Il y a quelques jours, j’ai brièvement analysé l’impact économique des propositions de Donald Trump. Afin de compléter l’analyse, voici une brève analyse des propositions de son adversaire la plus probable (et de celle qui gagnera probablement l’élection présidentielle), Hillary Clinton. À ce point-ci de la campagne, son programme est plus étoffé et plus long que celui de Trump, mais il contient aussi beaucoup de propositions vagues et imprécises (bien peu de chiffres).
Une chose est sûre, nous savons davantage à quoi nous attendre de Clinton puisque son implication en politique ne date pas d’hier. J’ai d’ailleurs moi-même assisté en personne à un discours de Mme Clinton à Whistler en janvier 2015 lors d’un événement de la Banque CIBC.
En termes de politique étrangère, Clinton sera fort probablement plus belligérante et interventionniste que Trump. Mme Clinton peut d’ailleurs être créditée du désastre de la Lybie en tant que secrétaire d’état et elle a voté pour la guerre en Iraq en 2002. Reste à voir si le scandale des courriels aura un impact significatif à l’élection présidentielle…
Voici ses principales propositions de nature économique :
- Augmenter le salaire minimum fédéral.
- Fermer les « loopholes » fiscaux pour s’assurer que les riches paient un taux d’imposition plus élevé que leur secrétaire, incluant la règle Buffet.
- Augmenter le taux d’imposition marginal pour les revenus de plus de $5 millions.
- Introduction d’un crédit d’impôt pour les entreprises qui partagent leurs profits avec leurs employés.
- Augmenter les dépenses en infrastructures, particulièrement en énergies « propres ».
- Crédits d’impôts aux petites entreprises.
- Mesures pour les femmes incluant l’équité salariale, l’horaire flexible, l’accès à des garderies et les congés parentaux.
- Davantage de règlementation bancaire, incluant une taxe au risque.
- Opposition au Partenariat Trans-Pacifique.
- Réforme de l’éducation collégiale visant à la rendre plus accessible aux moins nantis.
- Adopter des mesures tarifaires contre les nations qui violent les règles du commerce international (dont la Chine).
- Réforme de l’immigration pour amener les immigrants illégaux dans l’économie formelle.
L’attitude protectionniste de Mme Clinton est comparable à celle de M. Trump, donc ici c’est du pareil au même : on est contre le libre-échange si l’autre partie triche et on se méfie des traités multilatéraux. Cependant, les propositions de Mme Clinton en immigration sont beaucoup plus attrayantes que celles de M. Trump et seront bénéfiques pour l’économie.
En revanche, les propositions fiscales visent surtout à faire payer les riches, tout en donnant des crédits d’impôt ciblés, sans toutefois régler convenablement la question des impôts corporatifs et les distorsions qui y sont associées. Mme Clinton utilise certaines mesures que l’on retrouve typiquement au Canada, incluant des crédits pour les petites entreprises (comme si les petites entreprises étaient plus attrayantes et méritoires tandis que les grosses sont méchantes et indésirables).
Les autres mesures sont typiquement gauchistes, comme l’augmentation du salaire minimum, financement des énergies propres, amélioration du financement étatique de l’éducation collégiale, etc. Ces mesures feront plus ou moins de dommages à l’économie, sans être une catastrophe. Cependant, permettez-moi de m’attarder un peu sur le salaire minimum.
Le 1er avril 2015, le salaire minimum de la ville de Seattle est passé de $9.32 (soit le niveau de l’état de Washington) à $10 ou $11 dépendamment de l’employeur, comparativement à $7.25 au niveau fédéral. Des augmentations supplémentaires ont pris effet le 1er janvier 2016 à $12, $12.50 et $13, et se poursuivront jusqu’à atteindre $15 en 2018. Depuis le 1er avril 2015, le taux de chômage de la ville a augmenté de plus de 1%, tandis que l’emploi a continué de s’améliorer dans les banlieues de Seattle
(où ces augmentations ne s’appliquent pas) et à travers le pays. Étendre ce genre de politique à l’ensemble du pays, comme le souhaite Clinton, ne serait vraiment pas une bonne nouvelle…
En somme, même si plusieurs propositions d’Hillary Clinton seraient très négatives pour l’économie, je pense que sa présidence serait moins désastreuse que celle de Donald Trump, surtout dans un contexte où les Démocrates ne contrôlerait pas le Congrès. Nous serions alors replongé dans 4 années de statut quo, ce qui est probablement la meilleure chose qui puisse arriver parmi les scénarios les plus probables.
https://www.hillaryclinton.com/issues/
http://time.com/3955359/hillary-clinton-economy-2016-presidential-election/
http://taxfoundation.org/article/details-and-analysis-hillary-clinton-s-tax-proposals
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