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Selon Krugman (ici et ici), les entreprises n’investissent pas parce qu’elles ont de la sur-capacité de production, donc aucun besoin d’investir. Elles maintiennent en outre des niveaux d’encaisse très élevés.

Pour que celles-ci investissent et embauchent, il faudrait une augmentation de la demande qui vienne utiliser la capacité de production de ces entreprises.

Pour créer cette demande, il faut selon lui que le gouvernement mette de l’avant un autre plan de relance (puisque le premier n’était pas assez gros selon lui). Comme je le démontrais lundi, le premier plan de relance fut un échec lamentable. 

Selon lui, l’État n’a pas grand chose à perdre puisque s’il ne fait rien, la situation économique va se détériorer, ce qui augmentera le déficit de toute façon (donc aussi bien dépenser!).

De plus, les conséquences négatives de cette détérioration auront des répercussions à plus long terme:

« what if there are long-run negative effects of a deeper slump on the economy? The WSJ piece showed one example: workers driven permanently out of the labor force. There’s also the negative effect of a depressed economy on business investment. There’s the waste of talent because young people have their lifetime careers derailed. And so on. And here’s the thing: if the economy is weaker in the long run, this means less revenue, which offsets any savings from the initial austerity. »

Cette vision keynesienne de l’économie est complètement erronnée. Voici pourquoi.

Tout d’abord, l’explication de Krugman repose sur une hypothèse très contestable, stipulant que les plans de relance réussissent à relancer l’économie durablement. En termes keynesiens, cela signifie que le « multiplicateur » est supérieur à 1. Dans son exemple, Krugman utilise d’ailleurs un multiplicateur de 1.4. Où prend-il ce chiffre? Dieu seul le sait! 

Ainsi, si vous aviez une entreprise de construction et que le gouvernement fédéral vous octroyait un contrat dans le cadre d’un nouveau stimulus, allez-vous vous mettre à investir dans votre entreprise et à embaucher des employés permanents? Bien sûr que non! Car vous savez que cette « manne » n’est que temporaire et ne représente aucunement de la demande durable. Donc une fois le stimulus passé, c’est le retour à la case départ.

Krugman craint que si le gouvernement ne fait rien, certains emplois dispaîtront pour de bon. J’espère bien que certains emplois ne reviendront jamais; puisque ceux-ci étaient le fruit des mauvais investissements effectués durant le boum artificiel.

C’est justement ce à quoi une récession devrait consister: nettoyer les mauvais investissements et éliminer les emplois inutiles. L’économie n’a plus besoin d’autant de travailleurs de la construction et tout ce qui tourne autour de cette industrie; il ne sert à rien de vouloir maintenir ces emplois. Par la suite, l’investissement peut reprendre dans d’autres industries. Tout ce processus a été ralenti par l’incertitude et la confusion générées par le gouvernement avec ses plans de relance, ses bailouts, ses déficits et ses réformes.

Au contraire, le gouvernement tente d’aller à contre-courant du processus normal de rétablissement d’une récession en tentant de sauver les emplois qui devraient disparaître, en maintenant des entreprises en vie alors que celles-ci auraient dû disparaître, en décourageant l’épargne par la manipulation monétaire, et en choisissant lui-même les industries méritant de l’investissement (par exemples: énergie renouvelable, voitures électriques, infrastructure routière, etc). Le résultat n’est pas surprenant: du chômage persistant.

En somme, il est vrai que les entreprises ont de la sur-capacité de production présentement, mais celle-ci est dans les mauvaises industries. La solution ne consiste pas à tenter de relancer la demande de ces industries. Elle consiste plutôt à ce que le gouvernement s’abstienne d’intervenir pour que ces industries réalisent que la demande n’est plus là et que ce capital soit ré-alloué ailleurs dans l’économie. La dépression de 1920-21 a démontré que cette politique fonctionne.

Paul Krugman est préoccupé par le sort des chômeurs si l’économie se détériorait davantage. Il devrait plutôt se préoccuper du fait que les plans de relances et les subventions rendent certaines industries dépendantes du gouvernement; les conséquences à long terme de cela seront très négatives lorsque l’aide s’arrêtera éventuellement.

Finalement, si les entreprises maintiennent des niveaux d’encaisse élevés, c’est qu’elles ont appris la leçon et qu’elles veulent pouvoir se maintenir en vie en cas de temps dur. Il n’y a rien de mal là-dedans.

À ce sujet, Peter Boettke a déterré de fascinantes coupures de journaux datant de 1932; notez que l’une est signée par Keynes et l’autre par Hayek. Leur débat est très similaire à celui que Paul Krugman aurait avec Thomas Woods aujourd’hui. Bonne lecture!

http://austrianeconomists.typepad.com/files/cambridge_vs._lse_1932.pdf

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Dans ce dossier, inspiré du livre “Where Keynes went wrong” de Hunter Lewis, je traite des principales idées de Keynes. La première partie traitait des taux d’intérêt, la seconde partie traitait de l’épargne, la troisième partie traitait de la bourse et de l’investissement, et la quatrième partie traite des récessions.

Keynes était d’accord avec le fait que les booms économiques génèrent de mauvais investissement, mais il prêchait que « c’est mieux que pas d’investissement du tout ». Keynes ne croyait pas que les récessions puissent au moins avoir l’utilité de « nettoyer » l’économie des industries/entreprises qui utilisent mal leurs ressources et de rediriger ces ressources vers les bonnes industries/entreprises (autrement dit, il ne croyait pas en la destruction créatrice).

Selon Keynes, aussitôt que des signes avant-coureurs d’un ralentissement économique se manifestent, le gouvernement doit mettre en branle un plan d’action radical pour intervenir et ramener l’économie en croissance (au plein-emploi). Il importe peu que ces dépenses gouvernementales soient vraiment utiles ou non, l’important est de dépenser cet argent le plus vite possible, de préférence dans les infrastructures. De toute façon, grâce au fameux concept keynesiens qu’est le « multiplicateur », chaque dollar dépensé par le gouvernement durant une récession est multiplié plusieurs fois par l’économie.

Keynes croyait que le libre-marché n’arriverait pas à sortir l’économie de la récession par lui-même et que l’économie atteindrait un équilibre sous-optimal (avec un taux de chômage trop élevé). Il croyait que les salaires ne devaient ni baisser, ni augmenter durant les récessions. L’un réduirait le pouvoir d’achat des travailleurs, l’autre serait mauvais pour le « climat d’affaires » en réduisant les profits. La solution consiste à créer de la monnaie pour générer de l’inflation. Cette hausse des prix permettra aux entreprises de maintenir les salaires tout en faisant du profit. À cet égard, la déflation doit être évitée à tout prix; c’est du poison pour l’économie.

Finalement, Keynes préconisait que la banque centrale et le gouvernement agissent comme prêteurs de dernier recours pour le système bancaire, de façon à éviter les faillites bancaires. Ainsi, la banque centrale devrait fournir de la liquidité aux banques autant qu’elles en ont de besoin et ce à un taux très bas (non-punitif contrairement à ce que suggérait Walter Bagehot).

Réfutation:

Lorsque les « booms » économiques inflationnistes se mettent à dérailler, le marché lève le voile sur tous ces mauvais investissements financés par de la dette artifiellement abordable (facilitée par la création de monnaie) et l’économie frappe un mur. Contrairement à ce que Keynes pensait, on ne peut artificiellement maintenir l’économie en boom perpétuel sans créer d’énormes distorsions sur les marchés. À cet égard, les récessions viennent corriger ces distorsions et permettent à l’économie de repartir sur une base plus solide. Plus l’inflation a été sévère durant le « boom », plus récession sera sévère.

En voulant éviter les récessions à tout prix, les théories de Keynes ne font que les prolonger, font en sorte que la reprise sera plus faible et que prochaine crise sera plus grave. L’interventionnisme keynesiens n’a-t-il pas échoué durant la Grande Dépression des années 1930s, prolongeant celles-ci jusqu’à la Deuxième Guerre Mondiale? Et que dire de la « décennie perdue » du Japon suite à la bulle des années 1980? Et de la bulle immobilière que nous venons de traverser, résultat inévitable de l’ère Greenspan (qui n’a pas laissé la récession de 2000-01 suivre son cours et qui l’a étouffée par une inflation démesurée, laquelle a gonflé une immense bulle immobilière). L’historique du keynesiannisme est en fait parsemmé d’échecs et d’inflation. La recette n’a jamais fonctionné et a toujours mené à des « booms and busts« , c’est-à-dire de violents cycles économiques.

En ce qui a trait au fameux multiplicateur keynesien, ce concept fallacieux dont les Paul Krugman de ce monde font encore la promotion, c’est une théorie économique fondamentalement erronée. Voici la formule:

       DY = 1 /(1-c) *  DI

I est l’investissement fait par le gouvernement, c est la propension marginale à consommer (le pourcentage de chaque dollar qui est dépensé par les gens plutôt qu’épargné) et Y le revenu qui en résulte.

Ainsi, si la propension marginale à consommer est de 90%, le multiplicateur est de 10 fois, donc chaque dollar investi par le gouvernement est multiplié par 10 dans l’économie. Mais qu’arrive-t-il si la propension marginale à consommer augmente à 100% (i.e. les gens n’épargent plus)? Le modèle tombe à l’eau! D’ailleurs, aucune étude n’a clairement démontré l’existence de ce multiplicateur dans la réalité. Prenons par exemple celle de Christina Romer, présidente du Council of Economic Advisors sous Barrack Obama, qui a estimé le multiplicateur à 1.57x. D’autres études estiment qu’il est bêtement de 1x alors que d’autres l’estiment inférieur à 1x. Pour une réfutation complète du multiplicateur (qui serait trop longue pour ce billet), cliquez ici.

La meilleure façon de contrer une récession est de laisser le marché suivre son cours. Nous n’avons qu’à penser à la Dépression de 1921 aux États-Unis, où ni le gouvernement, ni la Federal Reserve ne sont intervenus. Cette dépression s’est résorbée d’elle-même, sans interventionnisme étatique. C’est d’ailleurs pourquoi les partisans de Keynes refusent à tout prix d’en parler! Par contre, les néo-keynesiens ont abandonné l’idée farfelue de Keynes selon laquelle un chômage élevé persisterait indéfiniement dans un libre-marché, sans intervention gouvernementale pour sortir de la récession (voir Modigliani et Patinkin). Une autre « intuition » de Keynes déconnectée de la réalité…

Quand aux salaires, le gel de ceux-ci a généralement comme impact de prolonger les récessions (nous n’avons qu’à comparer la Grande Dépression des années 1930s où les salaires furent gelés, à celle de 1921 où les salaires ont baissé drastiquement). La flexibilité du marché du travail est un élément essentiel pour sortir l’économie d’une récession et réduire le chômage. Les entreprises peuvent ainsi réduire leurs coûts (sans nécessairement mettre des travailleurs à pied), préserver leurs flux monétaires et rester en opération.

La déflation quant à elle n’est pas mauvaise en soit. C’est d’ailleurs un phénomène tout à fait naturel et sain: lorsque la productivité s’améliore, on fait plus avec moins, ce qui permet aux prix de baisser sans affecter les marges. Des prix plus bas signifie que le pouvoir d’achat et le niveau de vie de la population a augmenté et que de la vraie richesse a été créée. L’autre déflation, celle causée par la destruction de monnaie due au remboursement des dettes, est simplement le fruit d’une création excessive de monnaie qui a mené à de mauvais investissements, à du gaspillage de ressources et à un niveau d’endettement insoutenable. Ce réajustement est un mal nécessaire pour purger le système de toute cette dette et de toute cette monnaie artificielle, mais malheureusement, nos gouvernements veulent à tout prix l’empêcher en créant de la monnaie.

Finalement, la présence de la banque centrale comme prêteur de dernier recours crée un risque moral important pour les citoyens. Cette « fausse sécurité » permet et encourage la prise de risque excessive et mène inévitablement à des crises financières comme celle que nous avons récemment connue. L’expression « too-big-to-fail » et les « bailouts » existent depuis fort longtemps et tirent leurs origines, entre autres, du keynesiannisme. Cette promesse de sauvetage du gouvernement est malsaine et encourage les banques à étirer l’élastique au maximum.

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Comme je le laissais entendre ici, le chiffre du PIB américain de 3.5% pour le troisième trimestre n’était que de la poudre aux yeux. Excluant les dépenses gouvernementales, le PIB continue de diminuer.

Ce matin, nous apprenons que le taux de chômage pour octobre aux États-Unis a été de 10.2%, comparativement à 9.8% en septembre. Les économistes s’attendaient à 9.9%. Au Canada, le taux de chômage a augmenté à 8.6%. Ainsi, les chiffres de l’emploi confirment que le « vrai » PIB continue de baisser et que l’économie est toujours mal en point malgré tous ces milliards de programmes de dépenses keynesiens.

L’erreur fondamentale des keynesiens est de croire que les dépenses gouvernementales peuvent redémarrer l’économie et stimuler l’emploi. Ils pensent qu’en injectant de l’argent dans l’économie, la consommation va augmenter et qu’en réponse à cette augmentation, les entreprises vont investir et embaucher pour augmenter la production. Cette vision des choses ne tient pas la route. Pourquoi les entreprises se mettraient-elles à investir et embaucher alors qu’elles opèrent significativement sous leur capacité de production?

La réalité est que pour fournir à cette demande temporaire venant du gouvernement, les entreprises utilisent de la main d’oeuvre temporaire et du temps supplémentaire (les chiffres le confirment d’ailleurs). Elles n’investissent pas et n’embauchent pas, puisqu’elles ont amplement de capacité de production excédentaire pour satisfaire cette demande et savent pertinemment que ce n’est que temporaire. Une fois que la manne sera passée, ce sera un retour à la case départ.

Qu’est-ce qui nous ramènera en reprise économique alors? Lorsque les gens et les entreprises auront amélioré leur bilan financier (i.e. remboursé leurs dettes et amassé un coussin financier sous forme d’épargne), ils se remettront à consommer. Cette « vraie » demande fera hausser le « vrai » PIB. Les entreprises feront des profits qu’elles réinvestiront dans la production, anticipant une hausse soutenable de la demande.

Le chiffre de l’emploi de ce matin est une véritable claque en plein visage des keynesiens. Mais j’anticipe déjà leur explication à cet échec de leur idéologie: le plan de relance n’a pas été assez gros! Paul Krugman le répète d’ailleurs depuis quelques temps sur son blogue, et comme il a été nobélisé, il doit forcément avoir raison…:-)

Ne manquez pas la suite de mon dossier sur Keynes la semaine prochaine.

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Pour faire suite à mon billet du 2 octobre, j’analyse ici les données préliminaires du PIB américain.

Le PIB réel américain a cru de 3.5% annualisé au troisième trimestre de 2009, comparativement à une baisse de 0.7% au trimestre précédent. Ce chiffre était bien au-delà des anticipations et il a propulsé la bourse à la hausse hier, laquelle était sur une tendance négative depuis plusieurs jours. Cependant, lorsqu’on regarde les chiffres plus en détails, les choses ne sont pas très réconfortantes.

Premièrement, sur le 3.5%, le Bureau of Economic Analysis attribue 0.94% à la reconstruction des inventaires, ce qui n’est évidemment pas de la demande finale.

Deuxièmement, l’organisme attribue 1.66% aux ventes de véhicules, stimulées par le programme « cash-for-clunker », qui est maintenant terminé. En fait, si l’on exclut ce programme, les ventes de bien durables ont été très faibles. Les ventes d’automobiles ont probablement « aspiré » des ventes qui auraient été dans d’autres industries sans ledit programme. D’ailleurs, en Septembre, les dépenses de consommation (publiées ce matin) ont baissé de 0.6% (ajusté pour l’inflation), ce qui indique que sans le « cash-for-clunkers », les dépenses sont en baisse, tout comme le revenu disponible, ce qui est logique.

Troisièmement, la construction résidentielle a augmenté de +23.4% stimulée par le crédit d’impôt qui se termine bientôt.

Quatrièmement, les dépenses du gouvernement fédéral ont continué leur tendance haussière, augmentant de +7.9% durant le trimestre.

Cinquièmement, les exportations étaient en hausse de 14.7%, stimulée par la faiblesse du dollar et par la demande Chinoise, où sévit présentement un important plan de dépenses gouvernementales pour relancer l’économie.

En revanche, les investissements non-résidentiels ont diminué de 9.6%, ce qui n’augure pas bien pour les chiffres de l’emploi la semaine prochaine.

Ainsi, on peut voir que la croissance n’est pas « économique », mais bien arithmétique. Si on exclut les dépenses gouvernementales et la reconstruction des inventaires, l’économie américaine est toujours en récession.

M. Obama peut bien vanter l’efficacité de son plan de relance, lorsqu’on regarde les vrais chiffres, on se rend compte que la réalité est moins reluisante…

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C’est dans une enquête menée par le Ottawa Citizen et le Halifax Chronicle-Herald, publiée dans le National Post de mardi, que nous apprenions à quel point les politiciens se sont fait du capital politique sur le dos des contribuables avec le fameux plan de relance du fédéral.

– 57% des projets de plus de $1 million on été réalisé dans des circonscriptions où le député élu est un conservateur alors que le parti ne détient que 46% des sièges. Ça veut dire que les circonscriptions conservatrices ont eu 24% plus de projets qu’ils auraient dû en avoir s’ils avaient été répartis uniformément.

–  C’est au Québec que l’écart est le plus prononcé. Les circonscriptions conservatrices ont obtenu 22% des projets alors qu’ils n’ont que 13% des sièges. Même si le Québec représente 23% de la population canadienne, seulement 7% des projets supportés par le plan de relance s’y trouvent.

– L’Ontario, où le gouvernement conservateur a besoin de gagner plus de sièges pour former un gouvernement majoritaire, a obtenu 54% des projets alors qu’elle ne représente que 39% de la population.

– En Nouvelle-Écosse, le gouvernement a mis plus d’argent dans les 3 circonscriptions conservatrices que dans les 8 circonscriptions de l’opposition réunies.

 Si vous vous demandiez pourquoi les gouvernements s’entêtent à faire des plans de relance même si nous savons que ça ne donne pas grand chose, vous avez la réponse. Les politiciens adorent ces programmes puisque ça leur permet de se faire du capital politique et de préparer la prochaine élection en dépensant notre argent dans leur intérêt. Ça leur permet aussi de s’approprier le mérite d’une reprise économique éventuelle et de passer pour des héros.

Merci à Renart L’éveillé pour cette trouvaille.

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L’une des raisons d’être positif relativement à l’économie canadienne à court et moyen terme est la hausse fulgurante du prix des ressources cette année. Le cuivre, le nickel, l’aluminium, l’acier, l’or, l’argent, le pétrole et même le gaz naturel sont en forte hausse ce qui est excellent pour notre économie. Mais pourquoi le prix de ces matières premières augmente-t-il autant à ce stade-ci du cycle économique?

Réponse: la Chine! Encore eux.

Tout d’abord, le gouvernement chinois a dépensé $586 milliards en infrastructures (routes, chemins de fer, centrales d’électricité et résidences) cette année dans le cadre de son plan de relance, lequel comprend aussi des baisses d’impôts et des subventions diverses. Ensuite, la politique monétaire du gouvernement Chinois est ultra-expansionniste. La presse à billets roule à fonds de train là-bas aussi ce qui a mené à une hausse de l’endettement (environ $1.3 billions* en nouveaux prêts dans les 9 premiers mois de 2009). Finalement, la devise chinoise est encore maintenue en situation de sous-évaluation, ce qui bénéficie à ces exportations et donc à sa production industrielle locale.

Tous ces éléments ont généré beaucoup de demande pour les ressources ci-haut mentionnées et le Canada est très bien placé pour en profiter. Mais combien de temps cela pourra durer? Le plan de relance se terminera l’an prochain. La politique monétaire devra se raffermir aussi l’an prochain lorsque l’inévitable inflation se pointera le bout du nez. Le yuan devra être ré-évalué à la hausse ce qui sera négatif pour les exportations. Bref, lorsque le stimuli gouvernemental sera retiré, il y a de bonnes chances que le ballon se dégonfle assez rapidement.

Il y a aussi le phénomène de reconstruction des inventaires. La production industrielle mondiale a commencé à rebondir récemment. Elle avait été coupée encore plus que la baisse des ventes ne le justifiait durant la récession, ce qui a fait en sorte que les inventaires sont devenus très bas. La production doit donc augmenter (temporairement?)pour rebâtir des inventaires plus appropriés. Lorsque les inventaires seront revenus à la normale, il faudra que la demande finale soit au rendez-vous pour que la production se maintienne. Présentement, la demande finale provient essentiellement des dépenses gouvernementales, mais cette situation est insoutenable à long terme. Les gouvernements ne pourront pas maintenir le rhytme sans bousiller leur situation financière (déficits / dette). Il faudra que les consommateurs dépensent et que les entreprises investissent.

Mais que font les consommateurs? Ils économisent! Le dernier boom économique s’est produit par l’endettement des ménages. Ceux-ci remboursent présentement leurs dettes plutôt que de dépenser. Et les entreprises font essentiellement la même chose devant la grande incertitude économique à laquelle elles font face. Elles coupent dans les coûts pour maintenir leurs flux monétaires positifs. 

Ce graphique montre la croissance du crédit octroyé par les banques américaines. Les entreprises et les ménages n’empruntent plus; ils remboursent leurs dettes.

bank credit

L’endettement des américains (et de la plupart des pays industrialisés) a d’ailleurs atteint un niveau insoutenable. Ce graphique (du Mises Institute) montre la dette totale des américains (gouvernement + entreprises + ménages) en pourcentage du PIB. Ce ratio ne pouvait augmenter indéfiniement et devra diminuer.

USdebttoGDP

 *$1.3 billions = $1,300,000,000,000

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Le magazine hedbomadaire The Economist* a maintenant une nouvelle chronique intitulée « Schumpeter » en l’honneur de l’économiste Joseph Schumpeter, connu pour sa fameuse théorie de la destruction créatrice.

Voici un résumé de cette théorie (Wikipedia):

Les crises ne sont pas de simples ratés de la machine économique ; elles sont inhérentes à la logique interne du capitalisme. Elles sont salutaires et nécessaires au progrès économique. Les innovations arrivent en grappes presque toujours au creux de la vague dépressionniste, parce que la crise bouscule les positions acquises et rend possible l’exploration d’idées nouvelles et ouvre des opportunités. Au contraire, lors d’une période haute de non-crise, l’ordre économique et social bloque les initiatives, ce qui freine le flux des innovations et prépare le terrain pour une phase de récession, puis de crise.

La destruction créatrice désigne le processus de disparition de secteurs d’activité conjointement à la création de nouvelles activités économiques.

Les récessions exposent les faiblesses de certains modèles d’affaires vétustes, elles créent de nouvelles opportunités et tuent les mauvaises habitudes, laissant le champs libre aux nouvelles idées innovatrices. Les facteurs de productions peuvent être achetés de ceux qui les utilisent mal par ceux qui les utiliseront mieux.

Les exemples sont nombreux.

DuPont a investi massivement en recherche et développement et a engagé des scientifiques qui étaient au chômage durant la Grande Dépression.  Vers la fin des années 1930s, 40% de ses ventes provenaient de produits qu’elle avait développé durant la dépression, tels que le nylon et le caoutchouc synthétique.

Les entreprises qui ont pris leur envol durant la Grande Dépression sont nombreuses, incluant Revlon, Hewlett-Packard, Polaroid et Pepperidge Farms.

C’est quand l’Union Soviétique s’est effondrée, plongeant la Finlande en sérieux problèmes économiques, que Nokia a décidé d’abandonner 90% de ses lignes d’affaires pour se concentrer sur les télécommunications, surtout sur la téléphonie sans-fil, industrie dont elle est devenue l’un des leaders.

Une étude de Bain Capital Group sur la période 1985-2001 a démontré que les fusions/acquisitions réalisées durant les récession ont généré un rendement environ 15% supérieur à celles faîtes durant les périodes de croissance économique.

La Fondation Kauffman, laquelle étudie l’entreprenariat, mentionne que la moitié des entreprises du Fortune 500, incluant FedEx, CNN et Microsoft, ont été fondées soit durant des récessions ou durant des périodes de faiblesse économique. La plupart de ces entreprises sont apparues à partir d’idées qui ont révolutionné leur industrie.

Comme le disait Schumpeter: “The essential point to grasp is that in dealing with capitalism we are dealing with an evolutionary process.” Imaginez l’efficience et la superbe complexité de la sélection naturelle appliquée à l’économie. Imaginez la chauve-souris sans son système de guidage ultra-son, la giraffe sans son long cou pour atteindre les feuilles élevées, le caméléon sans son camouflage, une araignée sans sa capacité à tisser des toiles ou le hérisson sans son système de défense. Ces « innovations » sont le fruit de l’évolution sous la pression de l’environnement; de la compétition pour la survie.

La destruction créative ne fonctionne pas dans une économie socialiste. L’État y a le monopole et n’a aucune pression compétitive pour stimuler l’amélioration de la productivité par l’innovation. C’est ce qui a été observé en Union Soviétique après la chute du rideau de fer. On y a observé de la machinerie agricole fonctionnant avec des moteurs à vapeur développés dans les années 1920s.

L’industrie pétrolière Soviétique fut aussi un cas spectaculaire démontrant ce qui se produit en l’absence de destruction créative. Les technologies utilisées dans les années 1980s dataient des années 1950s, et ce allant du simple outil de forage jusqu’aux activités de raffinage. Le matériel de forage était primitif; incapable de dépasser 3,000 pieds sans se briser (ce qui est un problème majeur lorsque la plupart des gisements restants dépassaient cette profondeur).

En somme, s’il y a un côté positif dans une récession, c’est bien la destruction créatrice. Celle-ci est un moteur d’innovation et d’amélioration de notre niveau de vie. C’est pourquoi il faut s’opposer aux plans de relance et aux bailouts, lesquels agissent comme du sable dans l’engrenage de la destruction créatrice et du capitalisme. Les gouvernements pensent que par leur interventionnisme, ils peuvent enrayer les cycles économiques, comme le suggérait Keynes. Ce faisant, ils ne font que les amplifier!

Il est certain que la destruction créatrice crée du chômage temporaire. Les travailleurs dont les compétences sont rendues obsolètes par une innovation technologique entrent dans une période de transition où l’on verra ces ressources humaines être allouées à d’autres activités dans l’économie. La mobilité des travailleurs n’étant pas parfaite, cette transition est parfois difficile, mais c’est le prix à payer pour le niveau de vie duquel nous bénéficions grâce au capitalisme.

Il serait stupide de stopper l’innovation et le progrès au nom de la protection de ces emplois archaïques. C’est pourtant ce que l’on fait lorsque l’on empêche le libre-marché de fonctionner.

En terminant, voici une excellente illustration de ce phénomène, tirée d’un article de W. Michael Cox et Richard Alm:

creative_destruction

 

*Référence: The Economist, 3 octobre 2009, p. 82.

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Il y a quelques semaines, je vous faisait part de mes réserves face à l’amélioration des indicateurs économiques de la fin de cet été dans un billet publié le 31 juillet dernier.

En effet, la reconstruction des inventaires, le programme cash-for-clunkers et les autres dépenses gouvernementales reliées au stimulus plan étaient derrière ces indicateurs économiques, et ce genre de chose ne peut soutenir une reprise économique forte et durable.

Or, les keynesiens commencent peut-être à rire jaune. Les indicateurs économiques des deux dernières semaines ont été plutôt faibles aux États-Unis:

Existing home sales -2% en août.

Manufacturing orders -2.4% en août.

Auto sales -35% en septembre.

ISM -0.6% en septembre.

Taux de chômage 9.8% (+0.1%) en septembre, accompagné de 263,000 pertes d’emplois.

Le S&P500 est en baisse de -4.1% depuis le 22 septembre, et le S&P/TSX en baisse de -5.2%.

La réalité est que le consommateur ne dépense pas (parce que l’emploi est mauvais), l’investissement non-gouvernemental est figé et les entreprises n’embauchent pas. Le gouvernement aura beau imprimer de l’argent et dépenser tant qu’il le voudra, il ne créera pas de richesse de cette façon. Finalement, le système bancaire américain est encore en lambeaux; le FDIC (assurance-dépôts) n’a plus que $10 milliards dans ses coffres et anticipent environ $100 milliards de pertes au cours des prochaines années à cause des faillites bancaires. Les États-Unis ont peut-être atteint le fonds du baril, mais il semble qu’ils pourraient y rester pour un bon bout de temps.

Pendant ce temps, le Canada bénéficie d’une embellie dans les prix des ressources (pétrole, or, cuivre, nickel, zinc et même l’aluminium et le gaz naturel montre des signes de vie). La Chine est bien entendu derrière cette situation. De plus, notre système bancaire est en bonne santé et notre marché immobilier a repris du poil de la bête (bien qu’il n’en avait pas vraiment perdu). Notre gouvernement est en meilleure posture financière; il a moins dépensé. Finalement, le Canada a relativement moins imprimé d’argent, ce qui est d’autant plus positif pour sa devise (et notre pouvoir d’achat). Pas surprenant que la bourse canadienne ait fait mieux que celle de nos voisins depuis le début de l’année, sur 1 an, 3 ans et 5 ans. C’est d’ailleurs au Canada que je vous recommanderais d’investir à ce point-ci, plutôt qu’aux États-Unis.

P.S.: Ne manquez pas mon dossier sur le pétrole, dont la première partie (sur quatre) sera publiée lundi matin.

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C’est dans un article publié dans le Quarterly Review of Economics and Finance de Frévrier 2009 qu’a été présentée la nouvelle étude de Khurshid M. Kiani sur le « crowding-out effect ». Pour les néophytes en économie, l’effet crowding-out se produit lorsque le gouvernement génère des déficits pour stimuler l’économie (à la Keynes). Ces déficits sont financés par de la dette, laquelle est achetée par des investisseurs. Cela a comme impact d’augmenter l’offre d’obligations sur les marchés, ce qui a un effet à la hausse sur les taux d’intérêt.

Bref, le gouvernement innonde les marchés obligataires, ce qui crée un surplus de titres de dette. Pour attirer davantage d’investisseurs, les taux doivent augmenter.

Quel est son impact? Un taux d’intérêt plus élevé signifie que les entreprises privées et autres emprunteurs doivent se financer à un taux plus élevé. Cela a un effet négatif sur l’investissement, la consommation et donc sur la création d’emplois. Ainsi, en voulant stimuler l’économie, le gouvernement se trouve à l’étouffer. Le taux directeur de la Federal Reserve a beau être de 0%, c’est sur les marchés que les entreprises et particuliers doivent se financer.

L’étude de Kiani visait donc à mettre à jour des études antérieures avec les données récentes. Sa conclusion est sans équivoque: les récents déficits de Bush/Obama ont créé un effet crowding-out encore plus prononcé que par le passé.

Le crowding-out effect est un des arguments les plus puissants contre le keynesianisme, puisqu’il a été documenté et mesuré empiriquement depuis les années 1960. Néanmoins, les politiciens continuent évidemment de l’ignorer, puisque l’abandon des politiques keynesianistes exigeraient qu’ils dépensent moins, ce qui n’est pas dans leur intérêt. Quoi de mieux qu’un bon « stimulus package » pour faire passer le nouveau président pour un héros.

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Ce vendredi, nous apprenons que le PIB américain n’a régressé que de -1% au dernier trimestre, comparativement à -6.4% le trimestre précédent. Il n’en fallait pas moins pour que les keynesiens se félicitent et attribuent le mérite au plain de relance de Obama!

Il faut cependant voir plus loin que le bout de son nez. Les dépenses gouvernementales font partie du calcul du PIB. Donc si le gouvernement dépense, c’est simplement arithmétique: le PIB augmente! Qu’arrivera-t-il lorsque le gouvernement réduira les dépenses? Il faudra que les consommateurs et entreprises prennent la relève et génèrent de la VRAIE croissance économique. Avec le taux de chômage approchant les 10%, il n’y aucun signe que ça va être le cas.

L’autre élément à considérer est que les inventaires ont énormément diminués au cours des trimestres précédents en raison de la diminution drastique de la production. Ce trimestre-ci et le prochain seront probablement plus forts que prévu étant donné que les inventaires sont en reconstruction. Après, il faudra que la demande finale se pointe pour que la croissance soit soutenable; sinon c’est le « double-dip » et on retourne en récession!

Bref, il ne faut pas confondre corrélation et causalité. Il est encore trop tôt pour célébrer les bienfaits du ARRA.

Voici les articles de référence:

http://www.epi.org/publications/entry/gdppicture20090731/

http://www.nytimes.com/2009/08/01/business/economy/01econ.html

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