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Grâce au blogue Antagoniste.net, je suis tombé sur un excellent article de Alberto Alesina et Silvia Ardagna paru il y a quelques mois au sujet des déficits budgétaires gouvernementaux. Alesina est un professeur d’économie à Harvard.

En observant les données de 21 pays de l’OCDE entre 1970 et 2007, les auteurs ont identifié 91 épisodes d’augmentation d’au moins 1.5% du déficit budgétaire. Les résultats démontrent que dans presque tous les cas, les plans de relance qui ont réussi à générer de la croissance économique étaient basés sur des baisses d’impôts, et non sur des augmentations des dépenses gouvernementales. Cette étude est selon moi un argument empirique de poids contre le keynésianisme.

L’article démontre aussi que le meilleur moyen de réduire un déficit budgétaire sans engendrer de récession est par la réduction des dépenses gouvernementales, et non l’augmentation des impôts.

Comment est-ce qu’une contraction des dépenses gouvernementales peut-elle être expansionniste? Premièrement, une contraction des dépenses envoie un signal positif aux contribuables à l’égard du fait que les impôts seront moins susceptibles d’augmenter dans le futur. Les consommateurs et investisseurs deviennent donc plus confiants et auront tendance à augmenter leurs dépenses et investissements. Deuxièmement, il y a la réduction de l’incertitude qui accompagne généralement les gros déficits budgétaires (impact sur les taux d’intérêts, sur la solvabilité de l’État, sur l’inflation, etc) qui contribue à l’amélioration de l’économie.

La recommandation des auteurs implique que le plan de relance qui a été déployé aux États-Unis n’a pas fonctionné puisqu’il était beaucoup trop axé sur les dépenses et pas suffisamment sur les baisses d’impôts. Suite à celui-ci, les agents économiques sont plongés dans l’incertitude, anticipant de potentielles hausses d’impôts (pour éventuellement réduire le déficit) et une baisse de leur pouvoir d’achat (par la création de monnaie, l’inflation et la baisse du dollar US face aux autres devises). 

Comme vous vous en doutez sûrement, Paul Krugman a tenté de dénigrer l’article de façon plutôt boiteuse…mais comme j’ai clairement démontré sur ce blogue que sa vision de la Décennie Perdue du Japon et de la Grande Dépression sont complètement erronnées, je ne commenterai pas. Pour plus de détails, vous n’avez qu’à taper « Krugman » dans le moteur de recherche de mon blogue.

Ne manquez pas la deuxième partie de ma série d’articles sur les récessions et les cycles économiques qui sera publiée plus tard cette semaine.

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Comme vous l’avez sûrement lu, la Californie est pratiquement en faillite depuis environ un an. Quelle est la force politique dominante et le lobby le plus influent en Californie? Les syndicats de la fonction publique!

Il y a tout d’abord les enseignants (California Teachers Association ou CTA). En 1988, ce groupe a réussi à faire passer la Proposition 98, requérant que 40% du budget de l’État soit alloué à l’éducation locale. Pour ce faire, ils ont financé une immense campagne publicitaire. Cette victoire a permis d’augmenter le budget de l’éducation de $450 millions par année, somme qui a été refilée en augmentations de salaires. Pas surprenant que les enseignants Californien soient devenus les mieux payés au pays.

En 1996, le gouvernement bénéficiait d’un surplus fiscal en raison du boum économique. La CTA a dépensé $1 million dans une campagne publicitaire faisant la promotion de classes plus petites. Ces pubs ont mis de la pression sur les politiciens qui devaient agir pour rassurer l’opinion publique. Le gouverneur Pete Wilson a alors alloué $750 millions annuellement pour réduire la taille des classes. Beaucoup d’enseignants ont alors dû être embauché pour combler les nouveaux postes, créant presque une pénurie, ce qui a permis à la CTA d’augmenter son membership et aux enseignants de négocier des augmentations salariales. La performance des étudiants ne s’est cependant pas améliorée.

Deux ans plus tard, le gouverneur Wilson a voulu réduire encore plus la taille des classes, à conditions que le système scolaire adopte un mécanisme de suivi de la performance. La CTA a dépensé $6 millions pour faire tomber cette initiative.

La CTA s’implique souvent dans des causes politique qui n’ont rien à voir avec son mandat de négocier les conventions collectives de ses membres. Par exemple, en 1994, la CTA s’est opposé à un projet de loi visant à reconnaître les mariages gais ayant été célébrés dans un autre état.

La CTA installe son pouvoir à l’aide des élections scolaires, auxquelles les taux de participation sont très faibles. Les conseils d’administration des commissions scolaires se retrouvent donc dominés par les candidats supportés par la CTA, ce qui lui permet d’obtenir des privilèges plus facilement (puisque c’est le conseil qui approuve les augmentations salariales).

Le deuxième groupe syndical important est celui qui représente les travailleurs de la sécurité publique (policiers, gardiens de prison, pompiers, etc), notamment la Correctional Peace Officers Association (CCPOA).

En 1998, quand Gray Davis s’est porté candidat au titre de gouverneur, la CCPOA lui a fourni son support monétaire ($2.5 millions au total). Au cours des 5 années suivantes, le salaire moyen des membres de la CCPOA a augmenté de 34%.

Les syndicats de la sécurité publique ont beaucoup de pouvoir politique parce que les politiciens savent que les gens veulent se sentir en sécurité. L’appui des policiers est presque une nécessité pour gagner une élection. Bien au courant de ce fait, la California Organization of Police and Sheriffs (COPS) publie un « guide de l’électeur » dans lequel elle recommande les candidats pour lesquels elle croit que les gens devraient voter. Pour y figurer, les candidats doivent payer la COPS, qui amasse une dizaine de millions de dollars à chaque publication.

Les employés de la sécurité publique prennent généralement leur retraite à 50 ans avec une pension équivalant à environ 90% de leur salaire final. Les gardiens de prison de la Californie sont les mieux payés de tout le pays (les dépenses en services correctionnels représentent 11% du budget du gouvernement).

Le troisième gros syndicat de Californie est présent partout au pays, la SEIU. Le chef de cette centrale a rencontré la président Obama au moins 22 fois à la Maison Blanche au cours des premiers 6 mois de sa présidence. Cette centrale syndicale représente surtout les travailleurs de la santé.

La branche Californienne de la SEIU a dépensé $20 million en 2005 pour bloquer une série d’initiatives visant à limiter la croissance des dépenses de l’État. Ils ont aussi dépensé des millions pour faire instaurer des augmentations d’impôts (et on réussi en 2004).

En 2003, le syndicat a poussé le CalPERS (le fonds de pension des fonctionnaires Californiens) à arrêter d’investir dans des entreprises qui agissent comme sous-traitants pour le gouvernement à meilleur coût. Le conseil d’administration de CalPERS est d’ailleurs entièrement contrôlé par les syndicats de la fonction publique.

En 1998, lors des élections, le candidat Gray Davis a reçu $600,000 en contributions électorales de la SEIU. En 1999, ce gouverneur a adopté une loi augmentant les prestations de pension des fonctionnaires et permettant aux employés de la sécurité publique de prendre leur retraite à 50 ans avec 90% de leur salaire. Le fonds CalPERS a déclaré qu’il pourrait se permettre ces dépenses additionnelles en utilisant son surplus et en augmentant la portion d’actions dans son portefeuille pour obtenir de meilleurs rendements. Qu’est-il arrivé après l’éclatement de la bulle de 2000? Le gouvernement a dû renflouer CalPERS avec l’argent des contribuables.

En 2002, après sa réélection, le gouverneur Davis a annoncé que l’État faisait face à un immense déficit budgétaire. La population a alors voulu destituer Davis, mais la SEIU a dépensé $2 millions pour le supporter, sans succès.

Ce fut alors l’entrée en scène du gouverneur Schwarzenegger, qui a vite réalisé à quel point le gouvernement Californien est paralysé par les syndicats. En 2005, il a tenté une série d’initiatives visant à réduire le pouvoir politique des syndicats (les empêchant notamment d’utiliser les cotisations syndicales pour contribuer aux caisses électorales) et ralentir la croissance des dépenses de l’État. La CTA a dépensé $57 million pour défaire ces initiatives (notamment en hypothéquant son siège social).

Conclusion :

Suite au boum immobilier des années 2000s, les revenus de l’État ont augmenté considérablement. Cependant, cet argent a été vite dépensé car en 4 ans, les dépenses de l’État ont augmenté de +32% ou $34 milliards. Le crash immobilier de 2007 a amené un dur retour à la réalité, mettant l’État en faillite. Dès la mi-2009, le déficit atteignait $21 milliards et le gouvernement n’avait plus assez de liquidité pour payer ses factures.

Le problème en Californie n’est pas nécessairement le nombre de fonctionnaires, mais plutôt la générosité de leurs salaires et avantages sociaux, qui dépassent l’entendement. Le gouvernement fait ce qu’il peut pour se sortir du trou et réduire les dépenses, mais est complètement paralysé par les syndicats, car les salaires des fonctionnaires représentent la part du lion des dépenses de l’État.

Ce problème n’est pas unique à la Californie, plusieurs autres états sont aux prises avec d’immenses déficits. Récemment, nous avons aussi assisté à la débâcle de la Grèce, dont la situation est fort similaire.

Maintenant, si vous croyez qu’au Québec et au Canada, nous sommes plus responsables et éviteront une telle crise, lisez ces quelques nouvelles triées sur le volet en provenance du site Antagoniste.net :

http://www.antagoniste.net/2010/04/29/lattrition/

http://www.antagoniste.net/2010/01/27/a-nos-frais/

http://www.antagoniste.net/2010/01/07/le-malheur-des-uns-et-le-bonheurs-des-autres/

http://www.antagoniste.net/2008/12/08/gras-dur-2/

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 Ce billet se veut une sorte de revue d’articles intéressants sur la situation en Haïti.

Joseph Facal:

Son article énonce les sept plaies d’Haïti: le despotisme, la corruption, l’analphabétisme, la maladie, la dépendance, l’indifférence et le départ définitif de ses enfants les plus doués.

Le peuple haïtien, qui n’a pas moins de talents que n’importe quel autre, est écrasé par des éléphants qui l’empêchent de se redresser.  Ces éléphants, c’est une petite élite locale qui considère ce pays, ou ce qu’il en reste, comme sa chose personnelle. On n’y retrouve pas une seule force politique qui ne soit pas gangrenée de part en part par la corruption. Dégoûtés, les meilleurs s’en vont et ne retournent jamais, envoyant de l’argent à leurs proches depuis l’étranger.

Plutôt défaitiste comme article et ne proposant pas vraiment de solution…

Nathalie Elgrably (IEDM):

Selon elle, ce n’est pas l’absence d’infrastructures qui explique la pauvreté, c’est plutôt la pauvreté qui explique l’absence d’infrastructures. Et la pauvreté, c’est généralement le résultat d’un système économique qui empêche la création de richesse en décourageant la production et l’investissement.

Elle avance que le cas du Chili devrait servir de modèle pour Haïti. Jusqu’au début des années 1980, le Chili était le parent pauvre de l’Amérique latine avec une économie pratiquement stagnante depuis 1913. Mais grâce à la libéralisation des marchés et aux réformes économiques adoptées en 1985 et 1990, l’économie chilienne a crû à un rythme de 4,2% par an, permettant ainsi au niveau de vie de doubler tous les 17 ans.

« Secourir les victimes du séisme, cela va de soi! Contribuer à la reconstruction, c’est honorable, mais c’est insuffisant pour vaincre la pauvreté. Ce n’est pas en recevant de l’aide internationale qu’un pays s’enrichit, c’est en produisant et en vendant ses biens et services. Or, pour cela, il faut des réformes qui permettent de créer un contexte économique favorable aux affaires. Le Chili l’a compris et a réussi un véritable miracle économique en 20 ans à peine. »

The Economist:

Leur article propose que l’ONU prenne le pays en tutelle temporaire de façon à mettre en place un État fort et sain qui prendrait en charge l’avenir du pays. Ils nommeraient même Bill Clinton à la tête de cette initiative! N’est-ce pas ce qui a été tenté par le passé?

Felix Salmon (Reuters):

Ce blogueur nous incite à ne pas faire de dons à Haïti! Ses arguments sont que 1) beaucoup de dons ont déjà été versés, notamment des gouvernements de plusieurs pays 2) à partir d’un certain montant, l’argent ne sert plus à rien, c’est plutôt une question de logistique, 3) les dons à Haïti sont probablement des dons qui auraient été faits à d’autres causes, ça crééra donc des manques ailleurs, 4) certaines organisations recueillant des dons pour Haïti sont plutôt douteuses, comme Yele par exemple (Wyclef Jean). 

Il propose plutôt de faire des dons sans restriction à Médecins Sans Frontière, qui allouera l’argent efficacement aux différents pays dans le besoin, incluant Haïti bien sûr.

Martin Masse (Le Québécois Libre):

Martin utilise ici son alter-ego, Tramin Assem, pour nous livrer un savoureux texte satirique sur les sophismes keynesiens. Le principal sophisme qu’il ridiculise est celui voulant que les catastrophes naturelles sont bonnes pour l’économie lorsque celle-ci opère sous son « potentiel » (vous trouvez ça stupide? c’est pourtant ce que Keynes avançait).

Antagoniste:

Ce blogue rapporte les propros du professeur d’économie Don Boudreau à l’égard du manque de liberté économique individuelle en Haïti. 

À Haïti, pour ouvrir un commerce, il faut passer au travers 13 procédures bureaucratiques. Ce processus prend en moyenne 195 jours et représente une dépense de 227,9% du salaire annuel. À Haïti, pour obtenir un permis de construction, il faut passer au travers 11 procédures bureaucratiques. Ce processus prend en moyenne 1 179 jours et représente une dépense de 569,5% du salaire annuel. À Haïti, importer un conteneur de marchandise, il faut passer au travers 10 procédures bureaucratiques. Ce processus prend en moyenne 33 jours et représente une dépense de 1 545$/conteneur.

François Marginean (7 du Québec):

Le maître du scepticisme nous rapporte que pour chaque dollar des payeurs de taxes que le gouvernement américain a décidé de déployer pour aider Haïti, seulement environ 1 cent est pour Haïti. Pour chaque dollar d’aide humanitaire que les Américains dépensent, 40 cents vont à l’appareil militaire US, payer pour la sécurité, les recherches et les équipes de secours, incluant le navire hôpital de la Navy USNS Comfort. Un autre 36 cents va au financement de l’assistance d’urgence de la US AID. Uniquement 10 cents ont déjà été dépensés pour de la nourriture.

Il poursuit en mentionnant que « l’occupation » du pays par les ONG est justifiée par les ressources naturelles du pays, dont notamment des réserves de pétroles plus grandes que celles du Vénézuela, de l’or et de l’iridium…..permettez-moi d’en douter fortement!

Jeanne Émard (Lutopium):

Lutopium met ici le doigt sur un bobo majeur, mais y appose la mauvaise étiquette. Son erreur est évidemment de confondre libertariannisme et droite politique. Ce que propose la Heritage Foundation n’est vraiment pas libertarien, mais bien du corporatisme de droite. Il est néanmoins tout à fait légitime de se demander si tous ces États qui envoient des soldats en Haïti le font vraiment par entraide ou s’il y a des intentions géopolitiques cachées, ou encore s’il le font pour promouvoir le complexe militaro-industriel ainsi que les intérêts corporatistes.

Gérard Latulippe (L’Actualité):

Cet ancien ministre libéral dans le gouvernement du Québec, qui fut aussi délégué général du Québec à Mexico et à Bruxelles, se trouvait en Haïti lors du séisme. Selon lui, le vide politique qui s’y est installé est un problème colossal et la communauté internationale devra s’y attaquer rapidement.

« Il est urgent de combler ce vide politique et je ne vois aucune autre voie que la mise sous tutelle d’Haïti par la communauté internationale, avec la participation impérative des Haïtiens. (…) La communauté internationale est frileuse quand il s’agit d’imposer une gouvernance, parce que ça va à l’encontre de la souveraineté des États. Il y a un devoir d’ingérence sur le plan humanitaire et il y a un droit d’ingérence dans d’autres cas très limités – les génocides, par exemple. Mais dans le cas d’Haïti, il y a un vide juridique sur le droit d’ingérence. C’est tout un débat. Mais il ne faut pas être frileux. »

Est-ce que la communauté internationale peut légitimement prendre en charge l’État haïtien et y mettre sur pied les bases d’un gouvernement sain?

 

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