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Posts Tagged ‘pic pétrolier’

L’une des critiques les plus fréquentes du capitalisme est qu’il occasionne la destruction de l’environnement. Ces critiques émanent souvent du mythe selon lequel la qualité de notre environnement est en constante dégradation. Si vraiment la pollution était devenue un si grave problème, nous observerions que l’état de santé des populations des pays industriels ne cesse de se dégrader. Or, c’est plutôt le contraire qui se produit : l’espérance de vie moyenne a fortement progressé depuis le début du siècle et a continué de s’allonger au cours des deux dernières décennies. Cela va de pair avec le fait que la qualité de l’air et de l’eau s’est nettement améliorée au cours de ces deux décennies.

Si on utilise l’indice de liberté économique de l’Institut Frazer comme mesure du niveau de capitalisme d’un pays et qu’on le compare à l’indice de performance environnementale développé par les universités de Yale et Columbia, on constate que plus un pays est capitaliste (i.e. libre économiquement), plus sa performance environnementale est élevée.

(suite…)

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Selon Jean-François Lisée et ses copains écolo-fascistes d’Équiterre, le gouvernement Québécois devrait intervenir pour réduire la dépendance du Québec au pétrole. Tout d’abord, leur analyse est basée sur certaines prémisses qu’il convient d’énumérer:

1) Le pic pétrolier est imminent: Selon Équiterre, il ne fait aucun doute que le pic pétrolier fera incessamment monter le prix du pétrole, ce qui résultera en une véritable catastropĥe économique pour le Québec parce que nous en consommons, mais n’en produisons pas (encore). Voir mon dossier sur le sujet ici.

2) Il faut réduire les GES: Selon Équiterre, le réchauffement global anthropogénique est réel, donc les humains doivent réduire leurs émissions de GES. Pour une raison inconnue, le Québec se doit d’être un précurseur à cet égard.

3) Importer du pétrole, c’est mal: Équiterre semble perpétuer la croyance populaire selon laquelle il faut absolument être un exportateur plutôt qu’un importateur. Pour une raison inconnue, cela est encore plus important lorsqu’il s’agit de pétrole.

Premièrement, si les Québécois achètent du pétrole, c’est parce que cette source d’énergie leur convient à ce prix. Lorsque ce ne sera plus le cas, les alternatives apparaîtront et l’économie s’adaptera, pas besoin d’intervention étatique pour cela. Comme je le mentionnais ici, l’adaptation sera douloureuse, mais l’intervention étatique ne fera qu’empirer les choses.

D’ailleurs, si on observe les chiffre de production et de consommation pour les pays industrialisés, il semble que le pic pétrolier est déjà derrière nous et que l’adaptation est déjà en branle, avec ou sans l’intervention de l’État. En fait, je crois que l’État ne peut qu’empirer les choses en faisant de mauvais choix, comme ce fut le cas avec le fiasco de l’éthanol à base de maïs.

Deuxièmement, le Québec est déjà un faible émetteur de GES grâce à son réseau hydro-électrique / éolien. Pourquoi faudrait-il en faire encore plus au niveau des GES pour le moment? D’ailleurs, il n’y a définitivement pas encore de consensus au sujet des changements climatiques.

Troisièmement, le commerce international, comme n’importe quel échange, consiste à échanger un bien pour un autre bien qui nous procure davantage d’utilité. Ainsi, les deux parties de l’échange améliorent leur utilité économique. Si le Québec est un importateur de pétrole, c’est parce qu’il y voit un avantage. Lorsque ce ne sera plus le cas, nous n’en importerons plus, c’est tout. Adam Smith a démontré à quel point la division du travail améliore le niveau de vie de la société. Cela implique que nous ne pouvons produire l’ensemble des biens et services dont nous avons besoin. C’est pourquoi nous faisons du commerce international et importons ces biens et services que nous ne produisons pas; le pétrole en fait partie. Nous avons tous un incitatif à consommer moins de pétrole; cet incitatif se nomme le prix. Le prix dictera notre comportement économique et forcera notre adaptation à un monde où le pétrole est de plus en plus rare. Pas besoin de mesures étatiques fascistes pour forcer une adaptation qui pourrait bien être prématurée.

D’ailleurs, il ne faut pas oublier que le Québec pourrait très bientôt devenir un producteur de pétrole, grâce aux récents développements technologiques permettant d’exploiter les schistes. D’autre part, il ne faut pas oublier non plus que le Québec bénéficie grandement de la production pétrolière de l’Alberta grâce à la péréquation.

Ceci étant dit,  Équiterre propose cinq grands chantiers étatiques visant à réduire notre dépendance au pétrole. 

1) Équiterre plaide pour articuler le développement des villes autour de principes d’économie d’énergie, entreprendre la densification des milieux déjà construit tout en créant des « coeurs villageois » et imposer un moratoire sur toute nouvelle construction en « zone verte ».

Ce que Équiterre ne comprend pas est qu’il y a des raisons pour lesquelles les gens s’intallent en banlieue (prix immobiliers moins élevés, meilleure qualité de vie). Pour eux, ces raisons justifient pleinement le déplacement et le coût en essence. De plus, Équiterre n’explique pas concrètement comment ils s’y prendraient pour densifier les banlieues et quelles sont les implications (par exemple, y aurait-il des expropriations?). Je n’ai rien contre les villes qui font de l’urbanisme, mais ce n’est pas à Équiterre ni au gouvernement provincial de leur imposer des « coeurs villageois » ou tout autre aménagement.

2) Équiterre propose aussi que d’ici 2030, 80% des Québécois disposent d’une alternative abordable et attrayante à la voiture solo et que les grandes villes québécoises soient reliées par un réseau efficace de trains.

Le problème principal avec les trains de banlieue au Québec est qu’ils sont entre les mains de l’État! Le train ainsi que tout autre transport en commun n’est viable que si la demande le justifie. Un train vide à 80% est plus énergivore qu’une voiture occupée par deux passagers. Or, l’AMT et la STM sont totalement déconnectés de la demande (je peux en témoigner). Les investissements sont insuffisants et mal planifiés, le service est médiocre et les coûts sont gonflés par des syndicats gourmands et la bureaucratie étatique. La privatisation des transports en commun serait la meilleure façon d’assurer un service compétitif, rentable et au diapason de la demande du marché.

3) Équiterre voudrait réduire la consommation de carburant du transport de marchandise en favorisant les carburants de remplacement, en favorisant le transfert modal et en valorisant la consommation de produits locaux.

Comme si les entreprises de camionnage n’essayaient pas déjà de réduire leur consommation d’essence et que les expéditeurs ne tentaient pas déjà d’optimiser les routes en utilisant les différents modes de transport! Et à quels carburants de remplacement Équiterre fait-elle référence? À ma connaissance, nous n’en disposons pas encore qui puisse rivaliser avec le pétrole.

D’autre part, la valorisation des produits locaux implique des mesures protectionnistes néfastes pour la compétitivité du Québec. Lorsque le prix du pétrole sera à $250/baril, les produits locaux seront naturellement favorisés par le libre-marché, mais pour le moment il n’y a pas de problème.

4) Équiterre souhaite également une réduction du kilométrage moyen des aliments disponibles en épicerie à un rayon de 500 km et une amélioration du bilan énergétique des agriculteurs.

Encore une fois, même raisonnement qu’au point numéro 3. Aucune action immédiate n’est requise de l’État. Les agriculteurs ont un incitatif à réduire leur consommation d’énergie pour maximiser leur profit.

5) Équiterre propose finalement une conversion de 90% des systèmes de chauffage au mazout vers des formes d’énergie renouvelables.

À cet égard, on peut supposer qu’Équiterre souhaite que l’État subventionne ces investissements, qui ne sont présentement pas justifiés si on fait une analyse coût / bénéfice. En quoi ces résidents chauffant au mazout méritent-ils un tel cadeau de l’État? C’est une injustice flagrante pour les contribuables.

Conclusion:

En somme ce rapport n’est que du pelletage de nuage écolo-fasciste pour tenter de régler une problème qui n’en est pas un. Équiterre voudrait que l’État force le Québec à délaisser le pétrole, alors que les marchés, si laissés libres, génèreront le changement naturellement. Les proposition d’Équiterre ne sont pas bien concrètes et plutôt naïves.

Si le Québec consomme beaucoup de pétrole, c’est parce que cette forme d’énergie est présentement la plus avantageuse. Il n’y a aucune raison de changer cela et lorsque ce ne sera plus le cas, le Québec s’adaptera.

 

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Cette série d’articles sur le pétrole vise à démystifier les faits reliés au pic pétrolier ainsi qu’à fournir une vue plus rationnelle entre les alarmistes anticipant une catastrophe économique et ceux qui nient systématiquement ces faits. Ce dossier sera divisé en quatre parties : la consommation, les réserves, la production et les conclusions.

Les Conclusions : pic pétrolier = prix élevé.

En somme, nous avons vu que le maintient et l’augmentation des réserves exploitables de pétrole sont intimement liés à un prix du pétrole élevé et croissant, ainsi qu’au développement des technologies dans l’industrie, et non à la découverte de nouveaux gisements. Nous n’épuiserons jamais tout le pétrole qui se trouve sous la croûte terrestre, parce qu’une bonne partie de ce pétrole est inaccessible et que le prix ne justifiera jamais les coûts nécessaires à le produire.

Au niveau de la production, si nous avons un déclin naturel de la production actuelle d’environ 5% par année et une augmentation moyenne de la consommation mondiale de 2.4%, ce sera tout un défi de faire croître la production pour non seulement combler le manque à gagner du déclin naturel, mais aussi subvenir à la croissance de la demande. C’est comme courir sur un tapis-roulant qui va de plus en plus vite.

Comme nous l’avons vu dans la troisième partie, les nouveaux projets sur lesquels nous comptons pour la production future ont des coûts de production très élevés et requièrent un prix du pétrole tout aussi élevé pour faire du sens économiquement. Comme la demande est plutôt inélastique à court et moyen terme, il faudra que le prix augmente beaucoup pour que le marché demeure en équilibre.

Donc, la conséquence principale du pic pétrolier est que le prix va continuer d’augmenter drastiquement. Et comme le pétrole est partout dans nos vies, ça veut donc dire que le monde va changer radicalement au cours des 20 prochaines années. Cela ne veut pas nécessairement dire une catastrophe. Plusieurs alarmistes brandissent le spectre d’un désastre économique et politique. Cela est exagéré selon moi. L’économie et la société vont réussir à s’adapter, mais ce sera tout de même un changement majeur pour notre mode de vie et tout un défi pour l’humanité. Voici quelque-uns des changements que j’anticipe :

–         Les automobiles et l’utilisation que nous en faisons vont changer. Nous utiliserons davantage les carburants alternatifs (éthanol, gaz naturel), les technologies hybrides ou simplement électrique. Nous allons utiliser des véhicules plus petits, surtout en ville. Nous allons moins conduire; rationner nos déplacements, utiliser davantage le transport en commun.

–         Nous allons vivre plus près de notre travail; peut-être même faire davantage de télétravail. Ces banlieusards qui travaillent à Montréal vont peut-être reconsidérer leur positionnement géographique. C’est tout le développement des banlieues éloignées qui sera à reconsidérer.

–         Le transport aérien va connaître des temps fort difficiles. Le coût du carburant rendra certains voyages carrément illogiques. Les voyageurs d’affaires utiliseront davantage le train et la vidéo-conférence. Fini les tout inclus à Cuba pour $800. Nous voyagerons sur de moins grandes distances et à moindre fréquence.

–         Le commerce international aussi sera affecté, car les coûts de transports sont fortement corrélés au prix du pétrole. Vous n’avez qu’à regarder le Baltic Dry Index (voir graphique plus bas), qui mesure les prix du transport paquebot et qui suit le prix du pétrole comme une queue de veau. L’augmentation des coûts de transports fera en sorte que de plus en plus de biens seront produits localement plutôt qu’à l’autre bout de planète.

–         À cet égard, les allées des supermarchés pourraient aussi changer. Vos poivrons rouges du Mexique, vos tomates de Californie, vos oranges de Floride, vos bananes du Costa Rica, vos saumons de la Norvège (apprêtés en Chine); le prix de ces aliments venant des quatre coins de la planète augmentera significativement, rendant leur consommation fort onéreuse.

–         D’ailleurs, l’agriculture aussi devra changer. L’agriculture industrielle moderne pourrait très bien être décrite comme étant simplement une méthode consistant à convertir du pétrole et du gaz naturel en nourriture. Nous utilisons le gaz naturel et le pétrole pour fabriquer les fertilisants, pesticides et herbicides si importants à la performance des récoltes. Nous utilisons du pétrole pour faire rouler toute la machinerie qui a permis à la productivité agricole d’augmenter ces dernières décennies (tracteurs, pompes d’irrigation, camions, etc) et pour le transport des intrants et extrants de l’agriculture. L’agriculture est l’industrie qui consomme le plus de pétrole aux États-Unis et elle compte pour 17% de la consommation totale d’énergie. Notre système d’agriculture moderne est très dépendant du pétrole.

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 Ce qu’il y a plus à craindre dans tout ça, c’est-à-dire ce qui rendra notre adaptation au pic pétrolier encore plus difficile, c’est l’intervention gouvernementale. Que ce soit par la nationalisation des ressources, l’introduction de prix-plafonds, le rationnement, les sanctions envers les compagnies pétrolières, les subventions, etc, le gouvernement ne peut qu’empirer la situation et rendre le processus de « destruction créative » du capitalisme, qui est soit dit en passant la meilleure chose sur laquelle nous fier face à ce défi, moins efficace.

En somme, l’augmentation du prix du pétrole n’affectera pas seulement vos déplacements en automobile, mais tout ce que vous consommez. Tout coûtera plus cher puisque le pétrole est le sang qui coule à travers les veines de l’économie. Évidemment, l’efficience énergétique du monde s’est beaucoup améliorée et va continuer de s’améliorer à mesure que le prix du baril augmente. Cependant, ce ne sera pas suffisant car jusqu’à maintenant, la hausse de la demande a dépassé les gains d’efficience. C’est tout à fait normal et dû à ce que l’on appelle le paradoxe de Jevons:

Le paradoxe de Jevons, baptisé du nom de son découvreur, l’économiste britannique William Stanley Jevons, énonce qu’à mesure que les améliorations technologiques augmentent l’efficacité avec laquelle une ressource est employée, la consommation totale de cette ressource peut augmenter au lieu de diminuer. En particulier, ce paradoxe implique que l’introduction de technologies plus efficaces en matière d’énergie peut, dans l’agrégat, augmenter la consommation totale de l’énergie. (…) Jevons a observé que la consommation anglaise de charbon a fortement augmenté après que James Watt a introduit sa machine à vapeur, qui était bien plus efficace que celle de Thomas Newcomen. Les innovations de Watt ont fait du charbon une source d’énergie plus rentable, ce qui a conduit à généraliser l’utilisation de sa machine à moteur à vapeur au sein des entreprises. Celles-ci ont à leur tour fait augmenter la consommation totale de charbon, même lorsque la quantité de charbon utilisée dans le cadre d’une utilisation particulière diminuait.

Au niveau de ce qui pourrait retarder l’augmentation du prix, il y a évidemment la continuelle amélioration des technologies de production ainsi que la capacité excédentaire de l’OPEP qui est présentement très élevée (voir graphique ci-bas). À plus de 6 millions de barils/jour, ce surplus pourrait fournir un coussin temporaire à une reprise drastique de la demande. Évidemment, tout comme c’est le cas pour leurs réserves, les pays de l’OPEP surestiment fort probablement ce chiffre. En réalité, leur capacité excédentaire est probablement plus près de 4 millions de barils/jour, ce qui pourrait nous fournir un répit équivalent à 1 an de déclin naturel de la production.

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 En terminant, voici les scénarios de l’EIA publiés en Avril dernier :

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Cette série d’articles sur le pétrole vise à démystifier les faits reliés au pic pétrolier ainsi qu’à fournir une vue plus rationnelle entre les alarmistes anticipant une catastrophe économique et ceux qui nient systématiquement ces faits. Ce dossier sera divisé en quatre parties : la consommation, les réserves, la production et les conclusions.

La production

Trop souvent, les gens qui nient l’importance du pic pétrolier s’attardent aux réserves, alors que la définition même du pic pétrolier est basée sur la production. C’est la pièce la plus importante de cette problématique.

La production de pétrole a augmenté de 31.8 millions de barils par jour en 1965 à 81.8 millions en 2008 (+2.2% par année). Malgré le fait que le prix du baril ait constamment augmenté ces dernières années pour atteindre $147 en 2008, la production de pétrole n’a pratiquement pas augmenté depuis 2005 (+0.9% de 2005 à 2008). Il semble donc que tout comme la demande, la production est maintenant passablement inéalstique.

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D’ailleurs, si l’on excluait les natural gas liquids (NGLs), la production a quelque peu diminué depuis 2005. En effet, les NGLs, même s’ils sont inclus dans la production de pétrole, ne peuvent remplir votre réservoir d’essence; seulement votre briquet ou votre bonbonne de BBQ. La production de NGLs a beaucoup augmenté ces dernières années, ce qui donne une illusion que la production totale d’hydrocarbures a augmenté un peu au cours des 3 dernières années. Cette donnée démontre que la production est présentement sur un plateau qui pourrait s’avérer être le fameux « pic pétrolier », c’est-à-dire le rythme de production le plus élevé atteignable.

 Le problème majeur est que le déclin naturel de la production existante est présentement de 4 millions de barils/jours par année. Qu’est-ce que le déclin naturel? C’est lorsque la production d’un puits de pétrole a terminé sa période d’augmentation rapide et commence à diminuer. La grande majorité des puits qui sont présentement en production ont dépassé ce stade. La production totale suit donc présentement cette fonction, dont la pente est de -4 Mb/d.

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 Un exemple pertinent de ce phénomène est le gisement Cantarell, dans le Golfe du Mexique; le dernier méga-gisement à avoir été découvert sur notre planète (1976). Il s’agit d’une importante source d’approvisionnement pour les États-Unis et sa production est présentement en fort déclin. Je vous invite à comparer ce graphique avec le précédent; la similitude est frappante.

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Cela signifie qu’il faut trouver de nouvelles sources de production de cet ordre (4 millions de barils/jour) à chaque année juste pour maintenir la production égale à l’année précédente; et ce chiffre va continuer d’accélérer. Pour vous donner une idée, les sables bitumineux canadiens ne dépasseront probablement jamais 3 millions de barils/jour…

Ainsi, l’Energy Information Administration (agence du gouvernement américain en charge des statistiques et prévisions sur l’énergie) prévoit qu’il faudra 43 millions de barils/jour en nouvelle production d’ici 2030 pour compenser le déclin naturel de la production et l’augmentation de la demande. Plusieurs experts pensent que les estimations de l’EIA sont plutôt optimistes et que le défi sera encore plus grand.

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D’où viennent les nouvelles sources de production ces dernières années? Pas des puits comme Ghawar, qui sont immenses, sont découverts par un coût de pelle accidentel et dont les coûts de production sont minimes. Ces puits, que je qualifierais de « low hanging fruits », sont en déclin. Les nouvelles sources de production sont beaucoup plus coûteuses : sables bitumineux et les gisements en eaux profondes.

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Par exemple, « l’immense » découverte de BP d’il y a quelques semaines (Tiber : 3.5 milliards de barils) dans le Golfe du Mexique. Le pétrole se trouve à 35,000 pieds sous le fonds de l’océan! C’est l’équivalent de l’Everest…Ça va prendre jusqu’en 2016-2018 avant que la production ne commence, et cette production sera d’environ 300,000 barils/jour. Il faudrait donc trouver 14 gisements comme celui-ci par année juste pour maintenir la production mondiale stable! C’est là où nous sommes rendus pour le futur de la production…

Depuis le milieu des années 1980, le ratio réserves / production s’est maintenu entre 39.8 et 43.4. Cette stabilité est principalement attribuable au fait que le prix du baril a augmenté. En effet, pour que la production suive la croissance de la consommation, il faut que le prix du baril justifie les coûts de production des nouveaux projets, et il faut faire les investissements nécessaires au développement de ces projets.

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Ainsi, le projet de BP ci-haut mentionné et dont les coûts de production sont astronomiques n’est faisable que parce que le prix du pétrole est suffisamment élevé, autrement il serait abandonné. Présentement ce qui est positif est que les coûts d’opérations sont à un niveau très bas en raison du surplus de main d’oeuvre dans l’industrie suite à l’annulation de plusieurs projets. Imperial a réussi à rentabiliser le Kearl Oil Sands Project à un coût assez bas. Les prix des services pétroliers ont baissé de de 20% à 50% au cours des 18 derniers mois, non pas en raison de développements technologiques, mais simplement parce que l’industrie roule présentement à 35% de sa capacité (i.e. un énorme surplus). Cette situation pourrait se renverser rapidement. 

À suivre demain: les conclusions.

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Cette série d’articles sur le pétrole vise à démystifier les faits reliés au pic pétrolier ainsi qu’à fournir une vue plus rationnelle entre les alarmistes anticipant une catastrophe économique et ceux qui nient systématiquement ces faits. Ce dossier sera divisé en quatre parties : la consommation, les réserves, la production et les conclusions.

Les Réserves

Les réserves mondiales de pétrole ont augmenté de 667.2 millions de barils en 1980 à 1,258 millions de barils en 2008, soit +88.5% au total ou +2.3% par année. Au rythme de consommation actuel, les réserves de 2008 représentent 40.8 années de consommation. En prenant comme hypothèse une croissance annuelle de la demande de +2.4%, les réserves représentent moins de 29 ans de consommation.

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Cependant, l’augmentation des réserves ne signifie pas pour autant que nous ayons fait beaucoup de découvertes de nouveaux gisements. Voici un résumé des découvertes pétrolières significatives des 33 dernières années:

Cantarell (Mexique, 1976) 35 milliards de barils (18 milliards exploitables).

Tengiz (Kazakhstan, 1979) 25 milliards de barils.

Priobskoye (Russie, 1982) 13 milliards de barils.

Kashagan (Kazakhstan, 2000) 13 milliards de barils, entrera en production en 2014.

Azadegan (Iran, 2004) 6 milliards de barils.

Tupi (Brésil, 2007). 8 milliards de barils.

Sugar Loaf (Brésil, 2007) 33 milliards de barils.

BP (Golfe du Mexique, 2009) 3 milliards de barils.

Le total de ces découvertes est de 136 milliards de barils. À un taux de recouvrement de 50%, ça équivaut à 4.4 ans de consommation au rythme actuel. Bien sûr, il y a eu beaucoup d’autres plus petites découvertes de moins de 1 milliard de barils, mais ça ne change pas le portrait.

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Alors comment les réserves totales ont elles augmenté de 89% si on ne découvre pas beaucoup de nouveaux gisements? À cause de l’augmentation du prix du pétrole et du développement technologique, qui permettent à certains gisements auparavant jugés inexploitables d’être maintenant considérés comme exploitables.

Prenons par exemple, les sables bitumineux canadiens. Avec un prix du baril à $18 et la technologie de 1980 (et les coûts de production qui vont avec), aucune chance de produire quoi que ce soit économiquement. Mais au fil du temps, les projets se sont développés et, grâce à l’augmentation du prix du pétrole, ils ont été ajoutés aux réserves exploitables. Ce n’est pas une nouvelle découverte, c’est simplement un changement d’évaluation de la réserve.

Il est donc faux de penser que l’augmentation du prix stimule les nouvelles découvertes au point de faire augmenter les réserves. Même si aucune découverte de nouveau gisement n’avait été fait ces dernières années, l’augmentation du prix en elle-même aurait suffit à faire augmenter les réserves mondiales de pétrole. L’exploration a dorénavant une contribution très faible aux réserves. L’augmentation des réserves depuis 1980 donne donc la fausse impression que nous trouvons continuellement de nouvelles réserves de pétrole; alors que la majorité de l’augmentation des réserves depuis 1980 provient de la simple augmentation du prix du pétrole.

Il est vrai que les prix faramineux des dernières années ont stimulé l’exploration et qu’en raison de ces investissements, la première moitié de 2009 a été très prolifique à cet égard. En effet, selon IHS Cambridge Energy Research Associates, il y a eu environ 200 nouvelles découvertes au cours de cette période, totalisant près de 10 milliards de barils. Cependant, même si 2009 sera une année « extraordinaire » au niveau des nouvelles découvertes, comme le monde consomme près de 31 milliards de barils en une année, cela est bien peu.

D’ailleurs, les réserves ne sont pas très importantes lorsque l’on évalue le futur du pétrole. J’aurais beau vous dire qu’il y a du pétrole quelque part à 35,000 pieds sous votre balcon, ça ne vous servirait à rien pour remplir votre réservoir! Il faut l’extraire, le transporter, le raffiner, le retransporter et le distribuer. Ce qui compte pour vous et moi c’est ce qui est disponible à la station du coin. Pas ce qu’il y a enfoui à l’équivalent de l’Everest sous la croûte terrestre. C’est donc sur la production qu’il faut se concentrer.

 À cet égard, les nouvelles découvertes des dernières années sont des gisements qui seront très coûteux à exploiter et qui requièrent des prix du baril de $60-$70 pour être rentables. Et plus les réserves peu coûteuses à exploiter déclineront, plus nous serons dépendants des nouveaux gisements qui sont les plus coûteux à exploiter.

D’ailleurs, depuis la chute drastique du prix du pétrole de 2008, c’est $150 milliards de projets pétroliers qui ont été annulés en raison de la chute du prix.

Ainsi, le maintient et l’augmentation des réserves pétrolières exploitables de la planète sont tributaires d’un prix du pétrole élevé et croissant.

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Cette série d’articles sur le pétrole vise à démystifier les faits reliés au pic pétrolier ainsi qu’à fournir une vue plus rationnelle entre les alarmistes anticipant une catastrophe économique et ceux qui nient systématiquement ces faits. Ce dossier sera divisé en quatre parties : la consommation, les réserves, la production et les conclusions.

La Consommation

La consommation mondiale de pétrole a augmenté de 31.1 millions de barils/jour en 1965 à 84.5 millions de barils/jour en 2008, soit +171.7% au total ou +2.4% par année.

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La consommation a diminué en 2008 en raison de la récession, mais elle a quand même augmenté ces dernières années malgré la hausse fulgurante du prix du baril. La loi de l’offre et de la demande ne semble pas vraiment s’appliquer au pétrole et il y a plusieurs raisons expliquant cette situation d’inélasticité de la demande.

 Tout d’abord, l’augmentation de la consommation provient essentiellement des pays émergents et des pays de l’OPEC. Par exemple, la Chine a augmenté sa consommation de +18% depuis 2003 et l’Amérique latine de +20%. Les pays du Moyen-Orient (la plupart figurant parmi les plus importants producteurs de pétrole) ont quant à eux augmenté leur consommation de +19%. Ces pays accèdent présentement au luxe d’avoir une automobile. Les ventes de véhicules explosent dans ces pays au fur et à mesure qu’une classe moyenne en émerge. Cette nouvelle consommation fait augmenter le prix, ce qui décourage la consommation dans les pays industrialisés. Cette situation va vraisemblablement continuer dans le futur.

 

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 Deuxièmement, dans beaucoup de pays, il n’est pas surprenant que la consommation d’essence ait augmenté de façon exponentielle, puisque ces pays ne paient pas le prix du marché. Ils paient un prix fixe bien en-deçà du juste prix; ils n’ont donc aucun incitatif à rationner leur consommation en réponse à l’augmentation du prix de marché. En voici quelques exemples :

 Venezuela $0.02/litre

Iran $0.10/litre

Lybie $0.14/litre

Arabie Saoudite $0.16/litre

Qatar $0.22/litre

Émirats Arabes Unis $0.45/litre

L’étude suivante donne plus de détails : http://www.gtz.de/de/dokumente/en-int-fuel-prices-6th-edition-gtz2009-corrected.pdf

 Remarquez que ces pays sont aussi d’importants producteurs de pétrole. Cela signifie que l’augmentation de leur consommation « cannibalise » leurs exportations. Ça fait donc moins de pétrole disponible sur le marché mondial.

Le mode de vie des pays industrialisés, et de plus en plus des pays émergents, est centré sur l’automobile. Les véhicules sont devenus plus efficients, mais la consommation a continué d’augmenter. Le nombre de véhicules par foyer est passé de 1.16 en 1969 à 1.86 en 2001. Le nombre de milles parcourus a augmenté de 59% au cours de cette période; le nombre de déplacements a augmenté de 44% et la distance moyenne des déplacements à augmenté de 11% (nous vivons de plus en plus loin de notre travail).

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À suivre demain: les réserves.

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