Jean-François Lisée est l’un des candidats à la succession de Pierre-Karl Péladeau à la chefferie du Parti Québécois. Ce journaliste ayant étudié en droit se fait un devoir régulier de démontrer à quel point il ne connaît rien à l’économie et à quel point il est prêt à déformer les faits pour soutenir son idéologie national-socialiste.
En 2010, j’avais publié un article au sujet des sornettes qu’il relatait sur son blogue relié au magazine L’Actualité. Il avait alors très mal interprété une étude qu’il citait sur l’impact du secteur pétrolier Albertain sur le secteur manufacturier Québécois (en fait je soupçonne qu’il ne l’avait même pas lue).
Plus récemment, sur son blogue de campagne, il mentionnait faussement que le pétrole des sables bitumineux albertains génère quatre fois plus d’émissions de GES que le pétrole conventionnel importé au Québec. En fait, la production de pétrole des mines de sables bitumineux est trois fois plus polluante, mais ce que M. Lisée néglige est que la majorité des GES proviennent de la consommation du pétrole, et non de sa production. Ainsi, le pétrole des sables bitumineux Albertains produit de manière in situ (ce qui représente 80% des réserves) n’est que 5% plus polluant que le pétrole Américain que nous importons. Il y a une énorme différence entre 5% et 300%!
Le 22 août dernier, le chroniqueur Pierre-Yves McSween relatait la toute dernière proposition de Jean-François Lisée à l’antenne de l’émission de Paul Arcand (ici). M. Lisée s’engage à mettre sur pied un programme d’accès à la consolidation de dettes garanti par l’État. Cette mesure sans précédent permettrait par exemple à un ménage qui a atteint un ratio d’endettement élevé de consolider jusqu’à $20,000 de dettes auprès de son institution financière, mais dans un prêt garanti par le gouvernement du Québec.
«Ça ne coûte rien à l’État de faire ça (en raison de sa capacité d’emprunt). L’État, son rôle, c’est d’aider ses citoyens», a expliqué M. Lisée.
Des conditions strictes seraient toujours imposées aux participants, dont celle de passer les ciseaux dans leurs cartes de crédit. Pendant la période de remboursement, l’emprunteur ne pourrait avoir accès à d’autre crédit sans garantie. À l’instar de la formule utilisée pour les prêts étudiants, ces prêts seraient consentis à des taux d’intérêt préférentiels, soit d’environ 4 à 5 %. Selon l’analyse effectuée par M. Lisée à l’aide d’un expert en la matière, les banques offrent actuellement des prêts pour consolidation de dette avec un taux d’environ 15 %. De plus, M. Lisée voudrait limiter la durée du prêt en la liant à la garantie offerte par le fabricant. Un bien garanti 3 ans ne pourrait être financé que sur 6 ans.
«On est dans une société de surconsommation, alors la volonté d’avoir toujours plus est toujours là et les gens ont une impression de richesse qui dépasse leur capacité de payer», a expliqué le prétendant à la chefferie du PQ.
Lisée se couvre encore de ridicule…
Il est facile de démontrer le ridicule de cette proposition, comme la fait M. McSween de façon plutôt diplomatique à la radio. En fait, il est pratiquement certain qu’une telle mesure aurait l’effet contraire à ce qui est désiré! Sans compter que cette politique est outrageusement paternaliste…
Dans un tel scénario, les banques auraient un avantage à relaxer leurs critères de crédit non-garanti jusqu’à concurrence de $20,000. Elles se mettraient à faire de la promotion, réduiraient leurs taux d’intérêts même pour les emprunteurs les plus risqués. Car une fois la limite de $20,000 atteinte, si l’emprunteur tombe dans l’insolvabilité, ses dettes se transforment en un prêt sans risque de 10 ans au taux de 4% ou 5%, comparativement à environ 1% pour les obligations du gouvernement canadien. C’est une marge de profit incomparable dans le marché actuel!
On verrait donc une explosion du crédit facile pour les emprunteurs qui, auparavant, n’auraient pas pu se qualifier pour l’obtention d’un prêt. La demande de crédit augmenterait aussi, car les emprunteurs seraient conscients que dans le pire des cas, leurs dettes se transformeraient en un prêt sur 10 ans à 4% ou 5%. Le résultat serait donc une hausse de l’endettement des québécois!
L’autre élément que Lisée néglige et qui ne fut pas mentionné par McSween est que les faillites personnelles ne sont généralement pas causées par un surendettement pour l’achat de biens de consommation. Ce qui cause les faillites est surtout la perte d’un emploi et cette mesure n’aurait pas vraiment d’influence sur la demande de travailleurs.
Beaucoup de gens pensent malheureusement que la plupart des problèmes qui affligent la société peuvent être réglés par de simples mesures gouvernementales élaborées par des gens bien-pensants. La réalité est que la plupart des problèmes sont d’abord causés par l’intervention gouvernementale et les solutions habituellement proposées ont plein de conséquences négatives inattendues, qui engendrent d’autres problèmes encore plus graves.
Par exemple, si l’endettement des ménages est un problème au Canada, c’est fort possiblement en raison de la politique monétaire expansionniste de la Banque du Canada, qui garde les taux d’intérêt à des niveaux très bas dans le but de stimuler l’économie par l’endettement. De plus, la structurelle du système bancaire permet aux banques de créer la monnaie nécessaire à l’expansion du crédit.
De son côté, l’une des adversaires de M. Lisée dans la course à la chefferie, Martine Ouellette, a récemment proposé de nationaliser les fournisseurs internet de manière à s’assurer que les prix soient plus bas et que l’accès soit plus rapide, même en régions éloignées. Décidemment, ça ne vole toujours pas haut au PQ…espérons qu’ils ne prendront plus jamais le pouvoir…
En somme, avant de vouloir corriger les « excès » du libre-marché, M. Lisée devrait commencer par étudier et comprendre le fonctionnement de l’économie…
http://jflisee.org/surendettement-aider-les-quebecois-a-leviter-et-a-en-sortir/
http://www.journaldemontreal.com/2016/08/20/lisee-volerait-au-secours-des-menages-surendettes
https://minarchiste.wordpress.com/2010/02/22/les-sables-mouvants-de-jean-francois-lisee/
http://www.canadasoilsands.ca/~/media/images/cos/all-graphics/ghg-full-cycle2.jpg?la=en
http://www.capp.ca/publications-and-statistics/publications/270274
Je pensais qu’ici en france nous avions les champions du monde, mais non en fait…
J’avertis de suite nos postes frontières…
Outre votre belle déclaration d’amour pour toute chose Lisée, vous faites fausse route sur la proposition contre l’endettement. Ce n’est pas quelque chose d’automatique pour tout le monde, il faut appliquer, qualifier, et être accepté. C’est un programme qui vise les gens qui ont perdus leur emploi, vécus une maladie dans la famille ou une séparation. Les autres seront refusés. Donc les banques ne miseront pas sur ce programme pour s’enrichir (d’avantage).
Vous avez raison sur la cause des faillites, c’est triste que automatiquement les gens associent faillites et surconsommation.
Pour ce qui est de la proposition de Mme Ouellet …
@Alexandre
Dans ce cas, le programme ne sera pas très utile!
La consolidation de dette ne sert à rien quand la personne n’a plus d’emploi.
Lorsqu’une personne sur-endettée perd son emploi et n’arrive pas à s’en trouver un nouveau après un certain temps, la solution n’est pas la consolidation de dettes, mais bien la faillite…malheureusement.