La dette gouvernementale n’est pas un problème puisque nous nous devons cet argent à nous-mêmes.
Premièrement, une part de la dette gouvernementale est détenue par des étrangers. Il faudra donc qu’une partie de nos taxes et impôts futurs soit expédiée à ces étrangers éventuellement. Ceci étant dit, aux États-Unis c’est la Fed qui est le plus gros acheteur de T-bills depuis un bout de temps et ce avec de la monnaie créée ex nihilo (c’est ce qu’on appelle la monétisation de la dette). Les intérêts sur cette dette sont donc retournés au Trésor Américain pour financer les dépenses de l’État.
Deuxièmement, les titres de dette détenus par des investisseurs locaux ne sont pas uniformément répartis dans la population. Ainsi, une partie des futurs taxes et impôts de tous (et surtout ceux des générations à venir) devront servir à rembourser ces titres de dette détenus par quelques-uns. Il y a donc un déplacement de richesse d’un groupe vers un autre.
Troisièmement, il ne faut surtout pas oublier que la dette monétisée et/ou multipliée par le système bancaire à réserves fractionnaires engendre de l’inflation. Cette inflation n’affecte pas les gens de manière égale. Ceux qui obtiennent l’argent en premier s’enrichissent alors que le reste de la population voit son pouvoir d’achat être dilapidé.
L’inflation est une gigantesque subvention aux banques, qui peuvent engendrer des profits à partir de rien. Puis, les fonctionnaires et sous-contractants qui bénéficient directement des dépenses du gouvernement sont aussi favorisés, tout comme les entreprises qui reçoivent des subventions et autres aides.
L’inflation ne fait pas que des gagnants; les perdants sont très nombreux. Il y a d’abord les salariés dont le salaire croît moins vite que l’inflation. Si l’inflation a été de 5% cette année et que votre salaire n’a été augmenté que de 2%, vous êtes dorénavant plus pauvre de 3% puisque le pouvoir d’achat de votre salaire aura diminué.
Il y a aussi les épargnants, qui voient le pouvoir d’achat de leurs épargnes fondre en raison de l’inflation. Si vous avez de l’argent dans votre compte-chèque à la banque et que l’inflation est de 5%, la valeur de cet argent aura diminué de 5% chaque année. Un retraité qui reçoit une rente fixe s’appauvrit chaque année en conséquence de l’inflation.
L’inflation est donc source d’inégalités! L’impact de l’endettement gouvernemental sur la répartition de la richesse actuelle et intergénérationnelle n’est pas neutre. L’argent emprunté par l’État en notre nom ne nous est pas dû à nous-mêmes, il est dû aux détenteurs de ces titres de dette.
https://minarchiste.wordpress.com/2011/04/01/le-lien-entre-les-inegalites-et-linflation/
Si l’inflation redistribue les revenus en faveur des acteurs économiques les plus proches des sources de crédit (effet Cantillon) la déflation procède à l’inverse. Les personnes ayant des revenus fixes, qui avaient été complètement lésées durant la période de boom, voient leurs revenus gonfler, alors que ceux qui bénéficiaient de cette inflation monétaire durant le boom se font maintenant dilapidés.
L’argument du « on le doit à nous-mêmes » peut être décliné de manière amusante :
– l’impôt n’est pas important, puisqu’on le prélève sur nous-mêmes ;
– l’assassinat des juifs allemands pendant la 2nd Guerre mondiale n’était pas important, puisque ce sont des Allemands qui se sont tués eux-mêmes.
(Rothbard© pour les deux exemples).
Pour la question de l’endettement public, il ne faut pas se focaliser uniquement sur l’avenir, i.e. sur le problème du remboursement. Le passé aussi est important. Si l’Etat a emprunté pendant des décennies des dizaines de milliers de milliards, cela signifie que l’épargne des individus a été drainée pendant autant d’années vers des emplois peu ou pas productifs, voire contre-productifs.
Comme le disait Turgot, « le mal est que le gouvernement, par ses emprunts multipliés, présente sans cesse à l’argent un emploi avantageux au possesseur, et stérile pour l’Etat ». (Je pense que par « Etat », il faut entendre « société »).
Vos arguments semblent logiques, mais pourtant ce n’est pas la thèse de la « majorité » des économistes (en tout cas ceux des universités et des médias). Je sais que Paul Krugman n’est probablement pas votre meilleur ami, mais je pense quand même qu’il n’est pas à la solde des banques même quand il prétend que l’inflation est une chose souhaitable pour relancer l’économie et « régler » la dette publique. L’argument principal de Krugman contre le mouvement autrichien est souvent que « ce n’est pas parce que vous pensez être incapable de manipuler la politique monétaire que c’est impossible de bien le faire ». D’ailleurs il soulève le point que le marché veut quand même acheter des bons du trésor même avec un aussi faible rendement (comme pour justifier que l’intervention sur la politique monétaire ne nuit pas au marché). De mon côté, c’est vrai que j’ai de la misère à croire qu’une seule personne peut manipuler tout ça sans dommages collatéraux, mais en même temps je ne suis pas économiste pour autant, alors il a un point.
D’ailleurs un récent débat assez intéressant entre Ron Paul et Paul Krugman est disponible ici : http://www.ronpaul2012.com/2012/05/01/ron-paul-on-bloomberg-tv/
Votre argument est faible, si c’en est un. Donnez la preuve que les institutions gouvernementales gèrent mieux les banques que le privé, svp. Vous n’en trouverez pas facilement, je le crains. Lisez donc « The Theory of Free Banking » de Selgin, « The Experience of Free Banking » de Kevind Dowd, « Free-banking revisited: the Chilean experience 1860-1898 » de Briones, « Short-Changed in Chile: The Truth about the Free-Banking Episode » de George Selgin, « Free Banking in Sweden, 1830–1903: Experience and Debate » d’Erik Lakomaa.
La politique monétaire n’est jamais accommodante parce que le monopole d’émission empêche la reconnaissance des prix relatifs par les acteurs économiques, et donc la fiabilité et solidité relative propre à chaque banque, ce qui fragilise le système tout entier, et cela, en supposant que la « banque centrale » ne provoque aucune sur-expansion, ce qui historiquement n’a jamais été prouvé. Selgin l’explique bien dans plusieurs chapitre de « Theory of Free Banking » dont les #8 et #9.
http://oll.libertyfund.org/?option=com_staticxt&staticfile=show.php%3Ftitle=2307&chapter=218715&layout=html&Itemid=27
Il n’y avait même pas d’argument, je faisais juste dire que justement je ne suis pas un expert et que l’argumentaire de Minarchiste me semblait plus adéquat que celui des keynésiens comme Paul Krugman. C’est juste que j’aime nuancer les arguments, parce que sinon c’est comme regarder un gros documentaire sensationnel et on ne voit qu’un point de vue comme si c’était la seule réalité. Je dis juste que c’est plus efficace (pour convaincre un novice comme moi) de réfuter les opinions des autres et d’y ajouter par la suite argumentaire plutôt que de seulement montrer un seul côté de la médaille.
Pour qu’il y ait encore autant d’économistes keynésiens, c’est bien parce qu’ils ont des preuves et un argumentaire? D’ailleurs, c’est pour ça que j’ai aimé l’échange entre Ron Paul et Paul Krugman.
Vous étiez quand même en train d’insinuer que Krugman était honnête quant à l’inflation et la banque centrale. Depuis le temps que je regarde son blog, j’ai de sérieux doutes sur sa prétendue honnêteté. Il est intelligent certes, mais peu honnête.
Et non, je ne pense pas que les keynésiens aient raison, même si le keynésianisme est plus « populaire » que l’école autrichienne. Quand ils disent que le système bancaire privé est nécessairement instable, c’est historiquement faux. Même s’ils sont la majorité à le dire, ça ne rend pas cette assertion plus vraie. Les gens sont trop nombreux à être mal renseigné, ce n’est pas étonnant vu la manière dont le gouvernement rejette la faute sur le marché dès qu’il foire une prétendue « libéralisation » ou « privatisation ». Il vous suffit de voir comment les ‘socialistes’ crachent sur l’affaire Enron ou le Reaganisme-Thatchérisme pour s’en convaincre.
Réfuter les arguments des adversaires, d’accord, mais c’est ce que les keynésiens ne font jamais, quant il s’agit de discuter de la nécessité du contrôle gouvernemental de la monnaie. Les preuves historiques ne manquent pas de confirmer les avantages d’une banque libre. Les principales objections des non-autrichiens aux banques privées, c’est la théorie du dilemme du prisonnier et Diamond-Dybvig. Réfutées depuis près de 20 ans par Selgin et d’autres.
Comme j’ai déjà dit, je n’ai pas le même niveau de connaissance que vous et Minarchiste en ce qui concerne les politiques monétaires. Toutefois, grâce à ce blog et d’autres sources d’information, j’ai pu apprendre qu’il existe une autre vérité économique que celle véhiculée par nos professeurs d’histoire et les diplômés en communication qui se font appeler « analyste économique » à la télé et à la radio. Aujourd’hui mon impression très générale est que le système keynésien ne peut vivre qu’avec une injection perpétuelle de « stéroïdes ».
Et malgré tout, même si Paul Krugman était malhonnête, je ne pense pas qu’il y ait une conspiration où tous les intellectuels keynésiens seraient corrompus de la même manière. C’est vrai que je n’ai jamais vraiment lu un article d’un keynésien qui réfutait clairement les autrichiens, mais ça ne veut pas dire qu’ils n’y en a pas et qu’ils n’ont pas d’arguments pour autant.
Pour ce qui est des preuves historiques, tout le monde scande cet argument (que ça ait rapport ou non avec la politique monétaire). On dirait qu’avec une certaine interprétation, dans l’histoire il y a toujours une époque qui prouve qu’on a raison !
En tout cas, pour être aussi convaincu que vous l’êtes, il faudrait probablement que je me renseigne davantage !
Je pense que beaucoup d’économistes croient aux théories anti-marché parce que les institutions, les écoles, (bref, le système) nous apprend dès le plus jeune âge que le gouvernement est nécessaire. Les thématiques se construisent souvent de cette manière :
1- montrez que le marché est généralement un bon allocateur de ressources
2- montrez les limites du marché
3- montrez pourquoi l’intervention du gouvernement est nécessaire
Les élèves font évidemment confiance aux institutions (comme un argument d’autorité) et se font parfaitement endoctrinés. Beaucoup de choses à apprises à l’école sont fausses. Pas seulement en économie. En génétique aussi. Je me souviens d’un professeur d’histoire-géographie, qui nous disait, (j’étais en Seconde) que « nous étions tous africains » (cf théorie Out of Africa). J’ai fini par y croire, sous prétexte que tout le monde y croyait, et donc que cela voulait dire qu’ils avaient forcément raison (argument d’autorité, là encore).
Mais les lectures que j’ai eu depuis ont confirmé que Out of Africa est un mensonge institutionnalisé par … l’anti-racisme. Aucune preuve ne corrobore cette théorie, mais tout le monde y croit.
On nous ment. Sur beaucoup de choses. L’idéologie (marxisme, anti-racisme etc…) y est pour quelque chose, mais le gouvernement aussi.
Même si le grand public ne comprend rien aux théories et lois économiques, l’idéologie égalitariste pousse les gens à embrasser les thèses anti-marchés. Seulement par pure idéologie. On leur fait avaler depuis l’enfance que les inégalités, c’est mauvais, que autrui n’a pas le droit de gagner plus que vous, etc. etc. Le mythe se nourrit de cette façon, et se développe.
C’est comme ça que je le vois, du moins.
La monétisation de la dette serait interdite pour la BCE, ce qui offrirait plus de marge de manoeuvre a court et moyen terme,et de possibilités de manipuler la monnaie aux USA , au Japon, etc…??
A moins que la BCE puisse utiliser de moyens détournés a cette fin..