Demandez aux gens quelle est selon eux la cause principale de la crise financière de 2008 et la plupart (surtout les gauchistes) vous répondront que c’est la dérèglementation des institutions financière qui a mené à une faille du marché.
Quand vous leur demandez ensuite quelle règlementation au juste est en cause, ils vous répondent alors bêtement que c’est l’abolition du Glass-Steagall Act en 1999, qui permettait aux banques de combiner leurs activités de marché des capitaux avec leurs activités bancaires au détail. La théorie veut que cette abolition permettait aux banques d’utiliser des dépôts bancaires de particulier pour spéculer sur les marchés financiers.
Pourtant, l’examen des faits montre que c’est de la foutaise!
La crise des S&L a eu lieu dans les années 1980s malgré l’existence de cette loi et bien avant qu’elle ne soit abolie en 1999, cause directe des réserves fractionnaires, d’une politique monétaire erratique et de règlementations stupides qui ont favorisé les S&L au détriment des banques conventionnelles.
Puis, il faut considérer Northern Rock, l’une des plus grosses faillites de la crise financière, pour laquelle Glass-Steagall n’aurait rien changé.
Ensuite, il ne faut pas oublier les « poster child » de la crise, Lehman Bros et Bear Stern, qui n’auraient pas été sujets à Glass-Steagall non plus. D’ailleurs, un accès à des dépôts au détail aurait permis à ces firmes de survivre, comme ce fut le cas pour JP Morgan et Wells Fargo, dont les structures n’auraient pas été permises par Glass-Steagall, ce qui les aurait empêché d’acheter Bear Sterns et Wachovia, et donc aurait empiré la crise.
Finalement, sous un régime Glass-Steagall au Canada, nos banques canadiennes ne pourraient pas avoir leur structure actuelle…et pourtant elles sont sorties de la crise presque indemnes! On pourrait presque conclure que Glass-Steagall aurait en fait empiré les choses aux États-Unis!
Donc expliquez-moi donc par quel mécanisme Glass-Steagall aurait changé quoi que ce soit à la crise? Et encore moins en être une cause fondamentale sous-jacente?
Quant aux autres règlementations, difficile de faire un lien avec la crise. Est-ce qu’on réfère au “Alternative Mortgage Transactions Parity Act” de 1982? Cette loi permettait aux banques d’offrir des hypothèques à taux ajustables (ARM), lesquelles ont représenté 90% des subprimes émis en 2006 et ont engendré des taux de perte de 40% (comparativement à 5% pour les hypothèques prime à taux fixe). Je ne crois pas que cette « dérèglementation » ait été un catalyseur en elle-même. Les banques se sont mises à octroyer des ARM subprimes parce que Fannie et Freddie allaient les acheter quand même au même prix! C’était une manière de qualifier plus d’emprunteurs. Les banques n’auraient pas octroyé ces prêts si elles n’avaient pas eu d’acheteur pour ceux-ci. En ce sens, les ARM ont été un accessoire permettant de satisfaire le gouvernement dans son désir d’augmenter l’accès à la propriété.
Puis il y a le “Commodity Futures Modernization Act of 2000” qui a permis à AIG d’émettre des CDS sans capital sous-jacent. Encore une fois, ce comportement irresponsable a été un facteur aggravant, mais pas une cause sous-jacente, loin de là.
En fait, on pourrait dire que la règlementation des banques a plutôt augmenté dans les années 1990s et 2000s.
Si l’on se concentre spécifiquement sur la Securities and Exchange Commission (SEC), l’agence au coeur de la réglementation de Wall Street, les dépenses budgétaires sous le mandat du président Bush ont augmenté, en termes réels, de plus de 76%. L’agence comptait 2,841 employés en équivalent temps plein en 2000, 3.568 en 2008 ; soit une augmentation de 26% en 8 ans. Le niveau d’effectifs de la SEC en 2008 est par exemple plus de huit fois celui de la Consumer Product Safety Commission, qui passe en revue des milliers de produits de consommation par an.
Une autre mesure de la réglementation est le nombre absolu de règles édictées par un ministère ou organisme. Le régulateur financier principal, le Département du Trésor, a vu sa moyenne annuelle de nouvelles règles proposées passer d’environ 400 dans les années 1990 à plus de 500 dans le années 2000. Durant les années 1990 et 2000, la SEC a émis environ 74 règles par an.
Et le Community Reinvestment Act?
Du côté de la droite, on pointe du doigt le Community Reinvestment Act (CRA) et le Housing and Community Development Act. Ces mesures gouvernementales ont fait en sorte que les banques ont octroyé des prêts qu’elles n’auraient normalement pas octroyés. Il s’agit donc d’une distorsion qui a ajouté de l’huile sur le feu. Ceci dit, des études ont démontré que les hypothèques CRA ont performé en ligne ou même mieux que le reste du marché hypothécaire; les pertes n’ont pas été plus élevées.
Quant aux GSEs (Fannie Mae et Freddie Mac), elles ont amplifié la crise, mais ne sont pas un facteur sous-jacent non plus. L’une des fautes du gouvernement ici a été de forcer Fannie et Freddie à acheter des MBS subprimes à hauteur de 56% de leurs achats totaux (en 2004). Ces achats massifs ont fait baissé les écarts de crédit subprime, les rendant plus attrayantes pour les banques. Pour atteindre leurs quotas, Fannie et Freddie ont même demandé aux banques de réduire leurs critères d’octroi de prêts en leur promettant d’acheter quand même ces MBS.
C’est pour cette raison que les subprimes sont passées de 6% des nouvelles hypothèques au début de la décennie à plus de 20% en 2006 et que la qualité de ces hypothèques a diminué. En effet, les taux de perte ont étés 4 fois plus élevés que pour les hypothèque « prime ». L’intervention gouvernementale a donc engendré une distorsion favorisant l’essor démesuré du segment subprime. Cependant, les GSEs n’étaient pas les seuls acheteurs, loin de là, et leurs taux de pertes ont été nettement inférieurs à la moyenne. (voir ceci)
Ainsi, je ne crois pas que le CRA ou les GSEs aient été une cause primaire de la bulle/crise. Il ne s’agit là que de facteur aggravants.
Quelle est la cause alors?
Le coeur du problème c’est la politique monétaire et la structure anti-capitaliste du système bancaire. Entre le 1er janvier 2001 et le 31 décembre 2007, la masse monétaire (M2) a cru de 51.4% soit de 6.1% par année alors qu’au cours de cette période, la croissance moyenne du PIB réel n’a été que de 2.4%. La Federal Reserve a orchestré une baisse massive des taux d’intérêt, qui a stimulé l’endettement et engendré d’énormes distorsions dans l’économie…et pas juste dans les prix des maisons garantissant des hypothèques subprimes, mais bien dans presque tous les actifs, incluant l’immobilier commercial, la bourse, l’énergie, les métaux, etc.
C’est ce boum de crédit qui a engendré cette bulle, tout comme pratiquement toutes les bulles de l’histoire de l’humanité. C’est ça la cause sous-jacente. Et cette bulle n’était pas seulement immobilière, elle était généralisée, comme celle qui a implosé en 1929.
Conclusion
En somme, je pense que tout le monde tourne en rond à s’obstiner sur telle ou telle cause de la crise, que ce soit le CRA, les GSEs ou la dérèglementation, alors que le vraie cause est fort simple. C’est toujours la même histoire! Création de monnaie, expansion de l’endettement, implosion de la bulle et récession. Que cette dette soit utilisée pour spéculer sur les titres de compagnies ferroviaires, les actions de Yahoo, le pétrole ou des MBS subprime importe peu. La prochaine fois ce sera autre chose…et on voit déjà les signes avant-coureurs.
La solution est fort simple : laisser le marché déterminer le taux d’intérêt approprié. De cette manière, quand l’endettement augmente sans épargne sous-jacente et que la spéculation s’enflamme, la monnaie se ferait tout à coup plus rare et les taux d’intérêt augmenteraient, tuant la bulle dans l’oeuf. Cela implique aussi qu’il n’y ait pas de « prêteur de dernier ressort » avec accès à la planche à billet. Malheureusement, Wall Street n’aimerait pas un tel système…comment feront-ils pour s’enrichir alors? Et qui viendra les garder en affaires une fois que leur bilan aura implosé?
C’est pourquoi à entendre parler les banquiers centraux de tout acabit, le libre-marché, c’est bon pour tout le monde, sauf pour les grandes banques. Pour eux, la règlementation est plus attrayante que le libre-marché, mais ce n’est pas le cas pour quidam moyen…
https://minarchiste.wordpress.com/2010/04/14/dereglementation-mon-oeil/
Bla
la crise de 2008 est clairement une crise de la regelementation financiere: Community Reinvestment Act, Freddie Mac et Fannie Mae qui garantissait les pret aux pauvres, Clinton qui voulait se faire reelire, puis Greenspan qui maintient les taux tres bas sur recommendation entre autre de Krugman, tout cela cree une bulle immobiliere qui debouche sur la crise des subprime. Ensuite, les Etats refusent de laisser les banques faire faillite, ce qui engendre une crise de la dette des Etats (deja bien trop grosses avant 2008). la finance est le secteur le plus réglementé au monde après le nucléaire
L’abandon du glass steagall act n’a joué aucun rôle dans la crise de 2008: https://minarchiste.wordpress.com/2012/06/27/les-grands-mythes-economiques-mythe-10/
http://www.contrepoints.org/2012/05/28/84891-sorkin-editorialiste-au-ny-times-la-loi-glass-steagall-naurait-rien-change
il y a plusieurs choses à rajouter concernant le premier article:
(1) Merill et Bear ont été renflouées par des banques de dépôt… Ce qui aurait été impossible sous le GS act.
(2) Il ne faut pas oublier que le GS act était bien autre chose qu’une séparation des activités de placement et de dépôt. Il instaurait nombre de règles très rigides comme la Regulation « Q » qui plafonnait les rémunérations des comptes ou certains taux de prêt, et qui foutront la merde dans les caisses d’épargne dans les années 70.
(3) l’union du GS de 1933, de la loi McFadden de 1927 et de l’amendement Douglass de 1935 ont totalement sinistré le crédit… Aboutissant à la création d’un monstre public, Fannie Mae, en 1938 (mal privatisé en 1968), dont le changement de philosophie régulatrice en 1992 allumera la mêche de la crise actuelle.
(4) Enfin, dire que avec une banque de dépôt, lehman s’en serait sorti… Peu probable. La comptabilité de Lehman était tellement trafiquée (Repo 105, lire rapport d’Anton Valukas) que les pertes dépassaient 50 milliards. On n’était plus sur une simple crise de liquidité.
(5) Countrywide, organisme de crédit, n’aurait pas été soumise au GS act. Et elle fut l’un des plus gros fauteur de mauvais crédits subprimes.
En effet. Il n’y a jamais eu de déréglementation financière: https://alibertarianfuture.com/big-government/deregulation-never-happened/
désolé je voulais répondre au premier commentaire (celui disant que la crise est une crise de la réglementation). Dire que c’est une crise de la déréglementation est stupide car il’n y a pas eu de déréglementation
il y aurait du avoir une simple crise immobilière mais …la construction de sandwichs financiers mêlant bonnes créance et mauvaises et surtout mauvaise appréciation du nombre des mauvaises que l’on a refilées avec garantie de notations A à l’ensemble du système qui lui même s’est réassuré sur d’autres a fini par faire exploser le système ,l’inventivité financière et l’esprit de lucre ont finit par détruire le système lui même.le « big short » a eu la peau des manipulateurs et des trop gourmands ….
Fannie Mae and Freddie Mac and the 2008 Financial Crisis
https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=1424456
Crise financière : l’autre vision http://blog.turgot.org/index.php?post%2F2008%2F11%2F17%2FCrise-financi%C3%A8re-%3A-l-autre-vision
Vincent Bénard évoquait déjà en 2008 la lourde responsabilité des GSE dans la crise, de leurs privilèges légaux ayant entraîné une distorsion complète du marché et de leur soumission aux lubies politiques (d’accession à la propriété pour les plus pauvres) dûs à leur statut para-public ayant en grande partie créé la crise des subprimes. Ça et la politique monétaire de la FED et de la BCE dans sillage, les réglementations « anti-étalement urbain » qui ont empêché l’offre de s’adapter à la demande, ces deux éléments ayant provoqué la bulle immobilière, les règlementation comptables qui ont accéléré la chute de certaines institutions, les distorsions dues aux réglementations fiscales privilégiant l’endettement à la recherche de capital, etc. On peut trouver ses différents articles sur le sujet là: http://www.objectifliberte.fr/2003/01/objectif-libert.html
Un article intéressant à lire sur les subprimes: http://www.objectifliberte.fr/2008/08/subprimes.html
Honnêtement, Krugman et Stiglitz ont beaucoup de squelettes dans leur placard.
Or, on oublie qu’ils ont été tous deux conseillers de Bill Clinton qui a fait certaines lois qui ont carrément menés à la création d’hypothèques à haut risque.
Aussi, en 2002, Stiglitz a dit dans un rapport qu’il était carrément impossible que Fannie Mae et Freddie Mac connaissent une crise ou une implosion à la suite du fait qu’ils avaient des hypothèques à haut risque et du fait que l’état (avec ces deux organismes) garantissaient ces hypothèques à haut risques.
La déréglementation a t elle causé la crise financière: http://object.cato.org/sites/cato.org/files/serials/files/policy-report/2009/7/cpr31n4-1.pdf
La déréglementation a t elle causé la crise financière ? (le titre est une question. L’article répond à cette question et la réponse est bien évidemment non)
Article intéressant d’ Henri Lepage qui dans cette interview parle notamment de la crise de 2008 (même s’il ne parle pas que de cela): http://revue-arguments.com/articles/index.php?id=8
La crise de 2008 est d’origine étatique: http://www.objectifliberte.fr/2012/10/liberalisme-solution-crise.html
t ribambelle d’articles sur des points plus précis ici: http://www.objectifliberte.fr/2008/09/subprimes-recap.html