Tout investissement qui crée des emplois est forcément bon pour l’économie et la création de richesse. D’ailleurs, ce sont les petites entreprises qui créent le plus d’emplois, il faut donc que le gouvernement les privilégient.
Pour reprendre l’excellent exemple d’Igor Karbinovsky, supposons que j’écris un article que personne ne veut lire, encore moins me payer pour le lire. Puis, dans un nouveau programme de création d’emploi, le gouvernement me paie pour cet article et tous ceux que j’écrirai dans le futur. Bravo ! Un nouvel emploi a été créé !
Cependant, comme personne n’est prêt à payer pour mon article, la contribution de ma production à l’économie est nulle. Le temps que j’y ai investi et l’argent qui m’a été donné par le gouvernement ont été gaspillés. Pire encore, à l’aide de l’argent qui m’a été donné par le gouvernement, je pourrai acquérir des biens qui eux ont de la valeur. Ma contribution à la société est donc négative (je prends quelque chose, mais je n’apporte rien). Mon nouvel emploi détruit donc de la richesse. C’est un mauvais investissement.
Ainsi, les ressources et les actifs dévoués à la production de biens non-désirés par la société sont gaspillées et réduisent le niveau de vie de la société. Et le seul moyen de savoir si le capital est déployé de manière à bien servir la société, c’est en le soumettant au test du libre-marché, l’agrégation des préférences de la société. Le profit est l’indicateur démontrant si la production rencontre la satisfaction des consommateurs. Le plus vite les entrepreneurs réalisent que leur capital est mal investi et qu’ils gaspillent les ressources, le mieux le niveau de vie de la société s’en portera. Toute interférence dans le processus du marché viendra le troubler et nuire à la création de richesse.
Donc, créer des emplois ne veut pas dire qu’on l’on crée de la richesse. On pourrait créer des milliers d’emplois en rendant les pelles mécaniques illégales. Cependant, cela nous apauvrirait puisque nous devrions alors payer plus cher pour nos maisons, nos édifices, nos routes et toutes ces autres constructions, ce qui réduirait notre niveau de vie considérablement.
Dans un autre ordre d’idées, il semble que les petites entreprises bénéficient d’une sorte d’aura politique, étant considérées comme les plus créatrices d’emplois. Aux dernières élections fédérales, le programme du Parti Néo-Démocrate prévoyait des crédits d’impôts de $1 milliard visant à aider les PMEs, alors que le Parti Conservateur leur consentait $124 millions en crédits d’impôt à l’embauche. Les petites entreprises font aussi souvent partie des discours du Président Obama et sont particulièrement visées par ses politiques interventionnistes. Cela est attribuable au fait que les petites entreprises créent plus d’emplois que les grandes, et l’emploi est un enjeu électoral significatif.
Pourtant, les grandes entreprises ont généralement des employés beaucoup plus productifs que les petites, offrent des salaires supérieurs et paient plus d’impôts. Les pays dont les économies sont plus dominées par les petites entreprises sont moins dynamiques, croient moins vite que les autres (par exemple : la Grèce, l’Italie et le Portugal) et ont des niveaux de vie inférieurs.
Les grandes entreprises récoltent des économiques d’échelles qui sont repassées aux consommateurs sous la forme de prix plus attrayants. Ces économies d’échelles bénéficient donc à la population en augmentant son niveau de vie.
De plus, lorsque les données sont ajustées pour l’âge de l’entreprise, on constate que les petites ne créent pas plus d’emplois que les grandes.
La conclusion est que plutôt que de chercher à privilégier et subventionner les petites entreprises, les gouvernements devraient se concentrer à retirer les entraves au monde des affaires tout en réduisant les impôts, la bureaucratie et la paperasse. Par exemple, en Europe et ailleurs, lorsqu’une firme atteint une certaine taille, elle est sujette à plus de règlementations, ce qui lui donne un incitatif à rester petite. Il y a donc en France un nombre anormalement élevé d’entreprises de 49 employés, car l’ajout d’un cinquantième employé aurait des conséquences règlementaires et fiscales très négatives. En bref, des politiques de libéralisation économique (dérèglementation, privatisation, baisses d’impôts) pour toutes les entreprises serait plus souhaitables que des mesures interventionnistes favorisant les petites entreprises.
Pour en lire davantage:
Pouvons-nous même aller plus loin en affirmant que les fonctionnaires détruisent la richesse, car ils ne produisent pas de biens et ne font qu’administrer des services pouvant être relayés au privé?
@squiiid
Pour le savoir il faudrait que ces services soient soumis au test du libre-marché.
Mais effectivement, je pense que beaucoup de fonctionnaires « détruisent de la richesse ».
Pourtant j’ai l’impression que tout le système bénéficie aux plus grosses entreprises :
– fiscalité et règlements qui changent en permanence : nécessité de faire affaires à des boîtes de ressources humaines, des experts comptables et des fiscalités pour gérer tout ce beau merdier (tandis que les plus grosses entreprises bénéficient de sortes d’économie d’échelle dans la gestion de ces choses),
– les grosses entreprises bénéficient énormément de ces subventions… en créant des petites filiales ou en rachetant des PME subventionnées,
– les grosses entreprises utilisent les différentes niches pour payer moins d’impôts,
– elles savent également gérer cette complexité pour avoir des crédits d’impôts (toute la législation verte par exemple, et bientôt sur la responsabilité sociale des entreprises).
Ainsi le MEDEF, qui est une sorte de syndicats des grosses entreprises françaises, ne se bat-il pas contre la complexité qui nuit fortement aux PME.
Tout le microcosme est fossé. Je ne suis pas certain qu’avec des règles équitables et justes on arrive aux mêmes conclusions sur la création de richesse par les petites et grandes entreprises. En effet, ces dernières ressemblent fortement aux bureaucraties et, si elles bénéficient d’économies d’échelle indéniables, elles perdent également énormément de ressources par leur inefficience.
Mais tout ceci est perturbé par les interventions de l’État qui se veulent « pro-PME », mais qui dans les faits défavorisent constamment ces dernières.
@Xavier C.
Oui, le système bénéficie aux très grandes entreprises.
Mais cela ne veut pas dire qu’il faille adopter des mesures interventionnistes visant à favoriser les plus petites. C’est pourtant ce que la plupart des gouvernements font.
Ces mesures rendent ces petites entreprises dépendantes et improductives plutôt que de stimuler le dynamisme économique.
Ok alors nous sommes d’accord ^^
Il faut simplifier le système et cela suffit pour « aider » les PME en général, il est contre-productif de les subventionner ou de leur donner des avantages.
Bonjour,
Je suis d’accord avec vous sur le fonds, cependant je pense que votre démonstration est un peu tortueuse et laisse la porte ouverte à la critique.
Lorsqu’on paye quelqu’un à rien faire, on ne détruit pas en soi de la richesse. Il est plus exacte de dire qu’on en transfère sans en créer.
Je vois la chose de manière différente, une personne dont l’emploi est inutile est une personne qui n’a pas d’emploi utile. Il est essentiel de renverser la logique sophistique selon laquelle l’activité économique aurait pour objectif la création d’emploi, car c’est au contraire le travail qui est le moyen de la création de richesse. Payer quelqu’un à rien faire ou maintenir un emploi économiquement non viable est donc de ce point de vue non pas avant tout une destruction de richesse par l’intermédiaire du coût monétaire de cet emploi, mais par le fait que l’effort de la personne concernée aurait pu être utilisé à une meilleure fin.L’emploi inutile constitue au moins autant une perte d’opportunité qu’un coût observable comptablement.
En somme, les considérations sur le coût de cet emploi cachent la raison fondamentale de son absurdité, qui est un simple problème d’allocation des travailleurs. Cela se résume en une phrase : il est stupide d’occuper quelqu’un à rien faire quand il y a tant de choses utiles à faire !
Pour ce qui est des entreprises, c’est difficile de faire de corrélations des liens de causalité. Qui vous dit que ce n’est pas le niveau de développement qui permet l’apparition de grandes entreprises ?
@Acrithene
Si on paie quelqu’un $10 pour produire un bien utile qui ne se vend que $5 sur le marché, il y a tout de même destruction de richesse. Cette transaction érode le capital productif de l’économie.
Oui bien sûr, je suis d’accord avec vous. Je voulais juste souligner qu’en définitif c’est la mauvaise allocation du travail qui cause cette richesse par un mécanisme bien plus simple que ce que vous décriviez.
Dans votre exemple, la destruction brute est d’une valeur de 10$, soit la valeur du travail sur le marché, qui n’est autre que la valeur qui aurait été créée si le travailleur avait été affecté à une tâche plus utile. La destruction de 5$ vient du manque à gagner, de l’écart d’utilité entre l’emploi de marché et l’emploi artificiel.
J’ai écrit un petit billet un peu long sur la question de la destruction de richesse par les fonctionnaires :
http://ronsardenprison.wordpress.com/2012/05/05/les-fonctionnaires-devraient-ils-etre-mieux-payes-doivent-ils-etre-payes-devraient-ils-nous-payer/