Auparavant, le Portugal était aux prises avec un grave problème d’héroïne. En 2001, le gouvernement a décriminalisé la possession de drogues; c’est-à-dire de toutes les drogues, incluant l’héroïne. Plusieurs s’attendaient à ce que la consommation de drogues explose et que le Portugal devienne un paradis de la drogue, avec tous les problèmes que cela pourrait apporter.
La production et le trafic demeurent illégaux, mais la possession de drogues n’est plus considérée un crime. Plutôt que de vous envoyer en prison, le gouvernement vous fait entrer dans un système de psychologues et travailleurs sociaux qui vous aident à régler votre problème de consommation. Autrement dit, vous êtes traité comme une personne ayant besoin de soins de santé, plutôt que comme un malfrat, et toute thérapie est volontaire, non forcée.
Une quinzaine d’années plus tard, les résultats sont stupéfiants (sans jeu de mot intentionnel)! La consommation de drogue chez les 15 à 24 ans a fortement diminué et les morts par surdose sont tombées de 80 en 2001 à seulement 16 en 2012. La proportion de drogues consommées par injection a chuté de 45% à 17%, ce qui réduit les risques de surdose, de propagation du VIH et indique un délaissement des drogues dures. Le nombre de diagnostics de Sida a d’ailleurs fondu comme neige au soleil.
Le taux de consommation de drogue du Portugal figure maintenant parmi les plus bas en Europe. Les gens sont maintenant plus enclins à suivre une thérapie, ce qui a fait quadrupler le nombre de personne en cure de désintoxication. Les incarcérations reliées à la drogue ont fortement diminué, ce qui fait en sorte que les prisons comptent des dizaines de milliers de prisonniers de moins qu’avant.
Ces résultats étaient pourtant tous prévisible. Lorsqu’on décriminalise, il est normal que les gens délaisse les drogues dures, qui ont surtout été favorisées parce qu’elles sont plus faciles à dissimuler et procure des effets plus puissants pour une plus petite quantité. De plus, la réduction du nombre de prisonnier aidera certainement le Portugal à faire face à ses obligations fiscales et à déployer davantage de ressources en soins de santé pour aider les gens qui veulent faire une thérapie. Il est de plus normal que les gens soient plus enclins à chercher de l’aide, étant moins craintifs d’avoir à faire face à la justice. La décriminalisation facilite d’ailleurs grandement le travail des intervenants en toxicomanie.
Évidemment, il serait préférable que la production et la vente soient aussi décriminalisées de façon à complètement enrayer le crime organisé, mais il n’en demeure pas moins qu’en décriminalisant la possession, le Portugal a pu bénéficier d’une bonne part des avantages sociaux-économiques de légaliser les drogues. Espérons que cela servira d’exemple…
À lire:
https://minarchiste.wordpress.com/2013/10/04/legalisons-les-drogues/
Sources:
https://fee.org/articles/portugal-won-the-war-on-drugs-by-giving-it-up/
Cliquer pour accéder à DPA_Fact_Sheet_Portugal_Decriminalization_Feb2015.pdf
la possession ? donc le commerce et l’usage restent interdits ?
Attention, corrélation n’est pas causalité. Je n’ai pas d’avis particulier sur la question mais cet article me paraît un peu trop simpliste sur un débat aussi complexe . Je préfère être prudent. Je pense qu’il y a du pour et du contre. Ceci dit j’ai jamais réellement creuser la question voilà pourquoi je prends pas position. Il me semble cependant que l’on ne peut pas juste prendre un exemple pour trancher la question . Et surtout il se pourrait très bien que la diminution de la consommation de drogue s’explique par d’autres facteurs.
P.S. Beaucoup de gens confondent depénalisation et décriminalisation alors que c’est deux choses différentes. Un certain nombre de pays européens ont depenalises l’usage de drogue douce (cannabis).
N’auriez vous pas à la fois des liens /ouvrages à conseiller à la fois pour et contre la décriminalisation de l’usage de drogue svp ??
Un des facteurs de la baisse de consommation, pourrait être aussi, une exode massive des jeunes, vers le nord de l’Europe. En effet, cette population qui ne trouve plus de travaille et qui est la plus susceptible d’être consommatrice de drogue, afflue, au vue des problèmes économiques du sud, migre massivement pour fuir ce qui justement entraine à la consommation des paradis artificiels. Pour d’autres qui le sont tout autant…
Non, l’étude a observé la consommation par cohorte démographique. La consommation a diminué chez les 15-24 ans.
@Arnaud dans l’absolu, je ne pense pas que l’exode de la population suffise à justifier la baisse.
La situation au Portugal entraîne également une paupérisation de la population.
Ce qui entraîne en général une hausse des comportements illicites.
De plus, ce sont les gens les plus motivés qui partent. Bien que je sois un fervent défenseur de la causalité versus la corrélation.
Je pense qu’on peut accorder une grande probabilité à ce que la thèse du Minarchiste soit juste. Ces hypothèses portant sur la réduction de l’usage des drogues paraissent tout à fait cohérentes.
Il me semble qu’un phénomène similaire en terme de santé publique avait été observé lors de la prohibition.
L’alcool n’était pas vraiment moins consommé quand il était interdit, mais sa qualité était déplorable entraînant problèmes de santé et d’enrichissement de la mafia.
Une raison majeure le Portugal du succès de la décriminalisation de la drogue s’est parce que cela a érodé le stigmate de la toxicomanie, habilitant les toxicomanes à chercher le traitement (aussi, ils ont décidé de dépenser de l’argent sur le traitement pour les toxicomanes plutôt que la police, les tribunaux et les cellules de prison pour eux):
le bon lien: https://www.nytimes.com/2017/09/22/opinion/sunday/portugal-drug-decriminalization.html
La Norvège semble vouloir suivre l’exemple portugais en matière de drogue: http://www.independent.co.uk/news/health/norway-parliament-drugs-decriminalise-recreational-cocaine-heroin-marijuana-a8111761.html