pour les dividendes, ce qui est en partie attribuable au fait que les premières cohortes de « baby-boomers » ont commencé à prendre leur retraite.
Un peu plus loin dans son texte, M. Lauzon pousse même sa tromperie jusqu’à citer un article traitant des coupures d’impôts de George Bush il y a plus de 10 ans, qui étaient de nature temporaire et visaient les particuliers, et non les entreprises. En quoi est-ce pertinent lorsqu’il est question de la fiscalité des entreprises?
Ensuite, il affirme que malgré les baisses d’impôts dont elles ont bénéficié, les grandes entreprises n’ont pas embauché autant durant la période de 2005 à 2010 durant laquelle une récession est survenue. Cela est tout à fait normal, puisque suite à la récession, le gouvernement s’est mis à augmenter ses dépenses pour relancer l’économie. Il est donc normal d’avoir vu l’emploi total (incluant le secteur public) surperformer l’emploi du secteur privé frappé par la récession!
Finalement, lorsqu’il affirme qu’avec un taux d’imposition au comptant de 25%, ces 70 entreprises qui ont payé moins de 25% en impôts en 2011 auraient contribué plus de $8.3 milliard en impôts supplémentaires en 2011, il néglige de considérer le fait qu’une part significative de ces profits ont été générés à l’extérieur du Canada et sont donc imposables dans ces jurisdiction et non au Canada.
Pour plus de détails sur mes réflexions sur la fiscalité, voir cet article.
Léopold Lauzon à Tout le monde en parle (http://www.tou.tv/tout-le-monde-en-parle). Comment quelqu’un peut se contredire autant en si peu de temps ! Dire que l’État verse 120 000 $ + a un imbécile pareil !!!!!
« L’imbécillité de Léopold Lauzon ne me surprend plus », écrivez-vous. Quand vous pondrez à nouveau un texte sur le prof Lauzon, sachez que son prénom est Léo-Paul, et non Léopold… De plus, il vaut mieux écrire « imbécillité » avec un seul « L », P’tit Robert 2009. D’autre part, j’ai lu quelques uns de vos billets, et jamais je ne vous qualifierais d’imbécile. Mais je me demande parfois sur quelle planète vous vivez…
@Michel Bédard
Vous avez raison; je n’aurais pas dû le traiter d’imbécile (et encore moins d’imbécille).
Je ne crois pas qu’il ignore un principe comptable aussi élémentaire. Il est donc profondément malhonnête, ce qui n’est pas bien mieux que d’être imbécile.
Minarchiste :
Je suis seul a combattre cet imbécile certifié qu’ est L Lauzon.
Sur le bloggue Canoé. Peut etre si vous pourrez y laissé des
commentaires ??!!
Oui , probablement qu’ il ne l’ est pas , mais ces opinions sont
imbéciles et ………finalement ( il s’ est peinturé dans le coin ) ,
il est prisonnier de son personnage !!
Connaissez vous un certain Mr MARC FABER ??
Sa connaissance sur les marchés boursiers mondiaux & ses faits
mis au détail pourraient le placer comme un GRAND EXPERT
Par contre , il a tellement écrit de la manière DOOM & GLOOM
tout ce qu’ il va dire par apres sera pris AVEC un énorme
Grain de Sel ……. tuant tout a coup toute sa CRÉDIBILITÉ
Si on a des pensées Bearrishs , écouter Mr Marc Faber
Par contre Lauzon n’ a pas la stature de MARC FABER ,
mais il pourrat ESSAYER d’ avoir de la crédibilité s’ il
tuait son personnage de NIAISEUX !!
Bonne Journée
Azamat Bagatov &/ou Monnester Minimoi