Je suis récemment tombé sur une vidéo dans laquelle Robert Reich, ancien ministre du travail sous la présidence de Bill Clinton, présente 12 mythes sur l’imposition des riches. Je vous propose ici de discuter de ses arguments. J’avais déjà parlé d’un documentaire de Robert Reich diffusé sur Netflix ici.
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Mythe 1 : un taux marginal de 70% ne signifie pas que l’on paie 70% de ses revenus en impôts.
C’est tout à fait vrai. Les propositions auxquelles Reich fait référence sont l’introduction d’un taux marginal de 70% sur les revenus supérieurs à $10 millions par année (Alexandra Ocasio-Cortez) et une taxe sur la richesse de 2% pour une valeur nette supérieure à $50 millions (Elizabeth Warren). Même avec ces propositions, le taux d’imposition effectif des plus riches touchés par ces deux mesures serait bien inférieur à 50%.
Mythe 2 : ces mesures seraient des idées de l’extrême gauche.
Reich affirme qu’une augmentation de l’imposition des riches est une idée acceptée par la majorité de la population, voire même une majorité de citoyens qui s’associent au Parti Républicain.
En fait, je ne crois que cela soit un mythe. Au contraire, l’imposition des riches est une mesure populiste qui plaît probablement à tous ceux qui n’auraient pas à payer ces taxes (donc 99.9% de la population). Cependant, cela ne signifie pas que ce soient de bonnes idées.
En 1990, il y avait 12 pays de l’OCDE (surtout en Europe) qui avaient une taxe sur la fortune. En 2019, il n’y en avait plus que 4. Cette baisse a été causée par la concurrence fiscale entre les pays européens.
Mythe 3 : les taxes sur la richesse sont anticonstitutionnelles.
Encore une fois, je suis d’accord avec Reich. La constitution des États-Unis (et de la plupart des pays) permet au gouvernement de lever des taxes et impôts comme bon lui semble. Ceci dit, le fait qu’une loi soit constitutionnelle ne veut pas dire qu’elle soit désirable.
Mythe 4 : l’imposition accrue des riches ralentit la croissance.
Dans le vidéo, Reich affirme que l’imposition des riches n’a pas d’impact négatif sur la croissance, voire même qu’elle a un impact positif (car en redistribuant cette richesse, celle-ci est redirigée vers des gens plus pauvres qui ont une propension marginale à consommer plus élevée). Il utilise essentiellement deux arguments pour renforcir sont point.
Le premier argument est qu’au cours des dernières décennies, la croissance du PIB réel a été plus rapide lorsque le taux d’imposition a été plus élevé et vice-versa.
Cet argument ne vaut rien car le fait que la croissance du PIB réel américain ait ralentit au cours des dernières décennies alors que le taux marginal d’imposition le plus élevé a diminué n’a rien à voir avec la fiscalité. Comme expliqué dans cet article sur l’excellent ouvrage de l’économiste Dietrich Vollrath, le ralentissement de la croissance est surtout attribuable au vieillissement de la population et à la transition vers une économie de services causée par l’enrichissement de la société.
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Ce graphique montre que le taux marginal maximal a été très élevé (autour de 90%) durant une période où la croissance du PIB était plus rapide (1940-1970), alors que ce taux d’imposition a été plus faible durant une période de ralentissement de la croissance (1990-2018).
Autrement dit, le ralentissement de la croissance est la conséquence des phénomènes désirables pour la société et le fait que ces phénomènes concordent avec une période durant laquelle le taux d’imposition marginal le plus élevé a été plus bas que dans les années 1950 à 1970 n’est qu’une coïncidence.
En fait, on pourrait croire que si le taux d’imposition avait été plus bas dans le passé, la croissance aurait peut-être été encore plus forte. Le graphique présenté par Reich ne prouve rien du tout.
Le second argument est que suite aux baisses d’impôts corporatifs introduites par l’administration de Donald Trump en 2018, les grandes entreprises n’ont fait que racheter leurs propres actions plutôt que d’augmenter leurs investissements, ce qui fait en sorte que l’argent des baisses d’impôts n’a pas pu stimuler l’économie.

Cet argument est grotesque et montre une incompréhension fréquente du fonctionnement des marchés financiers. Lorsqu’une entreprise cotée en bourse rachète ses propres actions, le vendeur (nommons-le Tony) reçoit l’argent et peut ensuite décider soit de :
- Le dépenser
- Acheter des actions nouvellement émises par une entreprise en croissance
- Acheter d’autres actions en circulation (déjà émises)
Dans les deux premiers cas, l’argent est directement injecté dans l’économie et dans le cas numéro 2, il va servir à mousser la croissance économique en permettant à une entreprise de financer ses investissements.
Dans le troisième cas, il est vrai que l’argent ne sert pas immédiatement à financer la croissance. En réalité, les entreprises qui paient le plus d’impôts et qui rachètent leurs actions sont la plupart du temps plus matures et ont moins d’opportunités de croissance créatrices de richesse. Elles utilisent donc leur capital excédentaire pour racheter des actions plutôt que de le gaspiller dans de mauvais projets. Par contre, ce sera peut-être la personne qui vend ses actions à Tony qui investira dans une nouvelle émission d’actions, qui elle servira à financer la croissance économique.
Si on suit le cheminement de l’argent jusqu’au bout, on réalisera que 100% de l’argent provenant des rachats d’actions sera soit dépensé, soit investi dans une nouvelle émission de titres, et donc 100% de l’argent de ces rachats d’actions est réinjecté dans l’économie. Si une entreprise peut augmenter ses rachats d’actions grâce à une baisse d’impôts, il est donc évident que les baisses d’impôts stimulent l’économie.
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D’ailleurs, ces graphiques montrent que suite aux baisses d’impôts de Trump, les nouvelles émissions d’actions ont augmenté.
Sources: Dealogic, Bloomberg.
Par contre, la croissance de l’investissement n’a pas accéléré car les entreprises ont fait face à beaucoup d’incertitude quant aux mesures protectionnistes de l’administration Trump, ce qui fait en sorte que les baisses d’impôts n’ont pas pu impacter l’économie à leur plein potentiel. La guerre commerciale avec la Chine a sapé la confiance des dirigeants d’entreprises et réduit leur appétit à déployer du capital dans de nouveaux projets de croissance.
Dans ce graphique, la ligne rouge montre le ralentissement des investissements suite à la réforme fiscale, car c’est à ce moment que le protectionnisme de Trump a commencé à faire du tort.
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Il faut aussi garder en tête que Trump n’a pas compensé ses baisses d’impôts par des diminutions de dépenses. Les entreprises ont donc anticipé une grosse augmentation du déficit fiscal de l’état, ce qui remet en question la soutenabilité à plus long terme des baisses d’impôts et ne favorise pas une accélération des investissements.
Il y a cependant un aspect important à mentionner concernant ce mythe. Les taxes proposées par AOC et Warren affecteraient moins de 0.1% de la population. Ces gens sont déjà riches et il est peu probable que ces taxes auraient un impact significatif sur l’économie en décourageant l’investissement.
Saez & Zucman expliquent qu’en plaçant la barre assez élevée, les taxes sur la richesse n’ont pas vraiment d’impact sur les entrepreneurs et leurs décisions d’investir. Par ailleurs, dans une économie complètement survoltée de liquidités par la Federal Reserve, le fait de diminuer le capital investit par ces impôts supplémentaires pourrait facilement être compensé par l’impact de la création de monnaie sur les marchés financiers et sur le système bancaire.
Autrement dit, si ces taxes diminuaient le capital disponible aux entrepreneurs, ceux-ci pourraient facilement combler ce manque en émettant de nouvelles actions à prix gonflés par la Fed ou en empruntant à taux dérisoire auprès de leur banque.
Mythe 5 : les baisses d’impôts créent des emplois.
Reich affirme que les baisses d’impôts, dont celles de Trump en 2018, ne créent pas d’emplois et affirme même que la croissance de l’emploi a ralenti sous Trump.
La deuxième portion de cette affirmation est très malhonnête. Obama avait hérité d’une économie qui sortait d’une des pires récessions de l’histoire. Il est normal que la croissance de l’emploi ait été forte durant la reprise économique. La reprise dirigée par Obama a cependant été l’une des plus lentes comparativement aux récessions précédentes.
Par contre, suite à la réforme fiscale de Trump, l’emploi a continué de progresser. Le taux de chômage est tombé à un creux historique. Le taux de participation de la main d’œuvre, qui avait constamment chuté sous Obama, s’est mis à réaugmenter. La croissance des salaires a accéléré, et encore plus pour les travailleurs à bas salaires. Le revenu moyen des ménages a aussi accéléré et le taux de pauvreté a atteint un plancher historique.
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Ce graphique montre le taux de participation de la main d’œuvre, qui a clairement augmenté suite à la réforme fiscale.

Ces deux graphiques montrent la croissance des salaires moyens.

Ce graphique démontre que ce sont les travailleurs à bas-salaires et, dans une moindre mesure, à salaires moyens, qui ont vu la plus forte accélération de la croissance de leur rémunération.
Ce graphique de Goldman Sachs montre essentiellement la même chose. Les travailleurs dont les revenus sont en bas de la médiane ont vu la croissance de leurs salaires accélérer, alors que ce fut l’inverse pour les travailleurs les mieux payés.
Et celui-ci montre l’évolution du revenu médian des ménages. On voit clairement l’augmentation après 2018.

Et ce graphique montre le taux de pauvreté à un plancher historique grâce à une baisse survenue surtout après 2018.

Robert Reich semble donc négliger l’impact des baisses d’impôts de Trump sur l’économie et particulièrement sur les travailleurs et les ménages les moins bien nantis. Trump a peut-être réussi à démontrer qu’une économie forte est le meilleur programme anti-pauvreté qui soit.
Il est évidemment difficile de prouver que ce sont les baisses d’impôts qui ont tant amélioré le sort économique des citoyens Américains. Cependant, il est fallacieux de prétendre que les travailleurs n’ont pas vu leur sort s’améliorer sous Trump, voire qu’il se soit détérioré.
Mythe 6 : les riches paient déjà les impôts les plus élevés.
On entend souvent dire que les plus riches paient la majorité des impôts. Reich affirme avec raison que ce fait concerne surtout les impôts sur les revenus et néglige les impôts locaux, qui eux sont moins progressifs.
Ce graphique provient de la vidéo elle-même et montre que le top 1% ne paient qu’un taux d’imposition de 7.4% de leurs revenus en taxes et impôts des états et municipalités, alors que ces formes de taxation représentent une plus grande part des revenus des moins bien nantis. Ces impôts sont donc régressifs.
En 2017, les 1% plus riches ont payé 38.5% de tous les impôts sur le revenu, alors que les 50% de la population les moins riches ont payé moins de 5%.

Le graphique suivant présente les calculs de Saez & Zucman. Il s’agit du taux d’imposition effectif en incluant non seulement l’impôt sur le revenu fédéral, mais en plus les impôts corporatifs, les taxes des états et municipalités et d’autres taxes telles que les immatriculations de véhicules.
Leur calcul démontre que les 400 familles les plus riches paient un taux d’imposition total similaire aux familles qui sont en bas de la médiane en termes de richesse. Il faut cependant savoir que Saez&Zucman ont des hypothèses très agressives en ce qui concerne l’évasion fiscale. Ils supposent que les riches caches des sources de revenus grâce aux paradis fiscaux, ce qui réduit leur taux d’imposition effectif (en faisant grossir le dénominateur). Il serait donc prudent de comparer avec d’autres sources à cet égard.
Ce graphique montre aussi les calculs de Saez & Zucman, mais pour toutes les tranches de revenus.

En revanche, selon les calculs de l’Institute of Taxation and Economic Policy (ITEP), les 1% plus riches en termes de revenus ont généré 20.9% des revenus totaux du pays, mais ont payé 24.1% des taxes et impôts. C’est ce que démontre le graphique suivant.
L’ITEP calcule aussi que le taux d’imposition effectif, en incluant toutes les taxes, est de 33.7% pour le top 1% et qu’il y a une nette progressivité dans le système fiscal américain. Serait-il vraiment nécessaire que le top 1% paie encore plus?
Pourquoi ces chiffres diffèrent-ils de ceux de Saez & Zucman?
Selon la Tax Foundation, il y a plusieurs problèmes avec la méthodologie de Saez&Zucman. Premièrement, ils excluent les crédits d’impôts dont bénéficient les plus pauvres, ce qui augmente significativement le taux d’imposition effectif des premiers paliers de revenus comparativement aux plus riches.
Deuxièmement, ils allouent les revenus non-déclarés en proportion du revenu total, ce qui fait que les plus riches sont plus affectés par cet ajustement et rend la distribution des impôts plus régressive. Les études du ministère du revenu américain (IRS) démontrent que ce sont en fait les plus pauvres qui bénéficient disproportionnellement de revenus non-déclarés au fisc.
Il y a plusieurs autres choix méthodologiques de Saez&Zucman qui rendent leurs données moins progressives concernant le système fiscal américain. Il m’apparaît que le calcul de l’ITEP est bien plus adéquat.
Mythe 7 : les riches paient beaucoup d’impôts sur les gains en capitaux.
Reich affirme que les riches sont en mesure de différer l’impôt sur les gains en capitaux en ne vendant pas leurs actifs et en les transférant à leurs héritiers. Il cite que 55% de la valeur des héritages est constituée de gains en capitaux dont l’impôt est différé.
Tout d’abord, Reich semble négliger le fait que les gains en capitaux constituent une double taxation et ne devraient probablement même pas être imposés. En plus, une bonne partie des gains en capitaux n’est attribuable qu’à l’inflation et ne constituent pas une forme d’enrichissement. Par ailleurs, le fait de différer des gains en capitaux n’est pas équivalent à les annuler. Tant que le détenteur de l’actif ne le vend pas, il ne peut pas en profiter à sa guise, sauf s’il s’agit d’une propriété immobilière, lesquelles sont taxées chaque année par les municipalités en fonction de leur valeur.
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Ceci dit, l’une des propositions de Saez & Zucman permettrait peut-être d’apaiser la gauche sur cette question, soit celle visant à taxer les gains en capitaux lors du décès. Cela ferait en sorte que l’impôt ne pourrait plus être différé de génération en génération. Ce serait un bon compromis qui ralentirait l’accumulation de la richesse au sein d’une poignées de familles et permettrait d’éviter l’introduction d’une taxe annuelle sur le patrimoine.
Mythe 8 : la taxe sur les héritages est injuste.
Pour ce mythe, Reich pivote vers une autre forme de taxation, celle sur les héritages, et explique que cette taxe se s’applique qu’aux héritages d’une valeur supérieure à $11.2 millions, ce qui ne représentent qu’un très petit nombre.
Pour éviter que cet article ne devienne trop long. Je ne vais pas commenter cet aspect et me concentrer sur les taxes proposées par AOC et Elizabeth Warren.
Mythe 9 : imposer les riches ne sert à rien car ils vont éviter l’impôt.
Lorsque les impôts deviennent trop élevés, les riches vont avoir tendance à déplacer leurs actifs vers d’autres pays où la fiscalité est plus favorable ou à modifier la composition de leurs investissements pour réduire leur facture d’impôt. Vu l’effet Laffer, ces impôts ne permettent pas d’augmenter les recettes de l’état et il peut même y avoir un effet négatif sur les revenus de taxation car l’impôts élevé peut avoir un impact néfaste sur l’économie.
Dans la vidéo, Reich affirme que les taxes proposées par AOC et EW permettront de générer des billions de dollars en recettes fiscales. En guise d’explication, il cite une étude de Saez & Zucman.
J’ai retrouvé cette étude, dans laquelle les auteurs prétendent que ces taxes seront difficiles à éviter pour les raisons suivantes :
- Les États-Unis ont un système fiscal basé sur la citoyenneté, donc pour éviter de payer leurs impôts, les riches ne doivent pas seulement déménager, ils doivent aussi renoncer à leur citoyenneté américaine.
- La réforme proposée par Elizabeth Warren inclut une « taxe de sortie » de 40% sur la fortune des gens qui renoncent à leur citoyenneté, ce qui pourrait décourager cette option.
- Depuis quelques années, les États-Unis ont grandement amélioré leurs systèmes d’informations fiscales grâce au régime FACTA, ce qui rend la tâche beaucoup plus difficile à ceux qui veulent éviter l’impôt grâce aux paradis fiscaux.
Au final, on pourrait donner à Reich le bénéfice du doute sur le fait que ces taxes seraient difficiles à éviter et que l’effet Laffer serait limité, surtout si l’impact sur l’économie est faible.
Même si on supposait que la poignée de ménages dont les revenus seraient touchés par la taxe d’AOC (dont les revenus excèdent $10 millions par année) décidaient tous de prendre leur retraite, il serait improbable que cela ait un impact significativement négatif sur l’économie.
Mythe 10 : le but de ces taxes n’est que de grossir l’état.
Reich affirme que le but de ces réformes fiscales n’est pas que de générer des revenus supplémentaires pour le gouvernement, mais aussi de réduire les inégalités.
Reich et beaucoup d’autres gauchistes pensent que les inégalités de richesse sont indésirables, même si une société inégalitaire est plus riche qu’une société plus égalitaire et même si les plus pauvres sont en meilleure posture dans la société plus inégalitaire.
Autrement dit, la répartition de la richesse devrait être plus importante que la quantité de richesse, même si on diminue le niveau de vie de tous pour y arriver. Je suis en désaccord avec cet objectif.
Je suis contre les inégalités de richesse qui découlent de privilèges octroyés par le gouvernement, mais pour le reste, je ne pense pas qu’on devrait réduire la taille de la tarte rien que pour pouvoir la découper de manière plus égale.
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Le graphique suivant provient de Saez&Zucman et illustre la part de la richesse du top 0.1% aux États-Unis selon différentes méthodologies.
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Mythe 11 et 12: il est injuste de s’acharner sur les riches, les riches ont mérité leur richesse.
J’ai combiné les mythes 11 et 12 car il me semble que c’est le même argument.
En ce qui concerne ce mythe, Reich aurait pu faire référence au fait que le concept de mérite est un peu galvaudé du côté des conservateurs et que la plupart des gens riches ont plutôt été chanceux à la loterie génétique et sociétale. Mais il n’utilise pas cet angle.
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Il y va plus tôt de l’argument « you didn’t build that » en affirmant que si les riches ont réussi à être riches, c’est grâce au gouvernement. Il est tout à fait vrai que le gouvernement fourni des infrastructures et services nécessaires au bon fonctionnement de la société et que les riches bénéficient de ces infrastructures et doivent pas conséquent contribuer à les financer, incluant un filet social.
Il est aussi normal que les riches doivent contribuer davantage que la moyenne puisqu’il y a des gens dans la société qui sont incapables de contribuer quoi que ce soit en termes de taxes. Le système fiscal américain est d’ailleurs assez progressif. Cependant, cela ne permet pas de justifier une augmentation supplémentaire de l’imposition des riches.
Robert Reich complémente cet argument en mentionnant que le gouvernement subventionne la recherche pharmaceutique au profit de ces entreprises et qu’il a sauvé les grandes banques de la faillite en 2008. Ces aides gouvernementales envers les riches justifient selon lui de taxer les riches davantage.
Je trouve ces arguments fallacieux, car au final, les subventions octroyées à Big Pharma et à la R&D en général sont bien petites et en déclin. Le graphique 1 ci-bas montre que la part du gouvernement dans le financement de la R&D a diminué dans l’OCDE et c’est particulièrement vrai aux États-Unis, alors que les sommes totales investies en R&D ont constamment augmenté (graphique 4 ci-bas).
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Aux États-Unis, le National Institute of Health supporte plus de 325,000 chercheurs dans plus de 3,000 universités. Entre 1938 et 2013, cette agence a dépensé $884 milliards (en dollars constants) pour soutenir la recherche en soins de santé. Cela équivaut à $11.6 milliards par année soit 0.3% revenus des 10 grandes entreprises pharmaceutiques. On peut facilement conclure que ces entreprises pourraient très bien s’en passer…
En ce qui concerne le Bailout des banques en 2008, je ne vois pas en quoi cela est un argument pour augmenter les impôts des riches. La grande majorité des riches ne sont pas des banquiers et n’ont aucunement bénéficié de ce sauvetage qui, au final, n’était probablement pas nécessaire.
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Conclusion
On peut concéder à Robert Reich que les propositions fiscales de mesdames Ocasio-Cortez et Warren ne seraient pas nécessairement des désastres économiques et qu’elles permettraient de lever d’importants revenus en étant difficiles à éviter.
Cependant, à l’écoute de la vidéo, j’ai jugé que Reich avait employés plusieurs arguments fallacieux et malhonnêtes pour arriver à ses fins, lesquels j’ai cru bon clarifier.
Au final, même si on est en accord avec l’existence d’un système fiscal progressif, on peut tout de même se demander jusqu’où on peut aller dans l’imposition des riches avant que le système devienne néfaste et carrément injuste. À mon avis, il y a des moyens beaucoup moins liberticides de réduire les inégalités.
Avec l’ampleur du déficit fiscal américain, le nouveau président des États-Unis, Joe Biden, va certainement considérer l’introduction de telles taxes pour rééquilibrer les finances de l’état et surtout, pour dépenser encore plus. Il sera intéressant de voir s’il puisera dans les idées d’AOC et Warren…
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