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L’une des principales craintes face au libre-marché est qu’il engendre des monopoles. Les monopoles, aussi rares soient-ils, ne sont pas nécessairement une mauvaise chose. C’est plutôt le comportement monopolistique qui cause du tort à la société. Ce comportement consiste à faire en sorte que les marges de profits soient anormalement élevées (en augmentant les prix ou en réduisant la qualité du produit/service).

Ceci étant dit, ce genre de comportement ne durera pas longtemps sur un véritable libre-marché. Les marges anormalement élevées attireront les nouveaux entrants qui livreront une guerre de prix au monopoliste. Cependant, tel que démontré dans un article antérieur, la règlementation élevée bloque les nouveaux entrants ce qui empêche la concurrence de jouer son rôle dans l’industrie bancaire canadienne, qui est peut compétitive et génère des marges de profits anormalement élevées malgré la présence de 6 gros concurrents entre autres.

À cet égard, le Groupe TMX est un excellent exemple de cette dynamique. Évidemment, l’industrie boursière canadienne est sujette à un certain niveau de règlementation, mais malgré cela, la concurrence est quand même venu à bout de la situation monopolistique qui prévalait dans cette industrie il y a à peine quelques années. Imaginez ce que ce serait sur un « véritable libre-marché »…

(suite…)

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Si vous voulez en apprendre sur Hydro-Québec et sur sa privatisation potentielle, je vous recommande de lire l’excellente publication de Claude Garcia sur notre entreprise d’électricité nationale (voir lien au bas du billet). Je reviendrai pas ici sur les arguments de cette étude, mais il y a quelques points qui me titillaient un peu. Je vous propose donc de voir les choses d’un oeil d’investisseur, parce que c’est ce qu’Hydro-Québec est véritablement pour les Québécois: un investissement qui a été fait avec notre argent.

L’un des arguments que j’entend souvent de ceux qui sont contre l’augmentation des tarifs d’H-Q est que le rendement de l’avoir des actionnaires de l’entreprise (en bon français: return on equity ou ROE) est très compétitif et que, par conséquent, même avec les bas tarifs actuels, les Québécois sont bien compensés pour leur investissement « implicite » dans Hydro-Québec. Effectivement, le ROE d’Hydro-Québec s’est chiffré à 15.4% en 2008, ce qui est très bon pour une entreprise de services publics et occupe le haut du peloton comparativement aux entreprises canadiennes cotées en bourse de l’industrie (voir tableau ci-bas). Ainsi, ceux-ci affirment qu’une augmentation des tarifs serait abusive.

Cependant, laissez-moi nuancer un peu les choses. Premièrement, H-Q paie un dividende au gouvernement Québécois, tout comme les entreprises comparables paient un dividende à leurs actionnaires, mais elle n’est pas assujettie à l’impôt. Si on lui appliquait un taux d’imposition de 30%, son ROE baisserait à 10.8%. C’est quand même compétitif comparativement au groupe témoins, mais c’est beaucoup moins spectaculaire que 15.4%.

Deuxièmement, H-Q bénéficie d’un immense avantage que les entreprises comparables n’ont pas. Elle a accès, depuis 1969 et ce jusqu’en 2041, à 31.8 TWh d’électricité de la centrale Churchill Falls au Labrador au prix dérisoire de 0.27 cents le KWh! C’est 40 fois moins que son coût marginal de production! En comparaison, pour 2008, H-Q a obtenu un prix de 9.76 cents le KWh pour ses exportations hors-Québec. De plus, son coût marginal de production est entre $0.08 et $0.12 le KWh. Aussi bien dire qu’elle obtient cette énergie pour rien! L’étude de M. Garcia estime l’impact sur le bénéfice de cet avantage à environ $2 milliards. En me basant sur les chiffres de 2008, j’arrive à peu près à la même estimation. Si l’on ajuste le ROE après impôts d’Hydro-Québec en conséquence, on obtient un dérisoire 5.6%.

Ce chiffre est inférieur au coût de la dette de l’entreprise, ce qui fait en sorte que les Québécois n’obtiennent pas un bon rendement sur les investissements d’Hydro-Québec. Évidemment, l’augmentation des tarifs ne serait pas la seule façon d’améliorer le rendement d’Hydro-Québec. L’étude de M. Garcia démontre bien qu’il y a beaucoup d’inefficacités au sein de l’entreprise, tant au niveau des opérations, que du développement et de la structure. Le manque de productivité d’Hydro-Québec n’a d’égal que son manque de compétition. M. Garcia suggère la privatisation pour remédier à cette situation.

Ceci étant dit, il y a deux contre-arguments que j’aimerais démystifier.

Premièrement, les gauchistes nous diront que puisque H-Q bénéficie d’un tel avantage (bas coût de production en raison de Churchill), pourquoi n’en ferait-elle pas bénéficier les Québécois? La réponse est fort simple! Le prix dérisoire de l’électricité du bloc patrimonial, lequel n’est soutenable qu’en raison du faible coût de l’approvisionnement de Churchill Falls, fait en sorte que les consommateurs Québécois paient environ $0.07 par KWh (tarif résidentiel pour 1,000 KWh). Ce faible prix fait en sorte que la demande d’électricité est très forte au Québec.

Pour subvenir à la demande, H-Q doit sans cesse augmenter sa capacité de production par de coûteux investissements, et doit même importer de l’électricité durant les périodes de pointe de l’hiver. Tel que mentionné précédemment, son coût marginal de production est entre $0.08 et $0.12 (éolien, la Romaine, etc), ce qui signifie que l’entreprise perd de l’argent au fur et à mesure qu’elle investit dans sa capacité de production. Le prix qu’elle obtient en vendant sa production aux Québécois est inférieur à ses coûts de productions au niveau des nouvelles centrales qu’elle développe. Pas très winner comme stratégie d’investissement.

Deuxièmement, les gauchistes nous diront que ce n’est pas grave puisque les actionnaires et les clients d’Hydro-Québec sont essentiellement les mêmes personnes. Ceci est une grave erreur conceptuelle car cette affirmation insinue que nous sommes indifférents entre une baisse du prix de l’électricité et une baisse des impôts par exemple. Or, des impôts élevés découragent le travail, et donc la création de la richesse, alors que des tarifs d’électricité bas subventionnent la consommation d’électricité. En augmentant les tarifs d’électricité et en utilisant l’argent pour réduire les impôts, nous encouragerions le travail tout en incitant à l’économie d’énergie.

Il est d’ailleurs prouvé que les grands consommateurs d’électricité ne sont pas les pauvres, mais bien les riches, avec leurs immenses maisons à garages triple, ainsi que les entreprises. Quant aux moins nantis, des mesures pourraient très bien être mises en place pour les aider à transitionner vers un monde où l’énergie est vendue au juste prix. De plus, comme la consommation d’électricité baisserait au Québec en réponse à une augmention des tarifs, H-Q aurait davantage d’électricité à exporter, ce qui lui permettrait de réaliser encore plus de revenus. Finalement, comme l’électricité produite par H-Q est propre comparativement à celle produite en Ontario et dans le Nord-Est des États-Unis (charbon / gaz naturel), ces exportations permettraient de réduire les émissions polluantes.

Pour ce qui est de la privatisation d’H-Q, je ne favoriserais pas l’approche du premier appel public à l’épargne (PAPE) tel que le suggère M. Garcia, mais plutôt une vente graduelle des actifs à des entreprises privées. Les niveaux d’évaluation obtenus par ventes d’actifs hydro-électriques ont été nettement supérieurs à ceux auxquels transigent les entreprises publiques de l’industrie. De plus, une vente graduelle permettrait aux marchés des capitaux d’absorber plus facilement ces investissements. Nous aurions donc davantage de produits de ces ventes, qui pourraient être utilisés pour rembourser la dette provinciale. La réduction de la charge d’intérêts qui en découlerait pourrait être utilisée pour donner au Québec une plus grande marge de manoeuvre financière face au défi démographique qui nous attend.

  ROE 2008 Statutoty tax rate
Hydro-Québec 15.4% 0.0%
TransCanada 12.7% 29.5%
Enbridge 10.8% 31.3%
TransAlta 9.8% 30.0%
Fortis 8.7% 33.5%
Emera 9.9% 35.5%
Canadian Utilities 15.7% 29.5%

Source: Rapports annuels.

http://www.iedm.org/main/show_publications_fr.php?publications_id=234

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