Il y a 2 ans, j’avais publié un article traitant en partie des armes à feu et dont la section commentaires s’est remplie depuis. Je proposais alors certaines mesures qui pourraient aider les États-Unis à réduire le nombre de meurtres par arme à feu y sévissant.
La NRA et ses membres s’opposent à toute règlementation des armes à feu et affirme que les règles actuelles ne fonctionnent pas. Celles-ci incluent essentiellement les background checks, les périodes d’attente et les gun-free zone. En revanche, la règlementation sur les armes dissimulées (« concealed-carry weapons » ou CCW) s’est graduellement assouplie au fil des dernières années et une vingtaine d’états ont instauré des lois « stand your ground » (SYG).
Ces règles sont apparues durant une période où le crime et les meurtres ont significativement diminué dans les pays développés, incluant les États-Unis. Il est beaucoup trop simpliste d’affirmer que les armes à feu sont sécuritaires puisqu’au États-Unis le taux d’homicide a diminué de 7 par 100,000 en 1993 à 3,6 en 2013, soit près de moitié, tandis que le nombre d’armes à feu a fortement augmenté, avec les ventes d’armes à feu passant de 6 millions à 16 millions sur la même période. Le taux d’homicide a diminué dans tous les pays industrialisés, il n’est pas possible d’évaluer si le taux d’homicide américain aurait diminué encore plus s’il y avait eu moins d’armes à feu.
Évidemment, la NRA attribue la baisse du taux d’homicide à l’augmentation du nombre d’armes à feu, mais ce que peu de gens savent est que le nombre de gens et de foyer possédant une arme à feu a diminué. Mais ceux qui possèdent des armes à feu en ont un beaucoup plus grand nombre qu’auparavant.
Par ailleurs, l’absence de corrélation entre le pourcentage de personnes possédant une arme et le taux d’homicide par pays ne prouve rien non plus puisqu’il faut contrôler pour les variables parasites, ce que font les études bien construites.
Les autre affirmations bidons telles que la possession d’armes à feu est plus élevée en milieu rural et le taux de criminalité y est pourtant plus faible qu’en milieu urbains sont ridicules, tout comme celle voulant que les détenteurs de permis CCW commenttent moins de crimes et de meurtres que la moyenne. Dans les deux cas, corrélation ne signifie pas causalité.
L’organisme Law Center to Prevent Gun Violence accorde une note à chaque état pour la robustesse de leurs règlementation des armes à feu. Si on compare ces notes avec le taux d’homidice par arme à feu, on constate que 9 des 10 états ayant le taux de meurtre le plus élevé on la pire note, soit F. En revanche, 7 des états ayant le taux de meurtre par arme à feu le plus faible on une note de B ou plus.
En 2013, une étude du Boston Children Hospital et du Harvard School of Public Health publiée dans le Jama concluait que plus les lois sur les armes à feu sont sévères, plus les homicides par arme à feu sont rares (basé sur des données de 2007 à 2010).
Toujours en 2013, une étude du Center for Disease Control affirmait que 6 des 10 pires villes concernant le taux d’homicide par arme à feu avaient des lois laxistes sur les armes à feu. La dixième, Chicago, est située dans un état ayant une note de B+, mais est entourée d’état ayant de faibles notes. D’ailleurs, la plupart des armes utilisées dans ces crimes proviennent d’en-dehors de l’état d’Illinois.
Les armes dissimulées
En 1998, l’auteur du livre More Guns, Less Crime, John Lott, affirmait que l’adoption de loi permettant l’octroi de permis CCW résultaient en une baisse de la criminalité après leur adoption. Cependant, de nombreux problèmes méthologiques ont été trouvés dans les études de Lott, notamment par le Center for Disease Control (2003). Son échantillon temporel était aussi limité.
En 2005, dans une rigoureuse méta-analyse, la National Academy of Science a consacré un chapitre aux études de Lott, de ceux qui le soutiennent et de ses détracteurs. Leur conclusion est que les résultats sont inconcluant, surtout dû au fait que de petits changements d’échantillon et de spécification du modèle ont de grands impacts sur les résultats. En allongeant l’échantillon jusqu’en 2000 (plutôt que 1992), le résultat de Lott ne tient plus. L’un des problème flagrants est que certains états ont adopté leur loi CCW alors que la criminalité diminuait au pays alors que d’autres l’ont fait pendant qu’elle augmentait.
Il est important de noter que la conclusion du comité n’est pas que les études ne démontrent pas que les lois CCW ne font pas augmenter le crime. Leur conclusion est plutôt que les données sont insuffisantes et que les études ne permettent pas de conclure quoi que ce soit pour l’instant. Cependant, ils reconnaissent que les morts par armes à feu sont un problème grave aux États-Unis.
Il apparaît donc que John Lott a fait certains choix méthologiques qui lui ont permi d’obtenir les résultats qu’il souhaitait. Pourquoi Lott a-t-il fait ces choix méthologiques? Il faut mentionner que ses recherches sont indirectement financées par un fabricant d’armes. Cela n’invalide pas ses recherches, mais nous force à être prudent avec ses données et ses choix méthologiques.
Suite au rapport du NAS de 2005, d’autres études ont été réalisées. Une étude publiée en 2014 par John Donohue et al. et portant sur les données de 1979-2010 démontre que les lois favorisant le concealed-carry augmentent les crimes violents de 8%.
Une étude du professeur Bill Evans datant de 2015 analyse l’impact des changements de lois concernant le « concealed-carry ». Il démontre que l’assouplissement de ces lois mène à une hausse de 7% des crimes violents, après avoir ajusté pour la baisse séculaire de la criminalité aux États-Unis. Il s’est basé sur des données allant de 1981 à 2012.

Ce graphique indique que les états qui n’ont pas adopté de loi permettant le CCW dans les années 1990s ont connu une baisse plus marquée de leur taux de crime violent que ceux qui ont mis en place une telle loi. Les états qui n’ont pas adopté ce type de loi avaient auparavant un taux de criminalité plus élevé, mais ce ne fut plus le cas quelques années après.
En 2018, le National Bureau of Economic Research a publié une étude très solide sur le lien entre crime violent et concealed-carry. Leur constat est que 10 après l’adoption d’une loi permettant le concealed-carry, les crimes violents sont 13% à 15% plus élevés que si une telle loi n’avait pas été adoptée.
Les exemples du Missouri en 2007 et du Connecticut en 1995 sont rarement cités par les pro-guns. L’abolissement d’une loi requérant un permis pour acheter une arme a été suivie d’une hausse spectaculaire des meurtres de 14% entre 2007 et 2012. Au Connecticut, l’adoption d’une telle loi en 1995 a été suivie d’une réduction de 40% des meurtres par arme à feu en 10 ans, sans augmentation des meurtres par autres moyens.
En 2010, Chicago était la seule grande ville à encore interdire la possession d’armes de poings à domicile jusqu’à ce que la cour suprême force la ville à assouplir sa législation. En 2013, l’llinois a commencé à octroyer des permis « concealed-carry ». L’année suivante, une forte baisse des cambriolages et vols de voitures est survenue durant les premiers mois de l’année (20% et 26% respectivement), alors que le taux de meurtre a atteint un creux de 56 ans.
Cependant, cela a été de courte durée…une fois que le nombre de permis délivré a suffisamment augmenté, le taux d’homicide a soudainement explosé.
Les background checks et périodes d’attente
L’une des études les plus citées par les pro-guns est celle de Ludwig & Cook (JAMA 2000), qui analyse l’impact du Brady Act de 1994, lequel impose des background checks et une période d’attente de 5 jours pour l’achat d’une arme à feu à tous les états. Les auteurs comparent les taux d’homicide des 18 états qui appliquaient déjà les règles du Brady Act aux 32 états qui ont dû renforcir leurs règles pour se conformer au Brady Act et ne voient aucune différence dans l’évolution du taux d’homicide. Entre 1994 et 1997 (le Brady Act fut déclaré inconstitutionnel en 1998).
Il y a cependant d’importants bémols concernant cette étude. Premièrement, une réduction significative des taux d’homicide fut observée tant dans le groupe de contrôle que dans le groupe de traitement, laquelle pourrait être attribuable à une réduction du flux d’armes des 32 états du groupe de traitement vers les 18 états du groupe de contrôle.
Cela est très plausible puisqu’à l’époque, 40% des armes n’étaient pas achetées d’un vendeur autorisé sujet au Brady Act. Il est donc fort probable qu’auparavant, les criminels se procuraient une arme dans un état du groupe traitement pour commettre un crime dans le groupe contrôle, ce qui est devenu plus difficile avec le Brady Act. Ludwig & Cook avouent d’ailleurs que les données empiriques supportent cette hypothèse.
Deuxièmement, même avant le Brady Act, les vendeurs d’armes devaient conserver un registre avec l’identité des gens ayant acheté une arme, ce qui permet de retracer son propriétaire initial. Les criminels n’achetaient donc pas leurs armes de vendeurs autorisés, même avant le Brady Act.
D’ailleurs, l’efficacité du Brady Act est grandement compromise par le fait qu’il ne s’applique qu’à l’achat d’armes neuves auprès de vendeurs autorisés. Les criminels se procurent des armes à feu sur le marché noir…mais le marché noir est grandement aidé par le laxisme règlementaire, notamment en ce qui a trait aux flux d’armes de seconde main.
Troisièmement, la conclusion des auteurs ne s’applique qu’aux 21 ans et plus puisque les moins de 21 ans n’étaient pas autorisés à acheter une arme de toute manière. Cependant, les auteurs présentent les données concernant les moins de 21 ans, lesquelles démontrent une baisse trois fois plus rapide du taux d’homicide!
Dans une étude se concentrant sur l’impact des périodes d’attente entre 1970 et 2014, Luca, Malhotra & Poliquin (Harvard 2017) découvrent une réduction de 17% des meurtres par arme à feu et 7%-11% réduction des suicides par arme à feu. Par ailleurs, les chercheurs ne trouvent aucune augmentation des homicides par autres moyens que les armes à feu.
Cette étude révèle une subtilité non prise en compte par Ludwig & Cook: durant la période du Brady Act, 6 états n’ont pas mis en place de période d’attente ayant obtenu une dérogation (à cause de leur système de instant background check). Ils affirment que Ludwig & Cook ont utilisé une mauvaise classification entre leurs deux groupes pour 16 états.
En 2013, l’Institute of Medicine et le National Research Council ont publié un document sur les armes à feu à la demande de Barrack Obama. Dans la section sur les interventions règlementaires telles que « background checks », ils déclarent que les études ont des résultats mitigés et ne permettent pas d’atteindre une quelconque conclusion quant à l’efficacité de ces politiques, notamment en raison de l’absence de données fiables.
Encore une fois, les pro-guns ont paraphrasé cette étude, affirmant qu’elle démontre que les régulations n’ont aucun impact, alors que la conclusion du rapport est plutôt que les données sont insuffisantes et que davantage de recherches seront nécessaires. D’ailleurs, le rôle de ce rapport était en fait de déterminer quels devraient être les sujets de recherche futurs, et non de présenter un verdict définitif sur l’efficacité des régulations.
Les tueries de masse et les gun-free zones
Les tueries de masse ne représentent qu’un faible pourcentage des morts par arme à feu aux États-Unis, mais accaparent une grande proportion de l’espace médiatique lorsqu’elles surviennent.
Certains pensent que les « gun-free zones » permettent de protéger les écoles de ces tueries. L’organisme Everytown for Gun Safety affirme que seulement 13% des tueries se produisent dans de telles zones. Cependant, leurs données comportent de nombreuses erreurs et ne correspondent pas à la définition du FBI de tuerie de masse puisqu’elles incluent les événements survenus dans des résidences privées et les tueries associées au crime organisé. Le FBI inclue seulement les tueries ayant survenues dans des lieux publics et exclut les guerres de gangs.
De son côté John Lott affirme (ici) que 96% des tueries de masse se produisent dans des gun-free zones. Ses chiffres sont de meilleure qualité que ceux d’Everytown, mais sa définition est beaucoup trop large. Par exemple, il considère qu’un aéroport est une zone sans arme, alors que des gardes et policiers armés y circulent constamment.
D’autre part, il faut savoir que même dans les écoles appliquant une politique gun-free, un agent de police armé peut être présent régulièrement sur les lieux. Ce fut d’ailleurs le cas lors de la plus récente tuerie survenue à Fort Lauderdale. Un agent de police armé a rejoint l’édifice où le tireur sévissait et a attendu 4 minutes à l’extérieur, probablement paralysé par la peur. Sa non-intervention a permi au tireur de perpétrer l’une des tueries les plus meurtrières de l’histoire et même de quitter les lieux.
Si un policier décoré n’a pas pu intervenir efficacement, on peut fortement douter qu’un professeur armé puisse faire mieux…
Par ailleurs, certains endroits classés « gun-free » par Lott permettent en fait des armes cachées aux détenteurs de permis concealed-carry! Ce ne sont donc pas de véritables gun-free zones, tout comme les bases militaires, que Lott a aussi mal classées dans son analyse.
Ceci dit, Lott affirme que les perpétrateurs de ces carnages choisissent délibérément des endroits où les armes sont interdites pour commettre leur crime, de manière à pouvoir faire un maximum de victimes. Il semble que ça ait été le cas pour certains, mais on ne peut pas généraliser cette affirmation puisque la majorité des tueries de masse ne surviennent pas dans des gun-free zones au sens de la loi.
Une analyse du FBI portant sur 160 événements tueries de masse survenus entre 2000 et 2013 indique que seulement 5 incidents (3.1%) se sont terminés après que des citoyens aient sorti leur arme à feu pour confronter le tireur. Ce nombre est trop petit pour en tirer une quelconque conclusion statistiquement valide. Seulement 16.9% sont survenus dans des écoles (K12).
En revanche les chiffres du FBI montrent qu’un bien plus grand nombre de tueries sont stoppées par un citoyen non-armé, surtout lorsque le chargeur du tireur est vide, d’où l’intérêt des lois limitant la capacité des chargeurs, bien que ces règles n’aient pas encore prouvé leur efficacité vu le grand nombre de chargeurs illégaux en circulation. Contrairement à ce que John Lott affirme, les tueries de masse sont en augmentation aux États-Unis depuis l’an 2000, tant en termes de nombre de morts que de nombre d’événements.
Finalement, les chiffres de Lott montrent qu’environ 50% des tueries de masse sont perpétrées par des tireur souffrant de troubles mentaux, ce qui renforce l’importance d’avoir un système de background check efficace. Le cas récent de Fort Lauderdale est une preuve accablante de cette affirmation.
En somme, il m’apparaît raisonnable que les écoles demeurent « gun-free », sauf pour les policiers et agents de sécurité autorisés sur les lieux. Voir cet article de Politifact sur la question.
La légitime défense
Gary Kleck est un criminologue qui a eu beaucoup d’influence auprès des pro-guns. Il a publié en 1995 une analyse basée sur un sondage qu’il a fait faire auprès de 4,977 personnes et portant sur l’utilisation d’armes à feu en situation défensive (defensive gun use ou DGU). Il a obtenu 213 réponses positives, qu’il extrapole à 2.5 millions de DGUs par an à l’échelle nationale.
Avec raison, Kleck affirme que les données habituellement utilisées pour mesurer ce phénomène, lesquelles proviennent du National Crime Victimization Survey (NCVS) sous-estiment le nombre de cas où une arme à feu est utilisée de façon défensive, à environ 80k par année, soit environ 0.09% des foyers américains à l’époque.
Comme les entrevues derrière le NCVS sont effectuée par une agence gouvernementale (Bureau of the Census), on peut s’attendre à ce que certaines personnes ne veuillent pas divulguer des cas de DGU par crainte de représailles judiciaires.
Le NCVS établit d’abord que le répondant a été victime d’une attaque quelconque, avant de lui demander si elle a tenté de se défendre à l’aide d’une arme à feu. De son côté, Kleck ne fait que directement demander au répondant s’il a déjà utilisé une arme à feu pour se défendre. Cependant, contrairement à ce qu’affirme Kleck, les sondeurs qui effectuent le NCVS mentionnent clairement aux répondants que les réponses demeureront anonymes,
Selon Kleck, les deux autres meilleurs sondages, autre que le sien, sont ceux de Hart, qui estiment le nombre de DGUs à 640k par an et de Mauser à 700k par an.
À l’époque de l’étude de Kleck, il y avait plus de 220 millions d’armes à feu privées au pays, ce qui implique qu’environ 1% d’entre elles sont utilisées dans le cadre d’un cas de DGU par année selon son analyse. Les chiffres de Kleck impliquent aussi que 3% des ménages possédant une arme à feu l’utiliseront pour un DGU chaque année.
Au niveau des 213 répondants ayant vécu un DGU, 24% affirment avoir tiré et 8% aurait atteint leur adversaire. Ces statistiques enlèvent beaucoup de crédibilité à l’éude de Kleck, car elles impliqueraient un flux constant de blessés par balles dans les hôpitaux, ce que les statistiques médicales de ne confirment pas (et une blessure par balle doit être soignée à l’hôpital, oubliez ce que vous voyez dans les films).
De plus, 36% des DGU surviendraient en-dehors du domicile, ce qui signifie que le répondant transportait son arme avec lui. De leur côté, les assaillants étaient armés dans 48% des DGU et cette arme était une arme à feu dans 18% des cas.
Kleck demandait aussi aux répondants si leur utilisation d’une arme à feu avait pu « presque certainement » sauver une vie. Les réponses obtenues suggèrent que les DGU sauvent 400k vie par année! Encore une fois, ce chiffre apparaît risible…
Cela impliquerait que dans le pays voisin, le Canada, où le droit au CCW est inexistant et où l’utilisation d’armes de poing en situation défensive, même dans le domicile, est pratiquement impossible, le nombre de cambriolages, assaults, viols et meurtres devraient être massivement plus élevés puisque le manque d’accès aux armes à feu ne permet pas de se défendre. On sait très bien que ce n’est pas le cas. Des études ont notamment été faîtes comparant Vancouver et Seattle, deux villes très près l’une de l’autre. La criminalité est nettement moins inférieure au nord de la frontière.
Le chapitre 5 d’une méta-analyse du National Research Council aborde la question de l’utilisation des armes à feu de manière défensive. Bien que le NRC admet que les données de Kleck suggèrent que le NCVS sous-estime le nombre de DGU, ils soulèvent plusieurs problèmes avec l’étude.
Premièrement, le taux de réponse n’a pas été divulgué, ce qui oblige à spéculer qu’il soit mathématiquement entre 14% et 61%. Cela introduit une marge d’erreur très substantielle en ce qui concerne les résultats de Kleck.
Deuxièmement, les chiffres de Kleck ne concordent pas avec les statistiques sur la criminalité et les rapports de police. Une étude de David Hemenway (1997) établit que les résultats de Kleck impliquent qu’un DGU est survenu dans tous les cambriolages de résidences alors que l’occupant était présent. Ils impliquent aussi que 207,000 blessés ou tués par balle lors de DGU auraient dû être traités à l’hôpital, alors que seulement 100,000 cas au total surviennent chaque année (DGU ou non). (voir ceci)
Troisièmement, les réponses ont dû être biaisées par le fait que les propriétaires d’armes peuvent avoir inventé une histoire pour justifier leur achat d’une arme ou pour apparaître comme héroïque ou encore pour faire avancer la cause de la NRA (3 millions de membres actifs). Beaucoup d’études démontrent que les gens disent souvent n’importe quoi dans les sondages.
Quatrièmement, le risque de faux-positif est très élevé en raison du biais de « télescope », lequel consiste à relater des DGU survenus en-dehors de la période sondée comme étant survenus plus récemment. Ainsi, si un répondant signale un DGU survenu il y a 7 ans comme étant survenu il y a 5 ans, cela a un impact substantiel sur les extrapolations du sondage quant au nombre de DGU par année à l’échelle nationale.
Le données du Bureau of the Census permettent d’estimer l’effet télescope à 30%. Il est important de noter que les données du NCVS sont ajustées pour en tenir compte, et non celles de Kleck. En revanche, il est peu probable qu’une personne ayant vécu un DGU durant les 5 dernières années l’ait oublié.
Cinquièmement, le sondage de Kleck indique que 50% des répondants ont rapporté leur DGU à la police. Cela signifie que 1.25 millions de rapports de police devraient mentionner un DGU chaque année. Pourtant, une étude détaillée des archives policière effectuée sur l’année 2014 n’en rescence que 1,600! Cela jette encore une fois de sérieux doutes sur la validité des données de Kleck.
Voir cet article intéressant sur ce débat.
Fait intéressant, Gary Kleck s’est penché sur les travaux de John Lott et ses résultats sont en contradiction avec ceux de Lott. Il a même utilisé l’expression « garbage-in, garbage-out » concernant les travaux de Lott! On ne peut qu’être en accord avec Kleck sur ce point…John Lott a depuis longtemps perdu toute crédibilité scientifique.
Je noterais aussi que les agences gouvernementales citées dans ce billet (NAS, NBER, CDC, etc) ont dû être très prudentes dans leurs énoncés concernant les armes à feu car il y a une dizaine d’année, la NRA a réussi à faire couper le financement du CDC et à empêcher cet organisme de mener des recherches scientifiques sur le contrôle des armes à feu. Ça en dit long sur l’influence politique de la NRA.
Stand your ground
En 2005, la Floride a été le premier état à adopter une loi permettant d’obtenir une quasi-immunité pénale lors de l’utilisation de la légitime défense et ce sans avoir à « battre en retraite » si cela était possible. Auparavant, cette mesure ne s’appliquait qu’à l’intérieur de son propre domicile (aka « the castle doctrine »). Cette loi a eu comme impact de faire augmenter le taux d’homicide de 24% en Floride (ici).
Depuis, une vingtaine d’états ont aussi adopté une loi semblable. Deux études ont tenté de déterminer si ces lois permettaient d’améliorer la sécurité des citoyens ou, à l’opposé, si elles étaient utilisées comme prétexte pour justifier des actes violents, résultant en une escalade alors qu’auparavant une dispute se serait soldée par un dénouement pacifique.
L’étude de 2012 de Cheng Cheng et Mark Hokstra est basée sur les FBI Uniform Crime Reports entre 2000 et 2010. Tout d’abord, ils démontrent que les lois SYG ne réduisent pas le aux de criminalité, notamment les viols, assaults et cambriolages. Deuxièmement, ils constatent une augmentation de 8% du taux d’homicide.
En 2012, McLellan & Tekin ont mené une étude pour le NBER sur la période 2000-2010, mais en se basant sur les statistiques de décès nommée US Vital Statistics. Ils obtiennent une augmentation de 6.8% des homicides dans les états ayant adopté une loi SYG.
Bien que je sois en faveur de la légitime défense, il m’apparaît évident que les lois SYG sont beaucoup trop permissives. Un standard très élevé devrait être appliqué en tenant de déterminer si l’utilisation d’une force léthale était nécessaire et justifiable dans les circonstances. Je ne crois pas que de conférer aux citoyens un statut de policier, juge et bourreau soit une politique raisonnable.
En revanche, je trouve que les lois canadiennes entourant la légitime défense sont beaucoup trop restrictives, surtout lorsqu’une arme à feu a été utilisée. Je pense qu’il faudrait trouver une législation raisonnable qui assurerait que les citoyens agissent de manière responsable en situation de légitime défense.
Conclusion
Je ne suis pas contre l’accès aux armes à feu pour les citoyens adultes en bonne santé mentale et je trouve d’ailleurs que les lois canadiennes sont trop sévères.
Cependant, je suis d’avis qu’il est faux d’affirmer que le laxisme règlementaire entourant les armes à feu aux États-Unis n’a rien à voir avec le taux de décès par arme à feu excessivement élevé sévissant dans ce pays et que toute régulation raisonnable ne saurait y changer quoi que ce soit.
Il va sans dire que je suis aussi d’avis que la théorie du ‘more guns less crime’ est fausse et non supportée par les études. Augmenter encore plus l’accès aux armes à feu ne permettra pas de réduire le taux de meurtres aux États-Unis, au contraire.
Je crois qu’un système semblable à celui des automobiles serait souhaitable. Chaque conducteur a un permis qui doit être renouvelé et peut être révoqué, chaque voiture est immatriculée, chaque transaction est enregistrée et des règles de conduites claires régissent la conduite automobile. Puis, l’assurance-responsabilité est obligatoire.
Comme la forte majorité des détenteurs d’armes à feu aux États-Unis, je suis en faveur des background checks rigoureux, des périodes d’attente et des écoles gun-free. De plus, je trouve les lois stand-your-ground trop permissives.
Je suis d’avis que les lois CCW ne permettent pas de réduire la criminalité et ont possiblement l’effet inverse. En tant que citoyen, je préfère nettement que les lieux publics où je suis présent soient exempts d’armes à feu entre les mains de simples citoyens.
D’un autre côté, il est vrai que les armes à feu peuvent être mal utilisées, résulter en des accidents non-intentionnels et être utilisées pour se suicider facilement. Cela ne signifie pas pour autant qu’elles devraient être interdites dans les maisons. Comme les piscines et les voitures, une régulation rationelle et la prudence permettent de minimiser les risques.
Ceci dit, plusieurs libertariens (tout comme les membres de la NRA) préfèreraient que le gouvernement ne régule aucunement les armes à feu, même de manière soi-disant raisonnable, pusique cela les mettrait selon eux sur la voie de la prohibition. Je pense que cette crainte est passablement exagérée. Il y a moyen de réguler les armes à feu tout en préservant les libertés individuelles fondamentales, comme celle d’être en mesure de défendre son foyer.
Article connexe: https://www.scientificamerican.com/article/more-guns-do-not-stop-more-crimes-evidence-shows/
« La plus forte raison pour les gens de conserver le droit de porter des armes est, en ultime ressort, de se protéger eux-mêmes contre la tyrannie de leur propre gouvernement. » Thomas Jefferson.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Deuxi%C3%A8me_amendement_de_la_Constitution_des_%C3%89tats-Unis
« la possession d’armes à feu est plus élevée en milieu rural et le taux de criminalité y est pourtant plus faible qu’en milieu urbains sont ridicules » heu non, cela prouve que vous pouvez avoir des endroits avec énormément d’armes à feu mais qui sont très peu criminogènes. Parce qu’à écouter certains anti armes, la prolifération des armes à feu amène l’anarchie et une forte criminalité. Or, l’exemple des campagnes montrent qu’ils ont faux. Maintenant, on est d’accord que si les campagnes ont moins de criminalité c’est à cause d’autres facteurs que le grand nombre d’armes à feu. Mais cela permets de démonter un argument idiot des anti armes même si bien sûr, cela ne prouve en rien qu’un grand nombre d’armes à feu a une influence sur la criminalité.
« tout comme celle voulant que les détenteurs de permis CCW commettent moins de crimes et de meurtres que la moyenne » si c’est un argument car l’un des arguments des anti armes pour s’opposer au port d’armes c’est de dire que les criminels en profiteront pour avoir un permis. Tout cela pour avoir une arme qui leur permets de commettre leur délit. Il faudra m’expliquer comment on peut prétendre que les lois sur le port d’armes augmentent la criminalité si on reconnaît que ces les détenteurs de permis CCW sont justement très respectueux des lois ?? Et rien d’étonnant à ce qu’ils soient respectueux des lois vu que ce permis est donné après enquête de la police (cela varie d’un état à l’autre. Certains donnent très facilement le permis d’autres il est pratiquement impossible de l’avoir). Qui plus est il faut suivre une formation. Tout cela fait que les criminels, les malades mentaux n’obtiendront pas ce permis.
Du fait de la procédure à suivre, il n’est guère étonnant que les gens détonnant de tels permis soient des gens honnêtes.
« En allongeant l’échantillon jusqu’en 2000 (plutôt que 1992) » Vous êtes au courant que « More Guns, Less Crime » a été réédité à 3 reprises ? La troisième édition a été faite en 2010 et tient compte des statistiques de 1977 à 2005. Il est intéressant que beaucoup de critiques de Lott se basent sur la première édition et non sur les suivants. Je reconnais parfaitement que la thèse de Lott comme quoi l’augmentation du nombre d’armes à feu et les lois sur les ports d’armes ont permis de diminuer la criminalité soit une thèse controversé. Cela signifie pas que les anti armes aient raison
Ce sont les socialistes, les communistes et la gauche qui ont interdit aux citoyens français de porter des armes en 1938/39, alors qu’ils en avaient conquis le droit à la révolution de 1789 ; les communistes n’ont pas obéit, se sentant protégés par le pacte germano-soviétique, d’où leur mainmise ultérieure sur tous les réseaux de résistance et les purges ignobles de leur fait, après guerre, sans oublier de Gaulle qui pour les désarmer leur a concédé des secteurs entiers de l’économie et de l’administration, dont nous en payons encore le prix aujourd’hui à travers le système héréditaire, pour les fonctionnaires mis en place et qui perdure encore ce nos jours
La théorie comme quoi les lois sur le port d’armes créerait une culture des armes à feu qui elle même alimenterait la criminalité me parait totalement débile. Comment expliquez que cette culture des armes à feu existe justement chez les gens peu susceptibles de commettre des crimes (blancs) là où ceux les plus susceptibles de commettre des cimes (jeunes hommes noirs) n’ont pas cette culture des armes à feu. Si ils tombent dans la criminalité, c’est à cause d’autres facteurs (absence de pères, pauvreté,…).
Les ports de permis d’armes sont justement décernés chez les gens honnêtes. Il me paraît difficile d’expliquer que cela conduirait à une augmentation de criminalité.
De plus, l’idée que le port d’armes n’a aucun effet dissuasif est fausse. Selon Rossi et Wright (« Armed end Considered Dangerous »), de l’aveu même de milliers de criminels interrogés par les auteurs, une victime potentiellement armée est le principal facteur dissuasif dont les criminels admettent tenir compte.
« Leur conclusion est plutôt que les données sont insuffisantes et que les études ne permettent pas de conclure quoi que ce soit pour l’instant. » En effet: « Thus, the committee concludes that with the current evidence it is not possible to determine that there is a causal link between the passage of right-to-carry laws and crime rates. »
Mais vous oubliez aussi la partie où cette étude conclut: « It is also the committee’s view that additional analysis along the lines of the current literature is unlikely to yield results that will persuasively demonstrate a causal link between right-to-carry laws and crime rates (unless substantial numbers of states were to adopt or repeal right-to-carry laws), because of the sensitivity of the results to model specification. Furthermore, the usefulness of future crime data for studying the effects of right-to-carry laws will decrease as the time elapsed since enactment of the laws increases. »
Le comité est également d’avis qu’une analyse supplémentaire à la littérature actuelle ne devrait pas produire de résultats convaincants démontrant un lien de cause à effet entre les lois sur le droit de porter et les taux de criminalité (à moins qu’un nombre important d’États adoptent ou abrogent les lois de port d’armes), en raison de la sensibilité des résultats à la spécification du modèle. En outre, l’utilité des futures données sur la criminalité pour l’étude des effets des lois sur le droit de port d’armes diminuera à mesure que le temps écoulé depuis l’adoption des lois augmentera.
https://www.nap.edu/read/10881/chapter/8#151
Or, depuis, cette méta analyse il n’y a pas eu de changements majeures concernant les lois sur le port d’armes aux USA.
Et, le fait qu’il n’y ait pas de preuves que les lois de port d’armes aient un impact sur la criminalité signifie quelque chose d’important. Cela signifie que ces lois ne sont pas un facteur important sur la criminalité. Cela veut dire que ces lois ont au mieux ou au pire un impact mineur sur la criminalité. Car si ces lois avaient eu un impact important, il est clair que les études existantes et que le NAS s’en seraient apercu.
« les crimes violents sont 13% à 15% plus élevés » c’est un impact important. Si cela avait été vrai, on s’en serait déjà apercu depuis longtemps.
Pourquoi citez uniquement les études qui vous arrangent mais qui ne représentent en rien le point de vue majoritaire de la littérature scientifique ? Et qui au contraire est un point de vue très minoritaire.
Le fait que les lois sur le port d’armes augmentent la criminalité est défendu par très peu d’études.
Par exemple, Econ Journal Watch a montré qu’en 2008, sur les lois sur le port d’armes, les études universitaires empiriques examinées par des pairs, 10 ont appuyé la proposition selon laquelle le droit de port d’armes permet de réduire la criminalité, 8 ont appuyé la proposition que ses lois n’ont eu aucun effet significatif et aucune étude n’a soutenu que ses lois ont causé une augmentation de la criminalité.
Voici un papier datant de 2012 qui fait un résumé de la recherche existant sur le port d’armes: 18 études révisées par des pairs ont soutenu que le droit de port d’armes ont permit de réduire la criminalité, 10 ont appuyé qu’il n’y avait aucun effet significatif et une qui a soutenu une augmentation de la criminalité. https://pbs.twimg.com/media/DWK6uCfWAAAIH6O.jpg:large
En fait, on constate que pratiquement toute la recherche « prouvant » que les lois sur le port d’armes augmente la criminalité viennent des travaux de John J. Donohue et d’Abhay Aneja. Leur étude de 2014 n’est qu’une révision de leur étude de 2012 qui elle même est une révision de leur étude de 2011.
En tout le cas, ces travaux ont été très critiqués. Je mets ici quelques critiques:
https://www.researchgate.net/publication/288634429_Did_John_Lott_provide_bad_data_to_the_NRC_A_note_on_Aneja_Donohue_and_Zhang
https://www.researchgate.net/publication/256016479_Trust_But_Verify_Lessons_for_the_Empirical_Evaluation_of_Law_and_Policy
https://econjwatch.org/file_download/1049/MoodyMarvellJan2018.pdf?mimetype=pdf
Article critiquant cette étude: https://crimeresearch.org/2014/11/problems-with-the-washington-posts-and-huffington-posts-more-guns-more-crime-claims/
« En 2018, le National Bureau of Economic Research a publié une étude très solide sur le lien entre crime violent et concealed-carry » oui enfin c’est surtout encore une étude de John J. Donohue et d’Abhay Aneja. Vous ne m’en voudriez pas si j’ai de sérieux doutes sur cette nouvelle étude.
(Les travaux de Donohue sur le port d’armes à feu ne sont pas ces seuls travaux qui sont critiqués. C’est la même chose pour ses travaux sur l’impact de l’avortement sur le crime. Disons que Donohue a un sérieux parti pris à gauche. Si on peut reprocher à Lott son biais idéologique difficile de ne pas faire de même avec Donohue)
Je pense que l’étude de Bill Evans est la seule étude donnant raison aux travaux de John J. Donohue sur le fait que les lois sur le port d’armes augmente la criminalité.
Et je peux encore citer d’autres études ayant des conclusions totalement contraires au fait que ces lois augmentent la criminalité. Par exemple: https://www.researchgate.net/publication/303866961_New_Evidence_on_the_Impact_of_Concealed_Carry_Weapon_Laws_on_Crime
Une étude en réponse à celle d’ Aneja, Donohue et Zhang de 2011
Cliquer pour accéder à The-Impact-of-Right-to-Carry-Laws-on-Crime-An-Exercise-in-Replication.proof_.revised.pdf
« Les exemples du Missouri en 2007 et du Connecticut en 1995 sont rarement cités par les pro-guns »
1)quel rapport avec le permis de port d’armes ? Il s’agit de loi concernant le permis d’achat d’armes à feu cela n’a rien à voir avec le permis de port d’armes. 2) se contenter de citer deux exemples cela me semble un peu hâtif.
Concernant le Missouri:
Effets des lois sur les permis d’achat sur les taux de meurtres par armes à feu: https://www.researchgate.net/publication/312259408_Effects_of_Permit-to-Purchase_Laws_on_State-Level_Firearm_Murder_Rates
Autre étude sur le sujet: https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=3084736
Concernant Chicago, l’augmentation de la criminalité n’a strictement rien à voir avec les lois sur les port d’armes mais tout avec l’effet ferguson. Lisez ceci sur le sujet: http://dailycaller.com/2017/10/01/the-fbis-latest-report-suggests-the-ferguson-effect-is-real/
En gros, en raison des tensions raciales et des accusations contre la police de commettre des bavures contre les noirs, les policiers par peur de bavure font moins de contrôles ce qui augmente la criminalité. D’ailleurs, à Chicago, il y a eut de nouvelles directives obligeant les policiers à motiver leurs contrôles. Tout cela conduit à augmenter la criminalité.
Cet effet ferguson n’est pas propre à Chicago d’autres villes (avec une grande communauté noire et ayant connu des tensions entre police et communauté noire) ont connu exactement le même phénomène que Chicago. Il est totalement risible d’accuser les lois sur le port d’arme d’être responsable de l’augmentation de criminalité à Chicago
L’effet ferguson a des conséquences dramatiques: http://www.chicagotribune.com/news/columnists/kass/ct-ferguson-effect-chicago-police-1007-20161006-column.html
L’effet ferguson n’est pas un fantasme: https://www.usatoday.com/story/news/2017/01/11/ferguson-effect-study-72-us-cops-reluctant-make-stops/96446504/
Et d’ailleurs, à cause de l’affaire ferguson, les attaques contre les policiers ont fortement augmenté aux USA: http://dailycaller.com/2016/12/29/number-of-officers-killed-by-gunshot-wounds-increases-56-percent/ (Le nombre de policiers tués lors d’embuscade atteint des records)
A Chicago, après qu’une vidéo fut diffusé en 2015 sur un policier tuant un noir le taux de meurtres et de criminalité a explosé alors qu’il y avait une baisse continue depuis près de 20 ans. En 2016 le taux d’homicides a atteint un niveau jamais vu en 20 ans. Pourtant dans le même temps, le taux d’arrestations a drastiquement fondus. Cela s’explique par deux choses: la procédure qui a été modifié pour faire plaisir aux associations des droits civiques (chaque policier doit remplir deux pages de paperasses dès qu’il arrête quelqu’un) et par l’effet ferguson (les policiers interviennent moins car ils ont peur des bavures). Le chef de la police de chicago, Eddie Johnson, a nié l’effet ferguson. Tout en reconnaissant que les policiers agissaient moins par peur de bavures et que cela entrainait une hausse de la criminalité (ce qui est la définition de l’effet ferguson). http://www.cbsnews.com/news/60-minutes-chicago-police-activity-declines-as-murders-spike-data-shows/
« En 2013, l’Institute of Medicine et le National Research Council ont publié un document sur les armes à feu à la demande de Barrack Obama
Selon ce rapport: « L’usage d’armes à feu en état de légitime défense par les victimes d’actes criminels est un phénomène fréquent […]. Presque toutes les estimations des enquêtes nationales indiquent que l’utilisation d’armes en état de légitime défense par les victimes d’actes criminels sont au moins aussi fréquent que les utilisations d’armes à feu par les criminels, avec des estimations d’utilisations annuelles allant de 500.000 à plus de 3 millions par an, dans le contexte d’environ 300.000 crimes violents impliquant des armes à feu en 2008. »
Ce rapport constate que les personnes agressées lors de crimes violents et qui se sont défendues en utilisant des techniques autres que l’utilisation d’armes à feu ou qui ne se sont pas défendues étaient plus susceptibles d’être blessés par rapport à ceux qui portaient une arme à feu dont le port est dissimulé.
Ce rapport mentionne également les fusillades à grande échelle, et constate que ces scénarios sont peu fréquents.
Quels arguments y aurait t il pour s’opposer au port d’armes ?
1 Cela fait augmenter la criminalité. Cette hypothèse est plus que douteuse et n’est pas du tout appuyé aujourd’hui par la recherche majoritaire sur le sujet.
L’idée que les criminels utiliseraient ce port d’armes pour commettre plus facilement des crimes ou que cela transformerait les citoyens ayant un port d’armes en criminels es une idée absurde. Même les anti armes reconnaissent que les gens ayant un port d’armes commettent très peu de crimes.
Le Violence Policy Center qui est *contre* les armes à feu, n’a trouvé que 499 meurtres commis par les 10 millions d’Américains qui ont un permis de port d’arme (je parle bien de permis de port d’armes et non d’achat légal d’armes à feu) entre 1993 (, date à laquelle les permis de port d’arme ont commencé à être redistribués généreusement.) et 2012 (29 novembre). C’est un chiffre très inférieur au taux moyen de la population. Notons au passage que le Violence Policy Center compte parmi les 499 « meurtres » un grand nombre d’homicides justifiés (selon la justice), c’est-à-dire des « meurtres » de truands tués par leur victime.
http://web.archive.org/web/20130209020810/http://www.vpc.org/ccwkillers.htm
les propriétaires légaux d’armes sont-ils plus violents? Prenons l’exemple du Texas, rempli comme tout le monde le sait de cowboys prônes à la violence. Entre 1996 et 2000, William E. Sturdevant (2000) montre à partir des données d’arrestation du Texas que les citoyens qui ont obtenu un permis de port d’arme non seulement ne sont pas plus violents que les autres, mais sont remarquablement pacifiques. Ils ont 7,7 fois moins de chance d’être arrêtés pour un crime violent (pour les hommes), 7,5 fois moins pour les femmes. Les citoyens qui portent des armes ont 18 fois moins de chances d’être arrêtés pour un crime non violent (pour les hommes), 13 fois moins pour les femmes. Et cette tendance continue : entre 2002 et 2007, les données du Texas Department of Public Safety montrent que les plus de 200.000 texans qui ont obtenu un permis de port d’arme sont 9 fois plus pacifiques que les citoyens en général. Le public général a été arrêté 10 fois plus pour avoir commis un crime violent.
Sources: THE RIGHT TO ARMS: THE CRIMINOLOGY OF GUNS – CARDOZO LAW REVIEW – 2010 An Analysis Of The Arrest Rate Of Texas Concealed Handgun License Holders As Compared To The Arrest Rate Of The Entire Texas Population 1996 – 1998, Revised to include 1999 and 2000 data – 2000
L’argument anti armes type que si les gens ont des armes à feu, il y a un risque que dans un moment de passion, ils craquent et tuent quelqu’un est faux. C’est un fantasme poussé par les émotions qui n’est aucunement soutenu par les faits. Les citoyens honnêtes ne tuent pas dans un moment de passion, les meurtriers ont presque toujours une longue histoire de violences derrière eux. Comme l’explique Don B. Kates (2010): « Les criminologues savent que la criminalité antérieure des assassins est si bien établie par des douzaines d’études sur les homicides qu’on peut la classer parmi les axiomes de la criminologie.
2. Un autre argument cela serait de de dire que le fait de donner le port d’armes risquait de faire que cela augmente le risque d’être blesser ou tuer pour les gens ayant une arme sur eux lorsqu’ils se défendent contre les criminels. Or, il a été montrer que le fait de résister avec une arme était moins risqué que ne pas se défendre ou se défendre avec autre chose.
« S’il est vrai que celui qui résiste à une agression les mains nues ou avec une arme de fortune court un plus grand risque d’être blessé ou tué que s’il se laisse faire, les statistiques montrent que l’emploi d’une arme à feu, tout au contraire, réduit le risque de l’agressé. Entre la moitié et les trois quarts des victimes de vol avec violence qui résistent autrement qu’avec une arme à feu sont physiquement agressées, en comparaison de 42 % chez celles qui n’offrent aucune résistance et seulement 25 % pour celles qui se défendent avec une arme à feu. Seuls 17 % de ces derniers sont blessés ou tués, en regard de 25% pour ceux qui ne résistent pas et 51 % pour ceux qui ripostent avec leurs poings. En moyenne, pour tous les genres d’agression, 84 % des citoyens armés qui se défendent avec une arme à feu réussissent à mettre en fuite, capturer ou neutraliser l’agresseur ; la proportion des citoyens qui sont tués (11 %) ou blessés (7 %) se compare aux risques des policiers dans des situations semblables. Il n’y a pas 1 % de ces cas où l’agresseur s’est emparé de l’arme de la victime. » Voir Le droit de porter des armes » de Bertrand Lemennicier, p. 123-125
Et la note de bas de page 83 de l’étude « Would Banning Firearms Reduce Murder and Suicide ? A Review of International and Some Domestic Evidence » de Don B. Kates et Gary Mauser http://www.law.harvard.edu/students/orgs/jlpp/Vol30_No2_KatesMauseronline.pdf
Et c’est confirmé par le fameux rapport de l’’Institute of Medicine et du National Research Council (voir mon commentaire juste au dessus)
3 un autre argument serait de dire que cela risque de causer les dommages collatéraux car les citoyens quand ils se défendent risquent de tuer d’autres personnes que leurs agresseurs. Or, Don Kates a mis en évidence le fait que la police tue davantage d’innocents que les civils : 11% de pertes civiles innocentes lors de l’action des forces de l’ordre contre seulement 2% lorsque ce sont les civils qui interviennent.
Au final quand on analyse tous les arguments pour s’opposer au port d’armes, il n’y en a pas qui tiennent la route
un crayon noir ou couleur (pour les charlyphiles) ne peut rien contre une kalachnikov !
– personne ne coure plus vite qu’une balle de révolver . . .
Arnaud
Au contraire, j’ai lu toutes les études que vous citez ainsi que celles que vous ne citez pas (car elles disent le contraire), et je trouve que la preuve empirique favorise un contrôle rationnel des armes à feu.
Vous utilisez des termes forts comme « il a été démontré », alors que cel repose sur des données peu fiables, comme le sondage de Kleck.
Il est maintenant reconnu que John Lott est un charlatan, peu importe le nombre de rééditions de son livre.
Votre argument sur les milieux ruraux est loufoque! Aucun débat n’est possible lorsqu’on me sort une telle sottise. On voit tout de suite que vous n’avez aucune formation en économétrie, donc que vous n’êtes aucunement apte à analyser les études que vous citez et en évaluer la robustesse.
Cela est critique dans un contexte où un grand nombre de chercheurs ont été enrôlés par la NRA pour leur fournir des pseudos-arguments scientifiques qui prolifèrent sur les blogues.
On ne peut pas mettre un ou plusieurs policiers autour de chaque citoyen.
Exemple de la Suisse : le taux de criminalité est bien plus faible que dans la plupart des pays qui ont interdit les armes aux citoyens.
En Suisse, il y a 2 millions d’armes à feu, soit 24 par 100 résidents, soit le quart des États-Unis et un taux plus bas que l’Allemagne et la France. La Suisse n’est donc pas un pays où les armes prolifèrent outre mesure comme c’est le cas aux États-Unis.
Il faut un permis pour acheter une arme, même de seconde main. Pour une arme usagée, il faut un contrat qui sera envoyé au registre cantonal des armes à feu. Il faut aussi le permis pour l’achat de munitions.
Le « concealed-carry » tel que permis dans plusieurs états américains est interdit, sauf pour les agents de sécurité.
Autrement dit, la Suisse a une règlementation similaire à ce que je recommande pour les États-Unis et affiche des statistiques de criminalité conséquentes (i.e. plus faibles). C’est un exemple qui me donne raison.
dont acte.
@arnaudaron
Par exemple, vous dîtes : « les crimes violents sont 13% à 15% plus élevés », si c’était vraiment, on s’en serait aperçu depuis longtemps.
Ce genre de commentaire est incroyable! Ces chiffres proviennent d’une étude très solide du NBER publiée en janvier dernier. Ce sont les faits!
J’avais lu un article similaire il y a 2 ans sur les armes aux Etats-Unis, à propos du lien entre le taux d’homicides et le notation de la réglementation.
https://ordrespontane.blogspot.fr/2016/02/ce-ne-sont-pas-les-armes-qui-tuent.html
Je suis surpris car les conclusions ne sont vraiment pas les mêmes ! Surtout de la part du minarchiste qui milite pour une réglementation !
Par ailleurs sur votre carte, je suis d’accord avec votre observation mais le Maine semble être l’exception qui confirme la règle : l’un des Etats où il y a le moins d’homicides est finalement aussi l’un des plus laxistes !
Je crois plus en une violence endémique à une région, et que finalement la réglementation n’ y change pas grand chose.
@Silver Car Crash
C’est en effet la portion de mon article (i.e. celle avec la notation) qui est la moins robuste car non-scientifique et sans variables de contrôle. Le reste des études citées passent le « sniff-test ».
Les meilleures études sont celles qui mesurent les variations suite à des changements règlementaires n’affectant que quelques états. Avec une bonne spécification, on peut faire des observations intéressantes.
Le minarchisme n’implique pas l’absence totale de régulation (par exemple code de la route).
Merci de votre commentaire.
et une arme pour chaque citoyen(e) français âgé de plus de 30 ans (sur dossier, avec répartition [quadrillage territorial] + arme géolocalisée après tir?
À lire:
https://www.economist.com/news/united-states/21739188-tighter-gun-restrictions-work-there-just-they-do-america-switzerland-does-not-prove?frsc=dg%7Ce
Ça aussi:
https://www.economist.com/news/united-states/21739193-washington-dithers-and-argues-some-states-show-way-what-works-reduce-gun-deaths?frsc=dg%7Ce
Et comment légitimer une entrave à l’achat ?
Le port d’arme peux être réglementer par les propriétaire où quelqu’un porte une arme .
L’espace public est donc réglementer par le Public (État ou collectivité local ) .
Donc on peux réglementer voir interdire le port d’arme légitimement dans l’espace public.
Pour autant, sous quel prétexte, l’Etat empêcherai un libre échange entre un acheteur et un armurier ?