Aux dires des environnementalistes, le capitalisme engendre la « surconsommation » des ressources naturelles de la terre. Selon eux, au rythme actuel, certaines ressources essentielles telles que le pétrole viendront à manquer, ce qui laissera les générations futures sur la paille. Cela démontre selon eux que le « libre-marché » a une vision court-termiste destructive, ce qui justifie l’intervention de l’État.
Comme je l’expliquais dans mon dossier sur le pic pétrolier (voir ceci), il est vrai que le pétrole fossile est une ressource qui se fait plus rare. La production a de plus en plus de difficulté à satisfaire la demande, ce qui pousse le prix à la hausse. Les gisements les plus prolifiques et moins coûteux à exploiter ont tous été trouvés et voient leur production décliner sévèrement. À chaque année, ce déclin naturel de la production mondiale est de 4 à 5 millions de barils par jour, qu’il faut remplacer par de nouvelles découvertes; ce qui est un défi majeur puisque ce déclin de production annuel est équivalent à ce que les sables bitumineux canadiens produiront à leur zénith. Les nouveaux gisements sont plus profonds, dans des formations rocheuses moins propices, dans des endroits reculés et inhospitaliers, ou encore dans des pays géopolitiquement risqués. Par ailleurs, les contraintes environnementales grandissantes font aussi augmenter les coûts tout en restreignant la production. Le pétrole de schiste pourrait bien alléger un peu ce fardeau, tout comme l’a fait le développement des technologies de forage horizontal, mais on ne prévoit pas de révolution telle que celle qu’a causé le gaz de schiste. Bref, le marché du pétrole demeurera très serré et les hausses de prix à venir pourraient bien continuer de surpasser l’inflation.
Alors, ont-ils raison ces gauchistes? Est-ce un échec du marché d’avoir sous-estimé le prix du pétrole à court terme?
Non! La prémisse initiale de ceux-ci est erronée : il existe (et existera) des substituts au pétrole. La firme Bio Fuel Systems (BFS) en a trouvé un : le pétrole produit à partir des algues. Voici comment l’explique Bernard Mougin, le maître d’œuvre de BFS :
« si ce CO2 est le résultat de la combustion ou de l´oxydation des hydrocarbures et que ceux-là ont été formés à l’origine par des matières organiques, principalement végétales, de quoi cette matière végétale ou carbone organique s´est il formé ? La réponse était simple : à partir d´énergie solaire, de H2O et CO2 (aucune plante ne peut vivre sans CO2 et sans celui-là la vie telle que nous la connaissons n’existerait pas). Pourquoi donc ne pas compléter un cycle oxydo-réduction en utilisant le CO2 résultant de la combustion et récupérer son carbone pour le reconvertir en pétrole ? Mais le temps constituait alors la principale difficulté: la formation du pétrole fossile a duré des millions d´années. D´où la seconde partie de l´idée, trouver une solution pour accélérer ce processus de formation. Mais on ne peut modifier ou éviter la rigueur des lois physiques qui régissent notre univers. En revanche, on peut imaginer l´assemblage d’éléments qui permette d´accélérer un processus de transformation. »
La firme espagnole a identifié une espèce de plancton capable de se reproduire abondamment et capable de produire une biomasse riche en énergie (acide gras). Elle a mit au point un système de tubes qu’elle expose au soleil. Ces tubes sont abreuvés de CO2 provenant d’une industrie avoisinante (l’usine pilote de BFS est alimentée par Cemex). Une fois à maturité, on retire le contenu des tubes, duquel on extrait plus de 99% de l’eau par un processus inventé par BFS. Puis, la biomasse d’algues est convertie en pétrole. Ainsi, BFS arrive à produire un pétrole similaire au Iran Light, donc léger et de bonne qualité, tout en retirant une tonne nette de CO2 de l’atmosphère!
Donc, non seulement cette technologie est une solution aux besoins énergétiques de l’humanité, c’est aussi une solution à l’autre problème (s’il en est un) décrié par ces mêmes écolos : le réchauffement climatique causé par les émissions anthropiques de CO2. De plus, cette technologie ne mettrait aucune pression sur les prix alimentaires, comme ce fut le cas pour l’autre technologie favorisée par plusieurs gouvernements : l’éthanol de céréales. Finalement, les usines pourraient être implantées en zones industrielles, là où les fournisseurs de CO2 sont abondants.
Évidemment, la question des coûts de production est primordiale et déterminera la viabilité de cette technologie. On ne sait pas quels sont les coûts de production du système de BFS, mais comme ils ont présentement deux usines en construction, on pourrait supposer qu’il ne sont pas trop loin de la viabilité. L’Université du Texas a aussi conçu un système de bioréacteurs verticaux en boucle fermé (voir ceci). Les chercheurs affirment que ce type de système permet de produire 16 fois plus d’algues pour le même espace que le mode de production en bassins ouverts. Cette technologie réduirait les coûts de production d’algues de 90%.
Le libre-marché pourrait donc avoir trouvé une solution viable à la pénurie de pétrole et au réchauffement climatique. Bien sûr, une armée de Barrack Obama se pointeront pour nous faire le coup du You didn’t build that. En effet, BFS aura certainement reçu une subvention quelconque d’un gouvernement; et l’Université d’Alicante, d’où émanent les ingénieurs derrière BFS, est publique et bénéficie donc sûrement de financement étatique. Il n’en demeure pas moins qu’à condition d’atteindre la rentabilité sans subvention, le pétrole à base d’algues constituera une solution capitaliste, menée à bien par des entrepreneurs recherchant le profit en produisant du pétrole à partir d’installation financées par du capital privé et en vendant leur produit sur le marché.
Et ce n’est pas tout. Une firme américaine du nom de Agilyx a conçu une méthode pour convertir les déchets de plastique en pétrole. Leur système est capable de convertir approximativement 10 tonnes de plastique en environ 60 barils de pétrole (voir ceci). Selon eux, la quantité annuelle de déchets de plastique des États-Unis et de l’Europe pourrait générer près de 25 milliards de gallons de pétrole par année ( 70 millions de barils) en utilisant leur procédé! Les grandes entreprises Waste Management Inc. et Total SA figurent parmis ses actionnaires.
Le pétrole fossile ne fait que passer dans l’histoire de l’humanité. Notre ingéniosité nous permettra de le remplacer. Entre-temps, c’est un véritable crime contre l’humanité que de vouloir freiner le progrès (voir ceci) et réduire le niveau de vie en limitant la consommation énergétique; car présentement, le pétrole relativement abordable permet à des milliards d’individus ayant vécu dans la pauvreté génération après génération d’accéder à un niveau de vie décent.
Quand ils ne nous implorent pas à la simplicité volontaire, les melons d’eau (car ils sot verts à l’extérieur, rouge à l’intérieur) nous soumettent à la simplicité forcée grâce à leur influence sur les politiciens qui peuvent utiliser le pouvoir coercitif de l’État pour nous surtaxer (au Québec, les taxes sur l’essence représentent maintenant 49.5%) ou encore nous faire payer pour des choix technologiques excessivement coûteux et inefficaces comme les éoliennes, les panneaux solaires et l’éthanol de céréales (voir ceci, ceci et ceci, entre autres).
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que les réserves de pétrole ne cessent d’augmenter, le ratio réserves / production a maintenant dépassé les 50 ans! Néanmoins, il y aura toujours des disciples de Malthus prêt à se faire ridiculiser en raison de leur sous-estimation constante du génie humain et du progrès technologique. En fait, ces gens sont davantage intéressés à supprimer le capitalisme qu’à protéger l’environnement. Se faisant, ils contribuent à démanteler le contexte institutionnel qui favorise le progrès technologique rédempteur de l’humanité. (voir ceci, ceci et ceci en complément)
A reblogué ceci sur le blog a lupus…un regard hagard sur l'écocomics et ses finances…..
Tiens, vous dites « melons d’eau » de ce côté de l’Atlantique? (Traduction littérale de « watermelon »?)
De l’autre côté de l’océan on appelle ça « pastèque », ça désigne également tout à la fois le fruit et l’écolo 😉
Si moi, maudit Français, je débarque chez vous et que je demande une pastèque, personne ne me comprendra?
PS: ça serait bien de « traduire » certaines expressions québécoises dans tes posts, car je suis sûr qu’il y a de nombreux Français qui te lisent, cher Minarchiste. Et vu le niveau global en anglais des Français j’suis pas sûr que beaucoup comprennent que « melon d’eau » veut dire pastèque par exemple 😉
Ou alors je suis juste inculte et c’est une dénomination également utilisée en France, mais que je n’avais jamais entendue…
@Mateo
« ça serait bien de « traduire » certaines expressions québécoises dans tes posts, car je suis sûr qu’il y a de nombreux Français qui te lisent »
Pour cela, il faudrait que je puisse moi-même identifier les expressions qui sont québécoises au préalable…
En effet, il y a davantage de français qui lisent mon blogue que de québécois.
Le premier composant du pétrole est le kérogène, qui est constitué … d’algues !
Jetez un oeil sur l’article « algocarburant » de Wikipédia, et vous verrez comme ce sujet émerge de beaucoup d’endroits du globe.
Merci au minarchiste pour son délicieux article.
Sur ce sujet je recommande de visionner ce reportage: http://www.tagtele.com/videos/voir/65750
http://www.tou.tv/decouverte/S2012E08. Un documentaire de découverte diffusé il ya quelques semaines. Je me demandaits la meme chose concernant le cout de production parce que il ne le mentionnent pas dans le documentaire. Merci !
> la quantité annuelle de déchets de plastique des États-Unis et de l’Europe
> pourrait générer près de 25 milliards de gallons de pétrole par année
> ( 70 millions de barils) en utilisant leur procédé!
C’est bien, mais pour remettre en perspective, ca fait … 2 jours de consommation de pétrole pour les Etats-Unis et l’Union Européenne. Ca reste toujours intéressant parce que c’est toujours ça de déchets plastique en moins, mais ca restera marginal dans la production énergétique.
Le biofuel d’algue semble plus prometteur. Aux rendements annoncés par BFS, il faudrait 20 000 km2 d’installations pour assurer la consommation journalière des Etats-Unis, soit la surface du New Jersey (mais 1/35ème de la surface du texas). C’est beaucoup mais pas totalement irréaliste sur les rendements augmentent.
Par contre je crois comprendre que de tels rendements sont justement possibles parce qu’ils ne captent pas le CO2 de l’air, mais le CO2 d’emission ultra-carbonnés d’autres industries (pour rappel, le CO2 ne représente que 0.038% de l’air ambiant). Ca exige donc de construire toutes les centrales de générations de bio-pétrole a proximité immédiate des usines productrices de CO2, dont on se sait pas si elles sont suffisamment nombreuses pour autoriser un tel niveau de production. On peut s’attendre pour une production de biofuel captant le CO2 de l’air ambiant a des rendements à l’hectare nettement plus faible.
C’est donc une bonne piste, mais je doute encore qu’on puisse produire du carburant de la sorte dans des volume vraiment significatifs pour remplacer le pétrole un jour.
En tout cas laissons faire le marché qui seul saura dicter quelles technologies sont rentables ou pas, et nous indiquer la rareté comparée des énergies, et nous alerter sur une réelle raréfaction d’un produit.
À la naissance de l’ industrie automobile , le pétrole et ses dérivés n’étaient pas encore très utilisés ; c’est donc très naturellement que les motoristes se tournaient, entre autres, vers ce qu’on n’appelait pas encore des biocarburants : Nikolaus Otto , inventeur du moteur à combustion interne , avait conçu celui-ci pour fonctionner avec de l’ éthanol . Rudolf Diesel , inventeur du moteur portant son nom, faisait tourner ses machines à l’ huile d’arachide . La Ford T (produite de 1903 à 1926) roulait avec de l’alcool.
L’ÉNERGIE NETTE
Le procédé de BFS en est encore au stade expérimental. Le défaut qu’il reste à corriger est qu’il faut du point de vue énergétique 2 barils de pétrole (sous forme d’énergie) pour produire 1 baril de pétrole (algues) (Ce sont là les chiffres de BFS). L’énergie nette (la seule qui compte vraiment) est négative. Pour que ce procédé soit viable économiquement, il faut un rapport inverse minimum de 1 baril de pétrole (sous forme d’énergie) pour produire 3 barils de pétrole (algues).
Remarquez que ce sont les mêmes chiffres que pour l’Éthanol : 2 pour 1. La production d’éthanol est elle aussi non viable économiquement.
Obtenir un rendement positif (1 pour 3 minimum) directement à partir de l’ensoleillement journalier est impossible.
@Jean-Pierre L
« Ce sont là les chiffres de BFS »
Avez-vous une source à cet égard?
J’ai un énorme doute, pensez si, il est possible de fournir au mieux 1000 watts par mètre carré. Mais les panneau solaire, les meilleurs dans ce qui est achetable fournissent 21%, le maximum théorique est de 60% de mémoire, certains panneaux expérimentaux se rendent a 40% mais on est loin de la production série.
Bon a partir de cet instant, avec quelle éfficacité les algues convertissent l’énergie ? Vu quelles sont sous l’eau ont peu raisonnablement supposer que celles-ci sont moins exposée à la lumière.
La France, pays relativement petit produit 490 tw/h par année, en suppsant que les algues soit 4 fois plus efficace que le sillicum … Ça me semble encore une goute d’eau dans l’océan.
. Si on y ajoute le fait que le GPL est un dérivé du pétrole brut, cela en fait une source d’énergie majeure pratiquement inexploitée au potentiel énorme. La production continue à croître à un taux annuel moyen de 2,2 %, supprimant pratiquement l’hypothèse selon laquelle la demande devancerait l’offre dans un futur proche.
l economie de marché ne prend pas en compte les dommages environementaux puisque poluer ne coute rien, de plus, c est un desastre economique d utiliser une ressource naturrelle non renouvelable ne coute que le prix necessaire a son extraction, malgres sa raretee a un prix ne prenant en compte que les loies du marché, incapables de faire la part des choses entre l interet collectif et l interet financier
il sagit la de la plus grande erreur du capitalisme moderne, disait Nicholas Stern economiste en chef a la banque mondiale..
si on fait ce genre de recherche, remercier plutot les ecolos, qui eux, ont compris avant tout le monde les enjeux