Je vous avais bien prévenus dans ce billet!
La manière avec laquelle le financement gouvernemental de Bombardier a été structuré l’an dernier avait comme sous-objectif principal de permettre à la famille de garder le contrôle de l’entreprise au détriment des contribuables. La structure de capital actuelle de Bombardier comporte des actions multi-votantes qui donnent le contrôle du conseil d’administration à la famille, ce qui lui permet entre autres de décider des salaires des dirigeants.
En investissant directement dans la division C-Series plutôt que dans la corporation, le gouvernement du Québec n’a pas un mot à dire sur les décisions de l’entreprise et sur sa gouvernance malgré une participation d’un milliards de dollars américains faîte au nom des citoyens Québécois. La Caisse de Dépôts a quant à elle investi dans la division Transport, tandis que le gouvernement fédéral a consenti un prêt de $372.5 millions; ces deux financements ne donnent pas de mot à dire sur la gouvernance de la corporation non plus.
On apprenait donc le 29 mars dernier que le PDG Alain Bellemare a vu sa rémunération totale augmenter de 47% par rapport à l’année précédente se chiffrant à US$9.5 millions, surtout à cause de la hausse de ses bonis et LTIP (on rappelle que sans aide gouvernementale, l’entreprise aurait été en détresse financière…donc pourquoi un boni?), mais aussi en raison du fait que sa rémunération de l’année précédente ne reflétait pas une année complète. L’ancien PDG, Pierre Beaudoin, un membre de la famille et dorénavant président du conseil d’administration, touchera US$5.2 millions.
Selon Jean Monty, président du comité des ressources humaines du C.A. de Bombardier et ancien PDG de BCE, ces sommes sont nécessaires à conserver le talent. Ridicule! Quel salaire pourrait obtenir Pierre Beaudoin ailleurs que chez Bombardier? Serait-il à ce poste s’il ne faisait pas partie de la famille? Devrait-on aussi lui rappeler qu’en moyenne un président de C.A. gagne C$350,000 par année au Canada, rien de comparable aux US$5.2 millions de Pierre Beaudoin?
En fait, il faut réaliser que les « long term incentive plans » octroyés aux dirigeants de Bombardier en 2016 n’auraient été versés qu’en 2019, conditionnellement à l’atteinte de certains objectifs de performance financière. Mais cela est risible quand on considère que l’atteinte de ces objectifs a été grandement facilité par des subventions gouvernementales.
On peut aussi douter du niveau de difficulté de ces objectifs quand on considère que les bonis payés pour l’année 2016 ont été dans le haut de la fourchette et qu’il a s’agit selon M. Monty d’une « année exceptionnelle ». L’entreprise a en effet réussi à faire certifier la C-Series (avec un retard considérable), qu’elle a amélioré son carnet de commande (grâce à une vente à perte à Delta et parce qu’Air Canada s’est fait tordre le bras par le gouvernement et a bénéficié d’un allègement profitable sur son centre d’entretien du Québec). En 2016, Bombardier a rapporté une perte de près de $1 milliard. L’atteinte des objectifs dépend aussi de l’élimination de quelque 14,500 postes à travers le monde d’ici la fin de l’année 2018.
À la suite du tollé engendré par ces événements, Bombardier a reporté de 2019 à 2020 le versement de la deuxième moitié des US$32 millions de hausses prévues au total pour ses hauts dirigeants, tandis que la première moitié va cependant être versée comme prévu. Pierre Beaudoin a de son côté décidé de réduire sa rémunération au même niveau que 2015, ce qui est tout de même une somme beaucoup trop élevée (disons 10 fois trop). Le chef de la Coalition Avenir Québec, François Legault, a notamment souligné que le président du C.A. d’Airbus en Europe gagnait 240 000 euros par an, celui de Boeing 326 000 $ US, tandis que M. Beaudoin empoche C$5 millions, même après avoir renoncé à sa toute dernière hausse de salaire.
Une entreprise privée peut bien payer ses dirigeants comme ses actionnaires le souhaitent, c’est leur argent. Mais lorsqu’il est question d’une entreprise qui bénéficie des largesses de l’État depuis des décennies et qui vient d’être secourue par un financement gouvernemental d’urgence, les citoyens ont bien raison de s’insurger. Évidemment, il faut bien payer le PDG et son équipe si on veut avoir de bons gestionnaires, surtout lorsqu’il est question d’une industrie d’envergure internationale où la concurrence est extrêmement intense. Dans cette optique, octroyer un LTIP payé en 2020 aurait été justifiable, mais l’ampleur des montants aurait dû être moindre, surtout en ce qui a trait à Pierre Beaudoin.
Après s’être insurgés, le gouvernement Libéral a bloqué une motion visant à annuler les hausses de rémunération. Cela n’est pas surprenant car je ne vois vraiment pas comment le gouvernement aurait pu légalement interférer dans ces pratiques. C’est lorsqu’il a signé l’entente de financement que le gouvernement provincial aurait dû « mettre ses culottes » et exiger soit que Bombardier abolisse ses actions multi-votantes ou accepte de diluer le contrôle de la famille.
Au lieu de cela, notre gouvernement s’est fait rouler dans la farine car il ne dispose pas de gens assez compétents pour accomplir de telles ententes (pas plus au Parti Québécois qu’au Parti Libéral). Ce n’est pas pour rien que j’avais recommandé de voter pour François Legault et sa CAQ aux dernières élections…lui au moins est capable de gérer une entreprise. Pour ma part, je ne confierais même pas la gérance d’une succursale de Tim Hortons à Philippe Couillard, alors que l’ampleur actuelle du gouvernement lui confère une influence directe sur des milliards d’argent des contribuables…
Ha le méchant capitalisme!
https://minarchiste.wordpress.com/2015/11/24/la-bombardiera-se-poursuit/
Il y a quelque chose qui m’étonnes avec les territoires francophones c’est que systématiquement, ils semblent plus socialistes, plus pauvres (et les politiciens semblent plus enclins à magouiller).
Suisse: la suisse francophone est plus socialiste et moins riche que la partie allemande de la Suisse. Même chose en Belgique, la partie francophone (Wallonie et Bruxelles) est plus à gauche que la Flandre (et bien sûr moins riche). Même chose au Canada avec le Québec par rapport au Canada anglophone.
C’est également le cas en Afrique. L’Afrique anglophone s’en sort beaucoup mieux que l’Afrique francophone (qui a tendance être plus socialiste).
Difficile de croire au hasard.
@Arnaud,
L’Afrique Francophone a une monnaie imposée par la France qui diminue l’efficacité économique de la zone.
De plus pour se maintenir au pouvoir un dirigeant se doit de plaire à Paris.
Ce qui ne coincide pas nécessairement avec les intérêts de leurs nations respectives.
Pour les autres territoires que vous listés, je ne les connais pas assez bien pour vous donner une réponse. Au mieux quelques pistes glanées sur internet.
Pour ce qui est du Canada anglophone, il est moins dense que Québec, il dispose des réserves de pétrole. Et je ne sais pas comment sont réparties les réserves minières, mais les mines ont un rôle important dans l’économie Canadienne.
Ceci étant dit la province la plus riche du pays reste l’Ontario, dont la partie la plus riche est immédiatement au sud de Québec, une partie avait été sous domination française. Les 2 régions ont évolué sous des constitutions différentes suite à la guerre d’Indépendance américaines.
Peut être est-ce une différence de mentalité entre les 2 populations. Les populations francophones sont généralement moins disciplinées et plus portées sur le « bien vivre ».
Ce qui peut être positif, après tout le monde tel qui est à en grande majorité été façonné par la France et l’Angleterre. Ce qui laisse entendre que la mentalité francophone n’est pas si mauvaise.