À l’aube du premier terme d’un nouveau président américain, beaucoup de gens cherchent à comparer la « performance économique » des anciens présidents.
L’analyse la plus simpliste (et inutile) est celle de la croissance du PIB, qui donne nettement l’avantage aux présidents Démocrates. La création d’emplois et la performance du marché boursier pointent aussi dans la même direction, sans toutefois constituer des mesures adéquates.
On constate aussi que sous les présidents Démocrates, la dette a moins augmenté (et a même diminué sous les quatre derniers Démocrates avant Obama). Cependant, cela a autant à voir avec les dépenses qu’avec le PIB, qui est le dénominateur du ratio et influence aussi les dépenses (car un ralentissement économique mène automatique à une hausse des dépenses étatiques).
J’ai récemment eu une rencontre avec le stratégiste François Trahan de la firme Cornerstone, qui démontrait (avec raison) que la tenue de l’économie durant le terme d’un président dépend davantage d’où elle se situait dans le cycle au début du mandat que de quoi que ce soit d’autre. De plus, l’orientation de la tendance dépend surtout de l’évolution des conditions monétaires, et non des politiques du président sortant ou entrant.
Pour ce faire, François utilise le meilleur indicateur avancé de l’économie, l’indice ISM Manufacturier. Cet indice est basé sur des sondages menés à chaque mois auprès d’entrepreneurs au sujets des perspectives de leur entreprise. Lorsque l’indice est supérieur à 50, l’économie est en expansion tandis qu’en bas de 50, l’économie ralentit. Cet indice permet de prévoir le PIB 6 mois à l’avance, ce pourquoi il influence tant le marché boursier.

Ce graph montre bien que l’indice boursier S&P500 est fortement corrélé à l’indice « purchasing managers’ global, qui est très semblable à l’ISM américain.

Ce graph démontre à quel point l’indice ISM manufacturier permet d’anticiper la croissance du PIB 6 mois à l’avance (la ligne de l’ISM a été décalée de 6 mois).
Par exemple, à l’inauguration de Reagan, l’ISM était très élevé et avait commencé à tourner, ce qui indique que le cycle économique avait plafonné et qu’on se dirigeait vers un ralentissement. D’ailleurs, on constate que 12 moins auparavant, la courbe de taux d’intérêt est devenue très abrupte (c’est-à-dire que les taux long terme ont augmenté), ce qui agit généralement comme un refroidisseur économique. Il est donc évident que l’économie était sur le chemin du ralentissement, peu importe ce que Reagan allait faire, et c’est ce qui s’est produit.
En ce qui concerne Bush Senior, même son de cloche. L’indice ISM avait plafonné en 1988 et était déjà sur une tendance de déclin en réaction à une augmentation des taux long terme. Le résultat fut une récession qui n’a rien eu à voir avec les politiques du président.
Clinton quant à lui a hérité d’un indice ISM en pente ascendante, mais qui avait atteint un niveau élevé et la courbe de taux s’était soulevée. Son mandat fut ponctué d’un ralentissement économique.
Du côté de George W. Bush, l’économie était en fort ralentissement lorsqu’il pris le pouvoir, mais la baisse des taux au cours des mois précédents a fourni le stimuli nécessaire à causer une réaccélération de l’ISM. Son règne se termina par contre par la « Grande Récession ».
Quand Barrack Obama a été inauguré président, l’économie ne pouvait pa être plus mauvaise, avec un indice ISM de 35, mais le stimuli monétaire massif allait donner un coup de pouce à l’activité économique et engendrer une reprise de l’ISM. Obama n’a rien eu à y voir!
Quant à Donald Trump, il hérite d’une économie qui a plafonné et de conditions monétaires relativement serrées (ici illustrées par le taux sur les swaps 2 ans), ce qui suggère un ralentissement économique imminent, que les Démocrates ne se gêneront pas à utiliser pour le critiquer en le lui mettant sur le dos, même s’il ne l’aura pas causé. Ceci dit, le momentum économique pourrait se poursuivre encore quelques mois avant de virer de bord.
En somme, la performance économique d’un président dépend du statut de l’économie dont il hérite de son prédescesseur, ainsi que de l’évolution des conditions monétaires. Pas vraiment de ses politiques économiques.
En fait, on place beaucoup trop d’emphase sur la branche exécutive (i.e. Le fameux Président), alors qu’en fait, le président américain a bien peu de pouvoirs, surtout en ce qui concerne l’économie. Le Président a davantage de marge de manoeuvre en ce qui concerne la politique étrangère et, passablement, en ce qui concerne le commerce international, mais il ne contrôle pas grand-chose au niveau des politiques économiques domestiques, qui sont plutôt sous l’égide du Congrès.
Néanmoins, le Président exerce une certaine influence (limitée) auprès de la Federal Reserve en nommant la présidente du conseil et les 6 autres gouverneurs, lesquels ont une influence considérable sur la politique monétaire et, par conséquent, sur le niveau de stimuli économique. Le Président ne peut cependant pas les renvoyer de leurs fonctions!
Il apparaît donc stupide de classer les présidents par croissance du PIB ou création d’emploi, puisque leur influence sur ces variables est pratiquement nulle. Il n’en demeure pas moins que l’attention des médias financiers et des investisseurs est présentement rivée sur les moindre faits et gestes de Donald Trump…
Très juste. Une chose à ne pas oublier non plus c’est que les usa sont un état fédéral où les Etats possèdent une partie non négligeable du pouvoir en matière d’économie et d’emploi.
Aux USA, depuis 2009 :
le PIB a augmenté de 3500 Md$, la capitalisation boursière totale de 17 000 Md$, la dette fédérale de 9 000 Md$
Ceux qui nous vantent le succès économique d’obama me font rire. Le soi disant succès d’obama vient de deux choses: la politique de la fed et l’endettement. Les Usa sous Obama se sont endettés plus vite que le PIB a crû. Obama a pratiquement doublé la dette américaine. Obama peut aussi remercier le gaz schiste c’est ça qui a permis de faire redémarrer l’économie américaine. Le gaz schiste a permis d’avoir de l’énergie bon marché à tel point que des entreprises américaines ont relocalises leurs usines qui étaient en Chine aux usa.
En 2015, le taux de mortalité pour la première fois depuis des décennies est reparti à la hausse. C’est le signe que la situation du pays est loin d’être idyllique.
Sur l’héritage d’obama: http://www.zerohedge.com/news/2016-06-01/economy-better-now-when-i-started-obama-delivers-remarks-state-economy (ces graphiques sont éclairants sur le désastre de la présidence obama) (la partie est en rouge est la présidence d’obama)
de plus: http://rinf.com/alt-news/editorials/poverty-rose-96-u-s-house-districts-obamas-presidency/
La dette réelle d’Obama et son héritage déficitaire: https://www.washingtontimes.com/news/2018/feb/18/barack-obamas-real-debt-and-deficit-legacy/
«Que peut-on imputer à Donald Trump dans la croissance américaine? Finalement pas grand chose» https://www.lopinion.fr/edition/economie/que-peut-on-imputer-a-donald-trump-dans-croissance-americaine-162370
Cela rejoint ce que vous dites: le président joue qu’un rôle assez limité dans l’économie. J’en ai marre des partisans de Trump qui disent que grâce à lui l’économie se porte merveilleusement bien alors qu’en vérité il n’y est pour rien