Le nom de ce mouvement fait évidemment référence aux fameux événements du Boston Tea Party de 1773, qui mèneront à la révolution américaine de 1775. Il est apparu à l’aube de 2009, suite à l’annonce du plan de relance de l’économie américaine et au sauvetage des banques. Le mouvement a par la suite critiqué la réforme du système de santé de Barrack Obama ainsi que les dépenses gouvernementales élevées en général.
Le mouvement est composé de plusieurs branches, dont la Tea Party Nation, qui a récemment tenu un congrès marqué par un discours de Sarah Palin.
Les tea-partys sont décrits comme un mouvement faisant la promotion des valeurs libertariennes et conservatrices. Leur principal cheval de bataille est la réduction des dépenses gouvernementales et la discipline fiscale. La gauche n’a pas tardé à affirmer que le mouvement n’a rien d’authentique et qu’il est financé par les riches pour faire en sorte que leurs impôts n’augmentent pas. Il y a sûrement un peu de vérité là-dedans (que les riches supportent ce mouvement par exemple), mais il n’en demeure pas moins que le mouvement est désorganisé, décentralisé et quasi-spontané. Les assemblées sont garnies de gens ordinaires qui ne se sont jamais impliqués politiquement et qui sont dégoûtés par les agissements de leur gouvernement.
L’influence politique du mouvement commence à se faire grandement sentir. Selon le magazine The Economist, les tea-baggers ont contribué à la chute d’un candidat Républicain « centriste-modéré » dans l’État de New York l’an passé, ce qui a permi à un Démocrate de se faire élire. Plus récemment, l’élection du Républicain Scott Brown dans l’ancien compté de Ted Kennedy au Massachusetts a fait beaucoup de bruit et aurait été influencée par le mouvement Tea-Party.
Il est tout à fait légitime qu’un groupe de pression défende finalement les intérêts des contribuables, trop souvent négligés par la classe dirigeante face à tous ces autres groupes de pression qui eux veulent attirer les dépenses gouvernementales.
Évidemment, les plus riches ont toujours joué du coude en coulisses pour limiter l’ampleur de leur charge fiscale, mais personne ne défend les payeurs d’impôts de la classe moyenne et les consommateurs en général (qui paient des taxes de vente et qui subissent l’inflation engendrée par la banque centrale finançant les dépenses de l’État).
Ce genre de manifestation est d’autant plus nécessaire que ces gens ne peuvent s’exprimer au scrutin puisque tant les Républicains que les Démocrates sont d’affreux dépensiers. Contrairement à ce que Barack Obama pense, il est important que l’on recentre le débat sur ‘combien dépenser’ plutôt que sur ‘dans quoi dépenser’, ainsi que sur la taille de l’État en général.
Ça me fait penser à l’éditorial de The Economist il y a quelques semaines, qui décrivait que bien que la crise financière ait accéléré l’expansion du gouvernement américain, le phénomène était déjà en branle depuis un bon bout de temps. Georges Bush a augmenté les dépenses de l’État plus que n’importe quel président depuis Lyndon Johnson. Il a aussi ajouté 1,000 pages de règlementation fédérale par année durant ses 7 ans de mandats (et après on nous parle d’une crise causée par la dérèglementation!).
Il est évident que les dépenses gouvernementales ont explosé ces dernières années, mais on ne peut pas dire que ça a été pour le mieux. Au niveau fédéral, une bonne partie de l’augmentation a été causée par le budget militaire ainsi que par l’implantation du Homeland Security Department. De plus, les fonctionnaires et politiciens sont des spécialistes du gaspillage. Le professeur Bill Watkins de l’Université de la Californie calcule que le gouvernement de cet État dépense 26% de plus qu’il y a 10 ans (après ajustement pour l’inflation et la croissance de la population). Est-ce que la qualité et la quantité des services s’est améliorée de 26% sur cette période? Bien sûr que non!
Cet argent a terminé sa course dans les poches de fonctionnaires et d’intérêts corporatistes plutôt que pour les services publics. Il y a plus de 15,000 lobbyistes enregistrés aux États-Unis dont le travail consiste à détourner cet argent. De plus, les fonctionnaires s’assurent de bien protéger leurs propres intérêts. Aux États-Unis, 30% des fonctionnaires sont syndiqués ce qui leur confère de meilleurs salaires et avantages sociaux que leurs homologues du privé. Les salaires des fonctionnaires fédéraux américains sont totalement déconnectés de la réalité économique et l’écart continue de se creuser avec le secteur privé.
Government departments are good at expanding their empires. Thus a welfare state that was designed to help people deal with unavoidable risks, such as sickness and old age, is increasingly in the business of trying to eliminate risk in general through a proliferating health-and-safety bureaucracy. – The Economist.
Le problème avec le Tea-Party Movement est qu’il attire de plus en plus d’individus dont les motivations sont pour le moins discutables; plus conservateurs que libertariens. Ces gens s’intéressent au mouvement tea-party dans l’optique de l’utiliser pour promouvoir des politiques conservatrices telles que l’interdiction des marriages entre conjoints de même sexe, l’interdiction de l’avortement et même des politiques racistes anti-immigration. Ces choses n’ont absolument rien à voir avec le libertariannisme et la taille de l’État et il est bien malheureux que cette gangraine vienne infecter une cause aussi importante.
Ceci étant dit, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Il est important de s’informer et débattre quant à la taille de l’État et il est aussi important de défendre les intérêts des contribuables (nous en sommes tous de toute façon). Sans nécessairement devenir un parti politique, je pense que ce mouvement pourrait être très bénéfique en tant que groupe de pression. Il serait temps que nous en ayons un au Québec.
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