Dans son édition du 13 octobre dernier, le magazine The Economist publiait un rapport spécial de 10 articles sur les inégalités dans le monde. Le magazine qualifie cet enjeu comme étant l’un des plus importants défi de l’économie mondiale…
Première trouvaille intéressante, le coefficient Gini mondial (mesurant les inégalités de revenus) a diminué au cours des dernières années, soit depuis les années 1980! Cependant, il a augmenté dans certains pays industrialisés.
Avant la révolution industrielle, les inégalités étaient très faibles comparativement à aujourd’hui. Cependant, la richesse était détenue par une petite élite dominante et la mobilité entre les classes était quasi nulle. L’endroit dans le monde où les inégalités étaient les moins élevées étaient les (relativement libres) 13 colonies d’Amérique! Puis, la révolution industrielle a fait apparaître une nouvelle classe d’entrepreneurs capitalistes alors que les habitants des campagnes sont devenus ouvriers dans les villes, augmentant ainsi leurs revenus comparativement aux agriculteurs. Le résultat a été une augmentation des inégalités, mais aussi une augmentation faramineuse du niveau de vie. Cette hausse des inégalités a été accompagnée d’une hausse de la prospérité pour toutes les classes de la société, comme c’est si souvent le cas (c’est ce qui a été observé en Chine depuis les réformes de Deng Xiaoping de 1978, ceci dit, en Chine ce sont les employés du gouvernement qui ont le plus bénéficié de la richesse, à commencé par Wen Jiabao lui-même, qui a amassé une fortune de $2.7 milliard durant son règne).
Plus récemment, l’essor de la mondialisation des échanges commerciaux (qui a accéléré au cours des années 1980) a permit à 1.5 milliard de travailleurs des pays émergents d’avoir accès au marché mondial et de constituer une nouvelle classe moyenne. C’est donc la mondialisation qui a été le catalyseur de la baisse mondiale des inégalités!
Dans les pays industrialisés cependant, les inégalités ont augmenté, et ce même dans un pays égalitariste comme la Suède. La raison est que ces pays ont transité vers un modèle économique basé sur le savoir et ont vu leur industrie manufacturière décliner. La prime salariale des travailleurs ayant un haut niveau de compétence a donc fortement augmenté. C’est ce qu’a démontré une étude de l’OCDE, qui conclue que « le changement technologique a une influence plus grande sur la dispersion des salaires que la mondialisation des échanges ».
L’étude mentionne que la part du commerce international dans le PIB mondial a augmenté d’environ 33% en 1978 à plus de 50% en 2008. Le stock d’investissements étrangers a quant à lui augmenté de 5% du PIB à environ 50% dans les pays de l’OCDE. Durant cette période d’essor de la mondialisation des échanges, leurs résultats confirment que « le niveau d’intégration au commerce mondial et l’ouverture aux marchés extérieurs n’ont pas eu d’impact significatif sur les inégalités salariales dans les pays de l’OCDE ». Donc la mondialisation n’est pas la cause de la hausse des inégalités (voir ceci à cet égard).
Au cours des 30 dernières années, plusieurs pays ont entrepris des réformes structurelles telles que l’allègement de règlementations anti-concurrentielles, l’abolition de mesures protectionnistes, la réductions des impôts et la réduction de l’assurance-chômage. Ces changements ont eu comme impact d’augmenter la dispersion salariale à l’intérieur des pays (donc de favoriser les inégalités), mais elles ont aussi engendré une forte croissance de l’emploi (ce qui diminue les inégalités). Si on combine les deux effets, ils s’annulent; donc ces réformes n’ont pas eu d’impact sur les inégalités.
Selon une étude des professeurs Goldin et Katz de l’Université Harvard, 60% de l’augmentation des inégalités salariales aux États-Unis entre 1973 et 2005 est attribuable au fait que les jeunes n’arrivent pas à acquérir les compétences qui sont en demande dans l’économie. Il y a plusieurs raisons pour cela, l’une d’elles étant la mauvaise structure du système américain et ses coûts faramineux. Vous pouvez lire les grandes lignes de leur analyse ici. En moyenne, le nombre d’années d’éducation a augmenté de presque un an par décennie entre 1875 et 1950. Puis, un ralentissement marqué est survenu. Le nombre de nouveaux diplômés universitaires a augmenté de 3% par an entre 1915 et 1960, et de 3.8% par an entre 1960 et 1980, puis le rythme a ralenti à 2% par an entre 1980 et 2005. Ces deux tendances ont généré une forte augmentation de la prime salariale des diplômés universitaires puisque l’offre de travailleurs à haut niveau de compétence à augmenté moins vite que la demande pour ceux-ci aux États-Unis.
Comme l’explique brillamment Thomas Sowell dans son livre (voir ceci), il n’y a pas de moyen objectif d’évaluer une université. Les gens se tourne donc vers des indicateurs qui sont peu efficaces, comme la présence de professeurs vedettes, la quantité de recherches publiées, la taille de la piscine, la hauteur du mur d’escalade, la qualité des équipes sportives, etc. De l’autre côté, le gouvernement augmente sans cesses les subventions aux universités, notamment en endossant les prêts étudiants. Face à cette situation, les universités à but non-lucratif ont un fort incitatif à 1) hausser les frais de scolarité, ce qui sera absorbé par l’État et le crédit; et 2) surinvestir dans des choses qui n’augmentent pas nécessairement la qualité de l’éducation fournie, mais qui favoriseront l’établissement dans les classements des « meilleures » universités.
Puis, de leur côté les employeurs utilisent aussi ces fameux classements « objectifs » pour évaluer leur candidats potentiels. Certaines entreprises n’engagent que des gens provenant d’établissements prestigieux de type Ivy League, qui coûtent les yeux de la tête. C’est ce qu’il faut pour accéder à un poste prestigieux. Conséquemment, l’accès aux universités qui permettront d’obtenir un emploi plus rémunérateur est réservé aux étudiants provenant de familles aisées, ce qui entretient une forme d’élitisme et nuit à la mobilité sociale.
D’ailleurs, aux États-Unis, les universités les plus sélectives et les plus dispendieuses sont celles qui reçoivent le plus de subventions gouvernementales, mais sont aussi celles qui acceptent le moins d’étudiant provenant de familles à faibles revenus (voir tableau 5 ci-bas). Les étudiants provenant de ces universités auront les meilleurs revenus par la suite tel que démontré dans le tableau 1 ci-bas. (voir ceci pour la source de ces deux tableaux)
Donc en subventionnant les universités en fonction de leurs coûts (dont une bonne partie ne sert pas à l’éducation, mais bien à améliorer leur classement), et en subventionnant les prêts étudiants dans un environnement où la Federal Reserve manipule les taux d’intérêt à la baisse, l’intervention du gouvernement américain dans l’éducation fait augmenter les frais de scolarité et favorise une forme d’élitisme qui nuit à la mobilité sociale et accentue les inégalités.
En Amérique Latine, les inégalités ont fortement diminué depuis 2000. L’accès à l’éducation s’y est grandement amélioré, ce qui a augmenté l’offre de travailleurs compétents et réduit la prime salariales dont ceux-ci bénéficient. Les travailleurs moins compétents en ont eux aussi bénéficiés étant moins nombreux et bénéficiant de la mondialisation et des délocalisations. D’ailleurs, l’une des solutions proposée par The Economist est les transferts conditionnels, qui ont si bien fonctionné au Brésil et au Mexique, qui consistent à ce que les familles pauvres reçoivent de l’argent tant que leurs enfants vont à l’école et reçoivent des bonus lorsque ceux-ci réussissent bien.
L’une des leçons tirées par The Economist des exemples historiques est que les meilleures politiques de réduction des inégalités ne concerne pas la redistribution des revenus, ni l’augmentation de la taille du gouvernement. Les meilleures réformes ont plutôt consisté à s’attaquer à la corruption, à la connivence entre l’État et les plutocrates, en investissant dans l’éducation et en fournissant un filet de sécurité aux plus pauvres par l’assurance-chômage.
Comme je l’expliquais dans un article antérieur, les inégalités sont une source de progrès car elles encouragent les gens à travailler plus fort, à innover et à être plus productifs, et elles encouragent les gens à investir dans leur éducation et/ou leurs compétences. C’est ce que The Economist nomme les « inégalités efficientes ».
Il y a cependant des inégalités que l’on pourrait qualifier d’inefficientes. Ce sont celles qui résultent de l’intervention étatique dans l’économie : la connivence, la corruption et le favoritisme. J’en ai décrit de nombreux exemples dans cet article. Par exemple, l’économiste Luigi Zingales de l’Université de Chicago estime que le statut de « too-big-to-fail » des banques équivaut à une subvention de $30 milliard par an (voir ceci). L’inflation est aussi une grande source d’inégalités engendrées par l’intervention de l’État à travers la banque centrale.
En fait, le vrai fléau n’est pas l’inégalité des revenus, mais plutôt le manque de mobilité entre les classes. C’est ce qu’a démontré une étude de Marrero et Rodriguez de la Banque Mondiale, étudiant le lien entre la mobilité et la croissance du PIB. L’étude de Molina, Saavedra et Narayan, aussi de la Banque Mondiale, montre une corrélation positive entre l’accès à l’éducation (mesurée par le Human Opportunity Index) et la croissance économique.
Faits intéressant, The Economist cite plusieurs études qui contredisent la thèse de Raghuram Rajan à l’égard du fait que les inégalités engendrent les crises financières (voir ceci). La thèse de Rajan était que face aux inégalités, les pauvres s’endettent pour augmenter leur consommation au même niveau que les riches, ce qui rend le système instable. Pourtant, en Chine et en Allemagne, la hausse des inégalités a été accompagnée d’une hausse du taux d’épargne, et non de l’endettement. The Economist cite aussi l’étude de Bordo et Meissner qui couvre 14 crises financières entre 1920 et 2008, ainsi que celle de Atkinson et Morelli qui porte sur 25 pays sur 100 ans, lesquelles invalident la thèse de Rajan.
Conclusion
– Les inégalités mondiales sont en baisse grâce à la mondialisation des échanges commerciaux et la libéralisation du commerce, qui ont permit à des milliards de personnes des pays émergents d’améliorer leur niveau de vie un peu plus près de celui des pays du G7.
– Les inégalités sont en hausse dans les pays industrialisés. Pour certains, comme la Suède, c’est en raison d’une libéralisation de l’économie qui a mené à une hausse des inégalités, mais aussi à une hausse de la prospérité. Pour d’autres, comme les Etats-Unis, c’est en raison d’une défaillance dans l’accès à l’éducation (qui résulte en majeure partie de l’intervention étatique) qui fait en sorte que l’offre de travailleurs à compétence élevée croit moins vite que la demande, augmentant la prime salariale de ces travailleurs relativement aux autres.
– Un bon moyen de contrer les inégalités « inefficientes » et de favoriser la mobilité sociale consiste à réduire l’intervention de l’État dans l’économie qui mène à la corruption et à la connivence.
– L’accès à l’éducation est aussi primordial à cet égard, mais subventionner l’éducation n’est pas nécessairement une bonne façon d’améliorer l’accessibilité.
Qu’est-ce qu’on fait alors pour l’éducation ?
Laisse la compétition faire ? Université à but lucratif ?
Je suis encore une fois en désaccord avec à peu près tout ce que vous dites.
Le libre échange est consubstantiel à la concentration des richesses dans les poches d’une population toujours plus restreinte. Vous arguerez que c’est l’Etat qui corrompt l’efficience, il s’avère pourtant que les pays les plus socialisés (aïe!) de l’Europe continentale et nordique jouissent d’un bien être du plus grand nombre inégalé dans le monde. Fondé sur les mythes de la division internationale du travail ( réputée neutre ) et la concurrence « libre et non faussée » dont on exclue les dumpings sociaux, environnementaux et la guerre des monnaies, la mondialisation casse les protections acquises par des luttes séculaires.
Vous avez beau traiter de gauchiste toute contestation du minarchisme, votre analyse des rapports humains ne fait aucun cas de l’enracinement culturel et du comportement irrationnel des individus, sans compter (vous allez rire) l’appréciation de classe qu’induit la détention du capital chère aux marxistes. L’Etat que vous critiquez aux Etats Unis, n’est en réalité qu’un reflet de la ploutocratie représentative ce pays ; pour s’en convaincre, on observera qu’à force de ne pas limiter la « liberté », la moitié des élus des chambres aux USA est millionnaire.
D’où vient la réduction des inégalités mondiales ? D’une relative ouverture aux échanges et aux capitaux certes, mais bien à l’abri de politiques nationalistes de développement (protectionnistes), en Chine en Inde et au Brésil, en Russie, en Corée. Évidemment, l’Europe et les Etats Unis y perdent leur outil industriel faute d’avoir trop « protégé » leurs populations (pardon!)
Mais surtout, vous excluez de votre réflexion la question démocratique : les Nations et les Républiques fonctionnent symboliquement par consensus électifs, sociaux, économiques et dans l’idée appartenance à un Peuple, à une langue, à un destin commun qui passe dans le meilleur des cas par l’idée qu’un citoyen peut influer sur la politique et les décisions qui font le quotidien (la souveraineté), dans le pire par l’exclusion d’un autre et la guerre messianique.
En internationalisant l’économie à outrance, c’est ce pacte qui est remis en cause. A terme, la mondialisation économique est absolument politique ! Elle suppose l’individu hors sol, hors nation, sans langue ni culture, capable d’aller chercher le travail où il se trouve, en Zambie, au Mexique ou en Allemagne selon les fluctuation des « marchés », ce qui est strictement impossible et dangereux. Elle suppose également un atomisation parfaite, et la suppression définitive de tout ce qui peut alourdir la pression sur les entreprises, dont vous pensez encore qu’en cherchant la maximisation du profit, celles çi profitent à tous. En réaction, la résurgence des communautarismes identitaires et religieux est inévitable.
La dérégulation que vous prônez, à l’œuvre depuis 40 années (et oui ! vos idées sont déjà appliquées en théorie, et ne marchent pas), enrichit une élite transnationale sur le dos du reste du monde, une élite qui ne recule devant rien en Europe actuellement pour mettre à genoux des Peuples entiers en Grèce, au Portugal, en Italie, au nom de l’euro et du libre échange dogmatique.
Jamais un pays n’a décollé économiquement sans organisation structurante de l’État, ni protections autrefois douanières, aujourd’hui diverses, monétaires, fiscales ; et vous au restez à une critique simpliste du protectionnisme, comme si abaisser les barrières tarifaires était synonyme de concurrence pure….
J’ai également lu votre article sur la privatisation des routes… vous supposez que l’entreprise est meilleure gestionnaire que l’Etat. Parfois, c’est vrai. En France, la téléphonie privée à bien transformé le secteur et lui a faire faire de gros progrès technologiques ; toutefois, le coup social est énorme, vagues de suicides, conditions de travail délirantes…
Mais c’est souvent faux. Les autoroutes privatisées ont vu leurs prix augmenter, idem pour l’électricité, l’eau, le gaz, le train, la liste est longue, pour une qualité moindre car l’investissement n’est pas la priorité lorsqu’il faut sortir une croissance annuelle à 2 chiffres qui satisfasse les actionnaires…
Le secteur bancaire, enfin, est une caricature de bonne gestion du privé ! Et qui sauve les banques ? L’Etat, cet immonde léviathan que vous haïssez et dont on raille partout les dettes abyssales et la corruption. Elles sont belles « les inégalités efficientes ».
L’Etat se meurt un peu partout. Vous le saluerez certainement, comme le font les acharnés de la « modernisation », du progrès, de la réforme, de la compétitivité, et toutes ces sornettes régressives pour les gens communs, qui les font travailler plus, pour moins, et plus durement.
En attendant, le FMI et la commission européenne débarquent à nouveau un peu partout avec leurs chicago boys ou leurs dirigeants de hedge funds pour nous « sauver », comme au Chili, en Argentine, en Russie et tant de pays africains. A présent, c’est l’Europe. Et, le risque est le même, c’est la démocratie qui s’éteint à petit feu.
@frederichlist
« Le libre échange est consubstantiel à la concentration des richesses dans les poches d’une population toujours plus restreinte. »
Et sur quels chiffres vous basez-vous pour affirmer une telle chose ? Le libre-échange a engendré une grande création de richesse dans les pays qui se sont ouvert au commerce international, ce qui a résulté en une réduction des inégalités mondiales. C’est ce que les chiffres montrent et c’est ce que j’affirme dans cet article.
« Vous arguerez que c’est l’Etat qui corrompt l’efficience, il s’avère pourtant que les pays les plus socialisés (aïe!) de l’Europe continentale et nordique jouissent d’un bien être du plus grand nombre inégalé dans le monde. »
Cela reste à démontrer. Comment déterminez-vous le degré de « socialisation » et le niveau de « bien-être » ? Où sont les chiffres ? Mon étude des pays Nordiques m’indique qu’ils sont beaucoup moins socialistes que la France, l’Espagne, la Grèce et l’Italie (et le Québec).
« L’Etat que vous critiquez aux Etats Unis, n’est en réalité qu’un reflet de la ploutocratie représentative ce pays. »
Mais il n’y a pas de ploutocratie sans un gros État puissant ! L’un va avec l’autre.
« La dérégulation que vous prônez, à l’œuvre depuis 40 années (et oui ! vos idées sont déjà appliquées en théorie, et ne marchent pas) »
Là encore, ces mots ne sont que du vent. Donnez-moi des exemples ! Au moment de la crise financière de 2008, l’industrie financière américaine n’avait jamais été aussi règlementée (prouvez-moi le contraire). Les quelques industries dérèglementées se portent mieux par la suite.
« Les autoroutes privatisées ont vu leurs prix augmenter, idem pour l’électricité, l’eau, le gaz, le train, la liste est longue »
Ça c’est faux et vous n’avez même pas d’exemple concret. Souvent les tarifs augmentent parce que sous l’égide de l’État, il y avait sous-investissement critique. Une fois privatisée, on observe un rattrapage des investissements financés par des tarifs plus élevés. Mais dans plusieurs cas, les tarifs n’augmentent pas plus que l’inflation (comme c’est le cas pour les privatisations d’aqueducs aux États-Unis).
« Le secteur bancaire, enfin, est une caricature de bonne gestion du privé ! Et qui sauve les banques ? L’Etat »
Ouf !! Là vous allez trop loin ! Ce blogue s’est toujours férocement opposé à tout sauvetage des banques par l’État. Puis, j’ai largement expliqué en quoi le système bancaire étatique que nous avons actuellement mène inévitablement à des crises financières. Finalement, j’ai expliqué que l’inflation inhérente au système actuel étatique fait augmenter les inégalités.
« En attendant, le FMI et la commission européenne débarquent à nouveau un peu partout avec leurs chicago boys »
En passant, j’ai expliqué pourquoi je m’opposais au FMI, qui est une organisation Étatique.
Bref, votre critique de mon article est plutôt superficielle. Mon article est étoffé de chiffres et de graphiques. Avant de rabaisser mon travail, vous auriez pu vous donner la peine de faire quelques recherches plutôt que de simplement recracher votre propagande gauchiste mal ficelée.
Je ne remets pas en cause vos chiffres qui sont intéressants, mais votre analyse globale.
Et vos chiffres ne démontrent en rien que c’est la libéralisation du commerce qui est la cause de la croissance mondiale. Paul Bairoch ou David Todd ont bien montré par exemple que la croissance entre 1860 et 1914 s’est construite sur le protectionnisme avec de bon résultats, période qui correspond aux premières avancées démocratiques et sociales en Europe.
Pour la période 1945-1975, le libre échange progresse, sans toutefois dominer. Il fonctionne à cette époque sur un rattrapage de l’Europe sous domination américaine et entre économies « égales » en terme de développement. L’adaptation se fait par les monnaies lorsqu’il y a décalage, notamment entre la France et l’Allemagne, par dévaluations.
Pour le sous investissement des autoroutes, c’est absolument faux, les concessions accordées sont des rentes pour les grands groupes qui les obtiennent.
La ploutocratie est-elle liée à l’Etat pléthorique? Je ne crois pas.
En France ou en Allemagne et dans les pays nordiques, le patrimoine des candidats est faible, et les comptes de campagne limités, il y a des dérives certes, mais absolument incomparable à celles des Etats-Unis. Par ailleurs, je ne vois pas en quoi réduire l’état empêcherait les plus riches d’être au pouvoir et soumis aux intérêts privés des groupes financiers qui les ont aidé a être élus. Au contraire ! Seule la loi peut changer cela, quand il y a une loi l’interdisant, ça n’arrive plus
Votre concept d’industrie financière trop réglementée me laisse pantois. Quid de la titrisation, de la recherche permanente de liquidité des actif, des paradis fiscaux. Le problème est bien que tout est autorisé, et déréglementé. Le comble est de croire qu’il faut encore enlever les quelques barrières qui subsistent.
Le FMI n’est en rien une organisation étatique ; elle est technocratique et illégitime, et pour le coup, au service des théories que vous prônez ( quoique vous ne soyez pas partisan de l’organisation ). J’en reviens à l’essence même de la démocratie qui ne tient que par consensus et confiance dans la capacité des élites élues à préserver l’idée de destin commun choisi.
Lorsque tout est privé, ce consensus ne peut exister ; le bien commun qui fait lien symbolique entre les individus se délite et menace la paix sociale. Le libéralisme philosophique me semble-t-il cherche à éviter la guerre civile et à protéger l’individu de l’état.
Vos excès dans le libéralisme économique conduisent par absolutisme à défaire la société. Votre monde idéal dans lequel l’homme est un atome n’existe pas. Vouloir le construire sans prendre en compte les résistances culturelles, historiques, grégaires de l’homme conduiront à l’implosion. Et paradoxalement à la guerre civile.
Je ne remets pas en cause votre travail sur ce blog, mais votre vision de l’homme. Je ne reconnais pas le monde sur lequel vous calquez vos théories, ni ces gens qui demanderaient la privatisation des routes par exemple…
En revanche, la misère sociale que l’on croise tous les jours dans le métro, ou la baisse du niveau de vie à laquelle sont confrontés beaucoup d’Européens, ces gens sont les oubliés d’un système économique qui les met en concurrence avec un chinois ou un angolais pour quelques dollars, dans un pays où il faut 1000 euros par mois pour vivre.
C’est impossible.
D’où mon idée que les questions du libre échange et de la régulation du commerce et de la finance sont primordiales pour ne pas mettre en danger les communautés nationales. Cette réflexion dépasse l’économie.
Pour plus d’information je vous renvoie à notre blog, qui s’intéresse entre autre au traitement médiatique et de l’économie.
Cordialement.
@FredericList
« vos chiffres ne démontrent en rien que c’est la libéralisation du commerce qui est la cause de la croissance mondiale. »
Ce ne sont pas « mes » chiffres, ils proviennent d’une étude empirique citée ; et oui cette étude prouve que c’est le cas.
Paul Bairoch ou David Todd ont bien montré par exemple que la croissance entre 1860 et 1914 s’est construite sur le protectionnisme avec de bon résultats, période qui correspond aux premières avancées démocratiques et sociales en Europe.
Je n’ai pas dit qu’avec du protectionnisme aucune croissance n’est possible. C’est absurde. Ce qu’il faut observer c’est comment une économie évolue une fois que le protectionnisme est diminué. Les exemples historiques sont éloquents.
« Pour le sous investissement des autoroutes, c’est absolument faux, les concessions accordées sont des rentes pour les grands groupes qui les obtiennent. »
Pas d’exemple ?
« Votre concept d’industrie financière trop réglementée me laisse pantois. »
Lisez ceci, vous serez moins pantois : https://minarchiste.wordpress.com/2010/04/14/dereglementation-mon-oeil/
« Le FMI n’est en rien une organisation étatique »
Faux ! Comment pouvez-vous niez un fait ! Le FMI a été créé par les gouvernements, au service des gouvernements. Rien de plus étatique.
« ces gens sont les oubliés d’un système économique qui les met en concurrence avec un chinois ou un angolais pour quelques dollars, dans un pays où il faut 1000 euros par mois pour vivre. »
Alors expliquez-moi pourquoi lesdits Chinois devraient crever de faim pour qu’un Français sans compétence puisse prospérer en produisant des biens à coût beaucoup plus élevé ?
Quant à votre texte sur le « libéralisme » contribuant à la montée du nazisme, je l’ai lu et j’en reviens pas. Je vais écrire un article spécifiquement sur le sujet car c’est une bonne illustration des dangers de l’étatisme, mais entre-temps, je vous souligne que votre protectionnisme chéri a fortement accentué les effets de la Grande Dépression globalement (et l’effet a été particulièrement brutal en Allemagne et aux États-Unis), tout comme ce satané Gold Exchange Standard, qui favorisait la Grande Bretagne au détriment du monde entier. Et oui j’ai des chiffres qui démontrent que le protectionnisme a bel et bien augmenté durant cette période : le résultat a été que la récession a empiré !
Si votre seul exemple de « l’échec » du libéralisme est l’Allemagne pré-Hitlérienne, votre argumentation est encore plus faible que je ne le pensais.
Le Minarchiste vous a demandé des exemples concrets, si je ne m’abuse. Vos paroles ne resteront que du vent tant que les preuves n’ont pas été apportées. Pour ce qui est de votre blog, je doute que vous parveniez à le convaincre d’aller y faire un tour, si votre blog est aussi médiocre que vos commentaires.
Les exemples réussies de libéralisation, et les raisons de leur échec, ne manquent pas sur ce blog.
Vous voulez savoir, sinon, quel impact psychologique un système d’Etat-providence peut causer chez les individus ? Lisez les quelques passages de « Coming Apart » (2012) que j’ai recopiés ci-dessous :
http://analyseeconomique.wordpress.com/2012/11/10/coming-apart-by-charles-murray/
Mais les extraits les plus intéressants proviennent du chapitre 9 « Industriousness » que voici :
What Whites Did About Work: Men
Until recently, healthy men in the prime of life who did not work were scorned as bums. Even when the man was jobless through no fault of his own, America’s deeply rooted stigma against idleness persisted – witness the sense of guilt that gripped many men who were unemployed during the Great Depression even though they knew it wasn’t their fault they were unemployed.
The Unbelievable Rise in Physical Disability
That norm has softened. Consider first the strange case of workers who have convinced the government that they are unable to work. The percentage of workers who actually are physically or emotionally unable to work for reasons beyond their control has necessarily gone down since 1960. Medical care now cures or alleviates many ailments that would have prevented a person from working in 1960. Technology has produced compensations for physical handicaps and intellectual limitations. Many backbreaking manual jobs in 1960 are now done by sitting at the controls of a Bobcat. Yet the percentage of people qualifying for federal disability benefits because they are unable to work rose from 0.7 percent of the size of the labor force in 1960 to 5.3 percent in 2010.
This rising trendline is not produced by changes in the legal definition of physical disability or the pool of people who qualify for benefits. Both have been tweaked but not substantially changed since 1960. Increases in substance abuse don’t explain it (substance abuse is not a qualifying disability). Maybe some of the growth in the 1960s can be explained by disabled people first learning about the program. But the rest of the trendline reflects in part an increase in the number of people seeking to get benefits who aren’t really unable to work – an increase in Americans for whom the founding virtue of industriousness is not a big deal anymore.
Labor force Participation
If you believe in the importance of industriousness among prime-age males, there’s no benign explanation for the gap. I have already pointed out that disability and illness should have made the line go the other way. Nor can we blame increased unemployment that created discouraged workers – the average white unemployment rate in 2004-8 was actually a bit lower (4.5 percent) than it had been in 1960-64 (5.1 percent). A substantial number of prime-age white working-age men dropped out of the labor force for no obvious reason.
Hours of Work
… By the end of the 1980s, almost half of Belmont men reported that they worked more than forty-eight hours in the preceding week. The percentage of hardworking Belmont men began to slack off in the 2000s, drifting down to 40 percent by 2008. But that still left a gap between the work effort of prime-age Belmont men and Fishtown men that was more than twice the gap that had separated them in 1960.
“It’s the Labor Market’s Fault”
“Jobs didn’t pay a living wage.” … Recall figure 2.1 at the beginning of the book, showing stagnant incomes for people below the 50th income percentile. High-paying unionized jobs have become scarce and real wages for all kinds of blue-collar jobs have been stagnant or falling since the 1970s. But these trends don’t explain why Fishtown men in the 2000s worked fewer hours, found it harder to get jobs than other Americans did, and more often dropped out of the labor market than they had in the 1960s. On the contrary: Insofar as men need to work to survive – an important proviso – falling hourly income does not discourage work. […]
“There weren’t any jobs.” … What about all the previous years when dropout from the labor force was rising in Fishtown but jobs were plentiful? The last twenty-six years we are examining coincided with one of the longest employment booms in American history, as shown in figure 9.7.
… But after the mid-1980s, the argument that “there weren’t any jobs” loses force. Unemployment went down, but dropout from the labor force among white males with a Fishtown education continued to increase. … “Help wanted” signs were everywhere, including for low-skill jobs, and the massive illegal immigration that occurred during those years was underwritten by a reality that everyone recognized: America had jobs for everyone who wanted to work.
Inside the black box. … What was going on with these men who were no longer employed or were not even looking for work? … Economists Mark Aguiar and Erik Hurst gave us another kind of look inside that black box with their analysis of American time-use surveys from 1965 through 2005. “Time-use surveys” ask respondents what they did on the previous day, separated into fifteen-minute increments. At the end, the entire day is accounted for. … The Survey Research Center at the University of Michigan conducted such a survey in 1965-66, the Survey Research Center at the University of Maryland conducted one in 1985, and the Bureau of Labor Statistics has conducted annual time-use surveys since 2003.
Aguiar and Hurst document what they call an increase in “leisure” that primarily affected men with low education. In the first survey, in 1965-66, men with college degrees and men who had not completed high school had nearly the same amount of leisure time per week, with just a two-hour diference. 11 They were only an hour apart in 1985. Then something changed. “Between 1985 and 2005,” Aguiar and Hurst write, “men who had not completed high school increased their leisure time by eight hours per week, while men who had completed college decreased their leisure time by six hours per week.”
When Aguiar and Hurst decomposed the ways that men spent their time, the overall pattern for men with no more than a high school diploma is clear. The men of Fishtown spent more time goofing off. Furthermore, the worst results were found among men without jobs. In 2003-5, men who were not employed spent less time on job search, education, and training, and doing useful things around the house than they had in 1985. They spent less time on civic and religious activities. They didn’t even spend their leisure time on active pastimes such as exercise, sports, hobbies, or reading. All of those figures were lower in 2003-5 than they had been in 1985. How did they spend that extra leisure time? Sleeping and watching television. The increase in television viewing was especially large – from men with no more than high school diplomas also goofed off more in 2003-5 than in 1985, but less consistently and with smaller differentials.
C’est ça votre paradis étatique ? Un monde dans lequel les gens passent leur temps à dormir et à regarder la télévision ? La preuve est accablante. Méditez là dessus. Lorsque le gouvernement déclare que tout le monde a le “droit” de réclamer des allocations et de l’argent provenant des impôts – en d’autres termes quémander l’aide de l’Etat – les individus perdent leur intégrité parce qu’ils croient qu’ils ont le “droit” de profiter de l’argent des autres et que leur situation précaire n’est absolument pas de leur faute, mais celle du système. L’action de l’Etat-providence enlève toute fierté d’avoir à ne pas dépendre d’autrui. L’honnêteté laisse la place à la rapacité. Tout le monde essaie de tirer sur l’Etat. Certains avec plus de réussite que d’autres.
Charles Murray disait la même chose dans son Losing Ground (1994), me semble-t-il. Les mesures étatiques, avance-t-il, consiste en une redistribution de la richesse, des pauvres vers d’autres pauvres.
Je vais peut-être m’acheter Losing Ground, mais voici un note de lecture chez Aristide. Deux billets qui m’ont plutôt l’air assez convaincants, ma foi :
http://aristidebis.blogspot.fr/2012/01/losing-ground-la-tragedie-de-letat_24.html
http://aristidebis.blogspot.fr/2012/01/losing-ground-la-tragedie-de-letat_17.html
http://aristidebis.blogspot.fr/2012/01/losing-ground-la-tragedie-de-letat_7027.html
Deux passages que j’ai appréciés (entre autres) :
1.Le paradoxe est que le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté cessa de décliner précisément au moment où les budgets consacrés à la lutte contre la pauvreté étaient les plus élevés.
2.Pour illustrer le premier point, Charles Murray considère le sort d’un couple imaginaire, Harold et Phyllis, en 1960 puis en 1970. Harold et Phyllis n’ont aucun trait particulier en dehors du fait d’être pauvres. Ils ne sont ni spécialement intelligents, ni spécialement travailleurs, n’ont aucun talent ou aucune ressource particulière. Ils sont jeunes, 18-20 ans, ils sortent du lycée, et ils sont pauvres. Phyllis est enceinte. Que doivent-ils faire ?
S’ils décident de garder l’enfant, deux ressources s’offrent à eux : chercher un travail, sachant qu’ils ne pourront trouver qu’un emploi en bas de l’échelle, payé au salaire minimum, ou recourir au Welfare State, sous la forme de l’AFDC (Aid to Families with Dependant Children).
En 1960 un calcul purement économique, et simple à effectuer, les conduit à la conclusion qu’il est préférable de se marier, de renoncer à l’AFDC, et que Harold trouve un emploi. Un emploi au salaire minimum leur rapportera plus que l’AFDC, et Phyllis ne pourrait percevoir l’AFDC que si elle vivait seule.
Harold et Phyllis se marient, Phyllis s’occupe de leur enfant et Harold trouve un emploi dans un pressing, un emploi pénible, mal payé, et sans grande perspective de carrière, mais qui leur permet de joindre les deux bouts. Harold et Phyllis sont pauvres mais ils se conduisent de manière responsable, en élevant ensemble l’enfant qu’ils ont conçu et en travaillant pour vivre.
En 1970 le même calcul simple les conduit à la conclusion qu’il est économiquement plus rationnel de ne pas se marier et que Phyllis les fasse vivre tous les trois grâce à l’AFDC. Entre 1960 et 1970 le montant de l’AFDC a considérablement augmenté, ainsi que le montant des autres allocations qu’il est possible de percevoir en complément. Au total, l’aide publique minimale que Phyllis peut percevoir est supérieure à ce que rapporteraient 40 heures de travail hebdomadaire au salaire minimum. Par ailleurs, presque toutes les restrictions relatives à la perception de l’AFDC ont été levées : Harold peut vivre avec Phyllis sans que celle-ci cesse de percevoir ses allocations, pourvu seulement qu’ils ne soient pas mariés.
Harold et Phyllis ne se marient pas, Harold se fait entretenir par Phyllis, alternant les petits boulots pour apporter un complément de revenus lorsque cela est nécessaire, et les périodes d’oisiveté. Harold et Phyllis sont pauvres et ils commencent à se conduire de manière irresponsable : ils vivent de la charité publique sans être dans la nécessité de le faire, et le fait qu’ils ne soient pas mariés rend plus élevé le risque qu’Harold abandonne un jour Phyllis s’il lui semble qu’ailleurs l’herbe est plus verte.
L’histoire imaginaire d’Harold et Phyllis est celle de centaine de milliers d’Américains pauvres qui ont vu les règles qui structuraient leur monde changer radicalement au cours des années 1960, et qui ont adapté leur comportement en conséquence.
En ce qui concerne le livre de Aguiar et Hurst mentionnée par Charles Murray, le voici (bien que je ne le possède pas) : « The Increase in Leisure Inequality, 1965-2005 ». En revanche, j’ai trouvé ceci :
Cliquer pour accéder à leisure_summary_robinson_v1.pdf
Regardez bien la Figure 3. Elle est splendide. Tout simplement.
Je ne sais pas qui vous êtes mais vous m’avez l’air bien excité lorsque l’on répond au Minarchiste. Il est votre mentor, c’est ça ? Vous répondez à sa place ? Bref, pour notre blog, libre à vous d’y aller ou pas.
Pour votre théoricien de la paresse des chômeurs, si vous fondez votre analyse de l’économie sur ça, je comprends mieux. On sent bien derrière que les jobs mal payés, sans perspectives ni considération ne doivent pas être votre quotidien, pour penser que vivre des allocations est un « calcul rationnel », qui libère du temps de « loisirs », vous rigolez ?. Chez nous vous toucherez 450 euros par mois si vous n’avez pas de travail. Le seuil de pauvreté est à 900 euros en France. Mais bien sûr ce sont les pauvres qui coulent le système et se la coulent douce. Votre analyse du pouvoir et des idéologies tourne dans le vide.
Actuellement, qui défend la compétitivité en France ? Les patrons, les idéologues néolibéraux et les journalistes… Tous ces gens bien installés dans un travail bien payé, des niches, sans se demander s’ils sont vraiment productifs et utiles à la société, et qui demandent la baisse des charges et des bas salaires. Vous observerez qu’on entend rarement un pauvre demander la baisse de son salaire et de ses avantages sociaux… déjà bien minces.
Quant à cette histoire de couple hypothétique, c’est tout simplement grotesque. Un idéal type weberien, doublé d’une analyse d’homo oeconomicus rationnels qui n’existent pas !
Vous voulez des chiffres ?

Voyez ce graphique : par exemple, pour la France et les Etats Unis, la répartition des patrimoines
Aux Etats Unis, pays trop réglementé selon vous, les inégalités sont immenses, la France, pays communiste, c’est bien connu, elles le sont beaucoup moins, comme quoi la déréglementation n’est pas spécialement synonyme de justice, à moins de considérer qu’il est légitime que les 1% les plus riches « méritent » de posséder 35% du pays et 5% plus de la 60% de la richesse.
Pourtant les 2 pays sont à peu près également développés.
Derrière, il y a des traditions plus ou moins solidaires, culturelles, qu’il est très complexe de modifier. Se limiter au temps libre des chômeurs est aisé.
En économie ouverte, la faiblesse structurelle de la demande est liée à la pression sur les salaires induite par la concurrence distordue entre tous les ouvriers du monde, interchangeables, qu’il faut financer par la dette, et à la pression actionnariale due à la financiarisation dérégulée. Les travaux de Frédéric Lordon ont montré que les bourses américaines et françaises dans les années 2000 ont capté plus de liquidités qu’elle n’en ont proposé pour l’investissement des entreprises. En clair, les entreprises donnent de l’argent aux investisseurs et non l’inverse. Bravo la dérégulation, et la sacrosainte liquidité des marchés !
En lisant Mythes et paradoxe de l’histoire économique de Paul Bairoch ou encore Les trous noirs de la science économique de Jacques Sapir, on se rend compte assez vite que le libéralisme économique (le libre échange et la dérégulation) se trouve bien incapable d’expliquer des phénomènes aussi fondamentaux que le décollage économique des nations, le chômage (limité au chômage frictionnel), les rapports de classes dans l’évolution historique des pays, notamment en Allemagne.
Enfin, vous limitez l’état providence à l’indemnisation du chômage ? La socialisation de l’assurance maladie et familiale fait qu’aujourd’hui l’espérance de vie est grandissante en France de même que sa natalité (une exception en Europe).
Aux Etats-Unis, l’espérance de vie décline alors même que la santé coute beaucoup plus cher en étant privée. voir ici : http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20090909trib000420005/cout-de-la-sante-les-etats-unis-les-plus-depensiers-devant-la-france.html
Encore une fois, il n’y a pas d’automatisme entre efficacité et privatisation.
Vous m’accusez de vivre dans un paradis étatique. C’est absolument faux. Il n’existe aucune société paradisiaque, ni celle du tout état, ni celle de l’état minimal. La place de celui ci est fruit de rapport sociaux interne aux sociétés et non d’une aberration socialiste venue de nulle part. La mondialisation pourtant fait fi de ces traditions et les bouleverse de fait, en supprimant l’état, les nations et toute attache individuelle autre que l’efficacité. Le mur approche.
Le dernier des rempart avant un nécessaire repli des nations sur leur économie intérieure est le financement du manque de demande mondial par la dette étasunienne rachetée par la Chine. En cas d’arrêt brutal de la consommation, la seule possibilité sera le rééquilibrage du commerce par la régulation, le retour en force de l’état palliatif du marché et le protectionnisme.
Observez les années 20 et 30. http://lespoir.jimdo.com/2011/10/31/le-lib%C3%A9ralisme-%C3%A9conomique-a-t-il-enfant%C3%A9-hitler/ Les politiques de dérégulation et de déflation salariale furent désastreuses. Et pourtant, vous être toujours là pour les défendre.
Le maintien de l’oligarchie technocratique qui gouverne l’Union Européenne aujourd’hui cristallise à merveille la brutalité des théories néolibérales qui règnent contre la volonté générale. Partout, en France, aux états Unis, en Espagne, une certaine élite dirigeante est en passe de trahir ni plus ni moins sa patrie, au nom de l’efficacité et de la modernisation du monde.
La Grèce à cet égard, préfigure bien d’autre évolutions nationales, et malheureusement, c’est bien la démocratie qui est menacée aujourd’hui.
Lorsque l’état ne peut plus rien, le Peuple se tourne vers d’autres solutions, plus radicales.
Dommage qu’ Hayek ait confondu communisme avec Etat-Providence au point de vous rendre si dogmatiques. Vous auriez peut être lu l’Histoire et les conséquences finales de l’atomisation des sociétés avec un sens plus critique. Idem quant aux conséquences du commerce sur l’ordre du monde, de la guerre de l’opium à la brutalité des régimes sud américains dans les années 70 et 80, le maintien de dictatures pétrolières actuellement. Au nom de la liberté, et en particulier de celle de faire de l’argent, vos idées sont une puissante idéologie ; j’espère au moins qu’elle sert vos intérêts.
Je crains que votre présent commentaire confirme définitivement mes soupçons. Vous ne savez absolument pas de quoi vous parlez. Le genre de comparaison que vous faites est tout à fait dépourvue de sens. Il y a des facteurs dont vous ne tenez pas compte. De même, vous ne tentez même pas d’expliquer comment fonctionnent les redistributions de richesse pour parvenir à une réduction des inégalités. Comme je l’ai expliqué, ces redistributions augmentent les inégalités, dans la mesure où elles découragent le travail chez les plus pauvres. + 8 heures de loisirs pour les 12 ans et moins d’éducation, et – 6 heures pour les 18 et plus d’éducation. C’est comme ça que vous comptez réduire les inégalités et promouvoir la mobilité sociale ? Je le dis : vous n’avez pas répondu à ce détail. J’attends. Inutile d’espérer une réponse de ma part si vous continuez une nouvelle fois à refuser de répondre à ce point essentiel. Ainsi qu’à mon deuxième commentaire qui a été totalement ignoré.
Quant à dire, ensuite, que le libéralisme économique échoue à expliquer le chômage, ou le décollage des nations, je vous rapporte à ces articles :
‘Le salaire minimum augmente le chômage’ : un malentendu
Cognitive Capitalism: The Effect of Cognitive Ability on Wealth, as Mediated Through Scientific Achievement and Economic Freedom
Concernant ce pauvre Frédéric Lordon, il ignore complètement que les marchés financiers sont en ébullition justement à cause de la surexpansion monétaire : les banques centrales. Et ça, ce n’est pas un phénomène de marché. Loin de là.
Maintenant, au paragraphe suivant, vous sous-entendez aussi que la socialisation de l’assurance maladie en France explique l’essentielle de l’espérance de vie grandissante en France. Que faites-vous des autres facteurs ? Le rasoir d’Occam, ça vous évoque quelque chose ?
Ceci étant dit, vous vous faites réellement des illusions sur la « privatisation » du système de santé américain. Jetez un oeil à ça.
Root causes of the defects in US Health Care
Ce que j’essaie de vous faire comprendre, c’est que vos comparaisons chiffrées n’expliquent en rien le sens de la causalité. Vous ne pouvez pas déduire d’une corrélation le sens de la causalité. Il faut une explication. Une thèse, une théorie. Mais si pour vous, la simple comparaison et corrélation sont des données suffisantes, je puis vous dire que là aussi, dans ce domaine, vous perdez tout court. Voyez ceci :
Taille de l’État et pauvreté
C’est pourquoi, tant que vous rechignez à disserter sur le fonctionnement de la redistribution des richesses, tout débat sera inutile. On ne peut pas ignorer que les individus adaptent leur comportement aux changements des politiques économiques et sociales. L’érosion des moeurs, de l’ardeur au travail et de la criminalité en hausse chez les classes pauvres sont des conséquences inattendues des interventions multiples de l’Etat-providence. Voir les extraits de « Coming Apart » ci-dessus.
Enfin, quand j’ai dit qu’il y a sur ce blog un paquet d’exemple de réussite du privé, c’était pour vous encourager à y jeter un oeil. Je doute que cela a été fait. Car visiblement, vous n’êtes pas venu ici pour vous renseignez. Je liste juste « quelques » liens. Je ne me fais pas d’illusion néanmoins, car je sais que vous ne les lirez pas.
Les Programmes d’Ajustements Structurels du FMI et de la Banque Mondiale.
La crise de l’électricité californienne de 2000-2001: l’échec du marché?
La dérèglementation (réussie) des chemins de fer américains.
Diagnostic Pauvreté 6 : Les réformes libérales de l’Inde.
Les coûts de la santé aux États-Unis: gonflés par l’intervention de l’État.
Diagnostic Pauvreté 4 : La Libéralisation de la Nouvelle Zélande.
Analyse du modèle Scandinave
Les milliardaires et leur ami l’État!
Très bon article merci.
Peu importe que les riches soient (très) riches tant que les plus pauvres vivent correctement est on les opportunités pour s’extirper de leur condition.
En celà un modèle libéral est hautement plus intéressant qu’un modèle Etatique dont la conséquence directe est la protection des castes et des corporations.
Un seul exemple: en Fr investir dans des obligations d’Etat est moins taxé que l’investissement en actions. Cherchez l’erreur…