Il est évident que de nos jours, les pays islamiques sont arriérés en termes de science et technologie. Cela peut même se mesurer objectivement que ce soit en termes du nombre de prix Nobels, du nombre de brevets, du nombre d’articles scientifiques cités ou même du nombre de livres traduits.
Cependant, peu de gens savent qu’il n’en a pas toujours été ainsi. Entre le 8e et le 13e siècle, le monde Arabe était le phare scientifique du monde et a contribué au savoir de l’humanité, ce dont les pays occidentaux bénéficient encore aujourd’hui.
Dans un discours prononcé au Caire le 4 juin 2009, le président Barrack Obama fit référence à la contribution musulmane au savoir scientifique de l’humanité:
It was Islam that carried the light of learning through so many centuries, paving the way for Europe’s Renaissance and Enlightenment. It was innovation in Muslim communities that developed the order of algebra; our magnetic compass and tools of navigation; our mastery of pens and printing; our understanding of how disease spreads and how it can be healed.
Notez que j’utiliserai dans cet articles les termes « Moyen-Orient », « Arabe » et « Islamiste/Musulman », même si ces termes sont inexacts. Géographiquement, le monde arabe incluait à une certaine époque la péninsule Ibérique, le nord de l’Afrique et même la Sicile. Ethniquement, le monde Arabe incluait entre autres les Perses, qui utilisaient tout de même la langue Arabe pour ce qui est des sciences (cette langue était mondialement reconnue comme la langue des sciences à l’époque). Même si la grande majorité des savants de l’époque étaient Musulmans, certains étaient aussi Juifs et Chrétiens.
Il n’existe donc pas de terme précis pour englober tout ceux qui ont engendré cet âge d’or, mais tous utilisaient la langue Arabe et la grande majorité étaient de confession musulmane.
Durant cet âge d’or, qui survint durant le règne de l’empire Abbasside, les cités de Bagdad, Damas, le Caire et éventuellement Cordoue, furent des hubs de commerce, d’apprentissage et de tolérance.
Tout d’abord, les Arabes ont traduit les anciens textes Greco-Romains en langue arabe, ce qui a permit de les préserver, car ces connaissances « païennes » avaient été oubliées et/ou rejetées par les Européens. En fait, une bonne partie des connaissances technologiques de la Grèce Antique provenaient déjà du Moyen-Orient (Égypte, Perse, Syrie, Mésopotamie). Ils ont aussi incorporé les connaissances rapportées de Perse, de Chine et de l’Inde.
Dans bien des cas, les Arabes ont importé des technologies d’Inde ou de Chine, et les ont parfois améliorées et/ou jumelées à de nouvelles connaissances. Ce sont eux qui ont utilisé ces innovations avant l’Europe, qui les ont préservées et ensuites transmises aux Européens. Par exemple, ce sont les Chinois qui ont découvert la recette de la poudre à canon, mais ce sont les Arabes qui l’ont utilisée avant l’Europe et qui l’ont transmise aux Européens.
Ce sont les arabes qui ont développé l’industrie de la soie en Italie et ce à partir de la Sicile. Ils y ont aussi introduit les arches ogivales, éléments clé de l’architecture gothique, qu’ils ont ramené de l’Inde.
Ce sont les arabes qui furent les premiers à mettre de côté la superstition et la philosophie pour se concentrer sur l’observation et l’expérimentation, inventant du coup la méthode scientifique.
Médecine
Chez les Chrétiens Européens du Moyen-Âge, on insistait pour dire que la maladie était une punition de Dieu et on ne se soignait qu’avec des rituels inconséquents et parfois dangeureux. Du côté Islamique, on croyait que Dieu réservait à chaque problème (incluant les maladies) sa solution, laquelle il fallait simplement découvrir par la recherche et l’expérimentation.
Du côté de l’Espagne, à Cordoue, un dénommé Al-Zahrawi (Albucasis) a inventé environ 200 instruments de chirurgie (dont le scalpel et plusieurs autres encore utilisés de nos jours) et jetté les bases de cette pratique. Il a publié vers l’an 1000 une encyclopédie de médecine en 30 volumes qui décrivait entre autres la méthode Kocher pour traiter les épaules disloquées, la position Walcher en obstétrique, la ligature de vaisseaux sanguins et la nature héréditaire de l’hémophilie. Il a été le premier à utiliser la catgut comme fil de suture résorbable. Il a inventé le speculum, la curette et les rétracteurs chirurgicaux. Il a aussi élaboré une technique de chirurgie des cataractes, laquelle impliquait une compréhension avancée du fonctionnement de l’oeil.
Notez qu’il y avait aussi beaucoup de conneries dans ces volumes, tout comme il y en avait dans les livres de médecine occidentaux en 1920 et peut-être même encore aujourd’hui. Cependant, les connaissances véritables contenues dans ces volumes étaient d’une ampleur sans précédent.
Un dénommé Al-Razi (Rhazes) a entrepris de tester (et infirmer) la théorie du savant Grec Galen, comme quoi le corps humain est composé de quatre fluides. Cela fut un des premiers exemple d’utilisation de l’expérimentation pour infirmer une croyance établie. Il a aussi testé scientifiquement la saignée, et démontré qu’elle fonctionnait vraiment dans certains cas.
Celui que l’on surnomme le « père de l’optique moderne » se nomme Ibn al-Haytham (Alhazen). Son Livre de l’Optique écrit au début du 11e siècle fut le premier à expliquer comment la vision fonctionne, c’est-à-dire que la lumière rebondit sur un objet et est redirigée vers l’oeil en ligne droite, frappe la rétine et est ensuite interprétée par le cerveau. Il développa aussi ce que l’on appelle dorénavant la méthode scientifique et ce 5 siècles avant la Renaissance.
De son côté, Ibn Al-Nafis a correctement expliqué le fonctionnement du système cardio-vasculaire au 13e siècle. Ce dernier mourru de vieillesse à l’âge de 80 ans. Ce savoir fut transmis à l’Europe par l’Espagnol et Chrétien Miguel Serveto dans un ouvrage paru en 1553, pour lequel il fut arrêté à Genève et brûlé sur le bucher pour hérésie…comme quoi la chandelle ne brûlait pas de manière très brillante du côté chrétien à l’époque…
Les médecins Arabes furent les premiers à utiliser l’alcool comme anti-sceptique et l’opium comme anesthésiant, tout en comprenant les mécanismes d’action de ces substances. Ils comprenaient que la fièvre était en fait un mécanisme de défense du corps humain.
C’est dans le monde arabe que les premiers hôpitaux sont apparus, de même que les premières pharmacies à proprement parler. Les savants arabes ont jeté les base de la pharmacologie, étant les premiers à se baser sur l’expérimention pour découvrir des remèdes et utilisant les mathématiques pour calibrer les doses.
Mathématiques
Ce sont les Arabes qui ont introduit le système de chiffres indiens en Europe, réalisant que ce système était beaucoup plus efficace que les chiffres romains utilisés en Europe (au Québec, nous les appelons encore « chiffres Arabes » d’ailleurs).
Al-Marwazi a fait de grandes avancées en trigonométrie, établissant les relations entre sinus, cosinus, tangent, cotangent, etc. Quant à Al-Kwarizmi, il a littéralement inventé l’algèbre (un autre mot arabe) et les algorithmes (un mot dérivé de la version latine de son nom). Il a de plus inventé la décimale, permettant dorénavant de travailler avec des nombres non-entiers.
Astronomie
Al-Battani a compilé de nombreuses données célestes qui lui ont permit de calculer précisément la durée d’une année, l’inclinaison de la terre et le diamètre du soleil. Ses données ont été utilisées par Copernic pour l’élaboration de son modèle.
Al-Biruni a estimé la circonférence de la terre avec une marge d’erreur de moins de 1%. Al-Tusi a inventé le concept de « couple d’al-Tusi », plus tard renommé « théorême de La Hire », qui permit à Copernic d’élaborer son modèle héliocentrique.
Chimie
Grâce à la méthode scientifique, les Arabes ont fait de grandes avancées en chimie. Ils ont découvert le processus de distillation (le mot alcool est évidemment un mot arabe) et ont découvert le concept d’alcalinité (aussi un mot arabe), ce qui leur ouvrit la voie à toutes sortes d’inventions telles que le savon, la production de verre et les parfums à base d’alcool.
Ce sont les chimistes Arabes qui ont pour la première fois utilisé l’observation expérimentale pour classer les substances à la manière d’un tableau périodique primitif, une grande avancée.
La chimie a aussi permit des avancées en armement, notamment les grenades et le perfectionnement du feu-grec. L’importation de la recette de la poudre à canon de Chine, combinée à l’utilisation avancée des mathématiques et particulièrement de la trigonométrie favorisèrent la force militaire des Arabes.
Agriculture
Les Arabes ont importé de nombreuses cultures au Moyen-Orient, telles que les agrumes de Chine et la mangue le riz, le cotton et la canne à sucre de l’Inde. Ils ont développé d’importants systèmes d’irrigation et catalogués une grande quantité de connaissances en agronomie et horticulture. Un dénommé Ibn Bassal rédigea notamment une impressionnante encyclopédie sur le sujet, comportant un éventail impressionnant de connaissances.
L’impressionnante performance des systèmes d’irrigations Arabes résultait de l’utilisation intensive de roues à aubes et de norias, qu’ils n’ont pas inventées, mais certes perfectionnées grâce à l’introduction de volants d’inertie et de vilbrequins par un dénommé Al-Jazari. Encore une fois, le vilbrequin existait déjà depuis longtemps, mais la version d’Al Jazari était hautement supérieure. Ce dernier utilisa d’ailleurs ces prouesses d’ingénierie dans la fabrication d’horloges hydrauliques supérieures à tout ce qui avait existé auparavant et qui ont émerveillé les monarques européens qui en reçurent en cadeaux.
L’horloge hydraulique de Al-Muradi incluait un train épicycloïdal, mécanisme qu’il inventa et qui est encore utilisé en horlogerie et dans diverses applications industrielles. Ces innovations furent transmises à l’Europe à partir de l’Espagne et contribuèrent assurément à l’amélioration des rendements agriculturels en Europe et à l’éclosion de la Révolution Industrielle en Angleterre.
Le transfert de ces connaissances à l’Europe
Le transfert des connaissances du monde arabe vers l’Europe s’est produit en Espagne, en Italie (Sicile, Venise), à Bisance et aussi durant les croisades. En 1200, les universités d’Oxford et de Paris comportaient une faculté d’interprétation des sciences arabes dont le but était de traduire les documents de manière à ce que ce savoir puisse être utilisé. L’architecture de Venise trahit aussi l’influence du monde arabe sur cette ville. Il est évident que les connaissances émanant du monde arabe ont contribué à, voire déclenché la Renaissance Italienne.
Pourquoi une telle éclosion et le déclin
Plusieurs facteurs ont favorisé l’émergence de la science dans le monde arabe. Premièrement, c’était une civilisation très prospère, grâce au commerce entre l’Asie, l’Inde, l’Afrique et l’Europe (pendant que l’Europe subissait un déclin économique suite à la chute de l’Empire Romain). La richesse est essentielle à financer la science, alors que l’Europe était relativement pauvre à l’époque.
Deuxièmement, le Caliphat Abbasside avait unifié une très grandes superficie géographique sous une même langue. Ce caliphat définissait la nation par la religion et le language, et non pas la tribu et l’ethnicité, et favorisait la tolérance des Juifs et Chrétiens, qui participaient à l’administration de l’État et à la recherche de savoir. Ainsi, un savant Perse pouvait facilement partager des connaissances et débattre avec un savant de Cordoue ou de Bagdad.

L’Université Mustansiriya à Bagdad est l’une des plus anciennes au monde, fondée au 13e siècle.
Troisièmement, les Arabes ont importé la fabrication du papier de la Chine, ce qui a accéléré la transmission du savoir. La population était bien éduquée, savait lire et l’écriture arabe permet une grande précision. Il va sans dire que ce sont les Arabes qui ont introduit le papier en Europe.
Quatrièmement, l’interprétation du Coran qui prévalait sous l’Empire Abbasside encourageait la recherche de connaissance, ce qui n’était pas le cas de la chrétienneté à l’époque. Voir par exemple ce verset du Coran (39:9):
« Are those equal, those who know and those who don’t know? It is those who are endued with understanding that receive admonition. »
En d’autres termes, la recherche du savoir est essentielle à mieux admirer les oeuvres de Dieu et à mieux le comprendre.
En revanche, les raisons du renversement observé à partir du 13e siècle environ sont plus difficiles à identifier.
En 1258, Bagdad tomba aux mains des Mongols et ce fut la fin de l’Empire Abbasside. On rapporte que les conquérants Mongols ont jeté tellement de livres à la rivière que l’eau est devenue noire à cause de l’encre.
Au Nord-Ouest, le monde Arabe dû faire face aux croisades (qui marchèrent sur Jérusalem) et à la Reconquista qui chassa les Arabes de la péninsule ibérique. Après s’être débarrassé de la domination des Tatars, les Russes ont continué leur chemin jusqu’à la Mer Noire, s’emparant de nombreuses terres musulmanes. Cela résultat en un fractionnement du monde Arabe. De nouvelles dynasties moins propices à l’épanouïssement scientifique et social prirent le pouvoir.
L’Empire Ottoman connu son ascencion, étant plus axé sur l’expansion et la conquête que sur la recherche du savoir. Le régime Ottoman engendra un certain déclin institutionnel dans les pays touchés. Les Ottomans se cassèrent les dents en Autriche et entrèrent ensuite dans un interminable conflit avec les Perses.
Bernard Lewis explique qu’au 13 siècle, les Musulmans n’avaient rien à apprendre des Chrétiens d’Europe, mais qu’ils se sont assis sur leurs lauriers, arrêtant la quête d’innovation, alors que l’Europe les rattrapaient sur ce plan. Les Ottomans ne cherchaient pas à parcourir l’Europe pour rester à l’affut de ces changements, et les Européens le leur auraient interdit de toute manière, tandis que les Européens se promenaient librement au Moyen-Orient et interagissaient avec les Chrétiens établis (et tolérés) dans cette région. Autrement dit, les Ottomans se sont fermés à l’Europe, croyant que les infidèles n’avaient rien d’utile à leur apporter, hormis quelques armes et tactiques militaires apprises à la dure sur le champs de bataille.
Le problème majeur a été le manque de séparation entre religion et état. Les Chrétiens d’Europe ont réussi à dissocier les deux, mais pas les Arabes puisque leur prophète était aussi leur dirigeant politique. Cet état de fait a été occasionné par la montée en puissance d’une philosophie anti-rationnaliste nommée Ash’ari.
L’’école Ash’ari a commencé à prendre de la vigeur au 9e siècle, mais devint réellement prédominant au 11 et 12 siècle grâce à Al-Ghazali et son ouvrage « L’incohérence des philosophes ». Ce mouvement marque véritablement un retour en arrière vers le fondamentalisme religieux. (voir l’addendum au bas de ce billet pour plus de détails sur cette philosophie)
Je vois la montée du Ash’arisme comme un retour en arrière, comme si les Chrétiens étaient revenus à la période de l’Inquisition plutôt que de continuer à se séculariser. Les pays islamiques sont retournés vers le fondamentalisme, alors que l’Europe chrétienne s’est sécularisée. Je pense que ce changement a réussi à prendre racine parce qu’il a plu à l’élite politique en place, permettant de mieux contrôler la population et de maintenir en place un régime qui leur permet de se maintenir au pouvoir et vivre une vie de…pasha.
D’autre part, la langue Arabe est plus difficile à imprimer que l’alphabet latin en raison du grand nombre de variations des caractères. Les Arabes ont donc tardé à utiliser l’imprimerie pour répandre le savoir. Sous l’Empire Ottoman, bien peu de livres Européens ont été traduits en Arabe.
De son côté, l’Europe découvrit l’Amérique, ce qui amena une grande source de richesse. Vasco de Gama ouvrtit un nouveau passage au Sud de l’Afrique permettant d’atteindre l’Asie et de contourner le Moyen-Orient. La balance économique se mit alors à pencher en faveur de l’Europe.
Au Moyen-Orient, la découverte du pétrole attira les puissances impériales qui mirent en place des régimes autoritaires extracteurs (et fondamentalistes au niveau religieux) qui permettraient d’exploiter ces ressources à leur profit. Tel que bien expliqué dans le livre « The Dictator Handbook », les revenus du pétrole permettent aux autocrates corrompus de s’enrichir et se maintenir au pouvoir sans avoir à développer leur économie et instruire leur population, ce qui coince ces pays dans un cercle vicieux. Dans certains cas, comme en Arabie Saoudite, les dirigeants et le clergé collaborent à utiliser la religion pour asseoir leur légitimité et contrôle la population.
Plus récemment, dans l’Iraq des années 1950s, le Dr. Ali Allawi décrit dans son livre qu’une nouvelle vague de sécularisation était en cours à l’époque. Le Coran n’était plus aussi étudié, le Ramadan n’était presque plus observé, les femmes portaient des vêtements occidentaux et délaissaient le hijab. La modernité s’installait de plus en plus dans le monde Arabe. Puis, tout a encore basculé. Il y eut la Guerre de Six Jours, la Révolution Iranienne, le conflit entre l’URSS et l’Afghanistan (mettant le djihadisme de l’avant) et finalement la montée du Salafisme-Wahabisme et sa vision arriérée de la vie religieuse (retour de la Sharia). Toute la sécularisation fut renversée en l’espace de quelques années…
Conclusion
Ainsi, l’histoire démontre que l’Islam est tout à fait compatible avec la science et l’épanouïssement culturel en général. Tout dépend des institutions en place. À l’époque de son Âge d’Or, le monde Arabe était en avance sur le reste du monde, tandis que c’est l’Europe chrétienne qui était arriérée. Ce sont les connaissances des musulmans qui ont mit la table pour la Renaissance Européenne.
En raison de certaines circonstances, le monde arabe a basculé. Une interprétation malsaine du Coran a été mise de l’avant et de mauvaises institutions ont été mise en place. Il n’y a rien de spécifique à l’ethnicité arabe ou à la religion islamique qui pourrait fondamentalement empêcher un renversement de cette tendance. De nos jours, des scientifiques Iraniens (et Iraniennes) font des recherches avancées sur la génétique et le clonage, sous l’oeil approbateur des Ayatollahs, il semble que l’islam shiite soit donc plus libéral et progressiste.
Par exemple, le Dr. Alawi explique que selon la vision originelle de l’Islam, les femmes doivent être vénérées, et non soumises à la volonté des hommes. Les femmes dominaient la vie quotidienne des pays islamiques au 7e siècle. Mais curieusement, les versets coraniques exprimant les droits des femmes et les obligations des hommes envers les femmes ont graduellement été négligés et les sociétés islamiques sont devenues excessivement patriarcales.
De nos jours, les pays musulmans sont pauvres, certes, mais sont-ils plus pauvres que les autres pays non-musulmans de leur espace géographiques? Pas si on compare Inde et Pakistan; Malaisie et Thaïlande; Turquie et pays des Balkans; Sénégal et autres pays d’Afrique Sub-Saharienne. Ces pays sont tous pauvres et arriérés scientifiquement parce qu’ils ont des institutions faibles et des gouvernements corrompus, dont les dirigeants ont souvent été menés au pouvoir par des moyens que la Sharia condamne. Leur retard économique et scientifique n’a pas grand-chose à voir avec la nature de leur religion comme tel.
Pour que les pays musulmans se développent et aient de meilleures relations avec l’Occident, ils doivent soit revenir à une interprétation plus souple du Coran, soit se séculariser, ce que beaucoup choisissent de faire après avoir émigré en Occident. Ils doivent aussi adopter de meilleures institutions politiques: diminution de l’emprise des monarchies en faveur de la démocratie, État de droit, laïcité de l’état, liberté de religion, etc. En bref, ils ont besoin de capitalisme…
En ce sens, la Turquie a presque réussi à se séculariser lorsque Kemal Ataturk fit adopter un amendement à la constitution en 1928, lequel enleva toute référence à l’Islam dans la constitution et rendit la sharia non-applicable. Selon Bernard Lewis, les dirigeants musulmans adoptant des réformes sécularistes (ce qui inclut selon lui Nasser, Sadar, Al-Asad, Hussein et même le Shah Perse) sont de bien plus importants ennemis de l’Islam que les pays occidentaux aux yeux des djihadistes extrémistes. Finalement, le président actuel de la Turquie (Erdogan) a orchestré un retour en arrière à cet égard, ramenant la religion à l’avant-plan.
Ce que j’expliquais dans un billet précédent est que les interventions des pays Occidentaux au Moyen-Orient n’ont pas aidé les pays musulmans à aller dans la bonne direction et ont même fortement contribué à la situation actuelle en soutenant des dirigeants pantins autocratiques et corrompus, en intervenant militairement causant d’énormes dommages collatéraux et, par ricochet, cultivant le fanatisme religieux et l’extrémisme. Sans ces interventions, le monde Arabe ne serait peut-être pas une société exemplaire prospère et libre, mais serait probablement dans une meilleure posture.
Article connexe: Les pays occidentaux récoltent ce qu’ils ont semé au Moyen-Orient…
Mon opinion est que dans un monde idéal, il n’y aurait aucune religion. Mais il ne faut pas oublier qu’il y a présentement une grande proportions d’Américains Chrétiens qui ne croient pas à la théorie de la sélection naturelle et qui pensent que l’humanité est apparue il y a 10,000 ans. Donc les Musulmans n’ont pas le monopole de l’obscurantisme religieux…
La bible chrétienne contient des passages ordonnant de tuer tous ceux qui ne croient pas en Dieu. Mais les chrétiens ont choisi depuis longtemps de les ignorer, tout comme les musulmans de l’époque Abbasside et bon nombre (sinon une grande majorité) de musulmans d’aujourd’hui sont en désaccord avec les interprétations extrêmes du Coran faîtes par les extrémistes.
Article connexe: Comment le Christiannisme est-il devenu la religion dominante en Occident.
Quelques sources intéressantes:
https://www.thenewatlantis.com/publications/why-the-arabic-world-turned-away-from-science
http://www.history-science-technology.com/articles/articles%207.html#_edn1
https://www.economist.com/leaders/2014/07/05/the-tragedy-of-the-arabs
Documentaire de la BBC par Jim Al-Khalili, professeur de physique à l’Université de Surrey en Angleterre (à moitié Iraquien):
« What went wrong », par Bernard Lewis.
Addendum: l’école Ash’ari (résumé de Arnaud Aron)
Les Ash’arites rejettent toutes limites à la puissance divine. Dieu est omnipotent, par conséquent il n’est limité par rien, il n’est tenu par rien, même pas par sa propre nature. Pour les Ash’arites, Allah n’a pas de nature, Allah est pure volonté : il est ce qu’il veut, Il fait ce qu’il veut, il ordonne ce qu’il veut, et sa volonté le définit entièrement. Dieu n’est pas prévisible, Dieu n’est pas juste, Dieu n’est pas rationnel, contrairement à ce qu’affirment les Mu’tazilites. Ainsi Allah pourrait parfaitement punir l’innocent ou manquer à ses propres promesses s’il le voulait.
À partir de cette défense intransigeante de l’omnipotence divine, les Ash’arites élaborent ce que Robert Reilly appelle « une métaphysique de la volonté », c’est à dire qu’ils déduisent toutes les caractéristiques de la création qui découlent logiquement du fait qu’Allah est pure volonté.
Si l’univers a été crée par un Dieu omnipotent, qui ne se défini par rien d’autre que par sa propre volonté, à quoi doit ressembler cet univers?
La première conséquence est que ce que les philosophes appellent « nature » n’existe pas. Il n’existe pas d’ordre naturel des choses, pas d’autonomie de la création par rapport à la volonté divine. Ce que nous appelons « les lois de la nature » ou « les lois de la physique », comme par exemple la loi de la gravité, ne sont rien d’autre que le produit de la volonté divine, qui pourrait changer à chaque instant. Rien dans l’univers ne se produit indépendamment de la volonté de Dieu. Cela signifie que chaque événement « naturel » n’est rien d’autre que le produit d’un acte particulier de la volonté divine. Cette pierre tombe uniquement parce qu’Allah a voulu qu’elle tombe à cet instant. Ce corps flotte sur l’eau uniquement parce qu’Allah a voulu qu’il flotte et continue à le vouloir. Mais rien ne nous permet d’affirmer que ce corps continuera à flotter l’instant d’après, car rien ne nous permet d’affirmer qu’Allah continuera à vouloir qu’il flotte.
On pourrait dire que pour les Ash’arites, tout événement naturel est un miracle, si cette intervention permanente de Dieu ne rendait pas caduque la notion même de miracle. Un miracle est une suspension temporaire de l’ordre naturel des choses, mais puisqu’il n’existe pas d’ordre naturel des choses il n’existe pas non plus à proprement parler de miracles. Tout ce qui est naturel est miraculeux et tout les miracles sont naturels.
Dans de telles conditions, rechercher une explication rationnelle pour les événements naturels – ou ce qui nous apparait tel – devient inutile, pire cela devient une forme d’impiété. Puisque l’univers n’existe à chaque instant dans toutes ses composantes que par la seule volonté de Dieu, l’univers est inconnaissable. La notion même de causalité devient inintelligible : n’importe quel effet peut être le produit de n’importe quelle cause; aucun effet ne découle nécessairement d’aucune cause.
Mais puisque l’univers est inconnaissable, il est impossible pour l’homme de connaitre le bien et le mal par l’usage de sa raison, et c’est là la seconde conséquence. Les seules bornes du bien et du mal sont les commandements divins. Certaines choses sont halal (permises) et d’autres sont haram (interdites) simplement parce que Dieu en a décidé ainsi et pour aucune autre raison. Et ce qui est halal aujourd’hui pourrait être haram demain, ou inversement, sans davantage de raison.
Ainsi, par exemple, il est inutile, et même impie, de chercher à expliquer l’interdiction de boire du vin par le fait que l’ivresse serait mauvaise pour l’homme, c’est à dire de donner une explication rationnelle à cette interdiction. Le vin est interdit parce que Dieu l’a interdit, et rien d’autre. Accepter sans chercher à savoir, sans expliquer pourquoi (« bila kayfa »), devient la marque de la piété.
Il en découle que la bonne attitude pour un croyant, face à une situation donnée, ne consiste pas à se demander quel serait le bon comportement, mais à se demander ce que Mahomet ou bien ses compagnons ont pu dire ou faire dans la même situation. Dès lors la question cruciale devient celle de l’authenticité des textes coraniques et des témoignages touchant aux paroles et aux actions du Prophète (hadiths). Et l’authenticité d’un hadith ne peut être établie que sur une base généalogique, en remontant toute la chaine de transmission et en évaluant la crédibilité de tous les témoins impliqués. Le caractère éventuellement ridicule, ou absurde, ou choquant de tel ou tel hadith ne rentre absolument pas en ligne de compte.
Cela explique l’absolue domination de la jurisprudence islamique (fiq) au sein des universités du monde musulman – universités qui n’ont en général que le nom de commun avec les universités du monde occidental – et l’importance de la mémorisation dans l’éducation musulmane. Apprendre par cœur les sourates du coran – le coran étant censé être le verbe divin lui-même, tous les musulmans de par le monde sont obligés de le réciter en arabe, même lorsqu’ils ne comprennent pas l’arabe – et les hadiths est la première obligation de tout bon musulman et même, en un sens, la seule puisqu’il n’existe à proprement parler rien à connaitre en dehors de la volonté divine.
Cela signifie aussi que la liberté de conscience n’a pas sa place dans la religion musulmane (ou tout au moins dans sa version sunnite, marquée par la théologie Ash’arite). Le fondement de la liberté de conscience est l’idée que l’homme est capable de discerner la vérité morale par l’usage de sa raison et que tous les hommes sont dotés de cette capacité. Mais l’école Ash’arite nie qu’un tel fondement existe.
En fait, cette forme d’islam ne reconnait aucune possibilité de rejeter la religion musulmane : puisque la raison humaine est radicalement impuissante, il ne peut exister aucune bonne raison de refuser de suivre la voie du Prophète. Et la mort est la punition réservée aux apostats.
La troisième grande conséquence est la disparition du libre-arbitre. Puisque Dieu est omnipotent, l’homme ne peut pas être libre : si l’homme était la cause de ses propres actions, comment Dieu pourrait-il être omnipotent ? De la même manière que Dieu seul est responsable à chaque instant de tous les évènements « naturels », il est également responsable de chacune des actions des êtres humains. La théologie Ash’arite est donc une doctrine de la prédestination : tout ce que nous faisons, en bien ou en mal, a été voulu par Allah lui-même et par conséquent ne pouvait pas ne pas arriver. Au sens strict, l’homme n’est pas responsable de ses actes – ce qui n’empêche nullement que Dieu puisse lui en demander des comptes.
Comme le souligne fort justement Robert Reilly, l’expression « incha’Allah » (si Dieu le veut) par laquelle les musulmans concluent souvent leurs phrases n’est pas qu’une formule de politesse, c’est avant tout une doctrine théologique.
N’en rajoutez vous pas un peu ? à croire que la civilisation européenne était elle-même arriérée ?
Absolument, le Moyen-Âge fut la période nommée « Âge Sombre de l’Europe». Suite à l’adoption du Christiannisme dans l’Empire Romain, il y eut une graduelle mise à l’index des textes des penseurs de l’Antiquité et leur savoir fut partiellement oublié car il n’était pas compatible avec la nouvelle doctrine religieuse. Beaucoup de textes furent même détruits. Cette situation plaça l’Europe dans une situation désavantageuse face au monde Arabe, ou ces textes furent traduits et préservés, puis combinés avec d’autres connaissances provenant d’Asie.
Bonjour,
Voici ce que dit Jacques Heers grand historien français: « Médiéval », « féodal » demeurent de nos jours des insultes. C’est le résultat d’une légende ourdie dès le XVIIIe siècle et orchestrée par la Révolution, puis par les maîtres de l’enseignement public…..
Votre analyse est bien trop simpliste et manicheenne. Non le moyen âge ne fut pas seulement 1000 ans de ténèbres, non l’ Espagne musulmane ne fut pas seulement une période de cohabitation heurseuse entre juifs, musulmans et chrétiens, non les croisades ne furent pas une effroyable agréssion, tout ça fait partie de la mythologie de gauche. Non, l’ histoire n’ est pas seulement du blanc et du noir.
Amicalement.
Avec la réécriture de l’histoire par les petites mains gauchières on peut tout transformer : un mensonge répété 10 000 fois devient une vérité.
Aristote était connu et étudié à Ravenne, au temps du roi des Goths Théodoric et du philosophe Boèce, dans les années 510-520. Cet enseignement, celui de la logique notamment, n’a jamais cessé dans les écoles cathédrales puis dans les toutes premières universités et l’on se servait alors de traductions latines des textes grecs d’origine que les érudits, les philosophes et les hommes d’Eglise de
Constantinople avaient pieusement gardés et largement diffusés.
Les traductions du grec en langue arabe et de l’arabe en latin, que
l’on attribue généralement à Avicenne, à Averroès et à Avicébron
(auteur juif) sont apparues relativement tard, pas avant les années
1200, alors que tous les enseignements étaient déjà en place en
Occident et que cela faisait plus d’un siècle que la logique, directement inspirée d’Aristote, était reconnue comme l’un des sept « arts libéraux » du cursus universitaire. De plus, ce que les Arabes donnaient à lire ne fut pas bien accepté. Les autorités ont interdit ces travaux d’auteurs musulmans qui revendiquaient pour eux seuls l’héritage antique mais ne présentaient que des versions « arrangées », inspirées davantage par une propagande religieuse que par le respect des textes originaux. Les « traducteurs » avaient supprimé tout ce qui pouvait paraître en contradiction avec l’enseignement de l’Islam.
Et en plus, une bonne partie des textes grecs nous venaient de l’Empire Byzantin et non des arabes.
Constantinople est demeurée, jusqu’à sa chute un centre de savoir inégalé partout ailleurs. On n’avait nul besoin d’aller chercher l’héritage grec et latin à Bagdad ou à Cordoue : il survivait, impérieux et impérissable, dans cette ville chrétienne, dans ses écoles, ses académies et ses communautés monastiques. Le patriarche Photius (†895) avait lui-même écrit une longue suite d’exégèses des auteurs latins rassemblés par ses disciples. Les peintures murales et les sculptures des palais impériaux contaient les exploits d’Achille et d’Alexandre et l’empereur Constantin Porphyrogénète (†951) accueillait dans sa cour tout un cercle de savants et d’encyclopédistes.
Les hommes d’Église et les hommes de pouvoir, les marchands mêmes, fréquentaient régulièrement Constantinople. La ville phare
du Levant, objet des rêves et des convoitises, n’était ni Bagdad ni
Le Caire, mais bien cette métropole chrétienne et grecque, où
l’on parlait grec et où tout semblait plus riche, plus merveilleux.
En comparaison, les pays d’Islam n’apportaient rien d’équivalent.
Pas même sur le plan des affaires : le grand marché pour quantité
de produits, et tout spécialement pour le luxe, était à Constantinople, dans les échelles et les ports de ce quartier riverain de la Corne d’Or. Un peu plus de trente années après la première croisade, un Burgundio de Pise, fils de négociant croit-on, y a vécu pendant six années, de 1135 à 1140. Passionné de tout, il se mit à l’œuvre pour traduire en latin, annoter et commenter les Pères de l’Eglise, notamment Jean Chrysostome et Jean Damascène,
puis les traités de médecine d’Hippocrate et de Galien, puis des
livres d’histoire naturelle, d’agriculture et d’économie agraire. De
retour, il offrit à sa ville de Pise le très célèbre manuscrit des Pandectes, recueil des décisions des juristes romains rassemblées par
l’empereur Justinien, six cents ans plus tôt. Il proposa à l’empereur Frédéric Barberousse un vaste projet de traductions de tous les ouvrages grecs que l’on pourrait trouver. Burgundio fit école ; il eut de nombreux disciples, notamment à l’Université de Bologne : Rolando Bandinella maître en
théologie, plus tard pape sous le nom d’Alexandre III et Uguccione, professeur de droit canon puis évêque de Ferrare.
.
Et désolé mais je connais aucun médiéviste actuel qui défende l’idée que le Moyen Age était réellement un âge sombre.
« les arabes ont traduit les textes grecs » est une affirmation un peu large. Si c’est bien en terre arabe qu’on eu lieu ces traductions, elles ont en réalité été faites par des moines chrétiens au sein de monastères nestoriens notamment au Liban.
Oui sur le sujet, il faut lire « Au moyen du Moyen-Age : Philosophies médiévales en chrétienté, judaïsme et islam » de Rémi Brague qui montre bien à quel point certains dans le débat exagère complètement l’influence des arabes sur le sujet.
En effet, les traducteurs étaient chrétiens ou juifs et non musulmans. En plus, les traducteurs arabes n’étaient chargé de traduire que les oeuvres philosophiques (surtout Aristote), pour que les juristes musulmans puissent ensuite se servir des arguments du savoir grec pour légitimer un peu plus leur religion. Pas de poésie, ni de théâtre, ni de littérature (Homère inconnu). Brague rajoute qu’aucun musulman n’a appris le grec. Les traducteurs étaient souvent des bilingues de naissance, des « métisses » (un des deux parents grec). C’était d’ailleurs un métier qui se perpétuait dans la famille, de génération en génération.
S’il est indéniable que le savoir puisé dans la civilisation islamique a été un apport positif pour l’Europe: il a complètement été exagéré par certaines personnes et il est beaucoup moins important que l’on prétend.
D’ailleurs, certaines personnes ont seulement retenu de ce livre la phrase « Immensité de la dette culturelle de l’Europe envers les Juifs, ainsi qu’envers le monde de culture arabe » je leur conseille vivement de lire le livre en question parce que c’est pas vraiment ce que le livre montre.
En plus, Brague a lui même fait son mea culpa sur le terme de « dette » ( « Alain Finkielkraut, Rémi Brague et Dominique Urvoy – Les racines de l’Europe » émission radio enregistré le 28.06.2008, facilement trouvable sur youtube).
De plus, les travaux de Sylvain Gouguenheim ont clairement montré qu’une bonne partie des textes grecs nous venaient de l’Empire Byzantin et non des arabes.Donc, bon, il faut arrêter d’exagérer le rôle des arabes dans la transmission des textes grecs.
Gouguenheim a d’abord écrit « Aristote au mont Saint-Michel : Les racines grecques de l’Europe chrétienne » (qui a été très critiqué: souvent de manière totalement hystérique. Parce que bon, voir des historiens critiquer dans une tribune d’un journal un livre sur un sujet qui n’est absolument pas dans le domaine de leur spécialiste, c’est inédit en France. Après, il faut noter que Gouguenheim a aussi recu le soutien de grands historiens comme Le Goff. Et il est vrai que le titre très provocateur a sans doute joué dans l’alimentation de la controverse. De plus, ce livre contenait clairement des erreurs mais personnellement je n’ai vu aucune réfutation de la thèse principale).
Gouguenheim a approfondi et développer sa thèse dans « La gloire des Grecs »
(qui pour le coup, lui n’a pas susciter de controverses. Comme quoi, c’est étonnant de voir l’irrationalité de certaines personnes).
A noter que même avant Gouguenheim, tous les historiens savent que Byzance a apporté des textes grecs antiques à l’Europe. Simplement, c’est le premier à avoir consacré un ouvrage spécifique au sujet. Il est étonnant de voir à quel point personne n’insiste sur cette voie de transmission mais uniquement sur la voie de transmission arabe. On se demande bien pourquoi
Et bien sûr, il y a aussi Jacques Heers qui a écrit sur le sujet de la transmission des savoirs grecs aux européens.
Personnellement, cela me fait un peu penser au délire selon laquelle une bonne partie de la langue francaise serait dû aux arabes.
Alors que selon la linguiste Henriette Walter, la langue française ne comprend que 13% de mots d’origine étrangère. Les mots d’origine arabe représentent entre 0,50 et 1% des mots de la langue française et sont souvent d’importation récente (colonisation).
De plus, il faut lire cet article qui explique très bien pourquoi même cela, c’est à relativiser: https://web.archive.org/web/20200121035601/http://www.adoxa.info/les-mots-arabes-dans-la-langue-francaise-vestiges-de-routes-commerciales-du-passe-et-vehicules-dintentions-conquerantes-du-present
« Ce sont les arabes qui furent les premiers à mettre de côté la superstition et la philosophie pour se concentrer sur l’observation et l’expérimentation, inventant du coup la méthode scientifique » Heu il y a que moi que cela choque ? Parce que les premiers à faire cela c’est les Grecs. Je sais pas ce que fait Aristote et d’autres penseurs grecs sinon cela. D’ailleurs, contrairement à un certain Aristote bashing en vogue actuellement: Aristote n’a pas raconté que de la merde. Et son travail est réellement impressionnant. Il faut regarder cette vidéo: https://www.youtube.com/watch?v=4Hds4WFCcRY (il faut aussi lire les liens en descriptions de la vidéo. Il y en a notamment un qui traite du fait qu’Aristote est l’inventeur de la science moderne)
Et non dans le Moyen Age chrétien, on n’avait pas abandonné la rationalité, on n’était pas une bande de débiles obscurantistes. Aristote était connu depuis longtemps . C’était d’ailleurs, le penseur de l’Antiquité le plus étudié par les gens lettrés au Moyen Age. Non ce ne sont pas les arabes qui nous ont fait découvrir Aristote. On le connaissait déjà avant.
« Chez les Chrétiens Européens du Moyen-Âge, on insistait pour dire que la maladie était une punition de Dieu » c’est faux. Bien sûr, en comparaison avec la médecine moderne, la médecine au Moyen Age c’était vraiment de la merde et c’était inefficace. Mais on essayait de soigner les gens.
« car ces connaissances « païennes » avaient été oubliées et/ou rejetées par les Européens » C’est faux sur le sujet il faut lire les livres de l’historien Sébastien Morlet « Christianisme et philosophie » et « Les Chrétiens et la culture ». Cela traite de l’époque de l’Antiquité tardive. On voit clairement que contrairement à ce que beaucoup de personnes, on affirme christianisme et pensée grecque ne se sont pas opposé. Au contraire, le christianisme a incorporé la pensée grecque très tôt.
(P.S Les deux livres de Morlet traitent bien de cela: du rapport entre christianisme et pensée grecque. Par « philosophie » et « culture » il s’agit de « philosophie grecque » et » culture grecque »).
« C’est dans le monde arabe que les premiers hôpitaux sont apparus » Heu non l’invention des hôpitaux ont été fait en Europe par l’Eglise. A la toute base, c’étaient d’abord un lieu destiné aux pèlerins.
« Al-Biruni a estimé la circonférence de la terre avec une marge d’erreur de moins de 1% » Ouais enfin je vois pas où l’avancée vu qu’Ératosthène au 3 siècle avant Jésus Christ avait aussi mesuré la circonférence de la Terre.
Je passe aussi sur le fait sur le fait que Copernic s’est inspiré de l’influence de savants arabes cela relève de la possibilité pas du fait avéré. C’est possible mais on peut pas prétendre que c’est prouvé. Lui même parle de l’influence de savants antiques mais il ne mentionne pas l’influence de savants arabes.
Désolé mais cela se voit que cet article s’appuie surtout des articles de presse. Or, bon la presse et l’histoire cela fait 3.
Sur les choses que je connais, il y a de nombreuses choses fausses.
De plus, cet article se concentre surtout sur la production de savoir. Et pas sur sa réception dans le monde arabe. Je trouve dommage.
L’une des choses que j’ai apprise en lisant notamment l’histoire des idées. C’est que la production d’idées et la réception d’idées sont de choses radicalement différentes.
Or, ici, l’article se contente surtout d’énumérer une liste de savants arabes. Sans aborder sur le fond de comment ils étaient recus dans le monde arabe.
C’est d’ailleurs une critique que Jacques Heers fait aux personnes qui parle de la transmission de savoir des arabes aux européens. En réalité, c’est pas parce que des arabes ont inventé des choses géniales que ces choses ont été réellement transmise aux européens. Heers note une certaine réticence des européens à adopter des choses venant des arabes.
Une personne peut inventer quelque chose de géniale c’est pas pour cela que cette chose sera effectivement adoptée. Je pense par exemple au fait qu’un grec dans l’Antiquité avait crée une machine à vapeur. Si personne ne s’en souvient c’est parce que sa création est tombé dans l’oubli. Et quand James Watt a inventé la machine à vapeur au 19 siècle il ne s’est pas du tout inspiré du grec de l’antiquité (c’est les historiens par la suite qui s’en sont rendu compte que la machine à vapeur avait déjà existé).