Notez que cet article fut initialement publié en octobre 2013.
Pour beaucoup de gens, l’un des rôles du gouvernement est de déterminer et imposer les standards techniques, sans quoi des technologies incompatibles sèmeraient le chaos, ce qui freinerait le développement économique. Imaginez par exemple un train ne pouvant plus poursuivre sa route parce que les rails de la section suivante sont plus larges. Faut-il que le gouvernement intervienne pour que chaque opérateur utilise des rails de la même largeur?
Le but de la standardisation est d’assurer la compatibilité, l’interopérabilité, la sécurité et la qualité des technologies. Elle consiste en une solution aux problèmes de coordination entre différents agents, qui en bénéficient mutuellement en prenant des décisions concertées. En ce sens, les entrepreneurs ont un incitatif économique à coordonner leurs spécifications techniques sur un standard commun.
L’une des inventions qui démontrent le mieux les avantages de la standardisation est le conteneur. Selon des études récentes (voir ceci), cette invention a davantage stimulé la mondialisation des échanges commerciaux que tous les accords de libre-échange des 50 dernières années réunis! Avant le conteneur standard, le chargement des cargos était lent, laborieux et dispendieux. Les paquebots passaient beaucoup plus de temps au port qu’en mer. C’est l’entrepreneur de camionnage américain Malcom McLean qui, dans les années 1950s, a eut l’idée d’un conteneur standard pouvant être transféré d’un bateau à un camion ou un train sans être ouvert. Le coût par tonne transportée de son premier prototype de 1956 était de $0.16 comparativement à $5.83 pour un cargo traditionnel.
C’est McLean et son ingénieur Keith Tantlinger qui ont déterminé la hauteur et la largeur des conteneurs à 8 pieds pour qu’ils puissent passer dans les tunnels ferroviaires. Ces dimensions prévalent encore aujourd’hui. C’est aussi Tantlinger qui a conçu le système « twistlock » pour fermer les conteneurs. De nos jours, c’est l’International Organization for Standardization (ISO) qui maintient les standards des conteneurs, incluant les cinq longueurs. Aux États-Unis, ce sont les 48 pieds et 53 pieds qui prévalent car ils conviennent le mieux aux remorques tractées et aux wagons ferroviaires.
Les conséquences sur le commerce furent révolutionnaires. Les paquebots sont devenus plus gros, le nombre de port a diminué, les coûts d’assurance ont diminué et le commerce international a explosé. Par ailleurs, le conteneur a permis la production en juste-à-temps, ce qui a permis aux entreprises d’être plus efficientes et de réagir plus rapidement aux changements de marché. Les consommateurs ont grandement bénéficié de cette révolution puisque la mondialisation des échanges a grandement augmenté notre pouvoir d’achat tout en améliorant les conditions de vie de plusieurs pays émergents.
Notez que l’adoption du conteneur aux États-Unis a été freinée par l’intervention du régulateur, la Interstate Commerce Commission (ICC), qui craignait un comportement monopoliste. Ce n’est que suite à la dérégulation des transports que le système intégré actuel a pu se développer en Amérique.
L’ISO est une organisation privée internationale qui définit différents standards entre les pays membres. Cette entité a ré-émergé suite à la seconde guerre mondiale à l’initiative de l’association professionnelle des ingénieurs civils britanniques. Elle a son siège social à Genève, s’auto-finance et vise à définir ainsi que promouvoir des standards internationaux.
Ceci dit, l’un des plus anciens standards internationaux est certes la largeur des chemins de fer (voir ceci). La première véritable ligne de chemin de fer commerciale fut la Stockton & Darlington Railway en Angleterre, une corporation privée qui utilisa les locomotives développées par George Stephenson. Celles-ci furent un tel succès qu’elles devinrent la norme pour le développement de cette industrie naissante. Ce chemin de fer, qui fut inauguré en 1825, faisait 4 pieds et 8½ pouces de large. Stephenson allait aussi construire la ligne Liverpool/Manchester de la même largeur, qui allait devenir le standard en Angleterre (surnommé le « Stephenson Standard ») et ensuite dans la plupart des pays. Les Américains allaient bien évidemment développer leurs chemins de fer de la même largeur de manière à pouvoir importer des locomotives britanniques au besoin. Ce standard est apparu spontanément, d’une initiative privée, et s’est ensuite répandu de manière volontaire sans intervention étatique.
Sur cette carte, tous les pays en bleu pâle utilise le Stephenson Standard. Pour ce qui est des autres, ce sont en général des pays où le gouvernement a nationalisé les chemins de fer (comme en URSS et au Brézil) et a fait de la largeur des rails une question d’identité nationale… Alors, croyez-vous que l’intervention du gouvernement est nécessaire pour favoriser l’adoption des standards?
Les réseaux électriques n’ont malheureusement pas bénéficié du même niveau de standardisation que les chemins de fer. Des pays comme la France et le Royaume-Uni ont en fait nationalisé leurs réseaux de transmission électrique avant que les standards de prise électrique ne soient adoptés. La prise de type Schuko, de laquelle allait être inspirée l’Euro plug que l’on retrouve présentement à travers l’Europe, fut inventée en Allemagne au début du 20e siècle, où l’État était très impliqué dans le développement du réseau électrique. Une prise de courant similaire, mais incompatible fut inventée presque simultanément aux États-Unis et adoptée officiellement par la NEMA en 1926. Au Royaume-Uni, le format actuel de prise de courant (British 1363) fut déterminé par le gouvernement britannique, suite à la seconde guerre mondiale, sans égard à ce qui s’était fait sur le continent…
Heureusement, le format de la douille des ampoules lumineuses fut standardisé par Thomas Edison au 19e siècle. Avant l’invention des prises électriques, les appareils étaient branchés de manière artisanale par l’entremise des prises lumineuses, ce qui était risqué. Ceci dit, vous pouvez dorénavant brancher vos appareils électriques en toute quiétude, sans risque d’accident, car ceux-ci sont testés et approuvés. Regardez sur votre chargeur de cellulaire ou en-dessous de votre machine Nespresso, vous y verrez (entre autres) le symbole suivant :
C’est le symbole de Underwriters Laboratories (ou UL), la plus grande entreprise américaine de certification, une firme privée fondée en 1894. Lorsqu’un nouveau produit arrive sur le marché, le manufacturier peut le faire tester et certifier par ce genre d’entreprise. Pour les appareils électriques, une certification est nécessaire de par la loi, mais le certificateur n’est pas imposé. Pour les autres produits, la certification est volontaire.
Est-ce que les manufacturiers de produits électriques feraient certifier leurs produits si la loi ne l’obligeaient pas? La réponse est oui. À preuve, beaucoup d’entreprises dont le produit n’a pas obligatoirement à être certifié le font faire quand même (selon le site de UL). Les avantages sont nombreux :
1) Pour s’assurer que le produit ne sera pas retourné pour malfonctionnement, causant des pertes financières.
2) Pour éviter les atteintes à la réputation du manufacturier en cas de malfonctionnement.
3) Pour réduire les primes d’assurance de l’entreprise et les pénalités en cas de poursuites.
Un bon exemple de standard qui s’impose de facto – comme ce fut le cas pour le Stephenson Standard – est le format des écrous. Le premier standard du genre fut établit par un Britannique du nom de Joseph Whitworth en 1841. C’est son adoption par plusieurs entreprises de chemin de fer qui en fit le standard prépondérant – le British Standard Whitworth, même en Amérique où le « Sellers thread » allait se baser sur les mêmes paramètres. Ce standard demeura en existence jusqu’à l’adoption globale du système métrique, tel que définit par l’ISO en 1947.
Qu’en est-il des standards de l’industrie automobile? Ceux-ci sont établis par l’association professionnelle des ingénieurs en automobile (SAE), basée aux États-Unis. Il s’agit encore une fois d’une organisation privée de coopération volontaire qui établit les meilleures pratiques de l’industrie. À noter qu’au début du 20e siècle, cette entité développa ses propres écrous, qui s’ajoutèrent au standard de l’époque aux États-Unis (le Sellers thread ou United States Standard thread).
Dans le domaine des cassettes audio et vidéo, ce sont de longues guerres de format qui ont mené à l’adoption des standards qui ont prévalu. Le premier format de vidéocassette à apparaître sur le marché fut le VCR de Philips en 1972, suivi du Betamax de Sony en 1975, puis du VHS de JVC et du Video 2000 de Philips. C’est le marché qui trancha ultimement, préférant le VHS au Beta durant les années 1980s, en raison de sa plus longue capacité d’enregistrement.
Le même phénomène fut observé auparavant en ce qui concerne les disques de vinyle, entre les disques 33 tours de Columbia Records et les disques 45 tours de RCA Victor. Finalement, c’est la Record Industry Association of America qui trancha dans les années 1950s, en établissant les standards de l’enregistrement de disques. À partir de ce moment, les tourne-disques allaient pouvoir jouer les deux types de disques, lesquelles allaient chacun trouver leur niche (albums complets vs simples).
La guerre fut bien moins pénible en ce qui concerne le CD et le DVD. Ce sont Philips et Sony qui ont indépendamment et simultanément développé le disque compact dans les années 1970s. Les deux entreprises ont par la suite collaboré pour en arriver à établir un standard commun en 1982. Le DVD quant à lui fut développé par un consortium collaboratif entre Philips, Sony, Toshiba, and Panasonic en 1995. Concernant le DVD, il est intéressant de noter que c’est IBM qui prit l’initiative de forcer les quatre entreprises à s’entendre sur un format commun, et ce avec l’appui d’Apple, Microsoft, Sun et Dell. Ce groupe de travail trouva un compromis qui mena aux spécifications du DVD que l’on connaît aujourd’hui.
La concurrence fut plus intense en ce qui concerne le Blu-Ray de Sony versus le HD-DVD de Toshiba entre 2006 et 2008 (ici). La bataille secondaire était entre Java (Sun) et Microsoft (supporté par Hewlett-Packard) en ce qui concerne le logiciel. Finalement, les studios de cinéma préférèrent le forma Blu-Ray, en théorie plus difficile à pirater et bénéficiant d’une plus grande capacité de stockage, surtout après que Sony décida de l’inclure à sa Playstation 3. Le seul avantage du HD-DVD était son coût inférieur. Heureusement que le marché a tranché du bon côté, car avec l’essor des films 3D, les 20 GB supplémentaires par disque Blu-Ray seront pleinement utilisés.
Maintenant, observez le clavier de votre ordinateur quelques instants. Dans la plupart des pays, la disposition des lettres sera la même, soit le QWERTY, développé aux États-Unis par Remington en 1878, et qui devint un standard de facto pour les machines à écrire à travers le monde. Il n’y que la France et la Belgique qui font exception, où un dérivé de cette configuration fut adopté à la fin du 19e siècle, le AZERTY. Les raisons de cette adaptation sont inconnues des historiens. À noter cependant que les pays germaniques ont interchangé le Y et le Z pour former le QWERTZ.
Et votre clavier est possiblement branché à votre ordinateur par un câble USB, qui a grandement facilité la connectivité des périphériques informatiques. Ce format fut développé par un consortium formé de Compaq, IBM, Intel, Microsoft, NEC et Nortel en 1994. Le même processus est présentement à l’oeuvre en ce qui concerne le format HDMI, dont les spécifications évoluent au gré d’un forum ouvert à toutes les entreprises intéressées. Auparavant, le développement et la standardisation du format de câble ethernet par l’entreprise Xerox dans les années 1970s a joué un rôle important dans la création de l’internet.
Dans les technologies sans-fil, le Wi-Fi, qui a possiblement amené cet article dans votre ordinateur, fut développé dans les années 1990s. L’inter-connectivité de cette technologie est assurée par l’Alliance Wi-Fi, une organisation privée formée en 2001 et composée de 550 entreprises membres, incluant Apple, Comcast, Samsung, Sony, Intel, Dell, Cisco, Qualcomm, Motorola, Microsoft, Texas Instruments et T-Mobile pour ne nommer que ceux-là.
À noter que le Wi-Fi a en quelque sorte devancé la technologie Bluetooth. Ce standard est géré par le Bluetooth Special Interest Group fondé en 1998 et comptant environ 18,000 membres. Ceci dit, même si le Wi-Fi a prévalu pour les communications ordinateurs-à-ordinateur, le Bluetooth s’est repositionné au niveau des communications d’appareil-à-appareil ainsi que d’appareil-à-ordinateur. On constate donc qu’encore une fois, le standard qui prévaut ne signifie pas la disparition des autres standards. Quand on donne au marché la chance de choisir, on constate que chaque standard trouve sa niche de façon à ce que la satisfaction des consommateurs soit maximale.
Le domaine des services financiers bénéficient aussi de beaucoup de standardisation volontaire. Au Canada, le réseau Interac est né en 1984 de la collaboration de cinq institutions financières. Par ailleurs, au dos de votre carte débit, vous verrez probablement le symbole de Cirrus ou de Plus. Ces entités vous permettent d’utiliser votre carte dans des guichet automatique partout dans le monde. Ces deux systèmes appartiennent respectivement à Master Card et Visa, deux entreprises privées créées par des banques américaines.
Au niveau des marchés financiers, les standards sont nombreux, mais le premier qui me vient en tête est le contrat futur, standardizé par le Chicago Board of Trade en 1864, une institution privée à but lucratif dorénavant transigée en bourse. Cette innovation financière visait à réduire les risques des agriculteurs et des marchands en fixant le prix des récoltes à l’avance. Un contrat futur standard définit 1) la nature de l’actif sous-jacent, 2) le type de règlement (monnaie ou nature), 3) la quantité, 4) la devise, 5) la qualité ou le grade, 6) la date d’échéance et 7) la plus petite unité de fluctuation. L’existence d’un contrat standard permet aux parties concernées de modifier leur position en cours de route en achetant ou vendant des contrats sans avoir à s’entendre avec une contrepartie en particulier; ces contrats se transigent comme des actions en bourse. Cette invention fut très bénéfique pour le commerce, réduisant l’incertitude et donc, favorisant l’investissement productif. De tels contrats couvrent maintenant les devises, les taux d’intérêt, les produits pétroliers, les métaux et même la météo.
Conclusion
Ce que ces quelques exemples démontrent est que l’intervention étatique n’est pas nécessaire en ce qui a trait à l’établissement des standards techniques. En fait, on pourrait même dire qu’elle n’est pas souhaitable, puisque lorsqu’on laisse le choix du standard au libre-marché, celui-ci fait lui-même l’arbitrage entre coût et qualité en fonction des préférences de la population, et parfois plusieurs standards subsistent dans différentes niches en fonction de leur utilité intrinsèque. Le choix du marché ne peut qu’être meilleur que la décision arbitraire et sans appel d’un groupe de fonctionnaires dans leur tour d’ivoire.
Pour ce qui est de la coordination inter-entreprise, ces exemples démontrent clairement que le gouvernement n’est pas nécessaire pour la favoriser. En plus des exemples ci-haut mentionnées, on pourrait inclure l’un des premiers réseaux routiers privés américains, le Pittsburgh Pike, pour lequel cinq entreprises différentes ont coordonné leurs activités de façon à ce que les différents tronçons de route soit connectés (voir ceci). Un exemple plus contemporain serait les réseaux de compagnies aériennes comme Star Alliance, qui coopèrent en ce qui a trait au partage de codes et aux programmes de fidélité de façon à réduire les coûts, augmenter le nombre de trajets disponibles et améliorer l’expérience du consommateur.
Bref, le marché n’a pas besoin de gouvernement pour se coordonner, au contraire!
Dans un futur rapproché, le prochain standard à s’imposer concernera probablement les voitures sans conducteur, lesquelles permettront d’éradiquer l’une des causes de mortalité les plus importantes dans les pays industrialisés (les accidents de la route). Les voitures devront possiblement communiquer entre elles pour améliorer l’efficience du système, ce qui incitera les constructeurs à se coordonner pour établir des normes en la matière. Encore une fois, aucune intervention gouvernementale ne sera nécessaire…
J’avais déjà lu cet article il y a plusieurs années et j’ai décidé de le relire. Je ne le regrette pas 😉
Merci!
encore du sophisme !!!! être capable d’imposer son standard, c’est s’assurer d’un avantage concurrentiel.
si l’état impose un standard, c’est justement pour modifier le rapport de force…l’état agit sur l’état de la concurrence, pour le pire ou le meilleur.
Il n’y que la France et la Belgique qui font exception, où un dérivé de cette configuration fut adopté à la fin du 19e siècle, le AZERTY. Les raisons de cette adaptation sont inconnues des historiens.
le azerty ou le qwerty est dû aux machines à écrire : taper en anglais ou en français, c’est un peu différent, tu saisis ?
le reste, c’est un rapport de force : le Québec est une entité minoritaire, qui n’a pas le muscle pour s’autonomiser.
c’est de plus en plus mou, tes textes…
Geof’ l’invincible
Je croyais que tu n’étais qu’une personne à peu près normale manquant cruellement de connaissances en économie, mais il apparaît de plus en plus clair que c’est plus que ça: tu es tout simplement un idiot!
Si tu savais lire, tu réaliserais qu’aucun standard ci-haut décrit n’a été imposé, ils ont plutôt été adopté par les différents agents impliqués, manufacturiers, fournisseurs et consommateurs.
Le cable USB ou la largeur des chemins de fer ne donne aucun avantage concurrentiel à qui que ce soit, au contraire, ça permet à tous les concurrents de compétitionner sur la même base et favorise les nouveaux entrants.
Tes commentaires contenant des insultes seront supprimés.
Dans le domaine des cassettes audio et vidéo,
ce sont de longues guerres de format
qui ont mené à l’adoption des standards qui ont prévalu. Le premier format de vidéocassette à apparaître sur le marché fut le VCR de Philips en 1972, suivi du Betamax de Sony en 1975, puis du VHS de JVC et du Video 2000 de Philips.
C’est le marché qui trancha ultimement (c’est français, ce mot ?),
préférant le VHS au Beta durant les années 1980s, en raison de sa plus longue capacité d’enregistrement.
et là, tu comprends que tu te contredis : je sais que tu n’es pas un idiot mais tu restes un fanatique…
car en plus de ne pas permettre l’optimalité des ressources, la concurrence est souvent déloyale (cfr dans ton propre article sur les besoins de profit, tu écrases une larme pour les victimes des magouilles capitalistes), donc quand « le marché tranche », c’est la simple sanction d’un état de déséquilibre du rapport de force.
et donc……..celui qui parvient à imposer son standard se constitue une quasi-rente,
ça s’appelle un externalité de réseaux..Jacques Sapir en a parlé (il est meilleur que moi, et moi je suis meilleur que toi, donc…etc)
Geof’, le dragon rouge
si tu ne veux pas me répondre, répond à ton compatriote…
https—–les-crises.fr/russeurope-en-exil-democratie-despotisme-et-libre-echange-le-livre-de-savard-tremblay-par-jacques-sapir/
Non, pas de quasi-rente, car personne ne possède de brevet sur ces standards. Tout le monde peut les utiliser.
Simon-Pierre Savard-Tremblay est diplômé en sciences politiques et sociologie pas en économie. Ce mec est un abruti. Il dénonce « le néolibéralisme » (mot qui ne veut rien dire), la mondialisation et le libre échange. Et d’ailleurs, il mélange allègrement tous ces notions.
Son livre n’est qu’un vulgaire livre de propagande écrit par un idéologue rien à voir avec un travail sérieux d’universitaire.
Sapir n’a lu même aucune crédibilité que ce soit quand il s’exprime sur la mondialisation ou la russie. C’est juste un idéologue passant son temps à faire de la propagande prorusse.
Il y a d’ailleurs quelque chose de très paradoxal de prétendre que l’on vit dans une période de libre échange intégriste alors que le monde n’a jamais été aussi démocratique qu’aujourd’hui. Comment expliquez vous que si le libre échange conduit au despostime que ces dernières décennies, l’augmentation du libre échange n’est pas corrélé à une augmentation de la dictature ou du despostime mais au contraire, à une augmentation de la démocratisation à travers le monde.
Ce livre n’est en rien un travail scientifique qui étudierait le lien entre démocratie et libre échange. Cela ne compare pas les pays libre échangistes et les pays les plus protectionnistes pour voir lesquels sont les plus démocratiques. Cela ne regarde pas l’effet qu’a le libre échange dans un pays (si cela conduit à plus de démocratie ou plus de despotisme).
Au final, c’est du grand n’importe quoi.
Voilà du travail de vrais économistes qui ont étudié le sujet:
Free trade agreements and the consolidation of democracy: https://voxeu.org/article/free-trade-agreements-and-consolidation-democracy
et Does Trade Promote Democracy?: https://www.theglobalist.com/does-trade-promote-democracy/
La démocratie favorise-t-elle le libre-échange? Les études sur le sujet montrent que les démocraties sont plus ouvertes au libre échange que les dictatures.
Les démocraties commercent plus que les dictatures (Bliss et Russett 1998), elles ont des tarifs plus bas (Milner et Kubota 2005. Cette étude montrent que l’augmentation du libre échange est lié à la démocratisation. https://www.cambridge.org/core/journals/international-organization/article/why-the-move-to-free-trade-democracy-and-trade-policy-in-the-developing-countries/7B851DC230706EFDE2295D1DFA8ECC15), et sont plus susceptibles de conclure des accords commerciaux de libéralisation (Mansfield, Milner, et Rosendorff 2002).
« Avec l’émergence de la nouvelle théorie du commerce international de Paul Krugman, on peut considérer que le protectionnisme a retrouvé en partie ses lettres de noblesse » C’est vraiment n’importe quoi. Je rappelle que Krugman a recu son prix nobel pour ses travaux qui ont montré les bienfaits de la mondialisation et du libre échange. Il est vrai qu’il a tenu parfois des propos assez ambivalent sur le libre-échange? Cependant, il est clairement pro libre échange et pro mondialisation.
De plus, le courant de la nouvelle théorie du commerce international, dont il est le principal représentant, est plus que critiquable (cf. les critiques de M. Rainelli), notamment parce que les résultats dépendent trop fortement des hypothèses (idem pour le modèle de Brander et Spencer, qui, pratiquement, est inutilisable).
Un excellent article très complet sur le commerce international: https://menghublog.wordpress.com/2015/05/10/pop-internationalism-paul-krugman-1996/
Selon ce sondage rassemblant plus de 500 grands universitaires américains, 9 économistes sur 10 sont hostiles au protectionnisme. https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00220485.2014.889963
Aucun économiste (libéral ou pas) reconnu n’admet l’efficacité du protectionnisme.
Sondage : Américain Economic Association (1990, 2000, 2011)
On peut aussi prendre l’exemple du think tank Américain Entreprise qui a évalué le coût du protectionnisme des pneus d’Obama en 2009 à 900000 dollars/emploi sauvés pour le consommateur, et une destruction nette de 2500 emplois environ.
Le protectionnisme :
-ruine les plus démunis
-ne sauve pas d’emplois, puisqu’il en détruit.
Prétendre que le libre échange nuit aux pauvres est tout simplement mensonger. Ne vous en déplaise toutes les travaux montrent les bienfaits économiques du libre échange. Voilà un article vraiment intéressant sur les bienfaits du libre échange: https://dievolkswirtschaft.ch/fr/2017/05/scheidegger-07-2017fr/
(la bibliographie est en bas sur le côté droit de l’article)
autre article sur les bienfaits du libre échange et les dangers du protectionnisme: http://www.libreafrique.org/Filip-Steffensen-danger-protectionnisme-15
Pourquoi le commerce international, et quelles seraient les conséquences du protectionnisme? http://www.cepii.fr/CEPII/fr/publications/pb/abstract.asp?NoDoc=106170118
Un très bon livre: « In defense of Globalization » de Jagdish Bhagwati (même si le livre date un peu (2005)). C’est un livre défendant la mondialisation montrant ses bienfaits et détruisant les dogmes de l’altermondialisme. L’ouvrage détruit les mythes selon quoi la mondialisation nuirait aux pauvres, desservirait les minorités, détruirait le pluralisme culturel, tirerait les salaires vers le bas, dégraderait l’environnement. http://web.archive.org/web/20180125132308/http://www.libreafrique.org/node/1316
La mondialisation, ennemie de la pauvreté ? http://web.archive.org/web/20180125132628/http://www.afrik.com/la-mondialisation-ennemie-de-la-pauvrete
Plus de mondialisation, moins de pauvreté: http://www.libreafrique.org/Rallo_mondialisation_pauvrete_050713
http://www.lepoint.fr/editos-du-point/pierre-antoine-delhommais/plus-de-mondialisation-moins-de-pauvres-25-04-2013-1659615_493.php
La mondialisation sort les pays du Sud de la pauvreté: http://www.libres.org/conjoncture/3045-la-mondialisation-sort-les-pays-du-sud-de-la-pauvrete.html
Votre argumentation sur les progrès de la démocratie est partiellement erronée pour une raison principale, la « démocratie » occidentale n’est pas réellement une démocratie.
Les libertés individuelles sont certes plus importantes.
Mais cette forme de gouvernement vise aussi à contrôler la population par les relations publiques là où une dictature emploierait la force.
Et pour faire diminuer la pression, on peut changer le gouvernement par un autre parti dont les campagnes électorales sont aussi financées par des intérêts privés.
Les dérives des systèmes par représentants élus sont largement documentées.
La principale différence est que les démocraties occidentales contrôlent probablement leur population à un coût bien moindre.
Cependant, ce n’est toujours pas le peuple qui gouverne mais plutôt les leaders d’opinion ou ceux qui influencent ces leaders.
Il y a des exemples célèbres sur le sujet, sur la préparation à la guerre de l’opinion américaine, la propagande nazie, ARTE a un excellent documentaire sur le sujet.
Concernant le théorème HOS (Heckscher-Ohlin-Samuelson), on peut critiquer les hypothèses de départ, mais invoquer le paradoxe de Leontieff pour le décrédibiliser est ridicule car ce paradoxe a plutôt tendance à renforcer sa pertinence, en intégrant la dimension du capital humain. Et si les nouvelles théories du commerce international, fondées sur les modèles de Lancaster, néo-Hotelling, sur les principes de l’économie industrielle etc. expliquent bien le commerce Nord-Nord, HOS demeure pertinent quant au commerce Nord-Sud.
Je trouve par ailleurs étrange de reprocher (sur quels fondements ?) au libéralisme d’être anti-démocratique, tout en s’appuyant sur l’argumentation de Schmitt qui n’était pas un démocrate. Rappelons que Schmitt a sa propre conception du politique (qui n’est pas spécialement celle d’autres penseurs).
A travers l’échange et le commerce, les nations, devenues interdépendantes, ne trouvent plus utile de se faire la guerre sur le terrain économique (du moins, pas de façon directe).
La disparition du politique n’advient pas pour autant car les antagonismes, autrefois économiques, sont à présent (ou plutôt: à nouveau) culturels et civilisationnels. Qui peut sérieusement dire qu’il y a une disparition du politique dans nos sociétés ?
Le libre-échange accroît les richesses au niveau mondial et non pas l’inverse. Il faut vraiment être de mauvaise foi pour prétendre que le libre-échange conduit à l’appauvrissement, puis il suffit de regarder les statistiques sur la pauvreté mondiale pour se rendre compte que c’est faux.
Bref, article infondé et ridicule.
la rente ne porte pas sur le brevet mais sur la machine, le réseau de fournisseurs, les habitudes des consommateurs (cfr le minitel en France versus internet)…que sais-je ?
prendre de l’avance sur le concurrent, c’est çà, l’avantage concurrentiel…
on revient aux externalités de réseaux…
le fait qu’un état en charge des standards soit corruptible ne signifie pas qu’il est systématiquement corrompu,
par contre, un marché non-optimale ET déloyale donnera tjrs l’avantage aux « gros »…et donc des biens & services supérieurs en qualité peuvent ne pas émerger malgré la sainte-liberté du marché, praxis : la voiture électrique (qui existe depuis des décennies, où sont les brevets ?).
un communiste, c’est qqn qui combat l’exploitation,
pas qqn qui lutte contre des moulins,
çàd l’inégalité entre les gens, selon leurs gènes ou leurs mérites
tu peux supprimer tous mes commentaires : je n’ai plus rien à te dire…..vu que ça ne veut pas rentrer dans ta tête, ça serait stupide de continuer.
La rente découle très majoritairement du capitalisme de connivence.
L’économie actuelle est régi par le capitalisme de connivence. Le capitalisme de connivence c’est quand l’État soutient certaines entreprises, soit qu’il cède à leur pression par corruption(au sens large du terme), soit que ce soit de sa part une volonté délibérée à des fins politiques. Aujourd’hui, il est clair que les états soutiennent les grosses multinationales (à commencer par les banques). Le capitalisme de connivence ne découle en rien du libéralisme économique mais de l’interventionnisme économique. On ne peut pas dire clairement que les multinationales possèdent les politiciens ou inversement que les politiciens possèdent les multinationales, ce n’est pas clair. Il y a une connivence entre les deux. Pas l’un qui dirige l’autre.
Brink Lindsey et Steven Teles, dans leur nouveau livre très intéressant: « The Captured Economy: How the Powerful Enrich Themselves, Slow Down Growth, and Increase Inequality » , identifient un facteur commun derrière la croissance économique lente et l’inégalité croissante: les défaillances de la gouvernance démocratique qui permettent aux riches intérêts particuliers de saisir le processus d’élaboration des politiques pour leur propre bénéfice. Ils documentent la prolifération de réglementations régressives qui redistribuent la richesse et le revenu à l’échelle économique tout en étouffant l’entrepreneuriat et l’innovation. Lorsque l’État consolide le privilège en subvenant à la concurrence du marché, le compromis entre équité et efficacité ne tient plus. Leur livre détaille les pratiques abusives de recherche de rente dans divers secteurs de la bureaucratie gouvernementale, y compris les régimes de licences professionnelles, les règles de zonage et les règlements financiers.
Un autre très bon livre à lire: » A Capitalism for the People: Recapturing the Lost Genius of American Prosperity » de l’économiste Luigi Zingales.
Le problème principal des USA c’est le capitalisme de connivence c’est cela la principale menace pour le capitalisme américain.
Un article sur ce livre: https://www.institutcoppet.org/2012/08/01/capitalisme-de-copinage-et-crise-de-loccident-par-luigi-zingales-traduction
Ce qu’il faut c’est combattre le capitalisme de connivence.
Voilà une courte (et excellente) vidéo expliquant de manière très simple en quoi la réglementation étatique est mauvaise et avantage les grosses entreprises: https://www.youtube.com/watch?v=jhbWFx5OxfU
Les réglementations avantagent systématiquement les multinationales par rapport aux PME. Le coût d’une réglementation étatique est beaucoup plus faible pour une multinationale que pour une PME . Les réglementations étatiques faussent la concurrence parce qu’elles coûtent plus chers aux PME qu’aux multinationales. En plus, les multinationales peuvent beaucoup plus facilement contourner ces règlements (vu qu’elles peuvent se payer de bons avocats).
Pour se conformer à une réglementation, une PME (moins de 20 employés) doit dépenser 40% de plus qu’une grosse entreprise (plus de 500 employés): http://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/download?doi=10.1.1.173.489&rep=rep1&type=pdf
Un article à lire: https://mises.org/blog/how-regulation-protects-established-firms
Article intéressant dans lequel l’auteur décrit son expérience avec les régulateurs d’assurance d’état aux États-Unis. Il souligne que les régulateurs ignorent souvent même les techniques statistiques les plus élémentaires utilisées dans l’industrie. C’est un bon article pour avoir une idée de ce à quoi la réglementation ressemble souvent dans la pratique.
https://grokinfullness.blogspot.be/2017/10/the-regulatory-state-in-practice.html
Un exemple d’interventionnisme étatique qui nuit aux PME et avantage les multinationales: le salaire minimum.
C’est l’un des effets pervers du salaire minimum: fausser la concurrence car il avantage les grandes entreprises déjà établies par rapport aux PME et aux nouveaux acteurs. Cela a été montré que les multinationales résistaient bien mieux à une augmentation du salaire minimum que les PME; Le salaire minimum les avantage. (Sans parler du fait que les travailleurs au salaire minimum se trouvent surtout dans les PME et non dans les multinationales)
D’ailleurs, il arrive parfois que des grandes entreprises fassent du lobby pour avoir un salaire minimum plus grand parce qu’ils savent que cela va nuire à leur concurrence.
Par exemple, le patron de Deutsch Post (Zumwinkel) s’est arrangé avec les syndicats du secteur postal allemand, pour mettre en place un salaire minimum dans cette activité. Tout cela dans le but de créer une barrière contre la concurrence dans ce secteur, juste avant sa libéralisation. Les marchés ne s’y étaient pas trompés, en accueillant la nouvelle par une hausse du cours boursier de l’entreprise dirigée par Zumwinkel
https://www.telos-eu.com/en/job-market/minimum-wages-maximum-wages-and-the-level-of-econo.html
Etude très intéressante entre méfiance et réglementation: http://www.nber.org/papers/w14648
Au moins, les individus ont confiance envers autrui au plus, ils sont partisan de l’intervention de l’état dans le domaine économique. La méfiance conduit à augmenter la réglementation étatique.
(Ce qui a une influence néfaste sur la croissance)