L’Australie a véritablement réussi un tour de force économique ces dernières décennies:
– Ce pays a affiché la plus forte croissance du PIB de tous les pays développés depuis 1991.
– L’Australie n’a pas eu de récession depuis 1991.
– La croissance du salaire médian y a été la plus élevée.
– L’endettement gouvernemental n’y a presque pas augmenté en pourcentage du PIB et demeure au niveau très bas de 41%.
Quelles politiques ont-elles favorisé un tel succès?
Durant la dernière récession ayant affecté le pays, au début des années 1990s, des politiciens courageux (dont Paul Keating) ont adopté d’ambitieuses réformes. La devise devint flottante. Les quotas et tarifs douaniers furent réduits. Le secteur financier fut dérèglementé. Les entreprises d’état furent privatisées. Le système fiscal fut révisé. Le code du travail devint plus flexible.
Le gouvernement subséquent de John Howard (1996-2007) a institué la discipline budgétaire, générant des surplus durant 8 de ses 11 années au pouvoir. Cette situation a été grandement aidée par les réformes des retraites et des soins de santé.
En 1992, le gouvernement s’est mis à forcer les travailleurs à verser une portion de leur salaire dans un fonds de retraite privé (le système de « superannuation »). Le résultat est que le gouvernement ne dépense présentement que 4% du PIB pour les retraites, comparativement à 7% aux États-Unis et 14% en France. Encore plus important, il est anticipé que ce 4% diminuera au cours des prochaines années, tandis que ce chiffre augmentera dans les autres pays développés.
Le gouvernement australien dépense aussi moins que la moyenne de l’OCDE en soins de santé (6% du PIB en dépenses publiques, versus 9% en France et 14% aux États-Unis). Leur système hybride assure l’universalité de l’accès aux soins tout en exigeant que les individus paie une partie de coûts de leur propre poche, en combinaison avec des assurances privées.
Durant les années 1990s, ce pays fut l’un des plus actifs au monde sur le plan des privatisations. L’état a recueilli environ $85 milliards grâce à ces ventes. Ces sommes ont contribué à réduire l’endettement du gouvernement.
Certains politiciens ont critiqué les privatisations, notamment dans la distribution d’électricité, décriant le fait que les tarifs ont augmenté. Cependant, le gouvernement a mandaté une étude faite par la firme de vérificateurs E&Y laquelle a démontré que la plus forte augmentation des tarifs a eu lieu dans la province de New South Whale, où la distribution d’électricité n’a pas été privatisée. En fait, les provinces où il y a eu privatisation ont subi une hausse moindre de leurs tarifs comparativement à celles où ces infrastructures sont demeurées sous l’emprise de sociétés d’état.
L’autre élément clé du succès australien est sa politique d’immigration. Comme le Canada, l’Australie utilise un système de pointage pour sélectionner les immigrants. L’Australie accueille 190,000 immigrants par année (dont une grande part de Vietnamiens et Arabes), soit trois fois plus que les États-Unis en proportion de la population. De plus, 28% de la population actuelle est née dans un autre pays, ce qui est le niveau le plus élevé de tous les pays développés et deux fois plus élevé qu’aux États-Unis.
Cette politique a permit à l’Australie de rajeunir sa population, d’augmenter sa force de travail et d’améliorer sa croissance économique. C’est d’ailleurs le pays qui a vu la plus forte croissance de sa population parmis les pays développés, soit 1.5% par année. Les populistes de droite devraient en prendre bonne note…
Finalement, la qualité de vie est excellente en Australie, dont le PIB par habitant est près de celui du Canada. Le pays se classe 3e en ce qui concerne l’Indice de Développement Humain des Nations Unies, tout juste derrière la Norvège et la Suisse (Canada 12e, USA 13e, France 24e). Pour ce qui est du Better Life Index de l’OCDE, c’est encore le 3e rang, mais cette fois derrière la Norvège et le Danemark (Canada 5e, USA 8e, France 18e). Il semble donc que la petite taille du gouvernement et les politiques plus capitalistes de ce pays n’aient pas eu une incidence négative sur la qualité de vie, au contraire.
Et au fonds, hormis la redistribution fiscale, qui est plus importante en Norvège, ces deux pays ont des politiques économiques foncièrement similaires, lesquelles sont capitalistes.
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En France nous sommes en train de rétablir une industrie qui était latente jusqu’alors, celle de la pauvreté extrême, grâce au gouvernement d’aujourd’hui qui fait cet effort sans pareil..Le monde entier nous envie pour notre système social et notre administration pléthorique, notre si nombreux personnel politique et tout ceci sans compter la si talentueuse ENA (promotion Senghor en particulier)
L’Australie est un pays que je connais assez bien puisque j’y séjourne 2 à 3 mois par année depuis 10 ans; la première fois c’était vraiment en tant que touriste mais ma fille aînée y a émigré en 2009 et elle a depuis acquis la citoyenneté australienne; il en est résulté que ma femme et moi offrons maintenant des services de garde d’enfants sur une base planétaire.
Passons maintenant aux choses sérieuses; voici quelques commentaires sur certains points abordés dans votre article:
1- Le “superannuation” force les employeurs (et non les travailleurs) à verser 9.5% du salaire dans ce fonds, contribution qui devrait passer à 10% en 2021 pour éventuellement atteindre 12% en 2025; évidemment cette contribution substantielle de l’employeur entre en ligne de compte lors des négociations salariales. L’employé peut aussi faire un “salary sacrifice” i.e. demander que soit versée une portion plus importante en contrepartie d’une réduction du salaire payé; enfin l’employé peut aussi faire des contributions additionnelles sous certaines conditions. Le résultat est un système de pension de type “defined contribution” géré par le secteur privé. Le principal avantage d’un tel système est que l’argent des épargnants australiens est à l’abri des “fleurons” australiens; le désavantage toutefois est que le secteur financier australien s’en est mis plein les poches au niveau des frais ce qui a nécessité la mise sur pieds d’une commission d’enquête à ce sujet.
2- Le système de santé; pour un québécois comme moi c’est comme si j’arrivais sur une autre planète. Il y a un système de santé public universel qui est excellent mais il y a aussi un système privé et le gouvernement incite les citoyens à se procurer des assurances afin d’avoir accès à ce système privé. Pour inciter les gens plus fortunés à passer au secteur privé le gouvernement a même introduit un “medical levy surcharge” qui s’applique à partir d’un certain niveau de revenu à ceux qui n’ont pas pris une assurance privée. Le message est on ne peut plus clair: si tu es plus fortuné que la moyenne, débarrasse, dégage, laisse la place aux gens moins fortunés dans le secteur public. Avec le nombre et la durée des séjours que nous avons effectué en Australie nous avons dû avoir recours à ce secteur privé. L’expérience la plus renversante pour nous: sans rendez-vous nous nous sommes retrouvés devant un “vrai” ophtalmologiste après 20 minutes d’attente et en plus la facture était très raisonnable, probablement pas plus élevée que ce qu’il en coûterait à la RAMQ.
3- Pour ce qui est de la qualité de vie (le “Better Life”) un petit détail que j’apprécie est que d’une part il n’y pas de pourboires (sauf en cas de service exceptionnel où on se sert alors de son cerveau) et que d’autre part les prix affichés doivent toujours comprendre toutes les taxes applicables. Un restaurant affiche un steak à $25.00? C’est exactement ce qui va vous être facturé. Une automobile neuve affichée à $32,532.75? Faites un chèque de ce montant à partir de votre chèquier et la voiture est à vous.
4- Pour ce qui est du “Better Life” on ne peut également passer sous silence les caractéristiques de l’impôt sur le revenu. Pour l’exercice 2018-2019 le taux marginal entre $90,000 et $180,000 de revenus imposables est de 37% en Australie versus 54.75% au Québec.
5- Deux points négatifs cependant. Le premier concerne les tarifs d’électricité qui se sont accrus de façon vertigineuse au cours des 5 ou 6 dernières années. Et la cause n’est pas l’absence ou non de privatisation. Le pire cas est l’état de South Australia où les tarifs moyens avoisinent le $0.40 par kWh actuellement. La cause? Comme en Allemagne, au Danemark ou encore en Ontario il y a des ayatollahs de la “verdoyance” qui pensent qu’on peut faire fonctionner une société moderne avec des moulins à vent et des panneaux solaires. Et les Verts sont nombreux en Australie; ils détiennent presque la balance du pouvoir actuellement.
6- L’autre point négatif est la situation du marché immobilier en particulier dans les villes de Sydney et Melbourne. Le prix de l’immobilier a en pratique doublé depuis 2008. Un des coupables est la déductibilité des pertes (y compris les intérêts) du revenu imposable (negative gearing) mais le second coupable est tout cet argent chinois qui voit l’immobilier australien comme une police d’assurance au cas où Bejing ferait des folies. Le résultat est que tout le monde est inquiet présentement; le ballon a commencé à se dégonfler et la Reserve Bank of Australia n’ose pas hausser les taux d’intérêts de peur d’aggraver la situation.
Salutations et bravo pour ce blogue toujours intéressant
Petite rectification sur l’ immigration, le gouvernement australien a opté pour la tolérance zéro contre l’ immigration illégale, justifiée à ses yeux par la lutte contre les passeurs et la nécessité de dissuader les clandestins de risquer leur vie. Les bateaux de migrants sont systématiquement refoulés par les bâtiments de la marine australienne et le plus grand secret règne sur ces opérations en haute mer.
Ceux qui parviennent quand même à passer à travers les mailles du filet sont exilés dans des camps de rétention reculés du Pacifique, à Nauru et en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Même si leur demande d’asile sont jugée fondée, ils ne sont pas acceptés sur le sol australien…….Ben oui le gouvernement australien alterne entre le libéralisme et le populisme de droite.
L’Australie se vante d’avoir une immigration choisie. Ils sont très strictes sur l’immigration illégale mais cela ne change rien au fait qu’ils ont un grand nombre d’immigrés. Seulement ils ne laissent pas venir n’importe quoi et préfèrent choisir leurs immigrés contrairement à l’Europe qui laisse venir n’importe qui.
« . L’Australie accueille 190,000 immigrants par année (dont une grande part de Vietnamiens et Arabes) » Heu si on regarde les chiffres des nationalités étrangères il s’agit surtout d’européens (britanniques, italiens, grecs,…) et asiatiques (à commencer par des chinois mais aussi des philippins, des vietnamiens,….). https://en.wikipedia.org/wiki/Immigration_to_Australia#Country_of_birth_of_Australian_residents