Dans son livre « The Entrepreneurial State », dont j’ai déjà parlé ici, Mariana Mazzucato affirme qu’Apple n’aurait pas pu exister sans l’aide gouvernementale.
Apple est souvent considérée comme un « poster child » du capitalisme, démarée à partir de rien dans un garage et se réinventant grâce à des designs uniques et ses innovations de manière à révolutionner le monde de l’électronique.
Est-ce qu’Apple aurait pu avoir autant de succès sans aide de l’État?
Mazzucato affirme qu’Apple a pu démarrer grâce à de l’argent du programme Small Business Administration. En fait, Apple a reçu une participation de $500,000 d’une banque commerciale privée (Continental Illinois) en partie financée par la SBA. La banque et la SBA ont réalisé un gain substantiel sur cet investissement lors de l’entrée en bourse d’Apple en 1980.
Par ailleurs, cette même année 1978, Apple a reçu de nombreuses injections de capitaux de la part de firmes de capital de risque (« venture capital » ou VC). Cet aspect contredit l’une des principales affirmations du livre voulant que le capital de risque arrive toujours beaucoup trop tard et n’apparaît qu’une fois qu’il n’y a presque plus de risque. Pour Apple, le capital de risque a investit en même temps que le gouvernement.
En fait, on peut fortement douter de la nécessité pour Apple d’obtenir ces $500,000. Jobs et Wozniak n’allaient certainement pas cracher sur du capital à rabais, mais l’entreprise aurait sans doute quand même vu le jour sans cet argent.
Disque dur à grande capacité
Le prix Nobel de physique de 2007 fut attribué à Albert Fert et Peter Grunberg, qui ont découvert la magnétorésistance géante. Cette découverte a permit de développer des disques durs qui contiennent beaucoup plus de données. C’est IBM qui a d’abord utilisé cette découverte pour mettre au point un nouveau type de disques durs pouvant être commercialisables.
Cette technologie était nécessaire à la conception du iPod, le produit révolutionnaire qui a eu un si grand impact sur Apple. Mazzucato mentionne que leurs recherches ont été financées par les gouvernements de France et d’Allemagne, ce qui est sans doute vrai puisque ces chercheurs oeuvraient au sein d’universités publiques.
Les semi-conducteurs
Mazzucato affirme que le gouvernement américain a joué un rôle clé dans l’invention des semi-conducteurs. Comme le Département de la Défense (DoD) américain considérait les semi-conducteurs d’une importance stratégique du point de vue militaire, il a créé la Strategic Computing Initiative, qui a alloué $1 milliard pour aider les efforts de recherches en informatique entre 1983 et 1993. Cependant, cette initiative s’est surtout concentrée sur l’intelligence artificielle et s’est avérée un échec (il semble que Mazzucato fait fausse route sur ce point).
En fait, les semi-conducteurs ont émané de travaux de recherches menés chez Bell Labs, une division de AT&T. Cette compagnie de téléphonie bénéficiait à l’époque d’un monopole gouvernemental, ce qui lui permettait de financer ses activités de R&D en y dédiant 1% de ses revenus. Autrement dit, ce sont les clients d’AT&T qui ont financé ces recherches en payant des prix trop élevés pour leur service téléphonique.
Il ne s’agit donc pas vraiment de recherches financées par l’État, mais c’était grâce au gouvernement qu’AT&T avait ce monopole.
L’écran tactile
L’une des technologie qui a permi aux produits d’Apple de passer à un autre niveau est l’écran tacticle. Apple a obtenu cette technologie en faisant l’acquisition de l’entreprise Fingerworks en 2005, fondée par John Elias et Wayne Westerman en 1998.
Est-ce que Westerman a reçu du financement public pour faire ses recherches? En fait, il a développé son invention en faisant sa thèse de doctorat à l’Université du Delaware. Cette université est publique, donc on peut dire que cette invention résulte de dépenses gouvernementales.
Il faut par contre savoir que l’entreprise Fingerworks n’allait nulle part et serait probablement disparue si Apple ne l’avait pas achetée. Leur produit était trop onéreux et peu convivial, ne pouvant donc servir qu’une clientèle niche. Ce sont les dirigeants d’Apple qui ont eu l’idée d’intégrer cette technologie à un téléphone cellulaire pour créer le iPhone.
Les piles Li-ion
Ces piles ont été développées graduellement suite à une succession de recherches menées depuis les années 1970s, initiées par le laboratoire de la compagnie pétrolière Exxon qui les a commercialisées en premier (sans intervention du secteur public), mais ce sont les travaux de John B. Goodenough qui ont permis de les améliorer jusqu’à la commercialisation par Sony. Ces recherches ont été menées à l’Université d’Oxford en Angleterre et lui ont valu le prix Nobel.
Comme Oxford reçoit sûrement du financement public pour la recherche, le gouvernement a donc participé à cette invention, mais il est fort probable qu’elle aurait vu le jour quand même.
Écran à cristaux liquides
Mazzucato mentionne aussi l’écran ACL comme une invention gouvernementale qui a bénéficié à Apple. Pourtant, le premier écran ACL a été inventé par George H. Heilmeier en 1968 alors qu’il travaillait pour les laboratoires RCA, une firme privée.
Les développements subséquents ont surtout impliquée des firmes privées telles que Hoffmann-LaRoche, Seiko, Westinghouse, Sharp, Brownm Boveri & Cie, Philips, Epson, Citizen, Merck KGaA, Hitachi, NEC, Samsung et Toshiba.
En somme, cette invention semble le fruit des efforts de R&D d’entreprises privées.
L’internet
Évidemment, un téléphone intelligent ne serait pas très intelligent sans l’internet. Selon Mazzucato, l’internet est une invention purement gouvernementale. À mon avis, cela n’a rien à voir avec la question qui nous préoccupe ici.
On pourrait aussi dire qu’il ne pourrait pas y avoir de voitures sans routes, mais cela ne veut pas dire que les frabricants automobiles doivent payer pour les routes. Ce sont les automobilistes qui doivent payer pour les routes à partir des taxes sur l’essence et des péages. Dans le même ordre d’idée, les fabricants de téléphones cellulaires et de tablette ne doivent pas avoir à financer l’internet.
C’est encore le syndrôme du « you didn’t build that » qui se manifeste. Par ailleurs, dans un article antérieur, j’avais démontré que l’internet a des origines beaucoup plus privées que certains ne le croient et qu’en fait, le gouvernement y a bloqué l’accès pendant plus de 25 ans avant que le secteur privé puisse en profiter. Le gouvernement a donc nuit à la commercialisation de l’internet, ce qui va à l’encontre de la thèse de Mazzucato.
Article connexe: L’implication du gouvernement dans la création de l’internet.
Le système GPS
Finalement, de nos jours les iPads et iPhones bénéficient du système GPS, qui a débuté dans les années 1970s dans le cadre du programe militaire américain nommé NAVSTAR. L’objectif était à prime abord militaire, mais la technologie fut mise à la disposition des civils depuis 1983. Il s’agit évidemment d’une infrastructure purement gouvernementale.
Ceci dit, les technologies qui ont permit de rendre le GPS utile aux masses, incluant les produits Apple, ont été développées par le secteur privé. Au final, dans une société libérale, on peut s’attendre à ce que le gouvernement s’occupe des infrastructures essentielles et que le secteur privé s’occupe du reste. Je considère la constellation de satellites formant le GPS comme tel.
La R&D d’Apple
Mazzucato affirme qu’Apple dépense de moins en moins en R&D relativement à ses revenus et que, par conséquent, elle semble se fier davantage aux gouvernements pour financer les découvertes qui lui permettent d’améliorer ses produits.
Il est vrai qu’à ses débuts, Apple dépensait une plus grande part de ses revenus en R&D. Par exemple, en 1991, Apple a dépensé 9.2% de ses ventes en R&D comparativement à 5.4% en 2018. Par contre, les dépenses de R&D d’Apple ont tout de même augmenté de 23.4% au cours de cette période pour atteindre $14 milliards! En revanche, aux États-Unis, le gouvernement américain dépense environ $140 milliards par an pour soutenir la recherche alors que le secteur privé dépense $370 milliards en R&D.
Dans le cas d’Apple, ce n’est pas la R&D qui a diminué, mais bien les revenus qui ont explosé suite à ce que l’entreprise commercialise de plus en plus de produits ayant des marges élevées. Il serait inutile pour Apple de dépenser $10 milliards de plus en R&D pour revenir à 9% de ses ventes, ce serait probablement du gaspillage.
Conclusion
Mazzucato oublie qu’il y a une différence considérable entre faire une découverte scientifique et innover de manière à amener cette découverte entre les mains des masses sous la forme d’un produit utile et désirable.
Ce sont sans contredit les entreprises privées qui sont les plus aptes à innover et à inventer des nouveaux produits qui améliorent notre niveau de vie. Les entreprises privées font aussi un peu de recherche fondamentale, mais il n’y a pas de mal à ce que le gouvernement aide financièrement les universités (publiques ou privées) à ce niveau.
Les sommes impliquées ne sont pas si élevées et pourraient être financées en veillant à ce que l’État retienne une part des brevets obtenus suite à des recherches qu’il a financées. Nous aurions alors un système auto-suffisant qui pourrait même être privatisé (comme NAV Canada et Aéroport de Montréal par exemple).
La privatisation d’un tel organisme sous la forme d’une société sans but lucratif permettrait de dépolitiser la recherche, c’est-à-dire d’empêcher les politiciens de favoriser certains secteurs ou certains objectifs au niveau de la recherche (aka « picking winners »).
L’Etat existe. Il intervient. Qu’on le veuille ou non. On ne peut pas dire que quelque chose serait impossible sans l’Etat simplement parce que dans notre société il est interventionniste.
D’autre part, puisque l’Etat intervient, si on considère que les réussites économiques et sociales sont de son fait, quid des échecs et des problèmes sociaux? Les interventionnistes ont tendance à avoir une vision manichéenne, ce qui va bien, c’est grâce à l’Etat, ce qui va mal, c’est le capitalisme. Ce n’est plus du raisonnement, mais de l’idéologie, et ça n’apporte rien à la réflexion.
La logique du livre est totalement stupide:
Bien sûr que si on va suffisamment loin, on peut dire qu’Apple n’aurait pas eu de succès sans état.
Après tout, sans les infrastructures faites par l’état il n’y aurait pas été possible pour Apple de distribuer ces produits.
Sans l’état, Steve Jobs n’aurait pas été à l’école. Et s’il avait été illettré, il n’aurait pas pu créer son entreprise.
Bah oui, aux USA, l’état représente aux alentours de 40% du PIB dans ces conditions il est strictement impossible de créer une entreprise sans bénéficier de l’état.
A un moment, cela n’a plus aucun sens de chercher si loin parce qu’avec cette logique, on peut attribuer à l’état un peu près tous les réussites. Indirectement, l’état a toujours joué un rôle. (Et cela ne veut pas spécialement dire que l’état est bon entrepreneur juste qu’il est tellement interventionniste dans nos sociétés qu’il est impossible qu’il ne joue aucun rôle dans nos vies).
Cela me fait personnellement penser au paradoxe de la veste de laine dans Richesses des nations chez Adam Smith ( https://fr.wikisource.org/wiki/Recherches_sur_la_nature_et_les_causes_de_la_richesse_des_nations/Livre_1/1 ).
C’est en gros, l’idée que si on prend même les objets les plus simples on voit qu’il a fallu un nombre incalculable de personnes pour les faire (berger, le teinturier, le fileur, le tisserand, le foulonnier, les marchands et voituriers, les matelots, les ouvriers en voiles et en cordages,…On pourrait aussi remonter à ceux qui ont fabriqué les outils des différentes professions citées. Puis aux matières premières,…). En gros, on peut remonter très loin. On parle de plusieurs milliers de personnes nécessaires à faire un objet aussi simple qu’une veste de laine.
Cela illustre à quel point dans la société humaine on est interdépendant les uns les autres. Seul on ne pourrait rien faire.
C’est encore plus vrai pour le monde moderne qui est encore plus complexe qu’avant. Cette complexité augmente encore plus l’interdépendance. Pour un objet technologique, il faut encore bien plus de personnes que pour une veste en laine. Forcément, vu l’interdépendance du monde moderne et la présence de l’état dans la société, il est évident qu’il est assez facile si on le veut de trouver des choses où l’état a aidé une entreprise à obtenir le succès. Mais on pourrait faire la même chose pour les chinois (sans ce pays, pas de matières premières comme les terres rares, pas d’ouvriers pour les usines d’assemblages,….). Ou pour un tas d’autres acteurs.
La science et les nouvelles technologies sont également très interconnectés dans le sens où les nouvelles technologies et les découvertes scientifiques sont basés sur des connaissances actuelles, sur des technologies existantes. Forcément, sans ces connaissances, ces technologies, impossible d’avoir de nouvelles technologies et de découvertes scientifiques.
Et vu le rôle historique de l’état dans la recherche, il est assez facile de trouver des technologies sur lesquelles se basent les nouvelles découvertes scientifiques, les nouvelles technologiques. Sauf que si on voulait on pourrait faire le même raisonnement pour d’autres acteurs (par exemple dire que c’est grâce aux recherches faits par les militaires que ces nouvelles technologies existent, grâce aux européens que ces nouvelles technologies existent,….).
D’une certaine manière, la seule chose que prouve ce livre c’est que le monde est très interconnecté et que l’état joue un rôle important dans la société. Chose que toute personne sensé ayant un minimum réfléchi à la question sait.
Cela ne prouve absolument rien sur la capacité de l’état à entreprendre ou sur le fait que les interventions étatiques sont bénéfiques.
Parce que déjà quand on parle de ces sujets, il faut des données empiriques, on ne peut pas se baser sur une anecdote.
Mais aussi parce qu’imaginons que l’état n’existe pas ou n’intervienne pas dans les domaines cités, est ce que cela veut dire qu’il n’y aurait pas eu ces technologiques, qu’Apple n’aurait pas existé ?? Absolument pas.
Vu que le système aurait été différent, il est tout à fait possible que ces interventions auraient été faites par le secteur privé.
S’il y a bien une chose que l’on sait avec l’économie c’est que les acteurs économiques réagissent aux incitations.
Forcément, si l’état s’occupe de quelque chose (par exemple financer la recherche fondamentale) cela incite le privé à ne pas se préoccuper (pourquoi s’occuper quelque chose dont l’état s’occupe actuellement). Mais imaginons que l’état ne s’occupe plus de la chose, cela peut très bien conduire le privé à prendre en main cette chose (par exemple si demain, l’état ne finance plus la recherche fondamentale cela peut inciter le privé à la financer bien plus).
Et surtout une chose importante que semble totalement oublier l’auteur: l’imposition. Oui l’état rend des services (éducation, police, justice,…) mais cela n’est pas gratuit, cela est en échange du fait que les gens, les entreprises payent pour ces services. Le souci c’est que dans le privé l’on choisit de payer pour les services que l’on veut. Là où avec l’état, l’on est obligé, on ne peut pas choisir: on est obligé de payer des impôts et des taxes.
En plus, il n’y a pas de lien entre le financement et le service rendu. (Je veux dire, je ne paie pas mes impôts en fonction des services que je bénéficie de la part de l’état).
Oui Apple bénéficie de services de l’état mais en échange, il paie des impôts. (Et ne venez pas avec l’évasion fiscale parce que même une entreprise qui arrive à échapper totalement à l’impôt des sociétés paie des impôts et des taxes (impôt foncier pour les bâtiments, TVA sur ces produits, cotisations pour ces employés,….)).
(Un autre problème c’est que pour certaines choses, l’état bénéficie du monopole. Donc impossible de se passer de l’état vu que celui ci est en monopole).
Toute la question c’est de poser qui est le plus compétent pour gérer tel service de l’état ou du secteur privé.
Or c’est pas en citant des réussites de l’état que l’on peut dire: il est réellement compétent. En effet, si cela tombe le privé aurait encore plus réussi.
Il faut comparer l’efficacité du secteur public avec le secteur privé. Si le secteur privé est plus efficace, on ne peut pas affirmer que le secteur public est efficace (quand même bien il a parfois des réussites).
(C’est la même logique quand les étatistes disent: le marché a des défaillances. Donc il faut que l’état intervienne. Bah non car même si le marché a des défaillances, l’état aussi en a. Si cela tombe, l’interventionnisme étatique peut très bien conduire à encore plus de défaillances qu’avant. Ce qu’il faut c’est comparer lequel entre le marché et l’état a le moins de défaillances).
Si je résume le problème de la thèse de cet économiste, cela me semble être:
-sa manière d’exagérer ce que l’on peut imputé comme réussite à l’état (en gros, il prend une réussite en cherchant sur tout ce quoi s’appuie la réussite. Et il se démerde pour sélectionner tout ce qui a un lien avec l’état (même si au final, cette chose n’a joué qu’un rôle marginal dans la réussite en question). Ensuite, il peut dire que c’est l’état qui est responsable de cette réussite.
Sauf que dès que l’on regarde objectivement la réussite, on voit que le rôle de l’état est bien moindre à ce qu’il prétend. A la fois car il a mis de côté certaines choses indispensable à la réussite qui venaient du secteur privé et aussi parce qu’il exagère considérablement le rôle des apports venant de l’état dans la réussite de la chose étudiée)
-Le fait que ce n’est pas un travail empirique. Parce que c’est pas tout de citer quelques réussites, cela ne dit rien sur la capacité de l’état a être un bon entrepreneur. Il y a combien de réussites pour combien d’échecs ??? Oui parce que j’aurais pu écrire un livre entier sur tous les échecs de l’état actionnaire francais (le fameux état stratège francais qui vu son nombre d’échecs, je pourrais même écrire plus de 100 livres sur le sujet. En général, quand je vois que l’état francais finance une boîte, je me dis que cela sent mauvais pour la boîte. L’état francais est une boussole pour indiquer où ne pas investir ).
Au final il faut comparer le ratio réussite/échec et le comparer au ratio du secteur privé.
« Cet aspect contredit l’une des principales affirmations du livre voulant que le capital de risque arrive toujours beaucoup trop tard et n’apparaît qu’une fois qu’il n’y a presque plus de risque » Cette affirmation est tellement ridicule que je sais pas comment on peut sérieusement l’affirmer.
En finance, le risque est très lié à la rémunération. Si on veut obtenir une très forte rémunération, il faut prendre beaucoup de risques. Au contraire, ne prendre aucun risque signifie avoir une faible rémunération. C’est pour cela que certains sont prêt à prendre beaucoup de risques.
La stratégie du capital risque c’est de miser sur beaucoup de startups prometteuses en sachant bien que la plupart échoueront mais les quelques unes qui réussisseront leur permettront de faire un tel bénéfice que cela couvrira leurs pertes sur toutes les autres qui échoueront.
Une société de capital risque sait bien que dans plus de 90% des cas, cela va échouer mais grâce auxquelles unes qui seront un succès ils se feront du fric.
Et le principe d’une société de capital risque c’est de dégoter les pépites le plus tôt possible. Prétendre qu’ils arrivent trop tard c’est ne pas comprendre l’essence même du capital risque qui est de dégoter des startups qui en sont à leurs débuts.
D’ailleurs, c’est intéressant de voir qu’aujourd’hui, le capital risque est surtout accusé de prendre trop de risques. De financer trop facilement les startups avec des risques inconsidérés. Je parle même pas des licornes (des sociétés avec une forte valeur mais qui ne font aucun bénéfice et sont en perte chaque année. La plus connue étant Uber).
Le cas des licornes est intéressant car il montre de manière flagrante que non les actionnaires ne pensent pas juste aux bénéfices à court terme. Ils sont prêts à supporter de grosses perdes sur de périodes plutôt longues (dans le cas d’Uber cela fait déjà 10 ans) s’ils pensent que la société a du potentiel et qu’ils pourront revendre plus cher (ou que la société fera de gros bénéfices dans le futur). Cela détruit totalement l’idée selon laquelle les méchants de la finance ont une vision purement court termiste.
D’ailleurs, certaines entreprises comme Amazon reversent très peu de dividendes aux actionnaires. Ils préfèrent réinvestir pour permettre à la société de plus se développer.
A moment, les économistes de gauche feraient bien de se mettre d’accord parce d’un côté, ils accusent le secteur privé de prendre trop risques puis de l’autre, ils l’accusent de ne pas prendre assez de risques. Il va valoir décider parce que niveau schizophrénie c’est quand même fort.
« Mazzucato affirme qu’Apple dépense de moins en moins en R&D relativement à ses revenus » Si on élargit, j’entends souvent l’affirmation de la part des gauchistes (comme Lazonick), que les entreprises dépenseraient de moins en moins en R&D
Pourtant, en chiffres: l’investissement américain dans la R &D en pourcentage du PIB est nettement plus élevé aujourd’hui qu’il ne l’était en 1980.
Et cette augmentation est due presque entièrement à l’augmentation des investissements des entreprises dans la R &D , puisque l’investissement du gouvernement dans la R &D stagne essentiellement depuis le milieu des années 80. https://threadreaderapp.com/thread/1142169399815802881.html
La défense représente 58% des dépenses fédérales de R&D aux États-Unis en 2011.
Alors oui si, cela a permis d’avoir Internet (même si comme vous l’expliquez l’origine d’Internet est en grande partie privée, on ne peut pas nier que l’armée a quand même joué un rôle).
De manière globale, les technologies inventées ont été excessivement chères et les retombées sont de plus en plus limitées sur les principaux systèmes d’armes.(Donc aucune utilité pour les civils). voir ce livre: https://www.amazon.com/War-Necessary-Economic-Growth-Procurement/dp/0195188047
(En gros, si par le passé, l’armée a joué un rôle dans le développement de certaines technologies, c’est de moins en moins le cas)
(De manière plus générale, il y a un réel problème d’efficacités au sein de l’armée américaine.
Ce rapport énumère «sept péchés capitaux» des dépenses de défense qui ont totalisé jusqu’à 490 milliards de dollars de déchets / inefficacités sur 10 ans: https://www.cnas.org/publications/reports/the-seven-deadly-sins-of-defense-spending (voir le pdf)
Un exemple au cours des dix années précédant 2013, le Ministère a abandonné pour 46 milliards de dollars de programmes d’armes qui n’ont pas fonctionné ou qui ont été dépassés par les exigences
Un bon article sur le capitalisme et Apple: https://www.johnkay.com/2018/03/13/moving-beyond-capitalism/
Le succès de Tesla, Space X ou Apple n’est pas dû au développement à partir de zéro de nouvelles technologies mais à l’incorporation intelligente de technologies existantes dans un même produit… et c’est déjà beaucoup car ils étaient les premiers à le faire.
Les technologies ne montrent souvent leur plein potentiel une fois adoptées par le privé. C’est bien de développer une très bonne technologie encore faut-il que celle ci soit utilisé à son plein potentiel (il existe pas mal d’exemples de technologies utilisées de manière sous optimale par l’état).
Adapter une technologie pour qu’elle puisse être utilisé sur le marché c’est le rôle du secteur privé. Le secteur public est très mauvais sur ce point.
Apple a permis d’ agréger des technologies ensemble dans un produit et développer un soft qui permet de nouveaux usages. ils sont moins sur le développement hardware que sur la manière d’en rendre l’usage le plus agréable et efficace. ce n’est pas l’ingénieur qui a le pouvoir chez Apple, c’est le designer. Et oui cela a permis de créer l’industrie du smartphone et des app.
Apple a toujours excellé sur le design (qui a joué un rôle essentiel dans son succès).
Un livre qui réfute la thèse de Mariana Mazzucato: