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Posts Tagged ‘PDVSA’

 J’ai reçu un courriel d’un lecteur nommé Phil qui me posait quelque questions relativement au prix de l’essence. Voici son courriel :

 « Bonjour, Avoir moins d’état, je suis fortement d’accord. Favoriser le libre-marché et la concurrence, je suis fortement d’accord. Cependant, j’essaie de trouver une réponse aux monopoles/oligopoles/cartels. Et je ne trouve pas.

Récemment, David Gagnon publiait un article concernant l’augmentation du prix du baril de pétrole Brent expliquant ainsi son écart avec le WTI. L’observation de Dolcevita est intéressante: Cette taxe peut en effet expliquer la différence entre le prix du Brent et celui du West Texas Intermediate (prix cité par la plupart des médias).
 
Mais elle n’explique pas ceci : en juillet 2008 (prix historiquement haut), le Brent se transigeait à 146$. À Montréal, le prix à la pompe était autour de 1,47$ le litre. Aujourd’hui, le Brent se transige autour de 109$ et le prix à la pompe à Montréal est de 1,33$ le litre. N’importe quel taupin sachant faire une règle de trois se rend bien compte qu’on ne paie proportionnellement pas le même prix qu’en 2008. La prédiction à faire est simple. Lorsque le Brent sera à nouveau autour de 150$, on paiera à la pompe 1,83$ le litre :-O. WTF
 
J’aimerais bien qu’on m’explique cette hausse de près de 35 cents le litre pour un baril payé à un même prix.
 

Je pense que cette réalité pause le problème des monopoles/oligopoles/cartels. Et pas uniquement dans ce secteur là. Je pense également au béton et à l’acier, entre autre chose. Contrôler le prix de vente de son produit est le fantasme de tout businessman, ce qui est contraire à l’esprit du libre-marché et en défaveur des consommateurs. D’habitude, la concurrence règle se problème. Mais tout porte à croire que ce n’est pas toujours le cas. On fait quoi dans ces cas-là, où, selon toutes les apparences, il y a biais du marché? On se passe du pétrole, du béton et de l’acier? Come on!

La question est donc simple : comment se prémunir des effets des monopoles/oligopoles? Peut-être y a-t-il une réglementation qui m’est inconnue et qui cause cette problématique dans le prix de l’essence à la pompe. Le même genre de question avait été posée dans le fil de discussion libre du blogue du QL, sans malheureusement avoir de véritables réponses. Du côté de la construction des contrats publics, la réponse à la collusion/corruption me semble toute simple : ouvrir les appels d’offre à l’international pour éviter de favoriser les petits truands locaux. Peut-être que cela pourrait fonctionner. Mais quand je regarde à l’échelon planétaire, un doute persiste, car il existe également des truands internationaux; une poignée d’entreprises contrôlant la totalité de certains ressources minières, exerçant ainsi une pression à la hausse des prix.

Merci

Phil »

(suite…)

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4.1 – Économie

Il est bien difficile d’évaluer la performance économique du Vénézuela sous Chavez étant donné que le pays a traversé un extraordinaire boum pétrolier sous son règne. Le prix du pétrole a plus que quintuplé durant le chavismo.

Le problème principal de l’administration de Chavez est que malgré le boum pétrolier des années 2000s, il a engendré des déficits budgétaires presque à toutes les années. Notez que le graphique ci-bas n’inclut pas toutes les dépenses sociales des entreprises d’État telles que PDVSA. En effet, PDVSA est directement impliquée dans des programmes sociaux sous l’ordre du gouvernement.

Il a financé une partie de ces déficits en augmentant la dette extérieure…

 

…et en les monétisant par la création de monnaie; la masse monétaire ayant crû astronomiquement,…

 

…ce qui a engendré de l’hyper-inflation, se maintenant presque toujours au-dessus des 20% par année,…

 

…et la dévaluation de la monnaie.

  

Autrement dit, Chavez dépense trop malgré les prix élevés du pétrole. Donc advenant une baisse du prix du pétrole ou de la production, il aurait à couper drastiquement dans les dépenses, à défaut de quoi il mettrait le pays dans une situation financière encore plus précaire. La baisse de la production de PDVSA sera d’ailleurs un grave problème pour le pays dans le futur. Je suis d’avis que c’est une épée de Damoclès sur la tête de Chavez. 

4.2 – Pauvreté

Au cours de sa présidence, Chavez a utilisé les revenus provenant du pétrole, lesquels ont explosé grâce à la hausse fulgurante du prix du pétrole, pour aider les plus démunis. C’était une stratégie plutôt simple et efficace pour prendre le pouvoir puisque au début de son premier mandat, environ 50% de la population du pays était considérée comme pauvre (ce chiffre est descendu à 31.5% au début de 2008). Il a notamment mis en place le Plan Bolivar 2000, mobilisant 40,000 soldats à faire des activités anti-pauvreté (vaccination, éducation, distribution de nourriture, etc).

Le PIB par habitant a grandement augmenté grâce aux retombées directes et indirectes du pétrole. De façon directe, le pétrole compte pour environ le tiers du PIB, 80% des exportations et 50% des revenus de l’État. La redistribution de cette richesse, orchestrée par Chavez, a permis de réduire la pauvreté (de 50% à 31.5% de la population entre 1999 et le début de 2008) et d’améliorer quelque peu le coefficient de Gini du pays, qui est passé de 46.9 à 41.0 entre 1999 et le début de 2008.

Selon une étude du Center for Economic and Policy Research, le taux de mortalité infantile a diminué, l’espérance de vie a augmenté, l’accès à l’eau potable a augmenté, l’accès à l’éducation a augmenté, l’illettrisme a diminué, le taux de chômage a diminué (de 14.6% en 2000 à 7.8% en 2008) sous le régime de Chavez. Notez cependant que tous ces chiffres proviennent d’agences du gouvernement…

Le problème que je vois au niveau de la pauvreté sous Chavez est que les gains réalisés ne sont soutenables que si le prix du pétrole et/ou la production restent au même niveau. Il a distribué cette manne inespérée pour acheter le pouvoir et a par le fait même rendu ces gens dépendants de l’État et, par ricochet, des revenus de PDVSA.

Néanmoins, les « missions bolivariennes » visant à moderniser des hôpitaux, contrer l’illettrisme, subventionner la nourriture, l’essence et autres biens, ont été applaudies par l’ONU, l’UNICEF et OMS.

 4.3 – Criminalité et corruption

Le taux d’homicide du Vénézuela est passé de 20 par 100,000 habitants en 1998 à 48 en 2007, comparativement à 1.8 au Canada et 6.1 aux Etats-Unis. C’est le troisième plus élevé parmi les pays mesurés derrière l’Irak et le Honduras. Le taux de kidnapping est notamment passé de 50 par année en 1998 à 382 par année en 2007. Le taux d’impunité (crime rapporté, mais non-puni) est très élevé à 97%.

Sous le règne de Chavez, Caracas est devenue l’une des villes les plus dangereuses au monde avec un taux d’homicide de 130 par 100,000 habitants en 2007, comparativement à 63 en 1998. Suite aux événements d’avril 2002, Chavez a littéralement désarmé la police de Caracas, ce qui la rend vulnérable face aux criminels.

L’autre catalyseur de criminalité sous Chavez a été la nouvelle loi qu’il a introduite suite à son élection en 1999, faisant en sorte qu’un criminel doive être pris en flagrant délit pour être arrêté suite à un crime. Cette loi avait comme objectif officiel de contrer les arrestations non-fondées, mais elle agissait aussi comme protection pour les auteurs de kidnappings, qu’elle rendait maintenant très difficile à contrer. Comme le kidnapping est le moyen principal de financement pour la guérilla, cette loi a été fort utile aux amis guérilleros de Chavez.

Dans les sondages, la population exprime que Chavez n’a rien fait pour améliorer la situation de la criminalité et que la police est corrompue et inapte à contrer le crime.

En ce qui a trait à la corruption, bien qu’il s’agissait d’une chose à laquelle Chavez promettait de s’attaquer lorsqu’il a été initialement élu, elle a en fait augmenté sous son règne (voir graphique ci-bas). Cela n’est pas très surprenant étant donné l’augmentation fulgurante de la taille de l’État sous Chavez. Beaucoup de fonctionnaires profitent de ses innombrables programmes sociaux pour s’en mettre plein les poches. Notez que le Vénézuela se retrouve au 162e rang sur 180 pays classés par Transparency International.

4.4 – Droits humains

En septembre 2008, l’organisme Human Rights Watch a dénoncé le gouvernement Chavez pour avoir bafoué les droits humains à plusieurs niveaux.

Selon eux, l’une de ses armes favorites a été la discrimination politique, mettant à la porte des employés du gouvernement, refusant des services sociaux ou emprisonnant des gens parce qu’ils ne le supportaient pas. Il est aussi bien connu que Chavez diminue les budgets des municipalités dont le maire n’est pas un supporteur de Chavez.

Chavez a utilisé les événements d’avril 2002 comme prétexte pour mieux asseoir sa main-mise sur le pays. Il a notamment pris le contrôle de la Cour Suprême, faisant passer le nombre de juges de 20 à 32 (les 12 juges ajoutés sont des chavistas).

L’autre front sur lequel Chavez a constamment violé les droits et libertés tout au long de ses mandats est la liberté de presse. Selon Freedom House, le Vénézuela se classe 160e sur 195 pays au niveau de la liberté de presse. Le graphique ci-bas illustre que les choses se sont grandement détériorées sous Chavez. Les lois anti-médias qu’il a fait adopter, ses fameuses cadenas, le retrait de la licence de RCTV et la fermeture de 34 stations de radios ces dernières années sont de bons exemples de ces violations.

HRW rapporte aussi que Chavez a brimé la liberté d’association syndicale. Il a fait renvoyer des travailleurs qui ont exercé leur droit de grève, il a refusé à certains groupes de travailleurs leur droit de négocier collectivement leur convention de travail et il a délibérément affaibli certains syndicats en faveurs d’autres qui lui était plus avantageux politiquement. Notez que suite à ce qu’il ait participé à l’organisation de la grève de décembre 2002, Carlos Ortega, le chef de la CTV (une grosse centrale syndicale) a été condamné à 16 ans de prison pour trahison. Il s’est cependant évadé de prison et réfugié au Pérou.

Finalement, le comportement de Chavez durant la marche du 11 avril 2002 était en lui-même une immense atteinte aux droits humains. Il a laissé ses supporteurs et la garde nationale ouvrir le feu sur une marche pacifique. Il avait de plus demandé la mise en œuvre du plan Avila (et donc que l’armée utilise la violence contre les marcheurs), lequel avait fait tant de morts durant la Caracazo que Chavez avait lui-même tant dénoncée en 1992.

4.5 – Conclusion

Le bilan d’Hugo Chavez à la présidence du Vénézuela est peu reluisant. Sans l’aide du prix du pétrole, les finances du pays serait en banqueroute; elles ne sont d’ailleurs pas loin de cette situation malgré une hausse fulgurante du prix du pétrole. En plus de ce désastre économique, la répression, la négation de la liberté de presse, le comportement anti-démocratique, la criminalité et la corruption ont été au menu sous Chavez. Présentement, le Vénézuela est clairement sur les traces de Cuba; i.e. que Chavez est en train d’amener le pays, peu à peu, vers une dictature socialiste militaire-totalitaire.

Selon moi, c’est la production de PDVSA qui sonnera le glas de Chavez. Avec toute son ingérence dans l’industrie pétrolière du pays, la production de pétrole est en chute libre. Le prix du pétrole continuera certes d’augmenter au cours des 10 prochaines années, mais à un rythme moindre qu’au cours des 10 dernières années. S’il fallait que la production baisse plus vite que le prix monte, les revenus de l’État chuteront et Chavez devra couper dans le filet social. Les conséquences seront fatales pour le chavismo…

En terminant, voici un bon article qui résume bien l’histoire d’Hugo Chavez:

http://www.laht.com/article.asp?CategoryId=13374&ArticleId=202997

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3.1 La grève de 2002 – 2003.

Le 2 décembre 2002 a marqué le début d’une grève de deux mois visant à éjecter Chavez du pouvoir, menée par les syndiqués, les hommes d’affaires et les employés de PDVSA. Des pénuries de pétrole sont rapidement apparues. PDVSA a eu recours à des briseurs de grève, des sans-emploi et des ingénieurs et techniciens de l’étranger pour faire fonctionner l’entreprise. En mars 2003, Chavez a alors renvoyé la direction de PDVSA ainsi que 18,000 de ses employés. La cour a jugé ces renvois illégaux, mais le jugement n’a jamais été pris en compte. Le problème est que parmi ces 18,000 employés figurait d’excellents ingénieurs et techniciens qui ont dû quitter le Vénézuela pour trouver du travail; une lourde perte pour PDVSA.

 3.2 Élections et référendums

En Novembre 2003, une pétition de 3.6 millions de signatures demandant la destitution de Chavez a été présentée au Conseil National des Élections. La pétition a été initialement invalidée et saisie par le gouvernement, qui s’est mis à renvoyer tous les employés du gouvernement qui avaient signé (Tascon list). Huit soldats ont d’ailleurs été brûlés vifs au lance-flammes par leurs compatriotes parce qu’ils avaient signé la pétition, sans qu’aucune enquête ne soit menée. Des démarches subséquentes ont permis de valider 2.4 millions de signatures, ce qui selon la constitution, permettait de justifier un référendum qui se tiendra le 15 août 2004. Chavez remporta ce référendum avec 59% des votes.

D’autres élections présidentielles furent tenues en décembre 2006, que Chavez remporta à 63%. Il déclara alors que le pays prendra dorénavant un tournant plus radical vers le socialisme. Le moins qu’on puisse dire est que Chavez a tenu cette promesse!

En 2007, Chavez déclenche un référendum visant à modifier la constitution proposant entre autres de retirer les limites de mandats. Il pourrait ainsi se faire réélire indéfiniment. Le Général Baduel, un co-fondateur du mouvement MBR-200 avec Chavez, se dissocie de Chavez et condamne ses actions anti-démocratiques. Il proclame dans un Op-Ed du New-York Times que le socialisme ne figurait pas dans la philosophie bolivarienne et que Chavez a fait bien peu pour les pauvres, outre leur distribuer des « cadeaux pétroliers » pour acheter leurs votes. Les propositions sont rejetées par la population à 51%, mais Chavez organise un autre référendum en 2009 sur la question des limites de mandats et l’emporte cette fois-ci. Plusieurs considèrent que le pays est en route vers une dictature socialiste à la Fidel Castro. 

3.3 Nationalisations et expropriations

En 2001, Chavez a passé une loi lui permettant d’exproprier et saisir des terres. En 10 ans, son gouvernement aurait saisi environ 2.5 millions d’hectares.

En janvier 2007, Chavez a annoncé la nationalisation des compagnies de télécommunications et d’électricité. Depuis ce temps, le pays a connu six « blackouts » nationaux, en raison du fait que l’État n’investit pas suffisamment pour maintenir les actifs opérationnels et accroître la production, alors qu’il maintient les tarifs gelés, ce qui stimule la consommation.

En août 2008, Chavez a annoncé la nationalisation de Banco de Venezuela, une division de l’espagnole Banco Santander et l’une des plus grosses institutions financières du pays. En novembre dernier, Chavez a saisi quatre banques privées parce qu’elles n’étaient pas en « conformité avec la loi ». Chavez a continué de menacer les banques privées, mentionnant qu’il les nationaliserait si celles-ci refusaient de faire des prêts aux pauvres. Il en a d’ailleurs saisi trois autres en décembre pour des raisons obscures. L’hebdomadaire The Economist suggérait que c’est parce que le gouvernement devait de l’argent à ces banques.

En mai 2007, Chavez exige que PDVSA ait une participation d’au moins 60% dans tous les projets des compagnies pétrolières étrangères. La plupart des compagnies ont accepté les termes, excepté Exxon-Mobil et Conoco-Phillips. En février 2008, Exxon a obtenu une injonction de la cour britannique faisant en sorte de geler $12 milliards d’actifs de PDVSA. L’affaire n’est toujours pas réglée. 

En janvier 2009, faisant face à une chute des prix et de la production de pétrole, l’administration Chavez a recommencé à solliciter les compagnies pétrolières (Chevron, Royal Dutch/Shell et Total) pour qu’elles investissent au Vénézuela. La réalité est que PDVSA est une entreprise inefficace et qu’elle ne peut être rentable lorsque le prix du baril baisse à un certain niveau. Chavez ne peut donc pas se passer de l’expertise étrangère s’il veut maintenir son État-providence et sa réforme socialiste.

En mai 2009, le gouvernement a saisi les actifs de 74 entreprises oeuvrant dans les services pétroliers. Ces entreprises, dont l’expertise est indispensable pour PDVSA, menaçaient de suspendre leurs opérations car PDVSA leur devrait une somme de $12 milliards en facture impayées. Des 10,000 employés oeuvrant au sein de ces entreprises, Chavez a declaré que 8,000 pourraient garder leur emploi auprès de PDVSA (en commençant par ceux qui supportent le parti de Chavez).

Sous Chavez, les revenus de PDVSA ont été dilapidés en programmes sociaux, ce qui a laissé bien peu pour l’investissement. De plus, le pays a perdu beaucoup de travailleurs compétents au fil du temps suite aux grèves et aux expropriations. Le résultat est que la production de PDVSA est en chute libre.

  

3.4 – Relation avec Castro

Le Vénézuela a toujours été une plateforme de choix pour l’exportation de la révolution communiste de Fidel Castro, en raison de ses importantes ressources naturelles. C’est pourquoi Castro a longtemps supporté les guérillas FALN oeuvrant au Vénézuela et a même déjà supporté un coup d’État visant à éjecter le président en place au Vénézuela.

Dans les années 1990s, Luis Miquilena (le stratège politique derrière Chavez) a emmené Chavez à Cuba, où Castro l’attendait à bras ouverts. Une relation très solide est alors née entre les deux leaders, qui se sont rencontrés et téléphonés très régulièrement au cours de la dernière décennie.

L’année où Chavez est arrivé au pouvoir en 1999, marqua la fin des subventions russes à Cuba. Le Vénézuela a alors remplacé la Russie comme supporteur de Cuba, y expédiant environ $2.5 milliards en pétrole par année, ce qui permet au régime de Castro de subsister. En échange, Chavez bénéficie de l’expertise de Castro à mener à bien une révolution socialiste.

Ainsi, ce que Castro a toujours voulu obtenir par les armes lui a carrément été livré sur un plateau d’argent par l’électorat vénézuelien!

 

3.5 – Les Boligarques

Le régime de Hugo Chavez a fait naître une nouvelle classe de riches hommes d’affaires : les Boligarques, nommés ainsi en raison de leurs similarités avec les oligarques russes et en référence à la révolution bolivarienne de Chavez. Ces individus sont devenus milliardaires en raison de leurs liaisons avec l’administration Chavez et l’obtention d’importants contrats gouvernementaux.

Il y a entre autres le président de Banco Real, Arne Chacon, le frère de Jesse Chacon qui a participé au coup de 1992 aux côtés de Chavez et qui a été nommé ministre de la science par la suite. La banque avait bénéficié d’une généreuses part de dépôts du gouvernement.

Il y a aussi Ricardo Fernandez Barrueco, qui s’est enrichi en bénéficiant d’un monopole de l’État sur les importations de nourriture dans les supermarchés du gouvernement et a fondé une banque qui aussi bénéficié des dépôts du gouvernement. Barrueco avait forgé ses liens avec le gouvernement durant la grève de 2002, alors qu’il avait maintenu l’approvisionnement des épiceries gouvernementales malgré la grève générale.

Et que dire de Wilmer Ruperti, dont l’entreprise a importé de l’essence de Russie durant la grève de 2002, permettant à l’économie de passer au travers du conflit. Chavez l’a décoré de la médaille de Carabobo et lui a assuré un quasi-monopole pour le transport maritime de pétrole de PDVSA, ce qui en a fait l’un des hommes les plus riches du pays.

La montée de ces magnats, qui se promènent en Hummer et mangent dans les meilleurs restaurants de Caracas, est devenue un problème de relations publiques pour Chavez. La population pauvre, l’électorat de Chavez, est frustré par la montée de cette « boli-bourgeoisie ». Il a récemment entrepris de « purger » le pays de ces nouveaux-riches en les arrêtant pour diverses raisons. En effet, Barrueco et Chacon ont récemment été arrêtés par la DISIP.

 À suivre…

La partie 4 de ce dossier dressera un bilan des 10 ans du régime de Chavez au niveau de l’économie, de la pauvreté, de la criminalité, de la corruption et des droits humains.

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Pour voir la partie 1, cliquez ici.

2.1 – La première élection de Chavez

Suite à son coup manqué, Chavez a été emprisonné et Perez est demeuré au pouvoir, mais le coup de grâce pour Perez a été sa comparution pour corruption et détournement de fonds publics, pour laquelle il a été condamné en 1994 à 2 ans de prison. Il s’est par la suite exilé à Miami.

C’est aussi en 1994 que le président Caldera accorde son pardon à Hugo Chavez, qui est alors libéré et entame son accession au pouvoir, par la démocratie cette fois. Il bénéficie de l’aide de Luis Miquilena, le stratège politique derrière l’ascension au pouvoir de Chavez. Ce dernier lui a enseigné à faire de la politique et a forgé des alliances avec les autres partis de l’extrême-gauche permettant au MVR de prendre le pouvoir. Notez que Miquilena a par la suite été surnommé Dr. Frankenstein, ayant perdu le contrôle du monstre qu’il avait créé…

Chavez a été élu en 1998, avec une récolte de 56% des votes, alors que le taux de participation à l’élection a été le plus bas de l’histoire du pays. Le peuple, dégoûté par la corruption de l’administration précédente, a cédé au populisme et aux belles promesses de la révolution bolivarienne de Chavez, dont les détails étaient cependant nébuleux à l’époque. Chavez promettait de combattre la maladie, la malnutrition, la pauvreté et l’illettrisme, et il usait abondamment de la religion et des idées marxistes pour habilement convaincre son auditoire. La stratégie de Miquilena était simple et efficace : utiliser l’argent du pétrole pour s’acheter la plus grosse clientèle électorale du pays : les pauvres, qui représentaient plus de 50% de la population.

Dès son élection, Chavez a nommé des chavistas (supporteurs du régime de Chavez) à toutes les positions clés du gouvernement et de l’armée, incluant tous les juges de la cour suprême. Il avait donc l’appui des fonctionnaires, des militaires (au sein desquels il avait œuvré) et des pauvres (classe dont il était issu et à qui il promettait la lune). Plusieurs chavistas font partie de groupes appelés Cercles Bolivariens, formés sur l’initiative de Chavez, dont la plupart sont des groupes d’actions communautaires, mais dont certains sont des milices armées et entraînées. Il est d’ailleurs connu que Chavez supporte les guérillas FARC de Colombie en échange de l’entraînement prodigué par ceux-ci aux milices bolivariennes.

 2.2 – Chavez et les médias

Après son élection, Chavez a convertit VTV (la chaîne nationale) en une véritable infopub pour sa révolution visant à endoctriner la population à sa cause. Il y tient notamment sa propre émission, Alo Presidente, tous les dimanches, durant laquelle il vante les mérites de la révolution, de Simon Bolivar et de Jésus. Quant aux autres stations de télé privées, il leur impose régulièrement des cadenas, c’est-à-dire des messages présidentiels qu’ils n’ont pas le choix de diffuser gratuitement. Durant les deux jours précédant la marche du 11 avril 2002, Chavez a imposé 35 cadenas, mobilisant 15 heures de diffusion. Il est difficile de rentabiliser une station de télé lorsqu’on vous pille plus de la moitié de votre temps d’antenne…

Récriminant la critique provenant des journalistes, Chavez fait passer une loi en juin 2001 lui permettant de fermer des stations de télé et de radio comme bon lui semble. En raison de ces actions (et pour d’autres raisons), les médias entretiennent une relation tumultueuse avec Chavez et deviennent excessivement cinglants à son égard, au point d’en perdre leur objectivité. Ceux-ci dénoncent avec exagération les largesses de l’administration Chavez et ne mettent l’emphase que sur les éléments négatifs de ses actions, ce qui est peu surprenant étant donné que plusieurs de ces médias étaient la propriété de riches hommes d’affaires opposés à Chavez.

En 2005, Chavez a créé la chaîne Telesur, une sorte de Al-Jazeera venezuelien. En 2007, Chavez a retiré la licence de diffusion de RCTV, l’une des plus importantes stations privées, ce qui a été dénoncé par la communauté internationale comme une grave atteinte à la liberté d’expression. En juillet 2009, Chavez a établi une loi permettant d’emprisonner jusqu’à 4 ans quiconque utilise les médias pour diffuser une fausse information qui nuit aux intérêts de l’État (ce qu’il interprètera de façon très large évidemment). En août 2009, il a décrété la fermeture de 34 stations de radio sous le prétexte qu’elles n’étaient pas en règle.

 2.3 – Les autres opposants à Chavez

Les autres escualidos (opposants à Chavez) sont évidemment les membres de la communauté des affaires, qui se méfient de son agenda socialiste, mais aussi les syndicats, menés par un dénommé Carlos Ortega, chef de la puissante centrale syndicale CTV. L’Église s’oppose aussi à Chavez. De plus, au fil du temps, les mères de familles ont été choquées de constater que les manuels scolaires de leurs enfants, imposés par Chavez, étaient bourrés de propagande révolutionnaire et communiste. Elles ont été parmis les premières à se soulever contre Chavez pour cette raison.

 2.4 – Les événements du 11 avril 2002

En novembre 2001, Chavez a utilisé le prétexte de la « crise nationale » pour instaurer 49 lois par décret. Ces lois lui donnaient plus de pouvoir et lui permettaient de faire un grand pas vers sa révolution. La loi la plus choquante était sans doute celle concernant les terres; lui permettant d’exproprier des terres pour les donner à des pauvres et, éventuellement, à des chavistas en guise de récompense. Cet épisode a engendré la plus grosse grève de l’histoire du pays, paralysant 90% de l’économie.

En mars 2002, Chavez s’attaque à la compagnie pétrolière nationale, PDVSA, qu’il désire contrôler pour mieux financer sa révolution. Il renvoie tous les membres du conseil d’administration pour les remplacer par des chavistas. Il renvoie aussi des dizaines d’employés qu’il juge escualidos. La population en a assez et déclenche une grève nationale, qui culmine le 11 avril 2002 par une gigantesque marche. Tous les partis politiques (sauf le MVR) sont présents incluant les socialistes / communistes (Bandera Roja, MAS) et les partis plus à droite (Action Democratica, COPEI, Primero Justicia). Le taux d’approbation de Chavez, qui était auparavant de 80%, était alors descendu à 30%.

 À l’approche du palais présidentiel (Miraflores), les marcheurs essuient des coup de feu provenant des membres des cercles bolivariens. La police de Caracas s’interpose entre les deux groupes utilisant des gaz lacrymogènes. Le président Chavez ordonne l’exécution du plan Avila, ce qui implique que l’armée utiliserait la force contre la population pour arrêter une manifestation pacifique.

Les principaux généraux de Chavez refusent d’appliquer le plan Avila (qui avait fait tant de civils morts durant la Caracazo de 1989) et ne reconnaissent plus Chavez comme président, tout comme son mentor Luis Miquilena, qui fait une sortie médiatique dénonçant ses agissements.

Chavez finit par se rendre et est transporté dans une base militaire. En échange de la signature de sa lettre de démission, il serait déporté à Cuba, mais suivant les conseils de son ami Fidel Castro, Chavez refuse de signer. Entre-temps, le Dr. Pedro Carmona, à la tête de la Fedecamaras (la fédération des chambres de commerce), est nommé président par intérim. Ce dernier réunit son nouveau cabinet au Miraflores, où il énonce une série de décrets :

 Annulation des 49 décrets de Chavez.

Dissolution de l’Assemblée Nationale.

Remplacement de tous les gouverneurs d’états.

Élimination du procureur général, de la cour suprême, du bureau de la protection du citoyen et du conseil des élections nationales.

Révocation de la constitution de 1999 (retour à celle de 1958).

Plusieurs jugent que le gouvernement par intérim a été trop loin, jugeant les décrets anti-démocratiques; Carmona perd le soutien des généraux militaires, de Carlos Ortega, le chef du syndicat CTV, ainsi que de 19 présidents de pays latino-américains. Par la suite, la garde nationale reprit le contrôle de Miraflores et Chavez fit un retour triomphal.

Chavez a utilisé ces événements comme prétexte pour mieux asseoir sa main-mise sur le pays. Il a notamment pris le contrôle de la Cour Suprême, faisant passer le nombre de juges de 20 à 32 (les 12 juges ajoutés sont des chavistas). Finalement, Chavez a fait de Carmona la figure de proue du coup, qu’il a décrit comme une tentative des hommes d’affaires de s’approprier la richesse pétrolière du pays (même si les hommes d’affaires ne représentaient qu’une petite portion de l’opposition).

Pour une chronologie complète des événements, voir ceci.

 À suivre en 2010…

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